The Writings of Maria Valtorta

558. Avec le groupe qui retourne à Sichem.

558. The parable of the drop that erodes the rock,

558.1

Jésus est en train de marcher sur une route isolée. Entouré des habitants de Sichem, il suit les oncles des enfants. Ils traversent une région déserte : on ne voit aucune ville. Les garçons ont été mis en selle sur des ânes, et un parent tient la bride tout en les surveillant. Les autres ânes qui n’ont pas de cavaliers — les habitants de Sichem ont préféré marcher pour rester près de Jésus — pré­cèdent le groupe des hommes ; trottant en bande, ils braient de temps à autre, heureux de rentrer à l’écurie sans être chargés, par une splendide journée, entre des talus bordés d’herbe nouvelle où ils plongent de temps en temps le museau pour en goûter une bouchée, puis, en un pas amusant, caracolent pour rejoindre leurs compagnons montés. Cela fait rire les enfants.

Jésus parle avec les Sichémites ou écoute leurs conversations. Il est visible que les Samaritains sont fiers d’avoir le Maître parmi eux, et rêvent plus qu’il ne convient. Ils vont jusqu’à dire à Jésus, en montrant les hautes montagnes à la gauche des voyageurs — qui font route vers le nord :

« Tu vois ? Les monts Ebal et Garizim[1] ont une mauvaise renommée, mais pour toi, au moins, ils sont bien meilleurs que Sion, et ils le seraient totalement si tu le voulais, et si tu choisissais d’y de­meurer. Sion est toujours un repaire de Jébuséens, et ceux de maintenant te sont encore plus hostiles que les anciens pour David[2]. Lui a pris la citadelle par violence, mais toi qui n’agis pas ainsi, tu n’y régneras pas. Jamais. Reste parmi nous, Seigneur, et nous t’honorerons.»

Jésus répond :

« Dites-moi : m’auriez-vous aimé si j’avais voulu vous conquérir par la violence ?

– Sincèrement… non. Nous t’aimons justement parce que tu es tout amour.

– C’est donc à cause de l’amour, que je règne dans vos cœurs ?

– Oui, Maître. Mais c’est parce que nous avons accueilli ton amour. Eux, ceux de Jérusalem, ne t’aiment pas.

– C’est vrai, ils ne m’aiment pas.

558.2

Mais vous, qui êtes tous d’habiles commerçants, dites-moi : quand vous voulez vendre, acheter, faire des bénéfices, perdez-vous courage parce qu’à certains endroits on ne vous aime pas, ou bien négociez-vous malgré cela, en vous préoccupant uniquement de faire de bons achats et de bonnes ventes, sans vous demander si l’amour de vos acheteurs ou de vos vendeurs intervient dans l’argent que vous gagnez ?

– C’est seulement de l’affaire que nous nous préoccupons. Peu nous importe s’il y manque l’amour de ceux qui traitent avec nous. Une fois l’affaire conclue, tout contact cesse. Le profit demeure… Le reste n’a pas de valeur.

– Eh bien, moi aussi, qui suis venu servir les intérêts de mon Père, je ne dois pas me préoccuper de cela. Si, là où je les sers, je trouve amour, mépris ou dureté, je ne m’en soucie guère. Dans une ville commerçante, ce n’est pas avec tous que l’on traite pour acheter, vendre et obtenir des bénéfices. Mais même si l’on fait affaire avec un seul et que le profit est bon, on se dit que le voyage n’a pas été inutile, et on y retourne autant que nécessaire. Car ce que l’on n’obtient qu’avec une seule personne la première fois, on l’obtient avec trois la seconde, avec sept la quatrième, avec des dizaines les autres fois. N’en est-il pas ainsi ? Et moi, j’agis pour les conquêtes du Ciel comme vous pour vos marchés : j’insiste, je persévère, je trouve qu’un petit nombre c’est déjà beaucoup, car une seule âme sauvée est d’une grande importance et me récompense de tous mes efforts. Chaque fois que j’y vais et que je surmonte tout ce qui peut être réaction humaine, quand il s’agit de conquérir, comme Roi spirituel, ne serait-ce qu’une seule personne, non, je ne prétends pas que ma démarche, ma souffrance, mes fatigues ont été vaines : au contraire, j’appelle saints, aimables et désirables les mépris, les injures, les accusations. Je ne serais pas un bon conquérant si je m’arrêtais devant les obstacles des forteresses de granit.

– Mais il te faudrait des siècles pour les vaincre. Toi… tu es un homme. Tu ne vivras pas des siècles. Pourquoi perdre ton temps là où on ne veut pas de toi ?

– Je vivrai beaucoup moins. Je ne serai bientôt plus parmi vous, je ne verrai plus les aurores et les couchers de soleil comme les pierres milliaires des jours qui commencent et des jours qui s’achèvent, mais je les contemplerai uniquement comme des beautés de la Création, et je louerai pour eux le Créateur qui les a faits et qui est mon Père ; je ne verrai plus fleurir les arbres et mûrir les blés, et je n’aurai pas besoin des fruits de la terre pour me garder en vie, car revenu dans mon Royaume, je me nourrirai d’amour. Et pourtant, j’abattrai les nombreuses forteresses barricadées que sont les cœurs des hommes.

558.3

Observez cette pierre, là, au-dessous de la source, au flanc de la montagne. La source est bien faible, elle ne jaillit pas, mais l’eau en coule goutte à goutte, une goutte qui tombe depuis des siècles sur cette pierre en saillie sur le flanc de la montagne. Or la pierre est bien dure. Ce n’est pas du calcaire friable ni de l’albâtre mou, c’est du basalte très dur. Voyez cependant comment il s’est formé, au centre de la masse convexe et malgré cette forme, un minuscule miroir d’eau, pas plus large que le calice d’un nénuphar, mais suffisant pour refléter le ciel bleu et désaltérer les oiseaux. Cette concavité dans la masse convexe, serait-ce l’homme qui l’a faite pour mettre un joyau d’azur dans la pierre sombre et une coupe d’eau fraîche pour les oiseaux ? Non, il ne s’en est pas occupé. Depuis des siècles, une goutte creuse par un travail incessant et régulier ce rocher, depuis des siècles des hommes passent devant, mais nous sommes peut-être les premiers à observer ce basalte noir avec, au milieu, ce liquide turquoise. Nous en admirons la beauté, et nous louons l’Eternel de l’avoir voulu pour charmer nos yeux et rafraîchir les oiseaux qui font leurs nids près d’ici.

Mais dites-moi : la première goutte qui a coulé au-dessous de cette corniche basaltique qui surmonte le rocher et qui est tombée de sa hauteur sur la roche, a-t-elle suffi à creuser la coupe qui reflète le ciel, le soleil, les nuages et les étoiles ?

Non. L’une après l’autre, des milliards de gouttes se sont succédé, jaillissant comme une larme de là-haut, tombant avec un scintillement pour frapper le rocher et y mourir avec une note de harpe ; elles ont creusé d’une profondeur inappréciable tant la matière dure était nulle. Et il en fut ainsi pendant des siècles, avec le mouvement régulier du sable dans un sablier, pour marquer le temps : tant de gouttes à l’heure, tant au cours d’une veille, tant entre l’aube et le couchant, entre la nuit et l’aurore, tant par jour, tant d’un sabbat à l’autre, tant d’une nouvelle lune à une nouvelle lune, tant d’un mois de Nisan à un mois de Nisan, et d’un siècle à un siècle. Le rocher résistait, la goutte persistait.

L’homme, qui est orgueilleux, donc impatient et peu partisan de l’effort, aurait jeté la masse et la gouge après les premiers coups en disant : “ Il est impossible de creuser une telle roche. ” Or la goutte l’a creusée. C’était ce qu’elle devait faire, ce pourquoi elle a été créée. Elle a coulé, une goutte après l’autre, pendant des siècles, pour arriver à entailler le rocher. Et elle ne s’est pas arrêtée ensuite en disant : “ Maintenant, c’est le ciel qui pensera à alimenter la coupe que j’ai formée, avec les rosées et les pluies, les gelées et les neiges. » Mais elle a continué à tomber, et c’est elle seule qui emplit cette coupe minuscule pendant les chaleurs de l’été, pendant les rigueurs de l’hiver, alors que les pluies violentes ou légères plissent le miroir, mais ne peuvent ni l’embellir ni l’élargir ni l’approfondir parce qu’il est déjà plein, utile, beau. La source sait que ses filles, les gouttes, s’en vont mourir dans le petit bassin, mais elle ne les retient pas. Au contraire, elle les pousse vers leur sacrifice et, pour qu’elles ne restent pas seules en tombant ainsi dans la tristesse, elle leur envoie de nouvelles sœurs pour que celle qui meurt ne soit pas seule et se voit perpétuée en d’autres.

558.4

Moi aussi, en frappant des centaines de fois les forteresses des cœurs endurcis et en me perpétuant dans les successeurs que j’enverrai jusqu’à la fin des siècles, j’ouvrirai en eux des passages, et ma Loi entrera comme un soleil partout où il y a des créatures. Mais si, ensuite, elles refusent la lumière et ferment les passages qu’un inépuisable effort aura ouverts, mes successeurs et moi n’en serons pas coupables aux yeux de notre Père. Si cette source s’était frayé un autre chemin, en voyant la dureté du rocher, et s’était égouttée plus loin, sur un terrain herbeux, dites-moi : aurions-nous trouvé, nous, ce joyau étincelant et les oiseaux ce limpide réconfort ?

– On ne l’aurait même pas vu, Maître.

– Tout au plus… un peu d’herbe plus touffue même en été aurait indiqué l’endroit où la source s’égouttait.

– Ou… moins d’herbe qu’ailleurs, les racines pourrissant en raison d’une humidité continuelle.

– Et de la boue. Rien de plus. Ces gouttes auraient été inutiles.

– Vous l’avez dit : un égouttement inutile, superflu. Moi même, si je devais m’attacher uniquement aux cœurs disposés à m’accueillir par justice ou par sympathie, mon œuvre serait imparfaite. En effet, j’agirais, cela oui, mais sans effort et même en y trouvant une grande satisfaction, un compromis agréable entre le devoir et le plaisir. Il n’est pas pénible de travailler là où l’amour vous entoure et rend dociles les âmes à purifier. Mais s’il n’y a pas de fatigue, il n’y a pas de mérite, et guère de profit : on fait peu de conquêtes, puisqu’on se borne aux personnes déjà justes. Je ne serais pas celui que je suis, si je ne cherchais pas à racheter le monde entier, d’abord à la vérité, puis à la grâce.

558.5

– Et tu penses y parvenir ? Que pourras-tu faire de plus que tu n’aies déjà fait pour amener tes adversaires à ta parole ? Quoi donc ? Si même la résurrection de l’homme de Béthanie n’a pas suffi pour faire reconnaître aux juifs que tu es le Messie de Dieu ?

– J’ai encore quelque chose de plus grand à accomplir, de beaucoup plus grand que ce que j’ai déjà fait.

– Quand, Seigneur ?

– Quand la lune de Nisan sera pleine. Faites attention, à ce moment-là.

– Y aura-t-il un signe dans le ciel ? On dit que, au moment de ta naissance, le ciel s’est fait entendre par des lumières, des chants et des étoiles extraordinaires.

– C’est vrai. Pour dire que la Lumière était venue dans le monde. Alors, au mois de Nisan, on verra des signes sur la terre et dans le ciel ; des ténèbres, des secousses, le rugissement de la foudre dans le firmament ainsi que des tremblements dans les entrailles ouvertes de la terre feront croire à la fin du monde. Mais ce ne sera pas la fin. Ce sera le commencement, au contraire. D’abord, à ma venue, le Ciel enfanta pour les hommes le Sauveur et, comme c’était une action de Dieu, la paix accompagnait l’événement. Au mois de Nisan, ce sera la terre qui, de sa propre volonté, enfantera pour elle le Rédempteur ; et comme ce sera une action des hommes, elle ne sera pas accompagnée de la paix. On assistera au contraire à d’horribles convulsions. Dans l’horreur de l’heure du siècle et de l’enfer, la terre se déchirera sous les flèches enflammées de la colère divine, et elle criera sa volonté, trop ivre pour en comprendre la portée, trop possédée par Satan pour l’empêcher. Telle une folle qui enfante, elle croira détruire le fruit considéré comme maudit, sans comprendre qu’au contraire elle le relèvera en des lieux où plus jamais la douleur et les pièges ne le rejoindront. A partir de ce moment, l’arbre, ce nouvel arbre, étendra ses branches sur toute la terre, à travers tous les siècles, et Celui qui vous parle sera reconnu — avec amour ou avec haine — comme étant le vrai Fils de Dieu et le Messie du Seigneur. Et malheur à ceux qui le reconnaîtront sans vouloir l’avouer, et sans se convertir à moi !

558.6

– Où cela arrivera-t-il, Seigneur ?

– A Jérusalem. Elle est bien la cité du Seigneur.

– Dans ce cas, nous n’y serons pas car, en Nisan, la Pâque nous retient ici. Nous sommes fidèles à notre Temple.

– Il vaudrait mieux que vous soyez fidèles au Temple vivant, qui n’est ni sur le mont Moriah ni sur le mont Garizim, mais qui, étant divin, est universel. Mais je sais attendre votre heure, celle à laquelle vous aimerez Dieu et son Messie en esprit et en vérité.

– Nous croyons que tu es le Christ. C’est pour cela que nous t’aimons.

– Aimer, c’est quitter le passé pour entrer dans mon présent. Vous ne m’aimez pas encore parfaitement. »

Les Samaritains se regardent par en dessous, silencieusement. Puis l’un d’eux prend la parole :

« Pour toi, pour venir à toi, nous le ferions. Mais, même si nous le voulions, nous ne pourrions pas entrer là où sont les juifs. Tu le sais. Ils ne veulent pas de nous…

– Et vous ne voulez pas d’eux. Mais soyez en paix. D’ici peu, il n’y aura plus deux régions, deux Temples, deux pensées opposées, mais un seul peuple, un seul Temple, une seule foi pour tous ceux qui aspirent à la vérité.

558.7

Mais je dois maintenant vous quitter. Les enfants sont désormais consolés et distraits et, pour moi, le chemin de retour à Ephraïm pour arriver avant la nuit est long. Ne vous agitez pas. Cela pourrait attirer l’attention des petits, et il ne faut pas qu’ils remarquent mon départ. Continuez. Moi, je m’arrête ici. Que le Seigneur vous guide sur les sentiers de la terre et sur ceux de sa Voie. Allez. »

Jésus s’approche de la montagne et les laisse s’éloigner. Le dernièr écho que l’on perçoit de la caravane qui retourne à Sichem, c’est le joyeux éclat de rire d’un enfant qui retentit dans le silence du chemin de montagne.

558.1

Jesus is walking along a solitary road. The children’s relatives are ahead of Him, the people from Shechem are beside Him. They are in a wild area. No town is in sight. The children have been put on the backs of some donkeys and their relatives are holding the reins and watching them. The donkeys without any rider, as the people of Shechem have preferred to go on foot to be near Jesus, are going ahead of the men, in a herd and are braying, now and again, for joy of going back to their stables, without any load, on a wonderful day, between banks covered with fresh grass into which they dip their nostrils now and again to enjoy a mouthful of it, and then they caracole with joyful amble and join their companions laden with riders. This makes the children laugh.

Jesus is speaking to the people of Shechem or is listening to what they say. The Samaritans are obviously proud to have the Master with them and they are dreaming more than is convenient. So they say to Jesus, pointing at the high mountains on the left of people going northwards: «See? Mount Ebal and Mount Gerizim have a bad reputation. But, at least as far as You are concerned, they are much better than Zion. And they would be completely so, if You wanted that, by choosing them as Your dwelling place. Zion is always the den of the Jebusites. And the present ones are more hostile to You than the ancient ones were to David[1]. By making use of violence David captured the citadel; but as You do not make use of violence, You will never reign there. Never. Stay with us, Lord, and we will honour You.»

Jesus replies: «Tell Me: would you have loved Me if I had tried to conquer you through violence?»

«Not… really. We love You because You are all love.»

«So it is through love that I reign in your hearts?»

«Yes, it is, Master. But it is so because we have accepted Your love. But those in Jerusalem do not love You.»

«That is true. They do not love Me.

558.2

But since you are all expert traders, tell Me: when you want to sell, buy and make a profit, do you lose heart because in certain places people do not love you, or do you do your business just the same, as you are only anxious to make good purchases and good sales, without worrying whether the money you have earned is devoid of the love of those who sold to you or bought of you?»

«We are only anxious to do good business. It does not matter if it lacks the love of those who deal with us. Once the business is done, there is no more connection. Only the profit remains, the rest… is of no importance.»

«Well, I do the same. Since I came to look after the interests of My Father, I must take care of them only. Then if I find love or derision or harshness where I look after them, it does not worry Me. In a trading town one does not make a profit, purchases or sales with everybody. But even if you deal with one person only and you make a good profit you say that your journey was not a useless one and you go back again and again. Because what you achieve with one person only the first time, you achieve with three people the second time, with seven the fourth time, with ten and ten thereafter. Is it not so? I act for the conquests for Heaven, as you do for your business. I insist, I persevere, I find that the little, in number, or the great are sufficient, because even only one soul saved is a great thing, the great reward obtained through My work. Every time that I go somewhere and I overcome what may be the reaction of the Man, so that as King of the spirit I may conquer only one subject, I do not say that My going there was useless or that I suffered or worked in vain. But I say that mockery, insults, accusations were holy, loving and desirable. I would not be a good conqueror if I stopped before the obstacles of granitic fortresses.»

«But it would take You ages to defeat them. You… are a man. You will not live forever. Why waste Your time where You are not wanted?»

«I shall live much less. Nay, I shall soon be no longer among you, I shall no longer see dawns and sunsets like milestones of days that rise and of days that end, but I shall only contemplate them as the beauties of creation and for them I will praise the Creator Who made them and Who is My Father; I shall no longer see trees blossom and corn ripen, neither shall I need the fruits of the earth to keep alive, because when I go back to My Kingdom, I will feed on love. And yet I will demolish the many fortresses closed in the hearts of men.

558.3

Look at that stone up there, under that spring, on the slope of the mountain. The spring is a very scanty one, I would say that the water does not flow, but it drips: a drop that has been falling for ages on that rock protruding from the side of the mountain. And the stone is a very hard one. It is not crumbly limestone or soft alabaster, it is very hard basalt. And yet see how at the centre of the convex rock, and despite its shape, a tiny sheet of water has formed, not any larger than the calyx of a water-lily, but sufficient to reflect the blue sky and quench the thirst of birds. Did man perhaps make that cavity on the convex rock to place a blue gem on the dark rock and a refreshing cup for birds? No. Man took no part in it. In the many centuries during which men have passed before this rock that a drop of water has been hollowing out for ages with unrelenting rhythmical erosive action, we are perhaps the first to notice this dark basalt with its liquid turquoise in its centre, we admire its beauty and we praise the Eternal Father Who wanted it to delight our eyes and to refresh the birds that nest in the vicinity. But tell Me. Was it perhaps the first drop that leaked under the basaltic ledge above the rock and fell from that height on this block, was it that drop that excavated the cup which reflects the sky, the sun, clouds and stars? No. Millions and millions of drops have followed one another, leaking through like tears up there, sparkling as they descended to strike the rock and dying on it with the note of a harp, and excavated the hard material for so tiny a depth that is immeasurable. And thus for ages, marking the time like a sand-glass, so many drops an hour, so many during a watch, so many between dawn and sunset, and between night and daybreak, so many a day, so many from Sabbath to Sabbath, so many from new moon to new moon, so many from Nisan to Nisan, and from one century to the next one. The rock resisted, the drop persisted. Man, who is proud and thus impatient and lazy, would have thrown away mallet and gouge after the first strokes saying: “It cannot be scooped out”. The drop excavated it. It was what it had to do. What it was created for. And it groaned, one drop after the other, for ages, until it hollowed out the rock. And afterwards it did not stop, saying: “Now the sky will see to nourishing the cup, which I excavated, with dews and rain, with frost and snow”. But it continued to drop and by it­self it fills the tiny cup during the warm summer months, during the rigours of winter, while pelting or drizzling rains wrinkle the sheet of water but cannot embellish or widen or deepen it, because it is already full, useful and beautiful. The spring knows that its daughters, the drops, go to die in the little basin, but does not hold them back. On the contrary it urges them towards their sacrifice, and to avoid them being left alone and becoming sad, it sends new sisters after them, so that the dying ones are not lonely and they see themselves perpetuated in the others.

558.4

Likewise, being the first to strike the solid fortresses of hardened hearts thousands of times and being perpetuated in My successors, whom I will send until the end of time, I will open a way into them and My Law will enter like a sun wherever there are human creatures. If they refuse the Light and close the ways opened with unexhausted work, My suc­cessors and I will not be guilty in the eyes of our Father. If that spring of water had followed a different course, seeing the hard­ness of the rock, and had fallen in drops farther away, where the soil is covered with grass, tell Me, would we have that shining gem, and would the birds have that clear refreshment?»

«No, it would not have even been seen, Master»; «At the most… some grass, thicker also in summer, would have indicated the spot where the spring dripped»; «Or also… less grass than elsewhere, as its roots rotted in the perpetual dampness»; «And slush. Nothing else. Thus a useless trickle.»

«You are right. Useless, or at least worthless. I also would accomplish an imperfect task, if I were to prefer only those places where hearts are willing to accept Me out of justice or fondness. Because I would work but without any fatigue, nay, with great satisfaction of My ego, with a complaisant compromise between duty and pleasure. It is not toilsome to work where one is surrounded by love and where love makes souls ductile to work on. But if there is no fatigue there is no merit, neither is there much profit because few conquests are made if one limits oneself to those who are already in justice. I would not be Myself if I did not try to redeem all men first to the Truth and then to Grace.»

558.5

«And do You think that You will succeed? What else can You do in addition to what You have already done to persuade Your enemies to accept Your word? What, if not even the resurrection of the man in Bethany has served to make the Jews say that You are the Messiah of God?»

«I have still something greater to do, something much greater than that.»

«When, Lord?»

«When the moon of Nisan will be full. Pay attention then.»

«Will there be a sign in the sky? They say that when You were born the sky made it known by means of lights, songs and unusual stars.»

«It is true. To tell men that the Light had come to the world. Then, in Nisan, there will be signs in the sky and on the earth, and it will seem to be the end of the world, because of the darkness and the shaking and the roaring of thunder in the firmament and of the earthquakes in the opened bowels of the Earth. But it will not be the end. On the contrary, it will be the beginning. Previously, when I came, Heaven gave birth to the Saviour for men, and as it was a deed of God, peace was the companion of the event. At Nisan the Earth, of its own free will, will give birth to the Redeemer for itself, and as it will be a deed of men, peace will not be its companion. But there will be a dreadful convulsion. And in the horror of the hour of the century and of hell, the Earth will tear its bosom under the burning arrows of divine wrath, and will shout its will, too inebriated to understand its purport, too strongly possessed by Satan to stop it. Like a mad woman in labour, it will think it is destroying the fruit believed to be cursed, and will not understand that it is instead rising it thus to places where neither sorrow nor snares will reach it. The tree, the new tree, will then spread out its branches all over the Earth, forever and ever, and He Who is speaking to you will be acknowledged, either with love or with hatred, as the true Son of God and the Messiah of the Lord. And woe to those who will recognise Him without admitting it and without being converted to Me.»

558.6

«Where will that happen, Lord?»

«In Jerusalem. It is the city of the Lord.»

«So we shall not be there because in the month of Nisan we have to stay here for Passover. We are faithful to our Temple.»

«It would be better if you were faithful to the living Temple that is neither on the Moria nor on the Gerizim, but being divine, is universal. But I can wait for your hour, when you will love God and His Messiah in spirit and truth.»

«We believe that You are the Christ. That is why we love You.»

«To love is to leave the past and enter My present time. You do not love me perfectly yet.»

The Samaritans look at one another stealthily without speaking. Then one of them says: «For Your sake, to come to You, we would do it. But even if we wanted, we cannot enter where there are Judaeans. You know that. They do not want us…»

«And you do not want them. But be at peace. Before long there will no longer be two regions, two Temples, two opposed opinions, but one people only, one Temple only, one faith only for all those eager for the Truth.

558.7

But I will leave now. The children by now have been comforted and their attention has been distracted; and long is My way back to Ephraim to arrive there before it gets dark. Do not become excited. Your behaviour might attract the attention of the little ones, and it is better if they do not notice My departure. Go on, I am stopping here. May the Lord guide you along the paths of the Earth and on those of His Way. Go.»

Jesus draws close to the mountain and lets them go away. The last thing that is noticed, of the caravan going back to Shechem, is a child’s joyful laughter that spreads along the silent mountain way.


Notes

  1. Garizim est proche de l’actuelle Naplouse. Aux alentours de 330 av. J.-C., la population samaritaine a bâti au sommet de la montagne un temple devenu le centre religieux du samaritanisme, à la façon du Temple de Jérusalem pour le judaïsme. Ebal est un lieu de culte des Israélites pendant la période des Juges. C’est le lieu sur lequel les fils d’Israël devaient prononcer les malédictions (Dt 11, 29).
  2. David : il s’agit de l’épisode de la prise de Jérusalem, que relatent 2 S 5, 6-10 ; 1 Ch 11, 4-9.

Notes

  1. David in the storming of Jerusalem, narrated in: 2 Samuel 5,6-10; 1 Chronicles 11,4-9.