– Jésus de Nazareth est ici ? demande un petit enfant qui se présente à la porte.
– Il est ici, entre. »
L’enfant s’avance et je reconnais l’un de ceux que j’ai vus dans les premières visions de Capharnaüm. C’est justement celui qui, après être dégringolé aux pieds de Jésus, a promis d’être bon… pour manger le miel du paradis.
« Mon petit ami, avance » lui dit Jésus.
Le garçonnet, un peu intimidé par tant de gens qui le regardent, se rassure et court vers Jésus, qui l’embrasse, le prend sur ses genoux et lui donne une bouchée de son poisson sur un morceau de pain.
« Voilà, Jésus, c’est pour toi. Aujourd’hui encore, cette personne m’a dit : “ C’est le sabbat. Porte cela au rabbi de Nazareth et dis à ton ami de prier pour moi. ” Il sait que tu es mon ami !… »
L’enfant rit, tout heureux, et mange son pain et son poisson.
« Bravo, petit Jacques ! Tu diras à cette personne que mes prières montent vers le Père pour lui.
– C’est pour les pauvres ? demande Pierre.
– Oui.
– C’est toujours l’offrande habituelle ? Regardons. »
Jésus lui passe la bourse. Pierre la vide et compte.
« Toujours la même forte somme ! Mais qui est cette personne ? Dis, petit, qui est-ce ?
– Je ne dois pas le dire, et je ne le dirai pas.
– Quelle forte tête ! Allons, sois gentil, je te donnerai des fruits.
– Je ne le dirai pas, que tu m’insultes ou que tu me caresses !
– Mais voyez quelle langue !
– Jacques a raison, Pierre, il tient la parole donnée. Laisse-le tranquille.
– Toi, Maître, tu sais qui est cette personne ? »
Jésus ne répond pas. Il s’occupe de l’enfant auquel il donne un autre morceau de poisson grillé bien débarrassé de ses arêtes ; mais Pierre insiste, et Jésus doit lui répondre.
« Moi, je sais tout, Simon.
– Et nous, nous ne pouvons pas savoir ?
– Tu ne guériras jamais de ton défaut ? »
Jésus lui fait ce reproche en souriant. Et il ajoute :
« Tu le sauras bientôt. Le mal voudrait rester caché et ne peut toujours y réussir, mais le bien, même si on veut le garder secret pour qu’il soit méritoire, est découvert un jour ou l’autre, pour la gloire de Dieu dont la nature resplendit en l’un de ses enfants. La nature de Dieu, c’est l’amour. Ce petit l’a compris, car il aime son prochain. Va, Jacques. Porte à cette personne ma bénédiction. »
La vision s’achève.