The Writings of Maria Valtorta

529. Enseignements aux apôtres, pendant

529. Teachings to the apostles while they carry out

529.1

Ce sont de froides et sereines journées d’hiver. Au sommet de la petite montagne sur laquelle est construit Nobé, le vent ne s’arrête pour ainsi dire jamais de souffler, tempéré pourtant par le soleil qui, de l’aurore à son coucher, caresse de ses rayons les maisons et les jardins où poussent les légumes d’hiver : ce sont de petits potagers à l’abri des maisons, aux platebandes vertes de légumes ; d’autres ont la couleur de la terre quand elle est bien nourrie, parterres nus, déjà prêts pour la plantation des légumes. L’œil, en regardant tout autour, là où il ne voit pas la grisaille des oliviers ou les rangées serpentines et squelettiques des vignes dépouillées, découvre de petits champs labourés, déjà ensemencés de céréales prêtes à germer dès les premières tiédeurs du précoce printemps palestinien, attiédi par le soleil. Je dirais presque que, lors de ces paisibles journées que je contemple, on sent déjà une tiédeur printanière, une tiédeur germinative, au point que sur les amandiers en espaliers adossés aux murs des maisons, les bourgeons se gonflent sur les branches qui, il y a quelques jours, étaient tout à fait stériles. Des bourgeons sombres qui sortent tout juste sur des branches sombres, mais qui attestent déjà que la vie monte, que le réveil est proche dans le tronc robuste.

Dans le petit jardin de Jean, à l’arrière de la maison, il y a une petite bande de terre cultivée, alors que, sur un côté, elle est ombragée par un noyer. Et il s’y élève justement un gros amandier, peut-être plus vieux que le maître, si bien adossé à la maison qu’il a dû, sur une bonne partie du tronc, faire pousser ses branches seulement de trois côtés, gêné qu’il était sur le quatrième par le mur de la maisonnette. Mais, plus haut, l’arbre s’ébouriffe en un entrelacement de branches qui, quand elles seront en fleurs, devront faire, au-dessus de la pauvre terrasse, une nuée légère, précieuse tente plus belle qu’un baldaquin royal.

Pour ne pas rester oisifs, Jésus et les apôtres travaillent sous le soleil, qui fait du bien et réchauffe. En habits courts, ceux qui s’y entendent en menuiserie et en serrurerie réparent ou font de nouveaux outils et des cadres. D’autres binent le terrain, buttent des légumes transplantés, renforcent une haie de roseaux secs et d’aubépine verte qui forment de deux côtés une clôture au petit jardin, ou bien taillent l’amandier et le noyer et lient des sarments de vigne que le vent de l’hiver a détachés. J’ai remarqué que là où se trouve Jésus, on n’est jamais oisif. Il est le premier à enseigner la beauté du travail manuel, quand les activités d’évangélisation sont suspendues. Aujourd’hui aussi, Jésus collabore avec ses cousins pour réparer une porte dont le bas était pourri et dont la serrure était à moitié détachée. De leur côté, Philippe et Barthélemy travaillent avec des cisailles et des faucilles sur de vieux arbres fruitiers, pendant que les pêcheurs bricolent avec des cordages et de vieilles couvertures, certains faisant des points très… masculins, d’autres installant des anneaux et des poulies, peut-être dans l’intention de créer, sur la terrasse, un vélarium bien utile en été.

529.2

« Tu seras très bien ici, Elise » promet Pierre en se penchant du muret de la terrasse pour parler à la vieille femme qui, assise contre le mur ensoleillé, file de la laine.

« Oui. Quand la vigne sera attachée et l’amandier arrangé, ce sera vraiment un bon endroit en été » dit Philippe entre ses dents : il a dans la bouche des joncs avec lesquels il lie les sarments aux échalas.

Jésus lève la tête pour regarder, alors qu’Elise la lève pour regarder le Maître, et elle dit :

« Qui sait si nous serons ici en été…

– Et pourquoi pas, femme ? demande André.

– Mais… je ne sais pas… Je ne fais plus de projets depuis que… Depuis que j’ai vu que tous mes pronostics se terminaient par un tombeau.

– Oh ! mais il faudrait que le Maître soit mort pour que nous ne venions plus ici ! Désormais, il a élu domicile ici. N’est-ce pas, Maître ? demande Thomas.

– C’est juste. Mais ce que dit Elise est vrai aussi… répond Jésus tout en rabotant le côté de la porte qu’il répare.

– Mais tu es jeune et surtout en bonne santé !

– On ne meurt pas seulement de maladie, ajoute Jésus.

– Qui parle de mort ? dit Barthélemy. Toi, Maître ? A ton sujet ?…

529.3

Vraiment, depuis quelque temps, la haine semble calmée. Regarde : personne ne nous trouble plus. Ils savent pourtant que nous sommes ici. Hier encore, nous les avons rencontrés en revenant de la ville avec nos achats, et ils ne nous ont pas dérangés.

– Oui, nous non plus, alors que nous traversions les villages voisins pour annoncer que tu es ici. Mais aucun ennui. Et pourtant, nous avons rencontré Elchias et Simon, puis Sadoq et Samuel, et encore Nahum, justement avec Doras. Ils nous ont même salués, n’est-ce pas, Jacques ? dit Jean en s’adressant à son frère.

– Oui. Il faut convenir que Judas a vraiment bien travaillé, alors que dans notre cœur, nous le critiquions. Une fois revenus ici, plus d’ennuis ! Les faits ont confirmé ses paroles. Nous avons l’impression d’être revenus aux beaux temps de La Belle-Eau. Au début de ce temps… Ah ! si ça pouvait être vrai ! soupire Jacques, fils de Zébédée.

– Oui, si ça pouvait être vrai ! répète Pierre.

– Le temps n’est pas toujours serein quand le tonnerre ne gronde pas, observe sentencieusement Elise en faisant tourner son fuseau.

– Qu’est-ce que tu veux dire par là ? demande Pierre.

– Je dis que parfois une grande paix, dans un lieu exposé aux bourrasques, prélude à une tempête plus dangereuse que jamais. Tu devrais le savoir, toi qui es pêcheur.

– Hé ! je le sais bien, femme ! Le lac est parfois un immense bassin plein d’huile bleue. Mais presque toujours, quand la voile pend et que l’eau est ainsi immobile, une tempête est proche, et des plus mauvaises. Un vent de calme plat annonce au navigateur que l’heure du tombeau approche.

– Hum ! Oui. C’est pour cela que si j’étais à votre place, je me défierais de tant de paix. Elle est excessive !

– Mais alors ! Si en temps de guerre on souffre de la guerre, et si en temps de paix on souffre parce qu’une guerre plus cruelle encore peut survenir, quand allons-nous nous réjouir ? demande Thomas.

– Dans l’autre vie. Ici, la douleur est toujours proche.

– Comme tu es lugubre, femme ! Dans ce cas, ce temps de joie est encore loin de moi ! Je suis l’un des plus jeunes ! Réjouis-toi, Barthélemy, tu es plus près d’en profiter, ainsi que Simon le Zélote, plaisante Jacques, fils de Zébédée.

– Lugubre et rusée, femme ! Ah ! les vieilles femmes ! Mais elles pressentent parfois l’avenir. Ma mère aussi, quand elle dit à l’un de nous : “ Attention ! Tu es bien parti pour faire une sottise pour telle ou telle raison ”, elle devine toujours, dit Thomas, courbé pour gratter la terre.

– Les femmes sont malignes ou fourbes plus que des renards. Nous ne valons rien, nous, en comparaison, pour comprendre certaines combines que l’on voudrait qu’elles ne comprennent pas, remarque Pierre sentencieusement.

– Toi, tais-toi. Tu es tombé sur une femme qui te croirait même si tu lui disais que le mont Liban est fait de beurre. Tout ce que tu dis est loi pour elle. Elle écoute, croit et se tait, dit André à son frère.

– Oui… mais sa mère compte aussi pour elle et pour cent autres femmes. Quelle vipère ! »

Tout le monde rit, y compris Elise et le vieil homme qui aide les jeunes à biner.

529.4

Simon le Zélote, Matthieu et Judas rentrent.

« Tout est fait, Maître. Nous sommes fourbus ! Quelle longue tournée ! Mais demain, je me repose. Demain, ce sera votre tour » prévient Judas à ceux qui piochaient le sol.

Ce disant, il saisit une bêche et les rejoint pour se mettre à l’œuvre.

« Mais si tu es fatigué, pourquoi travailles-tu ? lui demande Thomas.

– Parce que j’ai des jeunes pousses à planter. Cet endroit est pelé comme le crâne d’un vieillard, et c’est dommage, dit-il sentencieusement en enfonçant la pelle dans le sol par d’énergiques coups de pied.

– Il n’en était pas ainsi au bon vieux temps ! Mais ensuite… Trop de choses sont mortes, et pour moi, ce n’était pas la peine que je travaille à les refaire. Je suis vieux et, plus encore, j’étais désolé, répond le vieillard.

– Mais quels trous creuses-tu ? C’est bon pour des arbres, pas pour de jeunes pousses, comme tu dis, constate Philippe, qui descend après avoir lié les vignes.

– Quand un arbre est jeune, c’est toujours une petite pousse. Les miennes le sont. Le temps est favorable. Celui qui me les a données me l’a assuré. Sais-tu qui, Maître ? Ce parent d’Elchias qui est cultivateur ; et il cultive bien. Un verger ! Et des oliviers ! Il était en train de renouveler une partie de l’oliveraie. Je lui ai dit : “ Donne-moi quelques-uns de ces arbres. ” “ Pour qui ? ” a-t-il demandé. “ Pour un petit vieux de Nobé qui nous donne l’hospitalité. Elles serviront à me faire pardonner tous les scandales que je lui ai causés. ”

– Non, mon garçon. Ce n’est pas en plantant des arbres, mais par une bonne conduite que cela peut se faire. Et avec Dieu. Moi… moi, je regarde, je prie et je pardonne. Mais mon pardon… Pourtant, je te suis reconnaissant pour les pousses… Bien que… Crois-tu que je pourrai en manger les fruits ?

– Pourquoi pas ? Il faut toujours espérer. Et même vouloir triompher… Alors on triomphe.

– On ne triomphe pas de la vieillesse ! D’ailleurs, je ne le désire pas.

– De beaucoup d’autres choses aussi on ne triomphe pas. S’il suffisait de vouloir pour posséder ! Moi, j’aurais mes fils, soupire Elise.

529.5

– Maître, dit Matthieu, les paroles d’Elise me rappellent une question que certains nous ont posée aujourd’hui en route. Quelque chose avait eu lieu dans un village, et ils demandaient si faire un miracle est toujours une preuve de sainteté. Je les assurais que oui, mais eux pensaient que non. En effet dans ce village, aux confins de la Samarie, celui qui avait accompli des choses extraordinaires n’était certainement pas un juste. Je les ai fait taire en disant que l’homme juge toujours mal et que celui dont ils prétendaient qu’il n’était pas juste, l’était peut-être plus qu’eux. Toi, qu’en penses-tu ?

– Vous avez tous raison : toi en affirmant que le miracle est toujours une preuve de sainteté — car il en est généralement ainsi —, et encore en conseillant de pas juger pour ne pas se tromper. Mais eux aussi avaient raison de soupçonner d’autres sources à l’origine de ce que cet homme avait fait d’extraordinaire.

– Quelles sources ? demande Judas.

– Des sources ténébreuses. Il y a des créatures déjà adoratrices de Satan, car elles ont le culte de l’orgueil, qui, pour s’imposer aux autres, se vendent elles-mêmes au Ténébreux, afin de l’avoir pour ami, lui répond Jésus.

– Est-ce possible ? N’est-ce pas une légende des pays païens que l’homme puisse passer des contrats avec le démon ou des esprits infernaux ? s’étonne Jean.

– Oui, c’est possible. Pas comme on le raconte dans les légendes païennes, pas avec de l’argent ou des contrats matériels, mais en adhérant au Mal, en choisissant de se livrer au Mal afin d’avoir une heure de triomphe quelconque. En vérité, je vous dis que ceux qui se vendent au Maudit pour parvenir à leur fin, sont plus nombreux qu’on ne croit.

– Et ils réussissent ? Ils obtiennent réellement ce qu’ils veulent ? demande André.

– Pas toujours et pas tout. Mais ils ont quelque chose.

– Et comment est-ce possible ? Le démon est-il assez puissant pour pouvoir simuler Dieu ?

– Oh oui, très puissant… mais absolument pas, si l’homme est saint. Mais c’est que, bien souvent, l’homme est de lui-même un démon. Nous combattons les possessions évidentes, bruyantes, tapageuses. De celles-ci, tout le monde se rend compte… Elles sont… peu agréables aux membres de la famille ou aux habitants de la ville, et se présentent surtout sous des formes matérielles. L’homme est toujours frappé par ce qui est lourd, ce qui choque ses sens. Ce qui est immatériel et perceptible seulement pour l’immatériel — la raison et l’esprit —, il ne le remarque pas et, même si c’était le cas, il ne s’en soucie pas, surtout si cela ne lui porte pas tort. Ces possessions cachées échappent donc à notre pouvoir d’exorcistes ! Or ce sont les plus dommageables, car elles travaillent sur la partie la plus élevée de l’être, avec cette partie et sur d’autres parties élevées : de raison à raison, d’âme à âme. Ce sont comme des miasmes corrupteurs, impalpables, qu’on ne perçoit pas, jusqu’au moment où la fièvre avertit celui qui en est frappé qu’il est atteint. »

529.6

Tous demandent :

« Satan apporte vraiment son aide ? Pourquoi ? Et pourquoi Dieu le laisse-t-il faire ? Le laissera-t-il toujours faire ? Même lorsque tu régneras ?

– Satan aide pour finir d’asservir. Dieu le laisse faire, car cette lutte entre le haut et le bas, entre le bien et le mal, fait ressortir la valeur de la créature, ainsi que sa volonté. Il le laissera toujours faire, même après mon élévation. Mais alors, Satan aura contre lui un ennemi bien grand, et l’homme aura une amie bien puissante.

– Qui ? Qui ?

– La grâce.

– Oh ! bien ! Alors, pour ceux de notre temps, sans la grâce, il sera plus facile d’être asservis, mais la chute sera aussi moins grave, dit Judas, sans cesser de bêcher.

– Non, Judas, le jugement sera le même.

– Dans ce cas, c’est injuste, car si nous sommes moins aidés, nous devrions être moins condamnés.

– Tu n’as pas tout à fait tort, approuve Thomas.

– Au contraire, Thomas, Judas a tort. Car nous, en Israël, nous avons déjà tant de foi, d’espérance, de charité, nous avons reçu tant de lumières de sagesse, que nous ne pouvons avoir l’excuse de l’ignorance. Vous, ensuite, vous qui avez déjà la grâce pour Maîtresse depuis presque trois années, vous serez déjà jugés comme les hommes du temps nouveau » dit Jésus en appuyant fortement sur les mots et en observant Judas, qui a levé la tête et regarde dans le vide d’un air pensif.

Puis Judas hoche la tête, comme s’il concluait son raisonnement intérieur, et en enfonçant de nouveau sa bêche dans le sol, il demande :

« Et celui qui se donne ainsi au démon, que devient-il ?

– Un démon.

– Un démon ! De cette façon, si moi, par exemple, pour affirmer que ton contact donne un pouvoir surnaturel, je faisais des actions… que tu réprouves, je serais un démon ?

– Exactement.

– J’espère bien que tu n’en fais pas ! s’exclame André, presque épouvanté.

– Moi ? Ah ! Ah !

529.7

Je plante des arbustes pour notre vieil ami. »

Et il court vers l’autre côté du jardin et revient avec cinq plantes que la terre qui enveloppe les racines rend sûrement pesantes.

« Tu es venu de Béteron avec cette charge sur les épaules ? s’étonne Pierre.

– De plus loin que Gabaon, devrais-tu dire ! C’est là que se trouvent en partie les vergers de Daniel. Quelle terre magnifique ! Regardez !… »

Il effrite entre ses doigts la terre qui entoure les racines, puis il détache le lacet qui maintient les cinq tigelles déjà grosses comme le bras. Deux seulement ont à leur extrémité un peu de feuillage : ce sont des feuilles d’olivier.

« Voilà, celui-ci pour Jésus, et l’autre pour Marie, qui sont la paix du monde. Je les plante les premiers, car je suis un homme de paix. Ici… et là. »

Il les place aux deux extrémités de la petite bande de terre.

« Et ici un pommier, jeune et bon comme celui de l’Eden, pour te rappeler, Jean, que tu descends toi aussi d’Adam, et que tu ne dois pas t’étonner si… je peux être pécheur. Attention, toi, au Serpent… Et ici ce jeune figuier… Non, ce n’est pas bien à cet endroit. Plutôt là, sur le devant, près du mur. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas un figuier dans le jardin, alors qu’ils poussent ici comme du chiendent ? Et dans le trou du milieu, nous allons mettre ce jeune amandier. Il apprendra du centenaire la vertu de la production. Voilà qui est fait ! Ton petit jardin sera beau à l’avenir… et en le regardant tu te souviendras de moi.

– Même sans cela, je me souviendrais de toute façon de toi, car tu es venu ici avec le Maître.

529.8

Tout me parlera de ce temps. Et en regardant les choses, je dirai : “ Comme un fils, il a voulu remettre ma maison en ordre ! ” Pourtant… si je pouvais avoir une volonté différente de celle qui est peut-être déjà inscrite au Ciel, je voudrais ne pas avoir à me rappeler cette période si belle pour moi, plus belle que lorsque ces arbres, aujourd’hui vieux, étaient jeunes et que moi j’étais jeune ainsi que mon épouse, et qu’ici ma petite fille jouait… Alors, j’avais plaisir à prendre soin du pommier et du grenadier, du figuier et de la vigne, car avides étaient les menottes de ma fille et il était beau de voir mon épouse assise à l’ombre verte des arbres pour tisser ou filer… Depuis… ma fille est partie… et elle est si oublieuse !… Mon épouse est tombée malade, puis elle est morte… Pour qui et pourquoi soigner ce qui autrefois était beau ? Alors tout est mort, sauf les deux vieux qui se souviennent de mon enfance. Je voudrais mourir avant d’avoir à me souvenir, et pendant qu’il y a ici une femme aussi juste que l’était Lia. Je te remercie pour les arbres, pour le travail, pour tout. Je vous remercie tous. Mais je prie mon Seigneur d’arracher ma vieille plante de cette terre avant que ne passe cette heure de paix pour le vieux Jean… »

Jésus s’approche de lui et lui pose la main sur l’épaule, d’un air doux et austère à la fois :

« Tu as su faire tant de choses au cours de ta longue vie. Il t’en manque encore une : celle d’accepter de Dieu l’heure de ta mort sans demander qu’elle soit avancée ou retardée d’une minute. Tu t’es résigné à tant de coups durs ! C’est pour cela que Dieu t’aime. Sache te résigner au plus difficile : à vivre quand on désirerait seulement mourir. Et maintenant, rentrons. Le soleil descend derrière les montagnes et le froid augmente vite. Le sabbat commence. Nous finirons les travaux plus tard… »

Et, ramassant la scie, la bêche et le marteau, il rentre dans la maison tandis que les autres finissent de lier en fagots les branches coupées, d’arroser les arbustes plantés et de poser sur ses gonds la porte remise à neuf.

529.1

These winter days are cold but clear. On the top of the little mountain on which Nob is built, the wind blows almost all the time but it is mitigated by the sun that from dawn until sunset caresses the kitchen garden verdant with winter vegetables with its rays. They are small kitchen gardens close to the houses, with small beds green with vegetables and other beds with the colour of well nourished earth, bare beds ready to be sown with legumes. When looking around, one can see the grey-green foliage of olive-trees, or the serpentine skeleton-like rows of bare vines, or small ploughed fields, already sown with cereals, ready to ger­minate in the first warmth of the early Palestinian springtime, blessed with warm sunshine. I would almost say that in the clear days, like the one I am admiring, there is already the warmth of spring, a germinating warmth, in fact the buds of the almond-trees close to the houses are swelling on the branches, which only a few days previously were dry. Dark gems hardly noticeable on the lit­tle dark branches, but proving that life is rising and the robust trunk is about to awake again.

In John’s little orchard, at the rear of the house, there is a thin strip of cultivated land, whereas the strip along the house is shaded by a walnut-tree. In the thin strip there is a huge almond-tree, perhaps older than its master, so close to the house that for a good length of its trunk it has been compelled to branch only on three sides, because the wall of the house prevented it from putting forth branches on the fourth side. But further up its branches are ruffled in such an entanglement, that when they blossom they are bound to form a light cloud above the poor terrace, a precious tent more beautiful than a royal canopy.

In order not to be idle, Jesus and the apostles are working in the cheerful warm sunshine. With their garments tucked up, those who are familiar with joinery and locks are repairing or making new utensils or casings. Some are hoeing the land, covering up vegetables that have been transplanted, reinforcing a hedge of dry canes and green hawthorn enclosing two sides of the little kitchen garden, or they are pruning the almond and the walnut-tree, and tying the vine branches that the winter wind has unfastened. I have noticed that where Jesus is, one is never idle. He is the first to teach the beauty of manual work, when other evangelical work is interrupted. Also today Jesus, with His cousins, is repairing a door the lower part of which had rotted and its latch was falling off. Philip and Bartholomew instead are working with pruning shears and sickle on old fruit-trees, while the fishermen are busy­ing themselves with ropes and old blankets, some mending them with very… masculine stitches, some fixing rings and pulleys, pro­bably with the intent of creating over the terrace a velarium which will be useful in summer.

529.2

«You will be very comfortable here, Eliza» says Peter with a pro­mising intention, hanging out of the low terrace wall to speak to the old disciple who is spinning wool, sitting against the sunny wall.

«Yes. When the vine is stretched out and the almond-tree sorted, it will really be a lovely spot in summer» says Philip between his teeth, as he is holding some reeds in his mouth with which he ties the vine-shoots to their supports.

Jesus raises His head and looks, while Eliza raises hers to look at Jesus and she says: «I wonder whether we shall be here in sum­mer…»

«Why should we not be, woman?» asks Andrew.

«Well… I don’t know… I no longer rely on the future since… Since I saw that all my forecasts ended up in a sepulchre.»

«Eh! the Master would have to die to prevent us from being here! The Master has now chosen this place as His residence. Have You not, Master?» asks Thomas.

«That is true. But also what Eliza says is true…» replies Jesus working with a plane on the stile of a door He is repairing.

«But You are young. And above all healthy!»

«People do not die only of diseases» says Jesus again.

«Who is speaking of death? You, Master? For Yourself?…

529.3

The hatred has really calmed down for some time. See, no one is disturbing us now. They know that we are here. They met us also yester­day when we were coming back from town with the shopping, and they did not bother us» says Bartholomew.

«Yes. It was the same with us, when we went to the nearby villages to inform people that You are here. No one ever troubled us. And yet we met Helkai and Simon, then Sadoc and Samuel, and also Nahum with Doras. They even greeted us. Didn’t they, James?» says John addressing his brother.

«Yes! We must admit that Judas has done good work whilst in our hearts we were criticising him. Since we came back here we have had no trouble! His words have been confirmed by facts. We seem to have gone back to the good old days at the Clear Water. To the beginning of those days… Oh! I wish it were true!» says James of Zebedee.

«If it were really true!» says Peter with a sigh.

«It is not always a clear day when there is no rumble of thunder» says Eliza sententiously whirling her spindle.

«What do you mean?» asks Peter.

«I mean that much peace at times, in a stormy place, fore­shadows a most dangerous tempest. You ought to know, as you are a fisherman.»

«Eh! woman, I know. A lake is like a huge tun full of blue oil, at times. But almost every time sails are loose and the water is smooth, a storm of the worst kind is ready. The wind of a dead calm sea is the wind of death for seamen.»

«H’m! Of course. So, if I were you, I would not trust so much peace. It’s too peaceful!»

«Well! If when it is wartime one suffers because there is a war, and when it is peace-time one suffers because an even more dread­ful war may break out, when can one rejoice?» asks Thomas.

«In the next life. Sorrow is always ready here.»

«Ugh! How dismal you are, woman! My time to rejoice is very remote, then! I am one of the youngest! Cheer up, Bartholomew, you are the nearest to enjoy it. You and the Zealot» says James of Zebedee jokingly.

«Dismal and shrewd, woman! Eh! elderly women! But sometimes they guess right. Also my mother when she says: “Be careful! You are about to do something silly because of this and that” always guesses right» says Thomas who is bent hoeing the ground.

«Women are malignant or more artful than foxes. We are worth nothing, as compared to them, when it is a question of understand­ing certain things that we would like them not to understand» says Peter sententiously.

«You ought to be quiet. You happened to marry a wife who would believe you even if you said that Lebanon had turned into butter. What you say is the law for her. She listens, believes and is silent» says Andrew to his brother.

«Yes… but her mother makes up for her and for another hundred women. What a serpent!»

They all laugh, including Eliza and the old man who is helping the younger ones to hoe.

529.4

The Zealot, Matthew and Judas of Kerioth come back.

«We have done everything, Master. We are tired! What a long tour! But I will take a rest tomorrow. It’s your turn tomorrow» says the Iscariot to those who are hoeing the land. And he goes towards them taking a hoe to work with it.

«If you are tired why do you want to work?» Thomas asks him.

«Because I have to plant some little plants. This place is as bald as the head of an old man, and it’s a pity» he says sententiously thrusting the hoe into the ground with strong strokes of his foot.

«It wasn’t like this in the good old days! Then… Too many things have died and it wasn’t worth my while to work to remake them. I am old and more than old I was desolate» replies the old man.

«But what size of holes are you digging? They are fit for trees, not for little plants, as you said» remarks Philip who has descended after tying the vine-shoot.

«When a tree is young it is always a little plant. That is what mine are like. This is the right time. I was assured by the man who gave me them. Do You know who, Master? That relative of Helkai who is a farmer. And he is a good farmer. What an orchard! And his olive-trees! He is replanting part of the olive-grove. I said to him: “Give me some of those plants”. “For whom?” he asked. “For an old man in Nob who has given us hospitality. They will serve to make him forgive me all the scandals I bore him”.»

«No, son. Not with plants, but only through your good behaviour that can happen. And with God. I… I watch, pray and forgive. But my forgiveness… But I am grateful to you for the plants… Although… Do you think that I will live long enough to eat their fruit?»

«Why not? One must always hope. Nay one must want to triumph… And one then triumphs.»

«There is no triumph over old age! And I do not wish for it either.»

«There is no triumph either over many other things. If wishing were enough to have things! I would have my sons» says Eliza sighing.

529.5

«Master, Eliza’s words remind me of a question some people asked me today along the road. As something had happened in a village, they were asking whether it is true that a miracle is always a proof of holiness. I said it is. But they said that it is not, because in that village, at the border of Samaria, he who had worked wonderful things was certainly not a just man. I silenced them saying that man always judges wrongly and that the man who they said was not just, was perhaps holier than they were. What do You think?» asks Matthew.

«I say that you were both right. Each for his own part. You by saying that a miracle is always the proof of holiness. It is generally so. And also by saying that one must not judge in order not to make mistakes. But they were also right in suspecting other sources for the wonderful things of that man.»

«Which sources?» asks the Iscariot.

«Those of darkness. There are people who are already worship­pers of Satan and practise the cult of pride, and in order to impose themselves on other people, they sell themselves to the Dark One to have him as a friend» Jesus replies to him.

«How is it possible? Is it not a legend of heathen countries that man can stipulate contracts with the demon or with infernal spirits?» asks John who is utterly amazed.

«It is possible. Not as the heathen legends say. Not by means of money or material contracts. But by adhering to Evil, by choosing to give oneself up to Evil, so that one might enjoy one hour of triumph, no matter how. I solemnly tell you that those who sell themselves to the Cursed One in order to gain their end, are more numerous than one may think.»

«Are they successful? Do they achieve what they ask for?» asks Andrew.

«Not always and not everything. But they get something.»

«How can that be? Is the demon so powerful as to simulate God?»

«He is… but he would be a nonentity if man were holy. The fact is that man is often a demon himself. We fight against obvious, noisy, striking possessions. Everybody is aware of them… They are far from being pleasant for relatives and citizens, and above all they take place in material forms. Man is always impressed by what is heavy and strikes his senses. He does not notice what is im­material and is perceptible only by what is immaterial: his reason and spirit, and even if he does notice it, he takes no care of it, par­ticularly if it is not detrimental to him. So such hidden possessions elude our power of exorcisers! And they are the most harmful because they work in the choicest part, with the choicest part and toward other choice parts: from reason to reason, from spirit to spirit. They are like corrupting, impalpable, unnoticeable miasmata, until the person suffering from it is not warned by the fever of the disease that he is affected with it.»

529.6

«And does Satan help him? Really? Why? And why does God allow him? And will He always allow him? Even after You will be reigning?» they all ask.

«Satan helps to complete the enslavement. God allows him to act thus because the value of the creature emerges from the struggle between High and Low, Good and Evil. Both his value and his will emerge. He will always allow him to act. Also after I have been raised. But Satan then will have to fight against a very· great enemy and man will have a very powerful friend.»

«Who?»

«Grace.»

«Oh! well! So for those of our times, who are without grace, it will be easier to be enslaved, but their fall will be less serious» says the Iscariot hoeing all the time.

«No, Judas. The judgement will be the same.»

«That is unfair because, if we are less helped, we should be less condemned.»

«You are not completely wrong» says Thomas.

«He is wrong, Thomas. Because we people of Israel have been gifted with so much faith, hope, charity, and so much light of Wisdom, that we have no excuse for being ignorant. And you, in any case, who already have had Grace as your Master for almost three years, will be judged like those of the new time» says Jesus stressing His words and looking at Judas who has raised his head and is pensive looking into space.

Then Judas of Kerioth shakes his head, as if he were concluding an internal reasoning, and thrusting the hoe into the soil he asks: «And what does he become, who gives himself thus to the demon?»

«A demon.»

«A demon! So if I, for instance, in order to assert that Your con­tact gives one a supernatural power, should do something… that You censure, would I be a demon?…»

«Yes, you would.»

«However, I do hope that you will not do such things…» says Andrew who is almost frightened.

«Me? Ah! Ah!

529.7

I am planting the little trees for our old man» and he runs to the other side of the kitchen garden, and comes back with five young plants which are certainly heavy because of the clod of earth wrapping the roots.

«Have you come from Beth-Horon with that load on your shoulders?» asks Peter.

«You should say from Gibeon! That is where some of Daniel’s or­chards are. Wonderful soil. Look!…» and he crumbles with his fingers the earth around the roots. He then unfastens the lace holding the five little stems which are already the size of an arm. Only two have a few leaves on their tops. And they are olive leaves.

«Here we are. This one is for Jesus and this one for Mary. They are the peace of the world. I am transplanting them first, because I am a man of peace. One here… and one there» and he places them at the ends of the strip of land. «And an apple-tree here, as young and good as that one in Eden, to remind you, John, that you also descend from Adam and that you must not be sur­prised… if I may be a sinner. Beware of the Serpent… And here… No, this is not the right place. This young fig-tree, over there, in the front, near the wall. How can one do without a fig-tree in the garden, when they grow here like weeds? And we will put this young almond-tree in the hole in the centre. It will learn from that age-old one the virtue of yielding fruit. There we are! Your little kitchen garden will be beautiful in future… and looking at it you will remember me.»

«I would remember you just the same, because you have been here with the Master.

529.8

Everything will speak to me of this time. And looking at things I shall say: “He wanted to set my house in order again, just like a son!”. But… But if I could wish for something different from what is probably already written in Heaven, I would like not to have to remember this period of time so beautiful for me, more beautiful than when these trees, now old, were young, and my wife and I were young, and my little daughter used to play here… and it was a pleasure to take care of the apple, the pomegranate and the fig trees, and of the vines, because the little hands of my daughter were eager to have the fruit, and it was lovely to see my wife, sitting in the shade of the green trees, weave and spin… Later… my daughter went away… so forgetful!… My wife was ill and died… Why and for whom should I take care of what once was beautiful? And everything is dead, ex­cept the two old trees that remember my childhood… I would like to die before having to remember, and while there is a woman here as just as Leah. I thank You for the trees, for the work, for everything. I thank everybody. But I beg my Lord to uproot my old tree from this land before this hour of peace for old John sets…»

Jesus approaches him and laying a hand on his shoulder, He says kindly and severely at the same time: «You have been able to do so many things in your long lifetime. You still lack one: to accept the hour of your death from God without asking to have it brought forward or delayed by one minute. You are resigned to so many things. And thus God loves you. Resign yourself to the most dif­ficult one: to live when you would only wish to die. And now let us go inside. The sun is setting behind the mountains and it turns cold at once. The Sabbath is beginning. We will finish our work after it…» and He picks up saw, plane and hammer and goes back into the house, while the others finish making up into bundles the branches they have cut, watering the plants they have transplanted and putting back on its hinges the door they have repaired.