The Writings of Maria Valtorta

89. Jésus prend congé de Jonas, que Simon le Zélote pense affranchir.

89. The farewell from Jonah, whom Simon Zealot

89.1

A peine une lueur de lumière. Sur la porte d’une misérable cabane – ce serait lui faire trop d’honneur de la qualifier de mai­son –, Jésus se trouve avec les siens et Jonas ainsi que d’autres paysans pauvres comme lui. C’est l’heure de l’adieu.

« Je ne te verrai plus, mon Seigneur ? demande Jonas. Tu as apporté la lumière à nos cœurs. Ta bonté a fait de ces jours une fête qui durera toute la vie. Mais tu as vu comment nous sommes traités. On prend mieux soin des animaux que de nous et on traite plus humainement les arbres : ils représentent de l’argent. Nous ne sommes, nous, que des machines à procurer de l’argent. Et on nous exploite jusqu’à ce que nous mourions, à bout de forces. Mais tes paroles ont été pour nous de véritables caresses d’ailes angéliques. Le pain nous a semblé plus abondant et meilleur parce que tu l’as mangé avec nous, ce pain qu’il ne donne même pas à ses chiens. Reviens le rompre avec nous, Seigneur. C’est seulement parce que c’est toi que j’ose le dire. Pour tout autre, ce serait l’offenser que de lui offrir un abri et une nourriture que dédaigne le mendiant. Mais toi…

– Mais moi, j’y trouve un parfum et une saveur célestes parce que foi et amour y règnent. Je reviendrai, Jonas, je reviendrai. Pour ta part, reste à ta place, comme un animal lié aux brancards. Que ta place soit ton échelle de Jacob. Et, réellement, les anges vont et viennent entre le Ciel et toi, attentifs à recueillir tous tes mérites pour les porter à Dieu. Mais je viendrai vers toi, pour élever ton âme. Demeurez-moi tous fidèles. Ah ! Je voudrais vous donner une paix humaine également. Mais je ne le puis. Il me faut vous dire : souffrez encore. Et c’est douloureux pour une personne qui aime…

– Seigneur, si tu nous aimes, il n’est plus de souffrance. Auparavant, nous n’avions personne pour nous aimer… Ah ! Si je pouvais, moi au moins, voir ta Mère !

– Ne t’inquiète pas, je te l’amènerai. Quand la saison sera plus douce, je viendrai avec elle. Ne t’expose pas à des châtiments inhumains par hâte de la voir. Sache l’attendre comme on attend le lever d’une étoile, de la première étoile. Elle t’apparaîtra à l’improviste comme la première étoile du soir qu’on ne voyait pas et qui soudain scintille dans le ciel. Pense même que, dès maintenant, elle répand ses dons d’amour sur toi. Adieu, vous tous ! Que ma paix vous protège contre les duretés qui vous angoissent. Adieu, Jonas. Ne pleure pas. Tu as attendu tant d’années avec une foi patiente ! Je te promets maintenant une attente qui sera bien courte. Ne pleure pas. Je ne te laisserai pas seul. Ta bonté a essuyé mes larmes d’enfant. Ma bonté ne suffit-elle pas à essuyer les tiennes ?

– Oui… mais tu pars… et moi je reste…

– Mon ami, Jonas, ne me laisse pas partir accablé par le poids de ne pouvoir te soulager…

– Je ne pleure pas, Seigneur… Mais comment ferai-je pour vivre sans plus te voir, maintenant que je te sais en vie ? »

Jésus caresse encore le visage défait du vieillard, puis s’éloigne. Mais, parvenu la limite de la misérable cour, il ouvre les bras et bénit la campagne. Puis il s’éloigne.

« Qu’est-ce que tu as fait ? demande Simon qui a remarqué ce geste inhabituel.

– J’ai imprimé un sceau sur toutes les choses pour que les démons ne puissent, en leur nuisant, nuire à ces malheureux. Je ne pouvais rien de plus…

89.2

– Maître… marchons un peu plus vite. Je voudrais te parler discrètement. »

Ils se détachent encore plus du groupe, et Simon dit :

« Je voudrais te dire que Lazare a ordre d’employer l’argent pour venir en aide à tous ceux qui ont recours à lui au nom de Jésus. Ne pourrions-nous pas affranchir Jonas ? Cet homme est usé et n’a plus que la joie de te posséder. Donnons-la-lui. Quel travail peut-il encore accomplir ici ? Libre, il serait ton disciple dans cette plaine si belle et désolée. Les hommes les plus riches d’Israël possèdent ici des terres excellentes et les exploitent avec une usure cruelle, exigeant de leurs travailleurs cent pour un. Je le sais depuis des années. Il te sera difficile de séjourner beaucoup ici, car la secte des pharisiens y règne en maître et je ne crois pas qu’elle te sera jamais amie. Ces travailleurs opprimés et sans lumière comptent parmi les plus malheureux en Israël. Tu l’as entendu : même pour la Pâque, on ne les laisse pas prier en paix, pendant que leurs durs patrons se placent au premier rang des fidèles avec de grands gestes et des mises en scène. Ils auront au moins la joie de savoir que tu es ici, d’entendre répéter tes paroles par quelqu’un qui n’en changera pas un iota. Si c’est ton avis, Maître, donne des ordres et Lazare le fera.

– Simon, j’avais compris pourquoi tu t’es dépouillé de tout. Les pensées de l’homme ne me sont pas inconnues et je t’ai aimé aussi pour cette raison. En rendant heureux Jonas, c’est Jésus que tu rends heureux.

89.3

Ah ! Comme il me pèse de voir souffrir les bons ! Ma condition d’homme pauvre et méprisé par le monde ne me pèse que pour cette raison. Judas, s’il m’entendait, dirait : “ Mais n’es-tu pas le Verbe de Dieu ? Ordonne et les pierres deviendront de l’or et du pain pour les malheureux. ” Il reprendrait le piège de Satan. Je veux bien rassasier les affamés, mais pas comme Judas le voudrait. Vous êtes encore trop peu formés pour comprendre la profondeur de ce que je dis. Mais je te l’affirme, à toi : si Dieu pourvoyait à tout, il commettrait un vol envers ses amis. Il les priverait de la possibilité de se montrer miséricordieux, donc d’obéir au commandement de l’amour. Mes amis doivent avoir cette marque de Dieu, qui leur soit commune avec lui : la sainte miséricorde qui se manifeste en actes et en paroles. Or les malheurs d’autrui fournissent à mes amis la manière de l’exercer. As-tu compris cette pensée ?

– Elle est profonde, je la médite et je m’humilie en comprenant combien je suis obtus et combien Dieu est grand, lui qui veut que nous possédions tous ses attributs les plus doux pour nous appeler ses fils. Dieu se dévoile à moi dans ses multiples perfections par toute la lumière que tu me mets au cœur. De jour en jour, comme un homme qui avance dans un lieu inconnu, je développe la connaissance de cette Réalité immense qu’est la Perfection qui veut nous appeler ses “ fils ”. J’ai l’impression de m’élever comme un aigle ou de plonger comme un poisson dans ces deux immensités infinies que sont le ciel et la mer, mais j’ai beau faire, je n’en touche jamais les limites. Qui donc est Dieu ?

– Dieu est la Perfection qu’on ne peut atteindre, Dieu est la Beauté parfaite, Dieu est la Puissance infinie, Dieu est l’Essence incompréhensible, Dieu est la Bonté insurpassable, Dieu est la Compassion indestructible, Dieu est la Sagesse incommensurable, Dieu est l’Amour devenu Dieu. Il est l’Amour ! Il est l’Amour ! Tu dis que, plus tu connais Dieu dans sa perfection, plus il te semble t’élever ou plonger dans deux immensités infinies d’azur sans ombre… Mais quand tu comprendras ce qu’est l’Amour devenu Dieu, tu ne t’élèveras plus, ne plongeras plus dans l’azur, mais dans un tourbillon éblouissant de flammes, et tu seras aspiré par une béatitude qui sera pour toi mort et vie. Tu auras Dieu en ta totale possession quand, par ta volonté, tu seras arrivé à le comprendre et à le mériter. Alors, tu seras établi en sa perfection.

– Ah Seigneur ! »…

Simon est écrasé.

89.4

Le silence se fait. On a rejoint la route. Jésus s’arrête pour attendre les autres.

Quand le groupe est réuni, Lévi s’agenouille :

« Je devrais te quitter, Maître, mais ton serviteur te fait une prière : emmène-moi chez ta Mère. Celui-ci est orphelin comme moi. Ne me refuse pas ce que tu lui donnes pour que je voie le visage d’une mère…

– Viens, tout ce qu’on demande au nom de ma Mère, je l’accorde au nom de ma Mère. »…

89.5

… Jésus est seul. Il marche rapidement au milieu des oliviers chargés de petites olives déjà bien formées. Le soleil, proche de son crépuscule, darde ses rayons sur les frondaisons des arbres précieux et pacifiques, mais n’arrive à faire filtrer que de rares rayons entre leurs branches serrées. En revanche, la route principale, encaissée entre deux talus, est un ruban poussiéreux d’une clarté aveuglante.

Jésus marche en souriant. Il arrive sur un escarpement… et sourit encore plus radieusement. Voilà Nazareth… Elle paraît trembler sous l’ardeur du soleil. Jésus descend plus vite. Il atteint maintenant la route, sans plus se soucier du soleil. Son pas est leste, on dirait qu’il vole, avec son manteau dont il se protège la tête, mais qui se gonfle et se rabat à ses côtés comme derrière lui. Le chemin est désert et silencieux jusqu’aux premières maisons. Ici ou là on entend venir une voix d’enfant ou de femme de l’intérieur des maisons ou des jardins, des jardins dont les frondaisons jettent leur ombre jusque sur la route. Jésus profite de ces taches d’ombre pour échapper à l’implacable soleil. Il tourne par une ruelle à demi ombragée. Il s’y trouve des femmes groupées autour de la fraîcheur d’un puits. Elles le saluent presque toutes de leurs voix aiguës pour lui souhaiter un heureux retour.

« Paix à vous toutes… Mais faites silence. Je veux faire une surprise à ma Mère.

– Sa belle-sœur est partie avec un broc d’eau fraîche, mais elle doit revenir. Elles sont restées sans eau. La source est à sec ou l’eau se perd dans le sol brûlé avant d’arriver à ton jardin. Nous ne savons pas. C’est ce que Marie, femme d’Alphée, disait à l’instant. La voilà qui vient. »

La mère de Jude et de Jacques arrive, une amphore sur la tête et une autre dans chaque main. Elle ne voit pas Jésus tout de suite et crie :

« ça va plus vite comme ça. Marie est toute triste parce que ses plantes meurent de soif. Ce sont encore celles de Joseph et de Jésus et on dirait que cela lui arrache le cœur de les voir se dessécher.

– Mais maintenant qu’elle va me voir… dit Jésus en apparaissant de derrière le groupe.

– Oh ! Mon Jésus béni ! Je vais lui annoncer…

– Non, j’y vais moi-même. Donne-moi les amphores.

– La porte est entrebâillée. Marie est dans le jardin. Ah ! Comme elle va être heureuse ! Elle parlait de toi encore ce matin. Mais venir avec ce soleil ! Tu transpires ! Tu es seul ?

– Non, avec des amis, mais je suis venu en avant pour voir d’abord Maman. Et Jude ?

– Il est à Capharnaüm. Il y va souvent… »

Marie n’ajoute rien, mais elle sourit, tout en essuyant de son voile le visage baigné de sueur de Jésus.

89.6

Les brocs sont prêts. Jésus en charge deux en équilibre sur ses épaules en se servant de sa ceinture et prend le troisième dans la main.

Il marche vite, arrive à la maison, pousse la porte et pénètre dans la petite pièce, qui paraît sombre quand on vient du plein soleil. Il soulève doucement le rideau qui ferme la porte sur le jardin et observe.

Marie se tient debout près d’un rosier, tournant le dos à la maison, et elle s’apitoie sur la plante assoiffée. Jésus pose le broc par terre, et le cuivre résonne en heurtant un caillou.

« Déjà ici, Marie ? » dit la Mère sans se retourner. « Viens, viens. Regarde ce rosier ! Et ces pauvres lys… Ils vont tous mourir si on ne les secourt pas. Apporte aussi des tuteurs pour redresser cette tige qui tombe.

– Je t’apporte tout, Maman. »

Marie sursaute, se retourne, reste une seconde les yeux écarquillés, puis avec un cri, elle court en tendant les bras vers son fils qui déjà a ouvert les siens et l’attend avec un sourire plein d’amour.

« Oh ! Mon fils !

– Maman chérie ! »

Leurs effusions sont longues, douces, et Marie est si heureuse qu’elle ne s’aperçoit pas que Jésus est tout moite. Et quand elle le remarque :

« Pourquoi, mon Fils, venir à une heure pareille ? Tu es cramoisi et tu dégoulines de sueur comme une éponge. Viens, viens à l’intérieur, que ta maman t’essuie et te rafraîchisse. Je t’apporte tout de suite un habit neuf et des sandales propres. Mais mon Fils ! Mon Fils ! Pourquoi voyager par ce soleil ? Les plantes meurent de chaleur et toi, ma Fleur, tu es sur les routes !

– Pour arriver plus vite chez toi, Maman !

– Oh, mon Fils chéri ! Tu as soif ? Oui, bien sûr. Je vais te préparer…

– Soif de tes baisers, Maman, de tes caresses. Laisse-moi rester ainsi, la tête sur ton épaule, comme quand j’étais tout petit… Oh ! Maman ! Comme tu me manques !

– Mais dis-moi de venir, mon Fils, et je viendrai. Qu’est-ce qui t’a manqué pendant mon absence ? Un plat que tu aimes particulièrement ? Des vêtements frais ? Un lit bien fait ? Ah ! Dis-moi, ma Joie, ce qui t’a manqué. Ta servante, ô mon Seigneur, essaiera d’y pourvoir.

– Rien d’autre que toi… »

Jésus, qui est rentré, tenu par la main par sa Mère, s’est assis sur le coffre près du mur. En face se tient Marie, qu’il entoure de ses bras, appuyant la tête contre son cœur et l’embrassant de temps à autre. Puis il la regarde fixement.

« Laisse-moi te regarder, que ma vue se remplisse de toi, ma sainte Maman !

– D’abord le vêtement. Il ne faut pas rester ainsi trempé de sueur. Viens. »

Jésus obéit.

89.7

Quand il revient avec des vêtements frais, leur doux colloque reprend :

« Je suis venu avec des disciples et des amis. Je les ai quittés dans le bois de Melca. Ils viendront demain, à l’aurore. Moi… je ne pouvais plus attendre. Ma Maman !… »

Il lui baise les mains.

« Marie, femme d’Alphée, s’est retirée pour nous laisser seuls. Elle aussi a compris quelle soif j’avais de toi. Demain… demain, tu appartiendras à mes amis et moi aux Nazaréens. Mais, ce soir, tu es pour moi l’Amie et pareillement je suis à toi. Je t’ai amené… Oh ! Maman : j’ai retrouvé les bergers de Bethléem et je t’ai amené deux d’entre eux. Ils sont orphelins et tu es la Mère. Pour tous ; et encore plus des orphelins. Je t’ai aussi amené quelqu’un qui a besoin de toi pour se dominer lui-même. Et un autre qui est un juste et qui a pleuré. Et puis Jean… Je t’apporte le souvenir d’Elie, d’Isaac, de Tobie – maintenant Mathias –, de Jean et de Siméon. Jonas est le plus malheureux. Je te conduirai à lui. Je le lui ai promis. Les autres, il me faut encore les chercher. Samuel et Joseph reposent dans la paix de Dieu.

– Tu es allé à Bethléem ?

– Oui, Maman. J’y ai amené les disciples que j’avais avec moi. Et je t’en ai apporté ces petites fleurs qui ont poussé entre les pierres du seuil.

– Oh ! »

Marie prend les tiges séchées et les embrasse.

« Et Anne ?

– Elle a péri dans le massacre d’Hérode.

– La pauvre ! Elle t’aimait tant !

– Les habitants de Bethléem ont beaucoup souffert et n’ont pas été justes avec les bergers. Mais ils ont beaucoup souffert…

– Mais ils s’étaient montrés bons avec toi, à l’époque !

– Oui et il faut les plaindre pour cette raison. Satan est envieux de leur bonté et les excite au mal. Je suis aussi allé à Hébron. Les bergers, persécutés…

– A ce point !

– Oui. Ils furent aidés par Zacharie et par lui eurent des patrons et du pain, même si ces patrons étaient des hommes durs. Mais ce sont des âmes de justes et ils se sont servis de leurs persécutions et de leurs blessures pour grandir en sainteté. Je les ai réunis. J’ai guéri Isaac et… et j’ai donné mon nom à un bébé… A Yutta, où habitait Isaac malade et où il est revenu à la vie, il y a maintenant un groupe innocent dont les noms sont Marie, Joseph et Jésaï…

– Oh ! Ton nom !

– Et puis le tien et celui du Juste. Et à Kérioth, le village d’origine d’un disciple, un fidèle israélite est mort sur mon cœur… de la joie de ma présence…

89.8

Et puis… Ah ! Que de choses j’ai à te raconter, ma parfaite Amie, ma douce Mère ! Mais pour commencer, je te prie d’avoir une grande pitié pour ceux qui viendront demain. Ecoute : ils m’aiment… mais ils ne sont pas parfaits. Toi, qui est Maîtresse de vertu… Ah ! Mère, aide-moi à les rendre bons… Je voudrais les sauver tous… »

Jésus s’est laissé glisser aux pieds de Marie. Elle apparaît maintenant dans sa majesté de Mère.

« Mon Fils ! Que veux-tu que ta pauvre Mère fasse de plus que toi ?

– Les sanctifier… Ta vertu sanctifie. Je te les ai amenés exprès. Maman… un jour, je te dirai : “ Viens ”, parce qu’alors il sera urgent de sanctifier les âmes, pour que je puisse trouver en elles la volonté de rédemption. Et tout seul, je ne le pourrais pas… Ton silence sera actif comme ma parole. Ta pureté viendra en aide à ma puissance. Ta présence éloignera Satan… et ton Fils, Maman, trouvera de la force à te savoir toute proche. Tu viendras, n’est-ce pas, ma douce Mère ?

– Jésus ! Mon cher Fils ! Je ne te sens pas heureux… Qu’as-tu, créature de mon cœur ? Le monde s’est montré dur envers toi ? Non ? Cela me soulage de le croire… mais… Oh oui ! Je viendrai. Où tu veux. Comme tu veux. Quand tu veux. Aujourd’hui même, sous le soleil, sous les étoiles, comme dans le froid et sous les ondées. Me veux-tu ? Me voici.

– Non, pas maintenant. Mais un jour… Comme elle est douce, la maison ! Et ta caresse ! Laisse-moi dormir ainsi, la tête sur tes genoux. Je suis si las ! Je suis toujours ton petit enfant… »

Epuisé, Jésus s’endort réellement, assis sur la natte, la tête sur le sein de sa Mère qui, tout heureuse, lui caresse les cheveux.

89.1

The light is so faint it seems to be blinking. At the door of a very poor hut — it would be an overstatement to call it a house — there is Jesus with His disciples, Jonah and other poor peasants like him. It is departure time.

«Will I not see You again, my Lord?» asks Jonah. «You have brought light to our hearts. Your kindness has turned these days into a feast that will last all our lives. But You have seen how we are treated. A mule is taken more care of than we are. And trees receive more human attention. They are money. We are only millstones that earn money. And we are used until we die of excessive toil. But Your words have been as many loving caresses. Our bread seemed more plentiful and it tasted better because You shared it with us, this bread which he does not even give to his dogs. Come back to share it with us, my Lord. Only because it is You, I dare say that. It would be an insult to offer anyone else shelter and food which even a beggar would disdain. But You…»

«But I find in them a heavenly perfume and flavour, because in them there is faith and love. I will come, Jonah. I will come back. You stay in your place, tied like an animal to the shafts. May your place be Jacob’s ladder. And in fact angels come and go from Heaven down to you, carefully gathering all your merits and taking them up to God. But I will come to you. To relieve your spirit. Be faithful to Me, all of you. Oh! I would like to give you also human peace. But I cannot. I must say to you: go on suffering. And that is very sad for One Who loves…»

«Lord, if You love us, we no longer suffer. Before we had no one to love us… Oh! If I could, at least I, see Your Mother!»

«Do not worry. I will bring Her to you. When the weather is milder, I will come with Her. Do not risk incurring cruel punishments on account of your anxiety to see Her. You must wait for Her as you wait for the rising of a star, of the evening star. She will appear to you all of a sudden, exactly as the evening star, which is not there one moment, and a moment later it shines in the sky. And you must consider that even now She is lavishing Her gifts of love on you. Goodbye everybody. May My peace protect you from the harshness of him who torments you. Goodbye, Jonah. Do not cry. You have waited for so many years with patient faith. I now promise you a very short wait. Do not weep. I will not leave you alone. Your kindness wiped My tears when I was a New-Born Baby. Is Mine not sufficient to wipe yours?»

«Yes… but You are going away… and I have to stay here…»

«Jonah, My friend, do not make Me go away depressed because I cannot comfort you…»

«I am not crying, my Lord… But how will I be able to live without seeing You, now that I know that You are alive?»

Jesus caresses the forlorn old man once again and then goes away. But standing on the edge of the miserable threshing-floor, Jesus stretches His arms out and blesses the country. He then departs.

«What have You done, Master?» asks Simon who has noticed the unusual gesture.

«I put a seal on everything. That no demon may damage things and thus cause trouble to those unhappy people. I could do no more…»

89.2

«Master, let us walk on a little faster. I would like to tell You something which I do not want the others to hear.» They move farther away from the group and Simon begins to speak: «I wanted to tell You that Lazarus has instructions to use my money to assist all those who apply to him in Jesus’ name. Could we not free Jonah? That man is worn out and his only joy is to be with You. Let us give him that. What is his work worth here? If instead he were free, he would be Your disciple in this beautiful yet desolate plain. The richest people in Israel own fertile estates here and they exploit them with cruel usury, exacting a hundredfold profit from their workers. I have known that for years. You will not be able to stop here long, because the sect of the Pharisees rules over the country and I do not think it will ever be friendly to You. These oppressed and hopeless workers are the most unhappy people in Israel. You heard it Yourself, not even at Passover have they peace, neither can they pray, whilst their severe masters, with solemn gestures and affected exhibitions, take up prominent positions in front of all the people. At least they will have the joy of knowing that You exist, and of listening to Your words, which will be repeated to them by one who will not alter one single letter. If You agree, Master, please say so, and Lazarus will do the necessary.»

«Simon, I knew why you gave all your property away. The thoughts of men are known to Me. And I loved you also because of that. By making Jonah happy, you make Jesus happy.

89.3

Oh! How it torments Me to see good people suffer! My situation of a poor man despised by the world afflicts Me only because of that. If Judas heard Me, he would say: “But are You not the Word of God? Give the order, and these stones will become gold and bread for the poor people”. He would repeat Satan’s snare. I am anxious to satisfy people’s hunger. But not the way Judas would like. You are not yet sufficiently mature to grasp the depth of what I want to say. But I will tell you: if God saw to everything He would rob His friends. He would deprive them of the chance of being merciful and fulfilling the commandment of love. My friends must possess this mark of God, in common with Him: the holy mercy consisting in deeds and words. And the unhappiness of other people gives My friends the opportunity to practise it. Have you understood what I mean?»

«Your thought is a deep one. I will ponder Your words. And I humble myself, as I see how dull-minded I am and how great God is Who wants us to be gifted with all His most sweet attributes, so that He may call us His children. God is revealed to me in His manifold perfections by every ray of light with which You illuminate my heart. Day by day, like one proceeding in an unknown place, the knowledge of the immense Thing which is the Perfection Which wants to call us His “children” is progressing in me and I seem to be climbing like an eagle or to be diving like a fish into two endless depths, such as sky and sea, and I climb higher and higher and dive deeper and deeper, but I never touch the end. But what is, therefore, God?»

«God is the unattainable Perfection, God is the perfect Beauty, God is the infinite Power, God is the incomprehensible Essence, God is the unsurpassable Bounty, God is the indestructible Mercy, God is the immeasurable Wisdom, God is the Love that became God. He is the Love! He is the Love! You say that the more you know God in His perfection, the higher you seem to climb and the deeper to dive into two endless depths of shadeless blue… But when you understand what is the Love that became God, you will no longer climb or dive into the blue, but into a blazing vortex and you will be drawn towards a beatitude which will be death and life for you. You will possess God, with a perfect possession, when, by your will, you succeed in understanding and deserving Him. You will then be fixed in His perfection.»

«O Lord…» Simon is overwhelmed.

89.4

There is silence. They reach the road. Jesus stops, waiting for the others. When they are all together again, Levi kneels down: «I should be leaving, Master. But Your servant asks You a favour. Take me to Your Mother. This man is an orphan like me. Do not deny me what You give him, that I may see the face of a mother…»

«Come. What is asked in My Mother’s name, I grant in My Mother’s name.»

89.5

… Jesus is by Himself. He is walking fast among the thick olive-trees laden with small fruits which are already well shaped. The sun, although almost setting, is blazing down in the grey-green dome of the precious peaceful trees, but it does not penetrate the tangle of branches beyond providing for a few tiny bright eyelets of light. The main road, on the other hand, embedded in two banks, is a dusty blazing dazzling ribbon.

Jesus proceeds smiling. He reaches a cliff… and smiles even more happily. There is Nazareth… its panorama seems to be flickering, such is the heat of the blazing sun. Jesus goes down even faster. He reaches the road now, without minding the sun. He is walking so fast that He seems to be flying: He has protected His head with His mantle, which blows at His sides and behind Him. The road is deserted and silent as far as the nearest houses. Now and again the voices of a child or a woman can be heard from the inside of a house or a kitchen garden, the trees of which extend their branches over the road. Jesus avails Himself of such shady spots to avoid the merciless sunshine. He turns into a half shaded road. There are some women gathered around a cool well. Almost every one of them greets Him welcoming Him in their shrill voices.

«Peace to you all… But please be silent. I want to give My Mother a surprise.»

«Her sister-in-law has just gone away with a pitcher of cool water. But she is coming back. They are left without any water. The spring is either dry or the water is absorbed by the parched land before reaching Your garden. We don’t know. That’s what Mary of Alphaeus was saying. There she is… she is coming.»

The mother of Judas and James is coming carrying an amphora on her head and another one in her hand. She does not see Jesus at once; she is shouting: «I’ll be quicker this way. Mary is very sad, because Her flowers are dying of thirst. They are the ones planted by Joseph and Jesus and it breaks Her heart to see them withering.»

«But now that She sees Me…» says Jesus appearing from behind the group of women.

«Oh! My Jesus! Blessed You are! I’ll go and tell.»

«No. I will go. Give Me the amphoras.»

«The door is half shut. Mary is in the garden. Oh! How happy She will be! She was speaking of You also this morning. But why come in this heat! You are all sweaty! Are You alone?»

«No. With friends. But I came ahead of them. To see My Mother first. And Judas?»

«He is at Capernaum. He often goes there.» Mary does not say anything else. But she smiles while drying Jesus’ wet face with her veil.

89.6

The pitchers are ready. Jesus takes two, He ties one at each end of His belt which He throws across His shoulder and takes the third one in His hand.

He walks away, turns round a corner, reaches the house, pushes the door, enters the little room which seems dark in comparison with the bright sunshine outside. He slowly lifts the curtain protecting the door of the garden and He watches.

Mary is standing near a rose-bush, with Her back to the house and is pitying the parched plant. Jesus lays the pitcher on the floor and the copper tinkles against a stone. «Are you here already, Mary?» says His Mother without turning round. «Come, come, look at this rose! And these poor lilies. They will all die, if we do not assist them. Bring also some small canes to hold up this falling stalk.»

«I will bring You everything, Mother.»

Mary springs round. She remains for a moment with Her eyes wide open, then with a cry She runs with outstretched arms towards Her Son, Who has already opened His arms and is waiting for Her with the most loving smile.

«Oh! My Son!»

«Mother! Dear!»

Their embrace is a long and loving one and Mary is so happy that She does not feel how hot is Jesus. But then She notices it: «Why, Son, did You come at this time of the day? You are purple red and are perspiring like a sodden sponge. Come inside. That I may dry and refresh You. I will bring You a fresh tunic and clean sandals. My Son! My Son! Why go about in this heat! The plants are dying because of the heat and You, My Flower, are going about.»

«It was to come to You as soon as possible, Mother.»

«Oh! My dear! Are You thirsty? You must be. I will now prepare…»

«Yes, I am thirsty for Your kisses, Mother. And for Your caresses. Let Me stay like this, with My head on Your shoulder, as when I was a little boy… Oh! Mother! How I miss You!»

«Tell Me to come, Son, and I will. What did You lack because of My absence? The food You like? Clean clothes? A well made bed? Oh! My Joy, tell Me what You lacked. Your servant, My Lord, will endeavour to provide.»

«Nothing, but You…»

Jesus goes into the house hand in hand with His Mother. He sits on the chest near the wall, embraces Mary Who is in front of Him, resting His head on Her heart and kissing Her now and again. Now He stares at Her: «Let Me look at You, to My heart’s content, holy Mother of Mine.»

«Your tunic first. It is not good for You to remain so damp. Come.»

Jesus obeys.

89.7

When He comes back wearing a fresh looking tunic, they resume their sweet conversation.

«I have come with My disciples and friends. But I left them in Melcha’s wood. They will come tomorrow at dawn. I… I could not wait any longer. My Mother!…» and He kisses Her hands. «Mary of Alphaeus has gone away to leave us alone. She also understood how anxious I was to be with You. Tomorrow… tomorrow You will attend to My friends and I to the Nazarenes. But this evening You are My Friend and I am Yours. I brought You… Oh! Mother: I found the shepherds of Bethlehem. And I brought You two of them: they are orphans and You are the Mother. Of all men. And more so of orphans. And I brought You also one who needs You to control himself. And another one who is a just man and has suffered so much. And then John… And I brought You the recollections of Elias, Isaac, Tobias, now called Matthew, John and Simeon. Jonah is the most unhappy of them all. I will take You to him… I promised him. I will continue to look for the others. Samuel and Joseph are resting in the peace of God.»

«Were You at Bethlehem?»

«Yes, Mother. I took the disciples who were with Me there. And I brought You these little flowers, that were growing amid the stones of the threshold.»

«Oh!» Mary takes the withered stems and kisses them. «And what about Anne?»

«She died in Herod’s slaughter.»

«Oh! Poor woman! She was so fond of You!»

«The Bethlehemites suffered a lot. But they were not fair to the shepherds. But they suffered a lot…»

«But they were good to You then!»

«Yes. And that is why they are to be pitied. Satan is jealous of their past kindness and urges them to evil things. I was also at Hebron. The shepherds, persecuted…»

«Oh! To that extent?!»

«Yes, they were helped by Zacharias, who got them jobs and food, even if their masters were hard people. But they are just souls and they turned their persecutions and wounds into merits of true holiness. I gathered them together. I cured Isaac… and I gave My name to a little boy… At Juttah, where Isaac was languishing and where he came back to life again, there is now an innocent group, called Mary, Joseph and Jesai…»

«Oh! Your Name!»

«And Yours and the name of the Just One. And at Kerioth, the fatherland of a disciple, a faithful Israelite died resting on My heart. Out of joy, having found Me…

89.8

And then… ah! how many things I have to tell You, My perfect Friend, sweet Mother! But first of all, I beg You, I ask You to have so much mercy on those who will be coming tomorrow. Listen: they love Me… but they are not perfect. You, Teacher of virtue… oh! Mother, help Me to make them good… I would like to save them all…» Jesus has slipped smoothly to Mary’s feet. She now appears in Her Motherly majesty.

«My Son! What do You want Your poor Mother to do better than You do?

«To sanctify them… Your virtue sanctifies. I brought them here deliberately, Mother… one day I will say to You: “Come”, because it will then be urgent to sanctify souls, that I may find them willing to be redeemed. And I will not be able by Myself… Your silence will be as eloquent as My words. Your purity will assist My power. Your presence will keep Satan away… and Your Son, Mother, will feel stronger knowing that You are near Him. You will come, will You not, My sweet Mother?»

«Jesus! Dear Son! I have a feeling that You are not happy… What is the matter, Creature of My heart? Was the world hostile to You? No? It is a relief to believe it… but… Oh! Yes. I will come. Wherever You wish, as and when You wish. Even now, in this blazing sunshine, or by night, in cold or wet weather. You want Me? Here I am.»

«No. Not now. But one day… How sweet is our home. And Your caresses! Let Me sleep thus, with My head on Your knees. I am so tired! I am still Your little Son…»

And Jesus really falls asleep, tired and exhausted, sitting on the mat, His head on the lap of His Mother, Who happily caresses His hair.