Gli Scritti di Maria Valtorta

568. Commencement du voyage en Samarie,

568. Inizio del viaggio per la Samaria

568.1

« Permets-nous de te suivre, Maître. Nous ne te causerons pas d’ennuis » supplient nombre d’habitants d’Ephraïm rassemblés devant la maison de Marie, femme de Jacob, qui pleure à chaudes larmes, appuyée au chambranle de la porte grand ouverte.

Jésus est au milieu de ses douze apôtres. Plus loin, groupées autour de sa Mère, se trouvent Jeanne, Nikê, Suzanne, Elise, Marthe et Marie de Magdala, Salomé et Marie, femme d’Alphée. Tous, aussi bien les hommes que les femmes, ont revêtu une tenue de voyage, avec les vêtements ceints et un peu retroussés à la taille pour laisser les pieds plus libres, et des sandales neuves bien attachées, non seulement à la cheville, mais aussi au bas de la jambe, avec des lanières de cuir entrelacées, comme on fait quand on doit suivre des routes plutôt malaisées. Les hommes se sont chargés des sacs des femmes.

Les gens supplient pour obtenir de Jésus la permission de le suivre, tandis que les enfants crient, le visage redressé et les bras levés :

« Un baiser ! Prends-moi dans tes bras ! Reviens, Jésus ! Reviens vite pour nous raconter tant de belles paraboles ! Je te garderai les roses de mon jardin ! Je ne mangerai pas de fruits afin de les garder pour toi ! Reviens, Jésus ! Ma brebis va avoir un petit et je veux t’offrir l’agneau, tu te feras avec sa laine un vêtement comme le mien… Si tu reviens bientôt, je te donnerai les fouaces que maman fait avec les premiers blés… »

Ils piaillent comme autant d’oiseaux autour de leur grand Ami, tirent ses vêtements ou se pendent à sa ceinture pour essayer de grimper dans ses bras, affectueusement tyranniques, si bien qu’ils empêchent Jésus de répondre aux adultes, car il y a toujours une nouvelle joue à embrasser.

– Mais allez-vous-en ! Cela suffit ! Laissez le Maître tranquille ! Femmes, reprenez vos enfants ! » s’écrient les apôtres, qui ont hâte d’entreprendre le voyage aux premières heures du jour.

Et ils allongent aussi quelques bonnes calottes aux enfants les plus envahissants.

« Non, laissez-les. C’est pour moi une douceur plus fraîche que celle de l’aurore. Laissez-les faire, et laissez-moi faire. Laissez-moi chercher du réconfort dans cet amour, pur de tout calcul et de troubles » dit Jésus, en défendant ses tout petits amis.

Quand il ouvre les bras comme il le fait, l’ample manteau de Jésus tombe sur les enfants et il les accueille à l’abri de ses ailes bleues. Les petits se serrent dans cette tiédeur et cette pénombre d’azur, silencieux et heureux comme des poussins sous les ailes maternelles.

568.2

Jésus peut enfin s’adresser aux adultes :

« Venez donc, si vous croyez pouvoir le faire.

– Et qui nous en empêche, Maître ? Nous sommes dans notre région !

– Les blés, les vignes et les vergers requièrent tout votre travail ; les brebis sont en période de tonte et d’accouplement, et celles qui ont déjà été accouplées à une autre époque vont avoir des petits ; de plus, c’est le temps des foins…

– Peu importe, Maître. Pour la tonte et la monte des brebis les vieillards, les femmes et les enfants suffisent pour leur mise bas, et de même pour les foins. Les vergers et les champs peuvent attendre ! Si le grain durcit déjà dans l’épi, il faut encore du temps avant de le faucher, et désormais les vignes, les oliviers et les vergers n’ont qu’à laisser gonfler au soleil les fruits de leurs nombreuses noces. Nous ne pouvons rien pour eux jusqu’au temps de la cueillette, c’est comme pour la mère de famille qui ne peut rien faire pour le pain tant que le levain n’a pas fait lever la pâte. Le soleil est le levain des fruits. C’est lui qui agit maintenant, comme auparavant le vent a servi au mariage des fleurs le long des branches. Et puis !… S’il se perdait quelques grappes ou quelques fruits, ou si le liserons et l’ivraie étouffaient quelque épi, ce serait toujours une petite perte en comparaison de celle de ta parole ! dit un vieillard que j’ai toujours vu très honoré dans le village.

– Tu as bien parlé. Alors, partons.

568.3

Marie, femme de Jacob, je te remercie et je te bénis, car tu as été pour moi une bonne mère. Ne pleure pas ! On ne doit pas pleurer quand on a bien agi.

– Ah ! je te perds et je ne te verrai plus !

– Nous nous reverrons, c’est certain.

– Tu va revenir ici, Seigneur ? Quand ? demande la femme en souriant dans ses larmes.

– Je ne reviendrai pas ici, pas comme maintenant…

– Alors, où nous verrons-nous donc, si moi, pauvre vieille que je suis, je ne peux parcourir les chemins du monde à ta recherche ?

– Au Ciel, Marie. Dans la Maison de notre Père, où il y a de la place pour les juifs comme pour les Samaritains, où il y a une place pour ceux qui m’aimeront en esprit et en vérité. Tu le fais déjà, puisque tu crois que je suis le Fils du vrai Dieu…

– Oh oui, je le crois ! Mais pour nous il n’y a pas d’espoir, car toi seul, tu nous aimes sans faire de différence.

– Quand je m’en serai allé, eux (il montre les apôtres) viendront à ma place. Et en souvenir de moi, ils ne demanderont pas d’où vient celui qui demande à entrer dans le troupeau du véritable et unique Pasteur.

– Je suis âgée, Seigneur. Je ne vivrai pas assez pour voir cela. Tu es jeune et fort : pendant longtemps ta Mère t’aura auprès d’elle et ceux qui t’aiment et qui sont de ton peuple te posséderont…

568.4

Pourquoi pleures-tu, ô Mère du Béni ? demande-t-elle, étonnée de voir couler des larmes des yeux de la Vierge.

– Je n’ai rien que ma souffrance… Adieu, Marie. Que Dieu te bénisse pour tout ce que tu as fait pour mon Fils. Et souviens-toi que, si ta douleur est grande, il n’est pas de douleur plus grande que la mienne[1] ; jamais il n’y en aura de telle sur la terre. Jamais ! Souviens-toi de la douloureuse Marie de Nazareth… Adieu ! »

Après avoir embrassé la vieille femme à l’entrée de la maison, Marie s’en détache en pleurant pour se mettre en route en compagnie des femmes, et avec Jean à son côté.

Jean lui dit, un peu courbé à son habitude et le visage levé pour regarder celle à laquelle il parle :

« Ne pleure pas ainsi, Marie. Si beaucoup haïssent ton Jésus, nombreux sont ceux qui l’aiment. Apaise ton esprit, Mère, en regardant ceux qui, maintenant et au cours des siècles, aimeront ton Fils de tout leur être. »

Et il achève, presque en murmurant pour Marie seule, qu’il guide et soutient en la tenant près du coude, pour qu’elle ne bute pas sur les pierres du petit chemin, aveuglée comme elle l’est par les larmes :

« Ce ne seront pas toutes les mères qui pourront voir leur enfant aimé… Il s’en trouvera certaines qui crieront avec angoisse : “ Pourquoi l’ai-je conçu ? ” »

568.5

Jésus les rejoint, car Marie et Jean sont restés seuls, derrière les femmes disciples. Jacques, fils d’Alphée, est avec Jésus. Les autres sont en arrière, en groupe, pensifs et tristes comme le sont les femmes, qui marchent tout devant. En dernier vient le groupe nombreux d’hommes d’Ephraïm, qui bavardent.

« Les adieux sont toujours tristes, Maman. Surtout quand on ne peut se consoler en se disant que ce qui finit est le commencement d’une période plus parfaite. C’est la triste conséquence du péché, et cela restera même au-delà du pardon. Mais les hommes la supporteront avec plus de courage, car ils auront Dieu pour ami.

– Tu as raison, Jésus. Mais il y a une souffrance que Dieu laisse goûter bien qu’il soit l’Ami le plus paternel qui puisse exister. Pour moi, il l’est. Dieu est bon, tellement bon ! Je ne voudrais pas que Jacques, Jean ni aucun autre soient scandalisés par mes larmes. Dieu est bon, Il a toujours été bon avec la pauvre Marie. Je me le suis dit chaque jour depuis que je sais penser. Et maintenant… maintenant je le répète à chaque heure, à tout instant. Je le dis toujours plus à mesure que la douleur m’accable… Dieu est bon. Il t’a donné à moi, toi qui es un Fils affectueux, saint et capable, même quand tu n’étais qu’un enfant, de compenser toute douleur de femme… Il t’a donné à moi, pauvre jeune fille élevée au rang de Mère de son Verbe incarné… Et cette joie de pouvoir t’appeler “ Fils ”, ô mon Seigneur adoré, est si grande que les larmes ne devraient pas tomber de mes cils pour n’importe quel martyre, si j’étais parfaite comme tu l’enseignes. Mais je suis une pauvre femme, mon Fils ! Et tu es mon Enfant… Et… quelle est la mère qui pourrait ne pas pleurer quand elle sait que son enfant est haï ? Mon Fils, viens au secours de ta servante… Il y avait sûrement encore de l’orgueil en moi quand je m’imaginais être forte… Mais alors… le temps était encore éloigné… Maintenant, le voilà tout proche… Je le sens… Aide-moi, Jésus, mon Dieu ! Si Dieu me laisse souffrir ainsi, il poursuit certainement un but de bonté pour moi. Car, s’il le voulait, il pourrait me faire souffrir seulement de ce qui arrive… C’est pourtant ainsi qu’il t’a formé dans mon sein !… Comment… Il n’est pas de comparaison pour dire comment tu as été fait… Mais il veut que je souffre… et qu’il en soit béni… toujours. Mais toi, Jésus, aide-moi. Aidez-moi tous… tous… car est tellement amère l’eau où je me désaltère…

– Disons la prière tous les quatre, nous qui t’aimons de tout notre cœur, Maman. Ici, ton Fils, ainsi que Jean et Jacques qui t’aiment comme si tu étais leur mère… “ Notre Père qui es aux Cieux… ” »

Et Jésus, conduisant le petit chœur des trois voix qui le suivent en sourdine, dit tout entière l’oraison dominicale en appuyant beaucoup sur certaines phrases telles que “ que ta volonté soit faite ”… “ ne nous laisse pas succomber à la tentation. ”

Puis il reprend :

« Le Père nous aidera à faire sa volonté, même si elle est telle que notre faiblesse d’humains pense ne pouvoir l’accomplir, et il ne nous laissera pas dans la tentation de penser qu’il est moins bon, car pendant que nous boirons le calice très amer, il nous enverra son ange pour essuyer par un réconfort céleste nos lèvres abreuvées d’amertume. »

Jésus tient par la main sa Mère, qui a lutté courageusement contre les larmes pour les refouler au fond de son cœur. A leurs côtés, Jean — qui est près de Marie — et Jacques, fils d’Alphée, — à côté de Jésus — les regardent avec émotion.

568.6

Les femmes disciples se sont retournées parfois en entendant Marie pleurer et les quatre prier, mais elles se sont abstenues de les rejoindre.

En arrière, les apôtres se sont demandés : “ Mais pourquoi Marie pleure-t-elle ainsi ? ” J’ai dit “ les apôtres ”, mais je veux dire tous, sauf Judas, qui avance un peu isolé et très préoccupé, presque sombre, si bien que Thomas s’en aperçoit et le fait remarquer aux autres :

« Mais qu’a donc Judas ? On dirait qu’il va à la mort !

– Il a peut-être peur de revenir en Judée, lui répond Matthieu.

– Moi… Que t’a indiqué le Maître pour l’argent ? demande Simon le Zélote.

– Rien de spécial. Il m’a dit : “ Revenons à la situation précédente : Judas redevient le trésorier et vous les distributeurs des aumônes. Pour ce qui est des dépenses, les disciples veulent y subvenir. ” Cela ne m’a pas semblé vrai ! Tant d’argent m’est passé dans les mains que je l’ai pris en haine.

– Et elles s’occupent bien de nous, les femmes disciples. Ces sandales sont si bien faites. On ne dirait même pas que nous marchons en montagne. Qui sait combien elles coûtent ! constate Pierre en regardant son pied chaussé de ces sandales neuves qui protègent le talon et la pointe des pieds, et soutiennent la cheville avec de fines lanières de cuir.

– C’est Marthe qui y a pensé. On reconnaît là sa main riche et prévoyante. Les autres fois, on les liait aussi de cette façon, mais ces ficelles étaient un supplice. On ne perdait pas la semelle, mais on perdait la peau de la jambe… dit André.

– Et on se blessait les doigts et les talons… Voilà pourquoi celui qui nous suit les portait toujours de cette manière ! » s’exclame Pierre en montrant Judas.

568.7

La route ne cesse de s’élever vers le sommet de la montagne. Si on regarde en arrière, on aperçoit Ephraïm toute blanche sous le soleil, et elle paraît déjà en contrebas par rapport aux marcheurs…

Puis les apôtres se joignent aux femmes disciples pour les aider à franchir le sentier, très raide à cet endroit, et Barthélemy, resté en arrière, fait même remarquer aux hommes d’Ephraïm :

« Vous nous avez fait prendre un sentier pénible, mes amis.

– Oui. Mais une fois passé ce bois, il y a une route commode qui conduit rapidement à Silo. Vous pourrez alors vous y reposer plusieurs heures au lieu d’arriver de nuit, si vous aviez pris un autre chemin, répond quelqu’un.

– Tu as raison. Plus le chemin est fatigant, plus vite il mène au but.

– Ton Maître le sait, aussi ne s’épargne-t-il pas. Ah ! nous ne pourrons oublier !… d’autant plus qu’il nous a comblés de bienfaits ces derniers jours, après avoir entendu certaines personnes de notre région qui l’ont insulté si injustement. Lui seul est bon, et il est bienfaiteur de ceux-là même qui le haïssent.

– Vous ne l’avez pas haï.

– Pas nous, non. Mais il y en a bien d’autres que nous ne détestons pas et qui pourtant nous détestent sans raison.

– Agissez à sa manière, sans peur, et vous verrez que…

– Et vous, pourquoi ne le faites-vous pas, alors ? C’est la même chose ! Nous ici, vous là-bas, et au milieu une montagne, élevée par une commune erreur. En haut, notre Dieu commun. Mais pourquoi donc ni vous, ni nous, ne montons la pente pour nous rencontrer là-haut, aux pieds de Dieu, et proches les uns des autres ? »

Barthélemy comprend le reproche, qui est juste, car lui, en dépit de sa vertu indéniable, est très fier d’être Israélite, et il est inexorable pour tout ce qui n’est pas Israël. Il détourne la conversation sans répondre directement :

« Nul besoin de monter : Dieu est descendu parmi nous. Il suffit de le suivre.

– Le suivre, oui. Nous voudrions bien, mais si nous entrions en Judée avec lui, ne lui ferions-nous pas du mal ? Tu sais, toi aussi, de quoi on l’accuse et de quoi on nous accuse : d’être des Samaritains, ce qui revient à dire : des démons. »

Barthélemy soupire, puis il les laisse en plan en disant :

« On me fait signe d’aller… »

Et il allonge le pas.

Les hommes d’Ephraïm le regardent s’éloigner, et l’un d’eux murmure avec un geste de découragement :

« Ah ! Il n’est pas comme le Maître ! Nous perdons beaucoup en le perdant !

568.8

– Tu sais, Elie, qu’il a porté hier soir une grosse somme au chef de la synagogue en lui demandant de la remettre à Marie, femme de Jacob, afin qu’elle ne souffre plus de la faim ?

– Moi, non. Et pourquoi ne la lui a-t-il pas donnée directement à elle ?

– Pour que la vieille femme ne le remercie pas. Elle l’ignore encore. Moi, je le sais parce que le chef de synagogue m’a demandé conseil : il se demandait s’il valait mieux lui acheter la propriété de Jean que son frère veut vendre, ou lui remettre l’argent peu à peu. J’ai conseillé d’acheter la propriété. Elle lui donnera assez de grain, d’huile et de vin pour vivre sans avoir faim. Tandis que l’argent…

– Mais alors, c’est vraiment une grosse somme ? demande un troisième.

– Oui. Le chef de notre synagogue a eu beaucoup, même pour les autres pauvres de la ville et des campagnes, afin que “ eux aussi puissent faire la fête à la Pâque des Azymes, pour saluer le temps nouveau ”, a dit le Maître.

– Il a dû dire : “ l’an nouveau ”.

– Non. Il a bien dit : “ le temps nouveau ”. Si bien que le chef de la synagogue ne se servira pas de cet argent avant la fête des Azymes.

– Oh ! qu’aura-t-il voulu dire ? s’interrogent plusieurs.

– Que voudra-t-il dire ? Je l’ignore. Nul ne le sait, pas même Jean, son bien-aimé, ni Simon, fils de Jonas, le chef des disciples. Je le leur ai demandé, et le premier a blêmi, le second est resté absorbé dans ses efforts pour comprendre.

– Et Judas ? C’est quelqu’un d’important parmi eux, peut-être plus que les deux autres. Lui, il prétend tout savoir, donc il saura cela aussi. Allons l’interroger. Il aime bien partager ce qu’il sait. »

568.9

Ils se hâtent de rejoindre Judas, qui est encore isolé comme au début, seul désormais sur le sentier ; les autres, en effet, ont fait un détour et ils semblent avoir été engloutis par les feuillages épais de la pente.

« Judas, écoute-nous. Le Maître désire que nous fassions une grande fête pour la Pâque des Azymes, pour saluer le temps nou­veau. Que voulait-il dire ?

– Je ne sais pas. Suis-je dans la pensée du Maître, moi ? Demandez-le-lui, puisqu’il vous aime tant ! »

Sur ces mots, il s’éloigne vivement, les laissant désappointés.

« Lui aussi n’est pas le Maître. Il n’y a personne qui ait sa pitié… disent-ils, en hochant la tête.

– Eh bien, est-ce que ce sont eux que nous suivons? Non, c’est lui ! Et nous faisons bien d’agir ainsi. Allons. Qui sait si nous ne pourrons pas apprendre de sa bouche ce que cela signifie, avant qu’il ne passe en Judée. »

Et ils hâtent le pas pour rejoindre les autres, qui se sont assis pour se reposer sous un bois de rouvres centenaires, et ont sous les yeux l’un des plus beaux panoramas de Palestine.

568.1

«Lascia che ti seguiamo, Maestro. Non ti daremo noia», supplicano molti di Efraim riuniti davanti alla casa di Maria di Giacobbe, che piange tutte le sue lacrime appoggiata allo stipite della porta spalancata.

Gesù è in mezzo ai suoi dodici apostoli; più là, in gruppo intorno a sua Madre, sono Giovanna, Niche, Susanna, Elisa, Marta e Maria, Salome e Maria d’Alfeo. Tanto gli uomini che le donne sono in assetto di viaggio, con vesti cinte e un poco rimboccate alla vita, per lasciare più libero il piede, e con dei sandali nuovi molto legati, non solo alla caviglia ma anche al basso della gamba, con striscioline di cuoio intrecciate, come fanno quando devono fare strade piuttosto impervie. Gli uomini si sono caricati anche delle sacche delle discepole.

La gente supplica per ottenere da Gesù il consenso di seguirlo, mentre i piccoli stridono, coi visetti volti in su e le braccia alzate: «Un bacio! Prendimi in braccio! Torna, Gesù! Torna presto a dirci tante belle parabole! Ti conserverò le rose del mio giardino! Io non mangerò frutta per serbarle a Te! Torna, Gesù! La mia pecorina figlia e voglio regalarti l’agnellino, ti farai con la sua lana una veste come la mia… Se vieni presto, ti darò le focacce che la mamma mi fa col primo grano…». Pigolano come tanti uccellini intorno al loro grande Amico e gli tirano la veste, si appendono alla cintura per veder di arrampicarsi fra le sue braccia, amorosamente dispotici, tanto che Gesù è impedito di rispondere agli adulti perché c’è sempre una nuova faccina da baciare.

«Ma via! Basta! Lasciate stare il Maestro! Donne! E riprendete i vostri bambini!», gridano gli apostoli ai quali preme iniziare il cammino in quelle prime ore del giorno. E allungano anche qualche bonario scappellotto ai bimbi più invadenti.

«No. Lasciateli stare. Mi è più fresca dolcezza questa, di questa dell’aurora. Lasciateli fare e lasciatemi fare. Lasciate che Io mi conforti in questo amore puro da calcoli e da turbamenti», dice Gesù difendendo i suoi minuscoli amici sui quali, aprendo come fa le braccia, cade l’ampio manto di Gesù, e li accoglie sotto le sue azzurre ali protettrici. I piccoli si stringono sotto quel tepore e in quella penombra azzurra, tacendo felici come pulcini sotto le ali materne.

568.2

Gesù può finalmente parlare agli adulti: «Venite pure, se credete di poterlo fare».

«E chi ce lo vieta, Maestro? Siamo nella nostra regione!».

«I grani, le viti ed i frutteti esigono tutto il vostro lavoro, e le pecore sono in tempo di tosa e d’accoppiatura, e quelle già accoppiate nell’altra epoca stanno per figliare, ed è tempo di fieni…».

«Non importa, Maestro. Alle tose e alle monte delle pecore bastano i vecchi ed i fanciulli, e le donne al loro figliare, e così pure ai fieni. I frutteti e i campi possono attendere. Ché se il grano indurisce già dentro la spiga, ancor tempo c’è alla falce, e ormai vigneti, ulivi e frutteti non han che da gonfiare al sole i frutti delle loro molte nozze. Noi non possiam nulla per essi sino al tempo del cogliere, così come fa la madre di famiglia che non può fare nulla al pane sinché il lievito non ha gonfiato nella farina. Il sole è il lievito dei frutti. È lui che fa ora, come prima ha fatto il vento nello sposare i fiori lungo i rami. E poi!… Si perdesse anche qualche grappolo e qualche frutto, o i vilucchi e i logli soffocassero qualche spiga, sarebbe sempre poco danno in confronto di perdere una tua parola!», dice un vecchio che ho sempre visto molto onorato in paese.

«Hai detto bene. Andiamo, allora.

568.3

Maria di Giacobbe, Io ti ringrazio e benedico perché mi fosti madre buona. Non piangere! Non deve piangere chi ha fatto opera buona».

«Ah! io ti perdo e non ti vedrò più!».

«Noi certamente ci vedremo ancora».

«Torni qui, Signore?», chiede con un sorriso fra le lacrime la donna. «Quando?».

«Qui non tornerò, così come ora…».

«E allora dove ci vedremo mai se io, povera e vecchia, non posso venire per le vie del mondo a cercarti?».

«In Cielo, Maria. Nella Casa del Padre nostro. Là dove è posto per i giudei come per i samaritani, dove è un posto per quelli che mi ameranno in spirito e verità. Tu lo fai già, perché mi credi il Figlio di Dio vero…».

«Oh! se lo credo! Ma per noi non c’è speranza, perché Tu solo ci ami senza differenze».

«Quando Io me ne sarò andato, questi (accenna agli apostoli) verranno in mia vece. E in ricordo di Me non chiederanno chi è colui che chiede di entrare nel gregge del vero e unico Pastore».

«Io sono vecchia, Signore. Non vivrò tanto da vedere questo. Tu sei giovane e forte, e per lungo tempo ti avrà tua Madre, e ti avranno quelli che ti amano e sono del tuo popolo…

568.4

Perché piangi, o Madre del Benedetto?», chiede stupita di veder cadere delle lacrime dagli occhi della Vergine Madre.

«Nulla ho fuorché il mio dolore… Addio, Maria. Dio ti benedica per quanto facesti al Figlio mio. E ricorda che, se il tuo dolore è grande, un dolore più grande[1] del mio non c’è e non ci sarà sulla Terra. Mai! Ricordati della dolorosa Maria di Nazaret… Addio!». E Maria si stacca piangendo, dopo aver baciato la vecchierella sull’uscio della casa, mettendosi in cammino fra le donne e con Giovanni a lato.

Giovanni che le dice, col suo solito atto di stare un po’ curvo e col volto alzato a guardare Colei alla quale parla: «Non piangere così, Maria. Se molti lo odiano, molti lo amano il tuo Gesù. Solleva il tuo spirito, o Madre, nel guardare questi che ora e nei secoli ameranno la tua Creatura con tutto loro stessi», e termina piano, quasi sussurrandolo a Maria sola, che guida e sorregge tenendola presso il gomito perché non incespichi nei sassi della viottola, acciecata come è dalle lacrime: «Non tutte le madri potranno veder amata la loro creatura… Ve ne saranno alcune che grideranno angosciate: “Perché io l’ho concepita?”».

568.5

Gesù li raggiunge, essendo Maria e Giovanni rimasti soli, un poco indietro dalle discepole. È con Gesù Giacomo d’Alfeo. Gli altri sono dietro in gruppo. Pensierosi e tristi così come lo sono le discepole, che sono avanti a tutti. Ultimi, in un mucchio, molti uomini di Efraim parlottanti fra loro.

«Gli addii sono sempre tristi, Mamma. Soprattutto quando non si sa che una fine è principio a cosa più perfetta. È la triste conseguenza del peccato. E resterà anche oltre il perdono. Ma con più ardimento gli uomini la sopporteranno avendo amico Iddio».

«Hai ragione, Gesù. Ma vi è un dolore che Dio lascia gustare pur essendo il più paterno Amico che possa essere. Per me è tale. Oh! Dio è buono! Buono tanto. Non vorrei che Giacomo e Giovanni né alcun altro traesse scandalo dal mio pianto. Dio è buono. Fu sempre buono con la povera Maria. Me lo sono detto ogni giorno da quando so pensare. Ed ora… ora lo dico ogni ora, ogni attimo d’ora. Sempre più me lo dico, più il dolore incombe… Dio è buono. Ti ha dato a me, Figlio amoroso e santo, e tale anche sol come creatura, da compensare ogni dolore di donna… Ti ha dato a me, povera fanciulla elevata a Madre del suo Verbo incarnato… E questa gioia di poterti dire “Figlio”, o mio adorato Signore, è tanta che non dovrebbe il pianto cader dal mio ciglio per martirio alcuno, se perfetta io fossi come Tu insegni. Ma sono una povera donna, Figlio mio! E Tu sei la mia Creatura… E… quale quella madre che possa non piangere quando sa odiata la sua creatura, e sa?… Figlio mio, soccorri la tua serva… Certo era ancora in me superbia quando pensavo di essere forte… Ma allora… era ancor lontano il tempo… Ora è qui… Lo sento… Soccorrimi, Gesù, mio Dio! Certo, se Dio mi lascia soffrire così, è per fine di bontà per me. Perché, se volesse, potrebbe non farmi soffrire di ciò che accade… Egli ti ha pur formato nel seno mio così!… Come… Non vi è paragone a dir come Tu ti sei fatto… Ma vuole che io soffra… e ne sia benedetto… sempre. Ma Tu aiutami, Gesù. Aiutatemi tutti… tutti… perché è un così amaro mare quello in cui io mi disseto…».

«Diciamo la preghiera. Noi quattro. Noi che ti amiamo con tutto il cuore, Mamma. Qui, Io tuo Figlio, e Giovanni e Giacomo che ti amano come se tu fossi loro madre… Padre nostro che sei nei Cieli…», e Gesù, reggendo il piccolo coro delle tre voci che lo seguono in sordina, dice tutta l’orazione dominicale, calcando molto su certe frasi quali: «la tua volontà sia fatta»… «non ci indurre in tentazione». Poi dice: «Ecco. Il Padre ci aiuterà a fare la sua volontà, anche se essa è tale che la nostra debolezza di umani pensa non poterla compiere, e non ci indurrà nella tentazione di pensarlo men buono perché, mentre berremo il calice amarissimo, ci darà il suo angelo a tergerci le labbra amareggiate con un conforto celeste».

Gesù tiene per mano la sua Mamma, che ha coraggiosamente lottato col pianto sino a respingerlo in fondo al cuore. Ai loro lati — vicino a Maria, Giovanni; vicino a Gesù, Giacomo d’Alfeo — i due apostoli li guardano commossi.

568.6

Le discepole si sono voltate qualche volta, sentendo il pianto di Maria e la preghiera dei quattro. Ma si sono astenute dal riunirsi a loro.

Dietro, gli apostoli si sono chiesti: «Ma perché piange così Maria?». Gli apostoli, ho detto, ma voglio dire tutti meno Giuda di Keriot, che procede un po’ isolato e pensieroso molto, quasi cupo, tanto che Tommaso lo nota e dice agli altri: «Ma che ha Giuda da essere così? Sembra uno che vada alla morte!».

«Mah! Avrà paura a tornare in Giudea», gli risponde Matteo.

«Io… Cosa ti ha detto il Maestro per i denari?», chiede lo Zelote.

«Niente di speciale. Mi ha detto: “Ora torniamo nelle condizioni di prima. Giuda il tesoriere e voi i distributori delle elemosine. Per le spese le discepole vogliono sovvenirci”. Non mi è sembrato vero! Ne ho maneggiato tanto del denaro che l’ho in odio».

«E sovvengono bene le discepole. Questi sandali così sicuri… Non sembra neppure di camminare in montagna. Chissà cosa costano!», dice Pietro guardando il suo piede, calzato di quei sandali nuovi che proteggono il calcagno e la punta e sorreggono la caviglia nelle sottili strisce di cuoio.

«Ci ha pensato Marta. Si vede la sua mano ricca e previdente. Le altre volte si legavano anche noi così, ma quelle funicelle erano un supplizio. Non si perdeva la suola, ma si perdeva la pelle della gamba…», dice Andrea.

«E ci si pungeva dita e calcagni… Ecco perché quello lì dietro li portava sempre così!», dice Pietro accennando a Giuda di Keriot.

568.7

La strada sale, sale verso la cresta del monte. Guardando indietro si vede Efraim tutta bianca nel sole, e pare già tanto in basso rispetto a loro che vanno…

Poi gli apostoli si fondono con le discepole per aiutarle a superare il sentiero molto ripido in quel punto, e anzi Bartolomeo, rimasto indietro, dice a quelli di Efraim: «Avete insegnato un sentiero penoso, amici».

«Sì. Ma passato quel bosco vi è una strada facile che in poco porta a Silo. Potrete allora riposare là più ore che non arrivandovi a notte da altra via», risponde uno.

«Hai ragione. La via più è faticosa e più rapida porta alla mè­ta».

«Il tuo Maestro lo sa. Perciò non si risparmia. Ah! noi non potremo dimenticare!… Soprattutto che Egli ci ha beneficato in questi ultimi giorni, dopo aver sentito alcuni della nostra regione che lo hanno insultato così ingiustamente. Solo Lui è buono e perciò benefica anche quelli che lo odiano».

«Voi non lo avete odiato».

«Noi no. Ma anche tanti altri, noi non odiamo; eppure siamo odiati senza ragione».

«Fate anche voi come Egli fa, senza paura, e vedrete che…».

«E voi perché non lo fate, allora? È la stessa cosa. Noi di qua, voi di là, in mezzo un monte: quello alzato da comuni errori. In alto il comune Dio. Ma perché allora né noi né voi saliamo l’erta per trovarci lassù, ai piedi di Dio, e vicini fra noi?».

Bartolomeo capisce il rimprovero giusto, perché egli, nella sua innegabile virtù, ha ben forte il baco di essere israelita e inesorabile per tutto ciò che non è Israele, e gira il discorso senza rispondere direttamente. Dice: «Non c’è bisogno di salire. Dio è sceso fra noi. Basta seguirlo».

«Seguirlo, sì. Vorremmo. Ma se entrassimo in Giudea con Lui non gli faremmo forse del male? Lo sai anche tu di che lo si accusa e di che ci si accusa: di essere samaritani, vale a dire demoni».

Bartolomeo sospira e poi li lascia in asso dicendo: «Mi fanno cenno di andare…», e allunga il passo.

Quelli di Efraim lo guardano andare e uno mormora: «Ah! non è come Lui! Che cosa perdiamo perdendolo!», e ha un gesto di sconforto.

568.8

«Lo sai, Elia, che Egli ieri sera portò una grossa somma al sinagogo perché la passi a Maria di Giacobbe acciò non soffra più la fame?».

«Io no. E perché non l’ha data a lei?».

«Per non essere ringraziato dalla vecchia. Ella non lo sa ancora. Io lo so, perché il sinagogo me lo ha detto per consigliarsi se sia bene comperarle i luoghi di Giovanni, che il fratello vuole vendere, o se passarle il denaro poco per volta. Io ho consigliato di comperare i luoghi di Giovanni. Per lei daranno grano, olio e vino a sufficienza per vivere senza fame. Mentre il denaro… Quel…».

«Ma allora è proprio grossa la somma?!», dice un terzo.

«Sì. Il nostro sinagogo ha avuto molto, anche per altri poveri della città e delle campagne. Perché “possano fare anche essi festa nella Pasqua d’Azzimi, per salutare il tempo nuovo”, ha detto il Maestro».

«Avrà detto l’anno nuovo».

«No. Ha detto: “il tempo nuovo”. Tanto che il sinagogo non userà quei denari prima della festa d’Azzimi».

«Oh! e che avrà voluto dire?», chiedono in molti.

«Che vorrà dire? Non so. Nessuno sa. Neppure Giovanni il suo diletto, né Simone di Giona che è il capo dei discepoli. Ne ho chiesto a loro e il primo si è fatto pallido, il secondo è rimasto assorto come chi cerca di indovinare».

«E Giuda di Keriot? Egli è molto fra loro. Forse più degli altri due. Egli sa tutto, dice. Saprà anche questo. Andiamolo ad interrogare. Gli piace dire ciò che sa».

568.9

Si danno a raggiungere Giuda, che è ancora isolato come all’inizio, solo ormai sul sentiero, perché gli altri hanno girato una svolta e sembra siano stati inghiottiti dal verde folto della pendice.

«Giuda, ascoltaci. Il Maestro dice di volere una gran festa per Pasqua d’Azzimi, per salutare il tempo nuovo. Che vorrà dire?».

«Io non so. Sono forse nel pensiero del Maestro, io? Chiedetelo a Lui che vi ama tanto», e affretta il passo lasciandoli delusi.

«Anche lui non è il Maestro. Non c’è nessuno che abbia la sua pietà…», dicono scrollando il capo.

«Ebbene, che forse noi seguiamo loro? Lui seguiamo! E bene facciamo a fare così. Andiamo. Chissà che dalle sue labbra non si possa, prima che Egli vada in Giudea, saper cosa volle dire».

E affrettano il passo raggiungendo gli altri, seduti in riposo sotto un bosco di roveri centenari, avendo davanti agli sguardi uno dei più bei panorami della Palestina.


Notes

  1. il n’est pas de douleur plus grande que la mienne, comme en Lm 1, 12. Marie a dit en 370.17, unir à sa propre douleur “ la souffrance de toutes les mères malheureuses ” et que sa douleur “ est causée par la haine, non pas d’une seule personne, mais de tout un monde ”. Et Jésus fera contempler (en 603.2/3) la souffrance infiniment grande de sa Mère à la souffrance infiniment complète du Fils, qui doit expier toutes les fautes des hommes (comme le disent 375.2 et 613). Dans l’œuvre de Maria Valorta, leur souffrance continuerait mystérieusement dans la gloire céleste, comme nous l’indiquerons dans une note en 634.7.

Note

  1. un dolore più grande…, come in: Lamentazioni 1, 12. Maria Ss. ha detto (in 370.17) che al proprio dolore Ella unisce “il dolore di tutte le madri infelici” e che il suo dolore “è dato dall’odio non di uno, ma di tutto un mondo”. E Gesù farà contemplare (in 603.2/3) il dolore assolutamente grande della Madre insieme con il dolore assolutamente completo del Figlio, il quale deve espiare tutte le colpe dell’uomo, come è detto nel secondo capoverso di 317.5 e nel capitolo 613. Il loro dolore, secondo l’opera valtortiana, continuerebbe misteriosamente nella gloria celeste, come diremo in nota a 634.7.