The Writings of Maria Valtorta

335. La fausse amitié d’Ismaël Ben Fabi et l’hydropique guéri un jour de sabbat.

335. The untruthfull friendship of Ishmael

335.1

Je vois Jésus qui marche rapidement sur une grand-route que le vent froid d’un matin d’hiver balaie et durcit. Les champs, des deux côtés de la route, présentent à peine un timide duvet de moissons qui viennent de percer, un fin voile de verdure qui annonce la promesse du pain à venir, mais une promesse vraiment à peine perceptible. Il y a encore, à l’ombre, des sillons dépourvus de cette végétation naissante et bénie, et seuls les sillons les plus ensoleillés ont cette teinte verte si légère et pourtant déjà joyeuse puisqu’elle annonce le printemps tout proche. Les arbres fruitiers sont encore nus, sans un bourgeon qui se gonfle sur leurs branches sombres. Seuls les oliviers ont leur couleur éternelle gris-vert, aussi triste sous le soleil d’août que dans la faible clarté de cette matinée d’hiver. Et avec eux, les feuilles grasses des cactées montrent leur couleur, un vert pâteux de céramiques à peine teintées.

Jésus marche, comme souvent, à deux ou trois pas en avant de ses disciples. Ils sont tous bien enveloppés dans leurs manteaux de laine.

A un certain moment, Jésus s’arrête et se retourne pour interpeller ses disciples :

« Vous connaissez le chemin ?

– C’est le bon, mais ensuite nous ne savons pas où se trouve la maison, car elle est à l’intérieur des terres… C’est peut-être à l’endroit de ce bosquet d’oliviers…

– Non. Ce doit être là au fond, au contraire, là où se trouvent ces gros arbres nus…

– Il devrait y avoir une route pour les chars… »

En somme, ils ne savent rien de précis. On ne voit personne sur la chaussée ni dans les champs. Ils avancent au hasard, en cherchant leur route.

Ils trouvent une petite maison de pauvres avec deux ou trois petits champs autour. Une petite fille est en train de tirer de l’eau à un puits.

« Paix à toi, fillette, dit Jésus en s’arrêtant à la limite de la haie qui a un passage pour la circulation.

– Paix à toi. Que veux-tu ?

– Un renseignement. Où se trouve la maison d’Ismaël, le pharisien ?

– Tu es perdu, Seigneur. Tu dois revenir au carrefour et prendre la direction du couchant du soleil. Mais il faut marcher beaucoup, beaucoup, car tu dois retourner là-bas, au carrefour, et puis marcher longtemps. Tu as mangé ? Il fait froid et, avec l’estomac vide, on le sent davantage. Entre, si tu veux. Nous sommes pauvres. Mais toi non plus tu n’es pas riche. Tu peux t’en arranger. Viens. »

Et d’une voix perçante, elle appelle :

« Maman ! »

335.2

Une femme de trente-cinq à quarante ans sort sur le seuil. Son visage est honnête mais un peu triste. Elle tient dans les bras un enfant d’environ trois ans, à peine vêtu.

« Entre. Le feu est allumé. Je te donnerai du lait et du pain.

– Je ne suis pas seul, j’ai ces amis.

– Qu’ils entrent tous et que la bénédiction de Dieu soit sur les pèlerins que j’accueille. »

Ils entrent dans une cuisine basse et sombre qu’égaie un feu pétillant. Ils s’asseyent çà et là sur des coffres bruts.

« Maintenant, je vais préparer… C’est le matin… Je n’ai encore rien mis en ordre… Excusez-moi.

– Tu es seule ? »

C’est Jésus qui parle.

« J’ai un mari et des enfants. Sept. Les deux plus grands sont encore au marché de Naïm. C’est à eux d’y aller parce que mon mari est malade. C’est une grande douleur ! Les fillettes m’aident. Celui-ci est le plus petit, mais j’en ai encore un autre à peine plus grand. »

Le petit, maintenant vêtu de sa tunique, accourt pieds nus vers Jésus et le regarde avec curiosité. Jésus lui sourit. L’amitié est faite.

« Qui tu es ? demande l’enfant avec confiance.

– Je suis Jésus. »

La femme se retourne pour le regarder attentivement. Elle est restée avec un pain dans les mains, entre le foyer et la table. Elle ouvre la bouche pour parler, mais se tait. L’enfant continue :

« Tu vas où ?

– Sur les chemins du monde.

– Pour quoi faire ?

– Pour bénir les gentils enfants et leurs maisons où l’on est fidèle à la Loi. »

335.3

La femme se retourne pour faire un geste, puis elle fait un signe à Judas qui est le plus près d’elle. Il se penche vers la femme qui demande :

« Qui est ton ami ? »

Et Judas, hautain, (il donne l’impression que c’est grâce à son mérite et à sa faveur que Jésus est le Messie):

« C’est le Rabbi de Galilée, Jésus de Nazareth. Tu l’ignores, femme ?

– La Galilée n’est pas à notre portée et moi, j’ai tant de soucis ! Mais… est-ce que je pourrais lui en parler ?

– Tu le peux » dit avec condescendance Judas.

On dirait un gros bonnet qui accorde une audience…

Jésus continue de parler avec l’enfant qui lui demande s’il a lui aussi des enfants. Pendant que la fillette déjà vue et une autre un peu plus grande apportent du lait et des bols, la femme s’approche de Jésus. Elle reste un peu hésitante, puis elle pousse un cri étouffé :

« Jésus, aie pitié de mon mari ! »

Jésus se lève. Il la domine de sa grande taille, mais il la regarde avec tant de bonté qu’elle s’enhardit.

« Que veux-tu que je fasse ?

– Il est très malade, gonflé comme une outre, il ne peut plus se baisser pour travailler. Il ne trouve pas de repos, car il étouffe et s’agite… Et nous avons des enfants encore petits…

– Tu veux que je le guérisse ? Mais pourquoi attends-tu cela de moi ?

– Parce que c’est toi. Je ne te connaissais pas, mais j’ai entendu parler de toi. Le hasard t’a conduit chez moi après que je t’ai cherché à Naïm et à Cana à trois reprises. Deux fois, mon mari était présent lui aussi. Il te cherchait, malgré la souffrance qu’il éprouvait à se déplacer en char… Encore maintenant, il est parti avec son frère… On nous avait rapporté que le Rabbi, ayant quitté Tibériade, allait à Césarée de Philippe. Il s’y est rendu pour t’attendre…

– Je ne suis pas allé à Césarée.

335.4

Je vais chez le pharisien Ismaël, après quoi je me dirigerai vers le Jourdain…

– Toi, qui es bon, tu vas chez Ismaël ?

– Oui. Pourquoi ?

– Parce que… parce que… Seigneur, je sais que tu dis de ne pas juger, de pardonner et de s’aimer. Je ne t’ai jamais vu, mais j’ai cherché à me renseigner sur toi, le plus que je pouvais, et j’ai prié l’Eternel de pouvoir t’entendre ne serait-ce qu’une fois. Je ne veux pas faire quoi que ce soit qui te déplaise… Mais comment ne pas juger Ismaël et l’aimer ? Moi, je n’ai rien de commun avec lui et je n’ai donc rien à lui pardonner. Les insolences qu’il nous lance à la figure quand il rencontre notre pauvreté sur son chemin, nous les secouons avec la même patience que nous secouons la boue ou la poussière qu’il projette sur nous en passant rapidement en char. Mais l’aimer et ne pas le juger, c’est trop difficile… Il est tellement méchant !

– Il est tellement méchant ? Avec qui ?

– Avec tout le monde. Il opprime ses serviteurs, il prête avec usure, et il a des exigences cruelles. Il n’aime que lui-même. Il est le plus cruel de la région. Il ne mérite rien, Seigneur.

– Je le sais. Tu dis vrai.

– Et tu vas chez lui ?

– Il m’a invité.

– Méfie-toi, Seigneur. Il ne l’a sûrement pas fait par amour. Il ne peut pas t’aimer. Et toi… tu ne peux pas l’aimer.

– Moi, j’aime même les pécheurs, femme. Je suis venu pour sauver ceux qui sont perdus…

– Mais lui, tu ne le sauveras pas. Oh ! Pardon d’avoir jugé ! Toi, tu sais… Tout est bien de ce que tu fais ! Pardonne à ma sotte langue et ne me punis pas.

– Je ne te punis pas, mais ne le fais plus. Aime même les méchants, non pas pour leur méchanceté, mais parce que c’est par l’amour qu’on leur obtient la miséricorde qui les convertit. Tu es bonne et désireuse de l’être encore davantage. Tu aimes la vérité, et la Vérité qui te parle te dit qu’elle t’aime, car selon la Loi[1], tu as pitié de l’hôte et du pèlerin et c’est ainsi que tu as élevé tes enfants. Dieu sera ta récompense.

335.5

Je dois aller chez Ismaël qui m’a invité pour me présenter à ses nombreux amis qui veulent faire ma connaissance. Je ne puis attendre ton mari qui, sache-le, est sur le chemin du retour. Mais dis-lui de souffrir encore un peu et de venir tout de suite chez Ismaël. Viens, toi aussi. Je le guérirai.

– Oh ! Seigneur !… »

La femme est à genoux aux pieds de Jésus et le regarde, riant et pleurant à la fois. Puis elle dit :

« Mais c’est le sabbat, ce soir !…

– Je le sais. J’ai besoin que ce soit le sabbat pour dire quelque chose à ce propos à Ismaël. Tout ce que je fais, je le fais dans un but clair et exempt d’erreur. Sachez-le tous, même vous, mes amis qui avez peur et voudriez que je conforme ma conduite aux convenances humaines pour ne pas en subir de dommage. C’est l’amour qui vous guide, je le sais. Mais vous devez savoir aimer mieux celui que vous aimez, en ne faisant jamais passer l’intérêt divin après l’intérêt de celui que vous aimez. Femme, je pars et je t’attends. Qu’une paix perpétuelle règne dans cette maison où l’on aime Dieu et sa Loi, où l’on respecte le mariage et où l’on élève saintement les enfants, où l’on aime son prochain et où l’on recherche la vérité. Adieu. »

Jésus pose la main sur la tête de la femme et des deux fillettes, il se penche pour embrasser les enfants plus petits, et il sort.

Un faible soleil d’hiver tempère maintenant la fraîcheur de l’air. Un garçon d’environ quinze ans attend avec un char rudimentaire en très mauvais état.

« Je n’ai que cela, Seigneur. Mais tu auras plus vite fait et plus commodément.

– Non, femme. Garde frais le cheval pour venir chez Ismaël. Montre-moi seulement la route la plus courte. »

Le garçon l’accompagne et, à travers champs et prés, ils se dirigent vers une ondulation de terrain. Au-delà s’étend une vaste cuvette de quelques hectares bien cultivée, au milieu de laquelle se trouve une belle maison, large et basse, entourée d’un jardin bien entretenu.

« Voici la maison, Seigneur » dit le garçon. « Si tu n’as plus besoin de moi, je vais rentrer chez nous pour aider ma mère.

– Va et sois toujours un bon fils. Dieu est avec toi. »

335.6

Jésus entre dans la somptueuse maison de campagne d’Ismaël. Des serviteurs en grand nombre accourent à la rencontre de l’Hôte, certainement attendu. D’autres vont prévenir le maître qui sort au devant de Jésus en s’inclinant profondément.

« Sois le bienvenu chez moi, Maître !

– Paix à toi, Ismaël Ben Fabi. Tu as désiré ma présence : je viens. Pourquoi m’as-tu invité ?

– Pour avoir l’honneur de t’accueillir et te présenter mes amis. Je veux qu’ils soient aussi les tiens, comme je veux que tu sois pour moi un ami.

– Je suis l’ami de tout le monde, Ismaël.

– Je le sais. Mais, tu comprends ! Il est bon d’avoir des amitiés en haut lieu. La mienne et celle de mes amis sont de cet ordre. Toi, pardonne-moi de te le dire, tu négliges trop ceux qui peuvent t’appuyer…

– Et tu es de ceux-ci ? Pourquoi ?

– Je suis de ceux-ci. Pourquoi ? Parce que je t’admire et que je veux que tu sois pour moi un ami.

– Un ami ! Mais sais-tu, Ismaël, le sens que je donne à ce mot ? Pour beaucoup, un ami veut dire une connaissance, pour d’autres un complice, pour d’autres un serviteur. Pour moi cela veut dire : une personne fidèle à la Parole du Père. Qui n’est pas cela ne peut être un ami pour moi, ni moi pour lui.

– Mais c’est justement parce que je veux être fidèle que je désire ton amitié, Maître. Tu ne le crois pas ?

335.7

Regarde : voici Eléazar qui arrive. Demande-lui comment je t’ai défendu auprès des Anciens. Eléazar, je te salue. Viens, car le Rabbi veut te demander quelque chose. »

Profondes salutations et réciproques coups d’œil investiga­teurs.

« Toi, Eléazar, raconte ce que j’ai dit du Maître la dernière fois que nous nous sommes réunis » dit Ismaël.

Il s’en va et laisse son ami auprès de Jésus.

« Oh ! Un véritable éloge ! Une défense passionnée ! Il m’est alors venu l’envie de t’entendre, tant Ismaël parlait de toi, Maître, comme du plus grand Prophète qui ait été envoyé au peuple d’Israël. Je me souviens qu’il disait que personne n’avait une parole plus profonde que la tienne, n’exerçait une fascination plus grande, et que si tu sais mettre en œuvre l’épée aussi bien que tu sais parler, il n’y aura pas de roi plus grand que toi en Israël.

– Mon Royaume !… Ce Royaume n’est pas terrestre, Eléazar.

– Mais le roi d’Israël ?!

– Que vos esprits s’ouvrent pour comprendre le sens des paroles secrètes. Le Royaume du Roi des rois viendra, mais pas selon la façon de voir humaine. Non pas pour ce qui périt, mais pour ce qui est éternel. On y arrive ni par un chemin bien paré et triomphal, ni sur un tapis que le sang des ennemis rend pourpre, mais par le rude chemin du sacrifice et par la douce échelle du pardon et de l’amour. Ce sont les victoires contre nous-mêmes qui nous donneront ce Royaume. Dieu veuille que le plus grand nombre de juifs puissent me comprendre. Mais ce ne sera pas le cas. Vous pensez ce qui n’est pas. Dans ma main, il y aura un sceptre royal et éternel, et c’est le peuple d’Israël qui l’y aura mis. Aucun roi ne pourra l’enlever à ma Maison. Mais beaucoup en Israël ne pourront le voir sans frémir d’horreur, car il portera un nom qui sera atroce pour eux.

– Tu nous crois incapables de te suivre ?

– Si vous le vouliez, vous le pourriez. Mais vous ne le voulez pas. Et pourquoi ne le voulez-vous pas ? Vous êtes âgés à présent. L’âge devrait vous donner compréhension et justice. Justice aussi pour vous-mêmes. Les jeunes… pourront se tromper et se repentir plus tard. Mais vous ! La mort est toujours proche pour les plus âgés. Eléazar, tu es moins enveloppé dans les théories que beaucoup de tes semblables. Ouvre ton cœur à la Lumière… »

335.8

Ismaël revient avec cinq autres pharisiens cérémonieux.

« Venez donc dans la maison » dit le maître.

Et, quittant l’atrium garni de sièges et de tapis, ils entrent dans une pièce où on leur apporte des amphores et des bassines pour les ablutions. Puis ils passent dans la salle à manger, très richement préparée.

« Jésus à côté de moi, entre Eléazar et moi » ordonne le maître de maison.

Et Jésus, qui s’était tenu au fond de la salle près des apôtres un peu intimidés et laissés de côté, doit s’asseoir à la place d’honneur.

Le repas commence par de nombreux plats de viandes et de poissons rôtis. Des vins et, me semble-t-il, des sirops ou au moins de l’hydromel, passent et repassent.

335.9

Tous essaient de faire parler Jésus. L’un d’eux, très âgé, tout tremblotant, demande d’une voix éraillée de vieillard décrépit :

« Maître, est-ce vrai que tu as l’intention de modifier la Loi, comme on le prétend ?

– Je ne changerai pas un iota à la Loi. Au contraire (et Jésus appuie sur les mots), je suis venu précisément pour la rendre de nouveau intacte comme quand elle fut donnée à Moïse.

– Voudrais-tu dire qu’elle a été changée ?

– Non, jamais. Elle a seulement subi le sort de toutes les institutions éminentes remises dans la main des hommes.

– Que veux-tu dire ? Précise.

– Je veux dire que l’homme, par suite de l’ancien orgueil ou sous l’influence de l’ancien foyer de la triple concupiscence, a voulu en retoucher les paroles droites et en a fait un fatras qui opprime les fidèles alors que, pour ceux qui les ont retouchées, ce n’est qu’un amas de phrases… qu’on laisse à l’usage des autres.

– Mais, Maître ! Nos rabbins…

– C’est une accusation !

– Ne nous déçois pas dans notre désir de t’être utile !

– Ah ! Ils ont bien raison de te traiter de révolté !

– Silence ! Jésus est mon hôte. Qu’il parle en toute liberté.

– Nos rabbins, pour commencer, se sont ingéniés et ont peiné dans l’intention sainte de rendre plus facile l’application de la Loi. Dieu lui-même a commencé cet enseignement quand, aux paroles des dix commandements, il a ajouté des explications plus détaillées. Cela pour que l’homme n’ait pas l’excuse de ne pas avoir su comprendre. Donc l’œuvre des maîtres qui ont coupé en petits morceaux pour les petits de Dieu le pain donné par Dieu à l’esprit fut une œuvre sainte. Mais elle est sainte si elle tend vers un but honnête. Ce n’a pas toujours été le cas, et maintenant moins que jamais. Mais pourquoi voulez-vous me le faire dire, vous qui vous offensez si je vous énumère les fautes des puissants ?

– Des fautes ! Des fautes ! Nous n’avons que des fautes, nous ?

– Je voudrais bien que vous n’ayez que des mérites !

– Mais nous ne les avons pas. C’est ce que tu penses, et ton regard le confirme.

335.10

Jésus, ce n’est pas en critiquant que l’on acquiert l’amitié des puissants. Tu ne règneras pas. Tu n’en connais pas l’art.

– Je ne demande pas à régner comme vous l’imaginez, et je ne mendie pas des amitiés. C’est l’amour que je veux, mais un amour honnête et saint. Un amour qui va de moi à ceux que j’aime, et qui se manifeste en faisant preuve à l’égard des pauvres de ce dont je prêche l’usage : la miséricorde.

– Moi, depuis que je t’ai entendu, je ne prête plus à usure, dit l’un.

– Et Dieu t’en récompensera.

– Après qu’on m’eut rapporté l’une de tes paraboles, dit un autre, le Seigneur m’est témoin que je n’ai plus frappé mes serviteurs qui auraient mérité le fouet.

– Et moi ? Ce sont plus de dix boisseaux d’orge que j’ai laissés dans les champs pour les pauvres ! » s’exclame son voisin.

Les pharisiens se louent copieusement.

Ismaël a gardé le silence. Jésus l’interpelle :

« Et toi, Ismaël ?

– Oh ! Moi… Moi, j’ai toujours fait preuve de miséricorde. Je n’ai qu’à continuer comme j’ai toujours agi.

– C’est bien pour toi ! S’il en est réellement ainsi, tu es l’homme qui ne connaît pas les remords.

– Ah ! Certainement pas ! »

Jésus le transperce de son œil de saphir.

335.11

Eléazar touche le bras de Jésus :

« Maître, écoute-moi. J’ai un cas particulier à te soumettre. J’ai acquis récemment la propriété d’un malheureux qui s’est ruiné pour une femme. Il me l’a vendue, mais sans me dire qu’il y avait une vieille servante, sa nourrice, désormais aveugle et presque idiote. Le vendeur n’en veut pas. Moi… j’aurais préféré qu’elle s’en aille. Mais la jeter à la rue… Que ferais-tu, Maître ?

– Toi, que ferais-tu si tu devais donner un conseil à un autre ?

– Je dirais : “ Garde-la. Ce n’est pas un pain qui va te ruiner. ”

– Et pourquoi parlerais-tu ainsi ?

– Mais… parce que je pense que c’est ainsi que j’agirais et je voudrais qu’on agisse ainsi à mon égard…

– Tu es très près de la justice, Eléazar. Agis comme tu conseil­lerais de le faire et le Dieu de Jacob sera toujours avec toi.

– Merci, Maître. »

Les autres bougonnent entre eux.

« Qu’avez-vous à murmurer ? » demande Jésus. « N’ai-je pas dit ce qui est juste ? Et lui, n’a-t-il pas parlé avec justice ? Ismaël, défends tes hôtes, toi qui as toujours agi avec miséricorde.

– Maître, tu parles bien, mais… si on agissait toujours ainsi !… On serait victime des autres.

– Et il vaut mieux, selon toi, que ce soient les autres qui soient nos victimes, n’est-ce pas ?

– Je ne dis pas cela. Mais il y a des cas…

– La Loi prescrit d’avoir pitié…

– Oui, pour le frère pauvre, pour l’étranger, le pèlerin, la veuve et l’orphelin. Mais cette vieille femme, qui est tombée dans les bras d’Eléazar, n’est pas sa sœur, ni pèlerine, ni étrangère, ni orpheline ou veuve. Elle n’est rien pour lui. Ni plus ni moins qu’un vieux tableau, oublié par son vrai maître dans la propriété vendue. Eléazar pourrait donc la chasser sans le moindre scrupule. Enfin, la responsabilité de la mort de la vieille ne lui reviendrait pas à lui, mais à son ancien maître…

– … qui ne peut plus la garder puisqu’il est pauvre lui aussi, et par conséquent lui aussi est exempt d’obligations. De sorte que si la petite vieille meurt de faim, c’est elle qui est coupable, n’est-ce pas ?

– C’est cela, Maître. C’est le sort de ceux… qui ne servent plus. Les malades, les vieillards, les incapables sont condamnés à la misère, à la mendicité. Et la mort est ce qu’il y a de mieux pour eux… C’est ainsi depuis que le monde est monde, et il en sera toujours ainsi…

335.12

– Jésus, aie pitié de moi ! »

On entend ce cri de détresse malgré les fenêtres fermées, car la salle est bien close et les lampes allumées, sans doute à cause du froid.

« Qui m’appelle ?

– Quelque importun. Je vais le faire chasser. Ou quelque mendiant. Je lui ferai donner un pain.

– Jésus, je suis malade. Sauve-moi !

– Je l’ai dit : un importun. Je punirai les serviteurs pour l’avoir fait passer. »

Et Ismaël se lève. Mais Jésus, plus jeune d’au moins vingt ans et qui le dépasse du cou et de la tête, l’oblige à se rasseoir en lui mettant la main sur l’épaule et en ordonnant :

« Reste, Ismaël. Je veux voir celui qui me cherche. Faites-le entrer. »

Un homme aux cheveux encore noirs entre. Il peut avoir dans les quarante ans. Mais il est enflé comme un tonneau et jaune comme un citron, avec les lèvres violettes entrouvertes et la bouche haletante. Il est accompagné par la femme de la première partie de la vision.

L’homme avance avec peine à cause de sa maladie et parce qu’il a peur : il voit qu’on le regarde d’un si mauvais œil ! Mais Jésus a quitté sa place et s’est approché du malheureux pour le prendre par la main et l’amener au milieu de la salle, dans l’espace vide entre les tables disposées en fer à cheval. Exactement sous le lampadaire.

« Que veux-tu de moi ?

– Maître… je t’ai tant cherché… depuis si longtemps… Je ne veux rien que la santé… pour mes enfants et ma femme… Toi, tu peux tout… Vois à quoi je suis réduit…

– Et tu crois que je puis te guérir ?

– Si je le crois !… Chaque pas m’est douloureux… chaque secousse pénible… et pourtant j’ai fait des milles pour te chercher… puis je t’ai suivi aussi en char… mais je ne te rattrapais jamais… Si je le crois !… Je suis étonné de n’être pas encore guéri, depuis que ma main est dans la tienne, car tout en toi est saint, ô Saint de Dieu. »

Le pauvre homme souffle comme un phoque sous l’effort qu’il fait pour tant parler. La femme regarde son mari et Jésus, et elle pleure.

335.13

Jésus les observe et sourit. Puis il se retourne et demande :

« Toi, vieux scribe (il parle au vieil homme à la voix chevrotante qui a parlé le premier), réponds-moi : est-il permis de guérir un jour de sabbat ?

– Pendant le sabbat aucun travail n’est permis.

– Même pas de sauver quelqu’un du désespoir ? Ce n’est pas un travail manuel.

– Le sabbat est consacré au Seigneur.

– Quelle œuvre plus digne d’un jour sacré que de faire en sorte qu’un fils de Dieu dise à son Père : “ Je t’aime et je te loue parce que tu m’as guéri ” ?

– Il doit le faire même s’il est malheureux.

– Chanania, sais-tu qu’en ce moment ton bois le plus beau est en train de brûler, et que toute la pente du mont Hermon rougit de l’éclat des flammes ? »

Le vieil homme bondit comme si un serpent l’avait mordu :

« Maître, dis-tu la vérité ou bien est-ce une plaisanterie ?

– Je dis la vérité. Je vois et je sais.

– Ah ! Malheureux que je suis ! Mon bois le plus beau ! Des milliers de sicles[2] en cendres ! Malédiction ! Maudits soient les chiens qui m’y ont mis le feu ! Que leurs viscères brûlent comme mon bois ! »

Le petit vieux est désespéré.

« Ce n’est qu’un bois, Canania[3], et tu te plains ! Pourquoi ne loues-tu pas le Seigneur dans ce malheur ? Cet homme ne perd pas du bois qui repousse, mais la vie et le pain de ses enfants, et il devrait louer quand toi tu ne le fais pas ? Donc, scribe, il ne m’est pas permis de le guérir le jour du sabbat ?

– Maudit soyez-vous, toi, lui et le sabbat ! J’ai bien autre chose à penser, moi… »

Et, bousculant Jésus qui lui avait mis une main sur le bras, il sort furieux et on l’entend brailler de sa voix chevrotante pour avoir son char.

« Et maintenant ? » demande Jésus en tournant son regard vers les autres. « A votre tour, dites-moi : est-ce permis ou non ? »

Personne ne répond. Eléazar baisse la tête après avoir entrouvert les lèvres, que pourtant il referme, saisi par le froid qui a envahi la salle.

« Eh bien ! Moi, je vais parler » dit Jésus.

Son aspect est imposant et sa voix est un tonnerre comme toujours quand il va opérer un miracle.

« Je vais parler. Je parle. Je dis : homme, qu’il te soit fait selon ce que tu crois. Tu es guéri. Loue l’Eternel. Va en paix. »

L’homme reste interdit. Peut-être pensait-il redevenir d’un coup agile comme autrefois. Et il lui semble qu’il n’est pas guéri. Mais qui sait ce qu’il ressent… il pousse un cri de joie, se jette aux pieds de Jésus et les baise.

« Va, va ! Sois toujours bon. Adieu ! »

L’homme sort, suivi de la femme qui, jusqu’au dernier moment, se retourne pour saluer Jésus.

335.14

« Pourtant, Maître… Dans ma maison… Le jour du sabbat…

– Tu n’approuves pas ! Je le sais. Et c’est pour cela que je suis venu. Mon ami, toi ? Non. Mon ennemi. Tu n’es pas sincère avec moi, ni avec Dieu.

– Tu m’offenses, maintenant ?

– Non, je dis la vérité. Tu as dit qu’Eléazar n’est pas tenu de secourir cette petite vieille parce qu’elle n’appartient pas à sa propriété. Mais toi, tu avais deux orphelins[4] dans ta propriété. C’étaient les enfants de deux serviteurs fidèles qui sont morts à la tâche, l’un avec la faux en main, l’autre tuée par une fatigue excessive. Pour que tu la gardes, tu avais exigé qu’elle ajoute à son service celui de son mari. Tu disais : “ J’ai passé un contrat pour deux travailleurs et, pour te garder, j’exige ton travail et celui du mort. ” C’est ce qu’elle a fait, et elle est morte avec l’enfant qu’elle portait, car cette femme était mère, et elle n’a pas obtenu la pitié que l’on a pour une bête qui engendre. Où sont maintenant ces deux enfants ?

– Je ne sais pas… Ils ont disparu, un jour.

– Ne mens pas maintenant. Avoir été cruel suffit. Il ne faut pas ajouter le mensonge pour rendre tes sabbats odieux à Dieu, même s’ils sont exempts d’œuvres serviles. Où sont ces enfants ?

– Je ne sais pas. Je ne sais plus, sois-en sûr.

– Moi, je le sais. Je les ai trouvés un soir de novembre, froid, pluvieux, sombre. Je les ai trouvés affamés et tremblants, près d’une maison, comme deux petits chiens à la recherche d’une bouchée de pain… Maudits et chassés par un homme qui avait des entrailles de chien, un homme pire qu’un chien, car un chien aurait eu pitié de ces deux orphelins. Or cet homme et toi, vous n’avez pas eu pitié. Leurs parents ne te servaient plus, n’est-ce pas ? Ils étaient morts. Les morts ne peuvent que pleurer dans leurs tombeaux, en entendant les sanglots de leurs enfants malheureux dont les autres ne s’occupent pas. Cependant les morts portent à Dieu, par leur âme, leurs pleurs et ceux de leurs enfants orphelins, et ils disent : “Seigneur, à toi d’exercer nos vengeances, puisque le monde opprime quand il ne peut plus exploiter. ” Les deux enfants n’étaient pas encore en âge de te servir, n’est-ce pas ? Oui et non, car la petite pouvait servir pour glaner… Et tu les as chassés, en leur refusant même le peu de bien qui appartenait à leurs parents. Ils pouvaient mourir de faim et de froid comme deux chiens au bord d’une route. Ils pouvaient vivre en devenant, l’un voleur, l’autre une prostituée, car la faim porte au péché. Mais que t’importait ?

A l’instant, tu as cité la Loi à l’appui de tes théories. Or la Loi ne dit-elle pas : “ Ne faites pas tort à la veuve et à l’orphelin. Si vous leur faites du tort, leurs voix s’élèveront vers moi, j’entendrai leurs cris et ma fureur s’enflammera ; je vous exterminerai par l’épée, et vos femmes resteront veuves et vos enfants orphelins ” ? N’est-ce pas ce que dit la Loi ? Alors, pourquoi ne l’observes-tu pas ? Tu m’as défendu auprès des autres ? Alors pourquoi ne prends-tu pas la défense de ma doctrine en toi-même ? Tu veux être pour moi un ami ? Alors pourquoi fais-tu le contraire de ce que je dis ? L’un de vous est en train de courir à perdre haleine, en s’arrachant les cheveux à cause de la ruine de son bois. Et il ne se les arrache pas pour les ruines de son cœur ! Et toi, qu’attends-tu pour le faire ?

335.15

Pourquoi voulez-vous vous croire parfaits, vous à qui le sort a donné une haute situation ? Et même si vous l’êtes en quelque chose, pourquoi ne cherchez-vous pas à l’être en tout ? Pourquoi me haïssez-vous parce que je découvre vos plaies ? Je suis le Médecin de votre âme. Est-ce qu’un médecin peut guérir sans mettre à nu et nettoyer les plaies ? Mais ne savez-vous pas que beaucoup – et cette femme qui est sortie est de leur nombre – méritent la première place au banquet de Dieu en dépit de leur piètre apparence ? Ce n’est pas l’extérieur qui a de la valeur, mais le cœur et l’âme. Dieu vous voit du haut de son trône, et il vous juge. Combien il en voit qui valent mieux que vous ! Par conséquent, écoutez-moi :

Prenez toujours comme règle de conduite ceci : quand on vous invite à un banquet de noces, choisissez toujours la dernière place. Il vous en reviendra un double honneur quand le maître vous dira : “ Mon ami, avance ” : honneur de mérite et honneur d’humilité. Alors que… Quel triste moment pour un orgueilleux d’avoir la honte de s’entendre dire : “ Va là-bas, au fond, car il y a quelqu’un de plus important que toi. ” Et faites la même chose dans le banquet secret de votre âme pour les noces avec Dieu. Qui s’abaisse sera élevé, et qui s’élève sera rabaissé.

335.16

Ismaël, ne me hais pas, car je te soigne. Moi, je ne te hais pas. Je suis venu pour te guérir. Tu es plus malade que cet homme. Tu m’as invité pour te donner du prestige à toi-même et satisfaire tes amis. Tu invites souvent, mais par orgueil et pour ton plaisir. Ne le fais pas. N’invite pas les riches, les parents, les amis. Mais ouvre ta maison, ouvre ton cœur aux pauvres, aux mendiants, aux estropiés, aux boiteux, aux orphelins et aux veuves. Ils ne te donneront en échange que des bénédictions. Mais Dieu les changera pour toi en grâces. Et à la fin… oh ! À la fin, quel sort bienheureux pour tous les miséricordieux qui seront récompensés par Dieu à la résurrection des morts !

Malheur à ceux qui caressent seulement un espoir de profit puis ferment leur cœur au frère qui ne peut plus servir. Malheur à eux ! Je vengerai ceux qui ont été abandonnés.

– Maître… je… je veux te satisfaire. Je reprendrai ces enfants.

– Non.

– Pourquoi ?

– Ismaël !… »

Ismaël baisse la tête. Il veut faire l’humble. Mais c’est une vipère à laquelle on a extrait le venin et elle ne mord plus parce qu’elle sait qu’elle n’en a plus ; toutefois elle attend le moment de mordre…

335.17

Eléazar essaie de ramener la paix en disant :

« Bienheureux ceux qui prennent part au banquet de Dieu dans leur âme et dans le Royaume éternel. Mais crois-le bien, Maître, c’est la vie qui nous apporte des obstacles. Les charges… les occupations… »

Alors Jésus dit la parabole[5] du banquet et achève :

« Les charges… les occupations, as-tu dit. C’est vrai. C’est pour cela que je t’ai dit, au commencement de ce banquet, que mon Royaume se conquiert par des victoires sur soi-même et non par des victoires sur des champs de bataille. La place au grand Banquet est destinée à ces humbles de cœur qui savent être grands par leur fidèle amour qui ne mesure pas le sacrifice et qui surmonte tout pour venir à moi. Même une heure suffit pour changer un cœur, pourvu que ce cœur le veuille. Et il suffit d’une parole. Je vous en ai dit tellement ! Et je regarde… Dans un cœur va naître une plante sainte. Dans les autres, des ronces pour moi et, dans ces ronces, des aspics et des scorpions. Peu importe. Je vais droit mon chemin. Qui m’aime me suive. Je marche en appelant à ma suite. Que ceux qui ont le cœur droit viennent à moi. Je vais en instruisant. Que ceux qui cherchent la justice s’ap­prochent de la Source. Pour les autres… pour les autres, c’est le Père saint qui les jugera.

Ismaël, je te salue. Ne me hais pas. Réfléchis. Et rends-toi compte que j’ai été sévère par amour, non par haine. Paix à cette maison et à ceux qui l’habitent, paix à tous si vous la méritez. »

335.1

I see Jesus walk fast along a main road, which the cold wind of a winter morning sweeps and hardens. The fields on both sides of the road are covered with a thin green veil of corn, which has just began to grow and is a promise of future bread, although a promise that is even difficult to imagine. There are drills in the shade, which are still devoid of that blessed green down, and only those in the more sunny places have the light green veil that is so joyous as it announces the oncoming springtime. Fruit-trees are still bare, none of the dark branches have yet put forth buds. Only olive-trees have their everlasting green-grey foliage, which is as sad in the August sunshine as it is in the first light of this winter morning. Also the thick leaves of cacti are green, a mellow green of freshly painted ceramic.

As usual, Jesus is walking two or three steps ahead of His disciples. They are all wrapped in their woolen mantles. At a certain point Jesus stops and turning around He asks the disciples: «Are you familiar with the road?»

«This is the road, but we do not know where the house is, because it is further inland… Perhaps it is over there, where those olive-trees are…»

«No. It must be down there, at the bottom, where those big bare trees are…»

«There should be a road for carts…»

In short: they do not know anything precisely. There are no people to be seen on the road or in the fields. They proceed at random, looking for the road.

They find a little house of poor people, with two or three little fields around it. A little girl is drawing water from a well.

«Peace to you, little girl» says Jesus stopping at the hedge where there is a passage way.

«Peace to You. What do You want?»

«Some information. Where is the house of Ishmael, the Pharisee?»

«You are on the wrong road, Lord. You must go back to the cross-roads and take the road that goes in the direction where the sun sets. But it is a long way, a very long one, because You have to go back to the cross-roads and then walk a good distance. Have You had anything to eat? It is cold and one feels the cold more on an empty stomach. Come in, if You wish. We are poor. But You are not rich either. You can make the best of it. Come.» And in her shrill voice she shouts: «Mother!»

335.2

A woman of about thirty-five or forty years old comes to the door. Her face is honest but rather sad. She is holding in her arms a half-naked child about three years old.

«Come in. The fire is lit. I will give You bread and milk.»

«I am not alone. I have these friends with Me.»

«Let them all come in and may the blessing of God come with the pilgrims to whom I am giving hospitality.»

They enter a low dark kitchen that is made cheerful by a blazing fire. They sit here and there on rustic chests.

I will have something ready in a moment… It is still early… I have not tidied anything up yet… Excuse me.»

«Are you alone?» It is Jesus who asks.

«I am married and I have seven children. The first two are still at the market in Nain. They have to go because their father is not well. It’s a very sad situation… The girls help me. This is the last one. But I have another one just a little older.»

The little one, who is now wearing his little tunic, runs bare-footed towards Jesus and looks at Him inquisitively. Jesus smiles at him. They have become friends.

«Who are You?» asks the boy confidently.

«I am Jesus.»

The woman turns around looking at Him attentively. She stops between the fireplace and the table, with a loaf of bread in her hands. She opens her mouth to speak, but does not say anything.

The boy continues: «Where are You going?»

«Along the roads of the world.»

«What for?»

«To bless good children and their homes where people are faithful to the Law.»

335.3

The woman makes a gesture. Then she nods to Judas Iscariot who is closest to her. He bends towards the woman who asks: «But who is your friend?»

And Judas replies conceitedly (one would think that the Messiah is what He is, thanks to Judas’ kindness): «He is the Rabbi of Galilee: Jesus of Nazareth. Don’t you know, woman?»

«This is a secluded road and I have so many sorrows!… But… could I speak to Him about them?»

«You can» replies Judas condescendingly. He seems an important person of the world granting an audience.

Jesus is still speaking to the boy who asks Him whether He has any children.

While the girl seen at the well and another older one bring milk and bowls, the woman approaches Jesus. She remains for a moment in suspense, then she stifles a cry: «Jesus: have mercy on my husband!»

Jesus stands up. He dominates her with His height, but looks at her so kindly that she plucks up courage again. «What do you want Me to do?»

«He is very ill. He is swollen like a wineskin and he cannot bend to work. He cannot rest because he chokes and tosses about… And we still have little children…»

«Do you want Me to cure him? But why do you want that of Me?»

«Because You are You. I did not know You, but I heard people speak of You. My good luck has brought You to my house after I looked for You three times at Nain and Cana. My husband was with me twice. He was looking for You, although traveling by cart makes him suffer so much… Even now he has gone with his brother… We were told that the Rabbi, after leaving Tiberias, was going towards Caesarea Philippi. He has gone there waiting for You…»

«I did not go to Caesarea.

335.4

I am going to see Ishmael, the Pharisee and then I shall go towards the Jordan…»

«What? You, a good man, are going to Ishmael?»

«Yes, I am. Why?»

«Because… because… Lord, I know that You say that we must not judge, that we must forgive and love one another. I have never seen You before. But I have tried to learn as much as I could about You, and I have prayed the Eternal Father to grant me to hear You at least once. I do not want to do anything which may displease You… But how can one not judge Ishmael and how can one love him? I have nothing in common with him and therefore I have nothing to forgive him. We just shake off the insolent words he says to us when he meets our poverty on his way, with the same patience with which we shake off the dust and mud when he splashes us passing by in his fast coaches. But it is too difficult to love him and not judge him… He is so bad!»

«Is he so bad? To whom?»

«To everybody. He oppresses his servants, he lends on usury and exacts pitilessly. He loves but himself. He is the most cruel man in the countryside. He is not worth it, Lord.»

«I know. You have spoken the truth.»

«And You are going there?»

«He invited Me.»

«Do not trust him, Lord. He did not do it out of love. He is not capable of loving. And You… You cannot love him.»

«I love also sinners, woman. I came to save those who are lost…»

«But You will not save him. Oh! Forgive me for judging! You know… Everything You do is good! Forgive my silly tongue and do not punish me.»

«I will not punish you. But do not do it again. Love also wicked people. Not because of their wickedness, but because it is through love that mercy is granted to them, that they may convert. You are good and willing to become even better. You love the Truth and the Truth speaking to you says that He loves you because you are pitiful to guests and pilgrims according to the Law[1] and you have brought up your children accordingly. God will be your reward.

335.5

I must go to Ishmael who invited Me to show Me to many of his friends who want to meet Me. I cannot wait any longer for your husband, who, incidentally, is on his way back home. But tell him to be patient for another little while and to come immediately to Ishmael’s house. And I ask you to come as well. I will cure him.»

«Oh! Lord!…» the woman is on her knees at Jesus’ feet and looks at Him smiling and weeping. She then says: «But this is the Sabbath!…»

«I know. I need it to be the Sabbath to say something to Ishmael concerning it. Everything I do, I do for a definite unerring purpose. You must all be aware of that, including you, My friends, who are afraid and would like Me to follow a behaviour according to human convenience to avoid eventual damage. You are led by love. I know. But you must love in a better way those whom you love. Do not postpone the interests of God to the interests of the person you love. Woman, I must go now, I will wait for you. May peace last forever in this house in which God and His Law are loved, marriage is respected, children are brought up holily, the neighbour is loved and the Truth sought. Goodbye.»

Jesus lays His hand on the heads of the woman and of the two young girls, He then bends to kiss the little ones and goes out.

Winter sunshine now mitigates the very cold air. A boy about fifteen years old is waiting with a rustic ramshackle cart.

«This is all I have. But it will be quicker and more comfortable for You.»

«No, woman. Keep the horse fresh to come to Ishmael’s house. Just show Me the shortest road.»

The boy walks at His side and through fields and meadows they go towards an undulating ground, beyond which there is a well cultivated small valley a few acres wide, in the middle of which there is a beautiful large low house, surrounded by a well-kept garden.

«That is the house, Lord» says the boy. «If You no longer need me, I will go back home to help my mother.»

«Go and be always a good son. God is with you.»…

335.6

… Jesus enters Ishmael’s magnificent country house. Many servants rush to meet the Guest, Who is certainly expected. Some go and inform the landlord, who comes out to meet Jesus bowing deeply.

«You are welcome to my house, Master!»

«Peace to you, Ishmael Ben Fabi. You wanted to see Me. Here I am. Why did you want Me?»

«To have the honour of having You and to introduce You to my friends. I want them to be Your friends as well. As I want You to be my friend.»

«I am the friend of everybody, Ishmael.»

«I know. But, You know! It is wise to have friends high up. And I and my friends are such. Forgive me for telling You, but You neglect too much those who can help You…»

«And are you one of those? Why?»

«I am. Why? Because I admire You and I want You to be my friend.»

«Friend! But do you know, Ishmael, the meaning I attach to that word? Friend to many people means acquaintance, to some it means accomplice, to some servant. To Me it means: faithful to the Word of the Father. Who is not such, cannot be My friend, neither can I be his.»

«I want Your friendship, Master, just because I want to be faithful. Do You not believe me?

335.7

Look: there is Eleazar coming. Ask him how I defended You with the Elders. Hello, Eleazar. Come here, the Rabbi wants to ask you something.»

They exchange greetings with low bows and inquisitive looks.

«Will you repeat, Eleazar, what I said for the Master the last time we met?» says Ishmael. Then he withdraws, leaving his friend with Jesus.

«Oh! A true praise! An impassioned speech! Ishmael spoke so well of You, Master, as of the greatest Prophet who ever came to the people of Israel, that I have longed to hear You ever since. I remember that he said that no one had wiser words than Yours, or greater charm, and that if You can draw Your sword as well as You can speak, there will be no greater king than You in Israel.»

«My Kingdom!… That Kingdom, Eleazar, is not a human one.»

«But the King of Israel!»

«Open your minds to understand the meaning of the arcane words. The Kingdom of the King of kings will come. But not according to human standards. Not with regard to what perishes; but with regard to what is eternal. You do not enter it along a flowery road of triumph or on a carpet made purple by enemy blood; but climbing a steep path of sacrifices and a mild staircase of forgiveness and love. Our victories over ourselves will give us that Kingdom. And God grant that most people in Israel may understand Me. But it will not be so. You are thinking of what does not exist. A sceptre will be in My hand, and it will be put there by the people of Israel. A regal eternal sceptre. No king will ever be able to take it off My House. But many people in Israel will not be able to look at it without shuddering with horror, because it will have a dreadful name for them.»

«Do You think that we are not capable of following You?»

«If you wanted, you could. But you do not want to. Why do you not want to? You are elderly now. Your age should make you understand and be just, also for your own sake. Young people… may make mistakes and then repent. But you! Death is always close to elderly people. Eleazar, you are less entangled in the theories of many people of your rank. Open your heart to the Light…»

335.8

Ishmael comes back with five more pompous Pharisees: «Come in» says the landlord. They leave the hall, which is well furnished with seats and carpets, and they enter a room into which amphorae are brought for ablutions. They then pass into the dining room, in which everything has been magnificently arranged.

«Jesus beside me. Between me and Eleazar» orders the landlord. And Jesus, Who had remained at the end of the room, near the rather intimidated and neglected disciples, has to sit at the place of honour.

The banquet begins with numerous dishes of roast meat and fish. Wines and syrups, I think, or at least water sweetened with honey, are served several times.

335.9

Everybody tries to make Jesus speak. A shaky old man asks in a decrepit clucking voice: «Is it true what people say, that You are going to change the Law?»

«I will not change one iota of the Law. On the contrary (and Jesus emphasises His words) I have come to complete it again, as it was given to Moses.»

«Do You mean that it was modified?»

«No, never. It only had the same fate as all sublime things entrusted to man.»

«What do You mean? Explain Yourself.»

«I mean that man, through ancient pride or the ancient incentive of treble lust, wanted to touch up the straightforward word and the result was something that oppresses faithful believers, whilst, with regards to those who touched it up, it is nothing but a pile of sentences… to be left to other people.»

«But, Master! Our rabbis…»

«That is an accusation!»

«Don’t disappoint our desire to be of assistance to You!…»

«Hey! They are quite right in saying that You are a rebel!»

«Silence! Jesus is my guest. Let Him speak freely.»

«Our rabbis began their work with the holy purpose of making the application of the Law easier. God Himself began that school when He added detailed explanations to the words of the Ten Commandments. So that man could not find the excuse that he had not understood. The work therefore of those teachers who break into crumbs for the children of God the bread given by God for their souls, is holy work. But it is holy when it pursues a righteous aim. Which was not always the case. And least of all it is nowadays. But why do you want Me to speak, when you take offence if I enumerate the faults of the mighty ones?»

«Faults! Have we nothing but faults?»

«I wish you had nothing but merits!»

«But we do not have them. That is what You think and what Your eyes say.

335.10

Jesus, one does not make powerful friends by criticizing them. You will not reign. You are not acquainted with that art.»

«I do not ask to reign according to your ideas, neither do I beg for friendship. I want love. Honest holy love. A love that extends from Me to those whom I love and is displayed by making use of what I preach to use: mercy.»

«Since I heard You, I have not lent on usury any more» says one. «And God will reward you for that.»

«God is my witness that I have not thrashed my servants any more, although they deserve to be lashed, after I heard one of Your parables» says another one.

«And what about me? I left over ten bushels of barley in the fields for the poor!» states a third one.

The Pharisees praise themselves excellently.

Ishmael has not spoken. Jesus asks him: «And what about you, Ishmael?»

«Oh! I! I have always used mercy. I have but to continue as I behaved in the past.»

«Good for you! If it is really so, you are really the man who feels no remorse.»

«No! I really do not.»

Jesus’ sapphire glance pierces him.

335.11

Eleazar says touching His arm: «Master, listen to me. I have a special case to submit to You. I recently bought a property of a poor wretch who ruined himself for a woman. He sold it to me, without telling me that there was an old servant, his nurse, in it. She is now blind and feeble-minded. The vendor does not want her. I… would not like to have her either. But to throw her out. What would You do, Master?»

«What would you do if you were to advise somebody else?»

«I would say: “Keep her. A piece of bread will not be your ruin”.»

«Why would you say so?»

«Well!… because I think that is what I would do and what I would like to be done to me…»

«You are very close to Justice, Eleazar. Do as you would advise and the God of Jacob will always be with you.»

«Thank You, Master.»

The others are grumbling among themselves.

«What have you to grumble about?» asks Jesus. «Is what I said not just? And has Eleazar not spoken justly? Ishmael, since you have always been merciful, defend your guests.»

«Master, You are right but… if one always did that!… One would become the victim of other people.»

«Whereas, according to you, it is better if other people become our victims, is that right?»

«I don’t mean that. But there are cases…»

«The Law says that we must be merciful.»

«Yes, to a poor brother, to a stranger, a pilgrim, a widow, to an orphan. But this old woman, who turned up in Eleazar’s property, is not his sister, a pilgrim, a stranger, an orphan or a widow. She is nothing to him. She is just an old piece of furniture, which does not belong to him, and was forgotten by her true master in the sold property. Eleazar, therefore, could throw her out without any scruple at all. He would not be responsible for the death of the old woman. Her true master would…»

«… and he cannot keep her any longer because he is poor himself and thus he is free from obligations as well. So if the old woman dies of starvation, it is her own fault. Is it not so?»

«It is, Master. It is the destiny of those who… are no longer of any use. Sick, old, unfit people are condemned to misery, to begging. And death is the best thing for them… It has always been like that since the beginning of the world, and it will ever be so…»

335.12

«Jesus, have mercy on me!» A moaning voice is heard through the closed windows; the room is in fact closed and the chandeliers are lit. Perhaps because it is cold.

«Who is calling Me?»

«A nuisance of a fellow. I will have him driven away. Or a beggar. I will have a piece of bread given to him.»

«Jesus, I am ill. Save me!»

«As I said, it is a pestering fellow. I will punish the servant for letting him in.» And Ishmael stands up.

But Jesus Who is at least twenty years younger than he is and head and shoulders over him, makes him sit down again, laying a hand on his shoulders and ordering: «Stay, Ishmael. I want to see the man who is looking for Me. Let him in.»

A dark-haired man comes in. He must be about forty years old. But he is as swollen as a barrel and as yellow as a lemon, his half open lips are violaceous and he is panting. The woman seen in the first part of the vision is with him. The man comes forward with difficulty because of his disease and because he is afraid. He in fact sees that he is being looked at with such evil eyes!

But Jesus has left His place and has gone towards the unhappy man taking him by the hand and leading him to the middle of the room, in the empty space of the ‘U’ shaped table, right under the chandelier. «What do you want from Me?»

«Master… I have sought You so much, for such a long time… I want nothing but health… for the sake of my children and of my wife… You can do everything… See in what a state I am…»

«And do you believe that I can cure you?»

«I do believe it!… Every step… every jerk is painful… and yet I have travelled for miles and miles looking for You… and I followed You also by cart, without ever reaching You. Of course I believe!… I am surprised that I have not already been cured, since my hand has been in Yours, because everything in You is holy, O Holy Man of God.»

The poor man is puffing and blowing owing to the effort of speaking so much. His wife looks at him and at Jesus and weeps.

335.13

Jesus looks at them and smiles. He then turns round and asks: «You, old scribe (He addresses the trembling old man who was the first to speak) tell Me: is it lawful to cure on a Sabbath?»

«It is not lawful to do any work on the Sabbath.»

«Not even to save a man from despair? It is not manual work.»

«The Sabbath is sacred to the Lord.»

«Which deed is more worthy of a sacred day than get a son of God to say to the Father: “I love and praise You because You have cured me”?!»

«He must do so even when he is unhappy.»

«Hananiah, do you know that your most beautiful wood is on fire this very moment and the whole slope of the Hermon is bright in the purple flames?»

The old man jumps as if he had been bitten by an asp: «Master, are You telling the truth or are You joking?»

«I am speaking the truth. I see and I know.»

«Oh! Poor me! My most beautiful wood. Thousands of shekels reduced to ashes! Damn! Cursed be the dogs that set it on fire! May their bowels burn like my wood!» The little old man is in despair.

«It is only a wood, Hananiah, and you are complaining! Why do you not praise the Lord in your misfortune? This man is not losing just wood, which will grow again, but his own life and the bread for his children, and he should praise the Lord, while you do not. Well, scribe, am I allowed to cure him on the Sabbath?»

«Cursed be You, him and the Sabbath! I have more important things to think of…» and pushing Jesus aside, Who had laid a hand on his arm, he rushes out furiously and he can be heard shouting in his clucking voice to have his cart.

«And now?» says Jesus looking around at the others. «Now, will you tell Me? Is it lawful or not?»

No reply. Eleazar lowers his head, after moving his lips, which he sets again, shocked by the cold atmosphere in the hall.

«Well, I will speak» asks Jesus. His countenance is imposing and His voice thundering as usual, when He is about to work a miracle. «I will speak. And I say: man, let it be done to you according to your faith. You are cured. Praise the Eternal God. Go in peace.»

The man remains dumbfounded. Perhaps he thought that he would become as thin as in the past all of a sudden. And he does not think that he is cured. But I wonder what he feels… He shouts with joy and throws himself at Jesus’ feet and kisses them.

«Go. You may go! Be always good. Goodbye!»

And the man goes out followed by the woman, who turns around until the last moment to greet Jesus.

335.14

«But, Master… In my house… On the Sabbath…»

«You do not approve? I know. That is why I came. You are My friend? No. You are My enemy. You are neither sincere with Me nor with God.»

«Are You offending me now?»

«No. I am speaking the truth. You said that Eleazar is not obliged to keep that old woman because she does not belong to him. But you had two orphans[2] who belonged to you. They were the children of two faithful servants of yours, who died working for you, the man with a sickle in his hand, the woman killed by too much work, because she had to serve you both for herself and for her husband, as you exacted from her, in order to keep her. In fact you said: “I made the agreement for the work of two people and if you want to stay here, I want your work and the work of your dead husband”. And she gave you that and died with the child she had conceived. Because that woman was a mother. And for her there was not even the compassion one feels for an animal about to give birth to its little one. Where are those two children now?»

«I don’t know… They disappeared one day.»

«Do not tell lies now. It is enough to have been cruel. It is not necessary to add falsehood to make your Sabbaths hateful to God, even if they are free from servile work. Where are those children?»

«I do not know. Believe me.»

«I know. I found them one cold, wet, dark November evening. I found them starving and shivering, near a house, like two little dogs looking for a mouthful of bread … Cursed and expelled by a man with the entrails of a dog, but who was worse than a dog, because a dog would have felt pity for those two little orphans. But you and that man did not feel any. Their parents were no longer of any use to you, is that right? They were dead. And the dead can only weep, in their graves, hearing their unhappy children’s sobs, which other people neglect. But the dead, with their souls, take their tears and the tears of their orphans to God and say: “Lord, take vengeance on our behalf because the world oppresses us when it can no longer exploit us”. The two little ones were not yet able to serve you, is that right? Perhaps the girl might have been able to glean… And you drove them away and denied them also the few things, which belonged to their father and mother. They might have died of starvation and cold, like two dogs on a cart-road. They might have lived, becoming one a thief and the other a prostitute. Because starvation leads to sin. But what did it matter to you? A little while ago you were quoting the Law to support your theories. Well, does the Law not say: “You must not be harsh with the widow, or with the orphans, if you are harsh with them and they cry out to Me, I shall hear their cry and My anger will flare and I shall kill you with the sword, your own wives will be widows, your own children orphans”? Does the Law not state that? Well, then, why do you not keep it? And you defend Me against other people? Why, then, do you not defend My doctrine in yourself? You want to be My friend? Why, then, do you do the opposite of what I say? One of you is running at a neck breaking speed, tearing his hair, because of the ruin of his wood. And he does not tear it because of the ruin of his heart!

And what are you waiting for to do so?

335.15

Why do you, whom destiny has placed high up, always want to consider yourselves perfect? And supposing you were perfect in something, why do you not endeavor to be so in everything? Why do you hate Me, because I open your wounds? I am the Doctor of your souls. Can a doctor cure a sore if he does not open it and clean it? Do you not know that many people, and that woman who has just gone out is one of them, deserve the first places in the banquet of God, although they apparently look miserable? External appearance does not count; it is the heart and the soul that matter. God sees you from the height of His throne. And He judges you. How many He sees who are better than you are! So listen. As a rule, always act as follows: When you are invited to a wedding banquet, always choose the last place. Double honour will come to you when the landlord says to you: “Come forward, my friend”. Honour to your merit and your humility. Whereas… It will be a sad moment for a proud man to be shamed and hear the landlord say: “Go down there to the end, because there is someone here more worthy than you are”. And do the same in the secret banquet of your souls at the wedding with God. He who humbles himself will be exalted and he who exalts himself will be humbled.

335.16

Ishmael, do not hate Me for curing you. I do not hate you. I came to cure you. You are more seriously ill than that man. You invited Me to give prestige to yourself and satisfaction to your friends. You often invite people, but you do it out of pride and for pleasure. Do not do that. Do not invite rich people, relatives and friends. Open your house and your heart to the poor, to beggars, cripples, to lame people, orphans and widows. In return they will give you blessings. And God will change them into graces. And at the end… what a happy destiny for all the merciful who will be rewarded by God at the resurrection of the dead! Woe to those who cherish only hopes of profit and later close their hearts to the brothers who can no longer serve them. Woe to them! I will revenge the forlorn.»

«Master… I… I want to please You. I will take those children again.»

«No, you will not.»

«Why?»

«Ishmael?!…»

Ishmael lowers his head. He wants to appear humble. But he is a viper deprived of its poison and does not bite because it knows it has none, but waits for the opportunity to bite…

335.17

Eleazar endeavors to restore peace saying: «Blessed are those who feast with God, in their souls and in the eternal Kingdom. But, believe me, Master. At times it is life that hinders us. Offices… occupations…»

At this point Jesus tells the parable[3] of the supper and concludes: «Offices… occupations, you said. It is true. That is why I said to you, at the beginning of this banquet, that My Kingdom is conquered through victories over ourselves, not by means of victories in the battle field. The places at the Great Supper are for the humble-hearted, who are great through their faithful love, which takes no account of sacrifices and overcomes all difficulties to come to Me. Even one hour is sufficient to change a heart. Providing that heart wants to change. And one word is sufficient. I have told you many. And I am looking… A holy tree is springing up in a heart. In the others, there are thorns for Me, and in the thorns there are asps and scorpions. It does not matter. I will proceed in My straight way. Let those who love Me follow Me. I go round calling… Let righteous people come to Me. I go round teaching… Let the seekers of justice approach the Fountain. With regard to the others… the Holy Father will judge. Ishmael, I say goodbye to you. Do not hate Me. Meditate. You will see that I was severe out of love, not out of hatred. Peace to this house and to those who dwell in it, peace to everybody, if you deserve peace.»


Notes

  1. la Loi concernant l’étranger en général se trouve en Ex 22, 20 ; 23, 9 ; Lv 19, 10.33-34 ; 23, 22 ; Dt 10, 19 ; 24, 14.17-22 ; 26, 11-13 ; 27, 19. Jésus rappelle, en 55.2, que le pèlerin est “ protégé par la loi de Dieu ”. L’écrivain observe, en 405.1, qu’il y avait en Israël “ l’habitude séculaire d’accorder l’hospitalité aux pèlerins ”.
  2. sicles : c’étaient des unités de poids, puis des monnaies allant de 6 à 12 g. en usage dans l’Orient ancien.
  3. Canania : Maria Valtorta note sur un cahier autographe qu’elle a écrit ce nom une fois avec un h et une fois sans, parce qu’ils le prononcent d’une manière médiane entre h aspiré et sch dur, si bien qu’elle dit ne pas savoir comment le retranscrire exactement.
  4. deux orphelins : il s’agit de Marie et de Matthias, rencontrés en 298.2/6 et en 299.2/8.
  5. parabole qui n’est pas rapportée ici, mais qu’on lira en Lc 14, 16-24, auquel Maria Valtorta renvoie dans une copie dactylographiée.

Notes

  1. Law, for strangers in general, in: Exodus 22:20; 23:9; Leviticus 19:10.33-34; 23:22; Deuteronomy 10:19; 24:14.17-22; 26:11-13; 27:19. Jesus remembers in 55.2 that the pilgrim is “protected by the law of God”.
  2. two orphans, Mary and Matthew, met in 298.2/6 and in 299.2/8.
  3. parable, reported here but it can be read in: Luke 14:16-24 that M.V. refers to in a typewritten copy.