The Writings of Maria Valtorta

651. Commentaires sur la dormition de Marie,

651. On the passage, the Assumption

651.1

[Marie dit :]

« Ai-je été morte ? Oui, si l’on appelle “ mort ” la séparation d’avec le corps de la partie noble de l’esprit. Non, si par “ mort ” on entend d’avec le corps de l’âme qui le vivifie, la corruption de la matière qui n’est plus vivifiée par l’âme, le caractère lugubre du tombeau et, avant tout cela, la douleur de la mort.

Comment suis-je morte, ou plutôt comment suis-je passée de la terre au Ciel, d’abord avec la partie immortelle de mon être, puis avec mon corps impérissable ? Comme cela était juste pour moi, qui n’ai pas connu la tache de la faute.

651.2

Ce soir-là, le repos du sabbat avait déjà commencé. Je parlais avec Jean de Jésus, de ce qui le concernait. La soirée était paisible. Le sabbat avait endormi tout bruit de travaux humains et l’heure éteignait toute voix d’homme ou d’oiseau. Seuls les oliviers bruissaient au vent du soir, et l’on aurait dit qu’un vol d’anges effleurait les murs de la maison solitaire.

Nous parlions de Jésus, du Père, du Royaume des Cieux. Parler de la charité et du Royaume de la charité, c’est s’enflammer d’un feu vivant, consumer les liens de la matière afin de rendre à l’esprit la liberté de partir en envols mystiques. Et si le feu est retenu dans les limites que Dieu met pour garder les créatures sur la terre à son service, on peut vivre et brûler, en trouvant dans son ardeur, non pas un épuisement, mais un achèvement de vie. Mais quand Dieu enlève ces limites et laisse au Feu divin la liberté de pénétrer et d’attirer à lui l’âme sans aucune mesure, alors l’esprit répond à l’Amour sans davantage de mesure, il se sépare de la matière et vole là où l’Amour le pousse et l’invite. C’est alors la fin de l’exil et le retour à la Patrie.

Ce soir-là, à l’ardeur irrésistible, à la vitalité sans bornes de mon esprit, s’unit une douce faiblesse, un mystérieux sentiment d’éloignement de la matière, de ce qui l’entourait, comme si le corps s’endormait par lassitude, alors que l’intelligence et la raison, encore très vives, s’abîmaient dans les splendeurs de Dieu.

Jean, en témoin affectueux et prudent de toute ma conduite depuis qu’il était devenu mon fils adoptif, selon la volonté de mon Fils unique, me persuada doucement de me reposer sur mon lit et me veilla en priant.

Le dernier son que j’entendis sur la terre fut le murmure des paroles de Jean, l’apôtre vierge. Ce fut pour moi comme la berceuse d’une mère près d’un berceau. Elles accompagnèrent jusqu’au Ciel mon âme dans sa dernière extase, trop sublime pour être exprimable.

651.3

Jean, l’unique témoin de ce doux mystère, m’apprêta seul, en m’enveloppant dans mon manteau blanc, sans changer le vêtement et le voile, sans me laver ni m’embaumer. Comme le laissent clairement entendre les paroles[1] de Jean dans le second épisode de ce cycle qui va de la Pentecôte à mon Assomption, son esprit savait déjà que mon corps ne serait pas corrompu et il instruisit l’apôtre de ce qu’il convenait de faire. Comme Jean est chaste, affectueux, prudent à l’égard des mystères de Dieu et de ses compagnons éloignés, il pensa bon de garder le secret et d’attendre les autres serviteurs de Dieu, pour qu’ils me voient encore et tirent de cette vue réconfort et aide pour les peines et les fatigues de leurs missions. Il attendit, comme s’il était sûr de leur venue.

Mais le décret de Dieu était autre. Il était bon, comme toujours, pour le disciple bien-aimé, et juste, comme toujours, pour tous les croyants. Il alourdit les paupières de Jean pour que le sommeil le préserve du déchirement de se voir enlever aussi mon corps. Il a donné aux croyants une vérité de plus pour les porter à croire en la résurrection de la chair et à la récompense d’une vie éternelle et bienheureuse accordée aux justes, ainsi qu’aux vérités les plus puissantes et les plus douces du Nouveau Testament : mon immaculée conception, ma divine maternité virginale, la nature divine et humaine de mon Fils, vrai Dieu et vrai homme, né, non par une volonté charnelle, mais par des noces divines et une semence divine déposée dans mon sein, et enfin pour qu’ils croient qu’au Ciel se trouve mon cœur de Mère des hommes, palpitant d’un amour anxieux pour les justes comme pour les pécheurs, désireux de vous avoir tous avec lui, dans la Patrie bienheureuse, pour l’éternité.

651.4

Quand les anges m’enlevèrent de la petite maison, mon esprit était-il déjà revenu en moi ? Non. Mon esprit ne devait plus redescendre sur la terre. Il était en adoration devant le trône de Dieu. Mais quand la terre, l’exil, le temps et le lieu de la séparation d’avec mon Seigneur un et trine furent abandonnés pour toujours, mon esprit revint resplendir au centre de mon âme en tirant la chair de sa dormition. Il est donc juste de dire que je suis montée au Ciel en corps et en âme, non par mes propres moyens, comme ce fut le cas pour Jésus, mais avec l’aide des anges.

Je me suis réveillée de cette mystérieuse et mystique dormition, je me suis levée, j’ai volé enfin parce que ma chair avait obtenu la perfection des corps glorifiés. Et j’ai aimé. J’ai aimé mon Fils retrouvé et mon Seigneur un et trine, je l’ai aimé comme c’est le destin de tous les éternels vivants. »

Le 5 janvier 1944.

651.5

[Jésus dit :]

« Quand fut venue sa dernière heure, comme un lys épuisé qui, après avoir exhalé tous ses parfums, se penche sous les étoiles et ferme son blanc calice, Marie, ma Mère, s’étendit sur son lit et ferma les yeux à tout ce qui l’entourait pour se recueillir dans une dernière et sereine contemplation de Dieu.

Penché sur son repos, l’ange de Marie attendait impatiemment que l’urgence de l’extase dégage de la chair cet esprit, au temps marqué par le décret de Dieu, et le sépare pour toujours de la terre, pendant que déjà descendait des Cieux la douce invitation du commandement de Dieu.

Penché, de son côté, sur ce mystérieux repos, Jean, cet ange de la terre, veillait aussi la Mère qui allait le quitter. Et lorsqu’il s’aperçut qu’elle s’était éteinte, il la veilla encore pour que, à l’abri des regards profanes et curieux, elle reste même au-delà de la mort l’Epouse et Mère de Dieu immaculée, qui dormait, si belle et paisible.

651.6

Une tradition rapporte que, dans l’urne de Marie ouverte par Thomas, on ne trouva que des fleurs. Pure légende. Aucun tombeau n’a englouti la dépouille de Marie, car, au sens humain, il n’y a jamais eu de dépouille de Marie, puisque Marie n’est pas morte comme meurt quiconque a eu la vie.

Elle s’était seulement, par décret divin, séparée de son esprit, qui avait précédé sa chair et avec lequel elle se réunit. Inversant les lois habituelles, selon lesquelles l’extase finit quand cesse le ravissement, c’est-à-dire quand l’esprit revient à son état normal, ce fut le corps de Marie qui revint s’unir à l’esprit après le long arrêt sur le lit funèbre.

Tout est possible à Dieu. Je suis moi-même sorti du tombeau sans autre aide que ma puissance. Marie est venue à moi, à Dieu, au Ciel, sans connaître le tombeau et l’horrible décomposition. C’est un des miracles les plus éclatants de Dieu. Pas unique, en vérité, si on se souvient d’Enoch et d’Elie qui, parce qu’ils étaient chers au Seigneur, furent enlevés[2] à la terre sans connaître la mort et furent transportés en un lieu connu de Dieu seul et des célestes habitants des Cieux. Ils étaient justes, mais ce n’était rien à côté de ma Mère, dont la sainteté n’est inférieure qu’à celle de Dieu.

C’est pour cela qu’il n’y a pas de reliques du corps et du tombeau de Marie : Marie n’a pas eu de tombeau et son corps a été élevé au Ciel. »

Les 8 et 15 juillet 1944.

651.7

[Marie dit :]

« La conception de mon Fils fut une extase, le mettre au jour une plus grande extase. Mais l’extase des extases fut mon passage de la terre au Ciel. C’est seulement durant la Passion qu’aucune extase ne rendit supportable mon atroce souffrance.

651.8

La maison d’où je suis montée au Ciel était l’une des innombrables générosités de Lazare, pour Jésus et sa Mère. La petite maison de Gethsémani, près du lieu de son Ascension. Inutile d’en chercher les restes : dans la destruction de Jérusalem par les Romains, elle fut dévastée et ses ruines furent dispersées au cours des siècles. »

Le 18 décembre 1943.

651.9

[Marie dit :]

« La naissance de mon Fils fut pour moi une extase, et après avoir été ravie en Dieu, qui me prit à cet instant, je revins à moi-même et à la terre, avec mon enfant dans les bras. De la même manière, ce qu’on appelle improprement ma mort fut un ravissement en Dieu.

Confiante en la promesse que j’avais eue dans la splendeur du matin de la Pentecôte, je pensais que la proximité du moment de la dernière venue de l’Amour pour me ravir en lui, devrait se manifester par un accroissement du feu d’amour qui brûlait en permanence en moi. Et je ne me suis pas trompée.

De mon côté, plus la vie avançait, plus grandissait en moi la soif de me fondre dans l’éternelle Charité. J’y étais poussée par le désir de me réunir à mon Fils, et la certitude que je ne ferais jamais autant pour les hommes que lorsque je me tiendrais en prière au pied du Trône de Dieu. Et c’est avec toujours plus d’ardeur que, de toutes les forces de mon âme, je criais au Ciel : “ Viens, Seigneur Jésus ! Viens, éternel Amour ! ”

651.10

L’Eucharistie, qui était pour moi comme la rosée sur une fleur assoiffée, était vie pour moi, certes, mais plus le temps passait plus elle devenait impuissante à satisfaire l’irrésistible impatience de mon cœur. Il ne me suffisait plus de recevoir en moi mon divin Fils et de le porter au-dedans de moi dans les saintes Espèces comme je l’avais porté dans ma chair virginale. Tout mon être désirait le Dieu un et trine, non pas sous les voiles choisis par mon Jésus pour dissimuler l’ineffable mystère de la foi, mais tel qu’il était, est, et sera au centre du Ciel.

Mon Fils lui-même, dans ses transports eucharistiques, me brûlait par des étreintes de désir infini et chaque fois qu’il venait en moi avec la puissance de son amour, il m’arrachait pour ainsi dire l’âme dans son premier élan, puis il restait avec une tendresse infinie en m’appelant “ Maman ! ”, et je le sentais impatient de m’avoir avec lui.

Je ne désirais rien d’autre. Dans les derniers temps de ma vie mortelle, je n’avais même plus le désir de protéger l’Eglise naissante. Tout avait disparu dans le désir de posséder Dieu, tant j’étais persuadée que l’on peut tout quand on le possède.

651.11

Parvenez, ô chrétiens, à ce total amour. Tout ce qui est terrestre perd sa valeur. Ne regardez que Dieu. Quand vous aurez cette pauvreté de désir, qui est une richesse incommensurable, Dieu se penchera sur votre esprit pour l’instruire d’abord, pour le prendre ensuite, et vous monterez avec lui vers le Père, le Fils, l’Esprit Saint, pour les connaître et les aimer pendant la bienheureuse éternité, et pour posséder leurs richesses de grâces pour vos frères. On n’est jamais si actif pour nos frères que lorsqu’on n’est plus parmi eux, mais que l’on est des lumières réunies à la divine Lumière.

651.12

L’approche de l’Amour éternel correspondit à ce que je pensais. Tout perdit éclat et couleur, son et présence, sous la splendeur et la Voix qui, en descendant des Cieux ouverts à mon regard spirituel, s’abaissaient sur moi pour recueillir mon âme.

On dit que j’aurais jubilé d’être assistée à cette heure par mon Fils. Mais mon doux Jésus était bien présent avec le Père quand l’Amour, c’est-à-dire l’Esprit Saint, troisième personne de la Trinité éternelle, me donna le troisième baiser de ma vie, ce baiser si puissamment divin que mon âme s’exhala en lui, en se perdant dans la contemplation, comme une goutte de rosée aspirée par le soleil dans le calice d’un lys. Et je suis montée, avec mon esprit tout en louange, aux pieds des Trois que j’avais toujours adorés.

Puis, au moment voulu, comme une perle dans un chaton de feu, aidée d’abord, puis suivie par l’armée des esprits angéliques venus m’assister en ce jour éternel de ma naissance céleste, attendue dès le seuil des Cieux par mon Jésus, et sur l’entrée par mon juste époux de la terre, par les rois et patriarches de ma race, par les premiers saints et martyrs, je suis entrée comme Reine, après tant de douleur et tant d’humilité de pauvre servante de Dieu, dans le Royaume de la félicité sans limite.

Et le Ciel s’est refermé sur la joie de me posséder, d’avoir sa Reine dont la chair, unique entre toutes les chairs mortelles, connaissait la glorification avant la Résurrection finale et le Jugement dernier. »

Décembre 1943.

651.13

[Marie dit :]

« Mon humilité ne pouvait me permettre de m’imaginer qu’il m’était réservé tant de gloire au Ciel. Il y avait dans ma pensée la quasi-certitude que ma chair humaine, sanctifiée pour avoir porté Dieu, n’allait pas connaître la corruption, car Dieu est Vie et lorsqu’il comble de lui-même une créature, son action ressemble aux aromates qui préservent de la corruption de la mort.

Non seulement j’étais restée immaculée, non seulement j’avais été unie à Dieu par une chaste et féconde étreinte, mais je m’étais remplie, jusque dans mes plus secrètes profondeurs, des émanations de la Divinité cachée dans mon sein et occupée à se voiler de chair mortelle. Mais j’étais loin de m’imaginer que la bonté de l’Eternel allait réserver à sa servante la joie de sentir de nouveau sur mes membres le contact de la main de mon Fils, son étreinte, son baiser et d’entendre de nouveau sa voix de mes oreilles, de voir de mes yeux son visage. Non, je ne pensais pas que cela me serait permis et je ne le désirais pas. Il m’aurait suffi que ces béatitudes soient accordées à mon esprit et tout mon être en aurait été comblé de joie.

651.14

Mais le Créateur avait destiné l’homme à vivre en passant sans mourir du paradis terrestre au céleste, dans le Royaume éternel, et c’est pour témoigner de sa première pensée créatrice que Dieu m’a voulue, moi l’Immaculée, au Ciel en âme et en corps, sitôt finie ma vie sur terre.

Je suis le témoignage de ce que Dieu avait pensé et voulu pour l’homme : une vie innocente et ignorant les fautes, un tranquille passage de cette vie à la vie éternelle comme quelqu’un qui franchit le seuil de sa maison pour entrer dans un palais. L’homme tout entier, c’est-à-dire, avec son être complet composé d’un corps matériel et d’une âme spirituelle, serait passé de la terre au Ciel. Il aurait ainsi augmenté la perfection de son moi que lui a donnée Dieu, la perfection complète à la fois de la chair et de l’esprit qui était, dans la pensée divine, destinée à toute créature restée fidèle à Dieu et à la grâce. Cette perfection, l’homme l’aurait atteinte dans la pleine lumière qui existe aux Cieux et les remplit, venant de Dieu, Soleil éternel qui les illumine.

651.15

Une fois que je fus élevée en corps et en âme à la gloire des Cieux, Dieu m’a placée devant les patriarches, les prophètes et les saints, devant les anges et les martyrs, et il a dit :

“ Voici l’œuvre parfaite du Créateur. Voici ce que j’ai créé à ma plus véritable image et ressemblance entre tous les enfants de l’homme, fruit d’un chef-d’œuvre de création divine, merveille de l’univers qui voit contenu en un seul être à la fois le divin dans son esprit éternel comme Dieu et comme lui spirituel, intelligent, libre et saint, et la créature matérielle dans la plus sainte et la plus innocente des chairs, devant laquelle tout autre vivant, dans les trois règnes de la création, est obligé de s’incliner.

Voilà le témoignage de mon amour pour l’homme; pour qui j’ai voulu un organisme parfait et le sort bienheureux d’une vie éternelle dans mon Royaume.

Voilà le témoignage de mon pardon accordé à l’homme auquel, par la volonté d’un Amour trine, j’ai accordé de se réhabiliter et de se recréer à mes yeux.

– C’est la pierre de touche mystique, c’est l’anneau qui unit l’homme à Dieu, c’est la Femme qui ramène les temps aux premiers jours et donne à mes yeux divins la joie de contempler Eve telle que je l’ai créée, devenue encore plus belle et plus sainte maintenant qu’elle est la Mère de mon Verbe, et la Martyre du plus grand pardon.

Pour son cœur immaculé qui n’a jamais connu la moindre tache, j’ouvre les trésors du Ciel, et pour sa tête qui n’a jamais connu l’orgueil, je fais de ma splendeur un diadème et je la couronne, puisqu’elle est pour moi la plus sainte, afin qu’elle soit votre Reine. ”

651.16

Au Ciel, il n’y a pas de larmes. Mais au lieu des larmes de joie qu’auraient eues les âmes s’il leur avait été accordé de pleurer — cet épanchement dû à une émotion —, il y eut, après ces divines paroles, un rayonnement de lumières, un épanouissement de beautés en de plus vives splendeurs, une ardeur de flammes d’amour en un feu plus ardent, un son insurpassable et indescriptible d’harmonies célestes auxquelles s’unit la voix de mon Fils pour louer Dieu le Père et sa Servante éternellement bienheureuse. »

Le 1er mai 1946.

651.17

[Jésus dit :]

« Il y a une différence entre la séparation de l’âme d’avec le corps pour une vraie mort, et la séparation momentanée de l’esprit d’avec le corps et l’âme qui le vivifie, par extase ou ravissement contemplatif.

Alors que la séparation de l’âme et du corps provoque une vraie mort, la contemplation extatique, en d’autres termes l’évasion temporaire de l’esprit hors des barrières des sens et de la matière, ne provoque pas la mort. Et cela, parce que l’âme ne se détache pas et ne se sépare pas totalement du corps, mais seulement avec sa partie la plus profonde, qui se plonge dans les feux de la contemplation.

Tous les hommes, tant qu’ils sont en vie, ont en eux une âme, morte par suite du péché ou vivante par la justice, mais seuls ceux qui ont fait preuve d’un grand amour pour Dieu atteignent la contemplation vraie.

Cela tend à montrer que l’âme, qui conserve l’existence tant qu’elle est unie au corps — cette particularité vaut pour tous les hommes —, possède en elle-même une partie plus excellente : l’âme de l’âme — ou l’esprit de l’esprit — qui chez les justes est très forte, alors que chez ceux qui ont cessé d’aimer Dieu et sa Loi, ne serait-ce que par la tiédeur ou les péchés véniels, elle devient faible, privant la créature de la capacité de contempler Dieu et de connaître ses vérités éternelles, autant que peut le faire une créature humaine, selon le degré de perfection qu’elle a atteint.

Plus la créature aime Dieu et le sert de toutes ses forces et possibilités, plus la fine pointe de son âme accroît sa capacité à connaître, contempler et pénétrer les vérités éternelles.

651.18

L’homme, doté d’une âme rationnelle, est une capacité que Dieu emplit de lui-même. Marie, étant la plus sainte de toutes les créatures après le Christ, a été une capacité comblée de Dieu, de ses grâces, de sa charité et de ses miséricordes, et cela au point de déborder sur ses frères dans le Christ de tous les siècles.

Elle a trépassé, submergée par les flots de l’amour. Maintenant, au Ciel, devenue un océan d’amour, elle répand sur les enfants qui lui sont fidèles, et aussi sur les fils prodigues, ses flots débordants de charité pour le salut universel, elle qui est la Mère de tous les hommes. »

651.1

[Mary says:]

«Did I die? Yes, if you call death the separation of the choice part of the spirit from the body. No, if by death you understand the separation of the vivifying soul from the body, the corruption of the flesh no longer vivified by the soul, and before that, the lugubrious sepulchre, and before all these things, the pangs of death.

How did I die, or better, how did I pass from the Earth to Heaven, first with My immortal part, then with the perishable one? As it was fair for Her Who did not become acquainted with the stain of sin.

651.2

That evening, the Sabbatic rest had already begun, I was speaking to John. About Jesus and His things. The evening hour was full of peace. The Sabbath had abated all noises of human works. And the hour was abating every voice of man and bird. Only the olive-trees around the house were rustling in the evening breeze, and a flight of angels seemed to graze the walls of the solitary house.

We were speaking of Jesus, of the Father, of the Kingdom of Heaven. To speak of Love and of the Kingdom of Love, is to become lit with the living fire, consuming the bonds of matter to let the spirit free for its mystic flights. And if the fire is contained within the limits fixed by God to preserve creatures on the Earth, at His service, it is possible to live and burn, finding in the ardour not the consumption, but the completion of life. But when God removes the limits and gives freedom to the divine Fire to assail and attract the spirit to Itself without any measure, then the spirit, replying in turn without measure to the Love, detaches itself from matter and flies where the Love urges and invites it. And it is the end of the exile and the return to the Fatherland.

That evening, the incontainable ardour, the measureless vitality of My spirit was joined by a sweet languor, by a mysterious sensation that matter was moving away from what surrounded it, as if My body, tired, were falling asleep, whilst My intellect, even livelier in its reasoning, was sinking, into the divine brightness.

John, the loving prudent witness of every action of Mine, since he had become My adoptive son, according to the will of My Only-Begotten Son, kindly convinced Me to rest on the little bed and he watched Me praying. The last sound I heard on the Earth was the murmur of the words of John, the virgin apostle. They were for Me like a lullaby of a mother near a cradle. And they accompanied My spirit in its last ecstasy, too sublime to be describe. They accompanied Me as far as Heaven.

651.3

John, the only witness of this sweet mystery, arranged Me by himself, enveloping Me in My white mantle, without changing My dress or veil, without any washing or embalming. The spirit of John, as is evident from his words of the second episode of this cycle that goes from the Pentecost to My Assumption, already knew that I would not decay, and it taught the Apostle what to do. And he, chaste, loving, prudent with regard to the mysteries of God and his remote companions, decided to keep the secret and to wait for the other servants of God, so that they could see Me again, and draw comfort and assistance from that sight for the pains and hardships of their mission. He waited, as if he were certain of their coming.

But the decree of God was different. Good as always for the Favourite. Just as usual for all the believers. He made the eyes of the former heavy with sleep, so that he might be spared the torture of seeing also My body abducted from him. He presented the believers with a further truth that would encourage them to believe in the resurrection of the flesh, in the reward of an eternal blissful life granted to the just, in the most mighty and pleasant truths of the New Testament: My Immaculate Conception, My Divine virginal Maternity, in the divine and human Nature of My Son, true God and true Man, born not by human will but through divine nuptials and divine seed laid in My womb, and lastly, that they might believe that in Heaven there is My Heart of the Mother of all men, palpitating with anxious love for everybody, just people and sinners, eager to have you all with It in the blessed Fatherland forever.

651.4

When I was taken out of the little house by the angels, had My spirit already come back to Me? No. My spirit was not to descend again on the Earth. It was, adoring, before the Throne of God. But when the Earth, the exile, the time and the place of the separation from My One and Trine Lord were left forever, My spirit came back to shine in the centre of My soul, drawing the flesh from its sleep. So it is just to say that I ascended to Heaven in body and soul, not through My own capability, as it happened for Jesus, but through angelic help. I awoke from that mysterious and mystic sleep, I rose, I flew finally, because by now My flesh had achieved the perfection of glorified bodies. And I loved. I loved My Son, Whom I found again, and My Lord, One and Trine, I loved Him as is the destiny of all the eternal living beings.»

5th January 1944.

651.5

[Jesus says:]

«When Her last hour came, like a tired lily that, after exhaling all its scents, bends under the stars and closes its snow-white calyx, Mary, My Mother, lay on Her little bed and closed Her eyes on everything surrounding Her, to collect Her thoughts in a last serene contemplation of God.

Bending over Her rest, the angel of Mary was anxiously waiting for the climax of the ecstasy to separate that spirit from the flesh, for the time decreed by God, and to separate it forever from the Earth, while the sweet inviting command of God was already descending from Heaven.

John, an earthly angel, bent, in his turn, over that mysterious rest, was watching the Mother Who was about to leave him. And when he saw that She had taken her last breath, he continued to watch Her, so that, not violated by profane curious eyes, She should remain, even beyond death, the Immaculate Spouse and Mother of God, so placid and beautiful in Her sleep.

651.6

A tradition says that only flowers were found in the urn of Mary, when it was opened by Thomas. It is a sheer legend. No sepulchre swallowed the corpse of Mary, because there never was a corpse of Mary, according to human sense, because Mary did not die as whoever lived dies.

By divine decree, She was only separated from Her spirit, and Her most holy flesh once again joined the spirit that had preceded it. By inverting the habitual laws, according to which an ecstasy ends when the rapture ceases, that is, when the spirit returns to its normal state, it was Mary’s body that went to join the spirit, after a long rest on the funereal bed.

Everything is possible to God. I came out of the Sepulchre with no other help than My own power. Mary came to Me, to God, to Heaven, without experiencing the sepulchre with its horror of lugubrious rottenness. It is one of the most refulgent miracles of God. Not the only one, really, if we remember Enoch and Elijah who, being dear to the Lord, were abducted[1] from the Earth, without experiencing death, and translated elsewhere, to a place known only to God and to the celestial inhabitants of Heaven. They were just, but always nothing as compared with My Mother, inferior, in holiness, only to God.

That is why there are no relics of the body or of the sepulchre of Mary. Because Mary had no sepulchre, and Her body was brought to Heaven.».

8th and 15th July 1944.

651.7

[Mary says:]

«The conception of My Son was an ecstasy. A greater ecstasy to give birth to Him. The ecstasy of ecstasies was My passage from the Earth to Heaven. Only during the Passion no ecstasy made My cruel suffering endurable.

651.8

The house, from which I was abducted to Heaven, was one of the countless generosities of Lazarus, for Jesus and His Mother. The little house of Gethsemane, near the place of His Ascension. It is useless to look for its remains. In the destruction of Jerusalem by the Romans, it was devastated, and its ruins were scattered in the course of ages.»

18th December 1943.

651.9

[Mary says:]

«As the birth of My Son was an ecstasy to Me, and from the rapture in God that seized Me in that hour, I came to Myself and to the Earth with My Child in My arms, so My improperly called “death” was a rapture in God.

Relying on the promise I had received on the bright morning of Pentecost, I thought that the approaching of the last coming of the Love, to abduct Me with Him, should manifest itself with an increase of the fire of love that always burnt in Me. And I was not wrong.

As far as I was concerned, the more time passed, the more My desire to blend with the Eternal Love increased. I was urged by the desire to join My Son and by the certainty that I could never do so much for men as when I was at the foot of the Throne of God, praying and operating on their behalf. And with a motion more and more inflamed and rapid, I used to cry to Heaven with all the strength of My soul: “Come, Lord Jesus! Come, Eternal Love!”.

651.10

The Eucharist, that was for Me like dew for a parched flower, was indeed life, but the more time passed the more it became insufficient to satisfy the irrepressible eagerness of My heart. It was no longer sufficient for Me to receive My Divine Creature in Me and carry Him within Me in the Sacred Species, as I had carried Him in My virginal body. My whole self wanted the God One and Trine, but not under the veils chosen by My Jesus to hide the ineffable mystery of the Faith, but as He was, is, and will be in the centre of Heaven. My Son Himself, in His Eucharistic transports, inflamed Me with embraces of infinite desire, and every time He came to Me, with the power of His love, He almost eradicated My soul at first, then He remained calling Me with infinite fondness: “Mother!”, and I felt that He was anxious to have Me with Him.

I longed for nothing else. Even the desire to protect the newborn Church was no longer in Me, in the last days of My mortal life. Everything was canceled by the desire to possess God, as I was convinced that one can do everything when one possesses Him.

651.11

Endeavour, o Christians, to arrive at such total love. Let all earthly things be of no value. Aim only at God. When you are rich in this poverty of desire, which is an immeasurable wealth, God will bend over your spirits, to teach them first, to take them later, and you will ascend with them to the Father, to the Son, to the Holy Spirit, to know them and love them for the blessed eternity and to possess their riches of graces for your brothers. Men are never so active for their brothers as when they are no longer among them, but they are lights reunited to the Divine Light.

651.12

The approach of the Eternal Love had the sign that I expected. Everything became devoid of light and colour, voice and presence in the brightness and the Voice that, descending from Heaven, open to My spiritual sight, were coming down upon Me to take My soul. People say that I would have rejoiced at being assisted, in that hour, by My Son. But My sweet Jesus was indeed present with the Father when the Love, that is the Holy Spirit, the Third Person of the Eternal Trinity, kissed Me for the third time in My life, with a kiss so powerfully divine that My soul exhaled, becoming lost in contemplation, like a drop of dew absorbed by the sun in the calyx of a lily. And I ascended with My spirit singing hosannas to the feet of the Three, Whom I had always worshipped.

Then, at the right moment, like a pearl in a setting of fire, assisted at first, then followed by the procession of the angelic spirits who had come to assist Me in My eternal celestial birth, expected by My Jesus even before the threshold of Heaven, and on its threshold by My just earthly spouse, by the Kings and Patriarchs of My stock, by the first saints and martyrs, I entered as Queen, after so much grief and so much humbleness of the poor maid of God, into the kingdom of infinite delight. And Heaven closed again on the joy of having Me, of having its Queen, Whose flesh, the only one among all mortal flesh, was acquainted with glorification before the final resurrection and the last judgement.»

December 1943.

651.13

[Mary says:]

«My humbleness could not allow Me to think that so much glory was reserved for Me in Heaven. In My mind there was the almost certainty that My human flesh, made holy by carrying God, would not have experienced decay, because God is Life, and when He sates and fills a creature with Himself, this action of His is like an aroma that preserves from the corruption of death.

I had remained not only immaculate, not only I had been united to God with a chaste prolific embrace, but I was sated, even as far as My innermost recesses, with the emanations of the Divinity concealed in My womb and intent on being veiled with mortal flesh. But that the kindness of the Eternal Father had reserved for His maid the joy of feeling again the touch of My Son’s hand on My body, His embrace, His kiss, and of hearing again His voice with My ears, of seeing His face with My eyes, I could not think that this would be granted to Me, neither did I wish it. It would have been sufficient if these beatitudes had been granted to My spirit, and that would have filled My ego with blissful happiness.

651.14

But, in witness of His first creative thought concerning man, whom He, the Creator, had destined to live, passing away without death, from the earthly Paradise to the celestial one, in the eternal Kingdom, God wanted Me, the Immaculate, in Heaven, in body and soul, as soon as My earthly life ended.

I am the certain witness of what God had thought and wanted for man: an innocent life and unaware of sin, a placid passage from this life to eternal Life, whereby, like one who passes over the threshold of a house to enter a palace, man with his complete being, made of a material body and a spiritual soul, would pass from the Earth to Paradise, increasing the perfection of his ego, given to him by God, with the complete perfection, both of the body and of the spirit, which was, in the divine mind, destined to every creature who had remained faithful to God and to Grace. Man would have reached this perfection in the full light that is in Heaven and fills it, coming from God, the eternal Sun Who illuminates it.

651.15

God placed Me, elevated in body and soul to the glory of Heaven, before the Patriarchs, the Prophets, the Saints, the Angels and the Martyrs and He said:

“Here is the perfect work of the Creator. This is what I created in My truer image and likeness among all the sons of man, the fruit of a divine creative masterpiece, the wonder of the Universe that sees closed in one only being the divine, in the eternal spirit like God and like Him spiritual, intelligent, free, holy, and the material creature in the most holy and innocent body, to which every other living being, in the three kingdoms of creation, is compelled to bow. This is the witness of My love for man, for whom I wanted a perfect organism and a blissful destiny of eternal life in My Kingdom. This is the witness that I have forgiven man whom, by will of the Trine Love, I granted to be reinstated and recreated in My eyes. This is the mystic stone of comparison, this is the link of junction between man and God, it is She Who takes the times back to the early days and gives My divine Eyes the joy of contemplating an Eve as I had created her, and now made even more beautiful and holy, because She is the Mother of My Word, and because She is the Martyr of the greatest forgiveness. For Her Immaculate Heart that never knew any stain, not even the lightest, I open the treasures of Heaven, and for Her head, that never knew pride, I make a wreath of My brightness and I crown Her, because She is most holy to Me, so that She may be your Queen”.

651.16

There are no tears in Heaven. But in place of the joyful tears, that the spirits would have shed, if they were granted to weep – the liquid that trickles squeezed by an emotion – there was, after these divine words, a sparkling of lights, a changing of splendours into more vivid splendours, a burning of charitable fires in a more ardent fire, an unsurpassable and indescribable playing of celestial harmonies, which were joined by the voice of My Son, in praise of God the Father and of His Maid forever blissful.»

1st May 1946.

651.17

[Jesus says:]

«There is a difference between the separation of the soul from the body, through real death, and the temporary separation of the spirit from the body and from the vivifying soul, through ecstasy or contemplative rapture. While the separation of the soul from the body brings about death, the ecstatic contemplation, that is, the temporary flight of the spirit outside the barriers of senses and matter, does not bring about death. And that because the soul does not become completely detached and separated from the body, but it does so only through its better part, that plunges into the fire of contemplation.

All men, as long as they live, have a soul within themselves, dead or alive as it may be, through sin or justice; but only the deep loving souls of God arrive at real contemplation.

This proves that the soul, that keeps the body alive while it is united to it – and this peculiarity applies to all men in the same way – has in itself a more noble part: the soul of the soul, or spirit of the spirit, which in just people is very strong, whereas in those who cease to love God and His Law, even if only through their tepidness and venial sins, it becomes weak, depriving the person of the capability to contemplate and know God and His eternal truths, as far as a human creature can do so, according to the degree of perfection achieved. The more a creature loves and serves God with all its strength and power, the more the nobler part of its spirit increases its capacity to know, to contemplate and penetrate the eternal truths.

651.18

Man, gifted with a rational soul, is a capacity that God fills with Himself. As Mary, after the Christ, was the most holy of all creatures, She was a capacity so full of God, of His graces, charity and mercy, as to overflow on the brothers in Christ of all ages and until the end of time.

She passed away submerged by the waves of love. Now, in Heaven, where She has become an ocean of love, She overflows Her waves of charity on Her sons faithful to Her and also on Her prodigal ones, for their universal salvation, as She is the universal Mother of all men.»


Notes

  1. paroles qui se trouvent en 642.8/10.
  2. furent enlevés, comme ont le voit en Gn 5, 24 ; Si 44, 16 ; 49, 14 (à propos d’Enoch) ; 2 R 2, 1-13 ; Si 48, 9 (à propos d’Elie).

Notes

  1. were abducted, as in Genesis 5:24; Sirach 44:16; 49:14 (for Enoch); 2 Kings 2:1-13; Sirach 48:9 (for Elijah).