The Writings of Maria Valtorta

513. A Emmaüs de la montagne, une parabole sur la sagesse véritable et un avertissement à Israël.

513. In Emmaus on the mountain. A parable

513.1

La place d’Emmaüs est noire de monde, bondée. Au centre de la place, Jésus a du mal à bouger, tant il est entouré, oppressé par les gens qui l’assiègent. Il se trouve entre le fils du chef de la synagogue et un autre disciple ; autour de lui, dans l’intention hypothétique de le protéger, se pressent les apôtres et les disciples, et entre les uns et les autres, habiles à s’insinuer partout, comme des lézards à travers une haie épaisse, il y a des enfants et encore des enfants.

Qu’elle est merveilleuse, cette attirance que Jésus exerçait sur les petits ! Il était impossible de trouver un lieu, connu ou inconnu, où il ne soit pas aussitôt entouré d’enfants, heureux de s’attacher à ses vêtements, plus heureux encore quand il les effleurait de la main en une légère caresse toute affectueuse, même si pendant ce temps, il s’adressait sévèrement aux adultes ; et extrêmement heureux quand il s’asseyait sur un siège, sur un muret, une pierre, un tronc abattu, ou à même sur l’herbe : comme il était à leur niveau, ils pouvaient l’embrasser, appuyer leur tête sur ses épaules, sur ses genoux, se glisser sous son manteau pour se trouver entourés de ses bras, tels des poussins qui ont trouvé la plus affectueuse et la plus protectrice des défenses. Et toujours Jésus les défend contre la suffisance des adultes, honteux de leur familiarité pour lui qui, faute de s’exercer pour tant de motifs sérieux, veulent faire du zèle en éloignant du Maître les petits enfants…

Maintenant encore, sa phrase habituelle se fait entendre pour protéger ses jeunes amis :

« Laissez-les donc faire ! Ils ne me fatiguent pas ! Ce ne sont pas les enfants qui m’ennuient et me peinent ! »

Jésus se penche sur eux, avec un sourire épanoui qui le rajeunit en le faisant ressembler à un frère aîné, complice bienveillant de quelque jeu innocent, et il murmure :

« Soyez gentils, silencieux, bien sages, afin qu’ils ne vous renvoient pas et que nous restions encore ensemble.

– Et tu nous racontes une belle parabole ? demande le plus… audacieux.

– Oui, rien que pour vous. Ensuite je parlerai à vos parents. Ecoutez tous : ce qui sert aux petits sert aussi aux adultes.

513.2

Un jour, un homme s’entendit appeler par un grand roi qui lui dit :

“ J’ai appris que tu mérites une récompense, car tu es savant, et tu diriges bien ta ville par ton travail et par ta sagesse. Eh bien ! je ne vais pas te donner quelque objet, mais je vais t’amener dans la salle de mes trésors ; tu choisiras ce que tu voudras, et je te l’offrirai. De cette façon, je pourrai voir en plus si tu mérites tout le bien qu’on dit de Toi. ”

En même temps, le roi, qui s’était approché de la terrasse qui entourait sa cour, jeta un regard sur la place devant le palais royal et il vit passer un gamin pauvrement vêtu, certainement d’une famille misérable, peut-être un orphelin et un mendiant. Il s’adressa alors à ses serviteurs pour leur dire :

“ Allez chercher cet enfant et amenez-le-moi. ”

Les serviteurs obéirent et revinrent avec le petit garçon, tout tremblant de se trouver en présence du roi. Malgré les prières des courtisans, qui lui ordonnaient : “ Incline-toi, salue et dis : ‘ Honneur et gloire à toi, mon roi. Je plie le genou devant toi, roi puissant que la terre reconnaît comme l’homme le plus grand qui soit ’ ”, le petit ne voulait pas s’incliner et répéter ces mots ; les courtisans, furieux, le secouaient rudement et disaient :

“ O roi, ce gamin grossier et crasseux ne doit pas rester là. Permets-nous de le chasser d’ici et de le jeter dans la rue. Si tu désires avoir à côté de toi un enfant et si tu es las des nôtres, nous irons en chercher un chez les riches de la ville, et nous te l’amènerons. Mais pas ce lourdaud qui ne sait même pas saluer !… ”

L’homme riche et sage, qui venait de plonger jusqu’à terre en cent courbettes, profondes comme s’il s’était trouvé devant un autel, ajouta :

“ Ceux qui te suivent ont raison. Pour la majesté de ta couronne, tu dois empêcher qu’on refuse à ta personne sacrée l’hommage qui lui est dû. ”

Et il se prosternait jusqu’à baiser les pieds du roi.

Mais le roi insista :

“ Non, je veux cet enfant-ci. Mieux : je veux le mener lui aussi dans la salle de mes trésors afin qu’il choisisse ce qu’il veut, et je le lui donnerai. Ne me serait-il pas permis, parce que je suis roi, de rendre heureux un pauvre enfant ? N’est-il pas mon sujet comme vous tous ? A-t-il le tort d’être malheureux ? Non, vive Dieu, je veux lui faire plaisir au moins une fois ! Viens, mon enfant, et n’aie pas peur de moi. ”

Il lui donna la main, que le petit prit simplement en la baisant spontanément. Le roi sourit. Et entre deux rangs de dignitaires inclinés en signe d’hommage, sur des tapis de pourpre à fleurs d’or, il se dirigea vers la pièce des trésors, avec à sa droite l’homme riche et sage et à sa gauche l’enfant ignorant et pauvre. Et son manteau royal contrastait grandement avec le misérable vêtement tout déchiré et les pieds nus du pauvre petit…

Ils entrèrent dans la salle des trésors dont deux grands de la Cour avaient ouvert la porte. C’était une haute pièce ronde, sans fenêtres. Mais la lumière tombait d’un plafond qui n’était qu’une énorme plaque de mica : cela formait une lumière douce qui faisait pourtant briller les clous d’or des coffres-forts et les rubans pourpres des nombreux rouleaux placés sur des pupitres élevés et ornés. Des rouleaux somptueux, avec des baguettes précieuses, des fermoirs et le titre ornés de pierres resplendissantes, des œuvres rares que seul un roi pouvait posséder. Puis, à l’abandon, sur un pupitre sévère, sombre, peu élevé, un petit rouleau enroulé sur une petite baguette de bois blanc, attaché avec un fil grossier, poussiéreux comme quelque chose sams intérêt.

Le roi montra les murs :

“ Voilà, ici se trouvent tous les trésors de la terre, et d’autres plus grands encore, car il y a toutes les œuvres du génie humain, sans oublier celles qui viennent de sources surnaturelles. Allez, prenez ce que vous voulez. ”

Il se plaça au milieu de la pièce, les bras croisés, pour observer.

L’homme riche et sage se dirigea d’abord vers les coffres-forts et il en souleva les couvercles avec une hâte de plus en plus fébrile. De l’or en barres, de l’or en bijoux, de l’argent, des perles, des saphirs, des rubis, des émeraudes, des opales… brillaient de tous les coffres-forts. C’étaient des cris d’admiration à chaque ouverture… Puis il se dirigea vers les pupitres, et à la lecture des titres des rouleaux, de nouveaux cris d’admiration sortaient de ses lèvres. Enfin, l’homme, enthousiasmé, se tourna vers le roi :

“ Mais tu as un trésor sans pareil et les pierres ont autant de valeur que les rouleaux et vice versa ! Et je peux vraiment choisir librement ? ”

“ Je l’ai dit : comme si tout t’appartenait. ”

L’homme se jeta le visage contre le sol :

“ Je t’adore, ô grand roi ! ”

Il se leva, courut d’abord vers les coffres, puis vers les pupitres, en prenant des uns et des autres ce qu’il voyait de meilleur.

Le roi sourit une première fois dans sa barbe en voyant la fièvre avec laquelle l’homme courait d’un coffre-fort à un autre, et une seconde fois quand il le vit se jeter à terre pour l’adorer, et il sourit pour la troisième fois en voyant avec quelle cupidité, quelle adresse et quelle préférence il choisissait les pierres précieuses et les livres ; il se tourna vers l’enfant qui était resté à côté de lui pour lui dire :

“ Et toi, tu ne vas pas choisir les belles pierres et les rouleaux de valeur ? ”

L’enfant secoua la tête pour dire non.

“ Pourquoi donc ? ”

“ Pour ce qui est des rouleaux, je ne sais pas lire, quant aux pierres… je n’en connais pas la valeur. A mes yeux, ce sont de beaux cailloux, rien de plus. ”

“ Mais elles te rendraient riche… ”

“ Je n’ai plus de père, ni de mère, ni de frère. A quoi cela me servirait d’aller dans mon refuge avec un trésor sur moi ? ”

“ Mais avec cela, tu pourrais t’acheter une maison… ”.

“ J’y habiterais toujours seul. ”

“ Des vêtements. ”

“ J’aurais toujours froid puisqu’il me manque l’amour de mes parents. ”

“ De la nourriture. ”

“ Je ne pourrais me rassasier des baisers de maman, ni les acheter à aucun prix. ”

“ Des maîtres, et apprendre à lire… ”

“ Cela me plairait davantage. Mais, ensuite, que lire ? ”

“ Les œuvres des poètes, des philosophes, des sages et les paroles anciennes et les histoires des peuples. ”

“ Choses inutiles, vaines ou passées… Cela ne vaut pas la peine. ”

“ Quel enfant stupide ! ” s’écria l’homme qui avait maintenant les bras chargés de rouleaux, et la ceinture et la tunique sur la poitrine gonflées de pierres précieuses.

Le roi sourit encore dans sa barbe. Il prit l’enfant dans ses bras, et l’amena devant les coffres-forts. Plongeant la main dans les perles, les rubis, les topazes, les améthystes, il les faisait tomber en une pluie scintillante et le poussait à en prendre.

“ Non, ô roi, je n’en veux pas. Je voudrais autre chose… ”

Le roi l’amena aux pupitres et lui lut des strophes des poètes, des histoires de héros, des descriptions de pays.

“ Oh ! lire, c’est plus beau. Mais ce n’est pas cela que je souhaiterais… ”

“ Alors quoi ? Parle et je te le donnerai, mon enfant. ”

“ Je ne crois pas, ô roi, que tu le puisses malgré ta puissance. Ce n’est pas une chose d’ici-bas… ”

“ Ah ! tu veux des œuvres qui ne sont pas de la terre ! Voilà, alors : ici ce sont des œuvres dictées par Dieu à ses serviteurs ; écoute… ”

Et il lut des pages inspirées.

“ C’est beaucoup plus beau, mais pour les comprendre, il faut d’abord connaître le langage de Dieu. Il n’y a pas un livre qui l’enseigne et qui fait comprendre ce qu’est Dieu ? ”

Le roi eut un mouvement de stupeur et cessa de rire, mais il serra l’enfant contre son cœur.

Avec un rire moqueur, l’homme sage ironisa :

“ Même les plus savants ne savent pas qui est Dieu et toi, un enfant ignorant, tu veux le savoir ? Si tu espères devenir riche comme cela !… ”

Le roi le regarda avec sévérité tandis que le garçonnet répondait :

“ Je ne cherche pas la richesse, je cherche l’amour, et il m’a été dit un jour que Dieu est Amour. ”

Le roi l’amena près du pupitre sévère sur lequel se trouvait le petit rouleau poussiéreux attaché avec une cordelette. Il le prit, le déroula et en lut les premières lignes :

“ Que celui qui est petit vienne à moi et moi, Dieu, je lui enseignerai la science de l’amour. Elle se trouve dans ce livre, et moi… ”

“ Oh ! c’est cela que je veux ! Je connaîtrai Dieu et, en le possédant, j’aurai tout. Donne-moi ce rouleau, ô roi, et je serai heureux. ”

“ Mais il est sans valeur pécuniaire ! Cet enfant est vraiment débile ! Il ne sait pas lire, et il prend un livre ! Il n’est pas sage, et ne veut pas s’instruire. Il est dans la misère, et ne prend pas de trésors. ”

“ Je m’efforcerai de posséder l’amour, et ce livre me l’enseignera. Sois béni, ô roi, de me donner de quoi ne plus me sentir orphelin et pauvre ! ”

“ Au moins adore-le, comme moi je l’ai fait, si tu crois que par son aide tu es devenu si heureux ! ”

“ Moi, je n’adore pas l’homme, mais Dieu qui l’a rendu si bon. ”

“ Cet enfant est le vrai sage de mon royaume, ô homme qui ne mérite pas le nom de sage. L’orgueil et l’avidité t’ont rendu ivre au point d’adorer la créature au lieu du Créateur, et cela parce que la créature te donnait des pierres et des œuvres humaines. Et tu n’as pas réfléchi que tu as les pierres précieuses, et que moi je les ai eues, parce que Dieu les a créées, et que tu as les rouleaux rares où se trouve la pensée de l’homme, parce que Dieu a donné à l’homme l’intelligence. Ce petit qui a faim et froid, qui est seul, qui a été frappé par mille souffrances, qui serait excusé et excusable s’il devenait ivre devant les richesses, voilà qu’il sait avec justice rendre grâces à Dieu pour avoir donné la bonté à mon cœur, et qu’il ne cherche que l’unique chose nécessaire : aimer Dieu, connaître l’amour pour posséder les vraies richesses, ici-bas et dans l’au-delà. Homme, je t’ai promis de te donner ce que tu choisirais. Une parole de roi est sacrée. Emporte donc tes pierres et tes rouleaux : cailloux multicolores et… paille de la pensée humaine. Et vis dans la peur des voleurs et des mites : les premiers, ennemis des bijoux ; les secondes, des parchemins. Eblouis-toi avec les fausses lueurs de ces balivernes, et éprouve le dégoût de la saveur douceâtre de la science humaine, qui n’est que fumet et ne nourrit pas. Va ! Cet enfant va rester auprès de moi, et ensemble nous nous efforcerons de lire le livre qui est amour, c’est-à-dire Dieu. Et nous n’aurons pas les lueurs futiles des froides pierres précieuses, ni la saveur douceâtre de paille des œuvres du savoir humain. Mais les feux de l’Esprit éternel nous donneront depuis ici l’extase du paradis et nous posséderons la sagesse, plus fortifiante que le vin, plus nourrissante que le miel. Viens, mon enfant, à qui la Sagesse a montré son visage pour que tu la désires comme une épouse véritable. ”

Et, après avoir chassé l’homme, il prit l’enfant chez lui et l’instruisit dans la divine sagesse pour qu’il devienne un juste, et sur la terre un roi digne de l’onction sacrée, puis, après la vie, un citoyen du Royaume de Dieu.

Voilà la parabole promise aux petits et proposée aux adultes.

513.3

Vous rappelez-vous Baruch ? Il dit[1] : “ Pourquoi, Israël, es-tu dans une terre ennemie, vieillissant en terre étrangère, te souillant avec les morts et compté au nombre de ceux qui vont au shéol ? ” Et il répond : “ C’est que tu as abandonné la source de la sagesse. Si tu avais marché dans la voie de Dieu, tu habiterais dans la paix pour toujours. ”

Ecoutez, vous qui vous plaignez trop souvent d’être en exil, bien que vous habitiez dans votre patrie, tant la patrie n’est plus à nous, mais à celui qui nous domine ; vous vous lamentez, et vous ne savez pas que c’est une goutte d’eau par rapport à ce qui vous attend à l’avenir, par rapport à la coupe enivrante que l’on donne aux condamnés et qui, vous le savez, est plus amère que toute autre boisson.

Le peuple de Dieu souffre parce qu’il a abandonné la sagesse. Comment pouvez-vous posséder la prudence, la force, l’intelligence, comment pouvez-vous seulement savoir où elles se trouvent, pour connaître ensuite ce qui est de moindre importance, si vous ne vous abreuvez plus aux sources de la sagesse ?

Son Royaume n’est pas de cette terre, mais la miséricorde de Dieu en accorde la source. Elle est en Dieu. Elle est Dieu lui-même. Mais Dieu ouvre son sein pour qu’elle descende vers vous. Israël possède, ou a possédé — et croit encore posséder, avec le sot orgueil des prodigues qui ont tout perdu, mais s’imaginent encore être riches et exigent l’obéissance due à leur rang, alors qu’ils n’attirent que compassion ou raillerie — richesses, conquêtes, honneurs, mais a-t-il l’unique trésor ? Non. Et il perd même le reste, car celui qui perd la sagesse perd la possibilité d’être grand. D’erreur en erreur, l’homme qui ne possède pas la sagesse tombe. Or Israël connaît beaucoup de choses, trop même, mais il ne connaît plus la sagesse.

513.4

Baruch dit avec raison : “ Les jeunes gens de ce peuple ont vu la lumière et ont habité sur la terre, mais ils n’ont pas connu la voie de la connaissance, ils n’ont pas compris ses sentiers ; leurs enfants non plus ne l’ont pas accueillie, et elle s’en est allée loin d’eux. ”

Loin d’eux ! Les enfants ne l’ont pas accueillie ! Quelles paroles prophétiques !

Moi, je suis la Sagesse qui vous parle, or les trois quarts d’Israël ne m’accueillent pas. Et la Sagesse s’éloigne et s’éloignera davantage pour les laisser seuls… Que feront alors les hommes qui se prenaient pour des géants, et se croyaient capables de forcer le Seigneur à les aider, à les servir ? Des géants utiles à Dieu pour fonder son Royaume ? Non ! Je le dis avec Baruch : “ Pour fonder le vrai Royaume de Dieu, Dieu ne choisira pas ces orgueilleux, il les laissera périr dans leur sottise ”, loin de ses voies. Car, pour monter au Ciel par l’esprit et comprendre les leçons de la Sagesse, il faut un esprit humble, obéissant et surtout entièrement amour, puisque la Sagesse parle son langage — autrement dit, le langage de l’amour, puisqu’elle est l’Amour —. Pour connaître ses voies, il faut un regard limpide et humble, dégagé de la triple concupiscence. Pour posséder la sagesse, il faut l’acheter avec de la monnaie vivante : les vertus.

Cela, Israël ne l’avait pas et je suis venu pour expliquer la sagesse, pour vous conduire vers son chemin, pour semer dans votre cœur les vertus. Car je connais tout et je sais tout, et je suis venu l’enseigner à Jacob[2] mon serviteur, à Israël mon bien-aimé. Je suis venu sur la terre pour converser avec les hommes, moi qui suis la Parole du Père, pour prendre par la main les enfants de l’homme, moi qui suis Fils de Dieu et de l’homme, moi, le Chemin de la Vie. Je suis venu pour vous introduire dans la salle des trésors éternels, moi, à qui tout a été remis par le Père. Je suis venu, moi, l’Amant éternel, pour prendre mon Epouse, l’humanité, que je veux élever sur mon trône et dans ma chambre nuptiale afin qu’elle soit avec moi dans le Ciel, et pour l’introduire dans le cellier des vins afin qu’elle s’enivre de la vraie vigne de laquelle les sarments tirent la vie.

Mais Israël est une épouse paresseuse et elle ne se lève pas de son lit pour ouvrir à Celui qui est venu. Et l’Epoux s’en va. Il passera, il est sur le point de passer. Plus tard, Israël le cherchera en vain, mais il trouvera, non pas la miséricordieuse charité de son Sauveur, mais les chars de guerre de ceux qui la domineront, et il sera écrasé, perdant son orgueil et sa vie après avoir voulu écraser jusqu’à la miséricordieuse volonté de Dieu.

513.5

Oh ! Israël, Israël, qui perds la vraie vie pour conserver une mensongère illusion de puissance ! Oh ! Israël qui crois te sauver et veux te sauver par des voies qui ne sont pas celles de la sagesse, et qui te perds en te vendant au mensonge et au crime, Israël naufragé qui ne t’attaches pas à la solide amarre que l’on te jette pour te sauver, mais aux restes de ton passé brisé, tandis que la tempête te porte ailleurs, au large, sur une mer effrayante et sans lumière. Israël, à quoi te sert-il de sauver ta vie ou de présumer que tu la sauves pour une heure, un an, dix ans, deux, trois fois dix ans, au prix d’un crime et pour périr ensuite éternellement ? Que sont la vie, la gloire, la puissance ? Une goutte malpropre, à la surface d’une lessive utilisée par les lavandières, irisée, non parce qu’elle est faite de pierres précieuses, mais en raison de la graisse malpropre qui, avec le salpêtre, se gonfle en boules vides destinées à éclater sans qu’il en reste rien, hormis un cercle sur l’eau sale des sueurs humaines. Une seule chose est nécessaire, ô Israël : posséder la sagesse, au prix même de la vie. En effet la vie n’est pas ce qu’il y a de plus précieux, et il vaut mieux perdre cent vies que de perdre son âme. »

Jésus achève au milieu d’un silence plein d’admiration. Il cherche à se dégager et à s’en aller… Mais les enfants réclament un baiser et les adultes sa bénédiction. Ce n’est qu’ensuite, en prenant congé de Cléophas et d’Hermas d’Emmaüs, qu’il peut s’éloigner.

513.1

The square in Emmaus is crowded with people. It is really packed. And in the middle of the square there is Jesus, Who is moving with difficulty so much is He surrounded and pressed by those who are besieging Him. Jesus is between the son of the chief of the synagogue and the other disciple and around Him there are, with the hypothetical intention of protecting Him, the apostles and disciples and among them many children, as they can easily creep everywhere, like little lizards in the tangle of a thick hedge.

The attraction that Jesus exerted on the little ones is wonderful. Wherever He went, whether He was known or unknown, He was at once surrounded by children, happy to cling to His garments, even happier when His hand touched them lightly with a loving caress, even if at the same time He said serious things to adults; most happy if He sat down on a seat, on a little wall, or stone, or fallen trunk of a tree, on the grass. In that case, as they had Him at their own height, they were able to embrace Him, rest their little heads on His shoulder or knees, creep under His mantle and thus find themselves in His arms, like chicks that had found the most loving and protective defence. And Jesus always defends them from the arrogance of adults, from their imperfect respect for Him, as although imperfect for so many graver reasons, it pretended to be zealous by driving away the little ones from the Master…

Even now the usual sentence of Jesus can be heard in defence of his little friends: «Leave them alone! Oh! they do not disturb Me! It is not children who cause trouble and grief!»

Jesus bends over them, with a bright smile that makes Him young, so that He almost looks like their older brother, a kind of ac­complice in some of their innocent amusements, and He whispers: «Be good and quiet, so they will not send you away, and we shall be able to be together a little longer.»

«And will You tell us a nice parable?» asks the… boldest one.

«Yes. One all for you. Then I will speak to your relatives. Listen, everybody. What is useful to the little ones is useful also to men.

513.2

A man one day was summoned by a great king who said to him: “I heard that you deserve a prize because you are wise and you honour your town with your work and your science. Now, I will not give you this or that thing, but I will take you into the hall of my treasures and you will choose what you like, and I will give it to you. In this way I will also judge whether you are up to your fame”.

At the same time the king, approaching the terrace which sur­rounded his hall, cast a glance at the square in front of the royal palace and saw a poorly dressed boy pass by: a child of a very poor family, perhaps an orphan and a beggar. He turned to his servants saying: “Go to that boy and bring him here”.

The servants went and came back with the child to appear in the presence of the king. Although the dignitaries of the court said to him: “Make a bow, salute, say: ‘Honour and glory to you, my king. I bend my knee before you, powerful king whom the Earth exalts as the greatest being existing’”, the boy refused to bow and repeat those words, and the scandalised dignitaries shook him rudely and said: “O king, this dirty boorish boy is a dishonour in your abode. Let us drive him out of here into the street. If you wish to have a boy near you we will go and look for one among the rich people in town, if you are tired of our children, and we will bring him to you. But not this boorish fellow who does not even know how to greet a person!…”

The rich wise man, who had previously humiliated himself with many deep servile bows, as if he were before an altar, said: “Your dignitaries are right. For the sake of the majesty of your crown you must ensure that your sacred person is given the homage due to it” and while saying these words he prostrated himself to kiss the king’s foot.

But the king said: “No. I want this boy. Not only that, but I want to take him as well into the hall of my treasures, so that he may choose what he wants and I will give it to him. I am perhaps not allowed, just because I am a king, to make a poor boy happy? Is he not my subject like each of you? Is it his fault if he is unhappy? No, God be praised! I want to make him happy at least for once! Come, child, and be not afraid of me” and he stretched out his hand which the boy took with simplicity kissing it spontaneously. The king smiled. And between two rows of stooping dignitaries, on purple carpets with golden flowers, he headed towards the treasure room, with the rich wise man on his right hand side, and the poor ignorant boy on his left. And the royal mantle contrasted strikingly with the frayed garment and the bare feet of the poor boy.

They went into the treasure room, the door of which was opened by two great men of the Court. It was a high, round, windowless room. But light flooded in through the ceiling made of a huge plate of mica. A mild light which, however, made the gold knobs of safes shine brightly and the purple ribbons of many parchment rolls glow on high ornate reading-desks. Stately rolls, with precious rods, and clasps and labels adorned with shining stones. Rare works which only a king could possess. And, ignored on a grim dark low desk, a small parchment rolled on a white piece of wood, tied with a rustic thread, as dusty as a neglected thing.

The king said pointing at the walls: “Here are all the treasures of the Earth, and others which are even greater than earthly treasures. Because here are all the works of human genius, and there are also works coming from superhuman sources. Go and take whatever you wish”. And he stood in the middle of the room, with folded arms, watching.

The rich wise man went first towards the safes and lifted their covers with more and more feverish anxiety. Gold bars and jewels, silver, pearls, sapphires, rubies, emeralds, opals… were shining in all the coffers… cries of admiration were heard as each one was opened… He then went to the reading-desks, and when reading the titles, his lips uttered new cries of admiration, and at last the man, highly enthusiastic, turned to the king and said: “You have an in­comparable treasure: the stones equal the value of the rolls, and the rolls of the stones! Can I really make my choice freely?”

“I told you. As if everything belonged to you”.

The man threw himself with his face on the ground saying: “I worship you, o great king!” And he got up and ran first to the cof­fers, then to the desks, taking from both the best things he saw.

The king, who had smiled a first time under his beard seeing the excitement with which the man ran from one coffer to another, and a second time seeing him throw himself on the ground wor­shipping, and a third time seeing the cupidity, the method and preferences by which he chose gems and books, addressed the boy who was standing beside him saying: “And are you not going to choose the beautiful stones and the valuable rolls?”

The boy shook his head in denial.

“Why not?”

“Because with regard to the rolls, I cannot read them and as far as the stones are concerned… I do not know their value. They are nothing but little stones to me”.

“But they would make you rich…”.

“I have no father, no mother, no brother. Of what avail would it be to me to go to my shelter with a treasure in my bosom?”.

“But you would be able to buy a house with it…”.

“I would still be alone in it”.

“You could buy clothes”.

“I would still be cold without the love of relatives”.

“Food”.

“I could not become satiated with my mother’s kisses or buy them at any price”.

“You could get teachers and learn to read…”.

“I would like that better. But what could I read then?”.

“The works of poets, philosophers, wise men… ancient words and the history of peoples”.

“Useless things, either vain or past… Not worth it…”.

“What a silly child!” exclaimed the man whose arms by now were full of rolls, and his belt and tunic around his chest were swollen with gems.

The king smiled once again under his beard. And taking the boy in his arms he carried him to the coffers, where he dipped his hand into the pearls, the rubies, the topazes, the amethysts, letting them drop like sparkling rain, tempting the boy to take some.

“No, king, I do not want any. I would like something else…”. The king took him to the desks and read stanzas of poets, episodes of heroes, descriptions of countries.

“Oh! it is beautiful to read. But that is not what I would like…”.

“What, then? Tell me, and I will give it to you, my boy”.

“Oh! I don’t think you can, O king, notwithstanding your power. It is not a thing of this world…”.

“Ah! you do not want works of the Earth. Here, then: here are the works which God dictated to His servants. Listen” and he read some of the inspired pages.

“That is much more beautiful. But to understand it properly, one must first know God’s language well. Is there no book which teaches that, that can make us understand what is God?”.

The king was quite astonished and did not laugh any more, but he pressed the boy to his heart.

The man instead laughed derisively saying: “Not even the wisest men know what God is, and you, an ignorant boy, want to know? If you want to become rich by that!…”.

The king looked at him sternly while the little fellow replied: “I do not seek riches, I am seeking love and one day I was told that God is Love”.

The king took him to the grim desk, where the little dusty roll tied with a string was. He picked it up, unrolled it and read the first lines: “Let little ones come to Me, and I, God, will teach them the science of love. It is in this book, and I….”.

“Oh! that is what I want! I will know God and by having Him, I shall have everything. Give me this roll, O king, and I shall be hap­py”.

“But it has no value moneywise. That boy is really foolish! He cannot read and he takes a book! He is not wise and he does not want to learn. He is poor and he does not take treasures”.

“I will strive to possess love, and this book will teach me. May you be blessed, O king, because you are giving me something which will no longer make me feel a poor orphan!”.

“At least worship him as I did, if you think that you have become so happy through him!”.

“I do not worship the man, but God Who made him so kind”.

“This boy is the true wise person in my kingdom, O man, whereas you have usurped the reputation of being wise. Pride and avidity have intoxicated you to such an extent that you maintain that a creature should be worshipped instead of the Creator, simp­ly because a creature was giving you stones and human works. And you have not considered that you have gems, and I have had them, because God created them, and that you have rare rolls con­taining the thought of man, because God gave man an intellect. This child who is cold and hungry, who is all alone, who has been struck by all kinds of sorrow, who would be excused and justifiable if he became intoxicated with the sight of riches, this child knows how to express just thanks to God for making my heart kind and he seeks but the one only necessary thing: to love God, to know love in order to have true riches here and in future life. Man, I promised I would give you what you would choose. The word of a king is sacred. So, go with your stones and your rolls: multicoloured pebbles and… straw of human thought. And live trembling with fear of thieves and moths: the former the enemies of gems, the latter of parchments. And be dazzled by the vain flashes of those chips, and be disgusted with the sickly sweet flavour of human science, which is only flavour and not nourishment. Go. This child will remain with me and we will strive together to read the book that is love, that is, God. And we shall have no vain flashes of cold gems, nor the sickly sweet flavour of straw of the works of human knowledge. But the fire of the Eternal Spirit will grant us, even in this life, the ecstasy of Paradise and we shall possess Wisdom, which is more fortifying than wine, more nourishing than honey. Come, child, to whom Wisdom has shown her face, that you may desire her as a genuine bride”.

And after driving away the man, he kept the child and in­structed him in divine Wisdom that he might be a just man and a king worthy of the sacred anointment on the Earth, and a citizen of the Kingdom of God in the other life.

That is the parable promised to the little ones and proposed to adults.

513.3

Do you remember Baruch? He says[1]: “Why, Israel, why are you in the country of your enemies, growing older and older in an alien land, sharing defilement with the dead, reckoned with those who go to Sheol?” And he replies: “Because you have forsaken the fountain of Wisdom. Had you walked in the way of God, you would have lived in peace forever”.

Listen, you who too often complain of being in exile, although you are in our fatherland, since our fatherland is no longer ours, but of our rulers; you complain of that and you do not know that in comparison with what is awaiting you in the future, it is like a drop of vinegar mixed with water, compared with the inebriating drink given to condemned men and which, as you know, is more bitter than any other drink. The people of God is suffering because it for­sook Wisdom. How can you possess prudence, strength, in­telligence, how can you even know where they are, and conse­quently know minor things, if you no longer drink at the fountains of Wisdom?

His Kingdom is not of this Earth, but God’s mercy grants its source. It is in God. It is God Himself. And God opens His bosom that it may descend upon you. Well, does Israel, who has or had­ and still thinks she has, with the foolish pride of prodigal people who squandered their money and think they are still rich and in such belief exact homage, whereas they receive nothing but pity or derision – does Israel, who has or had riches, conquests, honours, possess the only treasure? No, she does not. And she loses also the others because he who loses Wisdom loses also the capability of be­ing great. And he who does not know Wisdom falls from one error into another. And Israel knows many things, even too many, but she no longer knows Wisdom.

513.4

Baruch correctly says: “The young men of this people have seen the day, they peopled the Earth but they have not known the way of Wisdom or her paths and their children have not received her and she has gone far from them”. Far from them! They have not received her! Prophetical words!

I am Wisdom speaking to you. And three quarters of the people in Israel do not receive Me. And Wisdom goes away and will go far­ther away leaving them alone… And then what will those do, who now consider themselves giants and therefore capable of forcing the Lord to assist them and serve them? Are they giants useful to God in establishing His Kingdom? No, they are not. I with Baruch say so: “To establish the true Kingdom of God, God will not choose those proud giants, and He will let them perish in their own folly” outside the paths of Wisdom. Because to ascend to Heaven with one’s spirit and understand the lessons of Wisdom, one must have a humble, obedient and above all an entirely loving spirit, because Wisdom speaks her own language, that is, she speaks the language of love, because she is Love. To become acquainted with her paths it is necessary to have limpid humble eyes, free from the triple concupiscence. To possess Wisdom one must buy her with living money: virtues.

Israel did not possess that and I have come to explain Wisdom, to lead you to her Way, and sow virtues in your hearts. Because I know everything and I am aware of everything and I have come to teach My servant Jacob[2] and My beloved Israel all that. I have come to the Earth to converse with men, I, the Word of the Father, to take the children of men by the hand, I, the Son of God and of man, I, the Way of Life. I have come to show you into the room of eternal treasures, I, to Whom everything was given by my Father. I, eter­nal Lover, have come to take My Bride, Mankind, that I want to elevate to my throne and to My nuptial room, so that men may be in Heaven with Me, and I may take them into the wine-cellar[3] so that they may be exhilirated with the true Vine from which the vine-shoots draw Life. But Israel is a sluggish bride and does not get up from her bed to open the door to Him Who has come. And the Bridegroom goes away. He will pass. He is about to pass. And later Israel will look for Him in vain, and will not find the mer­ciful Charity of her Saviour but the war wagons of the rulers, and she will be crushed and pride and life will be squeezed out of her, after she wanted to crush also the merciful Will of God.

513.5

Oh! Israel, Israel, who are losing true Life for the sake of keep­ing a false dream of power! Oh! Israel, who think that you are sav­ing yourself and want to save yourself with different means than those of Wisdom, and you are getting lost by selling yourself to Falsehood and Crime, shipwrecked Israel who will not clutch at the solid rope thrown to rescue you, whereas you cling to the wreckage of your shattered past, and the storm carries you away, to the open sea, a frightful lightless sea, o Israel, what is the good of saving your life or presuming to save it for one hour, one year, for ten, twenty, thirty years, at the cost of a crime, and then perish forever? What is life, glory, power? A bubble of dirty water on the surface of a pond used by laundry-men, an iridescent bubble, not because it is made of gems, but because it consists of greasy dirt that with potash swells into empty bubbles destined to burst leav­ing no trace, except a circle on the water foul with human sweat. One thing only is necessary, o Israel. To possess Wisdom. Even at the cost of one’s life. Because life is not the most precious thing. It is better to lose one hundred lives than lose one’s soul.»

Jesus has finished in an admiring silence. And He tries to push through the crowd and go… But the children claim His kisses, and adults His blessing. Only then, after taking leave of Cleopas and Hermas of Emmaus, He can depart.


Notes

  1. Il dit, en Ba 3, 10-13.20-21.26-28.
  2. à Jacob…, comme en Ba 3, 37-38. Dans le cellier des vins, comme dans Ct 2, 4.

Notes

  1. He says, in: Baruch 3,10-13.20-21.26-28.
  2. Jacob…, as in: Baruch 3,37-38.
  3. wine-cellar, as in: Song of Songs 2,4.