The Writings of Maria Valtorta

334. A leur tour, Thomas et Judas Iscariote rejoignent le groupe des apôtres.

334. Thomas and Judas Iscariot

334.1

Le soleil a beau resplendir dans un ciel serein, la vallée du Kishon est froide, parcourue par un vent glacial qui souffle après avoir franchi les collines du nord, ruinant les tendres cultures qui frissonnent et se recroquevillent, comme brûlées, destinées à mourir dans leur verdeur nouvelle.

« Mais est-ce que ce froid va durer encore longtemps ? » demande Matthieu qui s’emmitoufle encore plus dans son manteau, d’où seule une partie de la figure émerge, c’est-à-dire les yeux et le nez.

La voix étouffée par son grand manteau qu’il a lui aussi jusque sur la bouche, Barthélemy lui répond :

« Peut-être le reste de la lune.

– Nous voilà frais, alors ! Mais patience ! Heureusement qu’à Nazareth nous logerons dans des maisons hospitalières… Et pendant ce temps cela passera.

– Oui, Matthieu. Mais pour moi, c’est déjà passé, puisque j’ai vu Jésus moins accablé. Ne te semble-t-il pas plus heureux ? demande André.

– Il l’est. Mais moi… voilà, il me paraît impossible qu’il ait été aussi mal en point à cause de ce que nous savons. N’y a-t-il vraiment rien eu de nouveau à votre connaissance ? demande Philippe.

– Rien, absolument rien. Je t’affirme qu’à la frontière syro-phé­-nicienne, il a même eu beaucoup de joie grâce à des âmes croyantes et il a fait ces miracles dont nous t’avons parlé, assure Jacques, fils d’Alphée.

– Il est beaucoup avec Simon-Pierre depuis quelques jours. Et Simon a beaucoup changé… D’ailleurs, vous avez tous changé ! Je ne sais pas… Vous êtes plus… austères, voilà, dit Philippe.

– Mais ce n’est qu’une impression ! En réalité, nous sommes tels que nous étions. Certainement, voir le Maître ainsi affligé pour tant de raisons ne nous a pas fait plaisir, et aussi entendre comment ils s’acharnent contre lui… Mais nous, nous le défendrons. Ah ! Ils ne lui feront rien si nous sommes avec lui !

334.2

Hier soir, après avoir entendu ce que disait Hermas, qui est un homme sérieux et en qui l’on peut avoir confiance, je lui ai conseillé : “ Tu ne dois plus rester seul. Désormais tu as des disciples qui, tu le vois, agissent et agissent très bien, et dont le nombre ne cesse d’augmenter. Nous resterons donc avec toi. Je te dis que tu ne feras pas tout. Il est temps de te soulager, mon Frère. Mais tu resteras avec nous, parmi nous, comme Moïse sur la montagne, et nous nous battrons pour toi, prêts à l’occasion à te défendre, même matériellement. Ce qui est arrivé à Jean-Baptiste ne doit pas t’arriver. ” Car enfin, si les disciples de Jean-Baptiste n’avaient pas été réduits à deux ou trois lâches, il n’aurait pas été pris. Nous sommes douze, au fond, et je veux le persuader d’unir, de garder près de lui, au moins quelques-uns des disciples les plus fidèles et les plus énergiques. Ceux qui étaient avec Jean à Machéronte, par exemple, des hommes fidèles et courageux : Jean, Matthias et même Joseph. Vous savez que ce jeune promet beaucoup ? dit Jude.

– Oui. Isaac est un ange, mais sa force est toute spirituelle. Mais Joseph est fort, et physiquement aussi. Il a le même âge que nous.

– Et il apprend vite. Tu as entendu ce qu’a dit Hermas ? “ S’il avait étudié, il serait un rabbi en plus d’être un juste. ” Et Hermas sait ce qu’il dit.

– Moi, cependant… je garderais aussi auprès de lui Etienne, Hermas et le prêtre Jean, à cause de leur connaissance de la Loi et du Temple. Savez-vous ce qu’est leur présence en face des scribes et des pharisiens ? Un contrôle, un frein… Et pour les gens qui doutent, c’est une affirmation : “ Vous voyez qu’il y a même les meilleurs hommes d’Israël autour du Rabbi, comme élèves et comme serviteurs ? ” demande Jacques, fils d’Alphée.

– Tu as raison. Disons-le au Maître. Vous avez entendu ce qu’il a déclaré hier : “ Vous devez obéir, mais vous avez aussi l’obligation de m’ouvrir votre âme et de me confier ce qui vous paraît juste, pour vous habituer à savoir diriger à l’avenir. Et moi, si je vois que votre parole est juste, j’accepterai vos idées ”, dit Simon le Zélote.

– Peut-être le fait-il aussi pour nous montrer qu’il nous aime, puisque nous sommes tous plus ou moins convaincus d’être la cause de sa souffrance, avance Barthélemy.

– Ou bien il est réellement fatigué de devoir penser à tout et d’être seul à prendre des décisions et des responsabilités. Peut-être aussi reconnaît-il que sa sainteté parfaite est… je dirais presque une imperfection par rapport à ceux qu’il a en face de lui : le monde qui n’est pas saint. Nous ne sommes pas des saints parfaits. A peine un peu moins fourbes que les autres… et par conséquent plus capables de répondre à ceux qui sont presque comme nous, dit Simon le Zélote.

– Et de les connaître, pourrais-tu ajouter ! Renchérit Matthieu.

– Oh ! Pour cela, je suis certain qu’il les connaît lui aussi, et même mieux que nous, car il lit dans les cœurs. J’en suis absolument sûr, affirme Jacques, fils de Zébédée.

– Alors pourquoi agit-il parfois comme il le fait, en s’exposant à des ennuis et des dangers? demande André, désolé.

– Eh bien… je ne sais que répondre » avoue Jude en haussant les épaules.

Les autres doivent eux aussi le reconnaître.

334.3

Jean se tait et son frère le taquine :

« Toi qui sais toujours tout sur Jésus – on croirait parfois deux amoureux –, il ne t’a jamais dit pourquoi il agit ainsi ?

– Si. Je le lui ai demandé encore récemment. Il m’a toujours répondu : “ Parce que je dois le faire. Je dois agir comme si le monde était tout entier composé de créatures ignorantes mais bonnes. Je donne à tous la même doctrine et c’est ainsi que les fils de la Vérité et ceux du Mensonge se sépareront. ” Il m’a dit aussi : “ Tu vois, Jean ? C’est comme un premier jugement, pas universel, pas collectif, mais particulier. C’est sur la base de leurs actes de foi, de charité, de justice que les agneaux seront séparés des boucs. Et cela durera encore après, quand je ne serai plus là, mais qu’il y aura mon Eglise à travers les siècles jusqu’à la fin du monde. Le premier jugement des foules humaines s’accomplira dans le monde, là où les hommes agissent librement, ayant devant eux le bien et le mal, la vérité et le mensonge. Ainsi en fut-il au Paradis terrestre, où le premier jugement fut prononcé devant l’arbre du bien et du mal, violé par ceux qui avaient désobéi à Dieu. Puis, quand viendra la mort des particuliers, le jugement déjà écrit dans le livre des actions humaines sera ratifié par un Esprit sans défaut. En dernier lieu viendra le grand Jugement, le Jugement terrible, et alors, de nouveau, les hommes seront jugés en masse. D’Adam au dernier homme. Jugés d’après ce qu’ils auront voulu pour eux sur la terre, librement. Maintenant, si je mettais à part ceux qui méritent la Parole de Dieu, le miracle, l’amour, et d’un autre côté ceux qui ne le méritent pas – ce que je pourrais faire par droit divin et par puissance divine –, ceux qui seraient exclus, fussent-ils des satans, crieraient bien fort, le jour de leur jugement particulier : “ Le coupable, c’est ton Verbe qui n’a pas voulu nous enseigner. ” Mais ils ne pourront pas dire cela… Ou plutôt, ils le diront en mentant une fois de plus. Et ils seront par conséquent jugés.”

– Dans ce cas, ne pas accueillir la doctrine, c’est être réprouvé ? demande Matthieu.

– Je ne sais pas si tous ceux qui n’auront pas cru seront réellement réprouvés. Si vous vous en souvenez, en s’adressant à Syntica, il a fait comprendre que ceux qui agissent honnêtement pendant leur vie ne sont pas réprouvés, même s’ils croient à d’autres religions. Mais nous pouvons le lui demander. Sûrement, Israël, qui a entendu parler du Messie et qui maintenant y croit partiellement ou mal, ou le repousse, sera sévèrement jugé.

334.4

– Le Maître parle beaucoup avec toi, et tu sais beaucoup de choses que nous ignorons, observe son frère Jacques.

– C’est votre faute. Moi, je l’interroge avec simplicité. Parfois je lui demande des explications qui doivent lui faire apparaître son Jean comme un grand bêta. Mais peu m’importe. Il me suffit de connaître sa pensée, et de l’avoir en moi, pour la faire mienne. Vous aussi, vous devriez agir ainsi. Mais vous avez toujours peur ! De quoi donc ? D’être ignorants ? D’être superficiels ? D’être des têtes dures ? Vous devriez avoir peur seulement de n’être pas encore préparés quand lui s’en ira. Il ne cesse de le dire… et j’y repense continuellement, pour me préparer à cette séparation… Mais je sens que ce sera toujours une grande douleur…

– Ne m’y fais pas penser ! » s’écrie André.

Les autres lui font écho en soupirant.

« Mais quand cela arrivera-t-il ? Il dit toujours : “ Bientôt. ” Mais ce peut être dans un mois comme dans des années. Il est si jeune et le temps passe si vite… Qu’as-tu, mon frère ? Tu deviens tout pâle…, demande Jude à Jacques.

– Rien ! Rien ! Je réfléchissais… » se hâte de dire Jacques en baissant la tête.

Jude Thaddée se penche pour bien le voir…

« Mais tu as les larmes aux yeux ! Qu’est-ce que tu as ?

– Mais rien de plus que ce que vous avez, vous aussi… Je pensais au moment où nous serons seuls.

334.5

– Qu’a donc Pierre pour courir, en criant comme un oiseau de mer un jour de tempête ? » demande Jacques, fils de Zébédée.

Et il montre Pierre qui vient de laisser Jésus seul et qui court en hurlant des paroles que le vent empêche d’entendre. Ils hâtent le pas et voient que Pierre a pris un sentier qui vient de la ville de Séphoris, désormais proche (c’est ce que disent les disciples qui se demandent s’il va à Séphoris sur ordre de Jésus et par ce raccourci). Mais ensuite, en regardant bien, ils se rendent compte que les deux seuls voyageurs qui viennent de la ville vers la grand-route sont Thomas et Judas.

« Tiens ! Ils sont ici ? Vraiment ici ? Qu’est-ce qu’ils font là ? De Nazareth, ils devaient tout au plus aller à Cana, puis à Tibériade…, se demandent plusieurs.

– Peut-être venaient-ils à la recherche des disciples. C’était leur mission, suggère prudemment Simon le Zélote qui sent le soupçon lever sa tête de serpent dans le cœur de beaucoup.

– Hâtons le pas. Jésus est seul et il semble nous attendre… » conseille Matthieu.

Ils se dirigent vers Jésus et arrivent auprès de lui en même temps que Pierre, Judas et Thomas. Jésus est très pâle, au point que Jean lui demande:

« Tu te sens mal ? »

Mais Jésus lui sourit et fait un signe de dénégation tout en saluant les deux apôtres revenus après une si longue absence.

Il embrasse d’abord Thomas, dont la mine est florissante et réjouie comme toujours. Mais Thomas devient sérieux en voyant le Maître si visiblement changé et il lui demande avec empressement :

« Tu as été malade ?

– Non, Thomas, nullement. Et toi, tu as été en bonne forme et heureux ?

– Moi, oui, Maître, toujours en bonne forme et toujours heureux. Il ne me manquait que toi pour rendre mon cœur bienheureux. Mon père et ma mère te sont reconnaissants de m’avoir envoyé pour quelque temps. Mon père était un peu malade, alors c’est moi qui ai travaillé. Je suis allé chez ma sœur jumelle et j’ai fait la connaissance de mon neveu. Je lui ai fait donner le nom que tu m’avais indiqué[1]. Puis Judas est venu, et il m’a fait me déplacer comme une tourterelle à la saison des amours, en haut, en bas, là où il y avait des disciples. Lui l’avait déjà fait pour son compte, et pas qu’un peu. Mais il va t’en parler lui-même, car il a travaillé comme dix et il mérite que tu l’écoutes. »

Jésus le laisse aller et c’est au tour de Judas, qui a attendu patiemment et qui s’avance avec décision, l’air dégagé, triomphant. Jésus le transperce de son regard de saphir, mais il l’embrasse et reçoit son baiser comme pour Thomas. Et les paroles qui suivent sont affectueuses :

« Et ta mère, Judas, a été heureuse de t’avoir ? Cette sainte femme se porte-t-elle bien?

– Oui, Maître, et elle te bénit de lui avoir envoyé son Judas. Elle voulait t’envoyer des cadeaux. Mais comment aurais-je pu les porter alors que j’allais çà et là par monts et par vaux ?

334.6

Tu peux être tranquille, Maître… Tous les groupes de disciples que j’ai visités travaillent saintement. L’idée se répand toujours plus. J’ai voulu contrôler personnellement ses répercussions sur les scribes et les pharisiens les plus puissants. J’en connaissais beaucoup et je viens d’en connaître d’autres par amour pour toi. J’ai approché des sadducéens, des hérodiens… Oh ! Je t’assure que ma dignité en a été bien rabaissée !… Mais par amour pour toi je ferai bien plus que cela ! J’ai essuyé des rebuffades méprisantes et des anathèmes. Mais j’ai réussi à éveiller des sympathies chez certains qui étaient prévenus contre toi. Je ne veux pas d’éloges de ta part. Il me suffit d’avoir fait mon devoir, et je remercie l’Eternel de m’avoir toujours aidé. J’ai dû employer le miracle dans certains cas, et j’en ai éprouvé de la peine parce qu’ils méritaient la foudre plutôt que la bénédiction. Mais tu nous demandes d’aimer et d’être patients… Je l’ai été pour l’honneur et pour la gloire de Dieu, ainsi que pour ta joie. J’espère que beaucoup d’obstacles auront été abattus pour toujours, d’autant plus que j’ai garanti sur mon honneur qu’il n’y avait plus, auprès de toi, ces deux disciples qui faisaient tant d’ombre. Par la suite, il m’est venu un scrupule d’avoir affirmé ce que je ne savais pas avec certitude. Alors j’ai voulu vérifier pour pouvoir y parer, afin de n’être pas pris en délit de mensonge, chose qui m’aurait fait suspecter pour toujours par ceux qui doivent être convertis… Pense donc ! J’ai approché même Hanne et Caïphe !… Oh, ils ont voulu m’incendier de reproches… Mais j’ai été si humble, si persuasif, qu’ils ont fini par me dire : “ Eh bien, si les choses sont vraiment ainsi… A notre connaissance, elles étaient différentes. Les recteurs du Sanhédrin, qui pouvaient les connaître, nous avaient rapporté le contraire et…”

– Tu ne voudrais pas dire que Joseph et Nicodème ont été des menteurs » interrompt Simon le Zélote qui s’est contenu jusque là mais pas davantage, et que l’effort fait a rendu livide.

– Et qui prétend cela ? Au contraire ! Joseph m’a vu quand je sortais de chez Hanne et il m’a dit : “ Pourquoi es-tu si troublé ? ” Je lui ai tout raconté et comment, en suivant son conseil et celui de Nicodème, toi, Maître, tu avais éloigné le galérien et la Grecque. Parce que tu les as éloignés, n’est-ce pas ? » dit Judas en fixant Jésus de ses yeux de jais, brillants au point d’en être phosphorescents.

Il semble vouloir le transpercer de son regard pour lire ce que Jésus a fait.

Jésus, qui l’a toujours en face de lui, tout près, répond calmement :

« Je te prie de continuer ton récit qui m’intéresse beaucoup. C’est un rapport exact qui peut beaucoup servir.

– Ah ! Je disais donc qu’Hanne et Caïphe ont changé d’opinion. C’est important pour nous. N’est-ce pas ? Et puis… Ah ! Maintenant je vais vous faire rire ! Savez vous que les rabbis m’ont pris au milieu d’eux et m’ont fait subir un autre examen, comme si j’étais un enfant qui arrive à sa majorité ? Et quel examen ! Bien. Je les ai convaincus et ils m’ont laissé aller. Alors me sont venus le soupçon et la crainte d’avoir dit quelque chose qui n’était pas vrai. Et j’ai pensé à aller chercher Thomas et à retourner là où il y avait des disciples, ou bien là où je pouvais présumer que Jean et la Grecque s’étaient réfugiés. Je suis allé chez Lazare, chez Manahen, au palais de Kouza, chez Elise de Bet-çur, à Béther dans les jardins de Jeanne, à Gethsémani, dans la maisonnette de Salomon au-delà du Jourdain, à “ La Belle Eau ”, chez Nicodème, chez Joseph…

– Mais tu ne l’avais pas vu ?

– Si. Et il m’avait assuré qu’il n’avait plus revu ces deux disciples. Mais tu sais… je voulais en être sûr… Bref : j’ai inspecté tous les endroits où je pouvais soupçonner qu’ils se trouvent… Et ne crois pas que j’aie souffert de ne pas les trouver. Tu me ferais tort. Toutes les fois – et Thomas peut le confirmer –, toutes les fois que je suis reparti d’un endroit sans les avoir trouvés, et même sans avoir eu aucun indice de leur présence, j’ai dit : “ Loué soit le Seigneur !” et je disais : “O Eternel, fais que je ne les trouve jamais plus ! ” Vraiment ! Le soupir de mon âme… Le dernier endroit fut Esdrelon…

334.7

Ah ! À propos ! Ismaël ben Fabi, qui est dans son palais dans les campagnes de Meggido, désire que tu sois son hôte… Mais, à ta place, je n’irais pas…

– Pourquoi ? Je le ferai sans faute. Moi aussi, je désire le voir. Et même, nous allons nous y rendre tout de suite. Au lieu d’aller à Séphoris, nous irons à Esdrelon, puis à Meggido après-demain – c’est la veille du sabbat –, et de là chez Ismaël.

– Mais non, Seigneur ! Pourquoi ? Crois-tu qu’il t’aime ?

– Mais si tu l’as approché et changé en ma faveur, pourquoi ne veux-tu pas que j’y aille ?

– Je ne l’ai pas approché… Il était dans les champs et il m’a reconnu. Mais moi – n’est-ce pas, Thomas ? –, j’ai voulu fuir quand je l’ai vu. Je n’ai pas pu parce qu’il m’a appelé par mon nom. Moi… Moi, je ne puis que te conseiller de ne jamais plus aller chez aucun pharisien, scribe ou gens du même acabit. Ce n’est pas utile pour toi. Restons entre nous, seuls, avec le peuple, et ça suffit. Même Lazare, Nicodème, Joseph… ce sera un sacrifice… Mais il vaut mieux le faire pour ne pas créer de jalousies, de rancœurs, et prêter le flanc aux critiques… A table, on parle… et eux travaillent très sournoisement sur tes paroles. Mais revenons à Jean d’En-Dor… Je suis alors parti pour Sycaminon, bien qu’Isaac, que j’ai rencontré à la frontière de la Samarie, m’ait juré ne plus l’avoir vu depuis octobre.

– Et Isaac a juré la vérité. Mais ce que tu me conseilles, à propos des relations avec les scribes et les pharisiens, est en opposition avec ce que tu m’as dit auparavant. Tu m’as défendu… C’est bien ce que tu as fait, n’est-ce pas ? Tu as dit : “ J’ai abattu beaucoup de préventions contre toi. ” C’est ce que tu as dit, n’est-ce pas ?

– Oui, Maître.

– Dans ce cas, pourquoi ne puis-je pas achever moi-même de me défendre en personne ? Nous irons donc chez Ismaël. Quant à toi, retourne maintenant sur tes pas et va le prévenir. André, Simon le Zélote et Barthélemy vont t’accompagner. Nous irons chez des paysans nous reposer. En ce qui concerne Sycaminon, nous en venons et nous y étions à onze. Nous t’affirmons que Jean d’En-Dor ne s’y trouve pas. Et il n’est pas non plus à Capharnaüm ni à Bethsaïde, Tibériade, Magdala, Nazareth, Chorazeïn, Bethléem de Galilée, et ainsi de suite pour toutes les étapes que tu avais peut-être l’intention de faire pour… te rassurer toi-même sur la présence de Jean avec les disciples ou dans des maisons amies. »

334.8

Jésus parle calmement, avec naturel… Néanmoins, il doit y avoir en lui quelque chose qui trouble Judas, car pendant un instant il change de couleur. Jésus l’étreint comme pour lui donner un baiser… Et pendant qu’il le tient ainsi, joue contre joue, il lui murmure doucement :

« Malheureux ! Qu’as-tu fait de ton âme ?

– Maître… je…

– Va ! Tu sens l’enfer plus que Satan lui-même ! Tais-toi !… Et repens-toi, si tu peux. »

Judas… (moi je me serais échappée à toutes jambes. Mais lui…) Effronté, il dit à haute voix :

« Merci, Maître. Mais je t’en prie, avant que je ne m’en aille, deux mots, en secret. »

Tous s’écartent de plusieurs mètres.

« Pourquoi, Seigneur, m’avoir dit cela ? Tu m’as peiné…

– Parce que c’est la vérité. Celui qui a des relations avec Satan prend l’odeur de Satan.

– Ah ! A cause de la nécromancie ? Oh ! Quelle peur tu m’as faite ! C’était une plaisanterie ! Rien de plus qu’une plaisanterie d’enfant curieux. Et cela m’a servi pour approcher des sadducéens et en perdre l’envie. Tu vois donc que tu peux m’absoudre en toute paix. Ce sont des magouilles inutiles quand on a ton pouvoir. Tu avais raison. Allons, Maître ! Ma faute est si légère !… Ta sagesse est grande, mais qui t’a dit cela ? »

Jésus le regarde sévèrement sans répondre.

« Mais vraiment as-tu vu dans mon cœur le péché ? demande Judas, un peu effrayé.

– Et tu m’as répugné. Va ! Et n’ajoute pas un mot. »

Et il lui tourne le dos pour revenir vers les disciples, auxquels il donne l’ordre de changer de direction. Il congédie d’abord Barthélemy, Simon et André qui rejoignent Judas et qui partent rapidement, tandis que ceux qui restent s’éloignent lentement, ignorant la vérité connue de Jésus seul.

Tellement ignorants qu’ils félicitent Judas pour son activité et sa sagacité. Et l’honnête Pierre s’accuse sincèrement du jugement téméraire qu’il portait sur son condisciple…

Jésus sourit, d’un sourire doux, un peu las, comme s’il pensait à autre chose et entendait à peine le bavardage de ses compagnons qui ne connaissent des cœurs que ce que leur humanité leur permet de comprendre.

334.1

Although the sun is shining in the clear sky, it is bitter cold in the Kishon valley, swept by an icy wind blowing across the northern hills and destroying the tender plants, which shiver and crumple up, nipped as they are, destined to die with their new verdant foliage.

«Is this cold going to last long?» asks Matthew wrapping himself in his heavy mantle, through which only a tiny part of his face can be seen, that is, his nose and eyes.

Bartholomew replies in a voice stifled by his large mantle that covers his mouth: «Perhaps until the end of this lunation.»

«In that case we are in for it! But never mind! Fortunately we shall be staying in hospitable houses in Nazareth… And in the meantime it will be over.»

«Yes, Matthew. As far as I am concerned it is already over, now that I see that Jesus is not so depressed. Don’t you think that He is more cheerful?» asks Andrew.

«He is. But I… well, it seems impossible to me that He got so run down just because of what we know. Has there really been nothing else, as far as you know?» asks Philip.

«No. Nothing. On the contrary I can tell you that at the Syro-Phoenician border the believers there made Him very happy and He worked those miracles about which we told you» replies James of Alphaeus assuring him.

«He has been very much with Simon of Jonah these last days. And Simon has changed a lot… Of course, you have all changed. I don’t know… You seem to be… more austere, I would say» says Philip.

«That is only your impression!… In actual fact we are what we were. Certainly it was not pleasant to see the Master so depressed for so many reasons, and hear how fierce they are against Him… But we will defend Him. Oh! They will not do Him any harm if we are with Him.

334.2

Last night, after I heard what Hermas was saying, and he is serious and reliable, I said to Him: “You must no longer remain alone. You now have disciples who, as You can see, are active and are doing well, and are continuously increasing. So we will stay with You. I do not mean that You will have to do everything. It is time for You to cheer up, my dear brother. You will stay with us, among us, like Moses on the mountain and we will fight for You, and will be ready, if necessary, to defend You also physically. What happened to John the Baptist must not happen to You”. Because, after all, if the disciples of the Baptist had not been reduced to two or three faint-hearted ones, he would not have been caught. And we are twelve and I want to persuade some of the most faithful and vigorous disciples to join us or, at least, to be near us. For instance, those who were with John at Machaerus, they are brave and faithful men: John, Matthias and also Joseph. Do you know that he is a promising young man?» says Thaddeus.

«Yes. Isaac is an angel, but his strength is entirely spiritual. Joseph is strong also physically. He is almost our age.»

«And he learns quickly. Did you hear what Hermas said? “If he had studied he would be a rabbi besides being a just man”. And Hermas knows what he is talking about.»

«I however… would keep close to us also Stephen and Hermas, and John, the priest because of their knowledge of the Law and of the Temple. Do you know what their presence means for scribes and Pharisees? A check, a restraint… And for people in doubt it means: “Also the best people in Israel are with the Rabbi as His pupils and servants!”» says James of Alphaeus.

«You are right. Let us tell the Master. You heard what He said yesterday: “You must obey, but it is also your duty to open your minds to Me and say what you think is right, so that you may learn how to instruct people in the future. And, if I see that what you say is just, I will accept your ideas”» says the Zealot.

«Perhaps He does that to show that He loves us, seeing that we are all more or less convinced that we are the cause of His suffering» remarks Bartholomew.

«Or He is really tired of having to see to everything and of being the only one who makes decisions and responsibility. Perhaps He also realizes that His perfect holiness is… I would say almost an imperfection, considering what is in front of Him: the world that is not holy. We are not perfect saints. Just not as bad rascals as other people… and therefore more able to reply to those who are just like us» says Simon Zealot.

«And to know them, you should say!» adds Matthew.

«Oh! as far as that is concerned, I am sure that He knows them, too. In fact, He knows them better than we do, because He can read the hearts of people. I am as certain as I am sure that I am alive» says James of Zebedee.

«Well, then, why at times does He behave as He does, exposing Himself to trouble and danger?» asks Andrew desolately.

«Who knows? I cannot tell you» says Thaddeus shrugging his shoulders. And the others agree with him.

334.3

John is silent. His brother teases him: «Since you always know everything about Jesus – at times you seem to be very close to each other – has He ever told you why He behaves like that?»

«Yes. I asked Him also recently. He always replies: “Because I must. I must act as if the whole world were of ignorant but good people. I teach everybody the same doctrine and thus the children of Truth will be separated from those of Falsehood”. He also said to me: “See, John? This is like a first judgement, not a universal or collective one, but a single judgement. According to their action of faith, charity and justice lambs will be separated from kids. And that will also last afterwards, when I shall no longer be here, but there will be My Church, forever and ever, until the end of the world. The first judgement of the mass of human people will take place in the world, where men act freely, before Good and Evil, Truth and Falsehood. As the first judgement took place in the Earthly Paradise, in front of the tree of Good and Evil, infringed by those who disobeyed God. Then at the death of each individual, the judgement already written in the book of human actions by a faultless Mind will be ratified. The Great, the Terrible Judgement will be the last one, when the mass of men will be judged again. From Adam to the last man. They will be judged for what they freely wanted for themselves on the earth. Now, if I should select by Myself those who deserve the Word of God, His Miracle, His Love and those who do not – and I could do it by divine right and ability – those who are excluded, even if they were demons, on the day of their individual judgment, would shout loud: ‘Your Word is the culprit because He did not want to teach us’. But they will not be able to say that… or rather, they will say so, lying once more. And they will therefore be judged”.»

«So to refuse His doctrine is to be a reprobate?» asks Matthew.

«I don’t know about that, whether all those who do not believe will be reprobates. If you remember, while speaking to Syntyche He gave us to understand that those who act honestly in life are not reprobates, even if they believe in other religions. But we can ask Him. Israel, which is aware of the Messiah and now believes in Him partly and badly, or rejects Him, will certainly be severely judged.»

334.4

«The Master speaks a lot to you, and you know many things which we don’t» remarks his brother James.

«It’s your fault and the fault of all of you. I ask Him questions with simplicity. At times I ask Him questions that must make His John appear a big fool to Him. But I do not mind. All I want is to know what He thinks and keep it within me to make it mine. You ought to do the same. But you are always afraid! Of what? Of being ignorant? Of being superficial? Of being blockheads? You should be afraid only of not being yet prepared when He goes away. He always says so… and I always repeat it to myself to be prepared for the separation… But I feel that it will be very sorrowful…»

«Don’t make me think of it!» exclaims Andrew. And the others echo his words sighing.

«But when will it happen? He always says: “Soon”. But that could be within a month or within years. He is so young and time flies so fast… What is the matter, brother? You have turned very pale…» Thaddeus asks James.

«Nothing! I was thinking…» replies immediately James of Alphaeus with his head lowered.

And Thaddeus bends to see his face… «You have tears in your eyes! What is the matter?…»

«Not more than you have… I was thinking of when we shall be alone.»

334.5

«Oh! What is the matter with Simon of Jonah who is running ahead shouting like a merganser on a stormy day?» asks James of Zebedee, pointing to Peter who has left Jesus alone and has run away shouting words that the wind prevents his companions from hearing.

They quicken their pace and see that Peter has taken a little path coming from Sephoris, which is now close at hand (so the apostles say, asking one another whether Jesus has ordered him to go to Sephoris by that short cut). But looking carefully they see that Thomas and Judas are the only two travellers coming from the town towards the main road.

«Look at that! Here? Just here? Oh! What are they doing here? If they were to go anywhere, from Nazareth they were to go to Cana and then to Tiberias…» many remark.

«Perhaps they were coming here looking for disciples. That was their mission» says wise Zealot, who feels suspicion being roused in the hearts of many like an awakened snake.

«Let us quicken our pace. Jesus is alone and He seems to be waiting for us…» advises Matthew.

They go and reach Jesus at the same time as Peter, Judas and Thomas.

Jesus is very pale, so much so that John asks Him: «Are You not feeling well?» Jesus smiles and makes a gesture of denial while He greets the two who have come back after such a long absence.

He embraces Thomas first; he is as prosperous and cheerful as usual, but he becomes serious when he sees the Master so changed and he politely asks: «Have You been ill?»

«No, Tom. I have not. And have you always been well and happy?»

«Yes, I have, Lord. I have always been well and always happy. I missed You, had You been there my heart would have been utterly happy. My father and mother are grateful to You for sending me home for a little while. My father was not very well, so I worked for him. I went to my twin sister’s and saw my little nephew and I had him named as you suggested. Then Judas came and he made me go round like a little dove in love, up and down, wherever there were disciples. He had already gone round very much on his own. But he will tell You now, as he worked for ten and deserves to be listened to by You.»

Jesus lets him go and it is now Judas’ turn, who has been waiting patiently and now comes forward in a frank, easy, triumphant attitude. Jesus pierces him with His sapphire eyes. But He kisses him and is kissed by him, exactly as He did with Thomas. And the words that follow are full of love: «Was your mother happy to see you, Judas? Is the holy woman well?»

«Yes, Master, and she blesses You for sending her Judas to her. She wanted to send You some gifts. But how could I bring them, since I had to go here and there, across mountains and valleys.

334.6

You need not worry, Master. All the groups of disciples whom I visited are working in a holy manner. The news is spreading out more and more. I wanted to make a personal check on the consequences with the most powerful scribes and Pharisees. I was acquainted with many and I met more now, for Your sake. I approached Sadducees and Herodians… Oh! I can assure You that my dignity was utterly crushed!… But it was for Your sake! I am prepared to do that and more. I received disdainful answers and anathemas. But I was also able to give rise to appreciative understanding in people biased against You. I do not want to be praised by You. It is enough for me that I did my duty and I thank the Eternal Father for helping me all the time. In some cases I had to make use of miracles. And I was sorry, because they deserved thunderbolts, not blessings. But You say that we must love and be patient… I behaved thus to the honour and glory of God and for Your joy. I hope that many obstacles have been removed for good, also because I guaranteed upon my honour that those two, who cast such a gloomy shadow over us, are no longer with You. Later I had a scruple about stating what I did not know for certain. So I decided to check in order to do what might be necessary, as I did not want them to find out that I had lied, which would have made those to be converted suspect me forever. Imagine! I also approached Annas and Caiaphas!… Oh! They wanted to annihilate me with their reproaches… But I was so humble and persuasive, that they ended up by saying to me: “Well, if the situation is really like that… We were told it was different. The rectors of the Sanhedrin, who were in a position to know about it, told us the opposite and…”.»

«You are not going to say that Joseph and Nicodemus are liars» interrupts the Zealot, who has controlled himself so far, but can no longer do so, and is livid with his effort.

«Who said so? On the contrary, Joseph saw me when I was coming out of Annas’ house and he said to me: “Why are you so upset?”. I told him everything, and how, following his advice and Nicodemus’, You, Master, had sent away the galley-slave and the Greek woman. Because You have sent them away, have You not?» says Judas staring at Jesus with his jet eyes, which shine to the point of being fluorescent. He seems to want to pierce Jesus with his eyes in order to read what He has done.

Jesus, Who is still in front of him and very close, says calmly: «Please go on, I am very interested in what you are saying. It is an accurate report and can be very useful.»

«Ah! so I was saying that Annas and Caiaphas have changed their minds. That means a lot to us, does it not? And then!… Oh! I will make you laugh, now! Do you know that I was caught in the middle by rabbis who examined me, like a minor who becomes of age? And what an examination! Well. I convinced them and they let me go. Then I became suspicious and I was afraid I had said something that was not true. So I decided to take Thomas and go once again where the disciples were, or where one could presume that John and the Greek woman were sheltered. I went to Lazarus, to Manaen, to Chuza’s palace, to Eliza in Bethzur, to Johanna’s garden in Bether, to Gethsemane, to Solomon’s little house beyond the Jordan, to the Clear Water, to Nicodemus, to Joseph…»

«But had you not seen him?»

«Yes. And he had assured me that he had not seen those two any more. But You know… I wanted to be sure… In short: I inspected every place where I expected him to be… And do not think that I suffered not finding him. You would do me wrong. Every time – and Thomas can confirm this – every time I came out of a place without finding him and without any trace of him, I would say: “Praised be the Lord!”, and I said: “O Eternal Father, grant that I may never find him!”. I did! It was the desire of my soul… Esdraelon was the last place…

334.7

Ah! By the way! Ishmael ben Fabi, who is in his country house at Megiddo, wishes to have You as his guest… But if I were You, I would not go…»

«Why not? I will certainly go. I am anxious to see him, too. In fact, we will go there at once. Instead of going to Sephoris, we will go to Esdraelon, then to Megiddo the day after tomorrow, which is the Sabbath eve, and from there to Ishmael’s house.»

«No, Lord! Why? Do You think that he is fond of You?»

«But if you have approached him and changed him in My favour, why do you not want Me to go?»

«I did not approach him… He was in the fields and he recognised me. But I – is that true, Thomas? – I wanted to run away when I saw him. But I could not, because he called me by my name. I can but advise You never to go to any Pharisee, or scribe or the like. It will do You no good. Let us be among ourselves, all alone, with the people, and nothing else. Including Lazarus, Nicodemus and Joseph… It will be a sacrifice… But it is better to make it, to avoid jealousies, hatred… and laying ourselves open to censure… When at table You speak… and they work underhand at Your words. But let us go back to John… I was now going to Sicaminon, although Isaac, whom I met at the border of Samaria, swore to me that he had not seen him since October.»

«And Isaac swore the truth. But what you are advising, concerning contacts with scribes and Pharisees, clashes with what you said before. You defended Me… That is what you did, is it not? You said: “I have demolished many prejudices against You”. You said so, did you not?»

«Yes, Master, I did.»

«Well, then, why can I not complete My defence Myself? So we will go to Ishmael. And you will now go back and warn him. Andrew, Simon Zealot and Bartholomew will come with you. We shall go to the peasants and rest with them. As far as Sicaminon is concerned, we have just come from there. And we were eleven. We confirm to you that John is not there. Neither is he at Capernaum or Bethsaida, at Tiberias, Magdala, Nazareth, Korazim, Bethlehem in Galilee, and so forth for all the other places you perhaps wished to call at… to make sure that John is not among disciples or in friendly houses.»

334.8

Jesus speaks calmly, in a natural tone… And yet there must be something in Him that upsets Judas, who changes colour for a moment. Jesus embraces him as if He wanted to kiss him… And while His cheek is against Judas’, He whispers to him in a low voice: «You wretch! What have you done with your soul?»

«Master… I…»

«Go away! You stink of hell more than Satan himself! Be quiet!… And repent, if you can.»

Judas… I would have run away at full speed. Not he! He impudently says in a loud voice: «Thank You, Master. But I beg You, before I go, may I speak to You privately for a moment?»

All the others move a good distance away.

«Why, Lord, did You say those words to me? You troubled me…»

«Because it is the truth. He who deals with Satan, smells like Satan.»

«Ah! is it because of necromancy? Oh! You frightened me! That was a joke! Nothing but the joke of a curious child. And it helped me to approach some Sadducees and to lose all desire to meet them again. So You can see that You can absolve me without any worry. They are things of no importance when one has Your power. You were right. Come on, Master! My fault is a very light one!… Great is Your wisdom. But who told You?»

Jesus looks at him severely but does not reply.

«But have You really seen the sin in my heart?» asks Judas somewhat frightened.

«And it disgusted Me. Go away! And say no more.» And He turns His back to him and goes back to the disciples, whom He orders to change direction, after saying goodbye to Bartholomew, Simon and Andrew, who join Judas and go away quickly, while those who have remained walk away slowly, unaware of the truth, which is known to Jesus only.

They are so unaware that they praise Judas for his activity and sagacity. And honest Peter sincerely accuses himself of his heart’s rash judgement on his fellow-disciple…

Jesus smiles… a mild, rather tired smile, as if He were abstracted and could just hear the chattering of His companions, who know of events only by what their human nature allows them to know.


Notes

  1. le nom que tu m’avais indiqué en 302.5.