Gli Scritti di Maria Valtorta

481. Arrivée à Engannim.

481. Arrivo ad Engannim. Macchinazioni

481.1

Le temps a vraiment tenu ses promesses et une pluie maussade, fine, persistante s’est installée. Les voyageurs sur les chars s’en sortent bien. Mais ceux qui sont à dos d’âne ou à pied sont trempés et en souffrent ; pour ces derniers, au désagrément de l’eau qui mouille tête et épaules, s’ajoute celui de la boue toujours plus molle qui pénètre dans les sandales, se colle aux chevilles et gicle sur les vêtements. Les pèlerins se sont mis leurs manteaux ou des couvertures sur la tête — et même pliés en double — et ils ressemblent tous à des moines encapuchonnés.

Jésus et Jean, à pied, sont complètement trempés. Mais leur souci est moins de s’abriter eux-mêmes que de protéger les sacs où se trouvent leurs vêtements de rechange. Ils arrivent ainsi à Engannim où ils se mettent à la recherche des apôtres, en se séparant pour les trouver plus vite.

481.2

C’est Jean qui les découvre, ou plutôt qui découvre Jacques, fils de Zébédée. Celui-ci a fait les provisions pour le sabbat.

« Nous étions préoccupés et, si nous ne vous avions pas vus, nous allions revenir sur nos pas malgré le sabbat… Où est le Maître ?

– Il est parti à votre recherche. Le premier qui trouve va près du forgeron.

– Alors… Regarde. Nous sommes dans cette maison, qui appartient à une brave femme avec ses trois filles. Va chercher le Maître, et viens…»

Jacques baisse la voix et murmure en regardant autour de lui :

« Il y a ici beaucoup de pharisiens… et… avec de mauvaises intentions certainement. Ils nous ont demandé pourquoi il n’était pas avec nous. Ils voulaient savoir s’il a pris de l’avance, ou s’il est encore derrière nous. Nous avons commencé par répondre : “ Nous ne savons pas. ”

Ils ne nous ont pas crus. Et c’était normal, car comment pouvions-nous dire, nous, que nous ne savons pas où il est ? Alors Judas, qui n’a pas tant de scrupules, a lancé :

“ Il est parti en avant. ”

Mais ils n’étaient guère convaincus, et posaient des questions : avec qui, avec quoi, quand il nous avait quittés, si on savait que le vendredi précédent il était vers Giscala, de sorte que Judas a repris :

“ A Ptolémaïs, il a pris place sur un navire et nous a donc précédés. Il descendra à Joppé pour entrer à Jérusalem par la Porte de Damas, et il se rendra aussitôt chez Joseph d’Arimathie dans sa maison de Bézéta. ”

– Mais pourquoi tant de mensonges ? demande Jean, scandalisé.

– Qui sait ? C’est ce que nous lui avons dit, nous aussi. Mais il a répondu en riant :

“ Œil pour œil, dent pour dent, et mensonge pour mensonge. Il suffit que le Maître soit sauf. Ils le cherchent pour lui nuire, je le sais. ”

Pierre a fait alors remarquer que donner le nom de Joseph pouvait lui attirer des ennuis. Mais Judas a répliqué :

“ Ils vont courir chez lui et, quand ils verront la stupeur de Joseph, ils comprendront que ce n’est pas vrai. ”

“ Ils vont te haïr alors pour la farce que tu leur as faite… ” avons-nous objecté. Mais lui a ri en disant :

“ Je me moque de leur haine ! Je sais comment la rendre inoffensive… ”

Mais va, Jean. Essaie de trouver le Maître et reviens avec lui. La pluie nous rend service. Les pharisiens restent à l’intérieur des maisons pour ne pas tremper leurs larges vêtements… »

Jean remet le sac à son frère, mais au moment où il va s’éloigner en courant, Jacques le retient pour lui glisser :

« Et ne rapporte pas au Maître les mensonges de Judas. Même dits dans un but qui est bon, ce sont toujours des mensonges, or le Maître les déteste…

– Je n’en parlerai pas. »

Jean part en courant.

Jacques avait raison : les riches sont déjà dans les maisons. Seuls les pauvres gens s’affairent dans les rues, à la recherche d’un abri…

481.3

Jésus se tient sous une entrée, près de la maréchalerie. Jean le rejoint et lui dit :

« Viens vite, je les ai trouvés. Nous pourrons mettre des habits secs. »

Il ne dit rien de plus pour expliquer sa hâte.

Ils ont vite fait d’atteindre la maison, et entrent par la porte, qui n’est que poussée. Juste derrière elle, les onze apôtres entourent Jésus comme s’ils ne l’avaient pas vu depuis plusieurs mois. La maîtresse de la maison, une petite femme fanée, amaigrie, donne un coup d’œil par une porte entrouverte.

« Paix à vous » dit Jésus avec un sourire.

Il les embrasse tous avec la même affection. Tous parlent ensemble, et ont plein de choses à raconter. Mais Pierre crie :

« Silence! Laissez-le tranquille ! Vous ne voyez pas comme il est trempé et fatigué ? »

Puis il se tourne vers le Maître :

« Je t’ai fait préparer un bain chaud et… donne-moi ce manteau mouillé… et les vêtements chauds. Je les ai pris dans ton sac… »

Puis il se tourne vers l’intérieur de la maison et s’écrie :

« Hé ! femme ! Ton Hôte est arrivé. Apporte l’eau, pour le reste, je m’en charge moi-même. »

Alors la femme, timide comme tous les gens qui ont souffert — et son visage laisse deviner combien ce fut le cas — traverse en silence le couloir, suivie des trois jeunes filles aussi fluettes qu’elle et avec la même expression, pour aller à la cuisine prendre les chaudrons d’eau bouillante.

« Viens, Maître. Et toi aussi, Jean. Vous êtes frigorifiés comme des noyés. Mais j’ai fait bouillir du genièvre avec du vinaigre pour le mettre dans l’eau. Cela fait du bien. »

En effet les chaudrons, en passant, ont répandu une odeur de vinaigre et d’aromates.

Jésus entre dans une petite pièce où se trouvent deux grands baquets de bois servant peut-être à la lessive, regarde la femme qui sort avec ses filles, et la salue :

« Paix à toi et à tes filles. Et que le Seigneur te récompense.

– Merci, Seigneur… »

Elle s’éclipse, puis Pierre entre avec Jésus et Jean. Il ferme la porte et murmure :

« Veille à ce qu’elle ne sache pas qui tu es… Nous sommes tous des pèlerins ; toi, tu es un rabbi et nous, tes amis. C’est vrai, au fond… Ce n’est… Hum ! ce n’est qu’une vérité voilée… Il y a trop de pharisiens, et ils s’intéressent trop à toi. Mets-toi en tenue… Ensuite, nous parlerons. »

Puis il sort, les laissant seuls, et revient vers ses compagnons, assis dans une petite pièce.

481.4

« Et maintenant, qu’allons-nous dire au Maître ? Si nous lui révélons que nous avons menti, il sera peiné. Mais… nous ne pouvons pas le lui taire, avance Pierre.

– Mais ne te sacrifie pas! C’est moi qui ai menti, et je le lui dirai.

– Et cela le rendra encore plus triste ! Tu n’as pas vu comme il est malheureux ?

– Si. Mais c’est parce qu’il est fatigué… Du reste… Je pourrai même avouer aux pharisiens : “ Je vous ai menti. ” Ce ne sont que des broutilles. L’important, c’est que lui, il n’ait pas à souffrir.

– A ta place, je ne dirais rien à personne. Si tu en parles à Jésus, tu n’arriveras pas à le garder caché. Si tu les informes, eux, tu n’arriveras pas à le sauver de leurs pièges… observe Philippe.

– Nous verrons bien » déclare Judas avec assurance.

481.5

Peu après, Jésus rentre avec des vêtements secs, revigoré par le bain, et suivi de Jean.

Ils échangent sur tout ce qui est arrivé au groupe des apôtres ainsi qu’au Maître et à Jean. Mais personne ne parle des pharisiens, jusqu’au moment où Judas intervient :

« Maître, je suis certain que tu es recherché par ceux qui te haïssent. Et pour te sauver, j’ai répandu le bruit que tu ne vas pas à Jérusalem par les chemins habituels, mais par mer jusqu’à Joppé. Ils vont se diriger de ce côté, ha ! ha !

– Mais pourquoi mentir ?

– Et eux, pourquoi mentent-ils ?

– Eux, ce sont eux, et toi, tu n’es pas, tu ne devrais pas être comme eux…

– Maître, je ne suis que ceci : un homme qui les connaît et qui t’aime. Veux-tu ta perte ? Moi, je suis prêt à l’empêcher. Ecoute-moi bien, et sens mon cœur dans mes paroles. Demain, tu ne sors pas d’ici…

– Demain, c’est le sabbat…

– C’est bien. Mais tu ne sors pas d’ici. Tu te reposes, tu…

– Tout, sauf le péché, Judas. Aucune considération ne me fera accepter de manquer à la sanctification du sabbat.

– Eux…

– Qu’ils fassent ce qu’ils veulent. Moi, je ne pécherai pas. Si cela m’arrivait, outre ma faute qui pèserait sur moi, je mettrais entre leurs mains une arme pour me perdre. Tu ne te souviens pas qu’ils prétendent déjà que je suis un profanateur du sabbat ?

– Le Maître a raison, disent les autres.

– C’est bien… Tu feras ce que tu veux pour le sabbat, mais pour la route, non. Ne suivons pas le chemin de tout le monde, Maître. Ecoute-moi, désoriente-les…

481.6

– Mais, enfin ! Que sais-tu de précis, toi qui parles ? » s’écrie Simon en agitant ses bras courts. « Maître, ordonne-lui de parler !

– Paix, Simon ! Si ton frère a eu connaissance d’un danger, peut-être en ayant pris lui-même un risque, et qu’il nous en avertit, nous ne devons pas le traiter en ennemi, mais lui en être reconnaissant. S’il ne peut tout révéler parce que cela pourrait compromettre des tierces personnes pas assez courageuses pour prendre l’initiative de parler, mais encore assez honnêtes pour ne pas permettre un crime, pourquoi voulez-vous le forcer à parler ? Laissez-le donc s’exprimer et, moi, je prendrai ce qu’il y a de bon dans son projet en repoussant ce qui pourrait ne pas l’être. Parle, Judas.

– Merci, Maître. Toi seul me connais vraiment pour ce que je suis. Je disais donc : nous pourrons marcher en sécurité à l’intérieur des frontières de la Samarie. Là bas, Rome commande plus fermement qu’en Galilée et qu’en Judée, et eux, qui te haïssent, ne veulent pas d’ennuis avec Rome. Pourtant, toujours pour désorienter les espions, je conseille de ne pas suivre le chemin direct, mais en sortant d’ici, de prendre la direction de Dothaïn puis, sans rejoindre la Samarie, de couper le pays et de passer par Sichem, puis de descendre à Ephraïm, par l’Adomin et le Carit, et de là à Béthanie.

– C’est une route longue et difficile, surtout s’il pleut.

– Périlleuse ! L’Adomin…

– On dirait que tu recherches le danger… »

Les apôtres ne sont guère enthousiastes. Mais Jésus dit :

« Judas a raison. Nous prendrons ce chemin. Nous aurons le temps de nous reposer ensuite. J’ai encore autre chose à faire avant que l’heure n’arrive et ne soit achevée ; je ne dois donc pas, par sottise, me livrer entre leurs mains avant que tout ne soit accompli. Nous passerons ainsi chez Lazare. Il est certainement très malade, et il m’attend… Vous, mangez. Moi, je me retire. Je suis fatigué…

– Pas même un peu de nourriture ! Tu ne serais pas malade ?

– Non, Simon. Mais cela fait sept jours que je ne dors pas dans un lit. Adieu, mes amis. Que la paix soit avec vous… »

Et il se retire.

481.7

Judas jubile :

« Vous avez vu ? Lui, il est humble et juste et ne repousse pas ce qu’il sent être bon…

– Oui… mais… Penses-tu qu’il soit content ? Vraiment content ?

– Je ne le crois pas… Mais il comprend que j’ai raison…

– Je voudrais savoir comment tu as fait pour apprendre tant de choses. Et pourtant… tu es toujours resté avec nous !…

– Oui, et vous me surveillez comme une bête dangereuse. Je le sais, mais cela ne fait rien. Rappelez-vous cela : même un mendiant, même un voleur peut servir pour s’informer, et même une femme. J’ai parlé avec un mendiant, et je lui ai donné l’aumône. Avec un voleur, et j’ai découvert… Avec une… femme, et… que de choses peut savoir une femme ! »

Les apôtres se regardent avec stupéfaction. Ils s’interrogent du regard. Quand ? Où Judas a-t-il su et approché quelqu’un ?…

Il rit et dit :

« J’ai même parlé avec un soldat ! Oui, car la femme en avait tant dit qu’elle m’a envoyé chez le soldat. J’ai obtenu la confirmation que je désirais, et j’ai fait savoir… Tout est permis quand c’est nécessaire, même les courtisanes et les troupes !

– Tu es… tu es !… dit Barthélemy, en retenant ce qu’il allait dire.

– Oui, je suis moi. Rien de plus que moi. Un pécheur pour vous. Mais moi, avec tous mes péchés, je sers le Maître mieux que vous. D’ailleurs… si une courtisane sait ce que veulent faire les ennemis de Jésus, c’est signe qu’ils vont chez elles ou les font venir — qu’elles soient danseuses ou mimes —, pour s’amuser… Et s’ils les ont auprès d’eux… je peux les avoir moi aussi. Cela m’a servi, vous voyez ? Pensez que Jésus pouvait être pris aux frontières de la Judée. Et reconnaissez que je suis sage de l’avoir évité… »

481.8

Songeurs, tous mangent machinalement. Puis Barthélemy se lève.

« Où vas-tu ?

– Le trouver… Je ne suis pas sûr qu’il dorme. Je vais lui apporter du lait chaud… et je verrai. »

Il sort, reste absent un moment, puis revient.

« Il était assis sur le lit… et il pleurait… Tu l’as peiné, Judas. Je le pensais bien.

– C’est lui qui l’a dit ? Je vais m’expliquer.

– Non. Il ne l’a pas dit. Au contraire, il a soutenu que tu as tes mérites, toi aussi. Mais je l’ai compris. N’y va pas. Laisse-le en paix.

– Vous êtes tous des imbéciles. Il souffre parce qu’il est persécuté, entravé dans sa mission. Voilà ce qu’il y a » lance Judas, révolté.

Et Jean confirme :

« C’est vrai. Il a pleuré avant même de vous rejoindre. Il souffre beaucoup, et aussi pour sa Mère, pour ses frères, pour les paysans malheureux. Il a tant de souffrances !…

– Raconte, raconte…

– Quitter sa Mère, c’est une souffrance. Voir qu’on ne le comprend pas, que personne ne le comprend, c’est une souffrance. Voir que les serviteurs de Yokhanan…

– Hé ! oui ! C’est vraiment un crève-cœur de les voir, eux… Je suis content que Marziam ne les ait pas rencontrés. Il aurait souffert et haï le pharisien… dit Pierre.

– Mes frères ont-ils encore peiné Jésus ? demande sévèrement Jude.

– Non, au contraire ! Ils se sont vus et ont parlé affectueusement, puis ils se sont quittés en paix et avec de bonnes promesses. Mais il les voudrait… comme nous… et plus que nous tous… Il nous voudrait tous convaincus de son Règne et de la vraie nature de son Royaume. Or nous… »

Jean n’en dit pas davantage… Et le silence descend dans la petite pièce, autour de la lampe à deux becs, qui éclaire douze visages diversement pensifs.

481.1

Il tempo ha proprio mantenuto le sue promesse e si è risolto in un’acqua uggiosa, minuta, persistente. Chi è sui carri si difende bene. Ma chi è a piedi o sui somarelli si bagna e ne ha molestia, soprattutto chi all’uggia dell’acqua, che gli bagna la testa e le spalle, unisce quella della fanghiglia sempre più molle che penetra nei sandali, si incrosta alle caviglie e schizza sulle vesti. I pellegrini si sono tirati sul capo, magari piegati a due doppi, i mantelli o delle coperte, e sembrano tutti tanti frati incappucciati.

Gesù e Giovanni, a piedi, sono ben bagnati. Ma si preoccupano più di proteggere le sacche, dove sono le vesti di ricambio, che se stessi. Così giungono ad Engannim e si danno a cercare gli apostoli, dividendosi per trovarli prima.

481.2

È Giovanni quello che li trova, ossia trova Giacomo di Zebedeo, che ha fatto le provviste per il sabato.

«Eravamo in pensiero. E, se non vi vedevamo, tornavamo indietro nonostante il sabato… Dove è il Maestro?».

«È andato a cercarvi. Chi primo trova va presso il fabbro».

«Allora… Guarda. Noi siamo in quella casa. Una buona donna con tre figlie. Va’ subito dal Maestro e vieni…». Giacomo abbassa la voce e bisbiglia guardandosi intorno: «Ci sono molti farisei… e… con male intenzioni certo. Ci hanno interrogato perché Egli non era con noi. Volevano sapere se è andato avanti o se è indietro. Abbiamo detto prima: “Non sappiamo”. Non ci hanno creduto. Ed era giusto, perché come possiamo dire, noi, che non sappiamo dove Egli è? Allora l’Iscariota, lui non ha tanti scrupoli, ha detto: “È andato avanti”; e posto che non erano persuasi e facevano domande con chi, con che, quando era andato, se era noto che l’altro venerdì era verso Giscala, ha detto: “A Tolemaide prese posto su una nave e ci ha preceduti, perciò. Scenderà a Joppe entrando a Gerusalemme per la porta di Damasco, per andare subito da Giuseppe d’Arimatea nella sua casa di Bezeta”».

«Ma perché tante menzogne?», chiede scandalizzato ­Gio­vanni.

«Mah! Glielo abbiamo detto anche noi. Ma ha riso dicendo: “Occhio per occhio, dente per dente, e menzogna per menzogna. Basta sia salvo il Maestro. Lo cercano per nuocergli. Lo so”. Pietro gli ha osservato che fare il nome di Giuseppe poteva dare noie allo stesso. Ma Giuda ha risposto: “Correranno là e, vedendo lo stupore di Giuseppe, capiranno che non è vero”. “Ti odieranno, allora, per la beffa che hai loro fatta…”, abbiamo obbiettato. Ma lui ha riso dicendo: “Oh! me ne rido del loro odio. So come tenerlo innocuo…”. Ma va’, Giovanni. Cerca di trovare il Maestro e vieni con Lui. L’acqua ci serve. I farisei sono nelle case per non bagnarsi le immense vesti…».

Giovanni dà al fratello la sacca e fa per correre via. Ma Giacomo lo trattiene per dirgli: «E non dire al Maestro le menzogne di Giuda. Anche se dette a scopo buono, sono sempre menzogne. E il Maestro odia la menzogna…».

«Non lo dirò», e Giovanni corre via.

Giacomo ha detto giusto. I ricchi sono già nelle case. Nelle vie si agita, in cerca di ricovero, soltanto la povera gente…

481.3

Gesù è sotto un androne presso la mascalcia. Giovanni lo raggiunge e gli dice: «Vieni presto. Li ho trovati. Potremo rivestirci di vesti asciutte». Non dice di più per spiegare la sua fretta.

Raggiungono presto la casa. Entrano dalla porta lasciata accostata. Lì, subito dietro, sono gli undici apostoli che si affollano intorno a Gesù, come se non lo vedessero da molti mesi. La padrona di casa, una donnina appassita, striminzita, occhieggia da una porta socchiusa.

«La pace a voi», dice Gesù con un sorriso e li abbraccia senza differenze nell’affetto.

Tutti parlano insieme volendo dire tante cose. Ma Pietro urla: «State zitti! E lasciatelo andare. Non vedete come è bagnato e stanco?», e al Maestro: «Ti ho fatto preparare un bagno caldo e… dammi qua quel mantello bagnato… e le vesti calde. Le ho prese nella tua sacca…». Poi si volta verso l’interno della casa e grida: «Ehi! donna! L’Ospite è arrivato. Porta le acque ché al resto ci penso io».

E la donna, timida come tutti quelli che hanno sofferto — e il suo volto dice che ella ha sofferto — traversa silenziosa il corridoio, seguita da tre giovinette che le somigliano nell’esilità e nell’espressione, per andare nella cucina a prendere i paioli pieni d’acqua bollente.

«Vieni, Maestro. E anche tu, Giovanni. Siete freddi come degli annegati. Ma ho fatto cuocere del ginepro con dell’aceto per metterlo nell’acqua. Fa bene». Infatti i paioli, passando, hanno sparso un odore di aceto e di altri aromi.

Gesù, nell’entrare in una stanzetta dove sono due larghi mastelli (ossia due tinozzette di legno forse destinate ai bucati), guarda la donna che esce con le figlie e la saluta: «La pace a te e alle tue figlie. E il Signore ti compensi».

«Grazie, Signore…», dice lei e sguscia via.

Pietro entra con Gesù e Giovanni. Chiude la porta e sussurra: «Bada che non sa chi Tu sei… Siamo pellegrini tutti, e Tu sei un rabbi, noi i tuoi amici. È vero, in fondo… Non è… umh! già! non è che una verità velata… Troppi farisei e… troppo interessati di Te. Regolati… Dopo parleremo», e se ne va lasciandoli soli e tornando presso i compagni seduti in una stanzetta.

481.4

«E ora? Che diremo al Maestro? Se diciamo che abbiamo mentito ne avrà dolore. Ma… non possiamo non dirglielo», dice Pietro.

«Ma non sacrificarti! Io ho mentito e io lo dirò».

«E lo farai più triste ancora. Non hai visto come è mesto?».

«Ho visto. Ma è perché è stanco… Del resto… So anche dire ai farisei: “Vi ho mentito”. Queste sono inezie. L’importante è che Egli non abbia a soffrire».

«Io non direi nulla. A nessuno. Se lo dici a Lui, non otterrai di tenerlo nascosto. Se a loro, non otterrai di salvarlo dalle insidie…», osserva Filippo.

«Lo vedremo», dice sicuro Giuda.

481.5

Passa poco tempo e Gesù rientra con le vesti asciutte, ristorato dal bagno. Giovanni lo segue.

Parlano di tutto quanto è avvenuto al gruppo apostolico e al Maestro e Giovanni. Ma nessuno dice nulla dei farisei sinché Giuda non dice: «Maestro, so di sicuro che Tu sei cercato da chi ti odia. E per salvarti ho sparso la voce che Tu non vai a Gerusalemme per le vie solite, ma per mare sino a Joppe… Essi si riverseranno di là, ah! ah!».

«Ma perché mentire?».

«Ed essi perché mentono?».

«Ma essi sono essi, e tu non sei, non dovresti essere come loro…».

«Maestro, io sono una cosa sola: uno che conosce loro e che ti vuole bene. Vuoi Tu rovinarti? Io sono pronto a impedirlo. Ascoltami bene e senti il mio cuore nelle mie parole. Tu domani non esci di qui…».

«Domani è sabato…».

«Va bene. Ma non esci di qui. Ti riposi, ti…».

«Tutto meno il peccato, Giuda. Nessuna considerazione mi farà accettare di mancare alla santificazione del sabato».

«Essi…».

«Facciano ciò che vogliono. Io non peccherò. Se lo facessi, oltre il mio peccato che peserebbe su Me, darei nelle loro mani un’arma per rovinarmi. Non ricordi che già mi dicono profanatore del sabato?».

«Il Maestro ha ragione», dicono gli altri.

«Va bene… Farai ciò che vuoi per il sabato. Ma per la strada no. Non facciamo la via di tutti, Maestro. Ascoltami. Disorientali…».

481.6

«Ma insomma! Cosa sai di preciso, tu che parli?!», urla Simone agitando le sue corte braccia. «Maestro, ordinagli di parlare!».

«Pace, Simone. Se il tuo fratello è venuto a conoscenza di un pericolo, forse con pericolo per se stesso, e ce ne avverte, noi non dobbiamo trattarlo come un nemico, ma essergliene grati. Se egli non può tutto dire, perché potrebbe compromettere terze persone non abbastanza coraggiose per prendere l’iniziativa di parlare, ma ancora abbastanza oneste da non permettere un delitto, perché lo volete forzare a parlare? Lasciatelo dunque parlare, ed Io accetterò quanto di buono è nel suo progetto, respingendo ciò che potrebbe non essere buono. Parla, Giuda».

«Grazie, Maestro. Tu solo mi conosci veramente per ciò che sono. Io dicevo. Dentro ai confini della Samaria potremmo andar sicuri. Perché in Samaria comanda Roma più che in Galilea e Giudea, e loro, chi ti odia, non vuole noie con Roma. Però, sempre per disorientare le spie, io dico di non seguire la via diretta, ma uscendo di qui dirigersi a Dotain e poi, senza giungere a Samaria, tagliare il paese e passare per Sichem, poi giù a Efraim, per l’Adomin e il Carit e giungere di lì a Betania».

«Via lunga e difficile, se piove in specie»; «Pericolosa! L’Adomim…»; «Sembra che tu cerchi il pericolo…». Non c’è entusiasmo negli apostoli.

Ma Gesù dice: «Giuda ha ragione. Seguiremo questa via. Dopo avremo tempo di riposarci. Ho ancora altro da fare prima che l’ora giunga e sia perfetta, e non devo, per stoltezza, mettermi nelle loro mani sinché tutto non è compiuto. Passeremo da Lazzaro, così. Egli certo è molto malato e mi attende… Mangiate voi. Io mi ritiro. Sono stanco…».

«Ma neppure un po’ di cibo! Non sei malato, eh?».

«No, Simone. Ma sono sette giorni che non tocco un letto. Addio, amici. La pace sia con voi…». E si ritira.

481.7

Giuda giubila: «Avete visto? Egli è umile e giusto e non respinge ciò che sente buono…».

«Sì… ma… Credi che sia contento? Proprio contento?».

«Non lo credo… Ma capisce che ho ragione…».

«Io vorrei sapere come hai fatto a sapere tante cose. Eppure… sei sempre stato con noi!…».

«Sì. E voi mi sorvegliate come una bestia pericolosa. Lo so. Ma non fa nulla. Ricordate questo: anche un mendico, e anche un ladrone può servire a sapere, e anche una donna. Io ho parlato con un mendico e l’ho beneficato. Con un ladrone e ho scoperto… Con una… donna e… quante cose può sapere una donna!».

Gli apostoli si guardano strabiliati. Con gli sguardi si interrogano. Quando? Dove Giuda ha saputo ed ha avvicinato?…

Egli ride e dice: «E con un soldato! Sì. Perché la donna aveva detto tanto da mandarmi dal milite. E ho avuto conferma. E ho fatto sapere… Tutto è lecito quando è necessario. Anche le cortigiane e le milizie!».

«Sei… tu sei…!», dice Bartolomeo frenando ciò che stava per dire.

«Sì. Sono io. Nulla più che io. Un peccatore per voi. Ma io, con tutti i miei peccati, servo meglio il Maestro che voi. E del resto… Se una cortigiana sa ciò che vogliono fare i nemici di Gesù, segno è che essi vanno dalle cortigiane o le hanno con loro, ballerine e mime, per rallegrarsi… E se ce le hanno loro vicine… posso averle anche io. Mi ha servito, vedete? Pensate che ai confini della Giudea Egli poteva essere preso. E ditemi saggio per averlo evitato…».

481.8

Tutti sono pensierosi e mangiano svogliatamente il loro cibo. Poi Bartolomeo si alza.

«Dove vai?».

«A trovarlo… Non sono convinto che dorma. Gli porterò del latte caldo… e vedrò».

Esce, sta via qualche tempo. Torna.

«Era seduto sul letto… e piangeva… Tu lo hai addolorato, Giuda. Io lo pensavo».

«Lo ha detto Lui? Vado a spiegarmi».

«No. Non lo ha detto. Anzi ha detto che hai i tuoi meriti tu pure. Ma io l’ho capito. E non andare. Lascialo in pace».

«Siete tutti stolti. Egli soffre perché è perseguitato, impedito nella sua missione. Questo è», si ribella Giuda.

E Giovanni conferma: «È vero. Ha pianto anche prima di riunirsi a voi. Molto soffre, anche per la Madre, per i fratelli, per i contadini infelici. Oh! tanto dolore!…».

«Racconta, racconta…».

«Lasciare la Madre è dolore. Vedere che non lo si comprende, che nessuno lo comprende, è dolore. Vedere che i servi di Giocana…».

«Eh! sì! Quelli è proprio un dolore vederli!… Sono contento che Marziam non li abbia visti. Avrebbe sofferto e odiato il fariseo…», dice Pietro.

«Ma i miei fratelli hanno fatto soffrire ancora Gesù?», chiede severo Giuda Taddeo.

«No, anzi! Si sono visti e hanno parlato con amore e si sono lasciati con pace e con promesse buone. Ma Egli li vorrebbe… come noi, …e più di noi tutti… Vorrebbe tutti noi convinti del suo Regno e della natura di esso. E noi…».

Giovanni non dice di più… E il silenzio scende nella stanzetta illuminata da un lume a due becchi, che illumina dodici volti diversamente pensosi.