The Writings of Maria Valtorta

503. Les apôtres enquêtent sur le Traître.

503. The apostles investigate into the Traitor.

503.1

Une nouvelle fois[1], Jésus parcourt inlassablement les routes de Palestine. Le fleuve à sa droite, il suit le sens de l’eau ; celle-ci est belle, bleue et scintillante là où elle reçoit la caresse du soleil, et bleu-vert près des rives, où l’ombre des arbres la teinte de vert foncé.

Jésus marche au milieu de ses disciples. J’entends Barthélemy lui demander :

« Alors, nous nous dirigeons vraiment vers Jéricho ? Tu ne crains pas quelque embûche ?

– Absolument pas. Je suis arrivé à Jérusalem pour la Pâque par un autre chemin et eux, déçus, ne savent plus où me prendre sans trop attirer l’attention des foules. Crois-moi, Barthélemy, il y a moins de danger pour moi dans une ville très peuplée que sur des sentiers à l’écart. Le peuple est bon et sincère, mais aussi impétueux, et il se soulèverait si on m’arrêtait quand je suis au milieu de lui pour évangéliser et guérir. Les serpents agissent dans la solitude et dans l’ombre. Et puis… J’ai encore un certain temps devant moi pour œuvrer… Après… viendra l’heure du Démon et vous me perdrez. Pour me retrouver ensuite. Croyez-le bien. Et sachez le croire quand il vous semblera que les événements me contredisent plus que jamais. »

Affligés, les apôtres soupirent en le regardant avec amour et douleur ; Jean gémit : « Non ! » et Pierre, de ses bras courts et robustes, l’entoure comme pour le défendre : « Mon Seigneur et Maître ! » Il ne dit rien de plus, mais ces mots contiennent tout.

« C’est ainsi, mes amis. C’est pour cela que je suis venu. Soyez forts. Voyez : je marche avec assurance vers mon but, comme quelqu’un qui avance vers le soleil et sourit au rayon qui lui baise le front. Mon sacrifice sera un soleil pour le monde. La lumière de la grâce descendra dans les cœurs, la paix avec Dieu les rendra féconds, les mérites de mon martyre rendront les hommes capables de gagner le Ciel. Et qu’est-ce que je veux, sinon cela ? Mettre vos mains dans les mains de l’Eternel, mon Père et le vôtre, et dire : « Voilà, je te ramène ces enfants. Regarde, Père, ils sont purs. Ils peuvent revenir vers toi. » Vous voir serrés sur son sein et dire : « Aimez-vous enfin, puisque l’Un et les autres, vous en étiez impatients, et que vous souffriez de n’avoir pu vous aimer profondément. » Voilà ma joie, et chaque jour qui me rapproche de l’accomplissement de ce retour, de ce pardon, de cette union, augmente mon impatience de consommer l’holocauste pour vous donner Dieu et son Royaume. »

En disant cela, Jésus est solennel, presque en extase. Il marche, bien droit dans son vêtement bleu et son manteau plus foncé, tête nue à cette heure encore fraîche du matin, et il paraît sourire à je ne sais quelle vision que ses yeux contemplent sur l’azur d’un ciel serein. Le soleil qui caresse sa joue gauche enflamme encore davantage son regard rayonnant et met des étincelles d’or dans sa chevelure, que soulèvent une légère brise et sa démarche vive. Il fait ressortir le rouge des lèvres qui s’ouvrent pour sourire et il semble éclairer son visage tout entier par une joie qui, en réalité, vient de l’intérieur de son Cœur adorable, enflammé de charité pour nous.

503.2

« Maître, puis-je te dire un mot ? demande Thomas.

– Quoi donc ?

– Avant-hier, tu nous as annoncé que le Rédempteur — toi —, serait livré par un traître. Comment un homme pourra-t-il te trahir, toi, le Fils de Dieu ?

– Un homme, en effet, ne pourrait trahir le Fils de Dieu — qui est Dieu comme le Père. Mais le traître ne sera pas un homme. Ce sera un démon dans un corps d’homme, le plus possédé, le plus obsédé des hommes. Marie de Magdala avait sept démons, et le possédé des jours derniers était dominé par Belzébuth. Mais il y aura en lui Belzébuth et toute sa cour démoniaque… Ah ! comme il est vrai que l’Enfer sera tout entier dans ce cœur pour lui donner l’audace de vendre le Fils de Dieu à ses ennemis, comme on vend un agneau au boucher ! »

Judas intervient :

« Maître, aujourd’hui, cet homme est-il déjà possédé par Satan ?

– Non, Judas. Mais il a une inclination pour Satan : cela veut dire qu’il se met dans les conditions de tomber en lui. »

André demande :

« Et pourquoi ne vient-il pas à toi pour que tu le guérisses de son attrait ? Sait-il qu’il l’a ou bien l’ignore-t-il ?

– S’il l’ignorait, il ne serait pas coupable comme il l’est, car il sait qu’il tend au mal, et qu’il ne persiste pas dans la résolution d’en sortir. S’il persistait, il viendrait à moi… mais il ne vient pas… Le poison pénètre, et le fait que je sois proche ne le purifie pas, car au lieu de désirer la guérison, il la fuit… C’est là l’erreur des hommes. Ils me fuient quand ils ont le plus besoin de moi. »

A son tour, Matthieu demande :

« Mais est-il venu vers toi quelquefois ? Le connais-tu, et nous, le connaissons-nous ?

– Matthieu, je connais les hommes avant même qu’ils me connaissent. Tu le sais, et eux le savent. C’est moi qui vous ai appelés parce que je vous connaissais.

– Mais nous, est-ce que nous le connaissons ? insiste Matthieu.

– Pouvez-vous ne pas connaître ceux qui viennent vers votre Maître ? Vous êtes mes amis et vous partagez avec moi nourriture, repos et fatigues. Je vous ai ouvert jusqu’à ma maison, la maison de ma sainte Mère. Je vous amène à elle pour que ce qui se dégage d’elle vous rende capables de comprendre le Ciel, ses voix et ses commandements. Je vous amène à elle comme un médecin conduit ses malades, à peine sortis des séquelles d’une maladie, à des sources salutaires qui les fortifient en vainquant les restes de maladie qui pourraient redevenir nocifs. Vous n’ignorez donc aucun de ceux qui viennent à moi.

– Dans quelle ville l’as-tu rencontré ?

– Pierre, Pierre !

– C’est vrai, Maître, je suis pire qu’une commère ! Pardonne-moi. Mais c’est l’amour, tu sais…

– Je le sais, et je t’assure que ton défaut ne me rebute pas. Néanmoins, tu dois t’en défaire.

– Oui, mon Seigneur. »

503.3

Pris entre une rangée d’arbres et une rigole, le sentier se rétrécit et le groupe se défait. Jésus parle justement avec Judas, à qui il donne des ordres pour les dépenses et les aumônes. Les autres marchent derrière eux, deux par deux. Pierre est le dernier, tout seul. Il réfléchit. Il marche, la tête inclinée, tellement absorbé dans ses pensées qu’il ne s’aperçoit même pas qu’il reste à grande distance des autres.

« Hé ! toi, l’homme ! l’interpelle un cavalier qui vient à passer. Es-tu avec le Nazaréen ?

– Oui, pourquoi ?

– Vous allez à Jéricho ?

– Tu tiens à le savoir ? Moi, je n’en sais rien. Je marche à la suite du Maître et je ne demande rien. Où qu’il aille, c’est bien. Ce chemin est celui de Jéricho, mais nous pourrions aussi revenir dans la Décapole. Qui sait ! Si tu veux en apprendre davantage, le Maître est là-bas. »

L’homme éperonne son cheval, et Pierre lui fait par derrière une curieuse grimace en bougonnant :

« Je n’ai pas confiance, mon beau seigneur ! Vous n’êtes tous qu’une bande de chiens ! Moi, je ne veux pas être le traître. Je me le jure à moi-même : “ Cette bouche sera scellée. ” Voilà. »

Et il fait un signe sur ses lèvres comme pour les cadenasser.

Le cavalier a atteint Jésus et l’interpelle. Cela donne à Pierre la possibilité de rejoindre les autres. Quand l’homme repart, il salue de la main Judas. Personne ne le remarque, sauf Pierre qui arrive le dernier, et paraît ne pas applaudir à ce salut. Il saisit Judas par la manche et lui demande :

« Qui est-ce ? Tu le connais ? Comment ça se fait ?

– De vue. C’est un riche de Jérusalem.

– Tu as des amitiés en haut lieu, toi ! Bien… pourvu que ce soit bien. Dis-moi un peu : c’est cette figure de renard qui te dit tant de choses ?…

– Quelles choses ?

– Mais celles que tu dis connaître sur le Maître !

– Moi ?

– Oui, toi. Tu ne te souviens pas de cette soirée[2] d’eau et de boue, à l’époque de la crue ?

– Ah ! Non ! Non ! Mais tu penses encore à des paroles lancées dans un moment de mauvaise humeur ?

– Je pense à tout ce qui peut faire du mal à Jésus : calomnies, personnes, amis, ennemis… Et je suis toujours prêt à tenir les promesses que je fais à celui qui veut nuire à Jésus. Adieu. »

Judas le regarde partir avec une attitude curieuse. Il y a de la stupeur, de la souffrance, du dépit, et je dirais même plus : de la haine.

503.4

Pierre rejoint Jésus et l’appelle.

« Oh ! Pierre ! Viens ! »

Jésus pose la main sur l’épaule de Pierre.

« Qui était ce Judéen hirsute ?

– Hirsute, Pierre ? Il était tout pomponné et parfumé !

– C’est sa conscience qui est hirsute. Méfie-toi, Jésus !

– Je t’ai dit que mon heure n’était pas encore venue. Et quand elle arrivera, aucune méfiance ne me sauvera… si je voulais me sauver. Les pierres elles-mêmes crieraient et m’enchaîneraient si je voulais me sauver.

– C’est possible… Mais méfie-toi… Maître ?

– Pierre, qu’as-tu ?

– Maître… j’ai une chose à te dire et un poids sur le cœur.

– Une chose ? Un poids ?

– Oui. Le poids est un péché ; la chose est un conseil.

– Commence par le péché.

– Maître… je… je hais… j’éprouve du dégoût, voilà, si je ne hais pas puisque tu ne veux pas que l’on haïsse, pour l’un de nous. Il me semble être près d’une tanière d’où provient une puanteur de serpents en chaleur… et je ne voudrais pas qu’ils en sortent pour te nuire. Cet homme est une tanière de serpents, et lui-même est en chaleur avec le démon.

– D’où déduis-tu cela ?

– Bah !… Je ne sais pas. Je suis rustre et ignorant, mais pas stupide. Je suis habitué à lire dans les vents et les nuages… et il m’arrive aussi de déchiffrer les cœurs. Jésus… j’ai peur.

– Ne juge pas, Pierre. Pas de soupçons. Le soupçon crée des chimères : on voit des choses qui n’existent pas.

– Que le Dieu éternel veuille qu’il n’y ait rien, mais moi, je n’en suis pas sûr.

– De qui s’agit-il, Pierre ?

– De Judas. Il se vante d’avoir des amitiés en haut lieu, et même, tout à l’heure, cet individu louche l’a salué comme on salue une connaissance. Auparavant, il ne les avait pas.

– Judas est celui qui reçoit et distribue. Il a l’occasion de fréquenter les riches. Il sait y faire.

– C’est ça ! Il sait y faire… Maître, dis-moi la vérité. Tu n’as aucun soupçon ?

– Pierre, c’est en raison de ton cœur que tu m’es si cher. Mais je te veux parfait. N’est pas parfait celui qui n’obéit pas. Je te l’ai dit : ne juge pas et ne soupçonne pas.

– Mais en attendant, tu ne me révèles pas…

– Nous allons bientôt arriver près de Jéricho et nous nous y arrêterons pour attendre une femme qui ne peut nous recevoir sous son toit…

– Pourquoi ? C’est une pécheresse ?

– Non, une malheureuse. Ce cavalier qui t’a tant tracassé est venu me dire de l’attendre. Et je l’attendrai, bien que je sache ne pouvoir rien faire pour elle. Et sais-tu qui l’a mise sur mes traces ainsi que le cavalier ? Judas. Tu vois qu’il a une raison honnête de connaître ce Judéen. »

Pierre baisse la tête en silence, confus, peut-être pas vraiment convaincu, et encore curieux. Mais il se tait.

503.5

Jésus s’arrête en dehors des murs de la ville et, fatigué, il s’assied à l’ombre d’un bosquet. Celui-ci protège du soleil une fontaine auprès de laquelle se trouvent des animaux à l’abreuvoir. Les disciples s’asseyent eux aussi en attendant. Ce quartier de la ville doit être de peu d’importance car, hormis les chevaux et les ânes qui appartiennent certainement à des marchands en voyage, il n’y a guère de monde.

Une femme s’avance, enveloppée dans un grand manteau foncé et le visage presque couvert ; un voile épais, foncé lui aussi, lui descend à la moitié du visage. Le cavalier de tout à l’heure, maintenant à pied, ainsi que trois autres hommes somptueusement vêtus l’accompagnent.

« Nous te saluons, Maître.

– Paix à vous.

– Voici la femme. Ecoute-la et exauce son désir.

– Si je le puis.

– Tu peux tout.

– Tu crois cela, toi qui es sadducéen ? »

Le sadducéen, c’est celui qui était à cheval.

« Je crois à ce que je vois.

– Et tu as vu que je peux le faire ?

– Oui.

– Dans ce cas, en connais-tu la raison ? »

Silence.

« Puis-je savoir, moi, comment tu juges que je le peux ? »

Silence.

Jésus ne s’occupe plus de lui ni des autres. Il s’adresse à la femme :

« Que veux-tu ?

– Maître… Maître…

– Parle sans crainte. »

La femme jette un coup d’œil oblique à ceux qui l’accompagnent, ce qu’ils interprètent à leur manière.

« Le mari de cette femme est malade, et elle te demande sa guérison. C’est une personne influente de la cour d’Hérode. Tu as intérêt à l’exaucer.

– Ce n’est pas parce qu’elle est influente, mais parce qu’elle est malheureuse que je l’exaucerai, si je le peux. Je l’ai déjà dit. Qu’a donc ton mari ? Pourquoi n’est-il pas venu ? Et pourquoi ne veux-tu pas que j’aille le trouver ? »

Autre silence, et autre regard oblique.

« Veux-tu me parler sans témoin ? Viens. »

503.6

Ils s’écartent de quelques pas.

« Parle.

– Maître… moi, je crois en toi. Je crois tellement que je suis certaine que tu sais tout de lui, de moi, de notre vie malheureuse… Mais lui ne croit pas… Il te déteste… Il…

– Il ne peut pas guérir, car il n’a pas la foi : non seulement il n’a pas la foi en moi, mais pas même dans le vrai Dieu.

– Ah ! Tu sais cela ? »

La femme pleure désespérément.

« Ma maison est un enfer ! Un enfer ! Tu délivres les possédés. Tu sais donc ce qu’est le démon. Mais ce démon subtil, intelligent, faux et instruit, le connais-tu ? Sais-tu à quelles perversions, à quels péchés il conduit ? Sais-tu quelles ruines il provoque autour de lui ? Ma maison, est-ce une maison ? Non. C’est le seuil de l’enfer. Mon mari, est-ce mon mari ? Maintenant, il est malade et ne s’occupe pas de moi. Mais quand il était encore fort et désireux d’amour, était-ce un homme qui m’embrassait, qui me tenait, qui me possédait ? Non ! J’étais dans les serres d’un démon, je sentais l’haleine et la viscosité d’un démon. Je l’ai tellement aimé, je l’aime ! Je suis sa femme et il m’a pris ma virginité quand j’étais à peine plus qu’une enfant : j’avais tout juste quatorze ans. Mais quand je me rappelais cette première heure, et qu’avec elle je repensais aux sensations intactes de la première étreinte qui m’a rendue femme, moi, avec d’abord ce qu’il y a de meilleur en moi, puis avec la chair et le sang, je reculais d’horreur quand je me rappelais qu’il est, lui, souillé par la nécromancie. Il me semblait que ce n’était pas mon mari qui était sur moi pour se rassasier de moi, mais les morts qu’il invoquait. Et même maintenant, de le voir mourant et encore plongé dans cette magie me donne du dégoût. Ce n’est pas lui que je vois… C’est Satan. Ah ! quelle douleur est la mienne ! Même dans la mort, je ne serai pas avec lui, car la Loi l’interdit. Sauve-le, Maître. Je te demande de le guérir pour lui donner le temps de se guérir. »

La femme pleure avec angoisse.

« Pauvre femme ! Il m’est impossible de le guérir.

– Pourquoi, Seigneur ?

– Parce qu’il le refuse.

– Si, il a peur de la mort. Si, il le veut.

– Il ne le veut pas. Ce n’est pas un fou, ce n’est pas un possédé qui ne connaît pas son état et qui ne demande pas d’être délivré parce qu’il ne peut penser librement. Ce n’est pas une personne dont la volonté est inhibée. Il veut être tel. Il sait que ce qu’il fait est défendu. Il sait qu’il est maudit par le Dieu d’Israël, mais il persiste. Même si je le guérissais, en commençant par son âme, il reviendrait à sa jouissance satanique. Sa volonté est corrompue. C’est un rebelle. Je ne puis. »

503.7

La femme pleure plus fort. Ceux qui l’ont accompagnée s’en approchent.

« Tu ne l’exauces pas, Maître ?

– Cela m’est impossible.

– Je vous l’avais bien dit, moi. Et la raison ?

– C’est toi, sadducéen, qui le demandes ? Je te renvoie au livre des Rois[3]. Lis ce que Samuel disait à Saül et ce qu’Elie disait à Ochozias. L’esprit du prophète reproche au roi de l’avoir dérangé en l’invoquant du royaume des morts. Il n’est pas permis de le faire. Lis le Lévitique, si tu ne te souviens plus de la parole de Dieu, Créateur et Seigneur de tout ce qui existe, gardien de la vie et de ceux qui sont morts. Morts et vivants sont dans les mains de Dieu et il ne vous est pas permis de les arracher à elles, ni par quelque vaine curiosité, ni par violence sacrilège, ni par quelque maudite incrédulité. Que voulez-vous savoir ? S’il existe un avenir éternel ? Vous dites que vous croyez en Dieu. S’il y a un Dieu, il aura lui aussi une cour. Or que sera-t-elle, si elle n’est pas éternelle comme lui, composée d’esprits éternels ? Si vous prétendez que vous croyez en Dieu, pourquoi ne croyez-vous pas à sa parole ? Sa parole ne dit-elle pas : « Vous ne pratiquerez ni divination ni incantation » ? Ou encore : « Si quelqu’un s’adresse aux mages et aux devins, et se souille avec eux, je retournerai contre lui ma face et l’exterminerai du milieu de son peuple. » N’y est-il pas écrit : « Ne vous faites pas des dieux à votre convenance » ? Or qu’êtes-vous ? Des Samaritains et des hommes perdus, ou bien des fils d’Israël ? Et qu’êtes-vous : des sots, ou des êtres capables de raisonner ? Et si vous raisonnez pour nier l’immortalité de l’âme, pourquoi invoquer les morts ? Si ces parties incorporelles qui animent l’homme ne sont pas immortelles, que reste-t-il d’un homme après sa mort ? De la pourriture et des ossements, des ossements calcinés pleins de vermine. Et si vous ne croyez pas en Dieu, au point de recourir à des idoles et à des signes pour obtenir une guérison, de l’argent, des réponses, comme le fait celui dont vous demandez la santé, pourquoi vous fabriquez-vous des dieux à votre convenance et croyez-vous qu’ils peuvent vous dire des paroles plus vraies, plus saintes, plus divines que celles de Dieu ? Je vous fais donc la même réponse qu’Elie à Ochozias : « Pourquoi as-tu envoyé des messagers interroger Belzébuth, dieu d’Accaron, comme s’il n’y avait pas en Israël un Dieu que l’on puisse consulter ? A cause de cela, tu ne descendras pas du lit sur lequel tu es monté et tu mourras certainement dans ton péché.

503.8

– C’est toujours toi qui nous insultes et nous attaques. Je te le fais remarquer. Nous venons te rencontrer pour…

– Pour m’attirer dans un piège. Mais je lis dans votre cœur ! Bas les masques, hérodiens vendus à l’ennemi d’Israël ! Bas les masques, pharisiens faux et cruels ! Bas les masques, sadducéens, vrais Samaritains ! Bas les masques, scribes dont les paroles sont contraires aux faits ! Bas les masques, vous tous, vous violateurs de la Loi de Dieu, ennemis de la vérité, concubins du mal ! A bas les profanateurs de la Maison de Dieu que vous êtes ! Vous entraînez les consciences faibles ; vous n’êtes que des chacals qui flairez la victime dans le vent qui l’a effleurée, et vous suivez cette piste, vous guettez l’heure favorable pour tuer, vous vous pourléchez les babines sur lesquelles vous savourez d’avance le goût du sang, vous rêvez à cette heure ! Escrocs et fornicateurs que vous êtes, vous vendez pour bien moins qu’une poignée de lentilles votre droit d’aînesse parmi les peuples, et vous n’avez plus les bénédictions. Ce seront d’autres peuples qui se revêtiront de la toison de l’Agneau de Dieu et, comme de vrais Christs, ils apparaîtront aux yeux du Très-Haut. Quand celui-ci sentira le parfum de son Christ émaner d’eux, il dira :

« Voici le parfum de mon Fils, semblable à l’odeur d’un champ fleuri béni par Dieu. Sur vous se déverse la rosée du Ciel : la grâce. En vous vient la fécondité de la terre : les fruits de mon sang. En vous se trouve l’abondance de froment et de vin : mon corps et mon sang, que je donnerai aux hommes pour qu’ils aient la vie et fassent mémoire de moi. Que les peuples vous servent, que les nations s’inclinent devant vous, car là où sera le signe de mon Agneau, là sera le Ciel. Et la terre est soumise au Ciel. Soyez les maîtres de vos frères, car les disciples de mon Christ seront les rois de l’esprit puisqu’ils auront la Lumière, et vers cette Lumière, les autres tourneront les yeux en espérant son aide. Que s’inclinent devant eux les enfants de votre mère : la terre. Oui, tous les enfants de la terre s’inclineront un jour devant mon Signe. Maudit soit celui qui vous maudit et béni soit celui qui vous bénit, car les malédictions et les bénédictions qui vous sont données s’élèvent vers moi, votre Père et votre Dieu. »

Voilà ce qu’il dira, ô fornicateurs qui, pouvant avoir la vraie foi comme épouse aimée de vos âmes, forniquez avec Satan et ses fausses doctrines. C’est cela qu’il vous dira, ô assassins, assassins des consciences et des corps. Ici se trouvent vos victimes. Mais s’il y a deux cœurs assassinés, vous n’aurez un Corps que pour le temps de Jonas, après quoi lui, réuni à son immortelle Essence, vous jugera. »

Jésus est terrible dans ce réquisitoire. Terrible ! A mon avis, c’est plus ou moins ainsi qu’il sera au Dernier Jour.

503.9

« Et où sont ces assassinés ? Tu délires ! Tu es un concubin de Belzébuth. Tu forniques avec lui, et c’est en son nom que tu opères des miracles. Tu n’as pas de pouvoir dans notre cas, car c’est nous qui avons l’amitié de Dieu.

– Satan ne se chasse pas lui-même. Moi, je chasse les démons. Alors au nom de qui est-ce que je le fais ? »

Silence.

« Répondez !

– Inutile de s’occuper de cet obsédé ! Je vous l’avais bien dit. Vous ne m’avez pas cru. Entendez-le de lui. Réponds, fou de Nazaréen. Connais-tu le shemaflorasc ?

– Je n’en ai nul besoin !

– Vous entendez ça ? Encore une question : n’es-tu pas allé en Egypte ?

– Si.

– Vous voyez ? Qui est le nécromancien, le satan ? Horreur ! Viens, femme. Ton mari est saint en comparaison de lui. Viens !… Il faudra que tu te purifies. Tu as touché Satan !… »

Et ils s’éloignent, avec de vifs gestes de répulsion, en traînant la femme en pleurs.

Jésus, les bras croisés, les suit avec des éclairs dans ses yeux.

503.10

« Maître… Maître… »

Les apôtres sont terrorisés, à la fois par la violence de Jésus et par les paroles des juifs.

Pierre se courbe presque pour demander :

« Qu’ont-ils voulu dire par ces dernières questions ? Qu’est-ce que c’est ?

– Quoi ? Le shemaflorasc[4] ? » (en effet, de quoi peut-il bien s’agir ?)

« Oui. C’est quoi ?

– Ne t’en préoccupe pas. Ils confondent la Vérité avec le Mensonge, Dieu avec Satan, et dans leur orgueil satanique, ils s’imaginent que Dieu, pour se plier aux volontés des hommes, a besoin d’être conjuré par son tétragramme. Le Fils parle avec le Père un langage vrai, et c’est avec Lui, dans l’amour mutuel du Père et du Fils, que s’accomplissent les miracles.

– Mais pourquoi t’a-t-il demandé si tu étais allé en Egypte ?

– Parce que le Mal se sert des ruses les plus subtiles pour en faire un acte d’accusation contre celui qu’il veut frapper. Mon séjour d’enfance dans la terre d’Egypte sera l’un des chefs d’accusation à l’heure où ils se vengeront. Vous et vos successeurs, sachez que, à l’égard de Satan si plein d’astuce et de ses serviteurs fidèles, il faut être deux fois plus rusé. C’est pour cela que je vous ai recommandé[5] : « Soyez rusés comme des serpents et pas seulement simples comme des colombes », pour ne pas laisser la plus petite arme aux mains des démons. Et cela ne sert pas non plus. Allons.

– Où, Maître ? A Jéricho ?

– Non. Nous allons prendre une barque et passer de nouveau dans la Décapole. Nous remonterons le Jourdain jusqu’à la hauteur d’Enon, puis nous débarquerons. Ensuite, sur la rive de Génésareth, nous prendrons une autre barque et nous passerons à Tibériade, et de là à Cana et à Nazareth. J’ai besoin de ma Mère, et vous aussi. Ce que le Christ ne fait pas par sa parole, Marie le fait par son silence. Ce que n’opère pas ma puissance, sa pureté l’opère. Oh ! ma Mère !

– Tu pleures, Maître ? Tu pleures ? Oh ! non ! Nous te défendrons ! Nous t’aimons !

– Je ne pleure pas, et je ne crains pas ceux qui me veulent du mal. Je suis accablé parce que les cœurs sont plus durs que du jaspe et je ne peux rien sur beaucoup d’entre eux. Venez, mes amis. »

Ils descendent sur la rive et remontent le fleuve en barque. Tout finit ainsi.

503.11

Jésus dit :

« Toi et celui qui te conduit spirituellement, méditez beaucoup sur ma réponse à Pierre.

Le monde — et par monde, je n’entends pas seulement les laïcs — nie le surnaturel, mais ensuite, devant les manifestations de Dieu, il a vite fait de les expliquer, non par le surnaturel, mais par des forces cachées, occultes. Il confond deux sources différentes. Maintenant, écoutez-moi : est surnaturel ce qui vient de Dieu. Est occulte ce qui vient d’une puissance extra-terrestre, mais qui n’a pas sa racine en Dieu.

En vérité, je vous dis que les esprits peuvent venir à vous. Mais comment ? De deux façons : sur l’ordre de Dieu ou par la violence de l’homme. Sur l’ordre de Dieu viennent les anges, et les bienheureux, et les âmes qui sont déjà dans la lumière de Dieu. Par la violence de l’homme peuvent venir des esprits sur lesquels un homme même a autorité, parce qu’ils sont plongés dans des régions plus basses que les régions humaines où il y a encore un souvenir de la grâce, même s’il n’y a plus une grâce active. Les premiers viennent spontanément, obéissant à un seul commandement : le mien. Et ils vous apportent la vérité que je veux que vous connaissiez. Les autres viennent par un ensemble de forces conjointes : les forces d’un homme idolâtre unies aux forces de Satan pris comme idole. Peuvent-elles vous donner la vérité ? Non. Jamais. Absolument jamais. Une formule, même si elle est enseignée par Satan, peut-elle soumettre Dieu aux volontés de l’homme ? Non. Dieu vient toujours de lui-même. Une prière peut vous unir à Dieu, pas une formule magique.

Et si l’on objecte : « Samuel est apparu à Saül », je réponds : « Ce n’est pas grâce à la magicienne, mais par ma volonté, dans le but de secouer le roi, qui était rebelle à ma Loi. » Certains diront : « Et les prophètes ? » Les prophètes parlent parce qu’ils connaissent la vérité, infusée en eux directement ou par le ministère des anges. D’autres rétorqueront : « Et la main qui écrivait dans le festin du roi Balthasar ? » Qu’ils lisent la réponse[6] de Daniel : « … même toi, tu t’es dressé contre le Maître du Ciel… en célébrant des dieux d’argent, de bronze, de fer, d’or, de bois, de pierre, qui ne voient, n’entendent ni ne connaissent, et tu n’as pas glorifié ce Dieu entre la main de qui se trouvent toute ta respiration et tout ton mouvement. C’est à cause de cela qu’il a envoyé le doigt (envoyé spontanément, alors que toi, roi aveugle et homme imbécile, tu ne pensais et ne t’occupais qu’à te remplir le ventre et à te gonfler l’esprit) le doigt de cette main qui a écrit ce qui se trouve là. »

Oui, parfois Dieu vous rappelle par des manifestations que vous appelez “ médiumniques ”, qui révèlent en réalité la pitié d’un Amour qui veut vous sauver. Mais vous, vous ne devez pas vouloir les susciter. Celles que vous suscitez ne sont jamais sincères, ne sont jamais utiles, elles n’amènent jamais le bien. Ne vous rendez pas esclaves de ce qui vous détruit. Ne vous dites pas et ne vous croyez pas plus intelligents que les humbles, qui se soumettent à la vérité déposée depuis des siècles dans mon Eglise, seulement parce que vous êtes des orgueilleux qui cherchez dans la désobéissance des permissions pour vos instincts illicites. Rentrez et demeurez dans la discipline, plusieurs fois séculaire. De Moïse au Christ, du Christ à vous, de vous au dernier jour, il n’y a que celle-là, et pas d’autre.

Votre science est-elle vraiment de la science? Non. La science est en moi et dans ma doctrine, et la sagesse de l’homme consiste à m’obéir. Curiosité sans danger ? Non : contagion dont vous subissez ensuite les conséquences. Chassez Satan, si vous voulez avoir le Christ. Je suis le Bon, mais je ne viens pas vivre avec l’esprit du Mal. C’est lui ou moi : choisissez.

503.12

O mon “ porte-parole ”, rapporte cela à ceux à qui il faut le dire. C’est la dernière parole qui ira vers eux. Ton directeur de conscience et toi, soyez prudents. Les preuves deviennent des contre-preuves aux mains de l’Ennemi et des ennemis de mes amis. Soyez vigilants ! Allez avec ma paix. »

503.1

Jesus is still travelling[1] tirelessly around Palestine. The river is still on His right hand side and He is proceeding in the same direc­tion as the beautiful blue water, which shines where it is kissed by the sun, and is green-blue near the banks, where the shade of the trees is reflected with its deep green hues.

Jesus is in the middle of His disciples. I hear Bartholomew ask Him: «Are we really going to Jericho? Are You not afraid of an am­bush?»

«No, I am not. I arrived in Jerusalem for Passover along a dif­ferent road and they are disappointed, as they do not know where to get hold of Me without attracting the attention of the crowds too much. Believe Me, Bartholomew, there is less danger for Me in a thickly populated town than along remote paths. The crowds are good and sincere. But they are also impulsive. And they would rebel if I were captured when I am among them to evangelize and cure people. Snakes work in solitude and darkness. And then… I still have many days to work… The… the hour of the Demon will come and you will lose Me. But you will find Me later. Believe that. And remember to believe it, when events will really seem to be giving Me the lie.»

The apostles sigh worriedly and look at Him lovingly and pitifully and John utters a groan: «No!» while Peter embraces Him with his short strong arms as if to defend Him, saying: «O my Lord and Master!» He does not say anything else, but those few words are so meaningful.

«It is so, My dear friends. That is why I came. Be strong. You can see how I proceed unhesitatingly towards My goal, like one who goes towards the sun smiling at it and being kissed by it. My Sacrifice will be a sun for the world. The light of Grace will de­scend into hearts, the peace with God will make them productive, the merits of My martyrdom will make men capable of earning Heaven. And what do I want but that? To put your hands into the hands of the Eternal, your Father and Mine and say: “Here: I have brought these children back to You. Look, Father, they are pure. They can come back to You”. And see you clasped in his bosom and say: “Love one another at last, because the One and the others are anxious for that and you suffered bitterly for not having been able to love one another”. That is My joy. And every day that brings Me closer to the fulfilment of that return, of that forgiveness, of that union, increases My anxiety to consummate the holocaust to give you God and His Kingdom.»

Jesus is solemn, almost ecstatic while saying so. He is walking upright in His blue tunic and darker mantle, bareheaded in this cool hour of the morning, and He seems to be smiling at I wonder which vision, which His eyes can see against the clear blue sky. The sun that kisses His left cheek makes His eyes shine even more brightly and causes His golden hair to sparkle as it is moved by a light breeze and by His step. It stresses the red of His lips open to a smile and seem to inflame all His face with a joy, which actually comes from the inside of His adorable Heart, burning with love for us.

503.2

«Master, may I say a word to You?» asks Thomas.

«Which?»

«The other day You said that the Redeemer, You, will have a traitor. How can a man betray You, the Son of God?»

«A man in fact would not be able to betray the Son of God, God like His Father. But it will not be a man. It will be a demon in the body of a man. The most possessed, the most obsessed man. Mary of Magdala had seven demons and the demoniac of a few days ago was dominated by Beelzebub. But in My traitor there will be Beelzebub and all his demoniac court… Oh! Hell will really be in that heart to give him the boldness to sell the Son of God to His enemies, just as a lamb is sold to the butcher!»

«Master, is that man already possessed by Satan now?»

«No, Judas. But he is leaning towards Satan and to lean towards Satan means putting oneself in the condition of falling into him» (Jesus is speaking to the Iscariot).

«And why does he not come to You to be cured of his inclination? Does he know he has such inclination or does he not know?»

«If he did not know he would not be guilty, whereas he is, because he knows that he tends to evil and that he does not persist in his decision to emerge from it. If he persisted, he would come to Me… but he does not come… Poison penetrates and My closeness does not cleanse him because he does not want it, he avoids it… Your error, o men. You fly from Me when you need Me most» (Jesus has replied to Andrew).

«But has he ever come to You? Do You know him? And do we know him?»

«Matthew, I know men even before they know Me. And you know that and your companions know. I called you because I knew you.»

«But do we know him?» asks Matthew insisting.

«And is it possible for you not to know those who come to your Master? You are My friends and share food, rest and fatigue with Me. I have even opened My house to you, the house of My holy Mother. I take you there so that the air one breathes in it may make you capable of understanding Heaven with its voices and orders. I take you to it as a doctor takes his patients, as soon as they recover from a series of diseases, to healthy springs which may fortify them overcoming the remains of the diseases which may become harmful again. So you know everyone coming to Me.»

«In which town did You meet him?»

«Peter, Peter!»

«It’s true, Master, I am worse than a gossipy woman. Forgive me. But it is love, You know…»

«Yes, I know, and that is why I tell you that your fault does not disgust Me. But get rid of it.»

«Yes, my Lord.»

503.3

The path narrows, limited by a row of trees and a small ditch, and the group stretches out lengthwise. Jesus is speaking to the Iscariot, to whom He gives instructions for expenses and alms. All the others are behind, in twos. At the back, there is Peter, all alone. He is thoughtful. He is walking with his head bowed, so engrossed in thought that he does not realise that he has been outdistanced by the others.

«Eh, you! man» a man on horseback shouts to him. «Are you with the Nazarene?»

«Yes, why?»

«Are you going to Jericho?»

«Are you anxious to know? I don’t know. I follow the Master and I don’t ask questions. Wherever He goes, all is well done. The road is the Jericho one, but we might go back to the Decapolis. Who knows? If you want more information, the Master is over there.»

The man spurs his horse and Peter makes a strange grimace behind his back and mumbles: «I don’t trust you, my handsome man. You are a lot of dogs, all of you. I don’t want to be the traitor. I swear to myself: “This mouth of mine shall be sealed”: There you are” and he makes a sign on his lips as if he were locking them.

The man on horseback has joined Jesus. He is speaking to Him and that gives Peter the opportunity to join the others.

When the man departs, he waves his hand to the Iscariot. Nobody notices it, except Peter, who is at the rear of the group. And he does not appear to approve of the greeting. He takes Judas by the sleeve and asks him: «Who is he? Do you know him? How come?»

«By sight. He is a rich man of Jerusalem.»

«You have friends in the upper classes! Well… providing it is all right. Tell me: is he the fox-faced man who tells you so many things?..»

«Which things?»

«Well! the ones you say you know about the Master!»

«Me?»

«Yes, You. Don’t you remember that stormy evening[2]. At the time of the spate?»

«Ah! No!… But are you still thinking of words spoken in a moment of ill humour?»

«I think of everything that may hurt Jesus: things, people, friends, enemies… And I am always ready to keep the promises I make to whoever wants to harm Jesus. Goodbye.»

Judas looks at him in a strange way, while he goes away. There is amazement, sorrow, anger and I would say something else: hatred.

503.4

Peter joins Jesus and calls Him.

«Oh! Peter! Come!» Jesus lays His arm on Peter’s shoulder.

«Who was that hispid Judaean?»

«Hispid, Peter? He was smooth and scented!»

«He had a hispid conscience. Don’t trust him, Jesus.»

«I told you that My time has not yet come. And when it comes no mistrust will save Me… if I wanted to be saved. Stones also would shout and would form a chain, if I wanted to save Myself.»

«It may be… But don’t trust… Master?»

«Peter? What is the matter?»

«Master… I have something to tell You and a burden in my heart.»

«A thing? A burden?»

«Yes. The burden is a sin. The thing a piece of advice.»

«Start from the sin.»

«Master… I… I hate… I am disgusted, yes, if I do not hate because You do not want us to hate, I am disgusted at one of us. I seem to be near a den from which the stench of snakes in heat comes out… and I would not like any of them to come out to injure You. That man is a mass of snakes and he himself is in heat with the demon.»

«How do you infer that?»

«Well!… I don’t know. I am coarse and ignorant, but I am not stupid. I am accustomed to reading winds and clouds… and now I have eyes to read also hearts. Jesus… I am afraid.»

«Do not judge, Peter. And do not suspect. Suspicion creates chimeras. And one sees what is not there.»

«May eternal God grant that there is nothing. But I am not sure.»

«Who is it, Peter?»

«Judas of Kerioth. He boasts of having important friends and even a short time ago that ugly face greeted him as one greets a well known person. He did not have such friends previously.»

«Judas is the one who receives and hands out money. He has the opportunity to approach rich people. He is clever.»

«Yes, he is clever… Master, tell me the truth, do You not suspect?»

«Peter, you are so dear to Me because of your heart. But I want you to be perfect. Who does not obey is not perfect. I said to you: do not judge and do not suspect.»

«But You are not telling me…»

«We shall soon be near Jericho and we shall stop to wait for a woman who cannot receive us in her house…»

«Why? Is she a sinner?»

«No. She is a poor wretch. The man on horseback who worried you so much came to tell Me to wait for her. And I will wait for her although I know I can do nothing for her. And do you know who put her and the horseman on My tracks? Judas. You can see that his acquaintance with that Judaean is an honest one.»

Peter lowers his head and becomes silent and embarrassed. Perhaps he is not yet convinced and is still curious, but he is silent.

503.5

Jesus stops outside the town walls and tired as He is, He sits down in the shadow of a group of trees, which give shade to a foun­tain, near which there are quadrupeds watering. The disciples also sit down waiting. It cannot be an important district of the town because apart from these horses and donkeys, obviously of travelling merchants, there are no people.

A woman comes forward, all wrapped in a large dark mantle and with her face well covered. Her thick dark veil conceals half of her face. The horseman seen previously, but now on foot, and three men, sumptuously dressed, are with her.

«We greet You, Master.»

«Peace be with you.»

«This is the woman. Listen to her and satisfy her request.»

«If I can.»

«You can do everything.»

«Do you, a Sadducee, think so?» The Sadducee is the horseman.

«I believe in what I see.»

«And have you seen that I can?»

«Yes, I have.»

«And do you know why I can?» There is silence. «May I know why you think that I can?» There is silence.

Jesus no longer minds him or the others. He speaks to the woman: «What do you want?»

«Master… Master…»

«Speak without fear.»

The woman looks askance at her companions who interpret her glance in their way.

«The woman’s husband is ill and she asks you to cure him. He is an influential person, at Herod’s court. You had better satisfy her.»

«I will satisfy her if I can, not because he is influential, but because she is unhappy. I have already said so. What is the matter with your husband? Why did he not come? And why do you not want Me to go to him?»

Further silence and further look askance.

«Do you wish to speak to me without witnesses? Come.»

503.6

They move a few steps aside.«Speak.»

«Master… I believe in You. I believe so much that I am sure that You know everything about him, me and our wretched lives… But he does not believe… But he hates You… But he…»

«But he cannot be cured because he has no faith. Not only he has no faith in Me but not even in the true God.»

«Ah! You are aware!» The woman is weeping desperately. «My house is a hell! A hell! You free possessed people. So You know what the demon is. But do You know this subtle, intelligent, false and learned demon? Do you know to what perversion he leads one. To what sins? Do You know the ruin he causes around himself. My house? Is it a house? No. It is the threshold of hell. My husband. Is he my husband? He is now ill and does not bother about me. But also when he was strong and eager for love, was it a man that embraced me, held me and had me? No! I was in the coils of a demon, I smelt the breath and felt the viscid body of a demon. I loved him so much and I love him. I am his wife and he took my virginity when I was little more than a girl: I was only fourteen years old. But also when I remembered that first hour and with it I recollected the un­sullied sensations of the first embrace that made me a woman. I, at first with the nobler part of myself then with my flesh and blood, I reacted with horror remembering that he is a filthy necromancer: I had the impression that not my man but the dead people he evoked were on me to satisfy themselves… And even now, when I look at him, dying and still immersed in that magic, I am horrified. I do not see him… I see Satan. Oh! How grievous it is! Not even in death I shall be with him, because the Law forbids it. Save him, Master. I ask You to cure him to give him time to recover.» The woman is weeping distressingly.

«Poor woman! I cannot cure him.»

«Why, Lord?»

«Because he does not want it.»

«Yes. He is afraid of death. Of course he wants.»

«He does not want. He is not insane, he is not a man possessed unaware of his state, who does not ask to be freed because he can­not think freely. He is not a man with inhibited will. He is one who wants to be what he is. He knows that what he does is forbidden. He is aware that he is cursed by the God of Israel. But he persists. Even if I cured him, and I would begin from his soul, he would revert to his satanic enjoyment. His will is corrupted. He is a rebel. I cannot.»

503.7

The woman weeps more loudly. The men who brought her, come near. «Are You not satisfying her, Master?»

«I cannot.»

«Didn’t I tell you? Why?»

«You, a Sadducee, are asking Me why? I refer you to the book of Kings[3]. Read what Samuel said to Saul and what Elijah said to Ahaziah. The spirit of the prophet reproaches the king for disturb­ing him by evoking him from the reign of the dead. It is forbidden to do it. Read Leviticus[4], if you no longer remember the word of God, Creator and Lord of everything that exists the Guardian of life and of the dead. The dead and the living are in the hands of God and you are not allowed to snatch them from them, through vain curiosity, or sacrilegious violence, or cursed incredulity. What do you want to know? Whether there is an eternal future? And you say that you believe in God. If God exists, He will certain­ly have a court. And what court will it be, but an eternal one like Himself, consisting of eternal spirits? If you say that you believe in God, why do you not believe in His word? Does His word not say: “You shall not practise divination, you shall not observe dreams”? Does it not say: “If a man has recourse to magicians and diviners and will fornicate with them, I shall set My face against that man and outlaw him from his people”? Does it not say: “Do not cast gods of metal”? And what are you? Samaritans and lost people or are you children of Israel? And what are you: fools or men capable of reasoning? And if by reasoning you deny the im­mortality of souls, why do you evoke the dead? If the incorporeal parts that animate man are not immortal, what remains of man after death? Rottenness and bones, dry bones emerging from a wriggling mass of worms. And if you do not believe in God, and you have recourse to idols and signs to be cured and obtain money, responses, as this man did, whose health you are asking to be restored, why do you cast gods and believe that they can tell you words, which are more truthful, holier and more divine than the words God speaks to you? I will now give you the same reply that Elijah gave Ahaziah: “Since you sent messengers to consult Beelzebub, the god of Ekron, as if there were no God in Israel to be consulted, the bed you have got into you will not get out of, and you are certainly going to die in your sin”.»

503.8

«You are always the one who insults and attacks us. I am pointing it out to You. We come to You to…»

«To lure Me into a trap. But I read your hearts. Masks off, you Herodians sold to the enemy of Israel! Masks off, you false cruel Pharisees! Masks off, you Sadducees, true Samaritans! Masks off, you scribes whose words contrast with facts! Masks off, all of you, transgressors of the Law of God, enemies of the Truth, concubines of Evil! Down with you, desecrators of the House of God! Down with you, instigators of weak consciences! Down with you, jackals who scent the victim in the wind that has blown past it and who follow that track and lie in wait, awaiting the right moment to kill, and you lick your lips foretasting the blood and dreaming of that moment!… O swindlers and fornicators who sell for less than a handful of lentils your primogeniture among peoples and are no longer blessed, because other peoples will wear the fleece of the Lamb of God, and true Christ will appear to the eyes of the Most High, Who smelling the fragrance of His Christ emanate from them, will say: “Here is the scent of My Son! Like the scent of a flowery field blessed by God. Upon you the dew of Heaven: Grace. In you the opulence of the Earth: the fruit of My Blood. In you abundance of wheat and wine: My Body and My Blood that I will give for the lives of men and in remembrance of Me. Let peoples serve you, let nations bow to you, because where the sign of My Lamb is, there is Heaven. And the Earth is subject to Heaven. Be the masters of your brothers, because the followers of My Christ will be the kings of the spirit, as they will possess the Light, to which Light the others will turn their eyes hoping in its help. Let the children of your mother: the Earth, bow to you. Yes, all the children of the Earth will stoop one day to My Sign. Cursed be he who curses you and blessed who blesses you, because bless­ings and maledictions given to you, come to Me, your Father and God”. That is what He will say, o fornicators who fornicate with Satan and his false doctrines, whilst you could have the true faith as the beloved spouse of your souls. That is what He will say o murderers. Murderers of consciences and murderers of bodies. Here are some of your victims. But if two hearts have been murdered, there is a Body that will be in your possession only for the time of Jonah. Then, joined to Its immortal Essence, It will judge you.»

Jesus is terrible in this severe reproof. Terrible! I think that He will be more or less like that on Doomsday.

503.9

«And where are those murdered people? You are talking nonsense! You are a concubine of Beelzebub. You fornicate with him and work miracles in his name. You cannot work one in our case because we are friends of God.»

«Satan does not drive himself out, I expel demons. So in whose name do I do it?» Silence. «Answer My question!»

«It is not worth while bothering with this demoniac. I warned you. You did not believe me. Let Him tell you. Answer, You mad Nazarene. Do You know the sciemanflorasc?»

«I do not need to!»

«Did you hear that? Another question. Have You been to Egypt?»

«Yes, I have.»

«See? Who is the necromancer, the demon? How horrible! Come woman. Your husband is a saint as compared to Him. Come!… You will have to be purified. You have touched Satan!…» And they go away dragging the woman who is weeping with clear gestures of aversion.

Jesus, with His folded arms, watches them with flashing eyes.

503.10

«Master… Master…» The apostles are terrorised both by Jesus’ vehemence and by the Judaeans’ words.

Peter asks, and he even bends down while speaking: «What did they mean with those last questions? What is that thing?»

«What? The sciemanflorasc?»

«Yes. What is it?»

«Forget about it. They are mixing the Truth with Falsehood, God with Satan, and in their satanic pride they think that God, to yield to the wishes of men, has to be implored by means of His Tetragrammaton. The Son speaks the true language with His Father and by means of it, through the mutual love of Father and Son, miracles are performed.»

«But why did he ask You whether You have been to Egypt?»

«Because Evil makes use of the most harmless things to make charges against those it wants to strike. My stay when a child in Egypt will be among the counts of indictment in their hour of revenge. You, and those who come after you, must know that with shrewd Satan and his faithful servants double astuteness is re­quired. That is why I said[5]: “Be as cunning as snakes besides being as simple as doves”, so as to put only the minimum of weapons in the hands of the demons. And even so, it is of no avail. Let us go.»

«Where, Master? To Jericho?»

«No. We shall take a boat and go back to the Decapolis again. We shall go up the Jordan as far as Enon and then we shall land. On the shores of Gennesaret we shall take another boat and sail to Tiberias, and thence to Cana and Nazareth. I am in need of My Mother, and you need Her, too. What the Christ does not do with His word, Mary does with Her silence. What My power does not do, Her purity does. Oh! My Mother!»

«Are You weeping, Master? Are You weeping? Oh! no! We will defend You! We love You!»

«I am not weeping and I am not afraid because of those who hate Me. I am weeping because hearts are harder than jasper and I can do nothing for many of them. Come, My friends.»

They go down to the bank and they go up the river in a boat. It all ends thus.

503.11

Jesus says:

«You and he who guides you ought to meditate for a long time on My reply to Peter. People of this world – not exclusively laymen – deny the super­natural, then, in the presence of manifestations of God, they are ready to call into question not the supernatural, but the occult. They mix up one thing with the other. Now listen: supernatural is what comes from God. Occult is what comes from an extra­terrestrial source, but has no root in God.

I solemnly tell you that spirits can come to you. How? In two ways. By God’s command or by man’s violence. Angels and blessed souls and spirits that are already in the light of God, come by God’s command. By man’s violence those spirits can come over whom also a man has control, as they are immersed in regions lower than the human ones, in which there is still a remembrance of Grace, although it is not active Grace. The former come spon­taneously, obeying one order only: Mine. And they bring the truth that I want you to know. The latter come through a complex of joined powers. The power of an idolatrous man joined to the powers of Satan-idol. Can they give you the truth? No. Never. Ab­solutely never. Can a formula, even if taught by Satan, bend God to man’s will? No. God always comes spontaneously. A prayer can join you to Him, not a magic formula.

And if someone should object saying: “Samuel appeared to Saul”, I say: “Not by deed of the sorceress. But by My will in order to rouse the king, rebellious to My Law”. Some people may say: “And what about the prophets?” The prophets speak through knowledge of the Truth which is infused into them directly or through angelic ministry. Others may object: “And what about the writing hand at Belshazzar’s banquet?” Let those read Daniel’s reply[6]: “… you also have defied the Lord of Heaven… praising gods of silver, bronze, iron, gold, wood, stone, which cannot either see, hear or understand, but you have not given glory to the God Who holds your breath and every movement of yours in His hands. That is why He has sent the finger (which was sent spontaneously, while you, a foolish king and a foolish man, were not thinking about it and were intent on filling your stomach and swelling with pride) the finger of that hand that wrote what is over there”.

Yes. At times God admonishes you by means of manifestations that you call “mediumistic”, which in fact are the compassion of a Love that wants to save you. But you must not wish to create them yourselves. Those created by you are never sincere. They are never useful. They never bring any good. Do not become enslaved to what ruins you. Do not say and believe that you are more in­telligent than the humble people, who submit to the Truth which has been deposited for ages in My Church, only because you are proud people seeking, through disobedience, permission for your illicit instincts. Go back and remain in the Discipline, which is cen­turies old. From Moses to Christ, from Christ to you, from you to the last day it is that one, and no other one.

Is your science really science? No. Science is in Me and in My doc­trine and man’s wisdom is in obeying Me. Curiosity without danger? No. Contagion of which later you suffer the consequences. Do away with Satan, if you want to have Christ. I am the Good One. But I will not cohabit with the Spirit of Evil. Either I or he. Make your choice.

503.12

O My “mouthpiece”: say this to whom it is to be said. It is the last voice that will go to them. And you and he who guides you must be prudent. Proof becomes counter-proof in the hands of the Enemy and of the enemies of My friends. Be careful! Go with My peace.»


Notes

  1. Une nouvelle fois fait référence à la « vision » du jour précédent, rapportée au chapitre 419.
  2. cette soirée…, en 481.5/7.
  3. au livre des Rois, plus précisément : 1 S 28, 15-19 ; 2 R 1, 16 ; Lv 19, 4.26.31 ; 20, 6.
  4. shemaflorasc: Ce mot n’apparaît dans aucun dictionnaire. D’après le contexte, on peut supposer qu’il s’agit de quelque incantation magique. Mais dans un ouvrage rare et ancien de l’abbé Bullet, on trouve un début d’explication. Il y a tout lieu de lire ici l’expression hébraïque Shem hamphoras, c’est-à-dire le nom ineffable de Dieu, que Maria Valtorta a rapportée avec une orthographe phonétique très approximative. Ce nom ineffable de Dieu était prononcé une fois par an par le grand-prêtre dans le Temple, nom grâce auquel il prétendait pouvoir interroger Dieu. Quiconque de non autorisé l’aurait alors entendu prononcer ce nom aurait encouru immédiatement la peine de mort. Ensuite, ce nom fut remplacé par le Tétragramme. La réponse de Jésus ils s’imaginent que Dieu, pour se plier aux volontés des hommes, a besoin d’être conjuré par son tétragramme prend alors tout son sens. De nos jours, le Shem Hamphoras est devenue un article de magie, vendu comme talisman dans certaines boutiques de magie et d’ésotérisme.
  5. je vous ai recommandé, en 265.7.
  6. la main qui écrivait… la réponse, en Dn 5.

Notes

  1. Jesus is still travelling is written with reference to the “vision” of the previous day, included in chapter 419.
  2. that stormy evening…, in 481.5/7.
  3. to the book of Kings, that is: 1 Samuel 28,15-19; 2 King 1,16.
  4. Leviticus, in: Leviticus 19,4.26.31; 20,6.
  5. I said, in 265.7.
  6. the writing hand… reply…, both in: Daniel 5.