The Writings of Maria Valtorta

632. Apparitions ici et là à diverses personnes.

632. Jesus appears to various people in different places.

632.1

Elise, la mère d’Annalia, sanglote désespérément dans sa maison, enfermée dans une chambre où se trouve un petit lit sans couverture, peut-être celui d’Annalia. Elle a la tête abandonnée sur ses bras, qui s’abandonnent à leur tour, tendus vers le lit comme pour l’étreindre tout entier. Son corps repose sur ses genoux en une attitude de langueur. De vigoureux, il n’y a que ses pleurs.

Un peu de lumière pénètre par la fenêtre ouverte. Le jour revient depuis peu. Mais il se produit une vive lumière lorsque Jésus entre.

J’emploie le verbe “ entrer ”, pour dire qu’il se trouve soudain dans la pièce. Je l’emploierai toujours, désormais, pour signifier son apparition dans un endroit clos, sans répéter comment il se découvre de derrière une grande clarté qui rappelle celle de la Transfiguration, de derrière un feu blanc, si on me permet la comparaison, qui semble liquéfier les murs et les portes pour permettre à Jésus d’entrer avec son corps véritable, respirant, solide, glorifié, un feu, une clarté qui se referme sur lui et le dissimule à son départ. Mais aussitôt, il prend le bel aspect du Ressuscité, mais homme, vraiment homme, mais cent fois plus beau qu’avant la Passion. C’est lui, mais c’est lui glorieux, Roi.

632.2

« Pourquoi pleures-tu, Elise ? »

Je ne sais comment la femme ne reconnaît pas cette voix qu’on ne peut confondre. Peut-être la douleur l’étourdit-elle. Elle répond comme si elle parlait à un parent qui l’aurait rejointe après la mort d’Annalia.

« Tu as entendu hier soir ces hommes ? Il n’était rien. Il avait un pouvoir magique, mais pas divin. Et moi qui me résignais à la mort de ma fille en pensant qu’elle était aimée de Dieu, en paix… Il me l’avait assuré ! »

Elle redouble de larmes.

« Mais beaucoup l’ont vu ressuscité. Dieu seul peut se ressusciter lui-même.

– C’est ce que j’ai dit, moi aussi, à ceux d’hier. Tu l’as entendu. J’ai combattu leurs paroles, parce qu’elles représentaient la mort de mon espérance, de ma paix. Mais eux, tu as entendu ? ont affirmé : “ Tout cela, c’est de la comédie de ses partisans pour ne pas reconnaître qu’ils sont fous. Il est mort et bien mort, putréfié, ils l’ont enlevé et détruit, en prétendant qu’il est ressuscité. ” C’est ce qu’ils disaient… Et que c’est pour cela que le Très-Haut a envoyé le second tremblement de terre, pour leur faire sentir sa colère devant leur mensonge sacrilège. Oh ! je n’ai plus aucun réconfort !

– Mais si tu voyais de tes yeux le Seigneur ressuscité, et si tu le touchais de tes mains, croirais-tu ?…

– Je n’en suis pas digne… Bien évidemment, je croirais ! Il me suffirait de le voir. Je n’oserais pas toucher sa chair, car s’il en était ainsi, ce serait une chair divine, or une femme ne peut s’approcher du Saint des Saints.

632.3

– Lève la tête, Elise, et regarde qui se tient devant toi ! »

La femme lève sa tête chenue, son visage défiguré par les larmes, et elle voit… Elle tombe encore plus bas sur ses talons, se frotte les yeux, ouvre la bouche en un cri qui veut sortir, mais que la stupeur étrangle dans la gorge.

« C’est moi, le Seigneur. Touche ma main, baise-la. Tu m’as sacrifié ta fille, tu le mérites. Et retrouve, sur cette main, le baiser spirituel de ton enfant. Elle est au Ciel, et elle est bienheureuse. Tu parleras de cela aux disciples, et de ce jour-ci. »

La femme est tellement fascinée qu’elle n’ose pas faire le geste, de sorte que c’est Jésus lui-même qui presse sur ses lèvres la pointe de ses doigts.

« Oh ! Tu es vraiment ressuscité ! Que je suis heureuse ! Heureuse ! Bénis sois-tu de m’avoir consolée ! »

Elle se penche pour lui baiser les pieds, et reste ainsi. La lumière surnaturelle enveloppe le Christ de sa splendeur et soudain la pièce est vide. Mais Elise a dans le cœur une certitude inébranlable.

II. A Marie, mère de Judas, à Kérioth, avec Anne, mère de Joanne, et le vieil Ananie.

632.4

Je vois la maison d’Anne, mère de Joanne. C’est la maison de campagne où Jésus, accompagné de la mère de Judas, a accompli le miracle[1] de la guérison d’Anne. Là aussi, je vois une pièce, et une femme étendue sur un lit. Une femme qui est méconnaissable tant elle est défigurée par une angoisse mortelle. Son visage est ravagé. Une fièvre dévorante lui empourpre les pommettes, qui sont tellement saillantes que les joues en sont creusées. Les yeux, dans un cercle noir, eux aussi rougis par la fièvre et les pleurs, sont mi-clos sous des paupières gonflées. Là où il n’y a pas de rougeur de fièvre, le teint est d’un jaune intense, verdâtre comme si la bile était répandue dans le sang. Les bras décharnés, les mains effilées, sont abandonnés sur les couvertures que l’essoufflement soulève.

Près de la malade, qui n’est autre que la mère de Judas, se trouve Anne, la mère de Joanne. Elle essuie les larmes et la sueur, agite un éventail de palmier, change les linges trempés dans du vinaigre aromatisé et posés sur le front et la gorge de la malade, caresse ses mains, ses cheveux en désordre. Devenus en peu de temps plus blancs que noirs, ils sont épars sur l’oreiller et collés par la sueur sur les oreilles devenues transparentes. Anne pleure également, en disant des paroles de réconfort :

« Ce n’est pas cela, Marie ! Apaise-toi ! Assez ! C’est lui… lui, qui a péché. Mais toi, toi tu sais comme le Seigneur Jésus…

– Tais-toi ! Ce nom… quand on me le dit, on le profane… Je suis la mère… du Caïn de Dieu ! Ah ! »

Les larmes tranquilles se changent en de longs sanglots déchirants. Elle a l’impression de se noyer, s’attache au cou de son amie qui la secourt pendant qu’elle vomit de la bile.

« Paix ! Paix, Marie ! Ce n’est pas cela ! Ah, quels mots trouver pour te convaincre que le Seigneur t’aime ? Je te le répète ! Je te le jure sur ce qui est le plus sacré pour moi : mon Sauveur et mon enfant. C’est lui qui me l’a dit quand tu me l’as amené. Il a eu pour toi des paroles et des prévenances d’un amour infini. Tu es innocente. Il t’aime. Je suis certaine, je suis certaine qu’il se donnerait lui-même une autre fois pour te rendre la paix, pauvre mère martyre.

– Mère du Caïn de Dieu ! Tu entends ? Ce vent, là, dehors… Il le dit… Elle va à travers le monde, la voix… la voix du vent, et elle répète : “ Marie, femme de Simon, mère de Judas, celui qui a trahi le Maître et l’a livré à ceux qui l’ont crucifié. ” Tu entends ? Tout le dit… Le ruisseau, là dehors… Les tourterelles.., les brebis… Toute la terre crie que je suis… Non, je ne veux pas guérir. Je veux mourir !… Dieu est juste et ne me frappera pas dans l’autre vie. Mais ici, non. Le monde ne pardonne pas… ne distingue pas… Je deviens folle car le monde hurle… : “ Tu es la mère de Judas ! ” »

Elle retombe épuisée sur ses oreillers. Anne la redresse et sort pour porter dehors les linges tachés…

Marie, les yeux clos, exsangue après l’effort qu’elle a fait, gémit :

« La mère de Judas ! de Judas ! de Judas ! » Elle halète, puis reprend : « Mais qu’est-ce que Judas ? Qu’ai-je enfanté ? Qu’est-ce que Judas ? Qu’ai-je… »

632.5

Jésus est dans la pièce qu’éclaire une lumière tremblante, car la lumière du jour est encore trop faible pour éclairer la vaste pièce dans laquelle le lit est au fond, très loin de l’unique fenêtre. Il appelle doucement :

« Marie ! Marie, femme de Simon ! »

La femme délire presque et ne remarque pas la voix. Elle est absente, prise dans le vertige de sa douleur, et répète sans fin les pensées qui l’obsèdent, d’une manière monotone, comme le tic-tac d’une pendule :

« La mère de Judas ! Qu’ai-je enfanté ? Le monde hurle : “ La mère de Judas… ” »

Jésus en a presque les larmes aux yeux. Cela m’étonne beaucoup. Je ne pensais pas que Jésus pourrait pleurer encore après sa Résurrection…

Il se penche. Le lit est tellement bas pour lui, qui est si grand ! Il pose la main sur le front enfiévré, en repoussant les linges trempés dans le vinaigre, et dit :

« C’est un malheureux, rien d’autre. Si le monde crie, Dieu couvre les hurlements du monde en te disant : “ Aie la paix parce que, moi, je t’aime. ” Regarde-moi, pauvre mère ! Reprends tes esprits égarés et remet ton âme entre mes mains. Je suis Jésus !… »

Marie, femme de Simon, ouvre les yeux comme si elle sortait d’un cauchemar ; elle voit le Seigneur, sent sa main sur son front, porte ses mains tremblantes à son visage et gémit :

« Ne me maudis pas ! Si j’avais su ce que j’engendrais, je me serais arraché les entrailles pour qu’il ne naisse pas.

– Et tu aurais péché. Marie ! Oh, Marie ! Ne perds pas ta justice à cause de la faute d’un autre. Les mères qui ont fait leur devoir ne doivent pas se considérer comme responsables des péchés de leurs enfants. Tu as fait ton devoir, Marie. Donne-moi tes pauvres mains. Sois tranquille, pauvre mère.

– Je suis la mère de Judas. Je suis impure comme tout ce que ce démon a touché. Mère d’un démon ! Ne me touche pas. »

Elle se débat pour échapper aux mains divines qui veulent la tenir. Les larmes de Jésus tombent sur son visage rougi par un accès de fièvre.

« Je t’ai purifiée, Marie. Mes larmes de pitié sont sur toi. Je n’ai pleuré sur personne depuis que j’ai enduré ma souffrance. Mais je pleure sur toi avec toute mon affectueuse pitié. »

Il a réussi à lui saisir les mains et s’assied, oui, il s’assied vraiment sur le bord du lit, en tenant ces mains tremblantes dans les siennes.

La pitié affectueuse de ses yeux étincelants caresse, enveloppe, soigne la malheureuse qui se calme en pleurant silencieusement et en murmurant :

« N’as-tu pas de rancœur à mon égard ?

– J’ai de l’amour. C’est pour cela que je suis venu. Aie la paix.

– Toi, tu pardonnes ! Mais le monde ! Et ta Mère ! Elle va me haïr.

– Elle pense à toi comme à une sœur. Le monde est cruel, c’est vrai. Ma Mère est la Mère de l’Amour, et elle est bonne. Tu ne peux aller de par le monde, mais elle viendra à toi quand tout sera en paix. Le temps pacifie…

– Fais-moi mourir, si tu m’aimes…

– Encore un peu de temps. Ton fils n’a rien su me donner. Toi, donne-moi un temps de ta souffrance. Il sera court.

– Mon fils t’a trop donné… C’est l’horreur infinie qu’il t’a donnée.

– Et toi tu m’as donné la douleur infinie. L’horreur est passée, elle ne sert plus à rien. Mais ta douleur est utile : elle s’unit à mes plaies, de sorte que tes larmes et mon sang lavent le monde. Toute la souffrance s’unit pour laver le monde. Tes larmes se mêlent à mon sang et aux pleurs de ma Mère, entourés de toute la douleur des saints qui souffriront pour le Christ et pour les hommes, pour mon amour et celui des hommes. Pauvre Marie ! »

Il la couche doucement, lui croise les mains, la regarde se calmer…

632.6

Anne revient et reste, stupéfaite, sur le seuil.

Jésus, qui s’est relevé, la regarde en disant :

« Tu as obéi à mon désir. Les obéissants obtiennent la paix. Ton âme m’a compris. Vis dans ma paix. »

Il baisse de nouveau les yeux sur Marie, qui le regarde en versant des larmes plus calmes, et il lui sourit une nouvelle fois. Il ajoute :

« Place ton espérance dans le Seigneur. Il t’apportera ses consolations. »

Après l’avoir bénie, il s’apprête à partir.

Mais Marie pousse un cri passionné :

« On dit que mon fils t’a trahi par un baiser ! Est-ce vrai, Seigneur ? Si oui, laisse-moi le laver en te baisant les mains. Je ne puis faire autre chose ! Je ne puis faire autre chose pour effacer… pour effacer… »

La douleur la reprend avec force.

Jésus ne lui donne pas ses mains à baiser, ces mains sur lesquelles la large manche de son vêtement blanc retombe jusqu’au milieu du métacarpe en cachant les blessures, mais il lui prend la tête entre ses mains et se penche pour effleurer de ses lèvres divines le front brûlant de la plus malheureuse des femmes. Et il lui dit en se redressant :

« Mes larmes et un baiser ! Personne n’a autant obtenu de moi. Reste donc dans la paix puisque, entre toi et moi, il n’y a que de l’amour. »

Il la bénit et, après avoir traversé rapidement la pièce, il sort derrière Anne, qui n’a pas osé s’avancer ni parler, mais qui pleure d’émotion.

632.7

Pourtant, dès qu’ils se trouvent dans le corridor qui mène à la porte de la maison, Anne ose poser la question qui lui tient tant à cœur :

« Ma Joanne ?

– Depuis quinze jours, elle est bienheureuse au Ciel. Je n’en ai pas parlé parce qu’il y a trop de contraste entre ta fille et le fils de Marie.

– C’est vrai ! Quel déchirement ! Je crois qu’elle en meurt.

– Non. Pas tout de suite.

– Maintenant, elle sera plus en paix. Tu l’as consolée. Toi ! Toi qui, plus que tous…

– Moi qui la plains plus que tous. Je suis la divine Compassion. Je suis l’Amour. Je te le dis, femme : si seulement Judas m’avait jeté un regard de repentir, je lui aurais obtenu le pardon de Dieu… »

Quelle tristesse se peint sur le visage de Jésus ! La femme en est frappée. Paroles et silence combattent sur ses lèvres, mais elle est femme, et la curiosité l’emporte. Elle demande :

« Mais est-ce que cela a été une… un… Je veux dire : ce malheureux a-t-il péché soudainement ou bien…

– Depuis des mois il péchait, et aucune parole, aucun geste de ma part n’a pu l’arrêter tant était forte sa volonté de pécher. Mais ne lui en parle pas à elle…

– Je n’en dirai rien !… Seigneur ! Quand Ananie, qui s’était enfui de Jérusalem sans même terminer la Pâque, la nuit même de la Parascève, est entré ici en hurlant : “ Ton fils a trahi le Maître et l’a livré à ses ennemis ! Il l’a trahi par un baiser. J’ai vu le Maître frappé et couvert de crachats, flagellé, couronné d’épines, chargé de la croix, crucifié et mort à cause de ton fils. Et les ennemis du Maître crient notre nom avec un air de triomphe obscène. On raconte l’acte de ton fils qui, pour moins que le prix d’un agneau, a vendu le Messie et l’a trahi par un baiser pour le désigner aux gardes ! ” Marie est tombée à terre, elle devenue noire sur le coup. Le médecin dit que son fiel s’est répandu, que son foie a éclaté et que tout le sang en est corrompu. Et… le monde est mauvais. Elle a raison… J’ai dû la transporter ici, car ils venaient crier près de sa maison de Kérioth : “ Ton fils est déicide et s’est suicidé ! Il s’est pendu ! Belzébuth a pris son âme et même Satan est venu prendre son corps. ” Cet horrible prodige est-il vrai ?

– Non, femme. On l’a trouvé mort, pendu à un olivier…

– Ah ! Ils criaient encore : “ Le Christ est ressuscité, et il est Dieu. Ton fils a trahi Dieu. Tu es la mère de celui qui a trahi Dieu. Tu es la mère de Judas. ” Pendant la nuit, avec Ananie et un serviteur fidèle, le seul qui me soit resté, car personne ne voulait rester auprès d’elle… je l’ai portée ici. Mais Marie entend ces cris dans le vent, dans les bruits de la terre, en tout.

– Pauvre mère ! C’est horrible, oui.

– Mais ce démon n’a pas pensé à cela, Seigneur ?

– C’était une des raisons que j’invoquais pour le retenir. Mais cela n’a servi à rien. Comme Judas n’a jamais aimé d’un amour véritable son père et sa mère, ni personne d’autre qui soit son prochain, il en est venu à haïr Dieu.

– C’est vrai !

– Adieu, femme. Que ma bénédiction te donne la force de supporter le mépris du monde pour ta pitié envers Marie. Baise ma main. A toi, je peux la montrer. A elle, cela lui aurait fait trop de mal de le voir. »

Il retrousse sa manche pour découvrir son poignet transpercé.

Anne pousse un gémissement en effleurant à peine de ses lèvres le bout des doigts.

632.8

On entend le bruit d’une porte qui s’ouvre et un cri étouffé : “ Le Seigneur ! ” Un homme âgé se prosterne et reste ainsi.

« Ananie, le Seigneur est bon. Il est venu consoler ta parente, et nous consoler nous aussi » dit Anne pour réconforter le petit vieillard, trop ému.

Mais l’homme n’ose faire le moindre mouvement. Il gémit en pleurant :

« Nous sommes d’un sang honni. Je ne peux pas regarder le Seigneur. »

Jésus s’avance vers lui. Il lui touche la tête en lui parlant dans les mêmes termes qu’à Marie :

« Les parents qui ont fait leur devoir ne doivent pas se tenir pour responsables du péché de leur proche. Prends courage, homme ! Dieu est juste. Paix à toi et à cette maison. Moi, je suis venu, et toi, tu te rendras là où je t’envoie. Pour la Pâque supplémentaire les disciples seront à Béthanie. Tu iras les trouver, et tu leur raconteras que, le douzième jour après sa mort, tu as vu le Seigneur à Kérioth, vivant, avec sa véritable chair, son âme et sa Divinité. Ils te croiront, car j’ai été déjà beaucoup avec eux. Mais apprendre que je me trouvais à plusieurs endroits le même jour les confirmera dans leur foi en ma nature divine. Avant cela encore, tu iras aujourd’hui même à Kérioth pour demander au chef de la synagogue de rassembler le peuple, et tu diras en présence de tout le monde que je suis venu ici, et qu’ils doivent se rappeller mes paroles d’adieu[2]. Ils te demanderont certainement : “ Pourquoi n’est-il pas venu chez nous ? ” Tu répondras ceci : “ Le Seigneur m’a recommandé de vous dire que, si vous vous étiez conduits comme il vous avait enjoint de le faire envers une mère qui n’était pas coupable, il se serait montré. Mais vous avez manqué à l’amour, c’est pourquoi le Seigneur ne s’est pas montré. ” Le feras-tu ?

– C’est difficile, Seigneur ! C’est difficile à faire ! Ils nous tiennent tous pour des cœurs lépreux… Le chef de la synagogue ne m’écoutera pas. Le peuple ne me laissera pas parler. Peut-être même me frapperont-ils… Je le ferai néanmoins, puisque tu le désires. »

Le vieillard ne lève pas la tête. Il parle courbé dans un profond prosternement.

« Regarde-moi, Ananie ! »

L’homme montre un visage que la vénération rend tout tremblant.

Jésus est resplendissant et beau comme sur le Thabor… La lumière le couvre, en cachant son aspect et son sourire… Et le couloir reste sans lui, sans qu’aucune porte n’ait bougé pour lui livrer passage.

Anne et Ananie adorent longuement, ils sont devenus tout adoration par la manifestation divine.

III. Aux enfants de Yutta et à leur mère Sarah.

632.9

Le verger de la maison de Sarah. Les enfants jouent sous les arbres feuillus. Le plus petit se roule dans l’herbe près d’une rangée serrée de pampres, les plus grands jouent à cache-cache derrière les haies et les vignes et se poursuivent avec des cris d’hirondelles joyeuses.

Voilà que Jésus apparaît près du petit auquel il a donné son nom[3]. Oh ! sainte simplicité des innocents ! Yésaï ne s’étonne pas de le voir là à l’improviste, mais il lui tend ses petits bras pour que Jésus le prenne dans les siens, et Jésus le prend : cela se passe avec le plus grand naturel.

Les autres surviennent en courant encore une fois, bienheureuse simplicité des enfants ! et sans stupeur, heureux, s’approchent de lui. On dirait qu’il n’y a rien de changé pour eux. Peut-être ne savent-ils pas. Mais une fois que chacun a obtenu sa caresse, Marie, la plus grande et la plus sensée, dit :

« Alors tu ne souffres plus, Seigneur, maintenant que tu es ressuscité ? J’ai eu tant de peine !

– Je ne souffre plus. Je suis venu pour vous bénir avant de monter vers mon Père et le vôtre, au Ciel. Mais de là aussi je vous bénirai toujours, si vous êtes toujours bons. Vous direz à ceux qui m’aiment que je vous ai laissé ma bénédiction, aujourd’hui. Rappelez-vous ce jour.

632.10

– Tu ne viens pas à la maison ? Maman est là. Ils ne nous croiront pas » dit Marie.

Mais son frère ne pose pas la question. Il s’écrie : “ Maman, Maman ! Le Seigneur est ici !… ” et, en courant à la maison, il répète ce cri.

Sarah accourt, apparaît… juste à temps pour voir Jésus, très beau, disparaître à la limite du verger, dans la lumière qui l’absorbe…

« Le Seigneur ! Pourquoi ne pas m’avoir appelée plus tôt ?… » demande Sarah dès qu’elle retrouve l’usage de la parole. « Mais quand et d’où est-il venu ? Etait-il seul ? Sots que vous êtes !

– Nous l’avons trouvé ici. Une minute plus tôt il n’y était pas… Il n’est pas venu de la route, ni du jardin. Il tenait Yésaï dans les bras… Il nous a dit qu’il était venu nous bénir et nous apporter sa bénédiction pour ceux qui l’aiment à Yutta, et il nous a demandé de nous rappeler ce jour. Maintenant, il monte au Ciel, mais il nous aimera si nous sommes bons. Comme il était beau ! Il avait les mains blessées, mais elles ne lui font plus mal. Ses pieds aussi étaient blessés. Je les ai vus dans l’herbe. Cette fleur-là touchait exactement la blessure d’un de ses pieds. Je la cueille…»

Ils parlent tous ensemble, échauffés par l’émotion. Leur surexcitation les fait même transpirer.

Sarah les caresse en murmurant :

« Dieu est grand ! Allons, venez. Allons le dire à tout le monde. Parlez, vous qui êtes innocents. Vous pouvez parler de Dieu. »

IV. Au jeune Jaias, à Pella.

632.11

Le jeune homme travaille avec ardeur autour d’une charrette. Il est en train de la charger de légumes cueillis dans un jardin voisin. L’âne frappe de son sabot le sol dur du chemin de campagne.

En se tournant pour prendre un panier de laitues, il voit Jésus qui lui sourit. Il laisse tomber à terre le panier et s’agenouille en se frottant les yeux, ne croyant pas à ce qu’il voit, et il murmure :

« Très-Haut, ne m’induis pas en illusion ! Ne permets pas, Seigneur, que je sois trompé par Satan par de faux aspects séduisants. Il est bien mort, mon Seigneur ! Il a été enseveli, et on dit maintenant que son cadavre a été enlevé. Pitié, Seigneur Très-Haut ! Montre-moi la vérité.

– Je suis la Vérité, Jaias. Je suis la Lumière du monde. Regarde-moi. Vois-moi. C’est pour cela que je t’ai rendu la vue[4] : pour que tu puisses témoigner de ma puissance et de ma Résurrection.

– Oh ! C’est vraiment le Seigneur ! C’est toi ! Oui, c’est toi, Jésus ! »

Il se traîne sur les genoux pour lui baiser les pieds.

« Tu diras que tu m’as vu, que tu m’as parlé, et que je suis bien vivant. Tu diras que tu m’as vu aujourd’hui. A toi la paix et ma bénédiction. »

Jaias reste seul, heureux. Il oublie la charrette et les légumes. C’est en vain que l’âne, énervé, frappe le chemin et brait pour protester contre la longueur de l’attente… Jaias est en extase.

632.12

Une femme sort de la maison près du jardin, et elle le voit là, pâle d’émotion, le visage absent. Elle s’écrie :

« Jaias ! Qu’est-ce que tu as ? Que t’est-il arrivé ? »

Elle accourt, le secoue, le ramène sur la terre…

« Le Seigneur ! J’ai vu le Seigneur ressuscité. Je lui ai baisé les pieds et j’ai vu ses plaies. Ils ont menti. Il était vraiment Dieu et il est ressuscité. J’avais peur d’être trompé. Mais c’est lui ! C’est vraiment lui ! »

Tremblante, frissonnante d’émotion, la femme murmure :

« En es-tu vraiment sûr ?

– Tu es bonne, femme. Par amour pour lui, tu nous as pris comme serviteurs, ma mère et moi. Ne te refuse pas à croire !…

– Si tu en es sûr, je crois. Mais avait-il une vraie chair ? Il était chaud ? Il respirait ? Il parlait ? Avait-il vraiment une voix ou était-ce une impression ?

– J’en suis sûr. C’était la chair tiède d’un vivant, c’était une voix véritable, c’était une respiration. Il avait la beauté d’un Dieu, mais il était homme comme toi et moi. Allons, allons raconter cela à ceux qui souffrent ou qui doutent. »

V. A Jean de Nobé.

632.13

Le vieillard est seul chez lui, mais il est serein. Il répare une sorte de siège qui s’est décloué d’un côté, et sourit à je ne sais quel rêve.

Un coup à la porte. Le vieillard, sans quitter son travail, dit :

« Entrez ! Que voulez-vous, vous qui venez ? Etes-vous encore de ceux-là ? Je suis trop vieux pour changer ! Même si tout le monde me criait : “ Il est mort ”, moi je continuerais à soutenir qu’il est vivant. Même si cela devait me coûter la vie. Entrez donc ! »

Il se redresse pour aller voir à la porte qui frappe sans entrer. Mais quand il en est tout proche, elle s’ouvre et Jésus entre.

« Oh ! Oh ! Oh ! Mon Seigneur ! Vivant ! J’ai cru ! Et il vient récompenser ma foi ! Béni ! Moi, je n’ai jamais douté. Dans ma douleur, je me suis dit : “ S’il m’a envoyé l’agneau[5] pour le banquet de joie, c’est signe qu’en ce jour il ressuscitera. ” Alors j’ai tout compris.

Quand tu es mort et que la terre a tremblé, j’ai compris ce que je n’avais pas encore compris. Et j’ai passé pour un fou, à Nobé, parce que, une fois couché le soleil du lendemain du sabbat, j’ai préparé le banquet et je suis allé inviter des mendiants en annonçant : “ Notre Ami est ressuscité ! ” On prétendait déjà que ce n’était pas vrai. On disait qu’ils t’avaient enlevé la nuit. Mais moi, je ne les ai pas crus, car, dès le moment de ta mort, j’ai compris que tu mourais pour ressusciter, et que c’était cela, le signe de Jonas. »

632.14

Jésus le laisse parler en souriant. Puis il demande :

« Et maintenant veux-tu encore mourir[6], ou rester pour témoigner de ma gloire ?

– Ce que tu veux, Seigneur !

– Non. Ce que toi, tu veux. »

Le vieillard réfléchit, puis il décide :

« Ce serait beau de sortir du monde où tu n’es plus comme avant. Mais je renonce à la paix du Ciel pour annoncer aux incrédules : “ Moi, je l’ai vu ! ” »

Jésus lui pose la main sur la tête pour le bénir, et ajoute :

« Mais bientôt tu connaîtras aussi la paix, et tu viendras à moi avec le titre de confesseur du Christ. »

Et il s’en va. Ici, peut-être par pitié pour le vieillard âgé, il n’a pas donné à son apparition et à sa disparition une forme merveilleuse, mais il a agi en tout comme s’il était le Jésus d’autrefois, qui entrait et sortait, humainement, d’une maison.

VI. Chez Matthias, le solitaire de Jabès Galaad.

632.15

Le vieil homme travaille autour de ses légumes et il monologue :

« Toutes ces richesses que j’ai pour lui, il n’y goûtera jamais plus. J’ai travaillé en vain. Je crois qu’il était le Fils de Dieu, mort et ressuscité. Mais ce n’est plus le Maître qui s’assied à la table du pauvre ou du riche et partage avec un égal amour la nourriture du pauvre et du riche — et même avec plus d’amour, c’est certain. Maintenant, il est le Seigneur ressuscité. Il est ressuscité pour nous confirmer dans la foi, nous, ses fidèles. Certains prétendent que ce n’est pas vrai, que personne n’est jamais ressuscité par lui-même. Personne. Non, aucun homme. Mais lui, si, parce qu’il est Dieu. »

Il bat des mains pour chasser ses colombes qui descendent ramasser des graines dans la terre fraîchement bêchée et ensemencée, et reprend :

« Inutile désormais que vous ayez des petits ! Il n’y goûtera plus ! Et vous, abeilles inutiles, pour qui produisez-vous votre miel ?

J’avais espéré l’avoir au moins une fois avec moi, maintenant que je suis moins misérable. Tout a prospéré ici, depuis sa venue… Ah ! Mais avec ces deniers auxquels je n’ai jamais touché, je veux aller à Nazareth, chez sa Mère, pour lui dire : “ Prends-moi comme serviteur, mais laisse-moi vivre auprès de toi, car tu es encore lui. »

Il essuie une larme du revers de la main…

632.16

« Matthias, as-tu du pain pour un pèlerin ? »

Matthias lève la tête, mais agenouillé comme il l’est, il ne voit pas qui lui parle de derrière la haute haie qui entoure sa petite propriété perdue dans cette solitude verte qu’est cet endroit de l’autre côté du Jourdain. Mais il répond :

« Qui que tu sois, viens, au nom du Seigneur Jésus. »

Et il se redresse pour ouvrir la grille.

Il se trouve en face de Jésus, et reste la main sur le verrou, sans pouvoir faire un geste.

« Tu ne veux pas de moi comme hôte, Matthias ? Tu l’as fait une fois[7]. Tu te plaignais de ne plus pouvoir le faire. Je suis ici et tu ne m’ouvres pas ? dit Jésus en souriant.

– Oh ! Seigneur… moi.., je… je ne suis pas digne que mon Seigneur entre ici… Moi… »

Jésus passe la main par-dessus la grille et pousse le verrou en disant :

« Le Seigneur entre là où il veut, Matthias. »

Il pénètre dans l’humble jardin, se dirige vers la maison, et dit, sur le seuil :

« Sacrifie donc les petits de tes colombes. Sors de la terre tes légumes, et du miel à tes abeilles. Nous partagerons le pain ensemble et ton travail n’aura pas été inutile, ni ton désir vain. Et cet endroit te sera cher sans que tu ailles là où il y aura bientôt silence et abandon. Je suis partout, Matthias. Celui qui m’aime est avec moi, toujours. Mes disciples seront à Jérusalem. C’est là que naîtra mon Eglise. Fais en sorte d’y être pour la Pâque supplémentaire.

– Pardonne-moi, Seigneur. Mais je n’ai pas su rester là-bas, et je me suis enfui. J’y étais arrivé la veille de la Parascève à none, et le jour suivant… j’ai fui pour ne pas te voir mourir. Pour cette seule raison, Seigneur !

– Je le sais. Et je sais que tu es revenu, l’un des premiers, pleurer sur mon tombeau. Mais je n’y étais déjà plus. Je sais tout. Voilà, je m’assieds ici et je me repose. Je me suis toujours reposé ici… Les anges le savent. »

632.17

L’homme se met à l’œuvre, mais semble se mouvoir dans une église tant ses gestes sont respectueux. De temps en temps, il essuie une larme qui veut se mêler à son sourire, pendant qu’il va et vient pour prendre les petites colombes, les tuer, les préparer, attiser le feu, cueillir et laver les légumes, disposer sur un plat les figues précoces, et dresser la pauvre table avec sa meilleure vaisselle.

Mais quand tout est prêt, comment pourrait-il s’asseoir et manger ? Il veut servir et cela lui paraît déjà beaucoup. Il ne désire rien de plus. Mais Jésus, qui a offert et béni la nourriture, lui offre une moitié du pigeon qu’il a découpé en mettant la viande sur un morceau de fouace qu’il a trempée dans la sauce.

« Oh ! Tu me traites comme un préféré ! » s’exclame l’homme.

Il mange en pleurant de joie et d’émotion, sans quitter des yeux Jésus qui mange… qui boit, qui goûte les légumes, les fruits, le miel, qui lui offre sa coupe après avoir absorbé une gorgée de vin — avant, il avait toujours bu de l’eau.

Le repas est fini.

« Je suis bien vivant. Tu le vois, et tu es bienheureux. Rappelle-toi qu’il y a douze jours de cela, je suis mort par la volonté des hommes, mais que celle-ci est nulle quand elle n’est pas en accord avec la volonté de Dieu. Et même : la volonté contraire des hommes devient l’instrument servile de la Volonté éternelle. Adieu, Matthias. Puisque j’ai dit que ceux qui m’auront donné à boire quand j’étais le Pèlerin sur lequel il était encore permis d’avoir des doutes seraient avec moi, je te l’affirme : tu auras part à mon Royaume céleste.

– Mais maintenant, je te perds, Seigneur !

– Reconnais-moi en tout pèlerin ; je suis en tout mendiant, en tout malade, en tous ceux qui ont besoin de pain, d’eau et de vêtements. Je suis en tout homme qui souffre, et ce qui est fait à celui qui souffre, c’est à moi que cela est fait. »

Il ouvre les bras pour bénir et disparaît.

VII. Chez Abraham d’Engaddi, qui meurt dans ses bras.

632.18

La place d’Engaddi est un temple hypostyle de palmiers bruissants. La fontaine est le miroir du ciel d’avril. Les colombes forment le bas murmure d’un orgue.

Le vieil Abraham la traverse avec ses outils de travail sur les épaules. Il paraît encore plus âgé, mais serein comme quelqu’un qui a trouvé le calme après une grande tempête. Il parcourt le reste de la ville, et se dirige vers les vignes près des sources. Ce sont de belles vignes fécondes, déjà pleines des promesses d’une récolte abondante. Il y entre, se met à sarcler, à tailler, à lier. De temps à autre, il se relève, s’appuie sur sa pioche, réfléchit. Il lisse sa barbe patriarcale, soupire, hoche la tête, tout à un discours intérieur.

Un homme bien enveloppé dans son manteau monte la route vers les sources et les vignes. Je dis : un homme, mais c’est Jésus, car ce sont sa démarche et son vêtement. Mais pour le vieillard, c’est un homme. Et l’homme interpelle Abraham :

« Puis-je m’arrêter ici ?

– L’hospitalité est sacrée. Je ne l’ai jamais refusée à personne. Viens. Entre. Que te soit doux le repos à l’ombre de mes vignes. Veux-tu du lait ? Du pain ? Je te donnerai ce que je possède ici.

– Et moi, que puis-je te donner ? Je n’ai rien.

– Celui qui est le Messie m’a tout donné, pour tous les hommes. Et quoi que je t’offre, ce ne sera rien par rapport à ce que lui m’a donné.

– Sais-tu qu’ils l’ont crucifié ?

– Je sais qu’il est ressuscité. Es-tu de ceux qui l’ont crucifié ? Je ne peux pas te haïr parce que lui ne veut pas de haine. Mais si je le pouvais, je te haïrais si tu l’étais.

– Je ne suis pas de ceux qui l’ont crucifié. Sois en paix. Tu sais donc tout de lui.

– Tout. Et Elisée… C’est mon fils, tu sais ? Elisée n’est plus revenu de Jérusalem. Il m’avait dit : “ Permets-moi de partir, père, car je quitte tous mes biens pour prêcher le Seigneur. J’irai à Capharnaüm à la recherche de Jean, et je m’unirai aux disciples fidèles. ”

– Ton fils t’a donc abandonné ? Alors que tu es si vieux et seul ?

– Ce que tu appelles abandon était mon rêve et fait ma joie. La lèpre ne m’avait-elle pas privé de lui ? Et qui me l’a rendu ? Le Messie. Alors est-ce que je le perds parce qu’il part annoncer le Seigneur ? Mais non ! Je le retrouverai dans la vie éternelle.

632.19

Mais tu parles d’une façon qui me donne des soupçons. Serais-tu un émissaire du Temple ? Viens-tu persécuter ceux qui croient au Ressuscité ? Frappe ! Je ne fuis pas. Je n’imite pas les trois sages[8] d’autrefois. Je reste. Car si je tombe pour lui, je le rejoins au Ciel et ma prière de l’an dernier est exaucée.

– C’est vrai. Tu disais alors : “ J’ai attendu le Seigneur avec impatience, et il s’est tourné vers moi. ”

– Comment sais-tu cela ? Es-tu un de ses disciples ? Etais-tu avec lui quand je l’en ai prié ? Ah ! Si c’est le cas, aide-moi à lui faire entendre mon cri, pour qu’il s’en souvienne. »

Il se prosterne, croyant parler à un apôtre.

« C’est moi, Abraham d’Engaddi, et je te dis : “ Viens. ” »

Jésus lui ouvre les bras en se manifestant ainsi et l’invite à s’y précipiter et à s’abandonner sur son cœur.

A ce moment, entre dans la vigne un enfant, suivi d’un jeune homme, en criant :

« Père ! Père ! Nous voici pour t’aider. »

Mais son cri d’enfant est couvert par le cri puissant du vieillard, un vrai cri de délivrance :

« Voilà ! Je viens ! »

Et Abraham se jette dans les bras de Jésus, en criant encore :

« Jésus, Messie saint ! Entre tes mains je remets mon esprit ! »

Mort bienheureuse ! Mort que j’envie ! Sur le cœur du Christ, dans la paix sereine de la campagne fleurie d’avril…

632.20

Jésus dépose avec calme le vieillard sur l’herbe fleurie qui ondule à la brise, au pied d’une rangée de vignes, et il dit aux enfants, étonnés et effrayés, tout près de pleurer :

« Ne pleurez pas. Il est mort dans le Seigneur. Bienheureux ceux qui meurent en lui ! Allez, mes enfants, prévenir les habitants d’Engaddi que le chef de la synagogue a vu le Ressuscité et que sa prière a été exaucée. Ne pleurez pas ! Ne pleurez pas ! »

Il les caresse en les conduisant à la sortie. Puis il revient près du défunt, lui remet en ordre la barbe et les cheveux, lui baisse les paupières restées mi-closes, met en place ses membres et étend sur lui le manteau qu’Abraham avait enlevé pour travailler.

Il reste jusqu’au moment où il entend des voix sur la route. Alors il se redresse. Splendide… Ceux qui accourent le voient. Ils crient. Ils hâtent le pas pour rejoindre Jésus. Mais lui se dérobe à leurs regards dans l’éclat d’un rayon plus vif du soleil.

VIII. Elie, l’essénien du Kérith.

632.21

L’âpre solitude de l’âpre montagne au fond de laquelle coule le Kérith. Elie est en prière, encore plus décharné et plus barbu. Il porte un vêtement de laine rêche, ni gris ni marron, qui le rend semblable aux rochers qui l’entourent.

Il perçoit un son, comme si c’était le vent ou le tonnerre. Il lève la tête : Jésus est apparu sur un rocher en équilibre au-dessus d’un précipice au fond duquel court le torrent.

« Le Maître ! »

Il se jette à terre, le visage contre le sol.

« C’est moi, Elie. Tu n’as pas senti le tremblement de terre[9] de la Parascève ?

– Si, je l’ai senti et je suis descendu à Jéricho et chez Nikê. Je n’ai trouvé personne de ceux qui t’aiment. J’ai demandé de tes nouvelles. Ils m’ont frappé. Puis j’ai senti une seconde fois la terre trembler, mais plus légèrement, et je suis revenu ici faire pénitence, en pensant que les digues de la colère céleste se sont ouvertes.

– C’étaient celles de la miséricorde divine. Je suis mort et ressuscité. Regarde mes plaies. Rejoins sur le Thabor les serviteurs du Seigneur et dis-leur que c’est moi qui t’ai envoyé. »

Il le bénit et disparaît.

IX. A Dorca et à son enfant, au château de Césarée de Philippe.

632.22

L’enfant de Dorca, soutenu par sa mère, fait ses premiers pas sur le bastion de la forteresse. Et Dorca, penchée comme elle l’est, ne voit pas apparaître le Seigneur. Mais quand elle lui laisse quelque liberté, elle le voit qui se met à marcher avec assurance et rapidité vers le coin du bastion. Elle se redresse donc pour courir afin de l’empêcher de tomber, et peut-être de mourir s’il passe à travers les mâchicoulis ou passages destinés aux armes offensives. Ce faisant, elle voit Jésus prendre l’enfant sur son cœur et l’embrasser. La femme n’ose faire un geste, mais elle pousse un cri. Un cri qui fait lever la tête aux personnes qui se tiennent dans les cours et attire les visages aux fenêtres :

« Le Seigneur ! Le Seigneur ! Le Messie est ici ! Il est vraiment ressuscité ! »

Mais avant que les gens ne puissent accourir, Jésus a déjà disparu.

« Tu es folle ! Tu as rêvé ! Un jeu de lumière t’aura fait voir un fantôme.

– Oh ! Il était bien vivant ! Voyez comme mon fils regarde dans cette direction, et comme il a dans ses mains une pomme belle comme son petit visage. Il la ronge avec ses quenottes en riant. Moi, je n’ai pas de pommes…

– Personne n’a des pommes mûres ces jours-ci, et si fraîches… constatent-ils avec émotion.

632.23

Interrogeons Tobie, suggèrent quelques femmes.

– Et que voulez-vous qu’il réponde ? Il sait à peine dire maman ! »

Les hommes se moquent d’elles. Mais elles se penchent sur le petit garçon et demandent :

« Qui t’a donné cette pomme ? »

Et l’enfant, qui sait à peine prononcer les mots les plus élémentaires, dit avec assurance, en riant de toutes ses petites dents et de ses gencives encore vides :

« Jésus.

– Oh !

– Hé ! vous l’appelez Yésaï ! Il sait dire son nom.

– Jésus-toi, ou Jésus le Seigneur ? Quel Seigneur ? Où l’as-tu vu ? »

Les femmes le harcèlent de questions.

« Là, le Seigneur. Jésus le Seigneur.

– Où est-il ? Où est-il allé ?

– Là. »

Il indique le ciel plein de soleil en riant de bonheur, et il mord sa pomme.

Pendant que les hommes s’éloignent en hochant la tête, Dorca dit aux femmes :

« Il était beau. Il semblait vêtu de lumière. Et il avait sur les mains la marque des clous, rouge comme un bijou dans tant de blancheur. Je l’ai bien vu, car il tenait l’enfant ainsi : »

Elle mime le geste de Jésus.

632.24

L’intendant accourt, se fait répéter le récit, réfléchit et conclut :

« Le psaume le dit bien[10] : “ Ta splendeur est chantée par la bouche des enfants, des tout-petits. ” Alors pourquoi pas la vérité ? Eux sont innocents. Quant à nous… souvenons-nous de ce jour… Mais non ! Je vais dans le village des disciples. Je vais voir si le Rabbi s’y trouve… Il était pourtant mort… Mais… »

Et sur ce “ mais… ” qu’il finit de conclure intérieurement, l’intendant s’en va, tandis que les femmes, exaltées, continuent de poser d’interroger le petit garçon, qui rit et répète :

« Jésus, là. Et puis là. Jésus Seigneur »

Et il indique le lieu où était Jésus, puis le soleil où il l’a vu disparaître, heureux, heureux.

X. Aux personnes rassemblées dans la synagogue de Cédès.

632.25

Les habitants de Cédès sont rassemblés dans la synagogue et discutent des derniers événements avec le vieux Matthias, le chef de la synagogue. La synagogue est plutôt obscure, car les portes sont fermées et les rideaux baissés sur les fenêtres, de lourds rideaux que le vent d’avril a du mal à faire bouger.

Un éclair illumine la pièce. Cela semble être un éclair, mais c’est la lumière qui précède Jésus. Sa manifestation frappe de stupeur une grande partie de l’assistance. Il ouvre les bras. Ses blessures aux mains et aux pieds sont bien visibles, car il apparaît sur la plus haute des trois marches qui conduisent à une porte fermée. Il dit :

« Je suis ressuscité. Je vous rappelle la discussion[11] que j’ai eue avec les scribes. A cette génération mauvaise, j’ai donné le signe que j’avais promis : celui de Jonas. A qui m’aime et est fidèle je donne ma bénédiction. »

Rien de plus. Il a disparu.

« Mais c’était lui ! D’où vient-il ? Il était bien vivant ! Il l’avait dit ! Voilà ! Maintenant, je comprends. Le signe de Jonas, ce sont les trois jours qu’il a passés dans les entrailles de la terre, puis la résurrection… »

Les commentaires forment un vrai brouhaha…

XI. A un groupe de rabbins, à Giscala.

632.26

Je vois un groupe venimeux de rabbins tenter de convaincre quelques hommes hésitants. Ils voudraient obtenir que ces derniers se rendent chez Gamaliel, qui s’est enfermé chez lui et refuse de voir qui que ce soit.

Ces hommes leur répliquent :

– « Nous vous le certifions, il n’est pas ici. Nous ne savons pas où il est. Il est venu, il a consulté des rouleaux, et il est reparti sans dire un mot. Il faisait peur tant il paraissait bouleversé et vieilli. »

De mauvaise grâce, les rabbins leur tournent le dos et s’éloignent en maugréant :

« Gamaliel est aussi fou que Simon ! Ce n’est pas vrai que le Galiléen est ressuscité ! Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas vrai qu’il est Dieu. Ce n’est pas vrai. Rien n’est vrai. Nous seuls sommes dans le vrai. »

L’angoisse même avec laquelle ils répètent que ce n’est pas vrai montre leur peur que ce ne le soit, leur besoin de se rassurer.

Après avoir longé les murs de la maison, ils parviennent à côté de la tombe de Hillel. Aboyant toujours leurs négations, ils lèvent la tête… et s’enfuient en poussant les hauts cris. Jésus, qui est très bon avec les bons, est ici terrible de puissance. Il a les bras ouverts comme sur la croix. Les plaies des mains rougissent comme si elles suintaient du sang. Il ne dit pas un mot, mais il les foudroie du regard.

Les rabbins fuient, tombent, se relèvent, se blessent contre des arbres ou des pierres… Ils sont fous de peur. Ils ressemblent à des meurtriers qui se retrouvent en présence de leur victime.

XII. A Joachim et Marie, à Bozra.

632.27

« Marie ! Marie ! Joachim et Marie ! Venez, sortez ! »

Ceux-ci se trouvent dans une pièce paisible, éclairée par une lampe, l’une occupée à coudre, l’autre à faire des comptes. Ils lèvent la tête, se regardent… Joachim, blanc de peur, murmure :

« C’est la voix du Rabbi ! Il vient de l’autre vie… »

Craintive, la femme apeurée se serre contre l’homme.

Mais l’appel se répète et tous deux, en se tenant étroitement pour se donner du courage, osent sortir, aller dans la direction de la voix.

Dans le jardin, qu’éclaire la faucille de la nouvelle lune, Jésus resplendit. La lumière qui l’entoure, plus forte que plusieurs lunes, fait de lui un Dieu. Son sourire très doux et son regard plein d’amour en font un homme :

« Allez dire aux habitants de Bozra que vous m’avez vu vivant et réel. Racontez-le au Thabor, toi, Joachim, à ceux qui vont s’y rassembler. »

Après les avoir bénis, il disparaît.

« Mais c’était lui ! Ce n’était pas un rêve ! Demain, je pars en Galilée. Il a bien parlé du Thabor, n’est-ce pas ?… »

XIII. A Ephraïm, chez Marie, femme de Jacob.

632.28

La femme est en train de pétrir de la farine pour faire du pain. Elle se retourne en s’entendant appeler, et voit Jésus. Elle se prosterne aussitôt, le visage contre le sol, les mains par terre, muette d’adoration, un peu effrayée.

Jésus prend la parole :

« Tu diras à tous que tu m’as vu et que je t’ai parlé. Le Seigneur n’est pas soumis au tombeau. Je suis ressuscité le troisième jour, comme je l’avais promis. Persévérez, vous qui êtes dans ma voie, et ne vous laissez pas séduire par les paroles de ceux qui m’ont crucifié. Que ma paix soit avec toi. »

XIV. Chez Syntica à Antioche.

632.29

Syntica est occupée à plier des vêtements pour préparer un sac de voyage. C’est le soir, car une petite lampe, posée sur une table, diffuse une très relative lueur tremblante. La pièce s’illumine vivement. Etonnée, Syntica lève la tête pour voir ce qui arrive, d’où vient cette lumière si claire dans cette pièce toute close. Mais avant qu’elle ne voie, Jésus la devance :

« C’est moi. N’aie pas peur. Je me suis montré à plusieurs personnes pour les confirmer dans la foi. Je me montre à toi aussi, qui es obéissante et fidèle. Je suis ressuscité. Tu vois ? Je ne souffre plus. Pourquoi pleures-tu ? »

Devant la beauté du Glorifié, la femme ne trouve pas ses mots… Jésus lui sourit pour l’encourager et ajoute :

« Je suis ce même Jésus qui t’a accueillie[12] sur la route, près de Césarée. Tu savais parler à cette époque, alors que tu étais toute craintive et que j’étais pour toi l’Inconnu. Et maintenant, tu ne sais pas me dire un mot ?

– Seigneur ! Je m’apprêtais à partir… pour m’ôter du cœur tant d’inquiétude et de douleur…

– Pourquoi de la douleur ? Ne t’a-t-on pas annoncé que j’étais ressuscité ?

– On l’a annoncé et démenti. Mais je ne me suis pas laissée troubler par ces contradictions. Je savais que tu ne pouvais pas te décomposer dans un tombeau. J’ai pleuré sur ton martyre. J’ai cru, avant même qu’on ne m’en parle, à ta résurrection. Et j’ai continué de croire quand d’autres sont venus prétendre le contraire. Mais je voulais aller en Galilée. Je pensais : à lui, on ne peut plus faire de mal. Il est davantage Dieu qu’homme. Je ne sais si je m’exprime bien…

– Je comprends ta pensée.

– Et je me disais : je l’adorerai et je verrai Marie. Je supposais que tu ne resterais pas beaucoup parmi nous, de sorte que je hâtais mon départ. Je pensais : quand il sera retourné au Père, comme il disait, sa Mère sera un peu triste malgré sa joie, car c’est une âme, mais aussi une mère… Et j’essaierai de la consoler, maintenant qu’elle est seule… J’étais orgueilleuse !

– Non. C’était de la pitié. Je ferai part de ton désir à ma Mère. Mais n’y va pas. Reste là où tu es et continue à œuvrer pour moi, plus encore maintenant qu’avant. Tes frères, les disciples, ont besoin du travail de tous pour pouvoir propager ma doctrine. Tu m’as vu. Marie est confiée à Jean. N’aie plus aucune peine. La certitude de m’avoir vu et la puissance de ma bénédiction te permettront de fortifier ton âme. »

632.30

Syntica a un grand désir de l’embrasser, mais elle n’ose pas. Jésus lui dit :

« Viens. »

Elle s’enhardit alors et se traîne à genoux près de Jésus. Mais au moment de lui baiser les pieds, elle voit les deux plaies et retient son geste. En larmes, elle prend un coin du vêtement et le baise en murmurant :

« Que t’ont-ils fait ! » Puis une question : « Et Jean-Félix ? »

– Il est heureux. Il ne se souvient plus que de l’amour, et il vit en lui. Paix à toi, Syntica. »

Il disparaît.

La femme reste dans l’adoration, à genoux, le visage levé, les mains un peu tendues, des larmes sur le visage, un sourire sur les lèvres…

XV. Chez Zacharie le lévite.

632.31

Il est assis dans une petite pièce, l’air pensif, la tête penchée sur une main. C’est Zacharie, le lévite[13].

« Ne sois pas dubitatif. N’écoute pas les voix qui te troublent. Je suis la Vérité et la Vie. Regarde-moi. Touche-moi. »

Le jeune homme a levé la tête aux premières paroles, il a vu Jésus et a glissé à genoux. Il s’écrie :

« Pardonne-moi, Seigneur. J’ai péché. J’ai laissé le doute sur ta vérité s’installer en moi.

– Les coupables sont, plus que toi, ceux qui cherchent à séduire ton esprit. Ne cède pas à leurs tentations. Je suis un corps vivant et réel. Sens le poids et la chaleur, la consistance et la force de ma main. »

Il lui prend l’avant-bras et le lève avec force :

« Lève-toi et marche dans les voies du Seigneur, loin du doute et de la peur. Heureux seras-tu si tu sais persévérer jusqu’à la fin. »

Il le bénit et disparaît.

Le jeune homme, après un instant d’étourdissement émerveillé, se précipite hors de la pièce en criant :

« Mère ! Père ! J’ai vu le Maître. Ce que prétendent les autres n’est pas vrai ! Je n’étais pas fou. Ne continuez pas à croire au mensonge, mais bénissez avec moi le Très-Haut qui a eu pitié de son serviteur. Je pars. Je vais en Galilée. Je vais trouver quelques-uns des disciples. Je vais leur dire de croire qu’il est vraiment ressuscité. »

Il ne prend ni sac, ni nourriture ni vêtements. Il saisit son manteau et part en courant sans même laisser à ses parents le temps de revenir de leur stupeur et de pouvoir intervenir pour le retenir.

XVI. A une femme de la plaine de Saron, qui obtient la guérision de son fils malade.

632.32

Je vois une route du littoral. Il est possible que ce soit celle qui unit Césarée à Joppé, ou une autre, je l’ignore. Je sais que je vois de la campagne à l’intérieur et la mer à l’extérieur, bleu vif, après la ligne jaunâtre de la rive. La route est certainement une artère romaine, comme en témoigne son pavement.

Une femme en pleurs marche sur cette voie aux premières heures d’un matin serein. L’aurore est encore toute proche. La femme doit être très lasse, car elle s’arrête de temps à autre pour s’asseoir sur une borne milliaire ou sur la route. Puis elle se relève et poursuit son chemin, comme si quelque chose la poussait à se hâter, en dépit de sa fatigue.

Jésus, un voyageur couvert d’un manteau, vient à côté d’elle. La femme ne le regarde pas. Elle avance, absorbée dans sa douleur. Jésus lui demande :

« Pourquoi pleures-tu, femme ? D’où viens-tu ? Et où vas-tu ainsi toute seule ?

– Je viens de Jérusalem et je retourne chez moi.

– C’est loin ?

– A mi-chemin entre Joppé et Césarée.

– A pied ?

– Dans la vallée qui précède Modin, des voleurs ont pris mon âne et ce qu’il portait.

– Tu as été imprudente de voyager seule. Ce n’est pas l’habitude de faire route seul pour la Pâque.

– Je n’étais pas venue pour la Pâque. J’étais restée à la maison, car j’ai un enfant malade ; j’espère l’avoir encore… Mon mari était parti avec les autres. Je l’ai laissé prendre de l’avance et, quatre jours après, je me suis mise en chemin. Car j’ai pensé : “ Certainement, Jésus est à Jérusalem pour la Pâque. Je vais l’y chercher. ” J’avais un peu peur, mais je me suis dit : “ Je ne fais rien de mal. Dieu me voit. Je crois et je sais qu’il est bon. Il ne me repoussera pas, parce que… »

Elle s’arrête, comme apeurée, et jette un coup d’œil rapide sur l’homme qui marche près d’elle, si bien couvert qu’on voit à peine ses yeux, les yeux uniques de Jésus. Celui-ci prend la parole :

632.33

« Pourquoi te tais-tu ? Tu as peur de moi. Crois-tu que je sois un ennemi de celui que tu cherchais ? Car tu cherchais le Maître de Nazareth pour lui demander de venir chez toi guérir l’enfant, en l’absence de ton mari…

– Je vois que tu es un prophète. C’est bien cela. Mais quand je suis arrivée en ville, le Maître était mort. »

Les sanglots l’étouffent…

« Il est ressuscité. Ne le crois-tu pas ?

– Je le sais. Je le crois. Mais moi… je… Pendant quelques jours, j’ai espéré le voir, moi aussi… On dit qu’il s’est montré à certains. J’ai retardé mon départ… Chaque jour m’était une douleur car… mon enfant est si malade… Mon cœur était partagé… Partir pour le consoler au moment de la mort… Rester pour chercher le Maître… Je n’avais pas la prétention de lui demander de venir chez moi, mais de me promettre la guérison.

– Et tu aurais cru ? Tu penses que, de loin… ?

– Je crois. Ah ! s’il m’avait dit : “ Va en paix. Ton fils guérira ”, je n’aurais pas douté. Mais je ne le mérite pas, car… »

Elle sanglote, et presse son voile sur sa bouche comme pour s’empêcher de parler.

« Parce que ton mari est l’un des accusateurs et des bourreaux de Jésus-Christ. Mais Jésus-Christ est le Messie. Il est Dieu. Or Dieu est juste, femme. Il ne punit pas un innocent à cause d’un coupable. Il ne torture pas une mère parce que le père est pécheur. Jésus-Christ est la Miséricorde vivante…

– Oh ! Tu es peut-être l’un de ses apôtres ? Tu sais où il est ? Toi… Peut-être t’a-t-il envoyé me dire cela. Il a senti, il a vu ma douleur, ma foi, et il t’envoie à moi comme le Très-Haut a envoyé l’archange Raphaël à Tobie. Dis-le-moi s’il en est ainsi et, bien que je sois épuisée jusqu’à en être fiévreuse, je retournerai sur mes pas chercher le Seigneur.

– Je ne suis pas un apôtre. Mais les apôtres sont restés plusieurs jours encore à Jérusalem après sa Résurrection…

– C’est vrai. Je pouvais le leur demander.

– Certainement. Ils sont le prolongement du Maître.

– Je ne pensais pas qu’ils pourraient faire des miracles.

– Ils en ont fait encore…

– Mais maintenant… On m’a dit qu’un seul est resté fidèle, et je ne croyais pas…

– Si. C’est ton mari qui t’a tenu ces propos, pour se moquer de toi dans son délire de faux triomphateur. Mais moi, je te dis que tout homme peut pécher, car Dieu seul est parfait. Et il peut se repentir. Or s’il se repent, sa force grandit et Dieu augmente ses grâces en raison de sa contrition. Le Très-Haut n’a-t-il pas pardonné à David ?

632.34

– Mais qui es-tu ? Qui es-tu pour me parler avec tant de douceur et de sagesse, si tu n’es pas un apôtre ? Un ange, peut-être ? L’ange gardien de mon enfant ? Il a peut-être expiré et tu es venu me préparer… »

Jésus laisse tomber le manteau qui lui couvrait la tête et le visage et, passant de l’humble aspect d’un pèlerin ordinaire à sa majesté de Dieu-Homme, revenu de la mort, il dit avec une douce solennité :

« C’est moi. Je suis le Messie qu’on a crucifié en vain. Je suis la Résurrection et la Vie. Va, femme. Ton fils vit, car j’ai récompensé ta foi. Ton fils est guéri. Car si le Rabbi de Nazareth a achevé sa mission, l’Emmanuel continue la sienne jusqu’à la fin des siècles pour tous ceux qui ont foi, espérance et charité dans le Dieu un et trine, dont le Verbe incarné est une Personne qui, en raison du divin amour, a quitté le Ciel pour venir enseigner, souffrir et mourir pour donner la Vie aux hommes. Va en paix, femme. Et sois forte dans la foi, car le temps est venu où, dans une même famille, l’époux s’opposera à son épouse, le père à ses enfants et ces derniers à celui-là, par haine ou par amour pour moi. Mais bienheureux ceux que la persécution n’arrachera pas à ma Voie. »

Il la bénit et disparaît.

XVII. A des bergers sur le grand Hermon.

632.35

Un groupe de bergers séjournent avec leurs troupeaux sur les pentes de magnifiques pâturages. Ils discutent des événements de Jérusalem. Ils se disent avec peine : “ Nous n’aurons plus sur la terre l’ami des bergers ” et ils rappellent leurs nombreuses rencontres avec lui, ici ou là…

« Rencontres, soupire un vieux berger, que nous ne ferons jamais plus. »

Jésus apparaît comme s’il arrivait de derrière un bosquet enchevêtré où les grands troncs sont entourés de buissons bas qui cachent la vue du sentier. Ils ne le reconnaissent pas en cet homme solitaire et murmurent, en le voyant ainsi enveloppé dans un vêtement blanc :

« Qui cela peut-il être ? Un essénien ? Ici ? Un riche pharisien ? »

Ils sont perplexes.

Jésus leur demande :

« Pourquoi dites-vous que vous ne rencontrerez plus le Seigneur ? Car celui dont vous parlez, c’est le Seigneur.

– Nous le savons. Mais ignores-tu ce qu’on lui a fait ? Certains racontent qu’il est ressuscité, d’autres non. Mais même s’il est ressuscité, comme nous préférons le croire, maintenant il est parti. Comment peut-il désormais aimer et rester au milieu d’un peuple qui l’a crucifié ? Et nous qui l’aimions, même si nous ne l’avions pas tous connu, nous sommes tristes de l’avoir perdu.

– Il y a une manière de l’avoir encore auprès de vous. Il enseignait ce moyen.

– Oui, en agissant selon son enseignement. Alors on obtient le Royaume des Cieux et l’on est avec lui. Mais auparavant, il faut vivre et mourir. Or il n’est plus parmi nous pour nous réconforter. »

Ils hochent la tête.

« Mes petits-enfants, ceux qui mettent son enseignement en pratique et gardent sa doctrine dans leur cœur, c’est comme s’ils avaient Jésus dans le cœur. En effet Parole et Doctrine sont une seule et même science. Il n’était pas un Maître à enseigner des choses qui ne lui ressemblent pas. Par conséquent, Jésus vit en chaque homme fidèle à sa parole. Celui-ci n’en est donc pas séparé.

– Tu parles bien, mais nous sommes de pauvres hommes et… nous voudrions aussi le voir de nos yeux pour bien ressentir la joie… Moi, je ne l’ai jamais vu, et mon fils non plus, ni Jacob — celui-ci —, ni Melchias — celui-là —, pas plus que Jacques — cet autre —, ou Saül. Tu vois combien, parmi nous, ne l’ont pas vu ? Nous étions sans cesse à sa recherche, et quand nous arrivions, il était parti !

– Vous n’étiez pas à Jérusalem ce jour-là ?

– Oh si ! Mais quand nous avons appris ce qu’on voulait lui faire, nous nous sommes enfuis comme des fous sur les montagnes, pour revenir en ville après le sabbat. Nous ne sommes pas coupables de son sang, car nous n’étions pas dans la ville. Mais nous avons mal agi en étant lâches. Nous l’aurions vu, au moins, et salué. Il nous aurait sûrement bénis pour notre salut… Mais, vraiment, nous n’avons pas eu le courage de le voir endurer de tels tourments !

– C’est lui qui vous bénit maintenant. Regardez celui dont vous désirez connaître le visage. »

Il se manifeste, splendidement divin sur la verdure du pré. Devant leur stupeur qui les jette à terre, mais qui aussi cloue leurs pupilles sur le visage divin, il disparaît dans une lumière éblouissante.

XVIII. A Sidon, dans la maison de l’enfant aveugle-né.

632.36

L’enfant joue tout seul sous une tonnelle touffue. Il s’entend appeler, et se trouve face à Jésus. Bien peu craintif, il lui demande :

« Tu es le Rabbi qui m’a donné mes yeux[14] ? »

De ses yeux limpides d’enfant, d’un bleu pareil à ceux de Jésus, son regard plonge dans les yeux divins étincelants.

« C’est bien moi, mon enfant. Tu n’as pas peur de moi ? »

Il lui caresse la tête.

« Peur, non. Mais maman et moi, nous avons beaucoup pleuré quand mon père est revenu plus tôt que prévu, et nous a raconté qu’il s’était enfui parce qu’on avait attrapé le rabbi pour le tuer. Il n’a pas fait la Pâque et doit partir de nouveau pour la faire. Mais tu n’es pas mort, alors ?

– Je suis mort. Regarde mes blessures. Mort sur la croix. Mais je suis ressuscité. Tu diras à ton père de demeurer quelque temps à Jérusalem après la seconde Pâque, et de rester aux alentours de l’Oliveraie, à Bethphagé. Il trouvera là quelqu’un qui lui indiquera ce qu’il doit faire.

– Mon père pensait te chercher. A la fête des Tentes, il n’a pas pu te parler. Il voulait te dire qu’il t’aimait en raison des yeux que tu m’as donnés. Mais il n’a pas pu le faire, ni alors, ni maintenant…

– Il le fera en ayant foi en moi. Adieu, mon enfant. Paix à toi et à ta famille. »

XIX. Chez les paysans de Yokhanan.

632.37

Les champs de Yokhanan s’étendent sous le baiser de la lune. Silence absolu. Cette nuit étouffante oblige les paysans à garder ouverte au moins une porte de leur pauvre demeure pour ne pas mourir de chaleur dans les pièces basses où sont entassés trop de corps pour ce qu’elles peuvent contenir.

Jésus entre dans une pièce. Il semble que c’est la lune elle-même qui allonge son rayonnement pour lui étendre un tapis royal sur le sol de terre battue. Il se penche sur un dormeur, qui se tient à plat ventre dans un sommeil lourd de fatigue. Il l’appelle. Il passe à un autre, et à un suivant. Il les appelle tous, ses fidèles et pauvres amis. Il a la légèreté et la rapidité d’un ange qui vole. Il entre dans d’autres masures… Puis il va les attendre dehors, près d’un bouquet d’arbres.

Les paysans, encore à moitié endormis, sortent de leurs taudis. Deux, trois, un seul, cinq ensemble, quelques femmes. Ils sont stupéfaits d’avoir tous été appelés par une voix connue qui a dit à chacun les mêmes mots :

« Venez à la pommeraie. »

Ils s’y rendent, les hommes en finissant d’enfiler leurs pauvres vêtements, et les femmes d’arranger leurs tresses, et ils parlent doucement.

« Il m’a semblé que c’était la voix de Jésus de Nazareth.

– Peut-être son âme. Ils l’ont tué. L’avez-vous entendu dire ?

– Moi, je ne peux pas le croire. Il était Dieu.

– Pourtant Joël l’a vu sous la croix…

– On m’a raconté hier, pendant que j’attendais que le régisseur traite ses affaires, que ses disciples sont passés par Jezraël et qu’ils ont annoncé qu’il était vraiment ressuscité.

– Tais-toi ! Tu sais ce qu’a dit le maître : la flagellation attend celui qui tient ce genre de propos.

– La mort, peut-être. Mais ne serait-ce pas mieux plutôt que de souffrir ainsi ?

– Et il n’est plus là, désormais !

– Ils sont encore plus mauvais, maintenant qu’ils ont réussi à le tuer.

– Ils sont méchants parce qu’il est ressuscité. »

Ils parlent tout bas en se dirigeant vers le lieu qui leur a été indiqué.

632.38

« Le Seigneur ! s’exclame une femme en tombant la première à genoux.

– Son fantôme ! » s’écrient d’autres.

Certains prennent peur.

« C’est moi. Ne craignez rien. Ne criez pas. Avancez. C’est vraiment moi. Je suis venu confirmer votre foi, que je sais attaquée par d’autres. Vous voyez ? Mon corps fait de l’ombre parce que c’est un vrai corps. Vous ne rêvez pas, non. C’est bien ma vraie voix. Je suis ce même Jésus qui rompait le pain avec vous et vous montrait son amour. Maintenant aussi, je vous donne mon amour. Je vous enverrai mes disciples. Et ce sera encore moi, car ils vous donneront ce que je vous donnais et ce que je leur ai donné pour pouvoir me communiquer à ceux qui croient en moi.

Portez votre croix comme j’ai porté la mienne. Soyez patients. Pardonnez. Ils vous raconteront comment je suis mort. Imitez-moi. Le chemin de la douleur est le chemin du Ciel. Suivez-le avec paix et vous obtiendrez mon Royaume. Il n’y a pas d’autre voie que celle de la résignation à la volonté de Dieu, de la générosité, de la charité envers tous. S’il en avait existé une autre, je vous l’aurais indiquée. Moi, je suis passé par elle, car c’est la voie juste. Soyez fidèles à la Loi du Sinaï dont les dix commandements sont immuables, et à ma Doctrine. Il en viendra qui vous instruiront pour que vous ne soyez pas abandonnés aux menées des mauvais. Je vous bénis. Rappelez-vous toujours que je vous ai aimés et que je suis venu parmi vous avant et après ma glorification. En vérité, je vous dis que beaucoup auraient désiré me voir maintenant, et ne me verront pas. Beaucoup de grands. Je me montre à ceux que j’aime et qui m’aiment. »

Un homme ose dire :

« Alors… le Royaume des Cieux existe vraiment ? Tu étais vraiment le Messie ? Eux nous influencent…

– N’écoutez pas leurs paroles. Rappelez-vous les miennes, et faites bon accueil à celles de mes disciples, que vous connaissez. Ce sont des paroles de vérité. Et ceux qui les accueillent et les mettent en pratique, même s’ils sont serviteurs ou esclaves, seront habitants et cohéritiers de mon Royaume. »

Il les bénit en ouvrant les bras et disparaît.

632.39

« Oh ! Je n’ai plus peur de rien, moi !

– Moi non plus. Tu as entendu ? Même pour nous, il y a une place !

– Il nous faut être bons !

– Pardonner !

– Patienter !

– Savoir résister.

– Chercher les disciples.

– Il est venu chez nous, pauvres serviteurs…

– Nous le dirons à ses apôtres.

– Si Yokhanan le savait !

– Et Doras !

– Ils nous tueraient pour nous empêcher de parler !

– Mais nous nous tairons. Nous n’en parlerons qu’aux serviteurs du Seigneur.

– Michée, ne dois-tu pas te rendre avec cette charge à Séphoris ? Pourquoi n’irais-tu pas à Nazareth en parler…

– A qui ?

– A la Mère de Jésus. Aux apôtres. Ils seront peut-être avec elle… »

Ils s’éloignent en parlant de leurs projets.

XX. Sur les terres de Daniel, parent d’Elchias, avec Simon, le membre du Sanhédrin.

632.40

Elchias, le pharisien, est en train de discuter avec ses pareils pour savoir ce qu’il faut faire de Simon, le membre du Sanhédrin qui, devenu fou le vendredi saint, parle et dit trop de choses. Les avis divergent. Certains suggèrent de l’isoler dans quelque endroit désert où ses cris ne pourraient être entendus que par un serviteur très fidèle et partageant leurs idées ; d’autres, plus bienveillants et plus confiants, pensent qu’il s’agit d’un malaise passager et qu’il suffirait de le laisser là où il est.

Elchias répond :

« Ne sachant où le conduire, je l’ai amené ici. Mais vous savez que je doute beaucoup de mon parent Daniel… »

D’autres, plus mauvais encore qu’Elchias, s’exclament :

« Il veut fuir, aller en mer. Pourquoi ne pas le satisfaire ?

– Parce qu’il n’est pas capable de faire des actes ordonnés. Seul en mer, il périrait et aucun de nous n’est capable de mener une barque.

– Et même si c’était le cas ! Qu’arriverait-il au lieu du débarquement, avec ce qu’il dit ? Laissez-le choisir sa route… En présence de tous, et même de ton parent, fais en sorte qu’il lui indique sa volonté, et qu’il soit fait selon son désir. »

Cette proposition est approuvée. Elchias hèle un serviteur, et lui ordonne de faire venir Simon et d’appeler Daniel. Ils arrivent l’un et l’autre et, si Daniel a l’air d’un homme qui se sent mal à l’aise auprès de certaines gens, l’autre a vraiment l’air d’un fou.

« Ecoute-nous, Simon. Tu dis que nous te gardons prisonnier parce que nous voulons te tuer…

– Vous le devez, car tel est le commandement.

– Tu délires, Simon. Tais-toi et écoute. Où te semble-t-il que tu guérirais ?

– En mer. En mer. Au milieu de la mer. Là où il n’y a ni voix ni tombeau. Car les tombeaux s’ouvrent, et les morts en sortent. Ma mère dit…

– Tais-toi ! Ecoute : nous t’aimons comme notre chair. Veux-tu vraiment y aller ?

– Bien sûr que je le veux. Car ici les tombeaux s’ouvrent. Ma mère…

– Tu iras… Nous allons te conduire au bord de la mer, nous te donnerons une barque et tu…

– Mais c’est un homicide ! Il est fou ! Il ne peut s’y rendre seul ! s’écrie l’honnête Daniel.

– Dieu ne fait pas violence à la volonté de l’homme. Pourrions-nous faire ce que Dieu ne fait pas ?

– Mais il est fou ! Il n’a plus de volonté propre. Il est plus simplet qu’un nouveau-né ! Vous ne pouvez pas !…

– Tais-toi. Tu es un paysan, rien de plus. C’est nous qui savons… Demain, nous partirons pour la mer. Sois content, Simon. Pour la mer, comprends-tu ?

– Ah ! je n’entendrai plus les voix de la terre ! Plus les voix…Ah ! »

632.41

Un long cri, un spasme d’agitation, ses yeux et ses oreilles se ferment. Et un autre cri, celui de Daniel qui s’enfuit, terrorisé.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’arrive-t-il ? Arrêtez ce fou et cet imbécile ! Serions-nous tous en train de perdre la tête ? » s’exclame Elchias.

Mais après avoir couru quelques mètres, celui qu’Elchias appelle l’imbécile, c’est-à-dire son parent Daniel, se prosterne sur le sol, pendant que l’autre écume en une convulsion effrayante, et hurle :

« Faites-le taire ! Il n’est pas mort et il crie, il crie, il crie ! Plus que ma mère, plus que mon père, plus qu’il ne le faisait sur le Golgotha ! Là, là, vous ne le voyez pas ? »

Il indique l’endroit où se trouve Daniel, paisible, souriant, la tête levée.

Furieux, Elchias le rejoint et le secoue rudement sans s’occuper de Simon, qui se roule par terre en écumant et pousse des cris de bête au milieu du cercle terrifié des autres.

Elchias apostrophe Daniel :

« Visionnaire fainéant, veux-tu me dire ce que tu fais ?

– Laisse-moi. Maintenant, je te connais. Et je m’éloigne de toi. J’ai vu celui que vous voulez me faire croire mort. Il s’est montré bienveillant pour moi, terrible pour vous. Je pars. Plus que l’argent et n’importe quelle richesse, je protège mon âme. Adieu, maudit ! Et, si tu peux, fais en sorte de mériter le pardon de Dieu.

– Mais où vas-tu ? Moi, je ne veux pas !

– As-tu le droit de me garder prisonnier ? Qui te l’a donné ? Je t’abandonne ce que tu aimes et je m’apprête à suivre ce que j’aime. Adieu. »

Il lui tourne le dos et s’éloigne d’un bon pas, comme tiré par une force surhumaine, avant de descendre la pente verte des oliviers et des vergers.

Elchias est livide et pas lui seul. La colère les étrangle tous. Elchias menace de se venger sur son parent, sur tous ceux qui “ avec leurs frénésies ” prétendent que le Galiléen est vivant. Il veut parler, il veut agir…

Quelqu’un, je ne sais qui, intervient :

« Nous agirons, nous agirons, mais nous ne pourrons pas fermer toutes les bouches et tous les yeux de ceux qui parlent parce qu’ils voient. Nous sommes vaincus ! Notre crime nous accable. Maintenant arrive l’expiation… »

Pris d’une angoisse qui le rend semblable à un condamné qui gravit les marches d’un échafaud, il se frappe la poitrine.

« C’est la vengeance de Yahveh » ajoute-t-il.

La terreur millénaire d’Israël lui déforme la voix.

Pendant ce temps, blessé, écumant, effrayant, Simon fait entendre des cris de damné :

« Parricide[15], m’a-t-il dit ! Faites-le taire ! Parricide ! C’est ce que disait ma mère ! Les morts emploient-ils donc tous les mêmes mots ? »

XXI. A une femme de Galilée, qui obtient la résurrection de son mari.

632.42

La nouvelle lune, près de se coucher, est sur le point de faire disparaître son croissant encore mince derrière la bosse d’une montagne. Sa clarté est donc très relative, et elle ne dominera bientôt plus la vaste campagne.

Un voyageur marche cependant sur le chemin solitaire, un petit chemin, un sentier au milieu des champs plus qu’autre chose. Il tient, suspendue par un anneau, l’une de ces lanternes rudimentaires vieilles comme le monde qui servent généralement aux charretiers pour s’éclairer la nuit. Comme le verre n’est pas courant — je le crois même tout à fait inconnu, car il ne m’est jamais arrivé d’en voir dans aucune maison, que ce soit comme verre à boire, vase, ou protection aux fenêtres —, la flamme de cette lanterne est abritée par quelque chose qui peut être aussi bien du mica que du parchemin. Sa lueur est si faible qu’elle peut tout juste servir à créer un halo. Mais comme la lune se cache entièrement, la lumière de ce pauvre fanal paraît plus vigoureuse et apporte une clarté vacillante dans l’obscurité de la campagne.

Le voyageur marche sans s’arrêter…

L’aube commence à poindre à l’extrémité de l’horizon, mais si faiblement, pour l’instant, qu’elle n’éclaire rien, et le lumignon est encore nécessaire.

Près d’un petit pont attend ou se repose une autre personne bien emmitouflée dans son manteau. Hésitant, le voyageur au fanal, qui se dirige vers ce pont, fait halte. Il se demande s’il doit passer par là ou revenir en arrière, à l’endroit où le lit d’un petit torrent est garni de larges pierres qui peuvent servir à passer à pied sec.

La personne assise sur la rive rustique faite d’un tronc d’arbre qui a encore son écorce blanc-vert, lève la tête pour observer celui qui s’est arrêté. Elle se met debout et dit :

« N’aie pas peur de moi. Approche. Je suis un bon compagnon, pas un voleur. »

C’est Jésus. Je le reconnais à sa voix plus qu’à son aspect, encore voilé par le crépuscule profond que la lumière n’arrive pas à rompre jusqu’à l’endroit où se tient Jésus. Mais le voyageur hésite.

« Viens, femme. Ne crains rien. Nous allons faire un bout de chemin ensemble, et ce sera bon pour toi. »

La femme — je sais maintenant que c’est une femme — avance, vaincue par la douceur de la voix ou par une force secrète, mais elle hoche la tête en murmurant :

« Rien ne sera jamais plus bon pour moi. »

632.43

Ils marchent maintenant côte à côte sur le chemin, assez large pour permettre le passage de deux piétons. L’aube qui progresse découvre, d’un côté, une rigide forêt miniature de blés mûrs qui attendent d’être fauchés. De l’autre côté, ils sont déjà coupés et gisent en gerbes sur le champ dépouillé de sa gloire de moissons mûres.

« Maudites ! » lance à voix basse la femme en jetant un regard sur les gerbes étendues par terre.

Jésus se tait.

Le jour avance. La femme éteint sa pauvre lanterne et, ce faisant, découvre son visage dévasté par les larmes. Elle lève la tête pour regarder vers l’orient, où une ligne jaune-rose annonce le lever du soleil. Elle tend le poing dans cette direction, et reprend :

« Maudit sois-tu !

– Le jour ? C’est Dieu qui l’a fait, comme il a fait les blés. Ce sont des bienfaits de Dieu. Il ne faut pas les maudire… dit doucement Jésus.

– Mais moi je les maudis. Je maudis le soleil et les moissons. Et j’ai raison de le faire.

– N’ont-ils pas été bons pour toi pendant tant d’années ? Le premier n’a-t-il pas fait mûrir pour toi le pain quotidien, le raisin qui se change en vin, les légumes et les fruits du jardin, et n’a-t-il pas fait pousser l’herbe dans les pâturages pour nourrir les brebis et les agneaux dont le lait et la viande t’ont nourrie et avec la toison desquels tu as tissé tes vêtements ? Et le blé ne t’a-t-il pas donné le pain, à toi, mais également à tes enfants, à ton père et à ta mère, à ton époux ? »

Elle éclate en sanglots et pousse un cri :

« Je n’ai plus d’époux ! Ils l’ont tué ! Il était allé travailler, car nous avons sept enfants et le peu que nous possédions ne suffisait pas à nourrir dix personnes. Hier soir, il est arrivé en disant : “ Je suis fatigué, je ne me sens pas bien ”, et il s’est jeté sur le lit, brûlant de fièvre. Sa mère et moi l’avons secouru comme nous le pouvions. Nous avions l’intention d’appeler aujourd’hui le médecin de la ville… Mais il est mort après le chant du coq. Le soleil l’a tué. Je vais en ville chercher ce qu’il faut. A mon retour, je penserai à prévenir ses frères. J’ai laissé sa mère pour veiller son fils et mes enfants… et je suis partie pour faire ce qu’il convient… Et je ne devrais pas maudire le soleil brûlant et les blés ? »

Si elle était maîtresse d’elle-même au début, à tel point que je ne me doutais pas que c’était une femme et surtout une femme affligée, elle a maintenant laissé sa douleur rompre ses digues et déborder avec force. Elle confie tout ce qu’elle n’a pas dit chez elle “ pour ne pas réveiller ses enfants qui dorment dans la pièce voisine ”, tout ce qui lui pesait tellement sur le cœur que cela lui donnait l’impression qu’il allait éclater. Souvenirs d’amour, peur de l’avenir, douleur de veuve passent confusément comme des débris arrachés à la rive, sur l’eau gonflée d’un fleuve en crue…

632.44

Jésus la laisse parler. Car Jésus sait compatir à la douleur, il la laisse s’épancher, pour que la personne soit soulagée et que la fatigue qui succède au débordement de la douleur la rende capable d’écouter celui qui la console. Alors, il lui dit d’une voix douce :

« A Naïm, à Nazareth, et dans les villages situés entre les deux, il y a des disciples du Rabbi de Nazareth. Va les trouver…

– Et que veux-tu qu’ils fassent ? Si le Rabbi était encore là !… Mais eux ? Ce ne sont pas des saints ! Mon mari était à Jérusalem ce fameux jour… Et il sait… Oh non ! Il savait ! Il ne sait plus rien ! Il est mort !

– Que faisait ton mari ce jour-là ?

– Quand la clameur de la rue l’a réveillé, il a couru sur la terrasse de la maison où il se trouvait avec ses frères, et il a vu passer le Rabbi que l’on conduisait au Prétoire. Avec les autres Galiléens, il l’a suivi jusqu’à ce qu’il soit mort. On leur a jeté des pierres, à lui et aux autres, quand on a découvert qu’il était galiléen, là-haut sur la colline, et on les a repoussés plus bas. Mais ils sont restés là jusqu’à ce que tout soit accompli. Puis… ils s’éloignèrent… Et maintenant mon mari est mort. Ah ! Si au moins je savais que, grâce à sa pitié pour le Rabbi, il est en paix ! »

Jésus ne répond pas à ce désir, mais il dit :

« Dans ce cas, il aura vu qu’il y avait des disciples sur le Golgotha. Peut-être que tous les Galiléens se sont conduits comme ton mari ?

– Oh non ! Beaucoup, même de Nazareth, l’ont injurié. On le sait. Quelle honte !

– Alors, si beaucoup, même à Nazareth, n’ont pas éprouvé d’amour pour leur Jésus, si pourtant il leur a pardonné — et beaucoup se sanctifieront à l’avenir —, pourquoi veux-tu juger de la même manière les disciples du Christ ? Veux-tu être plus sévère que Dieu ? Dieu accorde beaucoup à ceux qui pardonnent…

– Il n’est plus là, le bon Rabbi ! Il n’est plus là ! Et mon mari est mort lui aussi…

– Le Rabbi a donné à ses disciples le pouvoir de faire ce que lui faisait.

– Je veux le croire. Mais lui seul était capable de vaincre la mort. Lui seul !

– Ne lit-on pas qu’Elie rendit l’esprit au fils de la veuve de Sarepta ? En vérité, je te dis qu’Elie était un grand prophète, mais que les serviteurs du Sauveur, qui est mort et ressuscité parce qu’il était le Fils du vrai Dieu incarné pour racheter les hommes, ont un pouvoir encore plus grand. La raison en est que, sur la croix, Jésus leur a pardonné leurs péchés à eux d’abord : il connaissait, par sa divine sagesse, la véritable douleur de leurs esprits contrits. Il les a sanctifiés après sa résurrection par un nouveau pardon et leur a infusé l’Esprit Saint pour qu’ils puissent me représenter dignement à la fois par la parole et par les actes, afin que le monde ne reste pas dans la désolation après mon départ. »

632.45

La femme recule vivement, stupéfaite. Elle rejette son voile en arrière pour bien voir son compagnon. Mais elle ne le reconnaît pas et croit avoir mal compris. Pourtant, elle n’ose plus parler…

« As-tu peur de moi ? Tu m’as d’abord pris pour un voleur prêt à te dépouiller de l’argent que tu caches dans ton sein, et qui est destiné à acheter le nécessaire pour la sépulture. Et tu as eu peur. Maintenant, redoutes-tu de savoir que je suis Jésus ? Et Jésus n’est-il pas celui qui donne et ne prend pas ? Celui qui sauve et ne détruit pas ? Reviens sur tes pas, femme. Je suis la Résurrection et la Vie. Linceul et aromates ne seront pas nécessaires pour celui qui n’est pas mort, qui n’est plus mort, car je suis celui qui vainc la mort et récompense celui qui a foi. Va ! Rentre chez toi ! Ton mari est vivant. Aucune foi en moi ne reste sans récompense. »

Il fait le geste de la bénir et de s’en aller.

La femme sort de sa stupéfaction. Elle ne demande rien, elle ne doute pas… Non. Elle tombe à genoux pour adorer. Puis, finalement, elle ouvre la bouche et, fouillant dans son sein, elle en tire une bourse, petite, une pauvre bourse de pauvres gens auxquels la misère interdit des honneurs solennels pour leurs morts, et elle dit :

« Je n’ai rien d’autre pour te montrer ma reconnaissance, pour t’honorer, pour…

– Je n’ai pas besoin d’argent, femme. Tu le porteras à mes apôtres.

– Oh oui ! J’irai avec mon mari… Mais que te donner alors, mon Seigneur ? Quoi ? Toi, qui m’es apparu… ce miracle… et moi, qui ne t’ai pas reconnu… qui étais si si fâchée… qui me suis montrée si injuste, jusqu’avec les merveilles qui m’entourent…

– Oui. Et tu ne pensais pas qu’elles sont parce que, moi, je suis, et que tout est bon de ce que Dieu a fait. Si le soleil n’avait pas existé, s’il n’y avait pas eu les blés, tu n’aurais pas eu cette grâce que tu viens d’obtenir.

– Mais quelle douleur, pourtant !… »

La femme pleure en y pensant.

Jésus sourit et lui montre ses mains :

« Voici une minime partie de ma souffrance. Et je l’ai consumée tout entière sans me plaindre, pour votre bien. »

La femme s’incline jusqu’au sol pour reconnaître :

« C’est vrai. Pardonne ma plainte. »

632.46

Jésus disparaît dans sa lumière habituelle et, quand elle se redresse, elle se découvre seule. Elle se lève, regarde autour d’elle. Rien ne peut gêner sa vue, car c’est maintenant plein jour, et il n’y a que des champs de moissons tout autour. La femme se dit à elle-même :

« Pourtant, je n’ai pas rêvé ! »

Le démon, peut-être, la tente pour la faire douter, et elle a un instant d’incertitude tandis qu’elle soupèse la bourse dans ses mains.

Mais sa foi a le dessus. Elle tourne le dos à la direction vers laquelle elle faisait route, pour revenir sur ses pas, rapide comme si le vent la portait, sans qu’elle se fatigue, le visage éclairé d’un bonheur plus grand que toute joie humaine, tant il est paisible. Elle répète à chaque instant :

« Comme le Seigneur est bon ! Il est vraiment Dieu ! Il est Dieu. Que soit béni le Très-Haut et celui qu’il a envoyé. »

Elle ne sait pas dire autre chose. Et sa litanie se mêle maintenant au chant des oiseaux.

La femme est tellement absorbée qu’elle n’entend pas les salutations de certains moissonneurs qui la voient passer et lui demandent d’où elle vient à cette heure…

L’un d’eux la rejoint et lui demande :

« Marc va-t-il mieux ? Tu es allée chercher le médecin ?

– Marc est mort au chant du coq, puis il est ressuscité, car le Messie du Seigneur a fait cela, répond-elle sans ralentir.

– La douleur l’aura rendue folle ! » murmure l’homme,

En hochant la tête, il rejoint ses compagnons qui ont commencé à faucher le blé.

Les champs se peuplent progressivement. Mais la curiosité triomphe chez beaucoup, et ils se décident à suivre la femme, qui ne cesse de hâter le pas.

632.47

Elle court, elle vole. Voici une très pauvre maison, basse, solitaire, perdue dans la campagne. Elle s’y dirige en serrant ses mains sur son cœur.

A peine y a-t-elle posé le pied qu’une vieille femme se jette dans ses bras en criant :

« Ma fille, quelle grâce du Seigneur ! Prends courage, ma fille, car ce que je dois te dire est chose si grande, si heureuse, que…

– Je le sais, mère. Marc n’est plus mort. Où est-il ?

– Tu le sais… mais comment ?

– J’ai rencontré le Seigneur. Je ne l’ai pas reconnu, mais lui m’a parlé et quand cela lui a plu, il m’a annoncé : “ Ton mari vit. ” Mais ici… quand ?

– J’avais ouvert la fenêtre, et je regardais le premier rayon de soleil qui tombait sur le figuier. Oui, c’est vraiment ainsi. Le premier rayon a touché alors le figuier contre la pièce… quand j’ai entendu un profond soupir, comme quelqu’un qui se réveille. Tout effrayée, je me suis retournée et j’ai vu Marc s’asseoir, repousser le drap que je lui avais posé sur le visage, et regarder vers le haut avec un visage… un visage… Puis il a tourné les yeux vers moi, et s’est exclamé : “ Mère, je suis guéri ! ” Moi… Il s’en est fallu de peu que je meure à mon tour ! Il m’a secourue et a compris qu’il avait été mort. Il ne se rappelle rien. Il assure qu’il se souvient du moment où on l’a mis au lit, mais ensuite de plus rien jusqu’à ce qu’il voie un ange, une espèce d’ange qui avait le visage du Rabbi de Nazareth et qui lui a dit : “ Lève-toi ! ” Et il s’est levé. Exactement à l’heure où le soleil surgissait tout entier.

– C’est l’heure à laquelle Jésus m’a annoncé : “ Ton mari vit. ” Oh ! mère, quelle grâce ! Comme Dieu nous a aimés ! »

632.48

Les arrivants les trouvent embrassées et en larmes. Ils croient que Marc est mort et que sa femme, dans un instant de lucidité, a compris son malheur. Mais Marc, qui entend les voix, apparaît, serein, avec un enfant dans les bras et les autres attachés à sa tunique, et il dit à haute voix :

« Me voici. Bénissons le Seigneur ! »

On l’assaille de questions et, comme toujours dans les réalités humaines, la contradiction s’élève. Les uns croient à une véritable résurrection, les autres — les plus nombreux — qu’il était tombé en catalepsie, mais qu’il n’était pas réellement mort. Certains admettent que le Christ est apparu à Rachel, d’autres prétendent que ce sont là des fables car “ Jésus est mort ”, et d’autres encore :

« Il est ressuscité, mais il est tellement indigné, il doit l’être, qu’il ne fait plus de miracles pour son peuple assassin.

– Dites ce que bon vous semble, lance l’homme, qui perd patience, et dites-le où vous voulez. Il suffit que ce ne soit pas ici, dans cette maison où le Seigneur m’a ressuscité. Et allez-vous-en, malheureux ! Veuille le Ciel vous ouvrir l’intelligence pour que vous croyiez. Mais pour l’instant, partez et laissez-nous en paix ! »

Il les pousse dehors et ferme la porte.

632.49

Il serre sur son cœur sa femme et sa mère avant de reprendre :

« Nazareth n’est pas loin. Je vais y proclamer le miracle.

– C’est ce que veut le Seigneur, Marc. Nous porterons cet argent à ses disciples. Allons bénir le Seigneur. Comme nous sommes. Nous sommes pauvres, mais lui aussi l’était, et ses apôtres ne nous mépriseront pas. »

Elle entreprend de lacer les sandalettes des enfants pendant que sa belle-mère jette quelques provisions dans un sac et ferme portes et fenêtres. Marc va faire je ne sais quoi.

Ils sortent dès qu’ils sont prêts et marchent rapidement, les plus petits portés dans les bras, les autres joyeux et un peu stupéfaits autour de leurs parents. Ils prennent la direction de l’est de Nazareth, on le devine aisément. Cet endroit se trouve peut-être encore dans la plaine d’Esdrelon, mais dans une région différente de celles des domaines de Yokhanan.

632.1

Eliza, Annaleah’s mother, is weeping disconsolately in her house, closed in a little room, where there is a small bed without any bedclothes, probably Annaleah’s bed. Her head is resting on her arms, which, in turn, are lying stretched out on the little bed, as if she wanted to embrace it all. Her body lies heavy on her knees in a languid posture. There is nothing vigorous about her but her tears.

A faint light comes in through the open window. The day has just dawned. But there is a bright light when Jesus enters. I say: enters, meaning that He is in the room, whilst previously He was not. And I will always say so to mean His appearing in a closed place, without repeating myself as to how He shows Himself from behind a great brightness, which recalls that of the Transfiguration, from behind a white fire – allow me the comparison – that seems to melt walls and doors to allow Jesus to enter with His real, breathing, solid, glorified Body: a fire, a brightness that closes itself in Him and conceals Him when He goes away. But afterwards, it takes the beautiful aspect of the Risen Master, but a Man, a real Man, a hundred times more beautiful than He was before His Passion. It is He, but it is He the glorious King.

632.2

«Why are you weeping, Eliza?»

I do not know how the woman does not recognise the unmistakable voice. Perhaps sorrow overwhelms her. She replies as if she were speaking to a relative, who has probably come to her after Annaleah’s death. «Did you hear those men yesterday evening? He was nothing. Magic power, but not divine. And I was resigning myself to the death of my daughter, thinking that she was loved by God, in peace… He had told me!…» she weeps more loudly.

«But many have seen Him risen. God only can raise Himself from the dead by Himself.»

«That is what I also told those people yesterday. You heard me. I fought against their words. Because their words were the death of my hope, of my peace. But they – did you hear them? – they said: “It was all a make-believe of His followers, in order not to admit that they were fools. He is dead, dead and buried, and decomposed, they have stolen and destroyed His corpse, and now they say that He has risen”. That is what they said… And that is why the Most High sent the second earthquake, to make them feel His wrath for their sacrilegious lie. Oh! I have no more consolation.»

«But if you saw the risen Lord with your own eyes, and you touched Him with your own hands, would you believe?…»

«I am not worthy of that… But I should certainly believe! It would be sufficient for me to see Him. I should not dare touch His Body because, if it were so, it would be a divine body, and a woman cannot approach the Holy of Holies.»

632.3

«Raise your head, Eliza, and see Who is standing in front of you!»

The woman raises her white-haired head, her face disfigured by tears, and she sees… She drops even lower on her heels, she rubs her eyes, she opens her mouth to utter a cry that wants to come up, but is stifled in her throat by amazement.

«It is I. The Lord. Touch My Hand. Kiss it. You sacrificed your daughter to Me. You deserve it. And on this hand find again the spiritual kiss of your child. She is in Heaven. She is blessed. You will speak to the disciples about that and about this day.»

The woman is so enraptured that she dare not make the gesture, and it is Jesus Himself who presses the tips of His fingers against her lips.

«Oh! You have really risen!!! Happy! Happy I am! May You be blessed for comforting me!» She stoops to kiss His feet, and she does so, and she remains like that.

The supernatural light envelops the Christ in its brightness and the room is devoid of Him. But the mother’s heart is full of unshakeable certainty.

II. To Mary of Simon at Kerioth, with Anne, the mother of Johanna, and old Ananias.

632.4

The house of Anne, the mother of Johanna. The country house where Jesus, in the company of Judas’ mother, worked the miracle[1] of curing Anne. Here also there is a room and a woman lying on a bed. A woman who is altered beyond recognition by mortal anguish. Her face is worn out. Fever devours it, inflaming her cheekbones, so sunken are her cheeks. Her eyes, black ringed, red with fever and tears, are half closed under her swollen eyelids. Where there is no reddening caused by fever, her complexion is yellowish, greenish, as if bile were spread in her blood. Her lean arms and thin hands are relaxed on the bedclothes, which are raised by her rapid panting.

Near the sick woman, who is no one else but Judas’ mother, there is Anne, Johanna’s mother. She wipes perspiration and tears, she waves a fan of palm, she changes the cloths, dipped in spicy vinegar, on the forehead and throat of the sick woman, she caresses her hands and loose hair, that in a short time has become more white than black, and is spread on the pillow, and, wet as it is with perspiration, adheres to her ears, which have become transparent. Also Anne weeps, uttering words of comfort: «Don’t, Mary! Don’t! Enough! He… he has sinned. But you, you know how the Lord Jesus…»

«Be quiet! That Name… to me… said to me… is profaned… I am the mother… of the Cain… of God! Ah!» Her quiet weeping changes into exhausted heart-rending sobbing. She feels she is choking, she catches hold of the neck of her friend, who assists her while she vomits some bile.

«Peace! Peace, Mary! Don’t! Oh! what shall I tell you to convince you that He, the Lord, loves you? I repeat it to you! I swear it on the things which are most holy to me: my Saviour and my child. He told me when you brought Him to me. He had for you words and providence of infinite love. You are innocent. He loves you. I am certain, certain that He would give Himself once again to give you peace, poor martyr mother.»

«Mother of the Cain of God! Can you hear it? That wind, out there… It says so… The voice goes all over the world… the voice of the wind, and it says: “Mary of Simon, the mother of Judas, he who betrayed the Master and handed Him over to His executioners”. Can you hear it? Everything says so… The stream out there… The doves… the sheep… The whole Earth shouts that I am… No, I do not want to recover my health. I want to die!… God is just and He will not punish me in the next life. But here, no. The world does not forgive… it does not distinguish… I am becoming mad, because the world howls…: “You are Judas’ mother”.»

She is exhausted and collapses on the pillows. Anne recomposes her and goes out to take away the dirty linen cloths…

Mary, her eyes closed, deadly pale after the effort she made, moans: «The mother of Judas! of Judas! of Judas!» She pants, then resumes: «But what is Judas? What did I give birth to? What is Judas? What have I…»

632.5

Jesus is in the room, which is lit up by a trembling light, because daylight is still too faint to illuminate the large room, in which the bed is at the end, very far from the only window. He calls her gently: «Mary! Mary of Simon!»

The woman is almost delirious and does not attach importance to the voice. Her mind is far away, carried away by the vortex of her grief, and she repeats the ideas that haunt her brain, monotonously, like the tick-tack of a pendulum-clock: «The mother of Judas! What have I given birth to? The world shouts: “The mother of Judas”…»

Two tears well up in the corners of Jesus’ very mild eyes. I am surprised at them. I did not think that Jesus could weep also after His resurrection…

He bends. The bed is so low for Him Who is so tall! He lays His hand on the feverish forehead, pushing aside the cloths damp with vinegar, and He says: «A poor wretch. That and nothing else. If the world shouts, God covers the shout of the world saying to you: “Have peace, because I love you”. Look at Me, poor mother! Gather your lost spirit and put it in My hands. I am Jesus!…»

Mary of Simon opens her eyes, as if she were coming out of a nightmare and she sees the Lord, she feels His Hand on her forehead, she covers her face with her trembling hands and moans: «Do not curse me! If I had known what I was giving birth to, I would have torn my womb to prevent him from being born.»

«And you would have sinned. Mary! oh! Mary! Do not depart from your justice because of the sin of another person. The mothers who have fulfilled their duty must not consider themselves responsible for the sins of their sons. You have done your duty, Mary. Give Me your poor hands. Be calm, poor mother.»

«I am Judas’ mother. I am unclean like all the things that demon touched. The mother of a demon! Do not touch me.» She struggles to avoid the divine Hands that want to hold her.

The two tears of Jesus fall on her face burning once again with fever. «I have purified you, Mary. My tears of compassion are on you. I have not shed My tears on anybody since I consumed My sorrow. But I am weeping over you with all My loving pity.» He has succeeded in getting hold of her hands and He sits, yes, He really sits down on the edge of the little bed, holding her trembling hands in His.

The loving compassion of His bright eyes caresses, envelops and cures the poor wretch, who calms down weeping silently and whispering: «Have You no grudge against me?»

«I have love. That is why I have come. Have peace.»

«You forgive! But the world! Your Mother! She will hate me.»

«She thinks of you as of a sister. The world is cruel. That is true. But My Mother is the Mother of the Love, and She is good. You cannot go about in the world, but She will come to you when everything is at peace. Time pacifies…»

«Make me die, if You love me…»

«A little longer. Your son was not able to give Me anything. Give Me a period of time of your suffering. It will be a short one.»

«My son has given You too much… Infinite horror he has given You.»

«And you your infinite sorrow. The horror is over. It no longer serves. Your sorrow serves. It joins these wounds of Mine, and your tears and My Blood wash the world. All sorrows join together to wash the world. Your tears are between My Blood and the tears of My Mother and around them there is all the sorrow of the saints who will suffer for the Christ and for men, for My sake and for the sake of men. Poor Mary!» He lays her down gently, He crosses her hands and watches her as she calms down…

632.6

Anne comes back in and stops dumbfounded on the threshold.

Jesus, Who is now standing, looks at her saying: «You have complied with My wish. There is peace for obedient people. Your soul has understood Me. Live in My peace.»

He lowers His eyes again on Mary of Simon, who looks at Him through a stream of tears which are now more calm, and He smiles at her again. And He says to her: «Lay your hope in the Lord. He will give you all His comfort.» He blesses her and is about to go away.

Mary of Simon utters a passionate cry: «They say that my son betrayed You with a kiss! Is it true, Lord? If it is so, allow me to wash it by kissing Your Hands. There is nothing else I can do! I cannot do anything else to cancel… to cancel…» She is struck with deeper grief.

Jesus, oh! Jesus does not give her His hands to kiss, those hands on which the wide sleeve of His snow-white tunic reaches down to half the metacarpus concealing the wounds, but He takes her head in His hands and He bends and with His divine lips He lightly touches the burning forhead of the most unhappy of all women, and standing up again He says to her: «My tears and My kiss! No one has ever had so much from Me. So be at peace, because there is nothing but love between you and Me.» He blesses her and, after going across the room quickly, He goes out behind Anne, who did not dare to come forward, or to speak, but is weeping deeply moved.

632.7

But when they are in the corridor that leads to the main door, Anne dares to speak and to ask the question which she has at heart: «My Johanna?»

«For fifteen days she has rejoiced in Heaven. I did not mention it there, because too big is the contrast between your daughter and her son.»

«It is true! A great torture! I think she will die of it.»

«No. Not soon.»

«Now she will be more at peace. You have consoled her. You! You Who more than anybody…»

«I Who pity her more than anybody else. I am the Divine Pity. I am the Love. I tell you, woman: if Judas had only cast a glance of repentance at Me, I would have obtained God’s forgiveness for him…» How sad is Jesus’ face!

The woman is struck by it. Words and silence struggle on her lips, but she is a woman, and curiosity is the winner. She asks: «Was it a… an… Yes, I mean: did that wretched man sin all of a sudden, or…»

«He had been sinning for months and no word of Mine, no act of Mine was able to stop him, so strong was his will to sin. But do not tell her that…»

«I will not!… Lord! Because now, when Ananias ran away from Jerusalem, the very night of the Preparation Day, without even completing the Passover, he came in here shouting: “Your son has betrayed the Master and has handed Him over to His enemies! He betrayed Him with a kiss. And I have seen the Master beaten, covered with spittle, scourged, crowned with thorns, laden with a cross, crucified and dead through the action of your son. And our name is shouted with obscene triumph by the enemies of the Master, and they relate the feats of your son, who, for less than the price that a lamb costs, has sold the Messiah and with the betrayal of a kiss has pointed Him out to the guards!”, Mary fell on the ground, and became black all of a sudden, and the doctor says that her liver has burst and the bile has flown out and all her blood is corrupted by it. And… the world is bad. She is right… I had to bring her here, because they came near her house in Kerioth to shout: “Your son is a deicide and a suicide! He has hanged himself! And Beelzebub has taken his soul, and Satan has come to take even his body”. Is that horrible wonder true?»

«No, woman. He was found dead, hanging from an olive-tree…»

«Ah! And they shouted: “Christ has risen and is God. Your son has betrayed God. You are the mother of the betrayer of God. You are the mother of Judas”. At night, with Ananias and a faithful servant, the only one left to me, because no one wanted to stay near her… I brought her here. But Mary hears those cries in the noises of the earth, in everything.»

«Poor mother! It is horrible, indeed.»

«But did that demon not think of all this, Lord?»

«It was one of the reasons I had recourse to, to hold him back. But to no avail. Judas went so far as to hate God, as he had never loved his father and mother or any other neighbour with true love.»

«That is true.»

«Goodbye, woman. May My blessing comfort you to bear the mockery of the world because of your compassion for Mary. Kiss My hand. I can show it to you. It would have done too much harm to her to see this.» He throws the sleeve back, uncovering the pierced wrist.

Anne utters a groan as with her lips she lightly touches the tips of His fingers.

632.8

The noise of a door that is opened and a stifled cry: «The Lord!» A rather old man prostrates himself and remains so.

«Ananias, the Lord is good. He has come to comfort your relative and to comfort us as well» says Anne to console also the elderly man, who is too deeply moved.

But the man dare not move. He weeps saying: «We are of horrible blood. I cannot look at the Lord.»

Jesus goes to him. He touches his head, repeating the same words as He said to Mary of Simon: «Relatives who have done their duty must not consider themselves responsible for the sin of a relative. Take heart, man! God is just. Peace to you and to this house. I have come and you will go where I send you. For the supplementary Passover the disciples will be at Bethany. You will go to them and you will tell them that on the twelfth day from His death, you saw the Lord at Kerioth, alive and true, in Body and Soul and Divinity. They will believe you, because I have already been with them quite a lot. But it will confirm them in their faith on My Divine Nature to know that I am everywhere on the same day. And before that, this very day, you will go to Kerioth to ask the leader of the synagogue to gather the people together, and in the presence of everybody you will say that I came here, and that they are to remember My words of the farewell[2]. They will certainly say to you: “Why did He not come to us?” You will reply so: “The Lord told me to say to you that, if you had done what He told you to do to the innocent mother, He would have shown Himself. You failed in your duty of love, and that is why the Lord has not shown Himself”. Will you do that?»

«That is difficult, Lord! It is difficult to do that! They consider us all as heart lepers… The leader of the synagogue will not listen to me, and he will not let me speak to the people. He may beat me… However, I will do it, because You want it.» The elderly man does not raise his head. He speaks bent in deep prostration.

«Look at Me, Ananias!»

The man looks up trembling with veneration.

Jesus is as bright and handsome as He was on Mount Tabor… The light envelops Him, concealing His features and His smile… And the corridor is left without Him, without any door being moved to let Him pass.

The two worship and worship, as they have become all adoration through the divine manifestation.

III. To the children of Juttah with their mother Sarah.

632.9

The orchard of Sarah’s house. The children who are playing under the leafy trees. The youngest one who rolls on the grass near a thick row of vine-leaves, the other bigger ones who chase one another with joyful cries of swallows, playing at hide-and-seek behind hedges and vines.

Jesus appears near the little one to whom He gave His name[3]. Oh! holy simplicity of the innocents! Jesai is not surprised seeing Him there all of a sudden, but he stretches out his little arms, so that Jesus may take him in His, and Jesus takes him: there is the greatest simplicity in the acts of both.

The others arrive running – and once again the blessed simplicity of children! – and without any astonishment they approach Him happily. Nothing seems to have changed for them. They probably do not know.

But after Jesus has caressed each of them, Mary, the oldest and most sensible one, says: «So do You no longer suffer, Lord, now that You have risen? I was so sorry!…»

«I no longer suffer. I have come to bless you before I ascend to My Father and yours, in Heaven. But also from there I will always bless you, if you are always good. You will tell those who love Me that I have left My blessing with you today. Remember this day.»

632.10

«Are You not coming to the house? Mother is there. They will not believe us» says Mary again.

But her brother does not ask. He shouts: «Mummy, mummy. The Lord is here!…» and running towards the house, he repeats that cry.

Sarah rushes, she looks out of the window… just in time to see Jesus, very handsome at the edge of the orchard, disappear in the light that absorbs Him…

«The Lord! But why did you not call me before?…» says Sarah as soon as she is able to speak. «But when? where did He come from? Was He alone? How foolish you are!»

«We found Him here. A moment before He was not here… He did not come from the road or from the kitchen garden. And He had Jesai in His arms… And He told us that He had come to bless us and to give us His blessing for those who love Him in Jutta and to remember this day. And now He is going to Heaven. But He will love us if we are good. How handsome He was! He had wounds in His hands. But they no longer hurt Him. Also His feet were wounded. I saw them among the grass. That flower there touched just the wound of one foot. I will pick it…» they all speak together, excited with emotion. They even perspire in the excitement of speaking.

Sarah caresses them whispering: «God is great! Let us go. Come. Let us go and tell everybody. You, innocents, will speak. You can speak of God.»

IV. To young Jaia, at Pella.

632.11

The young man is working with zeal around a cart. He is loading it with vegetables picked in a nearby vegetable garden. The little donkey beats the hard surface of the country road with its hoof.

When he turns round to take a basket of lettuce, he sees Jesus Who smiles at him. He drops the basket on the ground and he kneels down; rubbing his eyes, incredulous of what he sees, and he whispers: «Most High, do not lead me into illusions! Lord, do not allow me to be deceived by Satan by means of false seducing appearances. My Lord is really dead! And He was buried, and they now say that His corpse has been stolen. Have mercy, Most High Lord! Show me the truth.»

«I am the Truth, Jaia. I am the Light of the World. Look at Me. See Me. That is why I gave your sight[4] back to you, so that you may witness My power and My Resurrection.»

«Oh! It is really the Lord! It is You! Yes! You are Jesus!» He drags himself along on his knees to kiss His feet.

«You will say that you have seen Me and have spoken to Me and that I am really alive. You will say that you have seen Me today. My peace and My blessing to you.»

Jaia remains alone. He is happy. He forgets the cart and the vegetables. In vain the restless donkey beats the road and brays, protesting because of the long wait… Jaia is enraptured.

632.12

A woman comes out of the house near the kitchen garden and sees him there, wan with emotion, his face with a far-away look. She shouts: «Jaia! What is the matter with you? What happened to you?» She rushes towards him and shakes him. She brings him back to earth…

«The Lord! I have seen the Risen Lord. I have kissed His feet and seen His wounds. They have told lies. It was really God and He has risen. I thought it was a deceit. But it is He! It is He!»

The woman trembles thrilled with emotion and whispers: «Are you quite sure?»

«You are good, woman. For His sake you have taken my mother and me as your servants. Do not refuse to believe!…»

«If you are sure, I believe. But was He really flesh? Was He warm? Did He breathe? Did He speak? Did He really have a voice, or did you think so?»

«I am certain. It was the warm flesh of a living being, it was a real voice, it was breath. As handsome as God, but Man, like me and you. Let us go, let us go and tell those who suffer or are in doubt.»

V. To John of Nob.

632.13

The old man is all alone in his house. But he is serene. He is repairing a chair as on one side the nails have come out, and he smiles at I wonder which dream.

There is a knock at the door. The old man, without leaving his work, says: «Come in. What do you want, you who come? Still one of those? I am too old to change! Even if the whole world shouted to me: “He is dead”, I say: “He is living”. Even if I had to die to say so. So, come in!»

He gets up to go to the door, to see who knocks without going in. But when he is near it, the door opens and Jesus goes in.

«Oh! Oh! Oh! My Lord! Alive! I believed! And He comes to reward my faith! Blessed! I did not doubt. In my grief I said: “If He sent me the lamb[5] for the banquet of joy, it means that He will rise this day”. Then I understood everything. When You died and the Earth was shaken, I understood what I had not yet understood. And they thought that I was mad, at Nob, because at sunset on the day after the Sabbath, I prepared a banquet and I went and invited some beggars saying: “Our Friend has risen!”. They were already saying that it was not true. They were saying that they had stolen You during the night. But I did not believe them, because since You died I understood that You were dying to rise again, and that that was the sign of Jonah.»

632.14

Jesus, smiling, lets him speak. Then he asks: «And do you still wish to die now[6], or do you want to stay to witness My glory?»

«Whatever You want, Lord!»

«No. What you want.»

The old man is pensive. He then decides: «It would be lovely to go out of this world, where You no longer are as You were previously. But I forgo the peace of Heaven to say to the incredulous: “I have seen Him!”.»

Jesus lays His hand on his head blessing him and He adds: «But it will soon be also peace, and you will come to Me with the rank of confessor of the Christ.»

And He goes away. In this case, probably out of pity for the old man, He did not appear or disappear in a wonderful way, but He did everything as if He were the Jesus of days gone by, when He used to enter or come out of a house in a normal human way.

VI. To Matthias, the old solitary man near Jabesh-Gilead.

632.15

The old man is working at his vegetables and is talking to himself: «All wealth that I have for Him. And He will never taste them again. I have worked in vain. I believe that He was the Son of God, that He died and has risen. But He is no longer the Master, Who sits at the table of the poor or of the rich and shares the food with equal love, perhaps, no certainly with more love with the poor than with the rich. Now He is the Risen Lord. He has risen to confirm us, His believers, in our faith. And they say that it is not true. That no one has ever risen by himself. No one. No. No man. But He did. Because He is God.»

He claps his hands to drive away the pigeons that come down to steal the seed in the earth that has just been dug and sown, and he says: «It is useless now for you to procreate! He will never relish your little ones again! And you, useless bees? For whom do you produce honey? I was hoping to have Him at least once with me, now that I am not so poor. Every thing has flourished here, after He came… Ah! but with that money, that I have never touched, I want to go to Nazareth, to His Mother, and say to Her: “Make me Your servant, but let me stay here where You are, because You are still He”…» He wipes a tear with the back of his hand…

632.16

«Matthias, have you some bread for a pilgrim?»

Matthias looks up, but, as he is on his knees, he cannot see who is speaking from behind the tall hedge, that surrounds his small property lost in this green solitary place beyond the Jordan. But he replies: «Whoever you may be, come, in the name of the Lord Jesus.» And he stands up to open the fence.

He finds himself facing Jesus, and he remains with his hand on the latch, unable to make a gesture.

«Do you not want Me as your guest, Matthias? You did once[7]. And you were regretting that you could not do so again. I am here and are you not opening to Me?» says Jesus smiling…

«Oh! Lord… I… I… I am not worthy that my Lord should come in here… I…»

Jesus passes His hand over the fence and opens the lock saying: «The Lord enters wherever He wants, Matthias.»

He goes in, He proceeds along the humble kitchen garden, He goes towards the house and on the threshold He says: «So, you can sacrifice the little ones of your pigeons. Take your vegetables away from the garden and the honey from your bees. We will share the bread together, and your work will not have been useless, and your desire vain. And this place will be dear to you, and you will not have to go where there will soon be silence and abandonment. I am everywhere, Matthias. He who loves Me, is always with Me. My disciples will be in Jerusalem. My Church will arise there. Make sure you are there for the supplementary Passover.»

«Forgive me, Lord. But I could not resist in that place and I ran away. I arrived there at the ninth hour the day before Preparation Day, and the day after… oh! I ran away as I did not want to see You die. Only for that, Lord.»

«I know. And I know that you went back, and you were one of the first, to weep over My sepulchre. But I was already out of it. I know everything. Here, I will sit here and rest. I have always rested here… And the angels know that.»

632.17

The man busies himself, but he seems to be moving in a church, so reverently he moves about. Now and again he wipes a tear, which is about to mingle with his smile, while he comes and goes to get the little pigeons, kill them, prepare them, poke the fire, pick and wash the vegetables, and put the early figs in a plate, and lay the table with the best tableware. But when everything is ready, how can he sit down and eat? He wants to serve, which seems a great deal to him, and does not want anything else. But Jesus, Who has offered and blessed the food, offers him half of the pigeon, which He has cut, placing the meat on a piece of bread, that He has dipped into the sauce.

«Oh! as to a favourite!» says the man, and he eats, weeping for joy and emotion, without taking his eyes off Jesus, Who eats… drinks, enjoys the vegetables, the fruit, the honey, and offers His chalice to him after taking a sip of wine. Previously He had always drunk water.

The meal is over.

«I am really alive, as you can see. And you are quite happy. Remember that twelve days ago I was dying by the will of men. But nothing is the will of men when the will of God does not agree to it. And more than that, the contrary will of men becomes a servile instrument of the eternal Will. Goodbye, Matthias. As I said that he will be with Me, who gave Me a drink when I was the Pilgrim about Whom every doubt was lawful, so I say to you: you will have a part in My celestial Kingdom.»

«But I am losing You now, Lord!»

«In every pilgrim see Me; in every beggar, Me; in every sick person, Me; in everyone needing bread, water and clothes, Me. I am in whoever suffers, and what is done to those who suffer, is done to Me.»

He stretches out His arms blessing and disappears.

VII. To Abraham of Engedi, who dies in His Arms.

632.18

The square of Engedi: pillared temple of rustling palm-trees. The fountain: mirror for the April sky. The pigeons: low murmur of organ. Old Abraham passes through it with his working tools on his shoulders. He looks even older, but serene like one who has found relief after a violent storm. He passes also through the rest of the town, and goes to the vineyards near the fountains. The beautiful fertile vineyards, already promising abundant crops. He goes in and begins to hoe, to prune, to tie. Now and again he stands up, he leans on the hoe, he ponders. He smooths his patriarchal beard, he sighs, he shakes his head, in an inward conversation.

A man, all wrapped in his mantle, comes up the road towards the fountains and the vineyards. I say: a man. But it is Jesus, because it is His garment and His gait. But for the old man it is a man. And the Man asks Abraham: «May I stop here?»

«Hospitality is sacred. I have never denied it to anybody. Come. Come in. May the rest in the shade of my vines be pleasant to you. Do you want some milk? Some bread? I will give you what I possess here.»

«And what can I give you? I have nothing.»

«He who is the Messiah has given me everything, for every man. And no matter what I give, it is nothing when compared to what He has given me.»

«Do you know that they crucified Him?»

«I know that He has risen from the dead. Are you one of those who crucified Him? I am not allowed to hate, because He does not want hatred. But, if I were allowed, I would hate you if you were.»

«I am not one of His crucifiers. Do not worry. So you know everything about Him.»

«Yes, everything. And Elisha… He is my son, you know? Elisha did not come back any more from Jerusalem, and he said: “Dismiss me, father, because I am leaving all my wealth in order to preach the Lord. I will go to Capernaum to look for John, and I will join the faithful disciples”.»

«So your son has left you? So old and alone?»

«What you call abandonment is the joy I have dreamt of. Had leprosy not deprived me of him? And who gave him back to me? The Messiah. And am I losing him because he preaches the Lord?

Of course not! I shall find him again also in eternal life.

632.19

But you speak in a way that makes me suspicious. Are you an emissary of the Temple? Have you come to persecute those who believe in the risen Master? Strike! I will not run away. I will not imitate the three wise men of remote days. I will stay. Because if I fall for Him, I shall join Him in Heaven and my prayer[8] of last year will be answered.»

«That is true. You then said: “I anxiously waited for the Lord, and He heard me”.»

«How do you know? Are you one of His disciples? Were you here with Him when I prayed Him? Oh! if you are such, help me to make my cry reach Him, so that He may remember.» He prostrates himself, thinking that he is speaking to an apostle.

«It is I, Abraham of Engedi, and I say to you: “Come”.» Jesus stretches out His arms towards him, revealing Himself, and inviting him to throw himself into them, relaxing on His Heart.

At that moment a boy comes into the vineyard. He is followed by an adolescent and he shouts: «Father! Father! Here we are to help you.»

But the trilling cry of the boy is drowned by the powerful cry of the old man, a true cry of liberation: «Here I am! I am coming!» And Abraham throws himself into the arms of Jesus, shouting again: «Jesus, Holy Messiah! Into Your hands I commit my spirit!»

A blessed death. A death I envy! On the Heart of Christ, in the serene peace of the April flowery country…

632.20

Jesus lays the old man gently on the flowery grass that waves in the breeze, at the foot of a row of vines, and He says to the children, who, astonished and frightened, are about to burst into tears: «Do not weep. He died in the Lord. Blessed are those who die in Him! Go, boys, and tell those of Engedi that their synagogue leader has seen the risen Lord and had his prayer answered by Him. Do not weep! Do not weep!» He caresses them while leading them to the exit.

He then goes back to the deceased man and tidies his beard and hair, He lowers his eyelids, which were half closed, He puts the body in order, and on it He lays the mantle that Abraham had taken off to work.

He remains there until He hears some voices coming from the road. Then He stands up. Wonderful… Those who rush there see Him. They shout. They run faster to reach Jesus. But He disappears from their eyes in the refulgence of beams brighter than the sun.

VIII. To Elijah, the Essene of Mount Cherith.

632.21

The harsh solitude of the rough mountain at the bottom of which flows the Cherith. Elijah is praying, even more emaciated and bearded, wearing a coarse woollen garment, which is neither grey nor brown, and makes him look like the rocks surrounding him.

He hears a noise resembling that of wind or thunder. He looks up. Jesus has appeared on a rock hanging balanced over the precipice, at the bottom of which there is the torrent.

«The Master!» He throws himself on the ground, face downwards.

«I, Elijah. Did you not hear the earthquake[9] on Preparation Day?»

«Yes, I did, and I went down to Jericho and to Nike. I did not find any of those who love You. I asked after You. They hit me. Then I felt the earth tremble once again, but not so violently, and I came back here to do penance, thinking that the dam of celestial wrath had opened.»

«Of Divine Mercy. I died and have risen. Look at My wounds. Join the servants of the Lord on Mount Tabor and tell them that I sent you.»

He blesses him and disappears.

IX. To Dorcas and her child in the castle of Caesarea Philippi.

632.22

Dorcas’ little boy, supported by his mother, is taking his first steps on the rampart of the fortress. And Dorcas, bent as she is, does not see the Lord appear. But when, having left the little boy somewhat free, she sees him walk steadily and fast towards the corner of the rampart, she straightens herself up to run, so that he may not fall and may perish passing through the battlements or openings made on purpose for offensive weapons. And in doing so she sees Jesus, Who takes up the child, pressing him to His heart and kissing him.

The woman dare not make a gesture. But she utters a loud cry. A cry that makes those of the courts look up and causes faces to lean out of windows: «The Lord! The Lord! The Messiah is here! He has really risen.» But before people can rush there, Jesus has already disappeared.

«You are mad! You were dreaming! Plays of light have made you see a ghost.»

«Oh! He was really alive! See how my son is looking there and how he is holding in his hands an apple as beautiful as his little face. He is gnawing at it with his little teeth. I have no apples…»

«Nobody has ripe apples these days, and so fresh…» they say rather shocked.

632.23

«Let us ask Tobias» say some of the women.

«What do you want to do? He can hardly say “mummy”!» say the men mockingly.

But the women bend over the little boy and say: «Who gave you the apple?»

And the lips, that can hardly say the most simple words, in a joyful smile that displays his tiny little teeth and his still empty gums, without any hesitation says: «Jesus.»

«Oh!»

«Hey! you call him Jesai! He can say his name.»

«Jesus you, or Jesus the Lord? Which Lord? Where did you see Him ?» insist the women.

«There, the Lord. Jesus the Lord.»

«Where is He? Where did He go?»

«There.» He points at the sky full of sun and smiles happily and bites his apple.

And while the men go away shaking their heads, Dorcas says to the women: «He was handsome. He seemed to be dressed in light. And on His hands He had the signs of the nails, as red as gems against so much whiteness. I saw Him very well, because He held the child so» and she makes the gesture of Jesus.

632.24

The superintendent hastens there, he makes them repeat the story, he ponders, and concludes: «The psalm says[10]: “On the lips of children and babes in arms You have placed the perfect praise”. And why not the truth? They are innocent. And we… Let us remember this day… No! I am going to the village of the disciples. I am going to see whether the Rabbi is there… And yet… He was dead… Who knows!…»

And with this «who knows!» that ends its conclusion internally, the superintendent goes away, while the women, full of excitement, continue asking questions of the child, who laughs and repeats: «Jesus, there. And then there. Jesus Lord» and he points at the place where Jesus was, then at the sun where he saw Him disappear, happy, happy.

X. To the people gathered in the synagogue of Kedesh.

632.25

The people of Kedesh are gathered in the synagogue and are discussing the last events with Matthias, the synagogue leader. The synagogue is rather half dark, because the doors are closed and the curtains are lowered on the windows, heavy curtains that the April wind hardly moves.

A lightning illuminates the room. It looks like a lightning, but it is the light that precedes Jesus. And Jesus shows Himself, astonishing many people. He stretches out His arms and the wounds on His hands and feet appear clearly visible, because He shows Himself on the last of the three steps that lead to a closed door. He says: «I have risen from the dead. I remind you of the dispute[11] between the scribes and Me. I have given the wicked generation the sign that I had promised. That of Jonah. I give My blessing to those who love Me and are faithful to Me.» Nothing else. He disappears.

«But it was He! Where from? And yet He was alive! He had said so! Well! Now I understand. The sign of Jonah: three days in the bowels of the Earth and then the resurrection…»

A babble of comments…

XI. To a group of rabbis at Giscala.

632.26

A poisonous group of rabbis who try to convince some hesitating men of their requests. They would like to get these men to go to Gamaliel, who has closed himself in his house and does not want to see anybody.

These men say: «We tell you that he is not here. We do not know where he is. He came. He consulted some rolls. He went away. He did not say one word»; «He was frightening, so upset and aged he was» reply the others.

With a bad grace the rabbis turn their backs on those who have spoken and they go away saying: «Also Gamaliel is as mad as Simon! It is not true that the Galilean has risen! It is not true! It is not true! It is not true that He is God. It is not true. Nothing is true. We alone are in the truth.» The very pain they take in saying that it is not true, proves that they are afraid that it is true, that they need to be reassured.

They have walked along the wall of the house and they are near Hillel’s tomb. Howling their denials all the time, they raise their heads… and they run away shouting. The Jesus extremely kind to good people is there, frighteningly powerful, with His arms opened out as on the cross… The wounds on His hands are as red as if they were still dripping blood. He does not utter one word. But His eyes fulminate them.

The rabbis run away, they fall, they get up, they wound themselves against trees and stones, mad, driven mad by fear. They look like homicides who have been taken back into the presence of their victim.

XII. To Joachim and Mary of Bozrah.

632.27

«Mary! Mary! Joachim and Mary! Come outside.»

The two, who are in a quiet room, illuminated by a lamp, one intent on sewing, the other on making up accounts, raise their heads, look at each other… Joachim, growing pale with fear, whispers: «The voice of the Rabbi! It comes from the other life…» The woman, frightened, presses against her husband.

But the call is repeated and the two, holding on tightly to each other, to pluck up courage, dare to go out, in the direction of the voice.

In the garden, illuminated by the crescent of the new moon, there is Jesus, shining in a light much stronger than many moons. The light surrounds Him and makes Him God. His very sweet smile and loving eyes make Him Man: «Go and tell those of Bozrah that you have seen Me, real and alive. And you, Joachim, say so at Tabor, to those who have gathered there.» He blesses them and disappears.

«But it was He! It was not a dream! I… Tomorrow I will go to Galilee. He said at the Tabor, did He not?…»

XIII. To Mary of Jacob, at Ephraim.

632.28

The woman is kneading flour to make bread. She turns round, upon hearing that she is being called, and she sees Jesus. She throws herself on the floor, face and hands on the floor, in silent adoration, a little frightened.

Jesus speaks: «You will tell everybody that you have seen Me and that I have spoken to you. The Lord is not subjected to the sepulchre. I rose on the third day as I had predicted. Do persevere, you who are on My way, and do not let yourselves be seduced by the words of those who crucified Me. My peace to you.»

XIV. To Syntyche, at Antioch.

632.29

Syntyche is preparing a travelling bag. It is evening, because a little lamp is lit, its faint light flickers, and it is placed on a table near the woman intent on folding some garments.

The room is brightly lit up and Syntyche raises her head, surprised, to see what is happening, what is the source of such a bright light in that room which is completely closed. But before she can see, Jesus forestalls her: «It is I. Be not afraid. I have shown Myself to many people to confirm them in their faith. I am showing Myself also to you, My obedient faithful disciple. I have risen. See? I no longer suffer. Why are you weeping?»

The woman, before the beauty of the Glorified Master, finds no words… Jesus smiles at her to encourage her and He adds: «I am the same Jesus Who gladly received you[12] on the road near Caesarea. Although you were so timid then, you did speak to Me and you did not know Me. And now, can you not say one word to Me?»

«O Lord! I was about to leave… To relieve my heart of so much anxiety and sorrow.»

«Why sorrow? Did they not tell you that I had risen?»

«They told me and denied it. But I have not been upset by their contradictions. I knew that You could not rot in a sepulchre. I wept over Your martyrdom. I believed, even before they told me, in Your resurrection. And I continued to believe when others came to say that it was not true. But I wanted to come to Galilee. I was thinking: I can no longer do Him any harm. He is now more God than Man. I do not know whether what I say is right…»

«I understand what you mean.»

«And I said: I will worship Him, and I shall see Mary. I was thinking that You would not remain long among us, and I was hastening my departure. I used to say: when He has gone back to His Father, as He said, His Mother will be somewhat sad in Her joy. Because She is a soul, but She is also a mother… And I will try to comfort Her, now that She is alone… I was proud!»

«No. You were compassionate. I will inform My Mother of your thought. But do not come there. Remain where you are and continue to work for Me. Now more than previously. Your brothers, the disciples, need the work of everybody to propagate My doctrine. You have seen Me. Mary is entrusted to John. Do not worry any more. You will be able to fortify your spirit with the certainty of having seen Me and with the power of My blessing.»

632.30

Syntyche is longing to kiss Him. But she dare not. Jesus says to her: «Come.» And she dares to drag herself on her knees close to Jesus and makes the gesture of kissing His feet. But she sees the two wounds and dare not. She takes the hem of His tunic and kisses it weeping. And she whispers: «What they have done to You!»

Then she asks a question: «And John-Felix?»

«He is happy. He remembers nothing but love and lives in it. Peace to you, Syntyche.» He disappears.

The woman remains in her adoring attitude, on her knees, her face raised, her hands stretched out a little, tears on her face, a smile on her lips…

XV. To Zacharias, the Levite.

632.31

He is in a small room. Zacharias, the Levite[13], is pensive. He is sitting, with his head reclined on one of his hands.

«Do not be in doubt. Do not listen to the voices that upset you. I am the Truth and the Life. Look at Me. Touch Me.»

The young man, who has looked up at the first words and has seen Jesus, and has fallen on his knees, shouts: «Forgive me, Lord. I have sinned. I received in me the doubt concerning Your truth.»

«Those who try to seduce your spirit are more guilty than you are. Do not yield to their temptations. I am a real living body. Feel the weight and the warmth, the solidity and strength of My hand.» He takes him by the forearm and lifts him with His strength, saying: «Rise and walk in the ways of the Lord, out of doubt and fear. And you will be blessed if you can persevere till the end.» He blesses him and disappears.

The young man, after a moment’s dumbfounded amazement, runs out of the room shouting: «Mother! Father! I have seen the Master. It is not true what the others say! I was not mad. Do not persist in believing falsehood, but bless the Most High with me, as He has had mercy on His servant. I am going away. I am going to Galilee. I will find some of His disciples. I am going to tell them to believe that He has really risen.»

He does not take a sack with food and garments. He puts on his mantle and runs away, without giving his parents time to recover from their amazement and to be able to intervene to hold him back.

XVI. To a woman of the Sharon plain, who obtains the healing of her son.

632.32

A coast road. Perhaps the one that links Caesarea to Joppa, or another one. I do not know. I know that I see a country on one side and the sea on the opposite side, a deep-blue sea beyond the yellowish line of the shore. The road is certainly a Roman thoroughfare, as is evidenced by its paving.

A woman in tears is going along it in the early hours of a clear morning. The day has just dawned. The woman must be very tired, because now and again she stops and sits down on a milestone or on the road. Then she gets up and proceeds, as if something were urging her to go on, notwithstanding her great tiredness.

Jesus, a wayfarer wrapped in a mantle, sets off beside her. The woman does not look at Him. She proceeds absorbed in her grief. Jesus asks her: «Why are you weeping, woman? Where are you coming from? And where are you going all alone?»

«I am coming from Jerusalem and I am going back home.»

«Far?»

«Half way between Joppa and Caesarea.»

«On foot?»

«In the valley, before Modin, some highwaymen took my donkey and what was on it.»

«It was unwise of you to go all alone. It is not customary to come by oneself at Passover.»

«I did not come for Passover. I remained at home, because I have, and I hope I still have him, a boy who is ill. My husband had gone with other people. I let him go ahead and four days later I set off. Because I said: “He is certainly in Jerusalem for Passover. I will look for Him”. I was somewhat afraid. But I said: “I am not doing anything wrong. God sees. I believe. I know that He is good. He will not reject me, because…”» She stops, as if she were frightened, and casts a quick glance at the man who is walking beside her, and who is so covered up that one can hardly see his eyes, the unmistakable eyes of Jesus.

632.33

«Why have you become silent? You are afraid of Me. Do you think that I am an enemy of Him Whom you were looking for? Because you were looking for the Master of Nazareth, to ask Him to come to your house and cure the boy while your husband was away…»

«I see that you are a prophet. It is so. But when I arrived in town, the Master was dead.» Tears choke her…

«He has risen. Do you not believe it?»

«I know. I believe it. But I… But I… For some days I hoped to see Him myself… They say that He has shown Himself to some people. And I delayed my departure… every day a torture, because… my boy is so ill… my heart was divided… whether I should go to comfort him at his death… or stay looking for the Master… I did not expect Him to come to my house, but to promise to cure him.»

«And would you have believed? Do you think that from afar?…»

«I believe. Oh! if He had said to me: “Go in peace. Your son will recover”, I should not have doubted. But I do not deserve it, because…» she weeps, pressing her veil against her lips, so as to be prevented from speaking.

«Because your husband is one of the accusers and crucifiers of Jesus Christ. But Jesus Christ is the Messiah. He is God. And God is just, woman. He does not punish an innocent person because of a guilty one. He does not torture a mother because a father is a sinner. Jesus Christ is Mercy alive…»

«Oh! are you perhaps one of His apostles? Perhaps you know where He is? You… Perhaps He sent you to me to tell me this. He has heard, He has seen my grief, my faith, and He has sent you to me as the Most High sent the archangel Raphael to Tobit. Tell me whether it is so, and although I am so tired as to be feverish, I will retrace my steps to look for the Lord.»

«I am not an apostle. But the apostles have remained in Jerusalem for many days after His Resurrection…»

«That is true. I could have asked them.»

«So. They continue the Master.»

«I did not think they could work miracles.»

«They have still worked them…»

«But now… I was told that one only remained faithful, and I did not think…»

«Yes. Your husband told you so, sneering at you in his frenzy of false triumpher. But I tell you that man can sin, because God alone is perfect. And he can repent. And if he does repent, his strength grows, and God increases His graces in him for his contrition. Did the Most High Lord not forgive David?»

632.34

«But who are you? Who are you who speak so gently and wisely, if you are not an apostle? An angel perhaps? The angel of my child. He has perhaps died and you have come to prepare me…»

Jesus lets His mantle fall off His head and face, and passing from the humble aspect of a common pilgrim to His magnificence of God-Man, risen from the dead, with kind solemnity He says: «It is I. The Messiah crucified in vain. I am the Resurrection and the Life. Go, woman. Your son lives, because I have rewarded your faith. Your son is cured. Because, if the Rabbi of Nazareth has finished His mission, the Immanuel continues His until the end of time for all those who have faith, hope and charity in the One and Trine God, of Whom the incarnate Word is one Person, Who through divine love left Heaven to come to teach, to suffer, to die in order to give the Life to men. Go in peace, woman. And be strong in faith, because the time has come when in a family the husband will be against his wife, the father against his sons, and these against him, out of hatred or love for Me. But blessed are those whom persecution will not tear away from My Way.»

He blesses her and disappears.

XVII. To some shepherds on the Great Hermon.

632.35

A group of herds and shepherds. They have stopped on some slopes with wonderful pastures. And they are speaking of the events of Jerusalem. And they are distressed, saying to one another: «We shall no longer have the friend of shepherds on the Earth», and they recall the many meetings they had with Him here or there… «Meetings»says an old man «that we shall never have again.»

Jesus appears as if He were setting foot in that place from behind an entangled wood, where the tall trees are embraced by low bushes that conceal the sight of the path.

They do not recognise Him in the solitary man, and seeing Him so wrapped in white garments, they whisper: «Who is it? An Essene? Here? A rich Pharisee?» They are puzzled.

Jesus asks them: «Why do you say that you will never meet the Lord again? Because He, of Whom you are speaking, is the Lord.»

«We know. But do you not know what they have done to Him? Now some people say that He has risen, some say that He has not. But even if He has risen, which we prefer to believe, He will have gone away by now. How can He love and remain among people who have crucified Him? And we, who loved Him, even if not everyone had made His acquaintance, are sad because we have lost Him.»

«There is still a way to have Him. He taught it.»

«Oh! yes. By doing what He taught us. Then one has the Kingdom of God and is with Him. But one must first live and then die And He is no longer among us to comfort us.» They shake their heads.

«My dear children, for those who live what He taught keeping His teachings in their hearts, it is just the same as if they had Jesus in their hearts. Because Word and Doctrine are one thing only. He was not a Master Who taught things that were not as He was. So, he who does what He said, has Jesus alive in himself and is not separated from Him.»

«What you say is correct. But we are poor men and… we want to see also with our eyes to feel our joy properly… I have never seen Him, neither has my son, nor Jacob, nor Melkiah, nor James, nor Saul. See, only among us, how many have not seen Him? We have always looked for Him, but when we arrived, He had left.»

«Were you in Jerusalem on that day?»

«Oh! we were there! But when we heard what they wanted to do to Him, we ran away like madmen up the mountains, and we went back to town after the Sabbath. We are not guilty of His Blood, because we were not in town. But we did the wrong thing in being cowards. We would at least have seen Him and greeted Him. He would certainly have blessed us for our greetings… But we did not really have the courage to look at Him amid tortures…»

«He blesses you now. Look at Him Whose face you wish to know.»

He shows Himself, magnificently divine on the green of the meadow. While their amazement throws them on the ground, but glues their eyes to His divine Face, He disappears in a refulgent light.

XVIII. At Sidon, to the little boy born blind.

632.36

The little boy is playing all alone under a thick pergola. He hears someone call him and he finds himself in front of Jesus. Not in the least frightened, he asks Him: «But are You not the Rabbi Who gave me my eyes[14]?» and he fixes his limpid eyes of a child, of the same blue hue as Jesus’, on the divine sparkling eyes.

«It is I, My child. Are you not afraid of Me?» He caresses his head.

«No, I am not afraid. But my mother and I have wept very much, when my father came back before the time and he told us that he had run away because they had taken the Rabbi to put Him to death. He did not celebrate Passover and now he has to leave again to celebrate it. So, did You not die?»

«I died. Look at My wounds. I died on the cross. But I have risen again. Tell your father to remain for some time in Jerusalem, after the second Passover, and to stay near the Mount of Olives, at Bethphage. He will find there who will tell him what to do.»

«My father was thinking of looking for You. At the Feast of the Tabernacles he did not succeed in speaking to You. He wanted to tell You that he loves You because of the eyes that You have given me. But he was not able to do so, neither then nor now…»

«He will do so through his faith in Me. Goodbye, My dear child. Peace to you and to your family.»

XIX. To Johanan’s peasants.

632.37

Johanan’s fields kissed by the moon. Dead silence. The poor houses of the peasants, in a sultry night that compels people to keep at least a door open in order not to die stifled by the heat in the low rooms, where too many bodies are crammed in comparison with the capacity of the place.

Jesus goes into one large room. The very moon seems to lenghten her beams to form a royal carpet for Him on the floor of beaten earth. He bends over a man who is sleeping, lying face downwards in the heavy sleep of fatigue. He calls him. He passes on to another one, to another one. He calls them all, His poor faithful friends. He passes as lightly and quickly as an angel in flight. He goes into other hovels… Then He goes to wait for them outside, near a group of trees.

The peasants, half asleep, come out of their hovels. Two, three, one only, five together, some women. They are surprised that they have all been called like that, by a known voice, that said the same words to everybody: «Come to the apple-orchard». They go there, the men finishing to put on their poor clothes, the women to arrange their plaits, and they speak in low voices.

«It sounded like the voice of Jesus of Nazareth to me.»

«Perhaps His spirit. They killed Him. Did you hear that?»

«I cannot believe it. He was God.»

«And yet also Joel saw Him pass under the cross…»

«I was told yesterday, while I was waiting for the bailiff to deal with his market business, that some disciples passed through Jezreel and they said that He has really risen.»

«Be quiet! You know what the master says. Who says that, gets scourged.»

«Is put to death, perhaps. But would it not be better, rather than suffer like this?»

«And now He is no longer here!»

«And they are even more wicked, now that they have succeeded in killing Him.»

«They are wicked, because He has risen.»

They speak in low voices while going to the place pointed out to them.

632.38

«The Lord!» shouts a woman, the first to fall on her knees.

«His fantasm!» shout others, and some are afraid.

«It is I. Be not afraid. Do not shout. Come forward. It is really I. I have come to confirm your faith, as I know that other people are laying snares for it. See? My Body casts a shadow because it is a real body. You are not dreaming. My voice is a real one. I am the same Jesus Who shared bread with you and gave you love. And also now I give you love. I will send My disciples to you. And it will be still I, because they will give you what I used to give you and what I have given them in order to be able to communicate with those who believe in Me. Bear your crosses, as I bore Mine. Be patient. Forgive. They will tell you how I died. Imitate Me. The way of sorrow is the way to Heaven. Follow it in peace and you will have My Kingdom. There is no other way beside that of resignation to the will of God, of generosity, of charity towards everybody. If there were another one, I should have pointed it out to you. I have come along this one, because it is the just way. Be faithful to the Law of Sinai, which is immutable in its ten commandments, and to My Doctrine. My disciples will come to teach you, so that you may not be abandoned to the intrigues of wicked people. I bless you. Always remember that I have loved you and that I have come to you before and after My glorification. I solemnly tell you that many people would like to see Me now, and they will not see Me. Many mighty people. But I show Myself to those whom I love and who love Me.»

A man dares to say: «So… Does the Kingdom of Heaven really exist? Were You really the Messiah? They influence us…»

«Do not listen to their words. Remember Mine, and receive those of My disciples who are known to you. They are words of truth. And those who receive them and put them into practice, even if he is a servant or a slave here, will be a citizen and coheir to My Kingdom.»

He blesses them stretching out His arms and disappears.

632.39

«Oh! I… I no longer fear anything!»

«Neither do I. Did you hear that? There is a place also for us!»

«It is necessary to be good!»

«To forgive!»

«To have patience!»

«To be able to resist.»

«To look for the disciples.»

«He has come to us, poor servants.»

«We will tell His apostles.»

«If Johanan knew!»

«And Doras!»

«They would kill us so that we could not speak.»

«But we will keep quiet. We will only tell the servants of the Lord.»

«Micah, do you not have to go to Sephoris with that load? Why do you not go to Nazareth and tell…»

«Whom?»

«The Mother. The apostles. They may be with Her…»

They go away, whispering their plans.

XX. To Daniel, a relative of Helkai, the Pharisee, with Simon, the member of the Sanhedrin.

632.40

Helkai, the Pharisee, is discussing with some of his peers what to do with Simon, the member of the Sanhedrin, who became insane on Good Friday and now speaks too much and says too many things. There are various proposals, Some say that he should be isolated in some desert place, where his shouting can be heard only by a very faithful servant, who is of their same mind, some, more benignly, feel sure, as it is a transient illness, that it is sufficient to leave him where he is.

Helkai replies: «I brought him here, because I do not know any other place where I can take him. But you know that I mistrust my relative Daniel very much…»

Others, who are even more wicked than Helkai, say: «He wants to run away, to go by sea. Why not please him?»

«Because he is incapable of orderly actions. All alone at sea he would perish, and none of us is capable of steering a boat.»

«And then! Even if we were! What would happen at the landing-stage, considering what he says? Let him choose the way… In the presence of everybody, also of your relative, let him say what he wants to do, and let it be done as he wishes.»

This proposal is approved and Helkai calls a servant and orders him to bring Simon and to call Daniel. They both come and, if Daniel. looks like a man who feels ill at ease in the company of certain people, the other looks just like an idiot.

«Listen to us, Simon. You say that we are keeping you in prison because we want to kill you…»

«You must. Because that is the order.»

«You are raving, Simon. Be quiet and listen. Where do you think you would recover your health?»

«At sea. At sea. Out in the open sea. Where no voice is heard. Where there are no sepulchres. Because sepulchres open and the dead come out and my mother says…»

«Be silent! Listen. We love you. Like one of our blood. Do you really want to go there?»

«I certainly do. Because the sepulchres here open up and my mother…»

«You will go there. We will take you to the seaside, we will give a boat and you…»

«But you are committing a homicide! He is mad! He cannot go by himself!» shouts honest Daniel.

«God does not do violence to the will of man. Could we do what God does not do?»

«But he is insane! He no longer has a will. He is more foolish than a new-born baby! You cannot!…»

«Be silent. You are a farmer and nothing else. We know… Tomorrow we will leave for the sea. Cheer up, Simon. For the sea, do you understand?»

«Ah! I shall no longer hear the voices of the Earth! No more the voices…

632.41

Ah!» a long cry, a delirious agitation, eyes and ears close. And another cry, of Daniel, who runs away terrorised.

«Who is it? What is happening? Stop that madman and that fool! Are we all losing our wits?» shouts Helkai.

But he whom Helkai calls a “fool”, that is his relative Daniel, after running away a few metres, prostrates himself on the ground, whereas the other one froths at the mouth, where he is, in a frightful convulsion, and shouts, shouts: «Make Him be quiet! He is not dead and He shouts and shouts and shouts! More than my mother, more than my father, more than He did on Golgotha! There, there, can you not see there?» He points at the place where Daniel is, placid, smiling, with his face upwards, after being with his face downwards on the ground.

Helkai reaches him and shakes him violently, furious as he is, without bothering about Simon, who rolls on the ground and foams, uttering beastly shouts amid all the others who look terrified as they surround him. Helkai says to Daniel: «You visionary idler, will you tell me what you are doing?»

«Leave me. Now I know who you are. And I am going away from you. I have seen, benign to me, dreadful to you, Him Who you want me to believe is dead. I am going away. I want to protect my soul rather than money and wealth. Goodbye, you cursed one! And if you can, try to deserve God’s forgiveness.»

«But where are you going? Where? I do not want!»

«Are you entitled to keep me prisoner? Who gave you that right? I leave you what you love and I will follow what I love. Goodbye» he turns his back on him and goes away, as fast as if he were drawn by a superhuman power, down the green slope of olive-trees and orchards.

Helkai is livid with rage, and he is not the only one. Rage chokes them all. Helkai threatens to take vengeance upon his relative, upon all those who «with their frenzies», he says, maintain that the Galilean is alive. He wants to say, he wants to do…

One, I do not know who it is, says: «We will do, we will do, but we shall not be able to close all the mouths, all the eyes, that speak, because they see. We are defeated! The crime is upon us. Now comes the expiation…» and he beats his breast, seized with such anguish, that he looks like one who is climbing the steps of the scaffold. «The revenge of Jehovah» he also says, and all the age-old terror of Israel resounds in his voice.

In the meantime Simon, wounded, frothing at the mouth, frightened, raves shouting like a damned soul: «Parricide[15], He said to me! Make Him keep quiet! Quiet! Parricide! The same word as my mother’s! So do all the dead speak the same words?!…»

XXI. To a Galilean woman, who obtains the resurrection of her dead husband.

632.42

The moon, which is almost on the point of setting, is about to conceal her still thin crescent of a new moon behind the summit of a mountain. And her light is, therefore, very faint, and before long she will no longer shine on the wide country.

And yet a wayfarer is on the solitary road, a small road, a path among the fields, more than anything else. He is walking holding a very simple lantern hanging from a ring, one of those which, being as old as the world, I think are generally used by carters to have light at night. As glass was not a common thing – I think it was completely unknown, as I never happened to see any in any house, such as a drinking glass, or a vase, or as a shelter at windows – the flame was protected by something, that could be either mica or parchment. The light that filters is so faint, that it illuminates only a small space around the lantern. But as the moon is completely concealed, the light of the poor lantern seems to grow stronger, forming a clear dancing point in the darkness of the country.

The wayfarer walks, walks… Dawn begins to appear in the sky at the extreme horizon. But it is so feeble, at present, that it does not illuminate anything, and the poor lantern is still needed.

Another wayfarer, all wrapped in a mantle, is waiting or resting near a little bridge.

The one with the lantern, who is making for that bridge, stops in a doubtful attitude. He is uncertain whether he should pass there or go back, where in the gravel-bed of a little torrent, there are large stones that can serve to cross over the little water at the bottom.

The one sitting on the rustic parapet, made of the trunk of a tree with a white-green bark still on it, raises his head, watching the one who has stopped. He stands up and says: «Be not afraid of Me. Come forward. I am a good companion, not a highwayman.» It is Jesus. I recognise Him more by His voice than by His appearance, which is veiled by the deep twilight, that the lantern cannot penetrate as far as Jesus.

But the person stops, still doubtful.

«Come, woman. Do not be afraid. We shall go together for a stretch of the road and it will be a good thing for you.»

The woman, now I know that it is a woman, comes forward, won over by the kindness of the voice or by a mysterious force and she shakes her head as she proceeds, whispering: «There is no more good for me.»

632.43

They now proceed side by side along the path, which is so wide as to allow only two pedestrians to pass. The advancing dawn shows, on one side of the path, a stiff forest in miniature of ripe corn awaiting the sickle. On the other side the corn has already been cut and is lying in sheaves in the field despoiled of its glory of a ripe harvest.

«May they be cursed!» says the woman in a low voice, casting a glance at the sheaves lying in the field.

Jesus is silent.

The day is advancing. The woman puts out the poor lantern and, to do so, she uncovers her face disfigured by tears. And she raises her head to look eastwards, where a yellow pink line announces the rising of the sun. She shakes her fist eastwards and she says again: «May you be cursed, too!»

«The day? God made it. As He made the corn. They are favours of God. They are not to be cursed…» says Jesus kindly.

«And I curse them. I curse the sun and the crops. And I have a reason for that.»

«Have they not been good to you for so many years? Did the former not ripen your daily bread, the grapes that change into wine, the vegetables and the fruit of the kitchen garden, did it not make the pastures grow to feed sheep and lambs, on whose milk and meat you fed and with whose wool you wove your garments? And did the corn not give bread to you, to your children, to your father and to your mother, to your husband?»

She bursts into tears and shouts: «I no longer have my husband! They have killed him! He went to work as a day-labourer, because we have seven children and the little we have of our own was not sufficient to appease the hunger of ten people. And yesterday evening he came and said: “I am tired and I feel out of sorts” and he threw himself on the little bed, burning with fever. His mother and I assisted him as best we could, as we intended to send for the doctor in town today… But after cock-crow he died. The sun killed him. Yes, I am going to town. To get what is necessary. I will inform his brothers when I come back. I left his mother to watch her son and my children… and I came away to do what is to be done… And should I not curse the burning sun and corn?»

So reserved as she was previously, so much so that I would not have thought she was a woman, and above all a distressed one, she has now broken the barriers to her sorrow, which overflows violently. She says what she did not say at home «in order not to wake up the children sleeping in the next room», what weighed so much on her heart as to give her the sensation that it was about to burst. Recollections of love, dismay for the future, grief of a widow, pass confusedly like rubble carried away by the swollen waves of a river in spate…

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Jesus lets her speak. Because Jesus knows how to pity sorrow, He allows it to give vent to its feelings, so that man may be relieved thereby, and the tiredness itself, that follows the impetuousness of sorrow, may make him capable of understanding who comforts him. He then says kindly: «At Nain and at Nazareth, and in the places between the former and the latter, there are the disciples of the Rabbi of Nazareth. Go to them…»

«And what do You expect them to do? If He were still here!… But they? They are not saints! My husband was in Jerusalem on that day. And he knows… Oh! no! He knew! He knows nothing any more! He is dead!»

«What did your husband do on that day?»

«When the uproar of the street woke him, he ran up to the terrace of the house where he was with his brothers and he saw the Rabbi pass by, as He was taken to the Praetorium, and with other Galileans he followed Him until He died. They pelted him and the others with stones, when they found out that they were Galileans, up there on the mountain, and they repelled them farther down. But they were there until everything was accomplished. Then… they came away… And now he is dead. Oh! if at least I knew that he is at peace because of his compassion for the Rabbi!»

Jesus does not reply to that wish. But He says: «He will then have seen that there were some disciples on Golgotha. Were all the Galileans perhaps like your husband?»

«Oh! no. Many, also from Nazareth, abused Him. It is known. What a shame!»

«So, if many people also from Nazareth showed no love for their Jesus, and yet He has forgiven them, and many will become holy in future, why do you want to judge all the disciples of Christ in the same way? Do you want to be more severe than God is? God grants much to those who forgive…»

«The good Rabbi is no longer! here! He is no longer here! And my husband is dead.»

«The Rabbi has given His disciples the power to do what He did.»

«I am prepared to believe that. But He alone could defeat death. He alone!»

«And do we not read that Elijah gave the spirit back to the son of the widow of Zarephath? I solemnly tell you that Elijah was a great prophet, but the servants of the Saviour, Who died and has risen because He was the Son of the true God and became incarnate to redeem men, have even a greater power, because on the Cross He forgave them their sins, and they were the first to be forgiven, as He was aware, through divine wisdom, of the true sorrow of their contrite spirits, He sanctified them after His resurrection forgiving them again, and He infused the Holy Spirit into them, so that they could represent Me worthily both with their words and their deeds, and the world might not remain desolate after My departure from it.»

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The woman steps back livelily, dumbfounded. She throws her veil back to look at her companion. But she does not recognise Him. She thinks that she has misunderstood. But she dare not speak any more…

«Are you afraid of Me? First you thought that I was a highwayman ready to snatch the money you have in your breast and serves to buy what is necessary for the burial. And you were afraid. Are you now afraid to know that I am Jesus? And is Jesus not the One Who gives and does not take? He Who saves and does not ruin? Go back, woman. I am the Resurrection and the Life. Sudarium and spices are not necessary for him who is not dead, who is no longer dead, because I am He Who defeats death and rewards who has faith. Go! Go home! Your husband is alive. Not one with faith in Me is left without reward.» He makes the gesture of blessing her and going away.

The woman comes out of her petrification. She does not ask, she does not doubt… Nothing. She falls on her knees, adoring. Then, at last, she opens her mouth and, searching in her breast, she pulls out a small purse, the poor purse of poor people, to whom misery forbids solemn honours for their dead relatives, and offering her purse she says: «I have nothing else… nothing else to tell You my gratitude, to honour You, to…»

«I no longer need money, woman. You will take it to My apostles.»

«Oh! yes. I will go to them with my husband… But what can I give You, my Lord? What? You appeared to me… this miracle… and I did not recognise You… and I so upset… yes, unjust even with things…»

«Yes. And you did not think that they are because I am, and that everything that God made is good. If there had been no sun, if there had been no corn, you would not have had the present grace.»

«But how much sorrow!…» The woman weeps remembering it.

Jesus smiles and shows His hands saying: «This is the least part of My sorrow. And I consumed it all, without complaing, for your welfare.»

The woman stoops to the ground to confess: «It is true. Forgive my lament.»

632.46

Jesus disappears in His light, and when she looks up she sees that she is alone. She stands up, looks round. Nothing can prevent her from seeing, because it is broad daylight, and there is nothing but fields of crops around. The woman says to herself: «And yet I have not dreamt!» Perhaps the demon tempts her to make her doubt, because she is in a state of uncertainty for a moment, while she weighs her purse in her hands.

But then faith triumphs, and she turns her back to the place where she was going, retracing her steps, as fast as if the winds were carrying her without making her fatigue, her face shining with a joy which is greater than any human joy, so peaceful it is. Now and again she repeats: «How good is the Lord. He is really God! He is God! Blessed be the Most High and He Whom He sent.» She cannot say anything else. And her litany mingles with the singing of birds.

The woman is so absorbed that she does not hear the greetings of some reapers who see her pass by and ask her where is she coming from at that early hour… One joins her and says to her: «Is Mark better? Have you been for the doctor?»

«Mark died at cock-crow and has risen from the dead. Because the Messiah of the Lord has done that» she replies, walking fast all the time.

«Sorrow has made her insane!» whispers the man, and he shakes his head joining his companions, who have begun to cut the corn.

The fields are filling with more and more people. But curiosity overwhelms many who decide to follow the woman, who quickens her steps more and more.

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She goes on. There is a very poor house, low, solitary, lost in the country. She directs her steps towards it, pressing her hands against her heart.

She goes in. But as soon as she sets foot in it, an old woman throws herself in her arms shouting: «Oh! my daughter, what a grace of the Lord! Take heart, daughter, because what I have to tell you is so great, so happy, that…»

«I know, mother. Mark is no longer dead. Where is he?»

«You know… How?»

«I met the Lord. I did not recognise Him, but He spoke to me and when it pleased Him, He said to me: “Your husband lives”. But here… when?»

«I had just opened the window, and I was looking at the first sunbeam on the fig-tree. Yes, just so. The first beam touched the fig-tree then, against the room… when I heard a deep sigh, like that of one who wakes up. I turned round frightened and I saw Mark sit up and throw behind him the sheet that I had laid on his face, and look up with a face, a face… Then he looked at me and said: “Mother! I am cured!” I… I almost died myself, and he assisted me, and he realised that he had been dead. He does not remember anything. He says that he remembers up to the moment we put him to bed, and then nothing else till he saw an angel, a kind of angel who looked like the Rabbi of Nazareth and who said to him: “Rise!” And he rose. Just when the sun had completely risen.»

«Just when He said to me: “Your husband lives”. Oh! mother, what a grace! How much God has loved us!»

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Those who come in find them embraced, weeping. And they think that Mark is dead and that his wife, in a moment of clearness of mind, has realised her misfortune. But Mark, upon hearing the voices, appears, looking serene, with a child in his arms, and the others holding on his tunic, and he says in a loud voice: «Here I am. Let us bless the Lord!»

The newcomers beset him with questions, and as is usual with human things, discrepancies arise. Some believe in a real resurrection, and some, the majority, say that he had only fallen into a torpor, but he had not died. Some admit that Christ has appeared to Rachel and some say that it is a lot of nonsense, because some say: «He is dead» and some: «He has risen, but He is so indignant, He must be, that He works no more miracles for His murderous people.»

«You can say what you like» says the man losing his patience «and say it where you like. As long as you do not say it here, where the Lord has raised me from the dead. And go away, o unfortunate people! And may Heaven enlighten your heads so that you may believe. But go away now and leave us in peace.» He drives them out and closes the door.

632.49

He presses his wife and mother to his heart and says: «Nazareth is not far. I am going there to proclaim the miracle.»

«That is what the Lord wants, Mark. We will take this money to His disciples. Let us go and bless the Lord. Just as we are. We are poor, but He also was poor, and His apostles will not despise us.»

She busies herself tying the laces of the children’s sandals, while her mother puts some provisions in a bag and closes doors and windows, and Mark goes to do I do not know what.

They go out when they are ready and walk fast, the little ones in their arms, the others happy and somewhat bewildered, eastwards, towards Nazareth, obviously. Perhaps this place is still in the Esdraelon plain, but in a different part than that of Johanan’s estate.


Notes

  1. a accompli le miracle, au chapitre 395.
  2. mes paroles d’adieu, en 394.3.
  3. auquel il a donné son nom, en 76.9/10.
  4. je t’ai rendu la vue, en 358.10.
  5. S’il m’a envoyé l’agneau, en 576.2.
  6. veux-tu encore mourir, comme en 529.8.
  7. Tu l’as fait une fois, au chapitre 359.
  8. les trois sages, rappelés par lui-même en 390.6 ; ma prière, en 390.4.
  9. le tremblement de terre que Jésus lui avait prédit en 381.10.
  10. le dit bien, en Ps 8, 3.
  11. la discussion, en 342.6/7.
  12. qui t’a accueillie, en 254.4/7.
  13. Zacharie, le lévite, rencontré en 201.4 – 281.11.14 – 490.9/10 – 506.1 – 507.2.10/12.
  14. qui m’a donné mes yeux, en 473.2/6.
  15. Parricide, comme en 548.15, en référence à 520.6/11 et 535.11.

Notes

  1. worked the miracle, in 395.
  2. My words of the farewell, in 394.3.
  3. He gave His name, in 76.9/10.
  4. I gave your sight, in 358.10.
  5. sent me the lamb, in 576.2.
  6. you still wish to die now, as in 529.8.
  7. You did once, in 359.
  8. three wise men, in 309.6; my prayer, in 390.4.
  9. the earthquake, foretold in 381.10.
  10. says, in Psalm 8:3.
  11. the dispute, in 342.6/7.
  12. Who gladly received you, in 254.4/7.
  13. the Levite, in: 201.4 – 281.11.14 – 490.9/10 – 506.1 – 507.2.10/12.
  14. gave me my eyes, in 473.2/6.
  15. Parricide, as in 548.15, with reference to 520.6/11 and 535.11.