The Writings of Maria Valtorta

383. Discours près du gué du Jourdain,

383. Sermon on the bank of the Jordan

383.1

Les rives du Jourdain près du gué ressemblent fortement à un campement de nomades, en ces jours où les caravanes reviennent vers leurs pays de résidence. Des tentes sont disséminées partout le long des bosquets, qui forment une bordure verte autour du fleuve. Il s’agit parfois de simples couvertures, étendues entre deux troncs, appuyées sur des bâtons plantés dans le sol, liées à la haute selle d’un chameau, fixées en somme de quelque façon pour permettre de s’abriter dessous et d’être préservé de la rosée, qui doit être une vraie pluie, dans ces endroits au-dessous du niveau de la mer.

Quand Jésus arrive avec ses disciples près de la berge, au nord du gué, tous les campeurs sont en train de s’éveiller petit à petit. Jésus doit avoir quitté la maison de Nikê dès les premières lueurs du jour, car ce n’est pas tout à fait l’aurore et l’aspect des lieux n’est que beauté, fraîcheur, sérénité. Les plus empressés, réveillés par les hennissements des chevaux, le braiment des ânes, le cri des chameaux et par les rixes ou les chants de centaines de passereaux et autres oiseaux dans les feuillages des saules, des roseaux et des grands arbres qui forment une galerie verte au-dessus des rives fleuries, commencent à se glisser hors des tentes de toutes les couleurs et à descendre se laver au fleuve. On entend quelques pleurs de bébés et des voix douces de mères qui parlent à leurs enfants. D’une minute à l’autre, la vie commence à se manifester sous toutes ses formes.

De Jéricho, qui n’est pas loin, arrivent toutes sortes de marchands et des nouveaux pèlerins, des gardes et des soldats préposés à la surveillance et au maintien de l’ordre, en ces jours où se rencontrent des tribus de toutes régions, qui ne s’épargnent ni les insultes ni les reproches, et dans lesquels il doit y avoir des vols nombreux commis par des détrousseurs qui, en habits de pèlerins, se mêlent aux foules, en réalité pour commettre des larcins. Il y a aussi des prostituées qui cherchent à faire leur pèlerinage pascal particulier, en soutirant aux pèlerins les plus fortunés et les plus débauchés argent et cadeaux, en rétribution d’une heure de plaisir dans laquelle s’anéantissent toutes les purifications pascales… Les femmes honnêtes qui se trouvent parmi les pèlerins, avec leurs maris ou leurs fils adultes, sifflent comme des pies fâchées pour rappeler à elles leurs hommes qui prennent plaisir — du moins c’est ce qu’il semble aux épouses et aux mères —, à regarder les courtisanes. Celles-ci rient effrontément et répondent aux… qualificatifs que les femmes honnêtes leur adressent. Les hommes, et surtout les soldats, rient et ne refusent pas de plaisanter avec ces femmes. Certains juifs vraiment rigides en matière de morale — ou du moins hypocritement — s’éloignent d’un air méprisant. D’autres… anticipent l’alphabet des sourds-muets, car ils se comprennent vraiment bien par signes avec les prostituées.

383.2

Jésus ne prend pas le chemin direct qui l’amènerait au milieu du campement : suivi des apôtres, il descend sur la grève du fleuve, se déchausse et marche là où déjà l’eau frôle les herbes.

Les plus âgés, qui sont aussi les plus intransigeants, murmurent :

« Et dire qu’ici Jean-Baptiste a prêché la pénitence !

– Oui ! Or ce lieu est devenu pire qu’un portique de thermes romains !

– Et ceux qui se prétendent saints ne dédaignent pas de s’y divertir !

– Tu as vu, toi aussi ?

– J’ai des yeux, moi aussi. J’ai vu ! J’ai bien vu !… »

Les plus jeunes sont à la queue de la petite troupe, de même que les moins sévères — c’est-à-dire Judas, qui rit et regarde avec beaucoup d’attention ce qui se passe dans les campements et ne dédaigne pas d’observer les belles effrontées venues en quête de clients ; Thomas, que les colères des épouses et le mépris des pharisiens amuse ; Matthieu, qui, en ancien pécheur, ne peut parler sévèrement contre le vice et les vicieux, et se borne à soupirer et à secouer la tête ; et Jacques, fils de Zébédée, qui observe sans prêter intérêt et sans critiquer, avec indifférence —. Jésus marche en tête entre André, Jean, Jude et Jacques, fils d’Alphée.

Le visage de Jésus est fermé, de marbre. Et il se ferme toujours plus, d’autant que, du haut de la rive, lui parviennent des phrases admiratives ou des conversations provocantes entre un homme peu honnête et une femme de plaisir. Il regarde toujours fixement devant lui. Il ne veut pas voir. Tout son aspect manifeste cette intention.

383.3

Mais un jeune homme très richement vêtu qui, avec d’autres du même genre, est en train de parler avec deux mondaines, dit à haute voix à l’une d’elles :

« Allez, amusons-nous un peu ! Offre-toi ! Console-le. Il est triste car, pauvre comme il l’est, il ne peut se payer des femmes. »

Une onde de rougeur parcourt le visage de Jésus, puis il pâlit. Mais il ne tourne pas les yeux. Ce changement de teinte est l’unique indice montrant qu’il a entendu.

L’effrontée, tout un carillon de colliers dans un léger vol de vêtements, saute avec un cri maniéré de la rive basse sur la grève et, ce faisant, trouve moyen de dévoiler plusieurs secrètes beautés. Elle tombe aux pieds de Jésus et, avec un grand éclat de rire sur sa belle bouche et une invitation du regard et des formes, elle s’écrie :

« Oh ! toi, le plus beau parmi les enfants de la femme ! Pour un baiser de ta bouche, je suis toute à toi, et gratis ! »

Jean, André, Jude et Jacques, fils d’Alphée, scandalisés et paralysés par la stupeur, ne peuvent faire un geste. Mais Pierre ! Il fait un bond de panthère et tombe de son groupe sur la malheureuse, qui est à genoux, à moitié renversée en arrière ; il la secoue, la relève, la jette contre la rive avec un adjectif terrible et la charge sur lui pour donner le reste à l’effrontée.

Jésus lance :

« Simon ! »

C’est un cri plus explicite qu’un discours. Simon revient, rouge de colère, vers son Seigneur.

« Pourquoi ne me laisses-tu pas la punir ?

– Simon, on ne punit pas le vêtement qui s’est souillé, mais on le lave. Celle-là a pour vêtement sa chair souillée, et son âme est profanée. Prions pour que soient purifiées son âme et sa chair. »

Il parle doucement, à voix basse, pas si bas pourtant que la femme ne puisse entendre. Puis il se remet en route. Il tourne, oui, maintenant il tourne un instant ses doux yeux vers la malheureuse. Un regard, un seul ! Un instant, un seul ! Mais il s’y trouve toute la puissance de son amour miséricordieux ! La femme baisse la tête, descend son voile et s’en enveloppe… Jésus poursuit son chemin.

383.4

Voilà le gué. Les eaux basses permettent aux adultes de le passer à pied. Il suffit de relever ses vêtements au-dessus des genoux et de chercher les larges pierres submergées qui blanchissent sous les eaux cristallines pour servir de trottoir aux passants. En revanche, ceux qui sont à cheval passent plus en aval.

Tout heureux, les apôtres pataugent jusqu’à mi-cuisses, et cela semble à Pierre presque trop beau pour être vrai. Il se promet que, pendant leur séjour chez Salomon, il ne manquera pas de se payer un bain “ rafraîchissant ”, dit-il, pour compenser le “ rôtissage ” de la veille.

Les voilà de l’autre côté. Là aussi, une foule se met en marche après la nuit ou s’essuie après avoir passé le gué.

Jésus ordonne :

« Eparpillez-vous pour annoncer que le Rabbi est là. Je vais près de ce tronc abattu et je vous attends. »

Une foule nombreuse est vite prévenue et elle accourt.

Jésus commence à parler et il saisit l’occasion du passage d’un cortège en larmes qui suit une litière où se trouve un homme tombé malade à Jérusalem et condamné par les médecins ; il est ramené en hâte chez lui pour y mourir. Tout le monde en parle, car il est riche et encore jeune.

Plusieurs disent :

« Ce doit être une grande douleur de mourir quand on a tant de richesses et si peu d’années ! »

D’autres — peut-être des personnes qui croient déjà en Jésus — rétorquent :

« C’est bien fait pour lui ! Il ne sait pas avoir foi. Les disciples sont allés dire à sa famille : “ Le Sauveur est là. Si vous avez foi et si vous le lui demandez, le malade guérira. ” Mais il a été le premier à refuser d’aller trouver le Rabbi. »

Les critiques succèdent aux marques de sympathie et Jésus se sert de tout cela pour commencer son discours.

383.5

« Paix à vous tous !

Bien sûr, la mort déplaît à ceux qui sont riches et jeunes, riches seulement en argent et jeunes par l’âge. Mais, pour ceux qui sont riches de vertus et jeunes grâce à la pureté de leurs mœurs, la mort n’est pas douloureuse. Le véritable sage, dès qu’il a l’usage de la raison, règle sa conduite de façon à se ménager une mort paisible. La vie est la préparation à la mort, comme la mort est la préparation à la plus grande Vie. Dès que le vrai sage comprend la vérité de la vie et de la mort — de la mort pour ressusciter —, il s’efforce par tous les moyens de se dépouiller de tout ce qui est superflu, et de s’enrichir de ce qui est salutaire — à savoir les vertus et les actes de bonté — pour parvenir avec un vrai bagage de biens devant Celui qui le rappelle à lui pour le juger, le récompenser ou le punir avec une justice parfaite. Ce vrai sage mène une vie qui le rend plus expert en sagesse qu’un vieillard, et plus jeune qu’un adolescent, car en vivant dans la vertu et la justice, il conserve à son cœur une fraîcheur de sentiments que parfois les jeunes ne possèdent pas. Comme il est alors doux de mourir, d’incliner sur le sein du Père sa tête fatiguée, de se recueillir dans son étreinte, de dire au travers des nuages de la vie qui s’enfuit : “ Je t’aime, j’espère en toi, c’est en toi que je crois ”, de prononcer ces mots pour la dernière fois sur terre avant de lancer ensuite un joyeux “ Je t’aime ! ” pendant toute l’éternité au milieu des splendeurs du paradis.

La mort est-elle une dure épreuve ? Non. C’est un juste décret pour tous les mortels. Elle n’est lourde d’angoisse que pour ceux qui ne croient pas et sont chargés de fautes. C’est en vain que l’homme, pour expliquer les tourments sans nom d’un mourant qui n’a pas fait preuve de bonté durant sa vie, dit : “ C’est qu’il ne voudrait pas encore mourir, parce qu’il n’a accompli aucun bien, ou bien peu, et il souhaiterait vivre encore pour réparer. ” Il est également inutile de prétendre : “ S’il avait vécu davantage, il aurait pu avoir une plus grande récompense, car il aurait fait davantage. ” L’âme sait[1], au moins confusément, combien de temps il lui est donné : rien, comparé à l’éternité. Et l’âme incite l’être tout entier à agir. Mais, pauvre âme ! Combien de fois n’est-elle pas écrasée, piétinée, bâillonnée pour qu’on n’entende pas ses paroles ! Cela arrive chez ceux qui manquent de bonne volonté. Au contraire, les justes sont dès leur jeune âge à l’écoute de leur âme, obéissants à ses conseils et en état de continuelle activité. Et c’est jeune en années, mais riche de mérites que meurt le saint, parfois dès l’aurore de la vie. Et avec mille ans de plus, il ne pourrait être meilleur qu’il ne l’est déjà, car l’amour de Dieu et du prochain pratiqué sous toutes les formes et avec une entière générosité le rende parfait. Au Ciel, Dieu ne regarde pas au nombre d’années, mais à la façon dont on a vécu.

On mène le deuil sur les cadavres, on pleure sur eux. Mais le défunt ne pleure pas. On tremble de devoir mourir, mais on ne se soucie guère de vivre de manière à éviter cette angoisse. Et pourquoi ne pleure-t-on pas et ne mène-t-on pas le deuil sur des cadavres vivants, les cadavres les plus réels, ceux qui, comme dans une prison de chair, ont dans leur corps une âme morte ? Et pourquoi ceux qui pleurent en pensant que leur chair doit mourir, ne pleurent-ils pas sur le cadavre qu’ils ont en eux ? Combien de cadavres je vois, qui rient, plaisantent et ne pleurent pas sur eux-mêmes ! Combien de pères, de mères, d’époux, de frères, de fils, d’amis, de prêtres, de maîtres, je vois regretter sottement un fils, un époux, un frère, un père, un ami, un fidèle, un disciple décédé dans une évidente amitié avec Dieu après une vie qui est une vraie guirlande de perfections, au lieu de s’apitoyer sur les cadavres de l’âme d’un fils, d’un époux, d’un frère, d’un père, d’un ami, d’un fidèle, d’un disciple, mort par le vice, par le péché, et cela pour toujours, perdu pour toujours, s’il ne se ravise pas ! Pourquoi ne pas chercher à les ressusciter ? C’est de l’amour, vous savez ? Et même le plus grand amour. Ah ! les larmes sur une poussière redevenue poussière sont bien dérisoires ! Idolâtrie des affections ! Hypocrisie des affections ! Pleurez, mais sur les âmes mortes de ceux qui vous sont le plus cher. Cherchez à les ramener à la Vie. Et je m’adresse particulièrement à vous, femmes qui pouvez tant sur ceux que vous aimez.

383.6

Maintenant, examinons ensemble ce que la Sagesse indique comme causes de mort et de honte.

N’insultez pas Dieu en faisant un mauvais usage de la vie que Dieu vous a donnée, en la souillant par des actions mauvaises qui déshonorent l’homme. N’insultez pas vos parents par une conduite qui jette de la boue sur leurs cheveux blancs et des brandons enflammés sur leurs derniers jours. N’offensez pas ceux qui vous font du bien pour n’être pas maudits par l’amour que vous foulez au pied. Ne vous dressez pas contre ceux qui gouvernent. Ce n’est pas par la révolte contre ses gouvernants que les nations se rendent grandes et libres, mais c’est par la conduite sainte des citoyens que l’on obtient l’aide du Seigneur. Lui, il peut toucher le cœur des gouvernants, leur enlever leur situation ou même la vie, comme c’est arrivé à plusieurs reprises dans notre histoire d’Israël, quand ils dépassent la mesure et spécialement lorsque le peuple, en se sanctifiant, mérite le pardon de Dieu qui, pour cette raison, fait disparaître l’oppression qui accablait ceux qui étaient punis. N’offensez pas l’épouse en lui faisant l’affront d’amours adultères, et ne blessez pas l’innocence des enfants par leur connaissance de liaisons illicites.

Soyez saints devant ceux qui voient en vous, par affection et par devoir, celui qui doit être l’exemple de leur vie. Vous ne pouvez pas séparer la sainteté envers l’autre le plus proche de vous, de la sainteté envers Dieu : l’une engendre l’autre, de même que les deux amours, celui de Dieu et celui du prochain, se génèrent l’un l’autre.

Soyez justes auprès de vos amis. L’amitié est une parenté des âmes. Il est dit[2] : “ Comme il est beau pour des amis de marcher ensemble. ” Mais faut pour cela avoir pris le bon chemin. Malheur à celui qui corrompt ou exploite l’amitié en en faisant un égoïsme ou une trahison, un vice ou une injustice. Trop nombreux sont ceux qui disent “ Je t’aime ” pour connaître les affaires de leur ami et en tirer profit ! Trop nombreux sont ceux qui s’approprient les droits de leur ami !

Soyez honnêtes auprès des juges, de tous les juges : depuis le juge très-haut qu’est Dieu que l’on ne trompe pas par des pratiques hypocrites, jusqu’à ce juge intérieur qu’est la conscience, ou ces juges affectueux, souffrants et attentifs par leur amour vigilant, que sont les yeux des membres de votre famille et ceux, sévères, des juges du peuple. Ne mentez pas en prenant Dieu à témoin pour confirmer quelque mensonge.

Soyez honnêtes quand vous vendez ou achetez. Lors des ventes, la concupiscence vous conseille : “ Vole pour gagner davantage ”, alors que la conscience vous souffle : “ Sois honnête parce que tu aurais horreur d’être volé ” ; écoutez cette dernière voix, en vous souvenant qu’on ne doit pas faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas qu’on nous fasse. L’argent qui vous est versé en échange de la marchandise est souvent baigné de la sueur et des larmes du pauvre. Il coûte de la fatigue. Vous ne savez pas combien de souffrance il a valu, quelle douleur se cache derrière cette somme qui, pour vous, vendeurs, paraît toujours trop modeste pour ce que vous donnez. Créatures malades, enfants sans pères, vieillards aux maigres ressources… Ah ! douleur sainte et sainte dignité du pauvre que le riche ne comprend pas, pourquoi ne pense-t-on pas à toi ? Pourquoi est-on honnête quand on vend à un homme fort et puissant par peur de représailles, alors que l’on abuse du frère sans défense, inconnu ? C’est plus un crime contre l’amour que contre l’honnêteté elle-même. Et Dieu le maudit, car les larmes, arrachées au pauvre qui n’a qu’elles pour réagir contre l’injustice, crient vers le Seigneur comme le sang qui coule des veines d’un homme par un homicide, par un Caïn de son propre semblable.

Que votre regard soit honnête, comme votre parole et vos actes. Adressé à celui qui ne le mérite pas, ou refusé à celui qui le mérite, il ressemble à un lacet ou à un poignard. Quand il s’attache aux yeux effrontés d’une prostituée, lui laisse entendre : “ Tu es belle ! ” et répond à son œillade d’invitation par un clin d’œil d’assentiment, il est pire que le nœud coulant pour le pendu. Détourner les yeux d’un parent pauvre ou d’un ami tombé dans la misère est semblable à un poignard planté dans le cœur de ces malheureux. Il en va de même du regard de haine porté sur l’ennemi et celui de mépris posé sur le mendiant. L’ennemi doit être pardonné et aimé spirituellement, même si la chair se refuse à l’aimer. Le pardon est amour de l’esprit, le refus de la vengeance est amour de l’esprit. Le mendiant doit être aimé parce que personne ne le réconforte. Il ne suffit pas de lui jeter une obole et de passer d’un air méprisant. L’aumône sert au corps affamé, nu, sans abri. Mais la pitié qui sourit en donnant, qui s’intéresse aux pleurs du malheureux, c’est le pain du cœur.

Aimez ! Aimez ! Aimez !

Soyez honnêtes pour ce qui est des dîmes et des coutumes. Soyez-le à l’intérieur des maisons, en n’abusant pas outre mesure de votre serviteur et en respectant la servante qui dort sous votre toit. Même si le monde ignore le péché commis dans le secret de votre maison, l’infidélité à l’épouse ignorante et l’outrage à la servante, Dieu connaît votre péché.

Soyez honnêtes en paroles, et aussi dans l’éducation de vos enfants. Il est écrit[3] : “ Agis de telle manière que ta fille ne fasse pas de toi la risée de la ville. ” Moi, je dis : “ Faites en sorte que l’âme de votre fille ne meure pas. ”

383.7

Maintenant, partez. Je m’en vais, moi aussi, après vous avoir donné un viatique de sagesse. Que le Seigneur soit avec ceux qui s’efforcent de l’aimer. »

Il les bénit d’un geste et descend rapidement du tronc abattu pour prendre un petit sentier au milieu des arbres. Il remonte le fleuve et disparaît rapidement dans l’entrelacement des branches vertes.

L’assemblée discute avec animation, et avec des avis contraires. Naturellement, les opposants sont les échantillons peu nombreux de scribes et de pharisiens présents parmi la foule des humbles.

383.1

The banks of the Jordan near the ford are exactly like a camp of nomads during present days, when caravans are returning to their home towns. Tents or just blankets are tied to two tree-trunks, or resting on branches planted in the ground, or tied to the high saddle of a camel, fixed, in short, somehow, to enable people to get under them, and be sheltered from the dew which must be just like rain in these places below sea level. These are spread everywhere along the woods, which form a green frame around the river.

When Jesus arrives with His disciples near the river banks, to the north of the ford, the camps are slowly awaking. Jesus must have left Nike’s house at dawn, because the sun has not yet risen and the place is beautiful, cool and serene. The more earnest people, awakened by the neighing, braying, the strange cries of horses, donkeys and camels, by the quarrels or songs of hundreds of sparrows and other birds among the branches of willows, of reed-thickets, of the tall trees forming green tunnels above the flowery banks, begin to steal out of the gaily-coloured tents and go down to the river to wash. One can hear some children weeping and the sweet voices of mothers speaking to their children.

All the signs of life revive minute by minute. All kinds of vendors arrive from the nearby town of Jericho, with new pilgrims, guards and soldiers responsible for watching over and keeping order during these days, when tribes of every region meet and do not spare themselves insults and reproaches. And there are frequent thefts by highwaymen, who mix with the crowds disguised as pilgrims in order to steal; and there is no shortage of prostitutes, who have come on «their» Passover pilgrimage, that is, to squeeze money and gifts out of the more wealthy and lustful passengers in payment for an hour’s pleasure, which miserably neutralises all Passover purifications… The honest women, who among the pilgrims have husbands and grown up sons, shout like upset magpies calling their men who are watching the prostitutes stand enraptured, or at least mothers and wives think so. And the shameless women laugh and give sharp answers to the titles addressed to them by the honest women. The men, and the soldiers in particular, laugh and willingly joke with the prostitutes. Some Israelites, morally rigid, or only hypocritically rigid, go away indignantly, whilst others… make use of the deaf-and-dumb alphabet in advance, because they make themselves clearly understood with the prostitutes by such gestures.

383.2

Jesus does not follow the straight road that would take Him to the middle of the camp. He goes down to the river shore, takes His sandals off and walks where the water washes against the grass. The apostles follow Him.

The elder ones, who are more uncompromising, grumble: «And to think that the Baptist preached penance here!»

«Yes! And this place is now worse than a porch in the Roman thermae!»

«And those who call themselves saints do not disdain to amuse themselves there!»

«Did you see them, too?»

«Of course I did! I have eyes as well!…»

The younger or less rigid apostles – such as Judas of Kerioth who laughs and watches very carefully what is happening in the camps, does not disdain contemplating the beautiful impudent women who have come looking for customers; and Thomas laughs while watching the angry wives and the indignant Pharisees; and Matthew, who cannot speak severely against vices and corrupt people, as once he was a sinner himself, is content with sighing and shaking his head; and James of Zebedee, who watches without interest and without criticising, indifferently – follow their little group, ahead of which there is Jesus with Andrew, John and James of Alphaeus.

Jesus’ face is uncommunicative, as if it were carved in marble. And it becomes more and more uncommunicative, as from the top of the embankment He hears words of admiration or shameless conversations between a not very honest man and a prostitute. He looks straight ahead all the time, fixedly. He does not want to see. And His attitude makes His intention very clear.

383.3

But a young man, magnificently dressed, who is speaking to two prostitutes with other fellows like him, says in a loud voice to one of the women: «Go! We want to have a good laugh. Go and offer yourself! Comfort Him! He is sad because, poor as He is, he cannot buy women.»

Jesus’ ivory face blushes and then becomes pale once again. But He does not look round. His blushing is the only sign that He has heard.

The impudent woman, with her necklaces tinkling loudly and her dress flapping lightly, utters an affected cry and jumps from the low embankment on to the shore, and in doing so, she succeeds in showing much of her secret beauty. She falls just at Jesus’ feet and with trilling laughter on her beautiful lips, inviting eyes and figure, she shouts: «Oh! handsome one among those born of woman! For a kiss of Your lips, I give all myself without payment!»

John, Andrew and James of Alphaeus are paralysed with scandalised astonishment and cannot make a gesture. But Peter! He springs like a panther and from his group he falls heavily on the unfortunate woman, now on her knees and leaning backwards, he shakes her, lifts her, hurls her, with an awful epithet, against the embankment, then charges her to give her the rest.

Jesus says: «Simon!» A cry which is more than a sermon.

And Simon goes back to his Lord, red with anger. «Why do You not let me punish her?»

«Simon, you do not punish a garment which has become dirty. You wash it. Her garment is her filthy body and her soul is polluted. Let us pray to cleanse her soul and her body.» He says so kindly, in a low voice, but loud enough to be heard by the woman, and setting out again, He now does cast a glance with His mild eyes at the wretched woman for one moment. One glance only! For one moment only! But all the power of His merciful love is in it! And the woman lowers her head, picks up her veil and covers herself with it… Jesus continues on His way.

383.4

He is now at the ford. The shallow water allows adults to cross to the other side on foot. It is enough to lift one’s clothes above one’s knees and look for the large white stones submerged in the crystal-clear water forming a kind of pavement for the people wading across. Those on horseback cross over downstream.

The apostles wallow happily in the water half way up their thighs and Peter cannot believe that it is true. And he promises the others and himself a «refreshing» bath when they stop in Solomon’s house, as compensation for yesterday’s «roasting».

They are now on the other side. Here also the crowds are becoming active after the night’s rest, or people are drying themselves after wading.

Jesus orders: «Spread around and inform people that the Rabbi is here. I am going near that fallen tree-trunk and I will wait for you there.»

Many people are soon informed and they flock to hear Him.

Jesus begins to speak. A sad procession passes by following a stretcher, on which there is a young man who has been taken ill in Jerusalem, and as the doctors have condemned him, he is now being rushed home to die there. Everybody is speaking about him because he is rich and still young. And many say: «It must be very sad to die when one is so wealthy and so young!» And some say – perhaps they are people who already believe in Jesus –:

«It serves him right! He will not believe. The disciples went to his relatives and said to them: “The Saviour is here. If you have faith and you ask Him, He will cure him”. But he was the first to refuse to come to the Rabbi.» Criticism follows pity. And Jesus refers to that to begin His speech.

383.5

«Peace to everybody!

Rich and young people certainly do not like to die, when they are rich only in money and young in age. But those, who are rich in virtue and young because of their pure habits, are not sorry to die. A truly wise person, from the age of discretion onwards, acts in such a way as to die peacefully. Life is preparation for death, just as death is preparation for a greater Life. The true wise man, when he understands the truth of living and dying, the truth of dying to rise again, strives in every possible way to divest himself of what is useless, and to become enriched with what is useful, that is, with virtues and good deeds, in order to have a supply of goods before Him Who summons him to judge him, to reward or punish him with perfect justice. The true wise man leads a life that makes him more adult in wisdom than an old man, and younger than a teenager, because by living virtuously and justly, he keeps such pure feelings in his heart that even youths at times do not possess. How sweet then it is to die! The wise man reclines his tired head on the bosom of the Father, relaxes in His embrace, and in the midst of the mist of fleeing life he says: “I love You, I hope in You, I believe in You”, saying so for the last time on the Earth, to repeat then the jubilant “I love You!”, forever and ever in the brightness of Paradise.

Is death a harsh thought? No. A just decree for all mortals, it is a grievous worry for those who do not believe and are full of sins. In vain man says, to explain the troubled anxiety of a man who is dying and who was not good during his lifetime: “It’s because he would not like to die as yet, because he has not done any good, or only very little, and he would like to live to make amends”. In vain he says: “If he had lived longer, he could have had a greater reward, because he would have done more good”. A soul knows, at least vaguely, how much time it has been given. No time, as compared to eternity. And the soul spurs the whole ego to act. But, poor soul! How often it is overwhelmed, trodden upon, gagged, in order not to hear its words! That happens to those who lack goodwill. Whilst just men, from their very childhood, listen to their souls, obey their advice, and are continuously active; and saints die young in age but rich in merits, at times at the dawn of life; and not even by the addition of one hundred or one thousand years, would they become holier than they are, because the love for God and their neighbour, practised in every form and with utter generosity, makes them perfect. What matters in Heaven is not how long, but how one has lived.

People mourn for corpses and weep over them. But corpses do not weep. People tremble at the thought that they must die. But they do not worry about living in such a way as not to tremble at the hour of their death. Why do people not mourn for and weep over living corpses, the real corpses, those who have in their bodies, as in their tombs, dead souls? And those who weep thinking that their bodies must die, why do they not weep over the corpses they have within themselves? How many corpses I see, and they laugh and joke, but they do not weep over themselves! How many fathers, mothers, husbands, wives, brothers, sons, friends, priests, teachers, I see who foolishly weep for a son, a wife, a husband, a brother, a parent, a friend, a believer, a disciple who died in clear friendship with God, after a life that was a crown of perfection and who do not weep over the corpses of the souls of a son, a husband, a wife, a brother, a father, a friend, a believer, a disciple, who is dead through vices and sins, and is dead and lost forever, unless he repents! Why not try to revive them? That is love, you know? It is the greatest love. Oh! foolish tears for dust, which has become dust! Idolatry of affections! Hypocrisy of affection! Weep, but over the dead souls of your dearest relatives. Try to bring them to Life. And I speak in particular to you, women, who can influence so much those whom you love.

383.6

Let us now consider together what Wisdom indicates as the cause of death and shame.

Do not insult God by misusing the life He gave you, soiling it with evil deeds which dishonour man. Do not insult your parents through behaviour that flings mud at their white hair and causes violent sorrow to their last days. Do not abuse those who assist you, so that you will not be cursed for the love you tread upon. Do not abuse those who govern you, because it is not by rebelling against rulers that countries become great and free, but it is through the holy life of citizens that you obtain the assistance of the Lord, Who can touch the hearts of rulers or remove them from their places or even from life, as our history of Israel has shown several times, when they pass all bounds and especially when the people, sanctifying themselves, deserve the forgiveness of God, Who thus removes the oppressive yoke from the necks of the punished citizens. Do not abuse your wives by putting an affront of adulterous love upon them, and do not abuse the innocence of your children with the knowledge of unlawful love. Live holily in the eyes of those who, both because of their love and of their duty, consider you the person who is to be the example of their lives. You cannot sever your holiness in respect of your closest neighbour from your holiness towards God, because one germinates the other, as the two loves: of God and neighbour germinate each other.

Be just with your friends. Friendship is a kinship of the soul. It is written[1]: “How delightful it is for friends to proceed all together”. But it is delightful if they proceed on the path of virtue. Woe to those who pollute and betray friendship by turning it into selfishness, treason, vice or injustice. Too many are those who say: “I love you” to find out their friends’ business and exploit the information to their own benefit’! Too many are those who usurp the rights of their friends!

Be honest with judges. With all judges. From the most high judge, Who is God and cannot be defrauded or deceived through hypocritical practices, to the intimate judge, that is, your conscience, to the loving, suffering judges, watchful of their love, which are the eyes of your relatives, to the severe judges of the people. Do not lie by invoking God to corroborate your lies.

Be honest in selling and buying. When you are selling, and your greed says to you: “Steal to have a bigger profit”, whilst your conscience says to you: “Be honest because you would be sorry if you were robbed”, listen to the latter voice, remembering that we must not do to others what we would not like done to ourselves. The money given to you in exchange for goods is often wet with the perspiration and tears of the poor. It costs hard work. You do not know how much grief it costs, how much sorrow and pain there is behind that money, which you vendors think that it is always too little for what you give. Sick people, fatherless children, old people short of money… Oh! holy grief and holy dignity of the poor, which the rich do not understand, why are you not taken into consideration? Why are people honest when selling to the powerful and mighty ones, for fear of retaliation, whereas they take advantage of defenceless unknown brothers? That is rather a crime against love than against honesty itself. And God curses it, because the tears squeezed out of poor people, who have but tears as a reaction against abuse of power, cry to the Lord with the same voice as the blood drained from the veins of a man by a murderer, by a Cain of his fellow creature.

Be honest in your looks, as you are in your words and deeds. A look, given to those who do not deserve it, or denied to those who do deserve it, is like a noose and a dagger. The look that meets the impudent eyes of a prostitute, and says to her: “You are beautiful!”, and replies to her inviting look with assent, is worse than the slip knot for a hanged man. The look denied to a poor relative or to a friend fallen into poverty, is like a dagger that pierces the hearts of those unhappy people. And likewise the glance of hatred or of contempt cast at one’s enemy or at a beggar. Enemies are to be forgiven and loved at least with your souls, if your bodies refuse to love them. Forgiveness is love of the spirit. Not to take revenge is love of the spirit. A beggar is to be loved because nobody comforts him. It is not sufficient to throw a mite and pass by scornfully. The offering serves for the starving, naked, homeless body. But the pity that smiles in offering, that takes an interest in the tears of the unhappy fellow, is bread for his heart. Love, love, love.

Be honest in tithes and customary practices, be honest in your homes, without exploiting servants beyond measure and without tempting the maidservant sleeping under your roof. Even if the world is unaware of the theft committed in the secrecy of your house against your unaware wife and against the maidservant you debauch, God is aware of your sin.

Be honest in speaking. Be honest in bringing up your sons and daughters. It is written[2]: “Keep a sharp look-out, that your daughter does not make you the laughing stock of the town”. I say: “Keep a sharp look-out that the soul of your daughter may not die”.

383.7

And now go. I also will go away, after giving you provisions of wisdom. May the Lord be with those who strive to love Him.»

He blesses them with a gesture, He descends quickly from the fallen tree and takes a lane among the trees going upstream and soon disappears among the green vegetation.

The crowds make comments animatedly with opposing opinions. The unfavourable comments, of course, are made by the few scribes and Pharisees who are among the crowds of humble people.


Notes

  1. L’âme sait : Par une note sur une copie dactylographiée, Maria Valtorta précise : Elle sait que la vie sur terre est brève et que la mort peut la prendre à l’improviste, même à un âge tendre ou dans la jeunesse. C’est pourquoi elle nous pousse à ne pas attendre pour bien agir…
  2. Il est dit : en Ps 133, 1.
  3. Il est écrit : en Si 42, 11.

Notes

  1. It is written, in: Psalm 133,1.
  2. It is written, in: Syrach 42,11.