Gli Scritti di Maria Valtorta

372. Le jour de la Parascève.

372. Giorno di Parasceve. Uno scampato

372.1

Dans le palais de Lazare, transformé en dortoir pour cette nuit, on voit des hommes assoupis un peu partout, mais pas de femmes. Peut-être les a-t-on conduites dans les pièces de l’étage. L’aube claire blanchit lentement Jérusalem, pénètre dans les cours du palais, éveille les premiers pépiements timides dans les feuillages des arbres qui les ombragent, et les premiers roucoulements des pigeons qui dorment dans l’encadrement de la corniche. Mais les hommes ne s’éveillent pas. Fatigués et rassasiés de nourriture et d’émotions, ils dorment et rêvent…

Jésus sort sans bruit dans le vestibule et, de là, passe dans la cour d’honneur. Il se lave à une fontaine claire qui chante au centre, dans un carré de myrte au pied duquel poussent de petits lys très semblables à ce qu’on appelle des muguets français. Il met de l’ordre dans sa toilette et, toujours silencieusement, se dirige vers l’escalier qui mène aux étages supérieurs et à la terrasse au-dessus de la maison. Il y monte pour prier, pour méditer…

Il va et vient à pas lents ; il n’y a pour le voir que les pigeons qui, en allongeant le cou et en s’inclinant, semblent se demander l’un à l’autre : “ Qui est-ce ? ” Puis il s’appuie au muret et se tient recueilli, immobile. Enfin il lève la tête, peut-être surpris par le premier rayon du soleil levant, derrière les collines qui cachent Béthanie et la vallée du Jourdain, et il contemple le panorama qui s’étend à ses pieds.

372.2

Le palais de Lazare est certainement sur l’une des si nombreuses buttes qui font des rues de Jérusalem une succession de montées et de descentes, spécialement dans les moins belles. Il se dresse presque au centre de la ville, mais légèrement vers le sud-ouest.

Il se trouve sur une belle route qui débouche sur le Siste, formant avec lui un T, et domine la ville basse. En face de lui, Bézéta, le mont Moriah et l’Ophel, et derrière ceux-ci la chaîne de l’Oliveraie ; en arrière, et appartenant déjà à l’endroit où le palais de Lazare se trouve, s’élève le mont Sion, tandis que sur les deux côtés le regard s’étend au sud vers les collines du midi, et qu’au nord Bézéta cache une grande partie du panorama. Mais au-delà de la vallée du Gihôn, la tête chauve et jaunâtre du Golgotha émerge dans la lumière rosée de l’aurore, toujours lugubre, même dans cette lumière joyeuse.

Jésus la contemple… Son regard, bien que plus viril et plus pensif, me rappelle celui de Jésus à douze ans, dans la vision — il y a longtemps — de son entretien avec les docteurs. Mais maintenant comme alors, ce n’est pas un regard effrayé. Non : c’est le digne regard d’un héros qui examine le champ de sa dernière bataille.

Puis il se tourne pour scruter les collines au sud de la ville et il dit : “ La maison de Caïphe ! ” et, des yeux, il trace tout un itinéraire de cet endroit à Gethsémani, puis au Temple, et encore au-delà de l’enceinte de la ville vers le Calvaire… Le soleil, pendant ce temps, s’est levé et la ville en est tout illuminée…

372.3

Une série ininterrompue de coups vigoureux retentissent alors sur le portail du palais. Jésus se penche pour observer, mais la corniche fait fortement saillie, alors que le portail est très en retrait dans le mur épais, aussi ne peut-il voir qui frappe. En revanche, il entend aussitôt les cris des dormeurs qui se réveillent pendant que le portail ouvert par Lévi se referme avec fracas. Puis il entend son nom prononcé par bon nombre de voix d’hommes et de femmes… Il se hâte de descendre pour leur dire :

« Me voici. Que voulez-vous ? »

Dès qu’ils l’entendent, ceux qui l’appelaient prennent d’assaut l’escalier au pas de course et en criant. Ce sont les apôtres et les plus anciens disciples ; au milieu d’eux se trouve Jonas, le gardien de Gethsémani. Ils parlent tous à la fois, et on ne comprend rien.

Jésus doit leur imposer fermement de s’arrêter et de se taire pour pouvoir les calmer. Il les rejoint pour leur demander aussitôt :

« Que se passe-t-il ? »

Autre vacarme produit par l’émotion, inutile car incompréhensible. Derrière ceux qui crient, apparaissent des visages effrayés ou stupéfaits de femmes et de disciples…

« Ne parlez qu’un seul à la fois. Toi, Pierre, commence.

– Jonas est venu… Il a dit qu’ils étaient très nombreux et qu’ils t’ont cherché partout. Lui a été mal toute la nuit et, à l’ouverture des portes, il s’est rendu chez Jeanne et a appris que tu te trouvais ici. Mais qu’allons-nous devenir ? Il nous faut pourtant faire la Pâque ! »

Jonas de Gethsémani corse la nouvelle :

« Oui, ils m’ont même maltraité. J’ai dit que je ne savais pas où tu étais, que peut-être tu n’allais pas rentrer. Mais ils ont vu vos vêtements et ils ont compris que vous alliez revenir à Gethsémani. Ne me fais pas de mal, Maître ! Je t’ai toujours logé avec amour et, cette nuit j’ai souffert à cause de toi. Mais… mais…

– N’aie pas peur ! Je ne te mettrai plus en danger dorénavant. Je ne séjournerai plus dans ta maison. Je me bornerai à venir en passant, pendant la nuit, pour prier… Tu ne peux pas me défendre cela… »

Jésus est très doux envers Jonas de Gethsémani, qui est tout apeuré.

372.4

Mais la voix d’or de Marie de Magdala l’interrompt avec véhémence :

« Depuis quand, homme, as-tu oublié que tu es serviteur et que c’est notre bienveillance qui te permet de te donner des airs de maître ? A qui appartiennent la maison et l’oliveraie ? Nous seuls pouvons dire au Rabbi : “ Ne viens pas causer du tort à nos biens. ” Mais nous ne le faisons pas. Car ce serait un très grand bien si, pour le chercher, lui, les ennemis du Christ détruisaient les arbres, les murs et même faisaient s’écrouler les corniches : en effet, tout serait détruit pour avoir accueilli l’Amour, et l’Amour nous donnerait son amour, à nous ses fidèles amis. Qu’ils viennent donc ! Qu’ils piétinent ! Qu’ils détruisent ! Qu’est-ce que cela fait ? Il suffit que le Maître nous aime et qu’il soit indemne ! »

Jonas est pris entre la peur des ennemis et celle de sa fougueuse maîtresse, et il murmure :

« Et s’ils font du mal à mon fils ?… »

Jésus le réconforte :

« Ne crains rien, te dis-je. Je n’y séjournerai plus. Tu peux dire à ceux qui t’interrogent que le Maître n’habite plus à Gethsémani… Non, Marie ! C’est bien ainsi. Et laisse-moi faire ! Je te suis reconnaissant de ta générosité… Mais ce n’est pas mon heure, ce n’est pas encore mon heure ! Je suppose qu’il y avait des pharisiens…

– Et des membres du Sanhédrin, et des hérodiens, et des sadducéens… et des soldats d’Hérode… et… tous… tous… Je ne peux m’empêcher de trembler de peur… Pourtant, tu le vois, Seigneur ? J’ai couru te prévenir… chez Jeanne… puis ici… »

L’homme tient à faire remarquer que c’est en risquant sa tranquillité qu’il a rempli son devoir envers le Maître. Jésus sourit avec bonté, l’air compatissant :

« Je le vois ! Je le vois ! Que Dieu t’en récompense. Maintenant, rentre en paix chez toi. Je te ferai savoir où envoyer les sacs, ou bien j’enverrai moi-même quelqu’un les chercher. »

L’homme s’en va et, sauf Jésus et Marie très-sainte, personne ne lui épargne reproches et sarcasmes. Ceux de Pierre sont salés, ceux de Judas très salés, ceux de Barthélemy ironiques. Jude ne dit mot, mais il lui jette un de ces coups d’œil ! Les murmures et les regards moqueurs l’accompagnent même dans les rangs des femmes, pour se terminer à la fusée finale de Marie de Magdala qui répond à l’inclination du serviteur paysan :

« Je ferai savoir à Lazare que pour le banquet… il doit aller se procurer des poulets bien engraissés sur les terres de Gethsémani.

– Je n’ai pas de poulailler, maîtresse.

– Toi, Marc et Marie : trois magnifiques chapons ! »

Tout le monde se met à rire de cette sortie sans douceur et… expressive de Marie, sœur de Lazare, confuse de voir apeurés des gens qui dépendent d’elle, et furieuse de la gêne que va subir le Maître, obligé de perdre le nid douillet du Gethsémani.

« Ne te fâche pas, Marie ! Paix ! Paix ! Tout le monde n’a pas ton cœur !

– Oh ! non, malheureusement ! Si tous pouvaient avoir mon cœur, Rabbouni ! Même les lances et les flèches décochées contre moi ne me sépareraient pas de toi ! »

Un murmure court parmi les hommes… Marie le saisit et répond vivement :

« Oui. Nous le verrons ! Et espérons que ce sera bientôt, si cela peut servir à vous apprendre le courage. Rien ne me fera peur, si je peux servir mon Rabbi ! Servir ! Oui, servir ! Et c’est aux heures du danger que l’on sert, mes frères ! Aux autres… ce n’est pas servir ! C’est jouir !… Et ce n’est pas pour le plaisir que l’on doit suivre le Messie ! »

Les hommes baissent la tête, piqués par cette vérité.

372.5

Marie traverse les rangs et vient se placer en face de Jésus.

« Que décides-tu, Maître ? C’est la parascève[1]. Où vas-tu passer la Pâque ? Ordonne… et, si j’ai trouvé grâce auprès de toi, permets-moi de t’offrir un de mes cénacles, de penser à tout…

– Tu as trouvé grâce auprès du Père des Cieux, grâce donc auprès du Fils du Père, pour lequel tout mouvement du Père est sacré. Mais si j’accepte le cénacle, laisse-moi aller au Temple pour immoler l’agneau, en bon juif…

– Et s’ils t’arrêtent ? demandent plusieurs.

– Ils ne me prendront pas. La nuit, dans l’obscurité, comme le font les scélérats, ils peuvent l’oser, mais au milieu des foules qui me vénèrent, non. Ne devenez pas lâches !

– Et puis, maintenant, il y a Claudia ! » s’écrie Judas. « Le Roi et le Royaume ne sont plus en péril !

– Judas, je t’en prie ! Ne les fais pas s’effondrer en toi ! Ne leur dresse pas d’embûches en toi. Mon Royaume n’est pas de ce monde. Je ne suis pas un roi comme ceux qui sont sur les trônes. Mon Royaume est spirituel. Si tu le réduis à la petitesse d’un royaume humain, tu lui dresses des embûches et tu le fais s’effondrer en toi.

– Mais Claudia…

– Claudia est une païenne. Elle ne peut donc connaître la valeur de l’esprit. C’est déjà beaucoup qu’elle voie et soutienne celui qui, pour elle, est un sage… Nombreux sont ceux en Israël qui ne me prennent même pas pour un sage !… Mais tu n’es pas païen, mon ami ! fais en sorte que ta rencontre providentielle avec Claudia ne te sois pas dommageable. De même, veille à ne pas te comporter de telle sorte qu’un don de Dieu, destiné à raffermir ta foi et ta volonté de servir le Seigneur, devienne pour toi un malheur spirituel.

– Et comment cela serait-il possible, Seigneur ?

– Facilement. Et pas en toi seulement. Si un don accordé pour venir au secours de la faiblesse de l’homme, au lieu de le fortifier et de lui faire désirer toujours plus le bien surnaturel ou même simplement le bien moral, en vient à l’appesantir du poids des appétits humains et à l’écarter de la voie droite, pour prendre des chemins qui le font descendre, alors ce don devient un dommage. L’orgueil suffit pour que cela se produise. Il suffit pour cela d’être désorienté par une chose qui vous exalte et vous fait perdre de vue la Fin suprême et bonne. En es-tu convaincu ? La démarche de Claudia doit seulement te donner l’occasione de réfléchir à son parcours : si une païenne a senti la grandeur de ma doctrine et la nécessité de son triomphe, toi, et tous les disciples avec toi, c’est avec une plus grande force que vous devez sentir tout cela et, en conséquence, vous y donner tout entiers. Mais toujours spirituellement. Toujours…

372.6

Et maintenant, prenons une décision. Où dites-vous qu’il serait bien de consommer la Pâque ? Je veux que votre âme soit en paix pour cette Cène rituelle, pour entendre Dieu qu’on n’entend pas dans le trouble. Nous sommes nombreux, mais il me serait doux que nous soyons tous ensemble, afin que vous puissiez dire : “ Nous avons consommé une Pâque avec lui. ” Choisissez donc un endroit où, en nous divisant selon les règles rituelles de façon à former des groupes suffisants pour consommer chacun son propre agneau, on puisse pourtant dire : “ Nous étions unis, et chacun pouvait entendre la voix de l’autre. ” »

On cite tel ou tel endroit. Mais les sœurs de Lazare l’emportent.

« Oh, Seigneur ! Ici ! Nous enverrons chercher notre frère. Ici ! les salles et les pièces sont nombreuses. Nous serons ensemble, en suivant le rite. Accepte, Seigneur ! Le palais a des salles qui peuvent recevoir au moins deux cents personnes réparties par groupes de vingt. D’ailleurs, nous ne sommes pas si nombreux. Fais-nous ce plaisir, Seigneur ! Pour notre Lazare si triste… si malade… » Les deux sœurs pleurent en achevant : «… qu’on ne peut penser qu’il passe une autre Pâque…

– Qu’en dites-vous ? Pensez-vous qu’il faut l’accorder à nos sœurs si bonnes ? dit Jésus en s’adressant à tous.

– Moi, je dirais que oui, fait Pierre.

– Moi aussi » approuve Judas, en même temps que beaucoup d’autres.

Ceux qui ne disent rien consentent.

« Chargez-vous-en, alors. Quant à nous, allons au Temple pour montrer que celui qui est sûr d’obéir au Très-Haut n’a pas peur et n’est pas un lâche. Allons, et paix à ceux qui restent. »

Jésus descend le reste de l’escalier, traverse le vestibule et sort avec ses disciples dans la rue pleine de monde.

372.1

­Il palazzo di Lazzaro, tramutato in dormitorio per quella notte, mostra corpi d’uomini dormienti sparsi per ogni dove. Le donne non si vedono. Forse sono state condotte nelle stanze superiori. L’alba chiara inalba lentamente la città, penetra nei cortili del palazzo, desta i primi cinguettii timidi fra il fogliame degli alberi, messi a fare ombria in essi, e i primi tubamenti dei colombi che dormono nell’incassatura del cornicione. Ma gli uomini non si destano. Stanchi e sazi di cibo e di emozioni, dormono e sognano…

Gesù esce senza rumore nel vestibolo e da esso passa nel cortile d’onore. Si lava ad una fonte chiara che canta al centro di esso, fra un quadrato di mortella al cui piede sono dei piccoli gigli molto simili ai cosiddetti mughetti francesi. Si ravvia e, sempre senza fare rumore, torna là dove è la scala che porta ai piani superiori e alla terrazza sulla casa. Sale sino lassù, a pregare, a meditare…

Passeggia lentamente avanti e indietro, e gli unici che lo vedono sono i colombi che, allungando il collo e sgrugolando, sembra si chiedano l’un l’altro: «Chi è costui?». Poi si appoggia al muretto e sta raccolto in Se stesso, immobile. Infine alza il capo, forse richiamato dal primo apparire del sole che si alza da dietro i colli che celano Betania e la valle del Giordano, e guarda il panorama che è ai suoi piedi.

372.2

­Il palazzo di Lazzaro è certo su una delle tante elevazioni del suolo che fanno delle vie di Gerusalemme un sali e scendi continuo, specie nelle meno belle. Quasi al centro della città, ma lievemente spinto verso sud ovest. Collocato su una bella strada che sfocia sul Sisto, formando con essa un T, domina la città bassa, avendo di fronte Bezeta, Moria e Ofel, e dietro ad essi la catena dell’Uliveto; sul dietro, e già appartenente al posto dove sorge[1], il monte Sion, mentre ai due fianchi l’occhio spazia a sud verso i colli meridionali, mentre al nord Bezeta nasconde molta parte di panorama. Ma, oltre la valle di Gihon, la testa calva del Golgota emerge giallastra nella luce rosea dell’aurora, lugubre sempre anche in questa luce lieta.

Gesù la guarda… Il suo sguardo, benché più virile e più pensoso, mi ricorda quello della lontana visione di Gesù dodicenne nella visione della disputa coi dottori. Ma ora, come allora, non è uno sguardo di terrore. No. È un dignitoso sguardo di eroe che guarda il suo campo di estrema battaglia.

Poi si volta a guardare i colli a meridione della città e dice: «La casa di Caifa!», e con lo sguardo segna come tutto un itinerario da quel punto al Getsemani, e poi al Tempio, e poi ancora guarda oltre la cinta della città, verso il Calvario…

Il sole intanto è sorto del tutto e la città si accende di luce…

372.3

­Al portone del palazzo, dei colpi vigorosi vengono dati senza mettere sosta fra l’uno e l’altro. Gesù si sporge per vedere, ma il cornicione molto sporgente, mentre il portone è molto rientrante nelle pareti massicce, gli impediscono di vedere chi bussa. In compenso sente subito il vocìo dei dormenti che si destano, mentre il portone, aperto da Levi, viene richiuso con fragore. E poi sente il suo Nome gridato da tante voci di uomo e di donna… Si affretta a scendere dicendo: «Eccomi. Che volete?».

Coloro che lo chiamavano, non appena lo sentono, prendono d’assalto la scala salendo di corsa e vociando. Sono gli apostoli e i discepoli più antichi, e fra mezzo a loro è Giona, il conduttore del Getsemani. Parlano tutt’insieme e non si capisce nulla.

Gesù deve imporre con violenza che si fermino dove sono e facciano silenzio, per poterli calmare. Li raggiunge dicendo subito: «Che avviene?».

Altro subbuglio fragoroso, inutile perché incomprensibile. Dietro agli urlanti si affacciano volti mesti o stupefatti di donne e di discepoli…

«Parli uno per volta. Tu, Pietro, per primo».

«È venuto Giona… Ha detto che erano in tanti e che ti hanno cercato da per tutto. Lui è stato male tutta la notte, e poi all’apertura delle porte è andato da Giovanna e ha saputo che eri qui. Ma come facciamo? La Pasqua la dobbiamo pur fare!».

Giona del Getsemani rinforza la notizia dicendo: «Sì, mi hanno anche maltrattato. Io ho detto che non sapevo dove eri, che forse non tornavi. Ma hanno visto le vostre vesti e hanno capito che tornate al Getsemani. Non mi fare del male, Maestro! Io ti ho sempre ospitato con amore, e questa notte ho patito per Te. Ma… ma…».

«Non avere paura! Non ti metterò più in pericolo d’ora in poi. Non sosterò più in casa tua. Mi limiterò a venire di passaggio, nella notte, a pregare… Non me lo puoi vietare…». Gesù è dolcissimo verso lo spaurito Giona del Getsemani.

372.4

­Ma la voce d’oro di Maria di Magdala prorompe veemente: «Da quando, o uomo, ti dimentichi che sei servo e che la condiscendenza nostra ti fa usare modi da padrone? Di chi la casa e l’uliveto? Solo noi possiamo dire al Rabbi: “Non andare a fare danno ai nostri beni”. Ma non lo diciamo. Perché sommo bene sempre sarebbe se anche per cercare Lui i nemici del Cristo distruggessero piante, mura, e persino facessero franare le balze. Perché tutto sarebbe distrutto per avere ospitato l’Amore, e l’Amore darebbe amore a noi suoi fedeli amici. Ma vengano! Distruggano! Calpestino! E che fa? Basta che Egli ci ami e sia illeso!».

Giona è preso fra la paura dei nemici e quella dell’ardente padrona, e mormora: «E se mi fanno del male al figlio?…».

Gesù lo conforta: «Non temere, ti dico. Non sosterò più. Puoi dire a chi te lo chiede che il Maestro non abita più al Getsemani… No, Maria! Così è bene fare. E lasciami fare! Io ti sono grato della tua generosità… Ma non è la mia ora, non è ancora la mia ora! Suppongo fossero farisei…».

«E sinedristi, e erodiani, e sadducei… e soldati di Erode… e… tutti… tutti… Non mi levo il tremito della paura… Però lo vedi, Signore? Sono corso ad avvisarti… da Giovanna… poi qui…». L’uomo ci tiene a far notare che a rischio della sua pace ha fatto il suo dovere verso il Maestro.

Gesù sorride con compatimento e bontà e dice: «Lo vedo! Lo vedo! Dio te ne compensi. Ora va’ in pace a casa tua. Ti manderò a dire dove mandare le borse, o manderò a ritirarle Io stesso».

L’uomo se ne va, e nessuno, meno Gesù e Maria Ss., lo risparmia di rimproveri o scherni. Salato è quello di Pietro, salatissimo quello dell’Iscariota, ironico quello di Bartolomeo, Giuda Taddeo non parla ma lo guarda in un tal modo! E il mormorio e gli sguardi di rimprovero lo accompagnano anche fra le file delle donne, terminando nel razzo finale di Maria di Magdala, la quale all’inchino del servo-contadino risponde: «Riferirò a Lazzaro che per il convito di festa venga a procurarsi polli ben ingrassati nelle terre del Getsemani».

«Non ho pollaio, padrona».

«Tu, Marco e Maria: tre magnifici capponi!».

Ridono tutti per l’uscita inquieta e… significativa di Maria di Lazzaro, che è furente di vedere la paura nei suoi dipendenti e per il disagio del Maestro, privato del quieto nido del Getsemani.

«Non ti inquietare, Maria! Pace! Pace! Non tutti hanno il tuo cuore!».

«Oh! no, purtroppo! Avessero tutti il mio cuore, Rabboni! Neppure le lance e le frecce a me dirette mi farebbero separare da Te!».

Un mormorio fra gli uomini… Maria lo raccoglie e risponde pronta: «Sì. Lo vedremo! E speriamo presto, se questo può servire a insegnarvi il coraggio. Niente mi farà paura se io posso servire il mio Rabbi! Servire! Sì! Servire! E si serve nelle ore pericolose, fratelli! Nelle altre… Oh! nelle altre non è servire! È godere!… E il Messia non va seguito per godere!».

Gli uomini chinano il capo, punti da queste verità.

372.5

­Maria fende le file e viene di fronte a Gesù. «Che decidi, Maestro? È Parasceve[2]. Dove la tua Pasqua? Ordina… e, se tanto ho trovato grazia presso di Te, concedimi di offrirti un mio cenacolo, di pensare a tutto…».

«Grazia hai trovato presso il Padre dei Cieli, grazia perciò presso il Figlio del Padre al quale è sacro ogni movimento del Padre. Ma se accetterò il cenacolo, lascia che al Tempio, a sacrificare l’agnello, vada Io, da buon israelita…».

«E se ti prendono?», dicono in molti.

«Non mi prenderanno. Nella notte, nell’oscurità, come usano i ribaldi, possono osarlo. Ma in mezzo alle turbe che mi venerano, no. Non diventatemi vili!…».

«Oh! poi ora c’è Claudia!», grida Giuda. «Il Re e il Regno non sono più in pericolo!…».

«Giuda, te ne prego! Non farli crollare in te! In te non insidiarli. Il mio Regno non è di questo mondo. Io non sono un re come quelli che sono sui troni. Il mio Regno è dello spirito. Se tu lo avvilisci alla meschinità di un regno umano, tu in te lo insidi e lo fai crollare».

«Ma Claudia!…».

«Ma Claudia è una pagana. Non può perciò sapere il valore dello spirito. Molto è se intuisce e appoggia Colui che per lei è un Saggio… Molti in Israele neppure come saggio mi giudicano!… Ma tu non sei pagano, amico mio! Il provvidenziale tuo incontro con Claudia non fare che ti si volga in danno, così come non fare che ogni dono di Dio per raffermare la tua fede e la tua volontà di servire il Signore ti divenga sciagura spiri­tua­le».

«E come lo potrebbe, mio Signore?».

«Facilmente. Non in te soltanto. Se un dono dato per soccorrere la debolezza dell’uomo, in luogo di fortificarlo e sempre più farlo voglioso di bene soprannaturale, o anche semplicemente morale, servisse ad appesantirlo di appetiti umani e a trarlo lontano dalla via retta, su vie in discesa, allora il dono diverrebbe danno. Basta la superbia a fare di un dono un danno. Basta il disorientamento provocato da una cosa che esalta, per cui si perde di mira il Fine supremo e buono, per fare di un dono un danno. Ne sei persuaso? La venuta di Claudia deve darti solo la forza di una considerazione. Questa: che se una pagana ha sentito la grandezza della mia dottrina e la necessità che essa trionfi, tu, e con te tutti i discepoli, con ancora più grande potenza dovete sentire tutto ciò e, di conseguenza, darvi tutti a ciò. Ma sempre spiritualmente. Sempre…

372.6

Ed ora decidiamo. Dove dite essere bene consumare la Pasqua? Voglio che siate in pace di spirito per questa Cena di rito, per sentire Dio che non si sente nel turbamento. Siamo molti. Ma mi sarebbe dolce stare tutti insieme per potervi far dire: “Consumammo una Pasqua con Lui”. Scegliete dunque un luogo dove, suddividendoci secondo il rituale, di modo da formare gruppi sufficienti a consumare ognuno il proprio agnello, si possa però dire: “Eravamo uniti, e l’uno sentiva la voce dell’altro fratello”».

Chi nomina questo e chi quel luogo.

Ma le sorelle di Lazzaro la vincono. «Oh! Signore! Qui! Manderemo a prendere il fratello nostro. Qui! Molte sono le sale e le stanze. Saremo insieme, e secondo il rito. Accetta, Signore! Il palazzo ha stanze atte per almeno duecento persone divise per gruppi di venti. E tanti non siamo. Fàcci liete, Signore! Per Lazzaro nostro così triste… così malato…». Le due sorelle piangono, finendo: «…che non si può pensare che mangi un’altra Pasqua…».

«Che dite? Che pensate concedere alle sorelle buone?», dice Gesù interpellando tutti.

«Io direi che sì», dice Pietro.

«Io pure», dice l’Iscariota e molti altri.

Chi non parla, assente.

«Provvedete, allora. E noi andiamo al Tempio, a mostrare che chi è sicuro di ubbidire all’Altissimo non ha paura e non è vile. Andiamo. A chi resta, la mia pace».

E Gesù scende il resto di scala, traversa il vestibolo ed esce coi discepoli nella via piena di folla.


Notes

  1. C’est la parascève : c’était la préparation que l’on faisait la veille du sabbat pendant lequel toute activité était interdite, y compris préparer le repas. L’œuvre de Maria Valtorta, en accord avec Mc 15, 42, donne le nom de parascève au jour qui précède le sabbat (par exemple en 609.34). Mais il arrive souvent que, pour être mieux comprise, (comme nous le dirons dans la note de 591.6), elle l’appelle vendredi (comme en 93.3, 174.17 et à d’autres passages). Ça pouvait aussi être jour de marché, comme on le voit en 83.3.

Note

  1. dove sorge sottintende, come soggetto, il palazzo di Lazzaro.
  2. Parasceve era la preparazione che si faceva prima dell’inizio del sabato, du­rante il quale erano proibite tutte le attività, compresa quella di preparare il cibo. L’opera valtortiana, concordando con Marco 15, 42, dà il nome di parasceve al giorno che precedeva il sabato (per esempio in 609.34); ma spesso, per far capire meglio (come diremo in nota a 591.6), lo chiama venerdì (come in 93.3, in 174.17 e in altri punti). Poteva anche essere giorno di mercato, come è detto in 83.3.