The Writings of Maria Valtorta

95. Jacques, fils d’Alphée, reçu parmi les disciples.

95. James of Alphaeus is received among the disciples.

95.1

C’est un matin de marché à Capharnaüm. La place est pleine de marchands d’objets les plus disparates.

Jésus, qui arrive du lac, voit venir à lui ses cousins Jude et Jacques. Il se hâte à leur rencontre et, après les avoir embrassés affectueusement, leur demande avec empressement :

« Votre père ? Qu’en est-il ?

– En ce qui concerne sa vie, rien de nouveau, répond Jude.

– Alors, pourquoi es-tu venu ? Je t’avais dit de rester. »

Jude baisse la tête et se tait, mais c’est Jacques qui explose :

« C’est ma faute s’il ne t’a pas obéi. Oui, c’est ma faute. Mais je n’ai pu continuer à supporter cela. Ils sont tous contre nous. Et pourquoi ? Est-ce que j’agis mal en t’aimant ? Est-ce que nous faisons mal ? Jusqu’à présent j’étais retenu par le scrupule de mal agir. Mais maintenant que je sais, maintenant que tu m’as dit qu’il faut placer Dieu même au-dessus de son père, je n’ai pas pu le supporter plus longtemps. Oh ! J’ai essayé d’être respectueux, de faire entendre raison, de redresser les idées. J’ai dit : “ Pourquoi me combattez-vous ? S’il est bien le prophète, le Messie, pourquoi voulez-vous que le monde puisse dire : ‘ Sa famille lui était hostile. Au milieu d’un monde qui le suivait, elle s’y opposait ’ ? Et pourquoi, si c’est le malheureux que vous prétendez, ne devons-nous pas, nous qui sommes de la famille, l’assister dans sa démence pour empêcher qu’elle ne lui porte tort, à lui comme à nous ? ” Oh ! Jésus, je parlais comme ça pour raisonner humainement, selon leur manière de voir. Mais tu sais bien que Jude et moi, nous ne te croyons pas fou. Tu sais bien que nous voyons en toi le Saint de Dieu. Tu sais que toujours nous t’avons regardé comme notre grande Etoile. Mais ils n’ont pas voulu nous comprendre, ni même nous écouter. Alors je suis parti. Mis en demeure de choisir entre toi, Jésus, ou ma famille, c’est toi que j’ai choisi. Me voilà, si du moins tu veux de moi. Mais si tu ne veux pas, alors je serais le plus malheureux des hommes, parce que je n’aurais plus rien : ni ton amitié ni l’amour de ma famille.

– Nous en sommes là ? Oh ! Mon Jacques, mon pauvre Jacques ! Je n’aurais pas voulu te voir souffrir ainsi, car je t’aime. Mais si Jésus comme homme pleure avec toi, Jésus le Verbe jubile pour toi. Viens ! Je suis certain que ta joie d’apporter Dieu aux hommes augmentera d’heure en heure jusqu’à atteindre la pleine extase à la dernière heure de la terre et à l’heure éternelle du Ciel. »

95.2

Jésus se retourne et hèle ses disciples qui s’étaient arrêtés par délicatesse quelques mètres plus loin.

« Venez, mes amis. Mon cousin Jacques fait maintenant partie de mes amis et par conséquent il est aussi le vôtre. Ah ! Comme j’ai désiré ce moment, ce jour pour lui, mon parfait ami d’enfance, celui qui fut mon frère pendant notre jeunesse ! »

Les disciples font fête au nouveau venu et à Jude qu’ils n’avaient plus vu depuis quelques jours.

« Nous t’avions cherché à la maison… mais tu étais sur le lac.

– Oui, sur le lac pendant deux jours, avec Pierre et les autres. Pierre a fait une bonne pêche, n’est-ce pas ?

– Oui et maintenant, cela me fait mal au cœur, il va me falloir donner pas mal de didrachmes à ce voleur-là… » ; il montre du doigt le gabelou Matthieu dont le comptoir est assiégé par des gens qui paient pour leur emplacement, je crois, ou les denrées.

« Tout sera en proportion, je te dis : plus tu pêches et plus tu paies, mais aussi plus tu gagnes.

– Non, Maître. Plus je pêche et plus je gagne, certes. Mais si je fais deux fois plus de prises, celui-là ne me fait pas payer le double : il faut lui donner le quadruple… Chacal !

– Pierre ! Eh bien, approchons-nous de là. Je veux parler. Il y a toujours des gens près du comptoir de la gabelle.

– Je le crois bien ! Dit Pierre en grommelant. Des gens et des malédictions !

– Eh bien, j’y apporterai des bénédictions. Qui sait si un peu d’honnêteté ne va pas rentrer chez le gabelou ?

– Sois-en sûr, ta parole ne traversera pas sa peau de crocodile.

– Nous verrons bien !

– Que lui diras-tu ?

– Rien directement, mais je parlerai de façon qu’il en prenne aussi pour lui.

– Tu diras que celui qui dépouille les pauvres qui travaillent pour gagner leur pain, et non pas pour les femmes et les soûleries, est un aussi grand voleur que les bandits de grand chemin ?

– Pierre, veux-tu parler à ma place ?

– Oh non, Maître ! Je ne saurais pas bien m’expliquer.

– Et avec l’amertume que tu as en toi, tu te ferais du mal, et à lui aussi. »

95.3

Ils sont arrivés près du comptoir de la gabelle.

Pierre se dispose à payer. Jésus l’arrête et lui dit :

« Donne-moi l’argent. C’est moi qui paie aujourd’hui. »

Pierre le regarde, étonné, et lui donne une bourse de peau bien garnie.

Jésus attend son tour et, quand il est en face du gabelou, il dit :

« Je paie pour huit corbeilles de poisson de Simon-Pierre. Elles sont là, aux pieds des employés. Vérifie, si tu veux. Mais, entre honnêtes gens, la parole devrait suffire. Et je pense que tu me considères bien ainsi. Combien pour la taxe ? »

Matthieu, qui était assis à son comptoir, se lève au moment où Jésus dit : « Je pense que tu me considères bien ainsi. » De petite taille et déjà âgé, à peu près comme Pierre, il montre pourtant un visage fatigué de jouisseur et une évidente confusion. Il reste tête basse au début, puis la lève et regarde Jésus. Jésus le regarde fixement, gravement, le dominant de sa haute taille.

« Combien ? répète Jésus après un moment.

– Il n’y a pas de taxe pour le disciple du Maître » répond Matthieu, qui ajoute plus bas : « Prie pour mon âme.

– Je la porte en moi, car j’y abrite les pécheurs. Mais toi… pourquoi n’en as-tu pas souci ? »

Aussitôt, Jésus lui tourne le dos et revient vers Pierre, resté bouche bée. Les autres aussi sont ébahis. Ils chuchotent, n’en croyant pas leurs yeux…

95.4

Jésus s’adosse à un arbre, à une dizaine de mètres de Matthieu et commence à parler.

« Le monde est comparable à une grande famille dont les membres exercent des métiers différents et tous nécessaires. Il y a les agriculteurs, les bergers, les vignerons, les charpentiers, les pêcheurs, les maçons, les ouvriers du bois et du fer, et puis les écrivains, les soldats, les fonctionnaires affectés à des missions spéciales, les médecins, les prêtres. Il y a de tout. Le monde ne saurait être composé d’une seule catégorie. Les professions sont toutes indispensables, toutes saintes, si elles sont exercées avec honnêteté et justice. Comment peut-on y arriver, si Satan nous tente de tellement de côtés ? En pensant à Dieu – qui voit tout, même les actions les plus cachées – et à sa Loi qui dit : “ Aime ton prochain comme toi-même, ne lui fais pas ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. Ne vole pas, en aucune manière. ”

Dites-moi, vous qui m’écoutez : quand quelqu’un meurt, emporte-t-il avec lui ses sacs d’argent ? Et même s’il était assez sot pour les vouloir auprès de lui dans sa tombe, pourrait-il s’en servir dans l’autre vie ? Non. Les pièces de monnaie s’abîment au contact de la pourriture d’un corps décomposé. Mais son âme, elle, serait nue, plus pauvre que celle du bienheureux Job, ne disposant pas de la plus petite pièce de monnaie, même si, ici-bas et dans la tombe, elle avait laissé des masses de talents. Aussi, écoutez bien ! En vérité, je vous le dis : il est difficile d’acquérir le Ciel par des richesses ; au contraire, on le perd généralement à cause d’elles, même si elles proviennent d’un héritage ou d’un gain honnête, car il y a peu de riches qui sachent en user avec justice.

Alors que faut-il faire, pour posséder ce Ciel béni, ce repos au sein du Père ? Il faut n’être pas avide de richesses. Pas avide dans le sens de ne pas les vouloir à tout prix, même en manquant à l’honnêteté et à l’amour. Pas avide, si, les possédant, on les aime plus que le Ciel, plus que son prochain, en refusant la charité aux personnes dans le besoin. Pas avide de ce que les richesses peuvent procurer : femmes, plaisirs, table opulente, vêtements fastueux qui font offense à la misère de ceux qui ont froid et faim. Il y a bien une manière de changer les monnaies du monde en celles qui ont cours dans le royaume des Cieux : c’est la sainte ruse qui consiste à transformer les richesses humaines, souvent injustes ou causes d’injustices, en richesses éternelles. Il faut pour cela gagner honnêtement sa vie, restituer ce qu’on a pris injustement, faire un usage modéré des biens du monde et sans s’y attacher. Il faut savoir quitter les richesses parce que, tôt ou tard, elles nous quitteront – il faut le garder à l’esprit ! – tandis que le bien accompli ne nous abandonne jamais.

Tous voudraient être qualifiés de “ justes ”, considérés comme tels et récompensés par Dieu pour cette raison. Mais comment Dieu pourrait-il récompenser celui qui n’a du juste que le nom, mais pas les œuvres ? Comment pourrait-il dire : “ Je te pardonne ”, s’il se rend compte que son repentir n’est que dans les mots, sans changement véritable dans son âme ? Il n’y a pas de repentir tant que dure le désir de l’objet qui est cause du péché. Mais quand quelqu’un s’humilie, quand il mutile moralement ce qui est en lui la source d’une passion mauvaise – qu’il s’agisse de femme ou d’or –, quand il dit : “ Pour toi, Seigneur, je ne veux plus entendre parler de tout cela ”, voilà alors un repentir authentique. Et Dieu l’accueille en disant : “ Viens, tu m’es aussi cher qu’un être innocent ou un héros. ” »

Jésus a fini. Il s’en va sans même se tourner vers Matthieu, qui s’est rapproché du cercle des auditeurs dès les premiers mots.

95.5

Quand ils arrivent près de la maison de Pierre, sa femme accourt pour dire quelque chose à son mari. Pierre fait signe à Jésus de s’approcher.

« C’est la mère de Jude et de Jacques. Elle veut te parler, mais sans être vue. Comment faire ?

– Comme ceci : j’entre dans la maison comme pour me reposer et vous tous allez distribuer l’obole aux pauvres. Prends aussi l’argent de la taxe dont il n’a pas voulu. Va. »

Jésus fait un signe pour les congédier tous, pendant que Pierre se charge de les persuader de l’accompagner.

« Où est leur mère, femme ? demande Jésus à l’épouse de Pierre.

– Sur la terrasse, Maître. Il y a encore de l’ombre et de la fraîcheur. Montes-y. Tu y seras plus libre que dans la maison. »

Jésus gravit le petit escalier. Dans un coin, sous la tonnelle drue que forme la vigne, Marie, femme d’Alphée, est assise sur un petit coffre près du parapet, en vêtements sombres, le visage presque caché par son voile. Elle pleure doucement, sans bruit.

Jésus l’appelle :

« Marie, ma chère tante ! »

Elle lève vers lui un pauvre visage angoissé et lui tend les mains :

« Jésus ! Quelle douleur dans mon cœur ! »

Jésus est tout près. Il la force à rester assise, mais lui reste debout, avec son manteau dont il est encore drapé, une main sur l’épaule de sa tante et l’autre entre ses mains.

« Qu’as-tu ? Pourquoi ces larmes ?

– Oh Jésus ! Je me suis échappée de la maison en prétextant : “ Je vais à Cana chercher des œufs et du vin pour le malade. ” Ta Mère est auprès d’Alphée, elle en prend soin comme elle sait si bien le faire, et je suis tranquille. Mais en réalité, c’est ici que je suis venue. J’ai couru toutes les nuits pour y arriver plus tôt. Je n’en peux plus… Mais la fatigue, ce n’est rien. C’est la douleur de mon cœur qui me fait mal !… Mon Alphée… mon Alphée… mes fils… Ah, pourquoi une telle différence entre eux alors qu’ils sont issus d’un même sang ? On dirait les deux meules d’un moulin qui broient le cœur d’une mère. Jude et Jacques sont avec toi ? Oui ? Alors, tu sais… Ah ! Jésus, pourquoi mon Alphée ne comprend-il pas ? Pourquoi mourir ? Pourquoi veut-il mourir ainsi ? Et Simon et Joseph ? Pourquoi, pourquoi ne sont-ils pas avec toi, mais contre toi ?

– Ne pleure pas, Marie. Moi, je n’ai aucune rancœur à leur égard. Je l’ai dit aussi à Jude. Je comprends et je compatis. Si c’est pour cela que tu pleures, il ne faut plus pleurer.

– C’est pour ça, oui, car ils t’offensent. C’est aussi parce que… parce que je ne veux pas que mon époux meure en t’étant hostile. Dieu ne lui pardonnera pas… et moi… je ne l’aurai plus, même dans l’autre vie… »

Marie est vraiment effondrée. Elle pleure à chaudes larmes sur la main que Jésus lui a abandonnée, et de temps à autre elle la baise et lève vers lui son pauvre visage défait.

« Non, dit Jésus. Non, ne dis pas cela. Moi, je pardonne, et si c’est moi qui le fais…

95.6

– Oh ! Viens, Jésus. Viens sauver son corps et son âme. Viens… Pour trouver d’autres motifs d’accusation, ils disent même que tu as enlevé deux fils à un père qui va mourir et ils le colportent dans Nazareth. Comprends-tu ? Mais ils disent aussi : “ Il fait partout des miracles, mais, dans sa propre maison, il ne sait pas en accomplir ! ” Moi, je te défends en disant : “ Que peut-il faire, puisque vous l’avez chassé par vos reproches, et puisque vous ne croyez pas ? ” Alors ils s’en prennent à moi.

– Tu as raison de dire : “ puisque vous ne croyez pas ”. Comment puis-je en faire là où on ne croit pas ?

– Oh, tu peux tout ! Je crois pour tous ! Viens. Fais un miracle… pour ta pauvre tante…

– Je ne le puis. »

Jésus est profondément attristé de le dire. Debout, serrant contre sa poitrine la tête de Marie en pleurs, il semble avouer son impuissance à la nature sereine, il semble en faire le témoin de sa peine d’en être empêché par un décret éternel.

La femme pleure plus fort.

« Ecoute, Marie. Sois raisonnable. Je te jure que si je pouvais, s’il était bien de le faire, je le ferais. J’arracherais au Père cette grâce pour toi, pour ma Mère, pour Jude et Jacques et aussi, oui, aussi pour Alphée, Joseph et Simon. Mais cela m’est impossible. Actuellement, tu souffres trop et tu ne peux comprendre la justice de mon impuissance. Je t’en parle, mais tu ne la comprendras tout de même pas. Quand vint l’heure du départ de mon père – et tu sais combien il était juste et combien ma Mère l’aimait – je n’ai pas prolongé sa vie. Il n’est pas de règle que la famille où vit un saint soit préservée des inévitables malheurs de la vie. S’il en était ainsi, je devrais rester éternellement sur la terre, et pourtant je mourrai, bientôt, et Marie, ma sainte Mère, ne pourra m’arracher à la mort. Je ne le puis. Mais voilà ce qui m’est possible – et je vais le faire –. »

Jésus s’est assis et serre contre son épaule la tête de sa parente.

« Je vais faire ceci : en raison de ta souffrance, je te promets la paix pour ton Alphée, je t’assure que tu n’en seras pas séparée. Je te donne ma parole que notre famille sera réunie au Ciel, rassemblée pour toujours. Tant que je vivrai, et même après, je déverserai toujours dans le cœur de ma chère tante tant de paix, tant de force que je ferai d’elle un apôtre auprès de bien des pauvres femmes qu’il te sera plus facile d’approcher, toi qui es femme. Tu seras pour moi une amie bien-aimée en ce temps d’évangélisation. La mort – ne pleure pas ! – la mort d’Alphée te délivre de tes devoirs d’épouse et t’élève aux devoirs plus sublimes d’un mystique sacerdoce féminin, si nécessaire près de l’autel de la grande Victime et aux yeux de bien des païens dont l’âme sera plus touchée par le saint héroïsme des femmes disciples que par celui des hommes. Ton nom, ma chère tante, sera comme une flamme dans le ciel chrétien… Ne pleure plus. Va en paix. Sois forte, résignée, sainte ! Ma Mère… a été veuve avant toi… Elle te réconfortera comme elle sait le faire. Viens ! Je ne veux pas que tu repartes seule sous ce soleil ; Pierre t’accompagnera en barque jusqu’au Jourdain et de là à Nazareth avec un âne. Sois bonne.

– Bénis-moi, Jésus. Toi, donne-moi la force.

– Oui, je te bénis et te donne un baiser, ma chère tante. »

Il l’embrasse tendrement, et l’étreint encore longuement sur son cœur jusqu’à ce qu’il la voie calmée.

95.1

It is market morning at Capernaum. The square is full of traders selling all kinds of goods.

Jesus, coming from the lake, arrives in the square and sees His cousins Judas and James coming towards Him. He quickens His pace in their direction and after embracing them affectionately, He asks them solicitously: «How is your father? What has happened?»

«Nothing new, as far as his life is concerned» answers Judas.

«Why did you come then? I told you to stay.»

Judas lowers his head and is silent. But James exclaims: «It is my fault if he did not obey You. Yes, it’s my fault. But I could not put up with the situation any longer. They are all against me. Why? Is there any harm in loving You? Are we wrong in being fond of You? So far I was held back by my doubts of doing the wrong thing. But now that I know, now that You said that not even a father is above God, I could not bear the situation any longer. Oh! I have tried to show respect, to make him understand my reasons, to clarify the situation. I said: “Why are you against me? If He is the Prophet, the Messiah, why do you want the world to say: ‘His own family was against Him? The world followed Him, His family did not?’ Because, if He is as insane as you say, should we of the family not be close to Him to prevent His insanity from harming Him and us?” O Jesus, that’s what I said arguing in a human way, as they did. But You know that Judas and I do not believe that You are insane. You know that we consider You the Holy Man of God. You know that we have always looked at You as our Major Star. But they would not understand us. They would not listen to us anymore. And I came away. Between Jesus and the family, I chose You. Here I am, if You want me. If You do not want me, I’ll be the most unhappy of all men, because I will not have anything: neither Your friendship nor the love of the family.»

«Have we got to this stage? O James, My poor James, I wish I had not seen you suffer so, because I love you! But if Jesus-Man is crying with you, Jesus-Word is jubilant on account of you. Come. I am sure that the joy of bringing God to men will increase your happiness every hour of the day until it reaches its full rapture in the last hour of the earth and in the eternal hour of Heaven.»

95.2

Jesus turns around and calls His disciples, who had discreetly stopped a few yards away. «Come here, My friends. My cousin James is now one of My friends and thus a friend of yours. How I longed for this hour, for this day, because he was a perfect friend in My childhood and a good brother in My youth!»

The disciples welcome the newcomer and Judas, whom they had not seen for several days.

«We looked for you at home… but you were on the lake.»

«Yes, I was on the lake for two days with Peter and the others. Peter had a good haul. Is that right?»

«Yes, but what annoys me is that now I will have to give many didrachmas to that thief over there…» and he points at Matthew, the exciseman, whose bench is besieged by people paying for the stall ground, I think, or for food.

«It will all be proportioned, I suppose. The better the haul, the more you pay and the more you earn.»

«No, Master. The more I catch, the more I earn. But if the weight of my draught of fish is doubled, that man there does not make me pay twice as much. He charges me four times as much… The profiteer!»

«Peter! Well, let us go just there. I want to speak. There is always a lot of people near the customs bench.»

«No wonder!» grumbles Peter. «Lots of people and imprecations.»

«Well, I will go and grant blessings. Perhaps some honest feeling will enter the exciseman’s heart.»

«You need not worry about that. Your words will never go through his crocodile skin.»

«We shall see.»

«What are You going to say to him?»

«Nothing directly. But I will speak in such a way that My words will be addressed to him too.»

«Say that a thief is both who assails people in the road and who fleeces poor people who work for their daily bread and not for women and orgies.»

«Peter, do you want to speak in My place?»

«No, Master: I would not be able to speak properly.»

«And with your acrimony you would harm yourself and him.»

95.3

They have reached the customs bench. Peter is about to pay. Jesus stops him and says: «Give Me the money. I will pay today.» Peter looks at Him amazed and then gives Him a leather purse containing some money.

Jesus waits for His turn and when He is before the exciseman He says: «I am paying for eight baskets of fish belonging to Simon of Jonas. The baskets are over there, where the servants are standing. You can check, if you wish. But honest people should be able to trust each other’s word. And I think that you will believe that I am honest. How much do I pay?»

Matthew, who was sitting at his bench, when Jesus says: «And I think that you will believe that I am honest», stands up. He is a small and rather elderly man, about Peter’s age, but his face has the weary look of the pleasure-lover and he is obviously bewildered. At first he lowers his head, then he raises it and looks at Jesus. And Jesus stares at him seriously, dominating him from His imposing height.

«How much?» Jesus asks again, after a few seconds.

«There is no taxation for the disciple of the Master» replies Matthew. And in a lower voice he adds: «Pray for my soul.»

«I carry it within Me, because I am gathering sinners. But… why do you not look after it?» And Jesus turns His back on him at once and goes back to Peter, who is struck with wonder. Also the others are dumbfounded. They whisper and wink meaningfully…

95.4

Jesus leans against a tree, about ten yards from Matthew and begins speaking.

«The world may be compared to a large family, the members of which are in different trades, all of which are necessary. There are farmers, shepherds, vine-dressers, carpenters, fishermen, brick-layers, joiners and blacksmiths, and then clerks, soldiers, officers responsible for special missions, doctors, priests. There is everything. The world could not consist of only one class of people. They are all necessary, all holy, if they do what they should do with honesty and justice. How can they achieve that if Satan tempts them on all sides? By turning their thoughts to God, Who sees everything, also the most concealed deeds, and to His Law, that says: “Love your neighbour as you love yourself, do not do to other people what you do not want done to yourself, do not steal in any way”.

Tell Me, you who are listening to Me: when a man dies, does he take his purses of money with him? And even if he were so silly as to have them buried with him in his tomb, could he make use of them in the other world? No. Money becomes a piece of metal corroded on the rot of a decomposed corpse. But his soul would be naked elsewhere and even poorer than blessed Job, it would be deprived of the smallest coin, even if he had left heaps of talents here in his tomb. Nay, listen, listen! I solemnly tell you that it is difficult to gain Heaven with riches, on the contrary Heaven is generally lost because of riches, also if they are obtained honestly or by inheritance, because only few rich people know how to make use of their wealth honestly.

What is necessary then to gain Paradise and rest on the Father’s bosom? It is important not to be greedy for wealth. That is, not to be eager by wanting wealth at all costs, even by going against honesty and love. Not to be eager to such an extent as to love the wealth one possesses more than Heaven and one’s neighbour, refusing to assist a needy neighbour. Not to be greedy for what wealth can offer, that is: women, pleasures, a bountiful table, magnificent garments, which are an insult to those who are cold and hungry. There is a currency that can change the unjust money of the world into a currency having legal tender in the Kingdom of Heaven. And that is the holy wisdom in turning into eternal riches, the human riches which are often unjust or the cause of injustice. That is, you must earn honestly, give back what you obtained unfairly, make use of your riches with parsimony and detachment, learning how to become detached from them, because sooner or later they will leave us, whereas good deeds will never leave us. You must consider that!

We would all like to be called “just” and to be considered as such and to be rewarded by God for being just. But how can God reward him who is just only by name but in fact is not so? How can He say: “I forgive you”, when repentance is expressed only by word of mouth and is not supported by a real change of the spirit? There is no real repentance as long as the lust for the thing for which we sinned lasts. But when a man humbles himself, when he severs all links with evil passions, such as women or gold and says: “For Your sake, O Lord, I will have no more of this”, he is really repentant. And God receives him saying: “Come, you are as dear to Me as an innocent child, and a hero”.»

Jesus has finished. He goes away without even turning towards Matthew, who had come near the crowd of listeners after the very first words.

95.5

When they are near Peter’s house, his wife runs to meet her husband and says something to him. Peter beckons Jesus to go near him. «The mother of James and Judas is here. She wants to speak to You but does not want to be seen. What shall we do?»

«Thus. I will go into the house as if I wanted to rest and you will all go and give alms to the poor. Take also the money that was not wanted for the taxation. Go.» Jesus waves them all farewell, while Peter harangues them persuading them to go with him.

«Where is the mother, woman?» Jesus asks Peter’s wife.

«On the terrace, Master. It is still in the shade and is cool. You may go up. And there is more privacy than in the house.»

Jesus climbs up the tiny staircase.

In a corner, under the thick vine pergola, there is Mary of Alphaeus, sitting on a little bench against the parapet, dressed completely in black, with her veil pulled over her face. She is weeping, silently.

Jesus calls her: «Mary! My dear aunt!»

She lifts her poor sorrowful face and stretches out her hands. «Jesus! How sad at heart I am!»

Jesus is near her. He makes her remain seated. He remains standing with His mantle on, one hand on His aunt’s shoulder, while the other is clasped within hers. «What is the matter with you? Why are you crying so much?»

«Oh! Jesus! I came away from home saying: “I am going to Cana to get some eggs and wine for the invalid”. Your Mother is with Alphaeus and is nursing him and You know how capable She is, and I am not worried. But actually I came here. I have been running for two nights to get here quicker. I am exhausted… But the exertion is nothing… It’s the pain in my heart that hurts so much!… My Alphaeus… my Alphaeus… my children… Why is there... so much difference between those who are of the same blood and why is such difference as hard as millstones to crush a mother’s heart? Are Judas and James with You? Are they? Then You know… Oh! Jesus! Why does my Alphaeus not understand? Why is he dying? Why does he want to die like that? And Simon and Joseph? Why are they against You and not with You?»

«Do not cry, Mary. I bear them no grudge. I already told Judas. I understand and I am sorry for them. If that is the reason why you are crying, please cry no more.»

«Yes, that’s why, because they offend You. That’s one reason and then… then… I do not want my husband to die being hostile to You. God will not forgive him… and I, oh! I will not have him… not even in future life…» Mary is really distressed. She is crying her heart out and her tears fall on Jesus’ left hand, which she is still holding in her own and now and again kisses it and lifts her poor face tortured by pain.

«No» says Jesus. «No. Do not say that. I forgive. And if I forgive…»

95.6

«Oh! Come, Jesus. Come and save his soul and his body. Come… People are saying also, to accuse You, they are already saying that You have taken away two sons from a dying man, that’s what they are saying in Nazareth, see? They also say: “He works miracles everywhere, but He is not capable of working them in His own home” and they contend with me when to defend You I say: “What can He do if you have practically driven Him away with your reproaches and if you do not believe?”»

«You said the right words: if you do not believe. What can I do where there is no faith?»

«Oh! You can do everything. I believe for them all. Please come. Work a miracle… for Your poor aunt…»

«I cannot.» Jesus is most sad in saying so. Standing up and clasping the head of the crying woman to His chest, he seems to be confessing His inability to nature itself and to be calling nature as a witness to His pain at not being able because of an eternal decree.

The woman is crying even louder.

«Listen, Mary. Be good. I swear that if I could, if it were the right thing to do, I would do it. Oh! I would snatch this grace from the Father, for you, for My Mother, for Judas and James, and also for Alphaeus, Joseph and Simon. But I cannot. You are now so broken-hearted that you cannot understand the justice of My inability. I will tell you, although you will not understand. When it was the hour of My father’s death, I did not bring him back to life again, and you know how just he was and how much My Mother loved him. I did not bring him back to life again. It is not just that a family should be exempt from the inevitable misfortunes of life only because one of its members is a holy person. If that was the case, I should remain on the earth forever, and yet I will soon die, and Mary, My holy Mother, will not be able to snatch Me from death. I cannot. This is what I can do and I will do.» Jesus has sat down and is holding His relative’s head against His shoulder. «This is what I will do. I promise peace for your Alphaeus on account of your pain and I give you assurance that you will not be separated from him and I give you My word that our family will be united again in Heaven forever; and as long as I live and even afterwards, I will grant you so much peace and so much strength that you will become My apostle for so many poor women, whom it will be easier for you, a woman, to contact. You will be My beloved friend in this time of evangelization. Alphaeus’ death — do not cry — will free you from your duties of a wife and will raise you to the more sublime status of a mystical female priesthood, so necessary near the altar of the Great Victim and amongst so many heathens, who will yield more willingly to the holy heroism of female disciples than of male ones. Oh! your name, dear aunt, will be like a bright star in the Christian sky… Do not cry anymore. Go in peace. Be strong, resigned and holy. My Mother… became a widow before you … and will console you as She can console. Come. I do not want you to go away in this heat. Peter will take you in his boat as far as the Jordan and then to Nazareth on a donkey. Be good.»

«Bless me, Jesus. Give me strength.»

«Yes, I bless you and kiss you, My good aunt.» And He kisses her tenderly, pressing her for a long while to His heart until He sees that she has calmed down.