The Writings of Maria Valtorta

372. Le jour de la Parascève.

372. The Day of Preparation. A missed danger

372.1

Dans le palais de Lazare, transformé en dortoir pour cette nuit, on voit des hommes assoupis un peu partout, mais pas de femmes. Peut-être les a-t-on conduites dans les pièces de l’étage. L’aube claire blanchit lentement Jérusalem, pénètre dans les cours du palais, éveille les premiers pépiements timides dans les feuillages des arbres qui les ombragent, et les premiers roucoulements des pigeons qui dorment dans l’encadrement de la corniche. Mais les hommes ne s’éveillent pas. Fatigués et rassasiés de nourriture et d’émotions, ils dorment et rêvent…

Jésus sort sans bruit dans le vestibule et, de là, passe dans la cour d’honneur. Il se lave à une fontaine claire qui chante au centre, dans un carré de myrte au pied duquel poussent de petits lys très semblables à ce qu’on appelle des muguets français. Il met de l’ordre dans sa toilette et, toujours silencieusement, se dirige vers l’escalier qui mène aux étages supérieurs et à la terrasse au-dessus de la maison. Il y monte pour prier, pour méditer…

Il va et vient à pas lents ; il n’y a pour le voir que les pigeons qui, en allongeant le cou et en s’inclinant, semblent se demander l’un à l’autre : “ Qui est-ce ? ” Puis il s’appuie au muret et se tient recueilli, immobile. Enfin il lève la tête, peut-être surpris par le premier rayon du soleil levant, derrière les collines qui cachent Béthanie et la vallée du Jourdain, et il contemple le panorama qui s’étend à ses pieds.

372.2

Le palais de Lazare est certainement sur l’une des si nombreuses buttes qui font des rues de Jérusalem une succession de montées et de descentes, spécialement dans les moins belles. Il se dresse presque au centre de la ville, mais légèrement vers le sud-ouest.

Il se trouve sur une belle route qui débouche sur le Siste, formant avec lui un T, et domine la ville basse. En face de lui, Bézéta, le mont Moriah et l’Ophel, et derrière ceux-ci la chaîne de l’Oliveraie ; en arrière, et appartenant déjà à l’endroit où le palais de Lazare se trouve, s’élève le mont Sion, tandis que sur les deux côtés le regard s’étend au sud vers les collines du midi, et qu’au nord Bézéta cache une grande partie du panorama. Mais au-delà de la vallée du Gihôn, la tête chauve et jaunâtre du Golgotha émerge dans la lumière rosée de l’aurore, toujours lugubre, même dans cette lumière joyeuse.

Jésus la contemple… Son regard, bien que plus viril et plus pensif, me rappelle celui de Jésus à douze ans, dans la vision — il y a longtemps — de son entretien avec les docteurs. Mais maintenant comme alors, ce n’est pas un regard effrayé. Non : c’est le digne regard d’un héros qui examine le champ de sa dernière bataille.

Puis il se tourne pour scruter les collines au sud de la ville et il dit : “ La maison de Caïphe ! ” et, des yeux, il trace tout un itinéraire de cet endroit à Gethsémani, puis au Temple, et encore au-delà de l’enceinte de la ville vers le Calvaire… Le soleil, pendant ce temps, s’est levé et la ville en est tout illuminée…

372.3

Une série ininterrompue de coups vigoureux retentissent alors sur le portail du palais. Jésus se penche pour observer, mais la corniche fait fortement saillie, alors que le portail est très en retrait dans le mur épais, aussi ne peut-il voir qui frappe. En revanche, il entend aussitôt les cris des dormeurs qui se réveillent pendant que le portail ouvert par Lévi se referme avec fracas. Puis il entend son nom prononcé par bon nombre de voix d’hommes et de femmes… Il se hâte de descendre pour leur dire :

« Me voici. Que voulez-vous ? »

Dès qu’ils l’entendent, ceux qui l’appelaient prennent d’assaut l’escalier au pas de course et en criant. Ce sont les apôtres et les plus anciens disciples ; au milieu d’eux se trouve Jonas, le gardien de Gethsémani. Ils parlent tous à la fois, et on ne comprend rien.

Jésus doit leur imposer fermement de s’arrêter et de se taire pour pouvoir les calmer. Il les rejoint pour leur demander aussitôt :

« Que se passe-t-il ? »

Autre vacarme produit par l’émotion, inutile car incompréhensible. Derrière ceux qui crient, apparaissent des visages effrayés ou stupéfaits de femmes et de disciples…

« Ne parlez qu’un seul à la fois. Toi, Pierre, commence.

– Jonas est venu… Il a dit qu’ils étaient très nombreux et qu’ils t’ont cherché partout. Lui a été mal toute la nuit et, à l’ouverture des portes, il s’est rendu chez Jeanne et a appris que tu te trouvais ici. Mais qu’allons-nous devenir ? Il nous faut pourtant faire la Pâque ! »

Jonas de Gethsémani corse la nouvelle :

« Oui, ils m’ont même maltraité. J’ai dit que je ne savais pas où tu étais, que peut-être tu n’allais pas rentrer. Mais ils ont vu vos vêtements et ils ont compris que vous alliez revenir à Gethsémani. Ne me fais pas de mal, Maître ! Je t’ai toujours logé avec amour et, cette nuit j’ai souffert à cause de toi. Mais… mais…

– N’aie pas peur ! Je ne te mettrai plus en danger dorénavant. Je ne séjournerai plus dans ta maison. Je me bornerai à venir en passant, pendant la nuit, pour prier… Tu ne peux pas me défendre cela… »

Jésus est très doux envers Jonas de Gethsémani, qui est tout apeuré.

372.4

Mais la voix d’or de Marie de Magdala l’interrompt avec véhémence :

« Depuis quand, homme, as-tu oublié que tu es serviteur et que c’est notre bienveillance qui te permet de te donner des airs de maître ? A qui appartiennent la maison et l’oliveraie ? Nous seuls pouvons dire au Rabbi : “ Ne viens pas causer du tort à nos biens. ” Mais nous ne le faisons pas. Car ce serait un très grand bien si, pour le chercher, lui, les ennemis du Christ détruisaient les arbres, les murs et même faisaient s’écrouler les corniches : en effet, tout serait détruit pour avoir accueilli l’Amour, et l’Amour nous donnerait son amour, à nous ses fidèles amis. Qu’ils viennent donc ! Qu’ils piétinent ! Qu’ils détruisent ! Qu’est-ce que cela fait ? Il suffit que le Maître nous aime et qu’il soit indemne ! »

Jonas est pris entre la peur des ennemis et celle de sa fougueuse maîtresse, et il murmure :

« Et s’ils font du mal à mon fils ?… »

Jésus le réconforte :

« Ne crains rien, te dis-je. Je n’y séjournerai plus. Tu peux dire à ceux qui t’interrogent que le Maître n’habite plus à Gethsémani… Non, Marie ! C’est bien ainsi. Et laisse-moi faire ! Je te suis reconnaissant de ta générosité… Mais ce n’est pas mon heure, ce n’est pas encore mon heure ! Je suppose qu’il y avait des pharisiens…

– Et des membres du Sanhédrin, et des hérodiens, et des sadducéens… et des soldats d’Hérode… et… tous… tous… Je ne peux m’empêcher de trembler de peur… Pourtant, tu le vois, Seigneur ? J’ai couru te prévenir… chez Jeanne… puis ici… »

L’homme tient à faire remarquer que c’est en risquant sa tranquillité qu’il a rempli son devoir envers le Maître. Jésus sourit avec bonté, l’air compatissant :

« Je le vois ! Je le vois ! Que Dieu t’en récompense. Maintenant, rentre en paix chez toi. Je te ferai savoir où envoyer les sacs, ou bien j’enverrai moi-même quelqu’un les chercher. »

L’homme s’en va et, sauf Jésus et Marie très-sainte, personne ne lui épargne reproches et sarcasmes. Ceux de Pierre sont salés, ceux de Judas très salés, ceux de Barthélemy ironiques. Jude ne dit mot, mais il lui jette un de ces coups d’œil ! Les murmures et les regards moqueurs l’accompagnent même dans les rangs des femmes, pour se terminer à la fusée finale de Marie de Magdala qui répond à l’inclination du serviteur paysan :

« Je ferai savoir à Lazare que pour le banquet… il doit aller se procurer des poulets bien engraissés sur les terres de Gethsémani.

– Je n’ai pas de poulailler, maîtresse.

– Toi, Marc et Marie : trois magnifiques chapons ! »

Tout le monde se met à rire de cette sortie sans douceur et… expressive de Marie, sœur de Lazare, confuse de voir apeurés des gens qui dépendent d’elle, et furieuse de la gêne que va subir le Maître, obligé de perdre le nid douillet du Gethsémani.

« Ne te fâche pas, Marie ! Paix ! Paix ! Tout le monde n’a pas ton cœur !

– Oh ! non, malheureusement ! Si tous pouvaient avoir mon cœur, Rabbouni ! Même les lances et les flèches décochées contre moi ne me sépareraient pas de toi ! »

Un murmure court parmi les hommes… Marie le saisit et répond vivement :

« Oui. Nous le verrons ! Et espérons que ce sera bientôt, si cela peut servir à vous apprendre le courage. Rien ne me fera peur, si je peux servir mon Rabbi ! Servir ! Oui, servir ! Et c’est aux heures du danger que l’on sert, mes frères ! Aux autres… ce n’est pas servir ! C’est jouir !… Et ce n’est pas pour le plaisir que l’on doit suivre le Messie ! »

Les hommes baissent la tête, piqués par cette vérité.

372.5

Marie traverse les rangs et vient se placer en face de Jésus.

« Que décides-tu, Maître ? C’est la parascève[1]. Où vas-tu passer la Pâque ? Ordonne… et, si j’ai trouvé grâce auprès de toi, permets-moi de t’offrir un de mes cénacles, de penser à tout…

– Tu as trouvé grâce auprès du Père des Cieux, grâce donc auprès du Fils du Père, pour lequel tout mouvement du Père est sacré. Mais si j’accepte le cénacle, laisse-moi aller au Temple pour immoler l’agneau, en bon juif…

– Et s’ils t’arrêtent ? demandent plusieurs.

– Ils ne me prendront pas. La nuit, dans l’obscurité, comme le font les scélérats, ils peuvent l’oser, mais au milieu des foules qui me vénèrent, non. Ne devenez pas lâches !

– Et puis, maintenant, il y a Claudia ! » s’écrie Judas. « Le Roi et le Royaume ne sont plus en péril !

– Judas, je t’en prie ! Ne les fais pas s’effondrer en toi ! Ne leur dresse pas d’embûches en toi. Mon Royaume n’est pas de ce monde. Je ne suis pas un roi comme ceux qui sont sur les trônes. Mon Royaume est spirituel. Si tu le réduis à la petitesse d’un royaume humain, tu lui dresses des embûches et tu le fais s’effondrer en toi.

– Mais Claudia…

– Claudia est une païenne. Elle ne peut donc connaître la valeur de l’esprit. C’est déjà beaucoup qu’elle voie et soutienne celui qui, pour elle, est un sage… Nombreux sont ceux en Israël qui ne me prennent même pas pour un sage !… Mais tu n’es pas païen, mon ami ! fais en sorte que ta rencontre providentielle avec Claudia ne te sois pas dommageable. De même, veille à ne pas te comporter de telle sorte qu’un don de Dieu, destiné à raffermir ta foi et ta volonté de servir le Seigneur, devienne pour toi un malheur spirituel.

– Et comment cela serait-il possible, Seigneur ?

– Facilement. Et pas en toi seulement. Si un don accordé pour venir au secours de la faiblesse de l’homme, au lieu de le fortifier et de lui faire désirer toujours plus le bien surnaturel ou même simplement le bien moral, en vient à l’appesantir du poids des appétits humains et à l’écarter de la voie droite, pour prendre des chemins qui le font descendre, alors ce don devient un dommage. L’orgueil suffit pour que cela se produise. Il suffit pour cela d’être désorienté par une chose qui vous exalte et vous fait perdre de vue la Fin suprême et bonne. En es-tu convaincu ? La démarche de Claudia doit seulement te donner l’occasione de réfléchir à son parcours : si une païenne a senti la grandeur de ma doctrine et la nécessité de son triomphe, toi, et tous les disciples avec toi, c’est avec une plus grande force que vous devez sentir tout cela et, en conséquence, vous y donner tout entiers. Mais toujours spirituellement. Toujours…

372.6

Et maintenant, prenons une décision. Où dites-vous qu’il serait bien de consommer la Pâque ? Je veux que votre âme soit en paix pour cette Cène rituelle, pour entendre Dieu qu’on n’entend pas dans le trouble. Nous sommes nombreux, mais il me serait doux que nous soyons tous ensemble, afin que vous puissiez dire : “ Nous avons consommé une Pâque avec lui. ” Choisissez donc un endroit où, en nous divisant selon les règles rituelles de façon à former des groupes suffisants pour consommer chacun son propre agneau, on puisse pourtant dire : “ Nous étions unis, et chacun pouvait entendre la voix de l’autre. ” »

On cite tel ou tel endroit. Mais les sœurs de Lazare l’emportent.

« Oh, Seigneur ! Ici ! Nous enverrons chercher notre frère. Ici ! les salles et les pièces sont nombreuses. Nous serons ensemble, en suivant le rite. Accepte, Seigneur ! Le palais a des salles qui peuvent recevoir au moins deux cents personnes réparties par groupes de vingt. D’ailleurs, nous ne sommes pas si nombreux. Fais-nous ce plaisir, Seigneur ! Pour notre Lazare si triste… si malade… » Les deux sœurs pleurent en achevant : «… qu’on ne peut penser qu’il passe une autre Pâque…

– Qu’en dites-vous ? Pensez-vous qu’il faut l’accorder à nos sœurs si bonnes ? dit Jésus en s’adressant à tous.

– Moi, je dirais que oui, fait Pierre.

– Moi aussi » approuve Judas, en même temps que beaucoup d’autres.

Ceux qui ne disent rien consentent.

« Chargez-vous-en, alors. Quant à nous, allons au Temple pour montrer que celui qui est sûr d’obéir au Très-Haut n’a pas peur et n’est pas un lâche. Allons, et paix à ceux qui restent. »

Jésus descend le reste de l’escalier, traverse le vestibule et sort avec ses disciples dans la rue pleine de monde.

372.1

Men are lying asleep everywhere in Lazarus’ palace, which has been changed into a dormitory for one night. I do not see any women. They have perhaps been taken to the rooms upstairs. The clear daybreak whitens the city slowly, it invades the courtyards of the palace, rousing the first timid chirping of birds in the branches of the shady trees, and the early cooing of doves resting in the cavity of the cornice. But the men do not wake up. Tired and full of food and excitement as they are, they are sleeping and dreaming…

Jesus goes into the hall and then into the main courtyard. He washes Himself at a fountain of clear water gurgling in its centre, in a square of myrtle, at the foot of which there are little lilies, similar to the so called French lilies of the valley. He tidies Himself and without making any noise He goes to the staircase leading to the rooms upstairs and to the roof terrace. He goes up there to pray and meditate…

He walks slowly to and fro and the doves are the only ones to see Him: stretching their necks and cooing, they seem to be asking one another: «Who is that?» He then leans against the little wall and remains still, engrossed in thought. Finally He raises His eyes, probably because His attention is drawn by the sudden appearance of the sun, rising behind the hills concealing Bethany and the Jordan valley, and He contemplates the view before Him.

372.2

Lazarus’ palace is on one of the many ground elevations that make the streets in Jerusalem, particularly the less beautiful ones, so undulated. It is in the centre of the city, slightly south-west. It is situated in a beautiful street leading to the Sixtus, forming a T with it, and it overlooks the lower part of the town and faces towards Bezetha, Moriah and Ophel and the Mount of Olives, which is behind them; behind it there is Mount Sion, the area to which it belongs, while on both sides one’s eyes rove over the southern hills, whereas Bezetha to the north hides most of the view. But beyond the Gihon valley, Golgotha comes into view looking yellowish in the pink light of dawn: it seems dismal even in that joyful light.

Jesus is looking at it… His look, although more manly and pensive, reminds me of that of the remote vision of Jesus disputing with the doctors, when He was twelve years old. But it is not a terrified look as it was not then. It is the dignified look of a hero contemplating the field of his last battle.

He then turns around to look at the hills to the south of the town and He says: «Caiaphas’ house!» and His eyes follow the itinerary from that spot to Gethsemane, then to the Temple, He then looks beyond the town walls, towards Calvary…

The sun has now risen and the town is full of light…

372.3

Someone knocks loudly and uninterruptedly at the main door of the palace. Jesus leans out to see who is knocking, but the projecting cornice and the fact that the door is in the inner side of the thick walls, prevent Him from seeing anyone. But He hears the noise of the voices of the men who are beginning to wake up, while the door, which was opened by Levi, is closed with a bang. And He then hears many voices of men and women calling His Name… He hastens downstairs saying: «Here I am. What do you want?»

As soon as those who were calling Him, hear Him, they rush upstairs shouting. They are the oldest apostles and disciples, and amongst them there is Jonah, the caretaker of Gethsemane. They are all speaking at the same time and it is thus impossible to understand what they say.

Jesus has to order them sternly to stop where they are and to be silent, in order to calm them. He then approaches them asking: «What is the matter?»

There is great confusion once again, caused by their shouting, which cannot be understood. Behind those who are shouting there are women and disciples who look sad or astonished.

«Let one speak at a time. You, Peter, first.»

«Jonah came… He said that there were many of them and that they looked for You everywhere. He was upset all night and when the gates were opened, he went to Johanna’s and was told that You were here. What shall we do? We have to keep Passover after all!»

Jonah of Gethsemane confirms the information saying: «Yes, they even ill-treated me. I told them that I did not know where You were and that perhaps You were not coming back. But they saw all your clothes and they understood that you were coming back to Gethsemane. Don’t cause me any harm, Master! I have always given You hospitality with all my heart, and last night I suffered because of You. But…»

«Be not afraid! From now on I will not expose you to any danger. I will no longer stay in your house. I will come there when I happen to be passing through, at night time, to pray… You cannot forbid Me…» Jesus is most kind to frightened Jonah of Gethsemane.

372.4

But the golden voice of Mary of Magdala bursts out vehemently: «Since when, man, are you forgetting that you are a servant and that our compliance makes you behave as if you were the master? To whom does the house and the olive grove belong? We are the only ones who can say to the Rabbi: “Do not go and cause harm to our property”. But we will not say that. Because it would still be the greatest of blessings, if the enemies of the Christ should destroy trees, walls and even make the hill slide down, because everything would be destroyed for giving hospitality to Love, and Love would repay us, His faithful friends, with love. Let them come and destroy everything. What does it matter, if He loves us and is unhurt?!»

Jonah is seized with the fear of his enemies and of his earnest mistress, and he whispers: «What about if they injure my son?…»

Jesus comforts him saying: «I am telling you not to be afraid. I will not stop there anymore. You can tell those who ask you that the Master no longer lives at Gethsemane… No, Mary! It is better to do so. Leave it to Me! I thank you for your generosity… But it is not My hour, it is not yet My hour! I suppose they were Pharisees…»

«And members of the Sanhedrin, and Herodians, and Sadducees… and Herod’s soldiers… and… everybody… I am still trembling with fear… But You can see, Lord! I ran to warn You… at Johanna’s… then here…» The man is anxious to point out that he has done his duty on behalf of the Master, at the risk of his own peace.

Jesus smiles kindly and sympathetically and says: «Yes, I see. May God reward you for it. Go home in peace now. I will let you know where you should send our bags or I will send somebody to collect them Myself.»

The man goes away and everybody, with the exception of Jesus and Our Blessed Lady, blames or mocks him. Peter’s remarks are biting, the Iscariot’s caustic and Bartholomew’s ironic. Judas Thaddeus does not say anything, but looks at him in such a way! The whispering and the reproachful glances continue also among the women, ending in the final blow of Mary of Magdala, who replies to the bow of the servant-peasant: «I will tell Lazarus to come and get poultry crammed at Gethsemane for the banquet of the feast.»

«I have no hen-house, madam.»

«You, Mark and Mary: three wonderful capons!»

Everybody laughs at the angry and… meaningful witty remark of Mary of Lazarus, who is furious at the fear of her subjects and at the discomfort of the Master, Who is deprived of the quiet resting place at Gethsemane.

«Do not be upset, Mary! Peace! Not everybody has a heart like yours!»

«Oh! Unfortunately not! If everybody had a heart like mine, Rabboni! Not even spears and arrows shot at me, would separate me from You!»

The men whisper… Mary hears them and replies at once: «Of course! We shall see! And I hope soon, whether this will help you to pluck up courage. Nothing will frighten me, if I can serve my Rabbi! Yes, serve Him! And, my brothers, one helps when there is danger! When there is no danger, one does not serve, one enjoys oneself!… And the Messiah is not to be followed by us, just for the sake of enjoying ourselves!»

The men lower their heads, stung by the truth.

372.5

Mary squeezes through the crowd and comes before Jesus. «What have You decided, Master? It is Preparation Day. Where will You celebrate Your Passover? Give Your orders… and if I have found grace with You, grant me to offer You my supper-room and to see to everything…»

«You have found grace with the Father of Heaven, and thus you have found it with the Son of the Father. Every movement of the Father is sacred to the Son. But if I accept the supper-room, let Me go to the Temple, to sacrifice the lamb, as a good Israelite…»

«And if they catch You?» many exclaim.

«They will not catch Me. They may dare to do so at night, in the dark, as rascals are wont to do. But not in the middle of crowds who worship Me. Do not become cowardly!…»

«Oh! In any case there is Claudia now!» shouts Judas. «The King and Kingdom are no longer in danger!…»

«Judas, please! Do not let them collapse within you! Do not lay snares for them within yourself. My Kingdom is not of this world. I am not a king like those sitting on thrones. Mine is the Kingdom of the spirit. If you lower it to the meanness of a human kingdom, you are laying snares for it and causing it to collapse within you.»

«But Claudia!…»

«But Claudia is a heathen. She cannot, therefore, appreciate the value of the spirit. It is a lot if she understands and supports Him, Who, according to her, is a Wise Man… Many people in Israel do not even consider Me wise!… But you are not a heathen, My dear friend! Do not allow your providential meeting with Claudia to become detrimental to you, and likewise do not allow the gift, granted by God to strengthen your faith and your will to serve the Lord, to become a spiritual disaster for you.»

«How could it, my Lord?»

«Easily. And not in you only. If a gift given to assist the weakness of man, instead of fortifying him and making him desirous of supernatural good or even simply of moral good, should instead weigh him down with human desires and divert him from the right way to vicious ways, then the gift would become a lass. Pride is sufficient to turn a gift into a lass. The disorientation caused by something that elates man is sufficient, whereby one loses sight of the supreme good Purpose, and the gift becomes harmful. Are you convinced? Claudia’s coming should give you only the support of one consideration. This one: if a heathen has perceived the greatness of My doctrine and the necessity that it should triumph, you, and all the disciples with you, should feel that more intensely and, consequently, devote yourselves entirely to that. But always in a spiritual way. Always…

372.6

And now let us decide. Where do you think we ought to celebrate this Passover? I want you to be in the peace of spirit for this ritual Supper, in order to feel God, Who is not perceived in a state of agitation. We are many. But I would love to be all together so that you may be able to say: “We celebrated one Passover with Him”. Choose therefore a place where, being divided according to the rite, we can form groups, each group being sufficient to consume its own lamb, and we may be able to say: “We were all united, and one could hear the voice of his brother”.»

Some mention this place, some that one. But Lazarus’ sisters are the winners. «Oh! Lord! Here! We shall send for our brother. We have many halls and rooms here. We will be all together and according to the rite. Accept our offer, Lord! The palace has rooms suitable for at least two hundred people divided into groups of twenty people each. But we are not so many. Make us happy, Lord! Do it for our Lazarus who is so sad… and so ill» and the two sisters conclude weeping: «… we do not think that he will live to eat another Passover…»

«What do you all think? Do you think we should agree with the good sisters?» says Jesus, putting the question to everybody.

«I would say yes» says Peter.

«And I, too» says the Iscariot and many more with him.

Those who do not speak, nod assent.

«Do the necessary, then. And we will go to the Temple to prove that he who is sure that he is obeying the Most High, is not afraid and is not a coward. Let us go. My peace to those who are remaining.»

And Jesus goes down the rest of the staircase, He crosses the hall and goes out with the disciples into the street crowded with people.


Notes

  1. C’est la parascève : c’était la préparation que l’on faisait la veille du sabbat pendant lequel toute activité était interdite, y compris préparer le repas. L’œuvre de Maria Valtorta, en accord avec Mc 15, 42, donne le nom de parascève au jour qui précède le sabbat (par exemple en 609.34). Mais il arrive souvent que, pour être mieux comprise, (comme nous le dirons dans la note de 591.6), elle l’appelle vendredi (comme en 93.3, 174.17 et à d’autres passages). Ça pouvait aussi être jour de marché, comme on le voit en 83.3.