The Writings of Maria Valtorta

524. A Jéricho. Dans la maison de Zachée

524. In Jericho. In the house of Zacchaeus

524.1

Ils sont tous rassemblés dans une pièce vaste et nue. Elle a sûrement dû être belle auparavant, mais ce n’est plus aujourd’hui qu’un grand local. Ils ont apporté des sièges et des lits pris dans les salles à manger ou dans les chambres à coucher, et se sont tous assis autour du Maître qu’ils ont installé sur une sorte de fauteuil tout en bois sculpté couvert d’un tapis de haute lice. C’est le meuble le plus luxueux de la maison.

Zachée parle d’un domaine acheté avec l’argent recueilli entre eux :

« Il nous fallait bien faire quelque chose ! L’oisiveté n’est pas un bon remède pour ne pas pécher. C’est une terre encore peu fertile car elle avait été négligée, comme nous, et comme nous elle était pleine de ronces, de pierres, de lieux arides et d’herbes nuisibles. Nikê nous a prêté ses serviteurs paysans pour nous apprendre comment dégager les puits négligés, nettoyer les champs, tailler les rares arbres qu’il y avait et en planter de jeunes. Nous avions bien des acquis… mais pas les saints labeurs de l’homme. Mais dans ce travail, si nouveau pour nous, nous trouvons vraiment une vie nouvelle. Rien ne rappelle le passé autour de nous, si ce n’est notre conscience, mais c’est une bénédiction… Nous sommes des pécheurs… Viendras-tu le voir ?

– Nous sortirons ensemble d’ici pour nous diriger vers le Jourdain, et je m’arrêterai à cet endroit. Tu me dis qu’il se trouve justement sur la route du fleuve ?

– Oui, Maître, mais c’est en mauvais état. La maison tombe en ruines, et elle est vide de meubles. Nous n’avions pas d’argent pour tout… après avoir, dans la mesure du possible, réparé nos manquements au prochain. Ceux-ci se contentent du foin, sauf Démétès, Valens et Lévi, qui sont trop âgés pour certaines privations et qui dorment ici, Seigneur.

– Bien des fois, je n’ai pas même cela. Je dormirai sur le foin, moi aussi, Zachée. J’y ai passé mes premiers sommeils et ils étaient doux, car l’amour les veillait. Je peux y dormir encore cette fois, et mon sommeil ne sera pas tourmenté, car je serai parmi des hommes qui ont retrouvé la bonne volonté. »

Et il dévisage, d’un regard qui est une caresse, ces prémices des rachetés de tous pays. Eux aussi le regardent… Ce ne sont pas des hommes qui ont les larmes faciles. Qui sait même combien de personnes ils ont fait pleurer ! Leurs visages sont autant de livres sur lequel est écrit leur passé malheureux, et si maintenant leur nouvelle vie voile la brutalité de ces paroles, on peut cependant encore assez les déchiffrer pour permettre de voir de quels gouffres ils remontent vers la lumière. Et pourtant ces visages s’éclairent, s’illuminent, leurs regards prennent de l’assurance, une lueur d’espérance surnaturelle, de satisfaction morale y brille quand ils entendent le Maître leur dire qu’ils sont revenus à la bonne volonté.

524.2

Zachée dit :

« Alors tu approuves tout ce que j’ai fait ? Vois, Maître, j’avais dit ce jour-là : “ Je te suivrai ”, et je voulais vraiment te suivre matériellement. Mais, justement ce soir-là, Démétès vint chez moi me proposer… un de ses infâmes marchés… et il avait besoin d’argent. Il arrivait de Jérusalem… : on la dit sainte, mais on y trouve toutes sortes de hontes, et les premiers à vouloir cette honte sont des gens qui ensuite nous lapident comme si nous étions lépreux… Mais ce sont nos péchés que je dois avouer, et non les leurs. Je n’avais plus d’argent, je t’avais tout donné. Même ce qui restait encore chez moi pouvait être considéré comme déjà donné, car j’avais déjà fait les parts que je devais rendre à ceux à qui je l’avais soutiré par l’usure. Je lui ai répondu : “ Je n’ai pas d’argent, mais ce que je possède a plus de valeur que tous les trésors. ” Et je lui ai raconté ma conversion, tes paroles, la paix qui était en moi… J’ai tant parlé, que je n’avais pas fini quand la lumière du jour nouveau est entrée pour blanchir les visages et rendre les lampes inutiles. J’ai oublié ce que j’ai dit exactement. Je sais que Démétès a donné un grand coup de poing sur la table près de laquelle nous étions assis, et il s’est écrié : “ Mercure a perdu un de ses disciples et les satyres un compagnon. Prends aussi cet argent : il n’y en avait pas suffisamment pour le crime, mais assez pour donner du pain à un mendiant, et prends-moi avec toi. Je veux connaître un parfum après tant de puanteurs. ” Et il est resté.

Nous sommes allés ensemble à Jérusalem, moi pour vendre des objets, lui pour se libérer de tout… engagement. Et en revenant j’ai dit… — j’avais prié au Temple, depuis si longtemps, avec le cœur pur et pacifié d’un enfant — je me suis dit à moi-même : “ Est-ce que, pour suivre le Maître, il ne vaut pas mieux rester à Jéricho où mes malheureux amis publicains, tenanciers de tripots, maquereaux, usuriers, surintendants de galériens et de forçats, d’esclaves, tortionnaires de toutes les misères, soldats sans loi ni pitié, noceurs pour oublier leurs remords dans l’ivresse, viennent me trouver pour employer leur argent maudit, me proposer des affaires, ou m’inviter à des banquets et autres souillures infâmes ? La ville me méprise. Les Hébreux me tiennent toujours pour pécheur, mais eux, non. Eux, ils sont comme moi. Ils sont impurs, mais peuvent avoir en eux quelque chose qui les pousse au bien, et ils ne trouvent personne pour leur tendre une main secourable. Moi, je les ai aidés dans le mal. Peut-être ont-ils péché aussi à cause de mes conseils, de ce que je leur ai demandé parfois. J’ai le devoir de les aider pour venir au bien. De même que j’ai rendu à ceux à qui j’avais fait tort, de même que j’ai réparé pour mes concitoyens, je dois chercher à réparer envers eux. ”

Je suis donc resté ici. Ils sont venus, tantôt l’un, tantôt l’autre, de cette ville ou d’une autre, et je leur ai parlé. Tous n’ont pas réagi comme Démétès. Certains se sont enfuis en me méprisant, d’autres ont tergiversé, d’autres encore se sont arrêtés, mais après quelque temps sont retournés à leur enfer. Ceux-là sont restés. Et désormais, je sens que je dois te suivre ainsi, que nous devons te suivre ainsi, pour lutter contre nous-mêmes, pour supporter les mépris

du monde qui ne sait pas nous pardonner.

524.3

Les larmes du cœur ne manquent pas, quand nous voyons que le monde ne pardonne pas, quand les souvenirs nous reviennent… et ils sont si nombreux et si pénibles… Chez certains, ils sont…

– L’horrible Némésis qui nous reproche nos crimes et qui nous promet la vengeance outre-tombe, dit l’un d’eux.

– Ce sont les lamentations de ceux qui étaient épuisés et que j’ai frappés pour les faire travailler.

– Ce sont les malédictions de ceux que j’ai réduits en esclavage après avoir pris tous leurs biens par l’usure.

– Ce sont les supplications des veuves et des orphelins qui ne pouvaient pas payer et auxquels j’ai confisqué, au nom de la loi, leurs dernières ressources.

– Ce sont les férocités accomplies dans les pays conquis sur des gens désarmés, terrorisés par la défaite.

– Ce sont les larmes de ma mère, de ma femme, de ma fille, mortes de privations, alors que je gaspillais tout en festins.

– Ce sont… Oh ! pour moi, c’est le crime sans nom ! Seigneur, moi je n’ai pas de sang sur les mains, je n’ai pas dérobé d’argent, je n’ai pas imposé de gabelles exagérées, d’intérêts usuraires, je n’ai pas frappé les vaincus, mais j’ai exploité toutes les misères, je me suis enrichi sur les filles innocentes des vaincus, sur des orphelines, sur des femmes vendues pour une bouchée de pain comme de la marchandise. J’ai fait le tour du monde pour saisir ces occasions, derrière les armées, là où il y avait de la disette, là où le débordement d’un fleuve avait enlevé toute nourriture, là où une épidémie avait laissé de jeunes vies sans protection, et j’en ai fait un trafic, une infâme et pourtant innocente marchandise. Infâme pour moi qui en retirais de l’argent, innocente car elle n’en connaissait pas encore l’horreur. Seigneur, j’ai sur les mains la virginité de fillettes déshonorées, et l’honneur de jeunes épouses prises dans les villes conquises. Mes magasins… et mes lupanars étaient célèbres, Seigneur. Ne me maudis pas, maintenant que tu sais !… »

524.4

Les apôtres se sont involontairement écartés du dernier qui a parlé. Jésus se lève et s’approche de lui. Il lui pose la main sur l’épaule et lui dit :

« C’est vrai ! Ton crime est grand. Tu as beaucoup à réparer. Mais moi, la Miséricorde, je t’affirme que, même si tu étais le démon en personne et si tu avais commis tous les crimes de la terre, si tu le veux, tu peux tout réparer et être pardonné par Dieu, par le Dieu vrai, grand et paternel. Si tu le veux. Unis ta volonté à la mienne. Moi aussi, je veux que tu sois pardonné. Unis-toi à moi. Donne-moi ta pauvre âme déshonorée, ruinée, couverte de cicatrices et avilie, depuis que tu as abandonné le péché. Je la mettrai dans mon cœur, là où je mets les plus grands pécheurs, et je l’emmènerai avec moi dans le Sacrifice rédempteur. Le sang le plus saint, celui de mon cœur, le dernier sang de celui qui sera consumé pour les hommes, se répandra sur les plus grandes ruines et les régénérera. Pour le moment, garde l’espérance, une espérance plus grande que ton crime immense, dans la miséricorde de Dieu, car elle est sans bornes, ô homme, pour qui sait se confier à elle. »

L’homme voudrait bien prendre et baiser cette main posée sur son épaule, si pâle et si décharnée sur son vêtement brun, et sur son épaule robuste, mais il n’ose pas. Jésus le comprend et il lui présente la main en disant :

« Baise sa paume, homme. Je retrouverai ce baiser pour guérir une de mes tortures. Main baisée, main blessée. Baisée par amour, blessée par l’amour. Ah ! si tous savaient embrasser la grande Victime, et qu’elle meure dans son vêtement de plaies en sachant que dans chacune se trouvent les baisers, les affections de tous les hommes rachetés ! »

Il appuie la paume de sa main sur les lèvres rasées de l’homme que, à mille détails, je crois romain. Il l’y tient jusqu’à ce que l’homme s’en détache, comme rassasié, après avoir éteint la brûlure de ses remords en buvant la miséricorde du Seigneur dans le creux de la main divine.

524.5

Jésus revient à sa place et, en passant, pose sa main sur la chevelure bouclée d’un tout jeune homme. Je lui donnerais tout au plus vingt ans, peut-être moins. Lui n’a jamais parlé. Il est certainement de race hébraïque. Jésus l’interroge :

« Et toi, mon fils, tu ne dis rien à ton Sauveur ? »

Le jeune homme lève la tête et le regarde… Ce regard parle de lui-même. C’est une histoire de douleur, de haine, de repentir, d’amour.

Jésus, un peu penché sur lui, les yeux dans les yeux du jeune, y lit quelque histoire muette et il dit :

« C’est pour cela que je t’ai appelé “ mon fils ”. Tu n’es plus seul. Pardonne à tous ceux de ton sang et aux étrangers, comme Dieu te pardonne. Et aime l’Amour qui t’a sauvé. Viens un moment avec moi, je veux te dire un mot en particulier. »

Le jeune homme se lève et le suit. Quand ils sont seuls, Jésus reprend :

« Je veux te dire ceci, mon fils. Le Seigneur t’a beaucoup aimé, bien que cela n’apparaisse pas à un jugement superficiel. La vie t’a beaucoup éprouvé. Les hommes t’ont fait grandement tort. L’une et les autres pouvaient faire de toi une ruine irréparable. Derrière eux, il y avait Satan qui était envieux de ton âme, mais sur toi, il y avait l’œil de Dieu, et cet œil béni a arrêté tes ennemis. Son amour a mis Zachée sur ta route et, avec Zachée, moi qui te parle. Maintenant, moi qui te parle, je te dis que tu dois trouver dans cet amour tout ce que tu n’as pas eu, tu dois oublier tout ce qui t’a aigri, et pardonner, pardonner à ta mère, pardonner à ton maître infâme, te pardonner à toi-même. N’aie pas pour toi une mauvaise haine, mon fils. Eprouve de la haine pour le temps où tu as péché, mais pas pour ton âme qui a su quitter ce péché. Que ta pensée soit pour ton esprit une bonne amie et, qu’ensemble, ils atteignent la perfection.

– Parfait, moi !

– Tu as entendu ce que j’ai dit à cet homme ? Et pourtant, lui est descendu au fond de l’abîme !…

524.6

Et merci, mon fils !

– De quoi, mon Seigneur ? C’est à moi de te remercier…

– De n’avoir pas voulu aller chez ceux qui achètent des hommes pour me trahir.

– Oh ! Seigneur ! Comment aurais-je pu le faire, sachant que tu ne nous méprises pas, même nous, les voleurs ? J’étais moi aussi parmi ceux[1] qui t’ont apporté l’agneau au Carit. L’un de nous, qui est maintenant dans les mains des Romains — c’est du moins ce que l’on dit ; ce qui est certain, c’est que bien avant la fête des Tentes on ne l’a plus vu dans les refuges de voleurs —, m’a rapporté tes paroles dans une vallée près de Modin… Car alors, je n’étais pas encore avec les voleurs. J’y suis allé à la fin du dernier mois d’Adar et je les ai quittés au commencement d’Etanim. Mais je n’ai rien fait qui mérite ton remerciement. Tu étais bon. J’ai voulu être bon. Et avertir l’un de tes amis… puis-je appeler ainsi Zachée ?

– Oui, tu le peux. Tous ceux qui m’aiment sont mes amis. Toi aussi, tu l’es.

– Oh !… j’ai voulu l’avertir pour que tu fasses attention à toi. Mais un avertissement ne mérite pas un merci…

– Je te le répète : c’est parce que tu ne t’es pas vendu contre moi que je te remercie. C’est cela qui a de la valeur.

– Pas l’avertissement ?

– Mon fils, rien ne pourra empêcher la Haine de m’assaillir. As-tu jamais vu un torrent qui déborde ?

– Oui, j’étais près de Jabès Galaad et j’ai vu les dégâts provoqués par le fleuve sorti de son lit avant d’arriver au Jourdain.

– Est-ce que quelque chose a pu arrêter les eaux ?

– Non, elles ont tout recouvert et dévasté, elles ont même renversé des maisons.

– Ainsi en est-il de la Haine. Mais elle ne me renversera pas. J’en serai submergé, mais non détruit. Et à l’heure très amère, l’amour de celui qui n’a pas voulu haïr l’Innocent sera mon réconfort, ma lumière dans les ténèbres de cette heure de ténèbres, ma douceur dans la coupe de vin mêlée de fiel et de myrrhe.

– Toi ?… Tu parles de toi comme si… Une telle coupe, c’est pour les voleurs, pour celui qui va à la mort de la croix. Mais toi, tu n’es pas un voleur ! Tu n’es pas coupable ! Tu es…

– Le Rédempteur. Donne-moi un baiser, mon fils. »

II lui prend la tête entre ses mains et dépose un baiser sur son front, puis il se penche pour recevoir le baiser du jeune homme. C’est un baiser timide qui effleure tout juste la joue décharnée… Puis le jeune tombe en pleurant sur la poitrine de Jésus.

« Ne pleure pas, mon fils ! Je suis sacrifié par l’amour. Et c’est toujours un doux sacrifice, même si c’est une torture pour la nature humaine. »

Il le tient dans ses bras jusqu’à ce que ses larmes cessent, puis revient en le tenant près de lui, par la main, à la place qu’occupait Pierre auparavant.

524.7

Il recommence à parler :

« Pendant que nous prenions notre repas, l’un d’entre vous, qui n’est pas du peuple d’Israël, m’a dit qu’il voulait me demander une explication. Qu’il le fasse maintenant, parce que nous devrons bientôt retourner parmi les gens, et ensuite nous quitter.

– C’est moi qui ai dit cela. Mais plusieurs désirent connaître ta réponse. Zachée ne sait pas bien l’expliquer, pas plus que d’autres d’entre nous qui sont de ta religion. Nous avons interrogé tes disciples quand ils sont passés par ici, mais ils ne nous ont pas répondu avec clarté.

– Que veux-tu donc savoir ?

– Nous ne savions même pas que nous avions une âme. C’est-à-dire… nous au moins aurions dû le savoir, car nos anciens… Mais nous ne lisions plus les anciens. Nous étions des bêtes… Et nous ne savions plus ce qu’est cette âme. Maintenant encore, nous l’ignorons. Qu’est-ce que l’âme ? La raison peut-être ? Nous ne le croyons pas, parce que, dans ce cas, nous aurions été sans elle, or nous avons entendu dire que, sans l’âme, il n’y a pas de vie. Qu’est donc l’âme que l’on nous dit incorporelle, et immortelle, si ce n’est pas la raison ? La pensée est incorporelle, mais elle n’est pas immortelle, car elle cesse avec notre vie. Même l’homme le plus sage ne pense plus après la mort.

– L’âme n’est pas la pensée, homme. L’âme, c’est l’esprit, le principe immatériel de la vie, le principe impalpable, mais véritable, qui anime tout l’homme et perdure après lui. C’est pour cela qu’elle est dite immortelle. Elle sest tellement sublime que la pensée, même la plus puissante, n’est rien en comparaison. La pensée a une fin, mais l’âme, bien qu’elle ait un commencement, n’a pas de fin. Bienheureuse ou damnée, elle continue d’exister. Bienheureux ceux qui savent la garder pure ou la faire redevenir pure après l’avoir polluée, pour la rendre à son Créateur comme il l’a donnée à l’homme pour animer son humanité.

– Mais est-elle en nous, ou au-dessus de nous, comme l’œil de Dieu ?

– En nous.

– Prisonnière jusqu’à la mort, alors ? Esclave ?

– Non : reine. Dans la pensée éternelle, l’âme, l’esprit, est la perle qui règne dans l’homme, dans cet animal créé que l’on appelle : homme. Elle est venue du Roi et Père de tous les rois et pères, son souffle et son image, son don et son droit, et elle a pour mission de faire de la créature appelée homme, un roi du grand royaume éternel, de faire de la créature humaine un élu au-delà de la vie, un “ vivant ” dans la Demeure du très sublime, unique Dieu ; créée reine, elle a l’autorité et le destin d’une reine. Ses suivantes, ce sont toutes les vertus et facultés de l’homme, son ministre la bonne volonté de l’homme, son intendant, la pensée de l’homme. C’est pas l’esprit que la pensée acquiert puissance et justice, obtient vérité et sagesse, et peut s’élever à une perfection royale. Une pensée privée de la lumière de l’esprit aura toujours des lacunes et des ténèbres, et ne pourra jamais comprendre les vérités. En effet, pour celui qui est séparé de Dieu après avoir perdu la royauté de l’âme, ces vérités sont plus incompréhensibles que des mystères. Sa pensée sera aveugle, elle sera infirme, s’il lui manque le point d’appui du levier indispensable pour comprendre, pour s’élever en quittant la terre et en s’élançant vers les hauteurs, à la rencontre de l’Intelligence, de la Puissance, de la Divinité en un mot.

524.8

C’est à toi que je m’adresse, Démétès, parce que tu n’as pas toujours été seulement un changeur, et tu peux comprendre, et expliquer aux autres.

– Tu es vraiment un voyant, Maître. Non, je n’ai pas été seulement un changeur… Cela a même été le dernier degré de ma descente… Dis-moi, Maître : si l’âme est reine, pourquoi donc ne règne-t-elle pas et ne dompte-t-elle pas la pensée et la chair mauvaises de l’homme ?

– Dompter ne respecterait pas la liberté et ne laisserait pas place au mérite, ce serait de l’oppression.

– Mais la pensée et la chair accablent souvent l’âme — je parle de moi, de nous —, et la rendent trop souvent esclave. C’est pour cela que je disais qu’elle était en nous esclave. Comment Dieu peut-il permettre qu’une perle si sublime — tu l’as qualifiée de “ souffle de Dieu et son image ” — soit avilie par ce qui est inférieur ?

– La Pensée divine était que l’âme ne connaisse pas l’esclavage. Mais oublies-tu l’ennemi de Dieu et de l’homme ? Les esprits infernaux vous sont connus à vous aussi.

– Oui, et tous avec des désirs cruels. Pour mon compte, je puis dire, en me rappelant l’enfant que j’étais, que c’est seulement à ces esprits infernaux que je peux attribuer l’homme que je suis devenu et que j’ai été jusqu’au seuil de la vieillesse. Maintenant, je retrouve l’enfant égaré d’alors. Mais pourrai-je me rendre assez enfant pour revenir à la pureté de cette époque ? Est-il permis de remonter le temps ?

– Pas besoin de retourner en arrière. Tu ne pourrais le faire. Le temps écoulé ne revient plus. On ne peut le faire renaître et on ne peut y revenir. Mais ce n’est pas nécessaire.

524.9

Certains d’entre vous proviennent de régions où l’on connaît la théorie de l’école pythagoricienne. C’est une théorie erronée. Les âmes, une fois passé leur séjour sur la terre, ne reviennent plus jamais ici-bas dans aucun corps. Pas dans un animal, car il ne convient pas que quelque chose d’aussi surnaturelle, habite dans une bête. Pas dans un homme, car comment le corps serait-il récompensé une fois réuni à l’âme au jugement dernier, si cette âme avait été revêtue de plusieurs corps ? On dit, chez ceux qui croient à cette théorie, que c’est le dernier corps qui a la jouissance, parce qu’au cours des purifications successives, au cours de vies successives, c’est seulement dans la dernière réincarnation que l’âme atteint une perfection qui mérite une récompense. C’est une erreur et une offense ! Une erreur et une offense envers Dieu, puisque c’est admettre qu’il n’a pu créer qu’un nombre limité d’âmes. Une erreur et une offense envers l’homme, puisque cela revient à le juger si corrompu qu’il mérite difficilement une récompense. Il ne sera pas tout de suite récompensé, il devra subir une purification après la vie, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, mais la purification prépare à la joie. Aussi celui qui se purifie est déjà quelqu’un de sauvé. Et une fois sauvé, il jouira de cette récompense avec son corps après le dernier Jour. Il ne pourra avoir qu’un seul corps pour son âme, qu’une seule vie ici-bas, et c’est avec le corps que lui ont fait ceux qui l’ont procréé, et avec l’âme que le Créateur lui a créée pour vivifier sa chair, qu’il jouira de sa récompense.

524.10

Il n’est pas permis de se réincarner, pas plus qu’il n’est possible de remonter le temps. Mais se recréer par un mouvement d’une libre volonté, oui, c’est accordé : Dieu bénit cette volonté et l’aide. Vous tous l’avez eue. Voilà alors que, sous le bain du repentir, l’homme pécheur, vicieux, souillé, criminel, voleur, dépravé, corrupteur, homicide, sacrilège, adultère, renaît spirituellement, détruit la substance corrompue du vieil homme, disperse le moi mental encore plus perverti, comme si la volonté de se racheter était un acide qui attaque et détruit l’enveloppe malsaine où se cache un trésor, et met à nu son esprit purifié, redevenu sain, revêtu d’une nouvelle pensée, d’un nouveau vêtement d’enfant pur, bon. C’est un vêtement qui peut s’approcher de Dieu, qui peut couvrir dignement l’âme recréée, la garder et l’aider jusqu’à sa supercréation, la sainteté achevée qui, demain — un lendemain peut-être lointain, si on le mesure à l’aune du temps humain, très proche si on le contemple par la pensée de l’éternité — sera glorieuse dans le Royaume de Dieu.

Et tous peuvent, s’ils le veulent, recréer en eux-mêmes le pur enfant de leurs premières années, l’enfant affectueux, humble, franc, bon, que sa mère serrait sur son sein, que son père regardait avec fierté, que l’ange de Dieu protégeait et que Dieu contemplait avec amour.

Vos mères ! Elles étaient peut-être des femmes de grande vertu… Dieu ne laissera pas leur vertu sans récompense. Faites donc en sorte d’en avoir une pareille pour vous réunir à elles, quand il y aura pour tous les vertueux une seule récompense : le Royaume de Dieu pour les bons. Il est possible qu’elles n’aient pas été bonnes et qu’elles aient contribué à votre malheur. Mais si elles ne vous ont pas aimés, si vous ne connaissez pas l’amour, si cette absence d’amour vous a rendus mauvais, maintenant qu’un Amour divin vous a recueillis, soyez saints, pour pouvoir dans une joie céleste jouir de l’Amour qui surpasse tout amour.

524.11

Avez-vous une autre question à poser ?

– Non, Seigneur. Nous avons tout à apprendre, mais pour le moment, nous ne voyons rien d’autre…

– Je vais vous laisser Jean et André pour quelques jours. Ensuite, je vous enverrai des disciples bons et sages. Je veux que les poulains sauvages connaissent les voies du Seigneur et ses pâturages, tout comme ceux d’Israël, car je suis venu pour tous et je les aime tous de la même manière. Levez-vous et allons. »

Et il sort le premier dans le jardin défriché, suivi de près par les siens qui se plaignent doucement ;

« Maître, tu leur as parlé comme tu parles rarement à ceux que tu as choisis…

– Et vous vous en plaignez ? Ne savez-vous pas que c’est ainsi que l’on fait aussi dans le monde quand on veut conquérir quelqu’un que l’on aime ? Mais avec ceux dont nous savons qu’ils nous aiment de tout leur être, et qu’ils sont désormais de notre famille, il n’est pas besoin de l’art de la conquête. Il suffit de se voir pour être les uns dans les autres, dans la joie et la paix » répond Jésus avec un sourire divin, vraiment divin, tant il communique de joie.

Et les apôtres ne se plaignent plus, et même ils le regardent d’un air heureux en se perdant dans l’allégresse de l’amour mutuel.

524.1

They are all gathered in a large bare room. It was certainly beautiful once. Now it is nothing but a large room. From the dining-room and the bedrooms they have brought chairs and small beds into it and they are all sitting around the Master, Whom they have seated on a kind of armchair, of engraved wood, covered with a long-pile carpet. It is the most luxurious piece of furniture in the house.

Zacchaeus is speaking of a croft bought with the money gathered among them: «After all we had to do something. Idleness is not a good medicine to avoid sin. The ground is not fertile as yet, because it was neglected, just like us, and like us it was full of bramble, stones, barrenness and weeds. Nike sent us her peasants to show us how to clear neglected wells, to clean the fields, to prune the few trees left, and plant new ones. We were aware of so many things… but not of the holy work of man. But in this work so new to us, we really find a new life. Nothing around us reminds us of our past. Only our consciences remember it. But that is a good thing… We are sinners… Will You come to see it?»

«We shall depart together from here going towards the Jordan, and we shall stop at your croft. You told Me that it is just on the road to the river…»

«Yes, Master. But it is not a pleasant sight. The house is dilapidated. There is no furniture in it. We did not have enough money for everything… after making amends, as far as we could, for the wrongs done to our neighbour. With the exception of Demetis, Valens and Levi, who are too old for certain sacrifices and sleep here, the others must make shift with some hay, Lord.»

«Very often I do not even have that. I will sleep on hay, too, Zacchaeus. I slept my first sleep on it and they were peaceful because they were watched over by love. I can sleep on it also tonight and it will not be a restless sleep, because I shall be among men whose goodwill has revived.» And He looks at those first redeemed men from every country so kindly that He seems to be caressing them.

And they look at Him… They are not men ready to weep. On the contrary who knows how many tears they have caused people to shed. Their faces are like books in which their wicked past is writ­ten, and if now their new life veils the brutality of those words, they can still be deciphered so clearly as to enable one to realise from which abyss they are rising towards Light. And yet their faces clear up and brighten, their eyes look reassured, a light of supernatural hope, of moral satisfaction shines in them upon hear­ing the Master say that they are men of goodwill once again.

524.2

Zacchaeus then says: «So You approve of what I have done? See, Master. On that day I said: “I will follow You”, and I really wanted to follow You physically. But that very evening Demetis came to me for one of those… for one of his ill-famed affairs… and he was in need of money. He came from Jerusalem… they say that she is holy, but she is covered with shame, and the first to bring such shame on her are the very ones who then want to stone us as if we were lepers… But I must tell my sins, not theirs. I had no money left. I had given it all to You. Also what was left in the house was as good as given, because I had divided it up to give it back to those from whom I had extorted it by practising usury. So I said to him: “I have no money, but I have more than a treasure”. And I told him about my conversion, Your words and the peace I had in me… I spoke so much that the light of the new day came in making our faces look pale, and the lamps useless, while I was still speaking. I do not know what I exactly said. I know that with his fist he violently struck the table at which we were sitting and ex­claimed: “Mercury has lost a follower and his satyrs a companion. Take this money as well, it is not enough for the criminal deed, but it will buy some bread for a beggar, and take me with you. I want to become acquainted with a perfume after so many foul smells”. And he remained with me. We went to Jerusalem together, I to sell some items, he to free himself from all engagements. And on our way back I said – I had prayed in the Temple, after such a long time, with the pure pacified heart of a boy – I said to myself: “Is this not to follow the Master, and perhaps follow Him in a better way, by remaining in Jericho, where my wretched publican friends like me, gamblers, procurers, usurers, after being superintendents of galley slaves and convicts, of slaves, torturers of all miserable people, lawless and pitiless soldiers, used to carousing to forget remorses in drunkenness, come to see me to in­vest their cursed money, or to propose affairs, or to invite me to banquets or to other infamous filthiness? The town despises me. The Hebrews will always consider me a sinner. But they will not consider themselves such. But they are like me. They are filthy, but they may have something in them urging them to be good and they do not find who can give them a helping hand. I helped them in evil. Perhaps they sinned also because of my advice, for what at times I asked of them. It is my duty to help them to come towards goodness. As I paid those whom I had injured, as I made amends with regards to my fellow-citizens, so I must try and rectify any wrongs done to them”. And I remained here. Now one, now another one would come from this or that town, and I spoke to them. They did not all behave like Demetis. Some ran away after mocking at me. Some were hesitant. Some stayed here but after some time they went back to their miserable life. These ones have remained. And now I feel that this is the way I must follow You, that we must follow You thus, struggling against ourselves, putting up with the scorn of the world that cannot forgive us.

524.3

Our hearts bleed when we see that the world does not forget, when recollections come back… and are so many and so painful… In some they are…»

«The dreadful Nemesis that always throws our crimes in our faces and promises vengeance in the hereafter» says one.

«They are the cries of those whom I struck to make them work, although they were exhausted.»

«They are the curses of those I enslaved after taking all their pro­perties through usurious practices.»

«They are the entreaties of widows and orphans who could not afford to pay and whose last belongings I had sequestred in the name of the law.»

«They are the cruelties accomplished in conquered countries against defenceless people terrorised by their defeat.»

«They are the tears of my mother, of my wife, of my daughter, who died of privations while I was squandering everything in banquets.»

«They are… oh! there is no name for my crime! Lord, my hands are not stained with blood, I did not steal money, I did not impose exorbitant taxes, I did not fleece anybody, I did not strike the defeated enemy, but I exploited all miseries, and I made money at the expense of innocent girls of the beaten enemy, of orphan girls, of women sold like merchandise for a piece of bread. I travelled around the world seizing such opportunities, following armies, where there was famine, where an overflowing river had deprived people of food, where pestilence had left young lives without pro­tection, and I treated them as goods, infamous yet innocent goods. Infamous with regards to me, as I made money out of it, innocent because they were not yet aware of so much horror. Lord, I have in my hands the virginity of young girls seduced, and the honour of young wives taken in conquered towns. My trade centres… and my brothels were famous, Lord… Do not curse me, now that You know!…»

524.4

The apostles have unintentionally moved away from the last man who has spoken. Jesus stands up and approaches him. He lays a hand on his shoulder and says: «It is true! Your crime is serious. You have much to rectify. But I, the Mercy, tell you that even if you were the demon himself and you were responsible for all the crimes of the Earth, if you want, you can make amends for everything and be forgiven by God, the true, great, paternal God. If you want, join your will to mine. I also want you to be forgiven. Join Me. Give Me your poor spirit, so ill-famed, ruined, full of scars and disheartened after you abandoned sin. I will put it on my Heart, where I place the biggest sinners and I will take it with Me to the redeeming Sacrifice. The holiest Blood, that of my Heart, the last Blood of Him consumed on behalf of men, will be shed on the greatest ruins and will regenerate them. Have hope for the time being. Let your hope be greater than your immense crime, in the mercy of God, because it has no limit, oh man, for those who can trust in it.»

The man would like to take and kiss the hand resting on his shoulder, so pale and thin against his brown garment and his strong shoulder. But he dare not. Jesus understands and stretches out His hand saying: «Kiss the palm of it, man. I will find that kiss again and it will cure My torture. A kissed hand, a wounded hand. Kissed out of love. Wounded for love. Oh! I wish all men could kiss the great Victim, and the great Victim could die in its clothes made of sores, knowing that in each are the kisses, the love, of all men redeemed!» and He holds his hand pressed against the clean-­shaven lips of the man, who, judging from his overall appearance, I would say is a Roman. He holds it there until the man moves away as if he were sated with it after quenching the parching thirst of his remorses by drinking the Mercy of the Lord in the hollow of the divine hand.

524.5

Jesus goes back to His place and when passing He lays His hand on the curly hair of a very young man. I would say that he is hardly twenty years old, if that. One who has never spoken, and is cer­tainly of Hebrew race. Jesus asks him: «And you, My son, are you not saying anything to your Saviour?»

The young man raises his head and looks at Him… A full speech is in his look. A story of grief, of hatred, of repentance, of love.

Jesus, bending slightly over him, staring at his eyes, reads a mute story and then says: «That is why I call you “son”. You are no longer alone. Forgive all those of your own blood and those who are strangers, as God forgives you. And love the Love Who saved you. Come with Me for a moment. I want to say a word to you privately.»

The young man stands up and follows Him. When they are alone, Jesus says: «I want to tell you this, son. The Lord has loved you very much, although it may not appear to be so to a superficial judge. You have been sorely tried by life. Men have harmed you seriously. Both could have ruined you irreparably. Behind them there was Satan, jealous of your soul. But above you there was the eye of God. And that blessed eye stopped your enemies. His love sent Zacchaeus along your path. And, with Zacchaeus, He sent Me, Who am now speaking to you. And now I tell you that in this love you must find what you have not had, you must forget what embit­tered you, and forgive, forgive your mother, your ill-famed master, and yourself. Do not hate yourself in an evil way, son. Hate your time of sin, but not your spirit that has been successful in leaving that sin. Let your thought be a good friend of your spirit, so that together they may reach perfection.»

«Me, perfect!»

«Did you hear what I said to that man? And yet he was in the depth of the abyss!…

524.6

And thank you, son!»

«For what, my Lord? I have to thank You…»

«For not going to those who buy men to betray Me.»

«Oh! Lord! How could I do it, if I knew that You do not despise even us highwaymen? I also was among those who brought You the lamb at the Cherit[1]. And one of us, who has now been captured by the Romans – at least so they say, he has certainly not been seen in the refuge of the highwaymen since before the Tabernacles – told me the words You spoke in a valley near Modin[2]… Because at that time I had not yet joined the highwaymen. I went to them at the end of last Adar and I left them at the beginning of Ethanim. But I did not do anything that deserves Your thanks. You were good. I wanted to be good, and to warn a friend of Yours… can I say so of Zacchaeus?»

«Yes, you can. All those who love Me are My friends. You are one, too.»

«Oh!… I wanted to warn him so that You should be on the look­out. But a warning does not deserve thanks…»

«I will repeat it to you again: I thank you for not selling yourself to those who are against Me. That is important.»

«And is the warning not?»

«Son, nothing will be able to prevent Hatred from assailing Me. Have you ever seen a torrent overflow?»

«Yes I have. I was near Jabesh-Gilead and I saw the damage caused by the river that had overflowed before flowing into the Jordan.»

«And could anything stop the water?»

«No, it flooded and ruined everything. Even some houses were swept away.»

«Hatred is like that. But it will not carry Me away. I shall be submerged but not destroyed. And in the very bitter hour the love of those who would not hate the Innocent One will be My consola­tion, my light in the dark of that hour of Darkness, My sweetness in the chalice of wine mixed with gall and myrrh.»

«You?… You are speaking of Yourself as if… That chalice is for highwaymen, for those who go to die on the cross. But You are not a thief! You are not guilty! You are…»

«The Redeemer. Give Me a kiss, son.»

He takes the man’s head in His hands and kisses his forehead, then He bends to receive his kiss. A timid kiss that hardly touches the emaciated cheek… Then the young man collapses on Jesus’ chest weeping.

«Do not weep, son! I am sacrificed by love. And it is always a sweet sacrifice even if it is grievous to human nature.»

He holds him in His arms until he stops weeping and then He goes back, holding him by the hand close to Himself, to the place where Peter was previously.

524.7

He resumes speaking: «While we were taking our food, one of you, not from Israel, said that he wanted to ask Me to explain something. Let him do so now, because we shall soon have to go back to the crowd and then part.»

«It is I who said that. But many wish to know. Zacchaeus cannot explain it clearly, neither can any of us who follow Your religion. We asked Your disciples, when they passed through here. But they did not give us a clear explanation.»

«So what do you wish to know?»

«We did not even know that we had a soul. That is… we, at least, should have known, because our ancestors… But we did not read the old books. We were like animals… And we no longer knew what this soul is. We do not know even now. What is the soul? Is it perhaps our reason? We do not think so, because in that case we would have been without it, and we have been told that without soul one cannot live. So what is the soul, which we have been told is incorporeal and immortal, if it is not our reason? Thought is in­corporeal, but it is not immortal because it ends with our life. Even the wisest man thinks no more after his death.»

«A soul is not a thought, man. The soul is the spirit, the im­material prime cause of life, the impalpable but true principle that animates the whole man and lasts after man. That is why it is said to be immortal. It is so sublime that even the most powerful thought is nothing in comparison with it. A thought comes to an end. The soul, instead, has a beginning, but has no end. Whether blissful or damned it continues to exist. Blessed are those who know how to keep it pure, or to restore it to its purity after making it impure, in order to give it back to the Creator as He gave it to man to enliven his humanity.»

«But is it within us, or above us, like the eye of God?» «In us.»

«Imprisoned in us until death, then? A slave?»

«No. A queen. In the eternal thought, the soul, the spirit is what reigns in man, in the animal created and named man. The soul was created queen, with the authority and destiny of a queen, as it came from the King and Father of all kings and fathers, His breath and image, His gift and right, and its mission is to make of the creature named man a king of the great eternal kingdom and a god in the hereafter, a “living being” in the Abode of the most sublime only God. Its maidservants are all the virtues and faculties of man, its minister is the goodwill of man, the thought of man is its serv­ant and disciple. It is from the spirit that thought acquires power and truthfulness, justice and wisdom, and can rise to regal perfec­tion. A thought deprived of the light of the spirit will always be lacunose and obscure, it will never be able to understand the reason for truths that are more incomprehensible than mysteries to those who are separated from God, having lost the royalty of their souls. The thought of man will be obscure and dull, if it lacks the basic point, the lever indispensable to understand, to rise leav­ing the Earth and dashing upwards, towards the Intelligence, the Power, the Divinity, in one word.

524.8

I am speaking thus to you Demetis, because you have not always been a money-changer, so you can understand and explain this to the others.»

«You are really a seer, Master. No, I have not been only a money­-changer… Nay, that was the last step of my descent… Tell me, Master. If the soul is a queen, why then does it not reign and sub­due the evil thought and evil flesh of man?»

«Subjection would be neither freedom nor merit; it would be op­pression.»

«But thought and the flesh overwhelm also the soul, I am speak­ing of myself, of us, and they enslave it too often. That is why I asked whether it was in us in the form of a slave. How can God allow such a sublime thing – You called it “breath of God and His image” – to be degraded by inferior beings?»

«According to the divine Thought the soul was not to be aware of slavery. But are you forgetting about the enemy of God and of man? The infernal spirits are known to you as well.»

«Yes, and all of them with cruel desires. And remembering my childhood, I can say that I must ascribe only to those infernal spirits the man I became and was, up to the threshold of old age. I have now found the lost child of those days. But shall I be able to become such a child as to go back to the purity of my childhood? Is it possible to go backwards in time?»

«It is not necessary to go backwards. You would not be able to do it. Bygone days will not come back, one cannot make them come back or go back to them. And it is not necessary.

524.9

Some of you come from places where the theory of Pythagoras’ school is known. A wrong theory. Souls, when they end their stay on the Earth do not come back to it again in any body. Not in the body of an animal, as it would not befit such a supernatural being to dwell in a brute. Not in the body of a man, because how could the body be rewarded when it is reunited to the soul in the Last Judgement, if that soul had been clothed with many bodies? Those who believe in that theory say that it is the last body that rejoices, because the soul through successive purifications, in successive lives, reaches the perfection deserving a reward only in the last reincarnation. An error and an offence! Error and offence against God, as it ad­mits that God was able to create only a limited number of souls. Error and offence against man, as it considers him so corrupt that he deserves a reward only with great difficulty. The reward may not be granted at once, ninety-nine times in a hundred a purifica­tion will be required in life to come. But purification is prepara­tion to joy. So he who is being purified is already saved. And once he is saved he will rejoice, after Doomsday, with his body. He will have only one body for his soul, as he had one life here, and with the body that his parents made for him, and with the soul that the Creator created for him to give life to his body, he will take delight in the reward.

524.10

It is not possible to be reincarnated, as it is not possible to go back in time. But it is possible to be recreated through one’s free will, and God blesses and assists such will. Each of you has had that will. And then man, who was sinful, vicious, filthy, delinquent, thieving, corrupt, corrupting, murderous, im­pious, adulterous, revives spiritually through the purification of repentance, he destroys the corrupt kernel of the old man, he dispels the mental ego which is even more corrupt, as if the will to be redeemed were an acid that attacks and destroys the un­wholesome case concealing a treasure, and after laying bare his spirit, purifying it and restoring it to health, he clothes it with a new mentality, with a new, pure, good juvenile garment. Oh! a garment that can go close to God, that can worthily cover the recreated soul, protect and assist it until its supercreation, that is its complete holiness, that in future – perhaps a remote future if measured with human mind and means; very close if contemplated with the thought of eternity – will be glorious in the Kingdom of God. And every man can, if he so wishes, recreate in himself the boy of his childhood, the loving, humble, sincere, kind boy, whom the mother used to press to her breast and the father looked at glorying, whom the angel of God loved and God admired with love. Your mothers! Perhaps they were women of great virtue… God will not leave their virtue unrewarded. Strive therefore to be equally virtuous, to be united to them when there will be only one thing for all the virtuous people: the Kingdom of God for good peo­ple. Perhaps they were not good and they contributed to your ruin. But if they did not love you, if you do not know what love is, if the lack of love made you bad, now that a divine Love has embraced you, be holy so that with heavenly joy you may take delight in the Love that exceeds all love.

524.11

Have you anything else to ask?»

«No, Lord. We have everything to learn. But for the moment we have nothing else…»

«I will leave John and Andrew with you for a few days. Later I will send you some good wise disciples. I want wild colts to know “’the ways of the Lord and His pastures, like the people of Israel, because I have come for everybody and I love everybody in the same way. Stand up and let us go.»

And He is the first to go out into the changed garden, closely followed by His apostles who complain gently saying: «Master, You have spoken to them as You have seldom done to Your chosen ones…»

«And do you complain of that? Do you not know that they do so also in the world, when they want to conquer someone they love? But with those who we know love us with their whole beings, there is no need for the art of conquering. It is sufficient to see one another in order to be in one another with joy and peace» says Jesus with a divine smile, really divine, so much being the joy it communicates.

And the apostles no longer complain, on the contrary they look at Him blissfully, lost as they are in the exultation of loving one another.


Notes

  1. J’étais moi aussi parmi ceux… comme on le voit en 380.3 ; tes paroles… près de Modin, dans un épisode de l’année précédente, en 223.6/8.

Notes

  1. those who brought You the lamb at the Cherit, as can be found in 380.3.
  2. the words You spoke in a valley near Modin, in a previous episode in 223.6/8.