The Writings of Maria Valtorta

481. Arrivée à Engannim.

481. Arrival in Engannim. Judas

481.1

Le temps a vraiment tenu ses promesses et une pluie maussade, fine, persistante s’est installée. Les voyageurs sur les chars s’en sortent bien. Mais ceux qui sont à dos d’âne ou à pied sont trempés et en souffrent ; pour ces derniers, au désagrément de l’eau qui mouille tête et épaules, s’ajoute celui de la boue toujours plus molle qui pénètre dans les sandales, se colle aux chevilles et gicle sur les vêtements. Les pèlerins se sont mis leurs manteaux ou des couvertures sur la tête — et même pliés en double — et ils ressemblent tous à des moines encapuchonnés.

Jésus et Jean, à pied, sont complètement trempés. Mais leur souci est moins de s’abriter eux-mêmes que de protéger les sacs où se trouvent leurs vêtements de rechange. Ils arrivent ainsi à Engannim où ils se mettent à la recherche des apôtres, en se séparant pour les trouver plus vite.

481.2

C’est Jean qui les découvre, ou plutôt qui découvre Jacques, fils de Zébédée. Celui-ci a fait les provisions pour le sabbat.

« Nous étions préoccupés et, si nous ne vous avions pas vus, nous allions revenir sur nos pas malgré le sabbat… Où est le Maître ?

– Il est parti à votre recherche. Le premier qui trouve va près du forgeron.

– Alors… Regarde. Nous sommes dans cette maison, qui appartient à une brave femme avec ses trois filles. Va chercher le Maître, et viens…»

Jacques baisse la voix et murmure en regardant autour de lui :

« Il y a ici beaucoup de pharisiens… et… avec de mauvaises intentions certainement. Ils nous ont demandé pourquoi il n’était pas avec nous. Ils voulaient savoir s’il a pris de l’avance, ou s’il est encore derrière nous. Nous avons commencé par répondre : “ Nous ne savons pas. ”

Ils ne nous ont pas crus. Et c’était normal, car comment pouvions-nous dire, nous, que nous ne savons pas où il est ? Alors Judas, qui n’a pas tant de scrupules, a lancé :

“ Il est parti en avant. ”

Mais ils n’étaient guère convaincus, et posaient des questions : avec qui, avec quoi, quand il nous avait quittés, si on savait que le vendredi précédent il était vers Giscala, de sorte que Judas a repris :

“ A Ptolémaïs, il a pris place sur un navire et nous a donc précédés. Il descendra à Joppé pour entrer à Jérusalem par la Porte de Damas, et il se rendra aussitôt chez Joseph d’Arimathie dans sa maison de Bézéta. ”

– Mais pourquoi tant de mensonges ? demande Jean, scandalisé.

– Qui sait ? C’est ce que nous lui avons dit, nous aussi. Mais il a répondu en riant :

“ Œil pour œil, dent pour dent, et mensonge pour mensonge. Il suffit que le Maître soit sauf. Ils le cherchent pour lui nuire, je le sais. ”

Pierre a fait alors remarquer que donner le nom de Joseph pouvait lui attirer des ennuis. Mais Judas a répliqué :

“ Ils vont courir chez lui et, quand ils verront la stupeur de Joseph, ils comprendront que ce n’est pas vrai. ”

“ Ils vont te haïr alors pour la farce que tu leur as faite… ” avons-nous objecté. Mais lui a ri en disant :

“ Je me moque de leur haine ! Je sais comment la rendre inoffensive… ”

Mais va, Jean. Essaie de trouver le Maître et reviens avec lui. La pluie nous rend service. Les pharisiens restent à l’intérieur des maisons pour ne pas tremper leurs larges vêtements… »

Jean remet le sac à son frère, mais au moment où il va s’éloigner en courant, Jacques le retient pour lui glisser :

« Et ne rapporte pas au Maître les mensonges de Judas. Même dits dans un but qui est bon, ce sont toujours des mensonges, or le Maître les déteste…

– Je n’en parlerai pas. »

Jean part en courant.

Jacques avait raison : les riches sont déjà dans les maisons. Seuls les pauvres gens s’affairent dans les rues, à la recherche d’un abri…

481.3

Jésus se tient sous une entrée, près de la maréchalerie. Jean le rejoint et lui dit :

« Viens vite, je les ai trouvés. Nous pourrons mettre des habits secs. »

Il ne dit rien de plus pour expliquer sa hâte.

Ils ont vite fait d’atteindre la maison, et entrent par la porte, qui n’est que poussée. Juste derrière elle, les onze apôtres entourent Jésus comme s’ils ne l’avaient pas vu depuis plusieurs mois. La maîtresse de la maison, une petite femme fanée, amaigrie, donne un coup d’œil par une porte entrouverte.

« Paix à vous » dit Jésus avec un sourire.

Il les embrasse tous avec la même affection. Tous parlent ensemble, et ont plein de choses à raconter. Mais Pierre crie :

« Silence! Laissez-le tranquille ! Vous ne voyez pas comme il est trempé et fatigué ? »

Puis il se tourne vers le Maître :

« Je t’ai fait préparer un bain chaud et… donne-moi ce manteau mouillé… et les vêtements chauds. Je les ai pris dans ton sac… »

Puis il se tourne vers l’intérieur de la maison et s’écrie :

« Hé ! femme ! Ton Hôte est arrivé. Apporte l’eau, pour le reste, je m’en charge moi-même. »

Alors la femme, timide comme tous les gens qui ont souffert — et son visage laisse deviner combien ce fut le cas — traverse en silence le couloir, suivie des trois jeunes filles aussi fluettes qu’elle et avec la même expression, pour aller à la cuisine prendre les chaudrons d’eau bouillante.

« Viens, Maître. Et toi aussi, Jean. Vous êtes frigorifiés comme des noyés. Mais j’ai fait bouillir du genièvre avec du vinaigre pour le mettre dans l’eau. Cela fait du bien. »

En effet les chaudrons, en passant, ont répandu une odeur de vinaigre et d’aromates.

Jésus entre dans une petite pièce où se trouvent deux grands baquets de bois servant peut-être à la lessive, regarde la femme qui sort avec ses filles, et la salue :

« Paix à toi et à tes filles. Et que le Seigneur te récompense.

– Merci, Seigneur… »

Elle s’éclipse, puis Pierre entre avec Jésus et Jean. Il ferme la porte et murmure :

« Veille à ce qu’elle ne sache pas qui tu es… Nous sommes tous des pèlerins ; toi, tu es un rabbi et nous, tes amis. C’est vrai, au fond… Ce n’est… Hum ! ce n’est qu’une vérité voilée… Il y a trop de pharisiens, et ils s’intéressent trop à toi. Mets-toi en tenue… Ensuite, nous parlerons. »

Puis il sort, les laissant seuls, et revient vers ses compagnons, assis dans une petite pièce.

481.4

« Et maintenant, qu’allons-nous dire au Maître ? Si nous lui révélons que nous avons menti, il sera peiné. Mais… nous ne pouvons pas le lui taire, avance Pierre.

– Mais ne te sacrifie pas! C’est moi qui ai menti, et je le lui dirai.

– Et cela le rendra encore plus triste ! Tu n’as pas vu comme il est malheureux ?

– Si. Mais c’est parce qu’il est fatigué… Du reste… Je pourrai même avouer aux pharisiens : “ Je vous ai menti. ” Ce ne sont que des broutilles. L’important, c’est que lui, il n’ait pas à souffrir.

– A ta place, je ne dirais rien à personne. Si tu en parles à Jésus, tu n’arriveras pas à le garder caché. Si tu les informes, eux, tu n’arriveras pas à le sauver de leurs pièges… observe Philippe.

– Nous verrons bien » déclare Judas avec assurance.

481.5

Peu après, Jésus rentre avec des vêtements secs, revigoré par le bain, et suivi de Jean.

Ils échangent sur tout ce qui est arrivé au groupe des apôtres ainsi qu’au Maître et à Jean. Mais personne ne parle des pharisiens, jusqu’au moment où Judas intervient :

« Maître, je suis certain que tu es recherché par ceux qui te haïssent. Et pour te sauver, j’ai répandu le bruit que tu ne vas pas à Jérusalem par les chemins habituels, mais par mer jusqu’à Joppé. Ils vont se diriger de ce côté, ha ! ha !

– Mais pourquoi mentir ?

– Et eux, pourquoi mentent-ils ?

– Eux, ce sont eux, et toi, tu n’es pas, tu ne devrais pas être comme eux…

– Maître, je ne suis que ceci : un homme qui les connaît et qui t’aime. Veux-tu ta perte ? Moi, je suis prêt à l’empêcher. Ecoute-moi bien, et sens mon cœur dans mes paroles. Demain, tu ne sors pas d’ici…

– Demain, c’est le sabbat…

– C’est bien. Mais tu ne sors pas d’ici. Tu te reposes, tu…

– Tout, sauf le péché, Judas. Aucune considération ne me fera accepter de manquer à la sanctification du sabbat.

– Eux…

– Qu’ils fassent ce qu’ils veulent. Moi, je ne pécherai pas. Si cela m’arrivait, outre ma faute qui pèserait sur moi, je mettrais entre leurs mains une arme pour me perdre. Tu ne te souviens pas qu’ils prétendent déjà que je suis un profanateur du sabbat ?

– Le Maître a raison, disent les autres.

– C’est bien… Tu feras ce que tu veux pour le sabbat, mais pour la route, non. Ne suivons pas le chemin de tout le monde, Maître. Ecoute-moi, désoriente-les…

481.6

– Mais, enfin ! Que sais-tu de précis, toi qui parles ? » s’écrie Simon en agitant ses bras courts. « Maître, ordonne-lui de parler !

– Paix, Simon ! Si ton frère a eu connaissance d’un danger, peut-être en ayant pris lui-même un risque, et qu’il nous en avertit, nous ne devons pas le traiter en ennemi, mais lui en être reconnaissant. S’il ne peut tout révéler parce que cela pourrait compromettre des tierces personnes pas assez courageuses pour prendre l’initiative de parler, mais encore assez honnêtes pour ne pas permettre un crime, pourquoi voulez-vous le forcer à parler ? Laissez-le donc s’exprimer et, moi, je prendrai ce qu’il y a de bon dans son projet en repoussant ce qui pourrait ne pas l’être. Parle, Judas.

– Merci, Maître. Toi seul me connais vraiment pour ce que je suis. Je disais donc : nous pourrons marcher en sécurité à l’intérieur des frontières de la Samarie. Là bas, Rome commande plus fermement qu’en Galilée et qu’en Judée, et eux, qui te haïssent, ne veulent pas d’ennuis avec Rome. Pourtant, toujours pour désorienter les espions, je conseille de ne pas suivre le chemin direct, mais en sortant d’ici, de prendre la direction de Dothaïn puis, sans rejoindre la Samarie, de couper le pays et de passer par Sichem, puis de descendre à Ephraïm, par l’Adomin et le Carit, et de là à Béthanie.

– C’est une route longue et difficile, surtout s’il pleut.

– Périlleuse ! L’Adomin…

– On dirait que tu recherches le danger… »

Les apôtres ne sont guère enthousiastes. Mais Jésus dit :

« Judas a raison. Nous prendrons ce chemin. Nous aurons le temps de nous reposer ensuite. J’ai encore autre chose à faire avant que l’heure n’arrive et ne soit achevée ; je ne dois donc pas, par sottise, me livrer entre leurs mains avant que tout ne soit accompli. Nous passerons ainsi chez Lazare. Il est certainement très malade, et il m’attend… Vous, mangez. Moi, je me retire. Je suis fatigué…

– Pas même un peu de nourriture ! Tu ne serais pas malade ?

– Non, Simon. Mais cela fait sept jours que je ne dors pas dans un lit. Adieu, mes amis. Que la paix soit avec vous… »

Et il se retire.

481.7

Judas jubile :

« Vous avez vu ? Lui, il est humble et juste et ne repousse pas ce qu’il sent être bon…

– Oui… mais… Penses-tu qu’il soit content ? Vraiment content ?

– Je ne le crois pas… Mais il comprend que j’ai raison…

– Je voudrais savoir comment tu as fait pour apprendre tant de choses. Et pourtant… tu es toujours resté avec nous !…

– Oui, et vous me surveillez comme une bête dangereuse. Je le sais, mais cela ne fait rien. Rappelez-vous cela : même un mendiant, même un voleur peut servir pour s’informer, et même une femme. J’ai parlé avec un mendiant, et je lui ai donné l’aumône. Avec un voleur, et j’ai découvert… Avec une… femme, et… que de choses peut savoir une femme ! »

Les apôtres se regardent avec stupéfaction. Ils s’interrogent du regard. Quand ? Où Judas a-t-il su et approché quelqu’un ?…

Il rit et dit :

« J’ai même parlé avec un soldat ! Oui, car la femme en avait tant dit qu’elle m’a envoyé chez le soldat. J’ai obtenu la confirmation que je désirais, et j’ai fait savoir… Tout est permis quand c’est nécessaire, même les courtisanes et les troupes !

– Tu es… tu es !… dit Barthélemy, en retenant ce qu’il allait dire.

– Oui, je suis moi. Rien de plus que moi. Un pécheur pour vous. Mais moi, avec tous mes péchés, je sers le Maître mieux que vous. D’ailleurs… si une courtisane sait ce que veulent faire les ennemis de Jésus, c’est signe qu’ils vont chez elles ou les font venir — qu’elles soient danseuses ou mimes —, pour s’amuser… Et s’ils les ont auprès d’eux… je peux les avoir moi aussi. Cela m’a servi, vous voyez ? Pensez que Jésus pouvait être pris aux frontières de la Judée. Et reconnaissez que je suis sage de l’avoir évité… »

481.8

Songeurs, tous mangent machinalement. Puis Barthélemy se lève.

« Où vas-tu ?

– Le trouver… Je ne suis pas sûr qu’il dorme. Je vais lui apporter du lait chaud… et je verrai. »

Il sort, reste absent un moment, puis revient.

« Il était assis sur le lit… et il pleurait… Tu l’as peiné, Judas. Je le pensais bien.

– C’est lui qui l’a dit ? Je vais m’expliquer.

– Non. Il ne l’a pas dit. Au contraire, il a soutenu que tu as tes mérites, toi aussi. Mais je l’ai compris. N’y va pas. Laisse-le en paix.

– Vous êtes tous des imbéciles. Il souffre parce qu’il est persécuté, entravé dans sa mission. Voilà ce qu’il y a » lance Judas, révolté.

Et Jean confirme :

« C’est vrai. Il a pleuré avant même de vous rejoindre. Il souffre beaucoup, et aussi pour sa Mère, pour ses frères, pour les paysans malheureux. Il a tant de souffrances !…

– Raconte, raconte…

– Quitter sa Mère, c’est une souffrance. Voir qu’on ne le comprend pas, que personne ne le comprend, c’est une souffrance. Voir que les serviteurs de Yokhanan…

– Hé ! oui ! C’est vraiment un crève-cœur de les voir, eux… Je suis content que Marziam ne les ait pas rencontrés. Il aurait souffert et haï le pharisien… dit Pierre.

– Mes frères ont-ils encore peiné Jésus ? demande sévèrement Jude.

– Non, au contraire ! Ils se sont vus et ont parlé affectueusement, puis ils se sont quittés en paix et avec de bonnes promesses. Mais il les voudrait… comme nous… et plus que nous tous… Il nous voudrait tous convaincus de son Règne et de la vraie nature de son Royaume. Or nous… »

Jean n’en dit pas davantage… Et le silence descend dans la petite pièce, autour de la lampe à deux becs, qui éclaire douze visages diversement pensifs.

481.1

The weather has really kept its promise and turned into a gloomy persistent drizzle. Those who are in wagons are well pro­tected. But those who are travelling on foot or on donkeys get wet and are annoyed at it, particularly those who are troubled not only by the water wetting their heads and shoulders, but also by the mud which is becoming more and more watery and thus soaks into their sandals, sticks to their ankles and splashes their garments. The pilgrims have pulled over their heads mantles or blankets, which they have folded double, and they look like hooded monks.

Jesus and John, who are on foot, are drenched. But they take more care in protecting their bags, containing their spare clothes, than themselves. They arrive thus at Engannim and they begin to look for the apostles, separating, in order to find them sooner.

481.2

And it is John who finds them, that is, he finds James of Zebedee who had purchased provisions for the Sabbath.

«We were worried. And if you had not come, we were going to walk back, notwithstanding that it was the Sabbath… Where is the Master?»

«He is looking for you. The first to find you is to go near the blacksmith’s.»

«Then… Look. We are staying in that house. She is a good woman with three daughters. Go to the Master at once and come back…» James lowers his voice and whispers looking around: «There are many Pharisees… and… they are certainly evil-minded. They asked us why He was not with us. They wanted to know whether He had gone ahead or was behind. At first we said: “We do not know”. They did not believe us. And they were right, because how can we say that we do not know where He is? Then the Iscariot – he is not so scrupulous – said: “He is ahead of us” and as they were not convinced and asked with whom, with what, when He had gone, because they knew that last Friday He was near Giscala, he said: “He embarked at Ptolemais and so He preceded us. He will land at Joppa and will enter Jerusalem by the Damascus Gate, and will go at once to see Joseph of Arimathea in his house in Bezetha”.»

«But why so many lies?» asks John who is scandalised.

«Who knows?! We told him as well. But he laughed saying: “Eye for eye, tooth for tooth, and lie for lie. Provided the Master is safe. They are looking for Him to hurt Him. I know”. Peter pointed out that by mentioning Joseph’s name he might cause trouble for him. But Judas replied: “They will rush there and seeing Joseph’s astonishment they will realise that it is not true”. “They will hate you, then, for making fools of them…” we objected. But he laughed and said: “Oh! I do not give a fig for their hatred. I know how to make it harmless…”. But go, John. Try to find the Master and come with Him. The rain is helping us as the Pharisees are indoors in order not to wet their bulky garments…»

John gives his brother his bag and is about to run away, but James holds him back to say to him: «And do not mention Judas’ lies to the Master. Even if they were told for a good purpose, they are still lies. And the Master hates falsehood…»

«I will not tell Him» and John runs away.

What James said is true. Rich people are already at home. Only poor people are bustling about in the streets, looking for shelter…

481.3

Jesus is in a lobby near the forge. John approaches Him and says: «Come quickly. I found them. We shall be able to put on dry clothes.» He does not say anything else to justify his hurry.

They soon arrive at the house. They go in through the door left ajar. Immediately behind it are the eleven apostles who crowd around Jesus, as if they had not seen Him for months. The landlady, a little withered shrunken woman, peeps at them through a door ajar.

«Peace to you» says Jesus smiling and He embraces them all with the same fondness.

They all speak at the same time wishing to tell Him so many things. And Peter shouts: «Be quiet! And let Him go. Don’t you see how wet and tired He is?» And he says to the Master: «I had a warm bath prepared for You… and give me Your wet mantle… and warm clothes. I took them from Your bag…» He then turns round towards the inner part of the house and he shouts: «Hey! woman! The Guest has arrived. Bring the water, because I will see to the rest.»

And the woman, as timid as everybody who has suffered – and it is clear from her countenance that she has suffered – passes through the corridor silently, followed by three girls who are like her in thinness and countenance, to go into the kitchen and get the cauldrons full of boiling water.

«Come, Master. And you, too, John. You are as cold as drowned bodies. I had some juniper boiled with vinegar and I put it in the water. It is good for you.» Infact the smell of vinegar and other aromas has spread from the cauldrons as they passed by.

Jesus, upon entering the little room in which are two large tubs (that is two small wooden vats probably used as wash-tubs) looks at the woman going out with her daughters and He greets her: «Peace to you and to your daughters. And may the Lord reward you.»

«Thank You, Lord…» she replies and she slips away.

Peter goes in with Jesus and John. He closes the door and whispers: «Remember that she does not know Who You are… We are pilgrims… all of us, and You are a rabbi, we are Your friends. Which is true, after all… It isn’t… H’m! of course! it is but a half­hidden truth… Too many Pharisees… and too interested in You. Act accordingly… we shall speak later» and he leaves them alone and goes back to his companions who are sitting in a little room.

481.4

«And now? What shall we tell the Master? If we tell Him that we lied He will be grieved. But… we cannot hide the truth from Him» says Peter.

«Do not sacrifice yourself! I lied and I will tell Him.»

«And you will make Him even sadder. Have you not noticed how depressed He is?»

«Yes, I have. But that is because He is tired… In any case… I can also say to the Pharisees: “I told you a lie”. That is a trifle. The im­portant thing is that He may not suffer.»

«I would not say anything to anybody. If you tell Him, you will not keep it a secret. If you tell them, you will not be able to save Him from their snares…» remarks Philip.

«We shall see» says Judas confidently.

481.5

A short time later Jesus comes in wearing dry clothes and refreshed by the bath. John follows Him.

They speak of everything that happened to the apostolic group and to the Master and John. But no one mentions the Pharisees un­til Judas says: «Master, I know for certain that those who hate You are looking for You. And in order to save You I spread the rumour that You are not going to Jerusalem along the usual route, but by sea as far as Joppa… They will rush there, aha! aha!»

«But why lie?»

«And why do they lie?»

«But they are they, and you are not, you ought not be like them…»

«Master, I am only one thing: one who knows them and who is fond of You. Do You want to be ruined? I am ready to prevent that. Listen to me carefully and hear my heart speak to You through my words. You shall not go out of here tomorrow…»

«Tomorrow is the Sabbath…»

«All right. But You shall not go out. You will rest, You…»

«Everything but sin, Judas. No consideration will make Me agree to neglect sanctifying the Sabbath.»

«They…»

«Let them do what they want. I will not sin. If I did, in addition to My sin which would weigh on Me, I would put in their hands a weapon to ruin Me. Do you not remember that they already say that I violate the Sabbath?»

«The Master is right» say the others.

«All right… You can do what You like on the Sabbath. But not with regards to the road. Do not let us take the road that everybody takes, Master. Listen to me. Disorientate them…»

481.6

«Now, listen! What do you know exactly, since you speak so much?» shouts Simon shaking his short arms. «Master, tell him to speak!»

«Peace, Simon. If your brother has got knowledge of a danger, which may be a risk for him, too, and he warns us about it, we must not treat him as an enemy, but we must be grateful to him. If he cannot tell us everything, because that might involve third per­sons who are not bold enough to take the initiative in speaking, but are still honest enough not to allow a crime, why do you want to force him to speak? So let him speak, and I will accept what is good in his project and reject what might not be good. Speak, Judas.»

«Thanks, Master. You are the only One Who knows me for what I am. I was saying. We could proceed safely within the borders of Samaria. Because Rome rules more in Samaria than in Galilee and Judaea and those who hate You, do not wish to get into trouble with Rome. But I say that in order to puzzle spies we should not follow the direct route, but, departing from here, we should turn our steps towards Dothan and then, without going to Samaria, we should cut across the country and pass through Shechem, then down to Ephraim, along Mount Adummim and Cherith and then proceed to Bethany.»

«A long and difficult road, particularly if it rains.» «Dangerous! The Adummim…»

«You seem to be seeking danger…»

The apostles are not enthusiastic. But Jesus says: «Judas is right. We shall go that way. Afterwards we shall have time to rest. I have still other things to do before the hour comes and is perfect, and I must not, out of stupidity, put Myself in their hands, until everything is accomplished. We shall thus call on Lazarus. He is certainly very ill and is waiting for Me… You may have your meal. I am withdrawing. I am tired…»

«Not even a little food? You are not ill, are You?»

«No, Simon. But I have not slept in a bed for seven nights. Good­bye, My friends. Peace be with you…» And he withdraws.

481.7

Judas is overjoyed: «See? He is humble and just and He does not reject what He feels is right…»

«Yes… but… Do you think that He is happy? Really happy?» «I don’t… But He realises that I am right…»

«I would like to know how you managed to become acquainted with so many things. And yet… you have always been with us!…»

«Yes. And you watch over me as if I were a dangerous beast. I know. But it does not matter. Bear this in mind: also a beggar, and even a thief may be useful to find out things, and a woman as well. I spoke to a beggar and I helped him. And I spoke to a robber and I found out… And to… a woman and… how many things a woman may know!»

The astonished apostles look at one another. They cast in­quisitive glances at one another. When? Where did Judas find out and get in touch with?…

He laughs and says: «And I spoke to a soldier! Yes. Because the woman had said so much as to make me go to the soldier. And he confirmed. And I made people know… Everything is permitted when it is necessary: also courtesans and soldiers!»

«You are… you are…!» exclaims Bartholomew repressing what he was about to say.

«Yes. I am I. Nothing more than myself. A sinner according to you. But I, with all my sins, serve the Master much better than you do. In any case… If a courtesan knows what Jesus’ enemies want to do, it means that they go to courtesans or they have them, ballerine or mimes, to amuse themselves… And if they have them close at hand… I can have them as well. See? She… she was useful to me. You must consider that at the borders of Judaea He might have been caught. And since I avoided that you ought to say that I was wise…»

481.8

They are all pensive and take their food listlessly. Then Bartholomew stands up.

«Where are you going?»

«To look for Him… I do not believe that He is sleeping. I will take Him some warm milk… and I shall see.»

He goes out and is absent for some time. He comes back.

«He was sitting on the bed… and was weeping… You have grieved Him, Judas. Just as I thought.»

«Did He say that? I will go and explain.»

«No. He did not say that. On the contrary He said that you have your merits, too. But I understood Him. Do not go. Leave Him in peace.»

«You are all fools. He suffers because He is persecuted and hindered in His mission. That is the reason» replies Judas in a rebellious tone.

And John confirms: «That is true. He wept also before joining you. He is suffering bitterly, also because of His Mother, His brothers, the unhappy peasants. Oh! such deep grief!…»

«Tell us…»

«It is grievous to leave His Mother… and to see that He is not understood, that no one understands Him. And it grieves Him that Johanan’s peasants…»

«Yes! It is really sad to see them!… I am glad that Marjiam did not see them. He would have suffered and hated the Pharisee…» says Peter.

«But have my brothers made Jesus suffer again?» asks Judas Thaddeus severely.

«No, on the contrary. They met and spoke affectionately and they parted in peace and with good promises. But He would like them to be like us… and more than us all… He would like us all to be convinced of His Kingdom and of its nature. And we…» But John says no more… And silence descends upon the little room lit up by a double-flame lamp which illuminates twelve differently pensive faces.