The Writings of Maria Valtorta

568. Commencement du voyage en Samarie,

568. The beginning of the journey in Samaria,

568.1

« Permets-nous de te suivre, Maître. Nous ne te causerons pas d’ennuis » supplient nombre d’habitants d’Ephraïm rassemblés devant la maison de Marie, femme de Jacob, qui pleure à chaudes larmes, appuyée au chambranle de la porte grand ouverte.

Jésus est au milieu de ses douze apôtres. Plus loin, groupées autour de sa Mère, se trouvent Jeanne, Nikê, Suzanne, Elise, Marthe et Marie de Magdala, Salomé et Marie, femme d’Alphée. Tous, aussi bien les hommes que les femmes, ont revêtu une tenue de voyage, avec les vêtements ceints et un peu retroussés à la taille pour laisser les pieds plus libres, et des sandales neuves bien attachées, non seulement à la cheville, mais aussi au bas de la jambe, avec des lanières de cuir entrelacées, comme on fait quand on doit suivre des routes plutôt malaisées. Les hommes se sont chargés des sacs des femmes.

Les gens supplient pour obtenir de Jésus la permission de le suivre, tandis que les enfants crient, le visage redressé et les bras levés :

« Un baiser ! Prends-moi dans tes bras ! Reviens, Jésus ! Reviens vite pour nous raconter tant de belles paraboles ! Je te garderai les roses de mon jardin ! Je ne mangerai pas de fruits afin de les garder pour toi ! Reviens, Jésus ! Ma brebis va avoir un petit et je veux t’offrir l’agneau, tu te feras avec sa laine un vêtement comme le mien… Si tu reviens bientôt, je te donnerai les fouaces que maman fait avec les premiers blés… »

Ils piaillent comme autant d’oiseaux autour de leur grand Ami, tirent ses vêtements ou se pendent à sa ceinture pour essayer de grimper dans ses bras, affectueusement tyranniques, si bien qu’ils empêchent Jésus de répondre aux adultes, car il y a toujours une nouvelle joue à embrasser.

– Mais allez-vous-en ! Cela suffit ! Laissez le Maître tranquille ! Femmes, reprenez vos enfants ! » s’écrient les apôtres, qui ont hâte d’entreprendre le voyage aux premières heures du jour.

Et ils allongent aussi quelques bonnes calottes aux enfants les plus envahissants.

« Non, laissez-les. C’est pour moi une douceur plus fraîche que celle de l’aurore. Laissez-les faire, et laissez-moi faire. Laissez-moi chercher du réconfort dans cet amour, pur de tout calcul et de troubles » dit Jésus, en défendant ses tout petits amis.

Quand il ouvre les bras comme il le fait, l’ample manteau de Jésus tombe sur les enfants et il les accueille à l’abri de ses ailes bleues. Les petits se serrent dans cette tiédeur et cette pénombre d’azur, silencieux et heureux comme des poussins sous les ailes maternelles.

568.2

Jésus peut enfin s’adresser aux adultes :

« Venez donc, si vous croyez pouvoir le faire.

– Et qui nous en empêche, Maître ? Nous sommes dans notre région !

– Les blés, les vignes et les vergers requièrent tout votre travail ; les brebis sont en période de tonte et d’accouplement, et celles qui ont déjà été accouplées à une autre époque vont avoir des petits ; de plus, c’est le temps des foins…

– Peu importe, Maître. Pour la tonte et la monte des brebis les vieillards, les femmes et les enfants suffisent pour leur mise bas, et de même pour les foins. Les vergers et les champs peuvent attendre ! Si le grain durcit déjà dans l’épi, il faut encore du temps avant de le faucher, et désormais les vignes, les oliviers et les vergers n’ont qu’à laisser gonfler au soleil les fruits de leurs nombreuses noces. Nous ne pouvons rien pour eux jusqu’au temps de la cueillette, c’est comme pour la mère de famille qui ne peut rien faire pour le pain tant que le levain n’a pas fait lever la pâte. Le soleil est le levain des fruits. C’est lui qui agit maintenant, comme auparavant le vent a servi au mariage des fleurs le long des branches. Et puis !… S’il se perdait quelques grappes ou quelques fruits, ou si le liserons et l’ivraie étouffaient quelque épi, ce serait toujours une petite perte en comparaison de celle de ta parole ! dit un vieillard que j’ai toujours vu très honoré dans le village.

– Tu as bien parlé. Alors, partons.

568.3

Marie, femme de Jacob, je te remercie et je te bénis, car tu as été pour moi une bonne mère. Ne pleure pas ! On ne doit pas pleurer quand on a bien agi.

– Ah ! je te perds et je ne te verrai plus !

– Nous nous reverrons, c’est certain.

– Tu va revenir ici, Seigneur ? Quand ? demande la femme en souriant dans ses larmes.

– Je ne reviendrai pas ici, pas comme maintenant…

– Alors, où nous verrons-nous donc, si moi, pauvre vieille que je suis, je ne peux parcourir les chemins du monde à ta recherche ?

– Au Ciel, Marie. Dans la Maison de notre Père, où il y a de la place pour les juifs comme pour les Samaritains, où il y a une place pour ceux qui m’aimeront en esprit et en vérité. Tu le fais déjà, puisque tu crois que je suis le Fils du vrai Dieu…

– Oh oui, je le crois ! Mais pour nous il n’y a pas d’espoir, car toi seul, tu nous aimes sans faire de différence.

– Quand je m’en serai allé, eux (il montre les apôtres) viendront à ma place. Et en souvenir de moi, ils ne demanderont pas d’où vient celui qui demande à entrer dans le troupeau du véritable et unique Pasteur.

– Je suis âgée, Seigneur. Je ne vivrai pas assez pour voir cela. Tu es jeune et fort : pendant longtemps ta Mère t’aura auprès d’elle et ceux qui t’aiment et qui sont de ton peuple te posséderont…

568.4

Pourquoi pleures-tu, ô Mère du Béni ? demande-t-elle, étonnée de voir couler des larmes des yeux de la Vierge.

– Je n’ai rien que ma souffrance… Adieu, Marie. Que Dieu te bénisse pour tout ce que tu as fait pour mon Fils. Et souviens-toi que, si ta douleur est grande, il n’est pas de douleur plus grande que la mienne[1] ; jamais il n’y en aura de telle sur la terre. Jamais ! Souviens-toi de la douloureuse Marie de Nazareth… Adieu ! »

Après avoir embrassé la vieille femme à l’entrée de la maison, Marie s’en détache en pleurant pour se mettre en route en compagnie des femmes, et avec Jean à son côté.

Jean lui dit, un peu courbé à son habitude et le visage levé pour regarder celle à laquelle il parle :

« Ne pleure pas ainsi, Marie. Si beaucoup haïssent ton Jésus, nombreux sont ceux qui l’aiment. Apaise ton esprit, Mère, en regardant ceux qui, maintenant et au cours des siècles, aimeront ton Fils de tout leur être. »

Et il achève, presque en murmurant pour Marie seule, qu’il guide et soutient en la tenant près du coude, pour qu’elle ne bute pas sur les pierres du petit chemin, aveuglée comme elle l’est par les larmes :

« Ce ne seront pas toutes les mères qui pourront voir leur enfant aimé… Il s’en trouvera certaines qui crieront avec angoisse : “ Pourquoi l’ai-je conçu ? ” »

568.5

Jésus les rejoint, car Marie et Jean sont restés seuls, derrière les femmes disciples. Jacques, fils d’Alphée, est avec Jésus. Les autres sont en arrière, en groupe, pensifs et tristes comme le sont les femmes, qui marchent tout devant. En dernier vient le groupe nombreux d’hommes d’Ephraïm, qui bavardent.

« Les adieux sont toujours tristes, Maman. Surtout quand on ne peut se consoler en se disant que ce qui finit est le commencement d’une période plus parfaite. C’est la triste conséquence du péché, et cela restera même au-delà du pardon. Mais les hommes la supporteront avec plus de courage, car ils auront Dieu pour ami.

– Tu as raison, Jésus. Mais il y a une souffrance que Dieu laisse goûter bien qu’il soit l’Ami le plus paternel qui puisse exister. Pour moi, il l’est. Dieu est bon, tellement bon ! Je ne voudrais pas que Jacques, Jean ni aucun autre soient scandalisés par mes larmes. Dieu est bon, Il a toujours été bon avec la pauvre Marie. Je me le suis dit chaque jour depuis que je sais penser. Et maintenant… maintenant je le répète à chaque heure, à tout instant. Je le dis toujours plus à mesure que la douleur m’accable… Dieu est bon. Il t’a donné à moi, toi qui es un Fils affectueux, saint et capable, même quand tu n’étais qu’un enfant, de compenser toute douleur de femme… Il t’a donné à moi, pauvre jeune fille élevée au rang de Mère de son Verbe incarné… Et cette joie de pouvoir t’appeler “ Fils ”, ô mon Seigneur adoré, est si grande que les larmes ne devraient pas tomber de mes cils pour n’importe quel martyre, si j’étais parfaite comme tu l’enseignes. Mais je suis une pauvre femme, mon Fils ! Et tu es mon Enfant… Et… quelle est la mère qui pourrait ne pas pleurer quand elle sait que son enfant est haï ? Mon Fils, viens au secours de ta servante… Il y avait sûrement encore de l’orgueil en moi quand je m’imaginais être forte… Mais alors… le temps était encore éloigné… Maintenant, le voilà tout proche… Je le sens… Aide-moi, Jésus, mon Dieu ! Si Dieu me laisse souffrir ainsi, il poursuit certainement un but de bonté pour moi. Car, s’il le voulait, il pourrait me faire souffrir seulement de ce qui arrive… C’est pourtant ainsi qu’il t’a formé dans mon sein !… Comment… Il n’est pas de comparaison pour dire comment tu as été fait… Mais il veut que je souffre… et qu’il en soit béni… toujours. Mais toi, Jésus, aide-moi. Aidez-moi tous… tous… car est tellement amère l’eau où je me désaltère…

– Disons la prière tous les quatre, nous qui t’aimons de tout notre cœur, Maman. Ici, ton Fils, ainsi que Jean et Jacques qui t’aiment comme si tu étais leur mère… “ Notre Père qui es aux Cieux… ” »

Et Jésus, conduisant le petit chœur des trois voix qui le suivent en sourdine, dit tout entière l’oraison dominicale en appuyant beaucoup sur certaines phrases telles que “ que ta volonté soit faite ”… “ ne nous laisse pas succomber à la tentation. ”

Puis il reprend :

« Le Père nous aidera à faire sa volonté, même si elle est telle que notre faiblesse d’humains pense ne pouvoir l’accomplir, et il ne nous laissera pas dans la tentation de penser qu’il est moins bon, car pendant que nous boirons le calice très amer, il nous enverra son ange pour essuyer par un réconfort céleste nos lèvres abreuvées d’amertume. »

Jésus tient par la main sa Mère, qui a lutté courageusement contre les larmes pour les refouler au fond de son cœur. A leurs côtés, Jean — qui est près de Marie — et Jacques, fils d’Alphée, — à côté de Jésus — les regardent avec émotion.

568.6

Les femmes disciples se sont retournées parfois en entendant Marie pleurer et les quatre prier, mais elles se sont abstenues de les rejoindre.

En arrière, les apôtres se sont demandés : “ Mais pourquoi Marie pleure-t-elle ainsi ? ” J’ai dit “ les apôtres ”, mais je veux dire tous, sauf Judas, qui avance un peu isolé et très préoccupé, presque sombre, si bien que Thomas s’en aperçoit et le fait remarquer aux autres :

« Mais qu’a donc Judas ? On dirait qu’il va à la mort !

– Il a peut-être peur de revenir en Judée, lui répond Matthieu.

– Moi… Que t’a indiqué le Maître pour l’argent ? demande Simon le Zélote.

– Rien de spécial. Il m’a dit : “ Revenons à la situation précédente : Judas redevient le trésorier et vous les distributeurs des aumônes. Pour ce qui est des dépenses, les disciples veulent y subvenir. ” Cela ne m’a pas semblé vrai ! Tant d’argent m’est passé dans les mains que je l’ai pris en haine.

– Et elles s’occupent bien de nous, les femmes disciples. Ces sandales sont si bien faites. On ne dirait même pas que nous marchons en montagne. Qui sait combien elles coûtent ! constate Pierre en regardant son pied chaussé de ces sandales neuves qui protègent le talon et la pointe des pieds, et soutiennent la cheville avec de fines lanières de cuir.

– C’est Marthe qui y a pensé. On reconnaît là sa main riche et prévoyante. Les autres fois, on les liait aussi de cette façon, mais ces ficelles étaient un supplice. On ne perdait pas la semelle, mais on perdait la peau de la jambe… dit André.

– Et on se blessait les doigts et les talons… Voilà pourquoi celui qui nous suit les portait toujours de cette manière ! » s’exclame Pierre en montrant Judas.

568.7

La route ne cesse de s’élever vers le sommet de la montagne. Si on regarde en arrière, on aperçoit Ephraïm toute blanche sous le soleil, et elle paraît déjà en contrebas par rapport aux marcheurs…

Puis les apôtres se joignent aux femmes disciples pour les aider à franchir le sentier, très raide à cet endroit, et Barthélemy, resté en arrière, fait même remarquer aux hommes d’Ephraïm :

« Vous nous avez fait prendre un sentier pénible, mes amis.

– Oui. Mais une fois passé ce bois, il y a une route commode qui conduit rapidement à Silo. Vous pourrez alors vous y reposer plusieurs heures au lieu d’arriver de nuit, si vous aviez pris un autre chemin, répond quelqu’un.

– Tu as raison. Plus le chemin est fatigant, plus vite il mène au but.

– Ton Maître le sait, aussi ne s’épargne-t-il pas. Ah ! nous ne pourrons oublier !… d’autant plus qu’il nous a comblés de bienfaits ces derniers jours, après avoir entendu certaines personnes de notre région qui l’ont insulté si injustement. Lui seul est bon, et il est bienfaiteur de ceux-là même qui le haïssent.

– Vous ne l’avez pas haï.

– Pas nous, non. Mais il y en a bien d’autres que nous ne détestons pas et qui pourtant nous détestent sans raison.

– Agissez à sa manière, sans peur, et vous verrez que…

– Et vous, pourquoi ne le faites-vous pas, alors ? C’est la même chose ! Nous ici, vous là-bas, et au milieu une montagne, élevée par une commune erreur. En haut, notre Dieu commun. Mais pourquoi donc ni vous, ni nous, ne montons la pente pour nous rencontrer là-haut, aux pieds de Dieu, et proches les uns des autres ? »

Barthélemy comprend le reproche, qui est juste, car lui, en dépit de sa vertu indéniable, est très fier d’être Israélite, et il est inexorable pour tout ce qui n’est pas Israël. Il détourne la conversation sans répondre directement :

« Nul besoin de monter : Dieu est descendu parmi nous. Il suffit de le suivre.

– Le suivre, oui. Nous voudrions bien, mais si nous entrions en Judée avec lui, ne lui ferions-nous pas du mal ? Tu sais, toi aussi, de quoi on l’accuse et de quoi on nous accuse : d’être des Samaritains, ce qui revient à dire : des démons. »

Barthélemy soupire, puis il les laisse en plan en disant :

« On me fait signe d’aller… »

Et il allonge le pas.

Les hommes d’Ephraïm le regardent s’éloigner, et l’un d’eux murmure avec un geste de découragement :

« Ah ! Il n’est pas comme le Maître ! Nous perdons beaucoup en le perdant !

568.8

– Tu sais, Elie, qu’il a porté hier soir une grosse somme au chef de la synagogue en lui demandant de la remettre à Marie, femme de Jacob, afin qu’elle ne souffre plus de la faim ?

– Moi, non. Et pourquoi ne la lui a-t-il pas donnée directement à elle ?

– Pour que la vieille femme ne le remercie pas. Elle l’ignore encore. Moi, je le sais parce que le chef de synagogue m’a demandé conseil : il se demandait s’il valait mieux lui acheter la propriété de Jean que son frère veut vendre, ou lui remettre l’argent peu à peu. J’ai conseillé d’acheter la propriété. Elle lui donnera assez de grain, d’huile et de vin pour vivre sans avoir faim. Tandis que l’argent…

– Mais alors, c’est vraiment une grosse somme ? demande un troisième.

– Oui. Le chef de notre synagogue a eu beaucoup, même pour les autres pauvres de la ville et des campagnes, afin que “ eux aussi puissent faire la fête à la Pâque des Azymes, pour saluer le temps nouveau ”, a dit le Maître.

– Il a dû dire : “ l’an nouveau ”.

– Non. Il a bien dit : “ le temps nouveau ”. Si bien que le chef de la synagogue ne se servira pas de cet argent avant la fête des Azymes.

– Oh ! qu’aura-t-il voulu dire ? s’interrogent plusieurs.

– Que voudra-t-il dire ? Je l’ignore. Nul ne le sait, pas même Jean, son bien-aimé, ni Simon, fils de Jonas, le chef des disciples. Je le leur ai demandé, et le premier a blêmi, le second est resté absorbé dans ses efforts pour comprendre.

– Et Judas ? C’est quelqu’un d’important parmi eux, peut-être plus que les deux autres. Lui, il prétend tout savoir, donc il saura cela aussi. Allons l’interroger. Il aime bien partager ce qu’il sait. »

568.9

Ils se hâtent de rejoindre Judas, qui est encore isolé comme au début, seul désormais sur le sentier ; les autres, en effet, ont fait un détour et ils semblent avoir été engloutis par les feuillages épais de la pente.

« Judas, écoute-nous. Le Maître désire que nous fassions une grande fête pour la Pâque des Azymes, pour saluer le temps nou­veau. Que voulait-il dire ?

– Je ne sais pas. Suis-je dans la pensée du Maître, moi ? Demandez-le-lui, puisqu’il vous aime tant ! »

Sur ces mots, il s’éloigne vivement, les laissant désappointés.

« Lui aussi n’est pas le Maître. Il n’y a personne qui ait sa pitié… disent-ils, en hochant la tête.

– Eh bien, est-ce que ce sont eux que nous suivons? Non, c’est lui ! Et nous faisons bien d’agir ainsi. Allons. Qui sait si nous ne pourrons pas apprendre de sa bouche ce que cela signifie, avant qu’il ne passe en Judée. »

Et ils hâtent le pas pour rejoindre les autres, qui se sont assis pour se reposer sous un bois de rouvres centenaires, et ont sous les yeux l’un des plus beaux panoramas de Palestine.

568.1

«Let us follow You, Master. We shall not trouble You» implore many people of Ephraim who have gathered in front of the house of Mary of Jacob, who is weeping all her tears leaning against the post of the wide-open door.

Jesus is in the middle of His twelve apostles; farther away, in a group around His Mother there are Johanna, Nike, Susanna, Eliza, Martha and Mary, Salome and Mary of Alphaeus. The men and the women are in traveling clothes, with tunics tucked up and girded to leave their feet free, with new sandals fastened not only at their ankles but also at the lower part of their legs by means of small strips of interlaced leather, as is customary when one has to take impassable roads: The men have burdened themselves also with the bags of the women disciples.

The people implore Jesus to let them follow Him, while the little ones scream, with their little faces and arms raised: «A kiss! Take me in Your arms! Come back, Jesus! Come back soon to tell us many beautiful parables! I will keep the roses of my garden for You! I will not eat any fruit to keep it for You! Come back, Jesus! My little sheep is about to lamb and I want to give You the lambkin with its wool You can have a tunic made like mine… If You come soon I will give You the cakes my mother makes with the early corn…» They chirrup like many little birds around their great Friend, they pull His tunic, hang on to His belt trying to climb up to His arms lovingly despotic, so much so that Jesus is prevented from replying to the adults, because there is always another face to kiss.

«Away! That’s enough! Leave the Master alone! Women! Take your children!» shout the apostles who are anxious to set off in the early morning hours. And stretching out their hands they give gentle slaps to the most intrusive ones.

«No. Leave them. Their kindness is fresher to Me than this dawn. Leave them and Me alone. Allow Me to be comforted by their love, which is pure and free from interests and trouble» says Jesus defend­ing His little friends and as he stretches out His arms, His wide man­tle hangs down and receives them under its blue protecting wings. And the little ones press against one another in the warm blue dim light and become happily silent, like chicks under motherly wings.

568.2

Jesus at last can say to the adults: «You may come, if you think you can do so.»

«And who will stop us, Master? We are in our region!»

«The corn, the vines and orchards need all your work, and the sheep are to be shorn and this is their mating time, and those that mated in the past season are about to lamb, and it is time to make hay…»

«It does not matter, Master. The elderly people can see to the shearing and mating of the sheep, and the children, and women to their lambing, and also to the hay. The orchards and fields can wait. Because if the corn is already hardening in the ears, it is still early to cut it, and vineyards, olive-groves and orchards have only to let their abundant fruit ripen in the sunshine. There is nothing we can do for them until harvest-time, just like the mother of a family who can do nothing to bake the bread until the dough rises. The sun is the yeast of fruits. It’s for him to act now, as the wind did previ­ously fecundating the blossoms along the branches. In any case… If we should lose some bunches of grapes, or some fruits, or if bear­bines or darnels should suffocate some ears of corn, it would be a very small damage as compared with losing one of Your words!» says an old man whom I have always seen highly honoured in the village.

«You are right. So let us go.

568.3

Mary of Jacob, I thank you and I bless you, because you have been a good mother to Me. Do not weep! Those who have accomplished a good deed must not weep.»

«Ah! I am losing You and I shall not see You again!»

«We shall certainly meet again.»

«Are You coming back here, Lord?» asks the woman smiling through her tears. «When?»

«I shall not come back, as now…»

«Then, where shall we meet again, if I, a poor old woman, cannot come along the roads of the world looking for You?»

«In Heaven, Mary. In the House of our Father. Where there is room for Judaeans and for Samaritans, where there is a place for those who will love Me in spirit and truth. You are already doing so, be­cause you believe that I am the Son of the true God…»

«Oh! I do believe that! But there is no hope for us because You alone love us without discrimination.»

«When I have gone, these (and He points at the apostles) will come in my stead. And in memory of Me they will not ask who it is who requests to join the flock of the true and only Shepherd.»

«I am old, Lord. I shall not live so long as to see that. You are young and strong, and Your Mother will have You for a long time, and those who love You and belong to Your people will have You…

568.4

Why are You weeping, O Mother of the Blessed Lord?» she asks, amazed at seeing tears drop from the Blessed Virgin’s eyes.

«I have nothing but My grief… Goodbye, Mary. May God bless you for what you have done to My Son. And remember that if your sorrow is great, there is no sorrow greater than Mine, and there never will be on the Earth. Never! Remember the sorrowful Mary of Nazareth… Goodbye!» And Mary parts from the old woman weep­ing after kissing her on the doorstep and She sets off among the women, with John beside Her.

And John, with his usual lightly bent posture and his face raised looking at Her, says: «Do not weep thus, Mary. If many hate Your Jesus, many love Him. Comfort Your spirit, Mother, looking at these who now and in the course of ages will love Your Son with their whole selves» and he concludes in a low voice, almost whisper­ing the words to Mary alone, Whom he guides and supports hold­ing Her elbow so that She may not stumble against the stones of the path, blinded as She is by Her tears: «Not every mother will be able to see her child loved… There are some who will shout dis­tressingly: “Why did I conceive him?”»

568.5

Jesus joins them, as Mary and John have remained alone, a lit­tle behind the women disciples. James of Alphaeus is with Jesus. The others are behind in a group, as pensive and sad as the women disciples, who are ahead of them all. Last, in a group, many men from Ephraim, talking in low voices to one another.

«Goodbyes are always sad, Mother. Particularly when one does not know that an end is the beginning of something more perfect. It is the sad consequence of sin. And it will remain even after for­giveness. But men will bear it with greater courage as they will have God as their friend.»

«You are right, Jesus. But there is a sorrow that God lets us rel­ish although He is the most fatherly Friend there can be. He is such to Me. Oh! God is good! So good. I should not like James and John, or anybody else to be scandalised by My tears. God is good. He was always good to poor Mary. I have repeated that to Myself every day since I was able to think. And now… now I say so every hour… every moment. The more grief is impending the more I say so to Myself… God is good. He gave You to Me: a loving holy Son and such, even only as a creature, as to compensate every sorrow of a woman… He gave You to Me, a poor girl elevated to Mother of His incarnate Word… And the joy of being able to call You “Son”, My adored Lord, is so great that no tear should drop from My eyes, whatever the torture may be, if I were as perfect as You teach us. But I am a poor woman, Son! And You are My Creature… And… Which mother can refrain from weeping when she knows that her creature is hated, and she knows?… Son, succour Your maid-servant… Certainly there was still pride in Me when I thought I was strong… But then … the time was still remote … Now it is here … I perceive it… Succour Me, Jesus, My God! If God allows Me to suffer thus, it is certainly for a good purpose for Me. Because if He wanted, He could let Me suffer only for what happens… It was He Who formed You in My womb thus! …How … There is no comparison to explain how You made Yourself… But He wants Me to suffer … and may He be blessed for that… always. But help Me, Jesus. Help Me all of you … all of you… because it is so bitter the sea in which I have to quench My thirst»

«Let us say the prayer. The four of us, who love You with all our hearts, Mother. Here, I Your Son, and John and James who love You as if You were their mother… Our Father, Who art in Heaven…» and Jesus, guiding the little chorus of the three voices that follow Him in a low tone, says all the Lord’s Prayer, stressing certain sen­tences such as: «thy will be done» … «lead us not into temptation.» He then says: «Well. The Father will help us to do His will, even if our weakness of human beings is such that we think we are not able to do it, and He will not lead us into the temptation of think­ing that He is not so good, because while we drink of the very bitter chalice, He will send His angel to wipe our embittered lips with heavenly comfort.» Jesus is holding by the hand His Mother Who has bravely struggled with Her tears restraining them in the bot­tom of Her heart. The two apostles are beside them: John is near Mary and James of Alphaeus is near Jesus, and they look at them deeply moved.

568.6

The women disciples have looked back now and again hearing Mary weep and the prayer of the four. But they have refrained from joining them.

In the rear, the apostles have asked one another: «But why is Mary weeping thus?» I said the apostles, but I mean all of them with the exception of Judas of Kerioth, who is proceeding all alone, and looks very pensive, almost gloomy, so much so that Thomas notices it and says to the others: «But what is the matter with Judas that he looks like that? He looks like one sentenced to death!»

«Who knows?! He may be afraid to go back to Judaea» replies Matthew.

«I… What did the Master tell you about the money?» asks the Zealot.

«Nothing in particular. He said to me: “We are now going back to the previous situation. Judas will be the treasurer and you the bestowers of alms. The women disciples want to help us with regard to expenses”. I could not believe that it was true! I have handled so much money that I hate it.»

«And the women disciples are helping very well. These sandals are so safe… One does not feel as if one were walking on a moun­tain. I wonder how much they cost!» says Peter looking at his feet shod with the new sandals that protect both heels and toes and sup­port ankles with the thin leather strips.

«Martha got them. One can see her rich provident hand. In the past we used to tie them like this as well, but the strings were a torture. We did not lose the soles, but we lost the skin of our legs…» says Andrew.

«And they hurt heels and toes… That’s why he who is behind us always wore them like these!» says Peter pointing at Judas of Kerioth.

568.7

The road climbs towards the crest of the mountain. Looking back one can see Ephraim all white in the sun, and the village seems already so far below them…

Then the apostles mingle with the women disciples to help them climb up the path that is very steep on that spot, and Bartholomew, who has been left behind, says to the people from Ephraim: «You have shown us a very difficult path, my friends.»

«Yes, but beyond that wood there is a good road that will take you to Shilo in a short time. So you will be able to rest there longer than if you arrived by night along a different road» replies one.

«You are right. The harder the road, the quicker it takes you to your destination.»

«Your Master is aware of that. That is why He does not spare Him­self! Ah! we shall never forget!… Above all that He has helped us these last days, although He had heard some people of our region insult Him so unfairly. He alone is good and so He helps also those who hate Him.»

«You did not hate Him.»

«No, we did not. But there are many more whom we do not hate and yet we are hated without any reason.»

«Do what He does, without any fear, and you will see that…»

«Then, why do you not do so? It’s the same thing. We are here, you are there, and a mountain between us: the one raised by com­mon errors. Above: the common God. Then, why do neither we nor you climb the slope to meet up there, at the feet of God, close to one another?»

Bartholomew understands the just reproach, because in his un­deniable virtue, he has the fixed idea of being an Israelite and is inflexible with regards to what is not Israel. He changes the subject without giving a direct reply and says: «It is not necessary to climb. God has come down among us. It is sufficient to follow Him.»

«To follow Him, we agree. We should like to do that. But if we went to Judaea with Him, would we not damage Him? You, too, are aware of what He is accused and of what we are accused: of be­ing Samaritans, that is, demons.»

Bartholomew sighs and parts from them saying: «They are beck­oning to me to go…» and he quickens his step.

Those from Ephraim look at him go away and one whispers: «Ah!»He is not like Him! How much we lose by losing Him!» and he makes a gesture of discouragement.

568.8

«Do you know, Elias, that yesterday evening He took a large sum of money to the head of the synagogue, who is to hand it to Mary of Jacob, so that she may not suffer the pangs of hunger any more?»

«No, I don’t. Why did He not give it to her?»

«He did not want to be thanked by the old woman. She does not know yet. I. know because the head of the synagogue told me, to ask my advice whether he ought to buy her John’s property, that his brother wants to sell, or he should give her the money a little at a time. I adviced him to buy John’s property. It will give her enough corn, oil and wine to live without starving. Whereas the money… That…»

«So it is really a large sum?!» says a third man.

«Yes. Our head of the synagogue received quite a lot, also for other poor people in town and in the country. That “they also may keep the Feast of the Unleavened Bread, to greet the new time” the Master said.»

«He must have said the new year.»

«No. He said: “the new time”. In fact the head of the synagogue is not going to use that money before the Feast of the Unleavened Bread.»

«Oh! and what did He mean?» ask many.

«What does it mean? I don’t know. Nobody knows. Not even John, His beloved apostle, nor Simon of Jonah, who is the head of the dis­ciples. I asked them and the former became pale, the latter became engrossed in thought like one who is trying to guess.»

«And what about Judas of Kerioth? He is important among them. Perhaps more than the other two He knows everything, so he says. He may know also that. Let us go and ask him. He likes to say what he knows.»

568.9

They hurry to join Judas who is lonely as at the beginning, all alone, by now, on the path, because the others have gone around a bend and they seem to have been swallowed up by the green thicket on the slope.

«Judas, listen to us. The Master says that He wants a great celebration for the Feast of the Unleavened Bread, to greet the new time. What does He mean?»

«I don’t know. Am I perhaps in the mind of the Master? Ask Him since He loves you so much» and he quickens his step leaving them disappointed.

«He is not the Master either. There is not one who has His pity…» they say shaking their heads.

«Well, are we following them? We are following Him! And we are doing the right thing. Let us go. Perhaps, we may learn from His lips, before He goes to Judaea, what He meant to say.»

And they quicken their paces joining the others, who are resting in a wood of age-long oak-trees, facing one of the most beautiful views in Palestine.


Notes

  1. il n’est pas de douleur plus grande que la mienne, comme en Lm 1, 12. Marie a dit en 370.17, unir à sa propre douleur “ la souffrance de toutes les mères malheureuses ” et que sa douleur “ est causée par la haine, non pas d’une seule personne, mais de tout un monde ”. Et Jésus fera contempler (en 603.2/3) la souffrance infiniment grande de sa Mère à la souffrance infiniment complète du Fils, qui doit expier toutes les fautes des hommes (comme le disent 375.2 et 613). Dans l’œuvre de Maria Valorta, leur souffrance continuerait mystérieusement dans la gloire céleste, comme nous l’indiquerons dans une note en 634.7.