The Writings of Maria Valtorta

46. Jésus est tenté par Satan au désert.

46. Jesus tempted by Satan in the desert.

46.1

Je revois la solitude pierreuse que j’avais déjà vue à ma gauche dans la vision du baptême de Jésus au Jourdain. Je dois cependant y avoir pénétré profondément, parce que je ne vois plus le beau fleuve aux eaux lentes et bleues ni la veine verte qui le longe sur ses deux rives, alimentée par cette artère aquatique. Ici, rien d’autre que la solitude, des pierres, une terre tellement brûlée qu’elle en est réduite à l’état de poussière jaunâtre qu’à chaque instant le vent soulève en petits tourbillons. On dirait le souffle d’une bouche fiévreuse tant ils sont secs et brûlants, et la poussière qui pénètre dans le nez et la gorge est une vraie tor­ture. Ici et là, de très rares petits buissons épineux dont on ne sait comment ils peuvent résister dans cette désolation. On dirait des touffes de cheveux sur le crâne d’un homme chauve. Au-dessus, un ciel d’un bleu impitoyable, en bas le sol aride, et tout autour, des rochers et le silence. C’est tout ce que je vois comme nature.

46.2

Un énorme rocher, façonné comme j’essaie de le dessiner, forme un embryon de grotte. Assis sur une grosse pierre traînée à l’intérieur, Jésus se tient adossé à la paroi à l’endroit que je signalepar un +.

Il s’y repose du soleil brûlant. Mon conseiller intérieur m’indique que cette pierre sur laquelle il est assis lui sert aussi d’agenouilloir et d’oreiller quand il prend quelques brèves heures de repos, enroulé dans son manteau à la lueur des étoiles et dans l’air froid de la nuit. En effet, tout près de là, se trouve la besace que je lui ai vu prendre à son départ de Nazareth. C’est tout ce qu’il possède et, comme elle est flasque, je comprends qu’elle a été vidée du peu de nourriture qu’y avait mise Marie.

Jésus est très maigre et pâle. Il est assis, les coudes appuyés sur les genoux, les avant-bras en avant, les mains jointes et les doigts entrelacés. Il médite. De temps à autre il lève les yeux et promène son regard alentour et observe le soleil presque au zénith dans le ciel bleu. En particulier après avoir examiné les alentours et levé les yeux vers la lumière du soleil, il les referme et s’appuie au rocher qui lui sert d’abri, comme pris de vertige.

46.3

C’est alors que je vois apparaître l’horrible gueule de Satan.

Il ne se présente pas sous la forme où nous nous le représentons avec cornes, queue, etc. On dirait un Bédouin enveloppé dans son habit et son manteau qui ressemble à un domino de mascarade. Sur la tête, le turban dont les pans lui descendent jusqu’aux épaules pour les abriter et sur les côtés du visage, de sorte qu’on n’en voit qu’un triangle étroit, très brun avec des lèvres minces et tordues, des yeux très noirs et enfoncés, d’où sortent des éclairs magnétiques. Deux pupilles vous pénètrent jusqu’au fond du cœur, mais on n’y lit rien, sinon un seul mot : mystère. C’est tout le contraire du regard de Jésus qui vous fascine lui aussi par ses effluves magnétiques qui vous pénètrent jusqu’au cœur, mais où on ne lit que bonté et amour pour vous. Le regard de Jésus est pour l’âme une caresse, celui de Satan un double poignard qui vous transperce et vous brûle.

46.4

Il s’approche de Jésus :

« Tu es seul ? »

Jésus le regarde sans répondre.

« Comment es-tu arrivé ici ? Tu t’es perdu ? »

Jésus le regarde de nouveau et se tait.

« Si j’avais de l’eau dans ma gourde, je t’en donnerais. Mais je n’en ai pas moi-même. Mon cheval est mort et je me dirige à pied vers le gué. Là je boirai et je trouverai quelqu’un qui me donne un pain. Je connais la route. Viens avec moi, je te conduirai. »

Jésus ne lève même pas les yeux.

« Tu ne réponds pas ? Sais-tu que si tu restes ici tu vas mourir ? Déjà le vent se lève. Il va y avoir la tempête. Viens. »

Jésus serre les mains en une prière muette.

« Ah ! C’est donc bien toi ? Depuis le temps que je te cherche ! Et maintenant, cela fait si longtemps que je t’observe. Depuis le moment où tu as été baptisé. Tu appelles l’Eternel ? Il est bien loin ! Maintenant tu es sur terre et au milieu des hommes. Or chez les hommes, c’est moi qui suis roi. Pourtant, tu me fais pitié et je veux t’aider parce que tu es bon et que tu es venu te sacrifier pour rien. Les hommes te haïront à cause de ta bonté. Ils ne comprennent qu’or, mangeaille et jouissance. Sacrifice, souffrance, obéissance sont pour eux des paroles mortes, plus mortes que cette terre-ci et ses alentours. Ils sont plus arides encore que cette poussière. Il n’est que le serpent pour se cacher ici en attendant de mordre et aussi le chacal pour te mettre en pièces. Allons, viens. Ils ne méritent pas que l’on souffre pour eux. Je les connais mieux que toi. »

Satan s’est assis en face de Jésus. Il le fouille de son regard terrible et sourit de sa bouche de serpent. Jésus se tait toujours et prie mentalement.

46.5

« Tu te défies de moi. Tu as tort. Je suis la sagesse de la terre. Je puis te servir de maître pour t’aider à triompher. Vois : l’important, c’est de triompher. Puis, une fois qu’on s’est imposé au monde et qu’on l’a séduit, on le mène où l’on veut. Mais il faut d’abord être comme cela leur plaît, comme eux, les séduire en leur faisant croire que nous les admirons et que nous suivons leurs pensées.

Tu es jeune et beau. Commence par la femme. C’est toujours par elle qu’on doit commencer. Je me suis trompé en menant la femme à la désobéissance. J’aurais dû la conseiller d’une autre manière. J’en aurais fait un meilleur instrument et j’aurais vaincu Dieu. J’ai été trop pressé. Mais toi ! Je te l’enseigne car il y a eu un jour où je t’ai regardé avec une joie[1] angélique et un reste de cet amour est demeuré en moi. Mais toi, écoute-moi et profite de mon expérience. Donne-toi une compagne. Elle réussira là où tu ne le pourras. Tu es le nouvel Adam : tu dois avoir ton Eve.

Et puis, comment peux-tu comprendre et guérir les maladies de la sensualité, si tu ne sais pas ce que c’est ? Ne sais-tu pas que la femme est le noyau d’où naît la plante de la passion et de l’orgueil ? Pourquoi l’homme veut-il régner ? Pourquoi veut-il être riche, puissant ? Pour posséder la femme. Elle est comme l’alouette. Elle a besoin d’un scintillement qui l’attire. L’or et la domination sont les deux faces du miroir qui attire les femmes et la cause des maux du monde. Regarde : derrière mille délits d’apparences diverses, il y en a neuf cents, au moins, qui s’enracinent dans la soif de possession de la femme ou dans la volonté d’une femme qui brûle d’un désir que l’homme ne satisfait pas encore, ou ne satisfait plus. Va vers la femme si tu veux savoir ce qu’est la vie et, après seulement, tu sauras soigner et guérir les maux de l’humanité.

Elle est belle, tu sais, la femme ! Il n’est rien de plus beau au monde. L’homme possède la pensée et la force. Mais la femme ! Sa pensée est un parfum, son contact est caresse de fleurs. Sa grâce est un vin enivrant, sa faiblesse est comme un écheveau de soie ou les boucles d’un bébé entre les mains de l’homme, sa caresse est une force qui se communique à la nôtre et l’en­flamme. La souffrance disparaît, tout comme la fatigue et les soucis quand on s’approche d’une femme. Elle est entre nos bras comme un bouquet de fleurs.

46.6

Mais, imbécile que je suis ! Tu as faim et je te parle de femme. Ta vigueur est épuisée. C’est la raison pour laquelle ce parfum de la terre, cette fleur de la création, ce fruit qui donne et suscite l’amour te paraît sans valeur. Mais regarde ces pierres, vois comme elles sont rondes et polies, dorées sous les rayons du soleil couchant. Ne dirait-on pas des pains ? Toi, le Fils de Dieu, tu n’as qu’à dire : “ Je le veux ”, pour qu’elles deviennent un pain qui sent bon, comme celui qu’à cette heure-ci les ménagères sortent du four pour le repas de la famille. Et, si tu le veux, ces acacias si secs ne peuvent-ils pas se couvrir de fruits délicieux, de dattes sucrées comme le miel ? Rassasie-toi, Fils de Dieu. Tu es le Maître de la terre. Elle se penche pour se mettre à tes pieds et apaiser ta faim.

Tu vois comme tu pâlis et chancelles, rien qu’à entendre parler de pain ! Pauvre Jésus ! Es-tu affaibli au point de ne plus pouvoir commander au miracle ? Veux-tu que je le fasse pour toi ? Je ne suis pas à ton niveau, mais je peux faire quelque chose. Je me priverai pendant un an de ma force, je la rassemblerai toute, mais je veux te servir parce que tu es bon et que je me souviens toujours que tu es mon Dieu, même si maintenant j’ai démérité de te donner ce nom. Aide-moi de ta prière pour que je puisse…

– Tais-toi. “ L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui vient de Dieu. ” »

Le démon a un sursaut de rage. Il grince des dents et serre les poings, mais il se maîtrise et ses dents se desserrent pour ébaucher un sourire.

« Je comprends. Tu es au-dessus des nécessités de la terre et cela te dégoûte de te servir de moi. Je l’ai mérité.

46.7

Mais alors viens voir ce qui se passe dans la Maison de Dieu. Vois comme les prêtres eux-mêmes ne se refusent pas à composer entre l’esprit et la chair, parce que, enfin, ce sont des hommes et non pas des anges. Fais un miracle spirituel. Je te porte sur le pinacle du Temple et là-haut, tu te transfigures en une merveil­leuse beauté. Ensuite, appelle les cohortes angéliques et dis-leur de te faire de leurs ailes entrelacées une estrade pour tes pieds et de te faire descendre ainsi dans la cour principale. Qu’ils te voient et se rappellent qu’il y a un Dieu. Ces manifestations sont parfois nécessaires parce que l’homme a une mémoire bien courte, spécialement pour ce qui est spirituel. Tu sais comme les anges seront heureux de te donner un lieu où poser ton pied et une échelle pour que tu descendes !

– Il a été dit : “ Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. ”

– Tu comprends que ton apparition elle-même n’y changerait rien et que le Temple continuerait à être marché et corruption. Ta divine sagesse sait que les cœurs des ministres du Temple sont un nid de vipères qui s’entredévorent pour arriver au pouvoir. Il n’y a pour les dompter que la puissance humaine.

46.8

Alors, viens. Adore-moi. Je te donnerai la terre. Alexandre, Cyrus, César, tous les plus grands conquérants du passé ou encore en vie seront semblables à de vulgaires chefs de caravanes par rapport à toi qui auras tous les royaumes de la terre sous ton sceptre, et avec eux toutes les richesses, toutes les splendeurs de la terre, et puis les femmes, les chevaux, les soldats et les temples. Tu pourras élever partout ton Signe quand tu seras le Roi des rois et le Seigneur du monde. Alors, tu seras obéi et vénéré par le peuple et les prêtres. Toutes les castes t’honoreront et te serviront parce que tu seras le Puissant, l’Unique, le Seigneur.

Adore-moi un seul instant ! Désaltère ma soif d’être adoré ! C’est elle qui m’a perdu. Mais elle est restée en moi et me brûle. Les flammes de l’enfer sont fraîcheur de l’air au matin, en comparaison de ce feu qui me brûle intérieurement. C’est mon enfer, cette soif. Un instant, un seul instant, ô Christ, toi qui es bon ! Un instant de joie pour l’éternel Torturé ! Fais-moi éprouver ce que veut dire être Dieu et je te serai dévoué, obéissant comme un esclave pour toute la vie, dans toutes tes entreprises. Un instant, un seul instant, et je ne te tourmenterai plus ! »

Alors Satan se jette à genoux en le suppliant.

46.9

Jésus, au contraire, s’est levé. Amaigri après ces jours de jeûne, il semble encore plus grand. Son visage est terrible de sévérité et de puissance. Ses yeux sont deux saphirs qui jettent des flammes. Sa voix est un tonnerre qui résonne dans la cavité du rocher et se répand sur les roches et la terre désolée, quand il dit :

« Va-t’en, Satan. Il est écrit : “ C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras et à lui seul tu rendras un culte. ” »

Satan saute sur ses pieds avec un cri déchirant de damné et de haine inexprimable. Sa fureur, sa colère fumante sont terribles à voir. Puis il disparaît avec un nouveau hurlement de malédiction.

46.10

Jésus, fatigué, se rassied et appuie sa tête contre le rocher. Il paraît à bout, exténué. Mais des êtres angéliques viennent de leurs ailes renouveler l’air dans la chaleur étouf­fante de la grotte, la purifiant et la rafraîchissant. Jésus ouvre les yeux et sourit. Je ne le vois pas manger. On dirait qu’il se nourrit du parfum du paradis et en sort revigoré.

Le soleil disparaît au couchant. Jésus saisit sa besace vide et, accompagné par les anges dont le vol lui fait une douce lumière au-dessus de la tête, tandis que la nuit tombe très rapidement, il se dirige vers l’est ou plutôt vers le nord-est. Il a repris son expression habituelle, sa démarche assurée. Il lui reste seulement comme souvenir de son jeûne prolongé un aspect plus ascétique, avec son visage amaigri et pâle et ses yeux pleins d’une joie extasiée qui n’est pas de cette terre.

46.11

Jésus dit :

« Hier, tu n’avais pas la force que te donne ma volonté et tu n’étais en conséquence qu’un être à moitié vivant. J’ai permis à tes membres de se reposer et je t’ai fait faire l’unique jeûne qui te pèse : celui de ma parole. Pauvre Maria ! Tu as vécu le mercredi des Cendres. En tout tu as senti le goût de la cendre, parce que tu étais sans ton Maître. Je n’ai pas manifesté ma présence, mais j’étais là.

Ce matin, puisque l’angoisse est réciproque, je t’ai murmuré dans ton demi-sommeil : “ Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, donne-nous la paix. ” Je te l’ai fait répéter plusieurs fois et je l’ai répété en même temps. Tu as cru que j’allais en parler. Non. Il y avait d’abord le sujet que je t’ai montré et que je t’expliquerai. Plus tard, ce soir, je t’expliquerai l’autre.

46.12

Satan, tu l’as vu, se présente toujours sous un jour sympathique, sous un aspect ordinaire. Si les âmes sont attentives et surtout en contact spirituel avec Dieu, elles se rendent compte de cette observation qui les rend circonspectes et promptes pour combattre les embûches du démon. Mais si les âmes sont inattentives au divin, séparées de lui par des attraits charnels qui les envahissent et les rendent sourdes, si elles ne recherchent pas le secours de la prière qui les unit à Dieu et fait couler sa force comme par un canal dans le cœur de l’homme, il leur est bien difficile de se rendre compte du piège dissimulé sous une apparence inoffensive, et elles y tombent. S’en dégager après cela est très difficile.

46.13

Les deux chemins que prend plus communément Satan pour arriver aux âmes sont l’attrait charnel et la gourmandise. Il commence toujours par le côté matériel de la nature. Après l’avoir démantelé et asservi, il porte son attaque contre la partie supérieure.

D’abord le côté moral : la pensée avec son orgueil et ses convoitises ; puis l’esprit, en lui enlevant non seulement l’amour, mais aussi la crainte de Dieu. La vie spirituelle n’existe plus quand l’homme a remplacé l’amour divin par d’autres amours humaines. C’est alors que l’homme s’abandonne corps et âme à Satan pour parvenir aux jouissances qu’il recherche, pour s’y attacher toujours plus.

46.14

Tu as vu comment, moi, je me suis comporté : silence et prière. Silence. Car si Satan exerce son entreprise de séduction et cherche à nous circonvenir, on doit le supporter sans sottes impatiences et sans peurs lâches, mais réagir avec fermeté à sa présence, et par la prière à ses séductions.

Inutile de discuter avec Satan. C’est lui qui serait victorieux car il est fort en dialectique. Il n’y a que Dieu pour le vaincre, c’est pourquoi il vous faut recourir à Dieu qui parle pour nous, par nous, montrer à Satan ce Nom et ce Signe, non pas écrits sur un papier ou gravés sur le bois, mais inscrits et gravés dans les cœurs : mon Nom, mon Signe. Lorsque Satan insinue qu’il est comme Dieu, ne lui répliquez qu’en vous servant de la parole de Dieu[2]. Il ne la supporte pas.

46.15

Après le combat vient la victoire ; les anges servent le vainqueur et le protègent contre la haine de Satan. Ils le récon­fortent par une rosée céleste, par la grâce qu’ils déversent à pleines mains dans le cœur du fils fidèle, par une bénédiction qui est caresse pour l’âme.

Il faut avoir la volonté de vaincre Satan, la foi en Dieu et en son aide, la foi dans la puissance de la prière et la bonté du Seigneur. Alors Satan ne peut faire aucun mal.

Va en paix. Ce soir, je te réjouirai avec le reste. »

46.1

I see the solitary land which I already saw on my left-hand side in the vision of Jesus’ baptism in the Jordan. But I must be some way inside the desert, because I neither see the beautiful, blue, slow flowing river, nor the green strips of vegetation which coast its banks and are nourished by its waters. There is nothing here but solitude, stones and such a parched earth that it has become a yellowish dust, raised now and again by the wind in small swirls, which are so hot and dry that they seem like the breath of a feverish mouth. And they are very troublesome because of the dust penetrating nostrils and throats. There are a very few small thorny bushes, strangely surviving in so much desolation. They look like small forelocks of surviving hair on a bald head. Above, there is a merciless blue sky; below, arid land; around, stones and silence. That is what I see as far as nature is concerned.

46.2

Leaning against a huge piece of overhanging rock which, because of its shape, forms a kind of a grotto, there is Jesus sitting on a stone that has been taken into the cave. That is how He protects Himself from the scorching sun. And my internal adviser informs me that the stone, on which He is now sitting, is also His kneeling-stool and pillow, when He takes a few hours rest, enveloped in His mantle, under a starry sky in the chill air of the night. Near Him there is the haversack which I saw Him take before departing from Nazareth. It is all He has. And from the way it is folded, I realise it has been emptied of the little food Mary had put into it.

Jesus is very thin and pale. He is sitting with His elbows resting on His knees, His forearms forward, His hands joined and His fingers interlaced. He is meditating. Now and again He looks up and around, then looks at the sun, almost perpendicular in the blue sky. Now and again, particularly after looking around and at the sun, He closes His eyes and leans on the rock sheltering Him, as if He were seized by dizziness.

46.3

I see Satan’s ugly face appear. He does not show himself in the features we imagine him: horns, tail etc. He looks like a bedouin enveloped in his robe and in a large mantle that resembles a domino. He is wearing a turban on his head and its white flaps fall along his cheeks, down to his shoulders protecting them. Thus only a very small dark triangle of his face can be seen, with thin, sinuous lips, very black hollow eyes, full of magnetic flashes. Two eyes that penetrate and read into the bottom of your heart, but in which you can read nothing, or one word only: mystery. The very opposite of Jesus’ eyes, also so magnetic and fascinating, which read in your heart, but in which you can also read that in His heart there is love and bounty for you. Jesus’ eyes caress your soul. Satan’s are like a double dagger that stabs and burns you.

46.4

He approaches Jesus: «Are you alone?»

Jesus looks at him, but does not reply.

«How did You happen to be here? Did You get lost?»

Jesus looks at him again and is silent.

«If I had water in my flask, I would give You some. But I have none myself. My horse died, and I am now going on foot to the ford. I will get a drink there and I will find someone who will give me some bread. I know the road. Come with me. I’ll take You there.»

Jesus does not even look at him.

«You are not answering? Do You know that if You stay here, You will die? The wind is already beginning to blow. There will be a storm. Come.»

Jesus clenches His hands in silent prayer.

«Ah! It is You, then? I have been looking for You for such a long time! And I have been watching You for so long. Since You were baptised. Are You calling the Eternal? He is far away. You are now on the earth, in the midst of men. And I reign over men. And yet, I feel sorry for You, and I want to help You, because You are so good, and You have come to sacrifice Yourself for nothing. Men will hate You because of Your goodness. They understand nothing but gold, food and pleasure. Sacrifice, sorrow, obedience are words more arid for them than the land around us here. They are more arid than this dust. Only snakes can hide here, waiting to bite, and jackals waiting to tear to pieces. Come with me. It is not worthwhile suffering for them. I know them better than You do.»

Satan has sat down in front of Jesus and he scrutinises Him with his dreadful eyes and smiles at Him with his snakelike mouth. Jesus is always silent and is praying mentally.

46.5

«You don’t trust me. You are wrong. I am the wisdom of the earth. I can be Your teacher and show You how to triumph. See, the important thing is to triumph. Then, once we have imposed ourselves and we have enchanted the world, then we can take them wherever we want. But first, we must be as they wish us to be. Like them. We must allure them, making them believe that we admire them and follow their thoughts.

You are young and handsome. Start with a woman. One must always start from her. I made a mistake inducing her to be disobedient. I should have advised her differently. I would have turned her into a better instrument, and I would have beaten God. I was in a hurry. But You! I will teach You, because one day I looked at You with angelical joy and a fraction of that love is still left in me, but You must listen to me, and make use of my experience. Find yourself a woman. Where you do not succeed, she will. You are the new Adam: You must have Your Eve.

In any case, how can You understand and heal the diseases of the senses, if You do not know what they are? Don’t You know that is where the seed is, from which the tree of greediness and arrogance sprouts? Why do men want to reign? Why do they want to be rich and powerful? To possess woman. She is like a lark. She will be attracted only by something sparkling. Gold and power are the two sides of the mirror that draw woman, and are the causes of evil in the world. Look: in a thousand different crimes, there are at least nine hundred that take root in the lust of possessing a woman or in the passion of a woman, burning with a desire that man has not yet satisfied, or can no longer satisfy. Go to a woman if You want to know what life is. And only then You will be able to cure and heal the diseases of mankind.

Women, You know, are beautiful! There is nothing nicer in the world. Man has brains and strength. But woman! Her thought is a perfume, her touch is the caress of flowers, her grace is like wine, pleasant to drink, her weakness is like a handful of silk, or the curl of a child in a man’s hand, her caress is a strength which is poured over our own strength, and inflames it. Sorrow, fatigue, worries are forgotten when we lie near a woman, and she is in our arms like a bunch of flowers.

46.6

But what a fool I am! You are hungry and I am talking to You of women. Your energy is exhausted. That is why that fragrance of the earth, that flower of creation, the fruit that gives and excites love, seems without any value to You. But look at these stones. How round and smooth they look, gilded by the setting sun! Don’t they look like loaves? Since You are the Son of God, all You have to say is: “I want” and they will become sweet-smelling bread,just like the loaves housewives are now taking out of their ovens, for the supper of their families. And these arid acacias, if You only wish so, will they not be filled with sweet fruit and dates as sweet as honey? Eat Your fill, Son of God. You are the Master of the earth. The earth is bowing down to put itself at Your feet and appease Your hunger.

Don’t You see that You are turning pale and unsteady at the mention of bread. Poor Jesus! Are You so weak that You cannot even perform a miracle? Shall I perform it for You? I am not Your equal, but I can do something. I will do without any strength for a whole year, I will gather it altogether, but I want to serve You because You are good, and I always remember that You are my God, even if now I have forfeited calling You so. Help me with Your prayers, that I may…»

«Be quiet! “Man does not live on bread alone, but on every word that comes from the mouth of God”.»

The devil starts with anger. He grinds his teeth and clenches his fists. But he controls himself and turns his grinding into a smile.

«I understand. You are above the necessities of the earth and You are disgusted at making use of me. I deserved it.

46.7

But come, then, and see what there is in the House of God. You will see how even priests do not refuse to come to a compromise between the spirit and the flesh. After all, they are men and not angels. Work a spiritual miracle. I will take You up to the pinnacle of the Temple and You will undergo a transfiguration and become most handsome. You will then call the cohorts of angels and will tell them to form a footrest for Your feet with their interlaced wings, and to let You down, thus, into the main yard. So that people may see You, and remember that God exists. One must show oneself now and again, because man’s memory is so weak, especially with regard to spiritual matters. You can imagine how happy the angels will be in forming a protection for Your feet and a ladder for You to descend!»

«It is said: “You must not put the Lord your God to the test”.»

«You understand that Your apparition would not change anything and the Temple would continue to be a market full of corruption. Your divine wisdom is aware that the hearts of the ministers of the Temple are nests of vipers that tear and are torn to pieces for the sake of prevailing. They are subdued only by human power.

46.8

Well, then, come. Adore me. I will give You the earth. Alexander, Cyrus, Caesar, all the great rulers, past or present, will be like the leaders of miserable caravans as compared with You, as You shall have the kingdoms of the world under Your sceptre. And with the kingdoms, all the wealth, all the beautiful things on earth, women, horses, armies and temples. You will be able to raise Your Sign everywhere when You are the King of kings and the Lord of the world. You will then be obeyed and respected both by the people and by the priesthood. All classes will honour and serve You, because You will be the Powerful One, the Only One, the Lord.

Adore me for one moment only! Appease this thirst of mine for being worshipped! It ruined me, but it is still left in me, and I am parched by it. The flames of hell are like a fresh morning breeze as compared to this fierce ardour burning inside me. It is my hell, this thirst. One moment, one moment only, Christ. You are so good! One moment of joy for the eternally Tortured One! Let me feel, what it is like to be god, and I will be a devoted, obedient servant for all Your life and all Your enterprises. One instant, one instant only, and I will no longer torture You!»

And Satan falls on his knees, imploring.

46.9

Jesus, instead, stands up. He has lost weight because of the long days of fast, and He now looks taller. His face is terribly severe and strong. His eyes are two burning sapphires. His voice is like thunder: it reverberates in the cave of the huge stone, and spreads over the stony, desolate plain when He cries: «Go away, Satan. It is written: “You must worship the Lord your God, and serve Him alone”.»

Satan, with a cry of fearful torture and indescribable hatred, springs to his feet, a dreadful sight in his furious, smoky figure. And he disappears with a last cursing yell.

46.10

Jesus is tired, and sits down, leaning back with His head resting on the stone. He looks exhausted. He is perspiring. But angels come to blow gently with their wings in the closeness of the cave, thus purifying and refreshing the air. Jesus opens His eyes, and smiles. I do not see Him eat. I would say that He is nourished by the aroma of Paradise and is reinvigorated by it.

The sun has set in the west. He takes His empty haversack and in the company of the angels who, flying above His head emit a mild light while it is getting dark very rapidly, He starts walking eastwards, or rather north-eastwards. He has resumed His usual expression, His step is steady. The only remaining sign of His long fast is a more ascetic look on His pale, thin face and in His eyes, enraptured in a joy which does not belong to this world.

46.11

Jesus says:

«Yesterday you had no strength, which is My will, and you were, therefore, half-alive. I let your body rest and I made you fast the only way which is burdensome to you: depriving you of My word. Poor Mary! You kept Ash Wednesday. You tasted an ashen flavour in everything because you were without your Master. I did not let you perceive Me, but I was there.

This morning, as our anxiety is mutual, when you were half asleep, I whispered to you: “Agnus Dei qui tollis peccata mundi, dona nobis pacem” and I made you repeat it many times and I repeated it to you many times. You thought that I was going to speak about that. No. First there is the subject which I showed you and upon which I will comment for you. Then this evening I will illustrate this other one.

46.12

As you have seen kindness is always Satan’s disguise when he presents himself. He looks like an ordinary person. If souls are careful, and above all, if they are in spiritual contact with God, they perceive the warning that makes them cautious and prepares them to fight the devil’s snares. But if souls are distracted, separated from God by an overwhelming sensuality, and are not assisted by prayer, which joins them to God and pours strength into the hearts of men, then they seldom perceive the snares hidden under the innocent appearance and they fall into the trap. It is then very difficult for them to free themselves.

46.13

The two most common means adopted by Satan to conquer souls are sensuality and gluttony. He always starts from material things. Once he has dismantled and subdued the material side, he attacks the spiritual part.

First the morals: thoughts with their pride and greed; then the spirit, obliterating not only its love — which no longer exists when man replaces divine love with other human loves — but also the fear of God. Then man surrenders his body and soul to Satan, only for the sake of enjoying what he wants, and enjoying it more and more.

46.14

You saw how I behaved. Silence and prayer. Silence. Because if Satan performs his work of a seducer and comes close to us, we must put up with the situation without any foolish impatience or cowardly fears. We must react with resolution to his presence, and with prayer to his allurements.

It is useless to debate with Satan. He would win, because he is strong in his dialectics. Only God can beat him. And so you must have recourse to God, that He may speak for you, through you. You must show Satan that Name and that Sign, not so much written on paper or engraved on wood, but written and engraved in your hearts. My Name, My Sign. You should answer back to Satan, using the word of God[1], only when he insinuates that he is like God. He cannot bear that.

46.15

Then after the struggle, there comes victory and the angels serve and defend the winner from Satan’s hatred. They restore him with celestial dews, with the Grace that they pour with full hands into the heart of the faithful son, with a blessing that caresses his soul.

One must be determined to defeat Satan, and have faith in God, and in His help. Faith in the power of prayer, and in the Lord’s bounty. Then Satan can do no harm.

Go in peace. This evening I will gladden you with the remainder.»


Notes

  1. joie et amour se rapportent aux anges, ces esprits purs dont la création et la fonction (qui exclut le privilège, réservé à l’homme, de pouvoir coopérer à la Rédemption, comme cela est précisé en 96.5) seront éclaircies en 266.11 et en note en 428.4. Bien qu’ange rebelle, Lucifer possédait à l’origine les prérogatives des anges. L’œuvre de Maria Valtorta parle de sa chute ou du fait qu’il a été chassé du Ciel – ce qui semble esquissé en Is 14, 12 – au moins dans les passages suivants : 17.3 ; 69.4 ; 96.2 ; 131.2 ; 244.6 ; 265.4 ; 317.4 ; 414.8 ; 448.2 ; 483.3 ; 486.4/5 ; 487.6/7 (sur la faute des anges rebelles sans espoir de rédemption) ; 507.9 ; 515.3 ; 537.7. En ce qui concerne notre passage des tentations de Jésus, Maria Valtorta note sur une copie dactylographiée : «Le caractère de serpent de Lucifer est ici pleinement révélé. Chaque parole est un mensonge et voudrait être séduction, et même son affirmation qu’il demeure encore en lui un reste d’amour alors que c’est la haine et la haine seule, envers Dieu, le Christ et l’homme, qui le pousse à essayer de détruire et d’anéantir le fruit de l’Incarnation. Il a tant de haine que sa malice devient sottise : la sottise de penser pouvoir faire pécher le Christ.» De même que Michel est le nom du prince des anges (note de 376.10), Lucifer est devenu le nom du prince des démons (ou encore Satan et Belzébuth). En 243.9, il est assimilé au Serpent tentateur. Le démon porte encore les noms de Mammon (personnification de la richesse matérielle) et Léviathan (note en 254.1).
  2. la parole de Dieu, que Jésus, en répliquant à Satan, à tiré de : Dt 6, 13.16 ; 8, 3.

Notes

  1. word of God: which Jesus has taken from Deuteronomy 6:13.16; 8:3.