The Writings of Maria Valtorta

64. La guérison du paralytique à Capharnaüm.

64. The paralytic healed in Capernaum.

64.1

Je vois les rives du lac de Génésareth ainsi que les barques des pécheurs tirées sur la rive. Là, adossés aux barques, se trouvent Pierre et André, occupés à raccommoder les filets que leurs employés leur apportent, dégoulinants, après les avoir débarrassés dans le lac des débris qui y sont restés accrochés. A une dizaine de mètres, Jean et Jacques, penchés sur leur barque, s’occupent à tout mettre en ordre, aidés par un jeune employé et par un homme de cinquante à cinquante-cinq ans qui, je pense, est Zébédée, car l’employé l’appelle “ patron ” et il ressemble beaucoup à Jacques.

Pierre et André, les épaules appuyées à la barque, travaillent silencieusement à réparer les mailles et les flotteurs de position. De temps à autre seulement, ils échangent quelques mots sur leur travail qui, à ce que je comprends, a été infructueux.

Pierre ne se plaint pas de sa bourse vide, ni de la fatigue inutile, mais il dit :

« Cela me déplaît… car comment ferons-nous pour donner de la nourriture à ces pauvres gens ? Il ne nous arrive que de rares offrandes et, ces dix deniers et sept drachmes que nous avons reçus pendant ces quatre jours, je n’y touche pas. Seul le Maître doit nous indiquer à qui doit aller cet argent. Or il ne revient pas avant le sabbat ! Si encore notre pêche avait été bonne !… Le menu fretin, je l’aurais cuisiné et donné à ces pauvres gens… et s’il s’était trouvé quelqu’un pour murmurer à la maison, cela ne m’aurait rien fait. Les gens bien portants peuvent chercher des vivres, mais les malades !…

– Et puis ce paralytique !… Ils ont déjà fait tant de chemin pour l’amener ici…, dit André.

– Ecoute, mon frère. Moi je pense… qu’on ne peut rester séparés et je ne sais pas pourquoi le Maître ne veut pas que nous restions tout le temps avec lui. Au moins… je ne verrais plus ces pauvres gens que je ne puis secourir, et si je les voyais, je pourrais leur dire : “ Il est ici. ”

64.2

– Je suis ici ! »

Jésus s’est approché en marchant doucement sur le sable mou.

Pierre et André sursautent. Ils poussent un cri :

« Oh ! Maître ! » et appellent : « Jacques, Jean ! C’est le Maître, venez ! »

Les deux hommes accourent et tous se pressent auprès de Jésus. C’est à qui embrasse son habit, ses mains, Jean va jusqu’à lui passer le bras autour de la taille et poser sa tête sur sa poitrine. Jésus lui donne un baiser sur les cheveux.

« De quoi parliez-vous ?

– Maître… nous disions que nous aurions bien voulu que tu sois ici.

– Pourquoi, mes amis ?

– Pour te voir et t’aimer, et puis pour des pauvres et des malades. Ils t’attendent depuis deux jours et plus… J’ai fait ce que je pouvais. Je les ai mis là, tu vois, dans cette cabane, dans ce champ inculte. C’est là que les artisans qui s’occupent des barques travaillent aux réparations. J’y ai abrité un paralytique, un homme en proie à une forte fièvre, un enfant qui se meurt sur le sein de sa mère. Je ne pouvais les envoyer à ta recherche.

– Tu as bien fait. Mais comment as-tu pu les secourir, eux et ceux qui les ont amenés ? Tu m’as dit qu’ils sont pauvres !

– Certainement, Maître. Les riches ont des chars et des chevaux. Les pauvres, eux, n’ont que leurs jambes. Ils sont en trop mauvais état pour venir te trouver. J’ai fait comme j’ai pu. Regarde : voici l’obole que j’ai reçue. Je n’y ai pas touché. Tu t’en chargeras.

– Pierre, tu pouvais la donner toi-même. Bien sûr… mon Pierre, je suis peiné qu’à cause de moi tu aies subi reproches et fatigues.

– Non, Seigneur, tu ne dois pas t’en affliger. Moi, je n’en souffre pas. Cela me peine seulement de n’avoir pu faire preuve de plus de charité. Mais crois-le bien, j’ai fait – nous avons tous fait – ce que nous avons pu.

– Je le sais. Je sais que tu as travaillé pour rien. Mais, en l’absence de la nourriture, ta charité reste : vivante, active, sainte aux yeux de Dieu. »

64.3

Des enfants sont accourus en criant :

« C’est le Maître ! C’est le Maître ! Voilà Jésus, voilà Jésus ! »

Ils s’attachent à lui, qui les caresse tout en parlant à ses disciples.

« Simon, j’entre dans ta maison. Toi et vous autres allez dire que je suis arrivé, puis amenez-moi les malades. »

Les disciples partent rapidement dans plusieurs directions. Mais tout Capharnaüm sait déjà que Jésus est arrivé grâce aux enfants qui ressemblent à des abeilles sorties de la ruche pour aller vers les fleurs, en l’occurrence les maisons, les rues, les places. Tout joyeux, ils vont et viennent, portant la nou­velle à leur maman, aux passants, aux vieillards assis au soleil, après quoi ils reviennent se faire caresser encore par celui qui les aime. L’un d’eux s’enhardit :

« Parle-nous, parle pour nous, Jésus, aujourd’hui. Nous t’aimons bien, tu sais, et nous sommes meilleurs que les hommes. »

Jésus sourit au petit psychologue et promet :

« Je parlerai pour vous seuls. »

Et, suivi par les enfants, il va à la maison et entre avec sa salutation habituelle :

« Que la paix soit dans cette maison ! »

Les gens affluent dans la grande pièce de derrière, réservée aux filets, cordages, paniers, rames, voiles et provisions. On voit que Pierre l’a mise à la disposition de Jésus. Il a tout entassé dans un coin pour faire de la place. De là, on ne voit pas le lac, on entend seulement le léger clapotis des vagues. On voit en revanche le muret verdâtre du jardin, avec la vieille vigne et le figuier feuillu. Il y a des gens jusque sur la route, débordant de la pièce dans le jardin, et de là sur le chemin.

64.4

Jésus commence à parler. Au premier rang, cinq person­nages… de haut rang ont d’autorité pris la place, grâce à la crainte qu’ils inspirent au peuple. Leurs larges manteaux, leurs riches habits et leur orgueil, tout indique que ce sont des pharisiens et des docteurs. Jésus cependant tient à avoir autour de lui ses petits : une couronne de petits visages innocents, aux yeux lumineux et aux sourires angéliques, qui se lèvent pour le contempler. Jésus parle, et tout en parlant, caresse de temps à autre la tête frisée d’un bambin assis à ses pieds qui tient sa tête appuyée sur ses genoux, sur ses bras croisés. Jésus parle assis sur un grand tas de filets et de paniers.

« “ Mon bien-aimé est descendu dans son jardin, aux par­terres embaumés, pour se repaître dans les jardins et pour cueillir des lys… Il se repaît parmi les lys ” : ce sont les mots de Salomon[1], fils de David, dont je descends, moi, le Messie d’Israël.

Mon jardin ! Quel jardin est plus beau et plus digne de Dieu que le Ciel, celui dont les fleurs sont les anges que Dieu a créés ? Et pourtant non. C’est un autre jardin qu’a voulu le Fils unique du Père, le Fils de l’homme, car pour l’homme, je me suis revêtu de chair sans laquelle je ne pourrais racheter[2] les fautes de la chair de l’homme. Ce jardin aurait pu être de peu inférieur au jardin du Ciel si les fils d’Adam, les fils de Dieu, s’étaient répandus du paradis terrestre, comme les douces abeilles au sortir d’une ruche, pour peupler la terre d’un peuple de saints tout entier destiné au Ciel. Mais l’Ennemi a semé ronces et épines dans le cœur d’Adam, et de là, elles se sont répandues sur la terre. Ce n’est plus un jardin, mais une forêt sauvage et cruelle où réside la fièvre et où se niche le serpent.

Toutefois, le Bien-Aimé du Père a encore un jardin, sur cette terre où règne Mammon : le jardin où il va se repaître de sa cé­leste nourriture que sont amour et pureté ; le parterre où il cueille les fleurs qui lui sont chères, où ne se trouvent pas les taches de la sensualité, de la convoitise, de l’orgueil. Ceux-ci. (Jésus caresse le plus grand nombre d’enfants qu’il peut, passant la main sur la couronne des petites têtes attentives, une unique caresse qui les effleure et les fait sourire de joie.) Voici mes lys.

Salomon, dans toute sa richesse, n’a pas possédé de plus beau vêtement que le lys qui parfume la vallée, ni de diadème d’une beauté plus immatérielle et d’une grâce plus éclatante que celle du calice au teint de perle d’un lys. Et pourtant, pour mon cœur, il n’y a pas de lys qui vaille un seul de ces tout-petits. Il n’y a pas de parterre, il n’y a pas de jardin de riches, planté uniquement de lys, qui vaille autant qu’un seul de ces enfants purs, innocents, sincères et simples.

O hommes ! O femmes d’Israël ! Et vous, grands et humbles par la fortune et la situation, écoutez ! Vous qui êtes ici pour me connaître et m’aimer, sachez donc quelle est la condition primordiale pour être à moi. Je ne vous dis pas des paroles difficiles. Je ne vous donne pas d’exemples plus difficiles encore. Je vous dis : “ Prenez exemple sur ceux-ci. ”

Qui d’entre vous n’a pas chez lui un fils, un petit-fils, un petit frère encore enfant, encore tout petit ? N’est-il pas un repos, un réconfort, un lien entre les époux, entre les parents, entre les amis, l’un de ces innocents dont l’âme est pure comme une aube sereine, dont le visage dissipe les nuages et fait naître l’espoir, dont les caresses sèchent les larmes et déversent une force vi­tale ? Pourquoi un tel pouvoir chez eux ? Ils sont pourtant faibles, désarmés, encore ignorants. Parce qu’ils ont Dieu en eux, ils ont la force et la sagesse de Dieu. La vraie sagesse : ils savent aimer et croire. Ils savent croire et vouloir. Ils savent vivre dans cet amour et dans cette foi. Soyez comme eux : simples, purs, aimants, sincères, croyants.

Il n’est pas de sage en Israël qui soit plus grand que le plus petit de ceux-ci, dont l’âme est à Dieu et à laquelle appartient son Royaume. Vous qui êtes bénis du Père, aimés par le Fils du Père, vous les fleurs de mon jardin, que ma paix soit sur vous et sur ceux qui vous imiteront par amour pour moi. »

Jésus a terminé.

64.5

« Maître ! Crie Pierre du milieu de la foule, il y a ici des ma­lades. Deux peuvent attendre que tu sortes, mais celui-ci est bloqué par la foule… et puis il ne peut se tenir debout, et nous ne pouvons passer. Je le renvoie ?

– Non, descendez-le par le toit.

– Bien, nous le faisons tout de suite. »

On entend marcher sur le toit de la pièce ; comme elle ne fait pas vraiment partie de la maison, elle n’a pas de terrasse de ciment, mais une sorte de revêtement de fascines qui porte des espèces d’ardoises. Je ne sais de quelles pierres il peut s’agir. On pratique une ouverture et, avec des cordes, on descend le grabat sur lequel se trouve l’infirme. Il arrive juste devant Jésus. La foule s’agglutine plus encore, pour mieux voir.

« Tu as eu une grande foi, comme aussi tes porteurs.

– Oh ! Seigneur ! Comment ne pas en avoir pour toi ?

– Eh bien, je te le dis : mon fils (l’homme est jeune), tous tes péchés te sont remis. »

L’homme le regarde en pleurant… Peut-être reste-t-il un peu insatisfait parce qu’il espérait une guérison physique. Les pharisiens et les docteurs murmurent. Du nez, du front et de la bouche, ils font une grimace dédaigneuse.

« Pourquoi ces murmures, dans vos cœurs plus encore que sur vos lèvres ? D’après vous, est-il plus facile de dire au paraly­tique : “ Tes péchés te sont remis ”, ou bien : “ Lève-toi, prends ton grabat et marche ” ? Vous pensez que seul Dieu peut remettre les péchés, mais vous ne savez pas dire ce qu’il y a de plus grand, car cet homme, qui a perdu l’usage de ses facultés corporelles, a dépensé toutes ses ressources sans qu’on puisse le guérir. Il n’y a que Dieu qui ait ce pouvoir. Or, pour que vous sachiez que je peux tout, pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a pouvoir sur la chair et sur l’âme, sur la terre et au Ciel, je dis à cet homme : “ Lève-toi, prends ton grabat et marche. Rentre chez toi et sois saint. ” »

L’homme sursaute, pousse un cri, se dresse debout, se jette aux pieds de Jésus, les embrasse et les caresse, pleure et rit à la fois, et avec lui ses parents et la foule qui ensuite se range pour qu’il passe en triomphe et le suit en lui faisant fête. La foule, oui, mais pas les cinq hommes hargneux qui s’en vont, hautains et raides comme des piquets.

64.6

Cela permet à la mère d’entrer avec son petit encore au sein, mais absolument squelettique. Elle le tend à Jésus avec ces seuls mots :

« Jésus, tu les aimes, ces petits. Tu l’as dit. Au nom de ton amour, et de ta Mère !… »

Elle pleure.

Jésus prend le bébé vraiment moribond, le pose contre son cœur. Il tient un moment contre sa bouche son petit visage cireux, aux lèvres violacées et aux paupières déjà closes. Il le tient ainsi un moment … et quand il le détache de sa barbe blonde, son petit visage est rose, sa petite bouche esquisse un sourire enfantin, ses yeux regardent tout autour de lui, vivants et curieux, ses mains, auparavant contractées et qui s’abandonnaient, jouent dans la chevelure et la barbe de Jésus, qui rit.

« Oh ! Mon fils ! S’écrie la maman, toute radieuse.

– Prends-le, femme, sois heureuse et bonne. »

La femme saisit son bébé revenu à la vie, le serre sur son sein et le petit fait valoir tout de suite ses droits à la nourriture. Il fouille, ouvre et tète, avide et apaisé.

Jésus bénit et passe. Il va sur le seuil, où se trouve le malade qui a une forte fièvre.

« Maître, sois bon !

– Et toi aussi. Consacre à la justice tes forces retrouvées. »

Il le caresse et sort.

64.7

Il retourne sur le rivage, suivi, précédé, béni par une foule de gens qui le supplient :

« Nous, nous ne t’avons pas entendu. Nous ne pouvions pas entrer. Parle-nous, à nous aussi. »

Jésus fait signe que oui et, comme la foule le serre à l’étouffer, il monte sur la barque de Pierre. Cela ne suffit pas. L’assaut se fait pressant.

« Mets la barque à la mer et éloigne-toi un peu. »

C’est la fin de la vision.

64.1

I see the shore of the lake of Gennesaret. And I can see the boats beached by the fishermen; on the foreshore, leaning against the boats, are Peter and Andrew, intent on mending the nets, which their assistants bring them still dripping, having rinsed them in the lake to remove entangled rubbish. About ten yards away, John and James, bent over their boat, are busy at tidying it up, and they are helped by an assistant and by a man about fifty or fifty-five years old, who I think is Zebedee, because the assistant calls him «master» and also because he is very like James.

Peter and Andrew, with their backs to the boat, are working silently knotting the threads of the nets and fixing corks to them. Now and again they exchange a few words about their work, which, as far as I understand, has not been profitable.

Peter is sorry about it, not because of the loss of profit or the unprofitable work, but he says: «I am sorry, because… what shall we do to feed these poor people? We receive only occasional offerings and I am not going to touch the ten pieces of silver and the seven drachmas we collected during the last four days. Only the Master can tell me to whom and how that money is to be given. And He will not be back here until Sabbath! If we had had a good haul!… I would have cooked the small fish for the poor… and if anyone at home grumbled, I would not have cared. Healthy people can find food for themselves. But sick people!…»

«Above all that paralytic!… They have already travelled so much to bring him here…» says Andrew.

«Listen, brother. I think… we can’t remain divided like this, and I don’t know why the Master does not want us with Him all the time. At least… I would not see these poor people whom I can’t help, and if I saw them I would say to them: “He is here”.»

64.2

«I am here!» Jesus has come near them, walking quietly on the soft sand.

Peter and Andrew start. They exclaim: «Oh! Master!» and they shout: «James! John! The Master! Come here!»

The two brothers rush towards them. They all draw close to Jesus. Some kiss His tunic, some His hands, and John dares to encircle His waist with his arm, and lean his head on Jesus’ chest. Jesus kisses his hair.

«What were you talking about?»

«Master… we were saying that we would have liked to have You.»

«Why, My friends?»

«To see You and love You seeing You, and also because of some poor and sick people. They have been waiting for You for over two days… I did what I could. I put them over there, see that hut in that waste land? Over there the handymen repair the boats. I sheltered there a paralytic, who has a very high temperature, and a little boy who is dying in his mother’s arms. I could not send them away to look for You.»

«You did the right thing. But how have you been able to help them and who brought them here? You said they are poor!»

«Yes, Master, they are. Rich people have horses and carts. Poor people only have their legs. They cannot come looking for You as fast as they would like. I did what I could. Look: here are the offerings I have received. I have not touched anything. You will do that.»

«Peter, you could have done that, too. Certainly… My dear Peter, I am sorry that you should be reproached and have extra work because of Me.»

«No, Lord. You must not be sorry about that. It is no trouble for me. I am only sorry I have not been able to be more charitable. But, believe me, I have done, we have all done what we could.»

«I know. I know you have worked and in vain. But if there is no food, your charity remains: alive, active and holy in the eyes of God.»

64.3

Some children have rushed around them shouting: «The Master! The Master is here! Here is Jesus, here is Jesus!» and they draw close to Him, Who caresses them while speaking to His disciples.

«Simon, I am going into your house. You will all go and tell the people that I am back and then bring Me the sick ones.»

The disciples go away quickly in different directions. But the whole of Capernaum knows that Jesus has come, thanks to the children who are like bees swarming from the beehive to the various flowers; in our case to the houses, the streets and the squares. They come and go rejoicing, informing their mothers, passers-by, old people sitting in the sun, and they run back to be caressed by Him Who loves them. One of them, a daring boy says: «Speak to us and for us, today, Jesus. You know we love You and we are better than men.»

Jesus smiles at the young psychologist and promises: «I will speak just for you.» And followed by the children, He goes into the house and enters pronouncing His usual greeting of peace: «Peace to this house.»

People crowd into the big room at the back of the house, which is used as a store for nets, ropes, baskets, oars, sails, and provisions. Peter must have put it at Jesus’ disposal, because everything has been piled up in one corner to make room. The lake cannot be seen from here. Only its gently lapping waves can be heard. Instead one can see the low greenish wall of the kitchen garden, with the old vine and the leafy fig-tree. There are people even on the road, as they pass from the room into the kitchen garden and hence onto the road.

64.4

Jesus begins to speak. In the front row, there are five… high-ranking people, who have elbowed their way through the crowd taking advantage of the fear they strike into poor people. Their sumptuous garments and their pride announce them as Pharisees and doctors. But Jesus wants His little friends around Him, a crown of innocent little faces, of bright eyes, of angelical smiles, all looking up at Him. Jesus speaks and while speaking, now and again He caresses the curly head of a child who is sitting at His feet, resting his head on his little arm bent on Jesus’ lap. Jesus is speaking, sitting on a huge pile of baskets and ropes.

«“My Beloved went down to his garden, to the beds of spices, to pasture his flocks in the gardens, and gather lilies… He pastures his flock among the lilies”, says Solomon[1], the son of David, from whom I descend, I, the Messiah of Israel.

My garden! Which garden is more beautiful and worthy of God than Heaven, where the flowers are the angels created by the Father? And yet, it is not so. The Only Begotten Son of the Father, the Son of man wanted another garden, because it is for the sake of man that I took flesh, without which I would not be able to redeem the faults of the flesh of man. A garden which might have been but little inferior to the heavenly one, if from the earthly Paradise the children of Adam, the children of God, had spread about, like sweet bees from a beehive, to populate the earth with holiness destined entirely for Heaven. But the enemy sowed brambles and thorns in Adam’s heart, and brambles and thorns have overflown from his heart on to the earth. It is no longer a garden, but a wild cruel forest in which fever stagnates and snakes nestle.

And yet the Beloved of the Father still has a garden in this world which is domineered by Mammon. The garden in which He feeds on His celestial food: love and purity; the bed where He picks the flowers dear to Him, flowers not stained with sensuality, greed, pride. These ones. (Jesus caresses as many of the children as He can, patting with His hand the little attentive heads, one big caress that touches them lightly and makes them smile happily). Here are My lilies.

Solomon in all his wealth, did not have a robe more beautiful than the lily that scents the valley, neither did he possess a diadem of a more splendid gracefulness than the one in the pearl chalice of a lily. And yet, for My heart, there is no lily worth one of these. There is no flower-bed, no garden of wealthly people, all cultivated with lilies, that I consider worth only one of these pure, innocent, sincere, simple, little children.

Men and women of Israel! You, great and humble people according to your wealth and position, listen! You are here because you want to know Me and love Me. You must therefore know the first condition to become Mine. I will not speak difficult words. Neither will I give you more difficult examples. I say to you: “Take example from these children”.

Which of you has no children, nephews, or little brothers in their childhood, at home? Are they not a restful comfort, a bond for parents, relatives, friends? Their souls are as pure as a clear dawn, their faces scatter clouds and inspire hope, their caresses dry your tears and give you new strength! Why is there so much power in them, although they are weak, defenceless and still unlearned? Because they have God in themselves, they have strength and wisdom in God. The true wisdom: they know how to love and believe. They know how to believe and want. They know how to live in such love and such faith. Be like them: simple, pure, loving, sincere, faithful.

There is no wise man in Israel greater than the smallest of these children, whose souls belong to God and His Kingdom belongs to them. Blessed by the Father, loved by the Son of the Father, flowers of My garden, may My peace be with you and with whoever will imitate you for My sake.»

Jesus has finished.

64.5

«Master!» shouts Peter amidst the crowd, «the sick people are here. Two of them can wait until You come out, but this one is crushed amongst the crowd and… he cannot stay here any longer. It is impossible for us to come in. Shall I send him back?»

«No, lower him down through the roof.»

«You are right. We will do that at once.»

I can hear them shuffling on the low roof of the big room, the terrace of which is not built of cement, as the store-room is not really part of the house. The roof is formed with branches covered by chips of stone like slate. I do not know what stone it is. They make an opening through which, by means of ropes, they lower down the little stretcher on which the patient is lying. It is lowered in front of Jesus. The crowds throng closer to see.

«Both you and who brought you have great faith.»

«Oh! Lord! How could we have no faith in You?»

«Well, I say to you: son (he is a very young man) your sins are forgiven.»

The man looks at him, crying… perhaps he is somewhat disappointed because he was hoping to be healed in his body. The Pharisees and doctors whisper something to one another turning up their noses, foreheads and mouths in disdain.

«Why are you muttering, more in your hearts than with your lips? According to you, it is easier to say to the paralytic: “Your sins are forgiven” or “Get up, take your little bed and walk away”? You think that only God can forgive sins. But you cannot answer which of these things is greater, because this man, whose whole body is lost to him, has spent a lot of money without being healed. And he can only be healed by God. Now, that you may learn that I can do everything, that you may learn that the Son of man has authority both over bodies and souls, on the earth and in Heaven, I say to him: “Get up. Pick up your bed and walk. Go home and be holy”.»

The man jerks, he shouts, stands up, he throws himself at Jesus’ feet, kisses and caresses them, he cries and laughs, and his relatives and the crowd do likewise. The crowd divides into two to let him pass, as if he were triumphant, and they follow him rejoicing. The five resentful men go away, conceited and as stiff as sticks.

64.6

And so the mother can go in with her child: a little emaciated babe, still unweaned. She holds him out in her hands saying simply: «Jesus, You love them. You said so. For Your love and for Your Mother!…» and she weeps.

Jesus takes the suckling, who is dying, He presses him against His heart, for a moment He holds the little wan face with its little violet lips and its eyelashes already closed, against His mouth. Only one moment thus: when He removes him from His blond beard, the little face is rosy, the tiny mouth smiles vaguely as infants do, his little eyes look around bright and inquisitive, his little hands, which before were lifeless, ruffle Jesus’ hair and beard. And Jesus smiles.

«Oh! My son!» shouts the happy mother.

«Take him, woman. Be happy and good.»

And the woman takes her reborn son and presses him to her heart. And the little one claims his food at once, he searches, finds, opens and sucks, hungry and happy.

Jesus blesses and passes. He goes to the door where the man with the high temperature is.

«Master! Be good!»

«And you, too. Make use of your health in justice.» He caresses him and goes out.

64.7

He goes back to the beach, followed, preceded and blessed by many who implore Him: «We did not hear You. We could not get in. Speak also to us.»

Jesus nods assent and as the crowd press Him to the point of suffocating Him, He gets into Peter’s boat. But it is not sufficient. The siege continues. «Set the boat afloat and move away a little.»

The vision ends here.


Notes

  1. les mots de Salomon que l’on peut lire en : Ct 6, 2-3.
  2. sans laquelle je ne pourrais racheter : non que l’Incarnation soit nécessaire à la Rédemption, mais parce qu’elle correspond à la volonté du Père à laquelle l’obéissance du Fils adhère. Cela transparaît dans toute l’œuvre de Maria Valtorta. La réalité de l’Incarnation du Verbe est affirmée, par exemple, en 207.11 et en 587.3 ; sa raison d’être est expliquée en : 69.5, 96.5 (le Rédempteur ne pouvait être un ange), 126.3, 167.13, 281.16, 444.7, 487.6, 498.5, 567.23. Mais l’Incarnation dont nous parlerons en note de 587.3 a une tout autre signification.

Notes

  1. says Solomon, in Song of songs 6:2-3.