Los Escritos de Maria Valtorta

105. A Nazareth après la mort d’Alphée.

105. En Nazaret por la muerte de Alfeo.

105.1

Le soir descend sous un crépuscule rougeoyant qui, tel un feu qui s’éteint, devient toujours plus sombre jusqu’à prendre une couleur rubis violet. Une teinte splendide, rare, colore le couchant et s’estompe lentement jusqu’à s’évanouir dans le cobalt sombre du ciel, là où l’orient s’avance de plus en plus avec ses étoiles et le croissant de la lune qui arrive déjà à son second quartier. Les agriculteurs se hâtent de regagner leurs logis, où les foyers allumés répandent dans l’air des volutes de fumée au-dessus des basses maisons de Nazareth.

Jésus va arriver en ville et, contrairement à ce que les autres désireraient, il veut que personne n’aille prévenir sa Mère.

« Il n’arrivera rien. Pourquoi l’inquiéter d’avance ? » dit-il.

Le voici déjà au milieu des maisons. Ici un salut, là des chuchotements dans son dos, quelque grossier haussement d’épaules ou encore une porte qui claque quand passe le groupe des apôtres…

La mimique de Pierre est un vrai poème, mais les autres aussi sont un peu inquiets. Les fils d’Alphée ressemblent à deux condamnés. Ils avancent, tête basse, aux côtés de Jésus, mais en observant tout, et de temps à autre ils échangent des regards effrayés, pleins d’appréhension pour Jésus. Mais lui, comme si de rien n’était, répond aux salutations avec son amabilité coutumière et se penche pour caresser les enfants qui, dans leur simplicité, ne prennent pas parti pour celui-ci ou celui-là, et sont des amis indéfectibles de leur Jésus, toujours si affectueux avec eux.

L’un d’eux – un petit bout de chou gros et gras, qui doit avoir quatre ans tout au plus – court à sa rencontre en lâchant la robe de sa mère. Il lui tend ses petits bras en disant :

« Prends-moi ! »

Lorsque Jésus l’attrape pour lui faire plaisir, il l’embrasse de sa bouche toute barbouillée par une figue qu’il suce, puis il pousse son amour jusqu’à offrir à Jésus un morceau de figue en disant :

« Prends ! C’est bon ! »

Jésus accepte son cadeau et rit de recevoir la becquée de cet homme en herbe.

105.2

Isaac, chargé de brocs, arrive de la fontaine. Il voit Jésus, pose les brocs et s’écrie :

« Oh ! Mon Seigneur ! » en courant à sa rencontre. « Ta Mère vient de rentrer chez elle. Elle était chez sa belle-sœur. Mais… as-tu reçu la lettre ? demande-t-il.

– C’est pour cela que je suis ici. Ne dis rien à Maman pour l’instant. Je vais d’abord à la maison d’Alphée. »

Prudent, Isaac dit simplement : « Je t’obéirai », puis il prend ses amphores et rentre chez lui.

« Nous allons nous y rendre. Vous, mes amis, vous nous attendrez ici. Je resterai peu de temps.

– Non, bien sûr, nous n’entrerons pas dans cette maison en deuil, mais nous attendrons là, au dehors. N’est-ce pas ? intervient Pierre.

– Pierre a raison. Nous resterons dans la rue. Mais pas loin de toi. »

Jésus cède à la volonté générale, mais il sourit et dit :

« Ils ne me feront rien, vous pouvez en être sûrs. Ils ne sont pas méchants. Ils sont seulement pris par leurs passions humaines. Allons-y. »

Les voilà sur le chemin de la maison, les voilà sur le seuil du jardin. Jésus marche en premier, Jude et Jacques le suivent.

105.3

Jésus arrive sur le seuil de la cuisine. Marie, femme d’Alphée, se tient près du foyer, elle fait la cuisine, en larmes. Dans un coin, Simon et Joseph sont assis avec d’autres hommes, en cercle. Parmi ces derniers se trouve Alphée, fils de Sarah. Ils sont là, muets comme autant de statues. Est-ce là une coutume ? Je ne sais.

« Paix à cette maison et paix à l’âme qui l’a quittée. »

La veuve pousse un cri et, instinctivement, elle repousse Jésus pour s’interposer entre lui et les autres. Simon et Joseph se lèvent, sombres et interdits. Mais Jésus ne montre pas qu’il s’aperçoit de leur attitude hostile. Il s’avance vers les deux hommes (Simon a déjà cinquante ans et peut-être plus, à en juger sur sa mine). Il leur tend les mains, dans un geste d’affectueuse invitation. Les deux hommes sont plus que jamais interdits, mais ils n’osent se comporter comme des malotrus. Alphée, fils de Sarah, tremble et souffre visiblement. Les autres hommes ont une attitude fermée, attendant ce qui va se passer.

« Simon, toi qui es désormais le chef de famille, pourquoi ne m’accueilles-tu pas ? Je viens pleurer avec toi. J’aurais tellement voulu être avec vous, à l’heure de la souffrance ! Ce n’est pas ma faute si j’étais au loin. Tu es juste, Simon, et tu dois le dire. »

L’homme reste sur la réserve.

« Et toi, Joseph, dont le nom m’est si cher, pourquoi n’accueilles-tu pas mon baiser ? Vous ne me permettez pas de pleurer avec vous ? La mort est un lien qui resserre les vraies affections. Or nous nous aimions. Pourquoi maintenant doit-il y avoir désunion ?

– C’est à cause de toi que notre père est mort torturé » répond durement Joseph. Et Simon :

« Tu aurais dû rester. Tu savais qu’il était mourant. Pourquoi n’es-tu pas resté ? Il désirait ta présence…

– Je n’aurais pas pu faire davantage pour lui que ce que j’avais déjà fait. Vous le savez bien… »

Simon, plus juste, reconnaît :

« C’est vrai. Je sais que tu es venu et qu’il t’a chassé. Mais c’était un homme malade et affligé.

– Je le sais et je l’ai dit à ta mère et à tes frères : “ Je n’éprouve aucune rancune, car je comprends son cœur. ” Mais au-dessus de tout, il y a Dieu. Et Dieu voulait cette souffrance pour tous. Pour moi, croyez-le, j’en ai souffert comme si on m’avait arraché un lambeau de chair vivante ; pour votre père, à qui cette peine a fait comprendre une grande vérité qui lui était restée cachée pendant toute sa vie ; pour vous qui, par cette souffrance, avez la possibilité de faire un sacrifice plus salutaire que l’immolation d’un jeune taureau ; enfin pour Jacques et Jude qui sont aujourd’hui des hommes aussi formés que toi, mon Simon, car ils l’ont bien payé par tant de souffrance. Elle les a moulus comme la pierre meulière. Elle les a rendus adultes et ils sont arrivés à l’âge parfait aux yeux de Dieu.

– Quelle vérité a vue notre père ? Une seule : que son sang, à sa dernière heure, lui a été hostile, réplique durement Joseph.

– Non, au-dessus du sang, il y a l’esprit. Il a compris la douleur d’Abraham, ce qui lui a permis d’obtenir l’aide d’Abraham, répond Jésus.

– Si cela pouvait être vrai ! Mais qui nous l’assure ?

– Moi, Simon. Et plus encore la mort de ton père. Ne m’a-t-il pas cherché ? C’est toi qui l’as dit.

– Je l’ai dit. C’est vrai. Il voulait Jésus, et il disait : “ Qu’au moins mon âme ne meure pas. Lui, il peut le faire. Je l’ai repoussé et il ne viendra plus. Ah ! Mourir sans Jésus ! Quelle horreur ! Pourquoi l’ai-je chassé ? ” Oui, il disait cela et il ajoutait : “ Il m’a demandé tant de fois : ‘ Dois-je m’en aller ? ’ et je l’ai renvoyé… Maintenant, il ne vient plus. ” Il désirait ta présence, il la désirait. Ta Mère a envoyé quelqu’un te chercher, mais ils ne t’ont pas trouvé à Capharnaüm et il a beaucoup pleuré. En rassemblant ses dernières forces, il a pris la main de ta Mère et l’a voulue auprès de lui. Il ne parlait que difficilement, mais il disait : “ La Mère, c’est un peu le Fils. Je tiens la main de la Mère pour avoir quelque chose de lui, car j’ai peur de la mort. ” Mon pauvre père ! »

105.4

Il se passe alors une scène bien orientale de cris et de gestes de douleur à laquelle tous prennent part, même Jacques et Jude qui ont osé entrer. Le plus paisible est Jésus, qui pleure seulement.

« Tu pleures ? Tu l’aimais, alors ? demande Simon.

– Oh ! Simon, tu le demandes ? Si je l’avais pu, crois-tu que j’aurais permis sa douleur ? Mais si je suis[1] avec le Père, je ne suis pas au-dessus du Père.

– Tu guéris les mourants, mais, lui, tu ne l’as pas guéri, dit Joseph avec âpreté.

– Il ne croyait pas en moi.

– C’est vrai, Joseph, reconnaît son frère Simon.

– Il ne croyait pas et n’abandonnait pas sa rancune. Là où se trouvent incrédulité et haine, je ne peux rien. C’est pour cela que je vous dis : ne haïssez plus vos frères. Les voici. Que votre rancœur ne vienne pas aggraver leur détresse. Votre mère est plus déchirée par cette haine toujours vivante que par la mort qui prend fin d’elle-même. Pour votre père, il s’est éteint dans la paix, car le désir qu’il avait de moi lui a obtenu le pardon de Dieu. Je ne vous parle pas de moi et je ne vous demande rien pour moi. Je suis dans le monde, mais je n’appartiens pas au monde. Celui qui vit en moi me dédommage de tout ce que le monde me refuse. Je souffre dans mon humanité, mais j’élève mon âme au-delà de la terre et je jubile dans les réalités célestes. Mais eux !… Ne manquez pas à la loi de l’amour et du sang. Aimez-vous. Jacques et Jude n’ont pas commis d’offense envers leur sang. Mais, même si cela avait été le cas, pardonnez. Portez sur les choses un juste regard et vous verrez que ce sont eux qui ont été les plus accablés, puisque les nécessités qu’imposait à leur âme l’appel de Dieu étaient incomprises. Pourtant, il n’y a pas la moindre rancune en eux, seulement le désir d’être aimés. N’est-ce pas, mes cousins ? »

Jude et Jacques, que leur mère tient serrés contre elle, acquiescent à travers leurs larmes.

« Simon, tu es l’aîné, donne l’exemple…

– Moi… pour moi… Mais le monde… mais toi…

– Oh ! Le monde… Il oublie et change d’avis chaque matin… Et moi ! Viens. Donne-moi ton baiser de frère. Je t’aime. Tu le sais. Laisse tomber ces écailles qui te rendent dur et ne t’appartiennent pas, mais que t’imposent des étrangers moins justes que toi. Pour toi, juge toujours selon ton cœur, qui est droit. »

Avec encore quelque répugnance, Simon ouvre les bras. Jésus l’embrasse, puis l’amène à ses frères. Ils s’embrassent au milieu des pleurs et des lamentations.

« Maintenant, à toi, Joseph.

– Non. N’insiste pas. Moi, je me souviens de la douleur de notre père.

– En vérité, tu l’éternises par cette rancœur.

– Peu importe. Je suis fidèle. »

Jésus n’insiste pas.

105.5

Il se tourne vers Simon :

« La soirée avance, mais, si tu voulais… Notre cœur brûle de vénérer sa dépouille. Où est Alphée ? Où l’avez-vous mis ?

– Derrière la maison, au bout de l’oliveraie, contre le talus. C’est un tombeau digne.

– Je t’en prie, conduis-moi. Marie, prends courage. Ton époux se réjouit à la vue de tes fils sur ton sein. Restez. Moi, j’y vais avec Simon. Soyez en paix ! Soyez en paix ! Joseph, je te dis ce que je disais à ton père : “ Je n’éprouve aucune rancœur. Je t’aime. Quand tu voudras me voir, appelle-moi. Je viendrai pleurer avec toi. ” Adieu. »

Jésus sort avec Simon…

Les apôtres regardent furtivement avec curiosité, mais ils voient que les deux hommes s’entendent bien et s’en réjouissent.

« Venez vous aussi, dit Jésus. Ce sont mes disciples, Simon. Eux aussi désirent honorer ton père. Allons. »

Ils traversent l’oliveraie et tout se termine.

105.6

Jésus dit :

« Vous placerez ici la troisième et la quatrième vision que tu as eues le 13 février 1944.

Comme tu le vois, Simon, moins buté, s’est soumis à la justice, sinon complètement, du moins en partie avec une sainte promptitude. Il n’est pas devenu tout de suite mon disciple et encore moins un apôtre, comme tu l’as appelé par ignorance il y a un an de cela, mais il fut du moins un spectateur neutre après cette rencontre à l’occasion de la mort d’Alphée. Il fut aussi le protecteur de sa mère et de la mienne, au moment où un homme devait les protéger et les défendre contre les sarcasmes des gens. Pas assez courageux pour s’imposer à ceux qui me traitaient de “ fou ”, il était encore beaucoup trop homme, au point de rougir un peu de moi, et de s’inquiéter des dangers que risquait toute la famille à cause de mon apostolat contraire aux sectes. Mais il était déjà sur la bonne voie. Après le Sacrifice, il sut y marcher d’un pas de plus en plus assuré, jusqu’à me confesser par le martyre. La grâce opère tantôt comme un coup de tonnerre, tantôt lentement. Mais elle agit toujours là où se trouve la volonté d’être juste.

Va en paix. Sois en paix au milieu de tes souffrances. Voici que commence le temps de préparation à la fête de Pâques et tu portes la croix pour moi. Je te bénis, Maria de la Croix de Jésus. »

105.1

Atardece en medio de un gran arrebol de ocaso que, como un fuego que se va apagando, se vuelve cada vez más oscuro hasta asumir casi un color violeta rubificado. Una coloración espléndida, rara, que pincela, difuminándose lentamente, el occidente, hasta desaparecer en el cobalto oscuro del cielo donde el oriente avanza cada vez más con sus estrellas y con su arco de luna creciente, ya camino de la segunda fase. Los agricultores acuden raudos a sus casas — las bajas casitas de Nazaret —, que muestran ya los hogares encendidos, por los aros de humo que salen de ellas.

Jesús está para entrar en la ciudad y, contrariamente a cuanto desearían los otros, no quiere que ninguno vaya a avisar a su Madre. «No va a suceder nada. ¿Por qué intranquilizarla antes?» dice.

Ya está entre las casas. Algún saludo, algún cuchicheo a sus espaldas, algún volverse de espaldas maleducado o dar portazos cuando pasa el grupo apostólico.

La gesticulación de Pedro es un verdadero poema, pero también los demás están un poco inquietos. Los hijos de Alfeo parecen dos condenados: caminan con la cabeza baja a ambos lados de Jesús, observando, no obstante, todo; de vez en cuando se miran asustados, o en su mirar manifiestan temor por Jesús. Él, como si no pasara nada, responde a los saludos con su habitual afabilidad, y se inclina para acariciar a los niños, los cuales, en su simplicidad, no toman parte por éste o por aquél y son siempre amigos de su Jesús, que siempre se muestra tan afectuoso con ellos.

Uno — un tonelito muy regordete que tendrá como mucho cuatro años —, separándose del vestido materno, acude corriendo a su encuentro y le tiende los bracitos diciendo: «¡Súbeme!» y, dado que Jesús le complace y le sube en brazos, éste le besa con su boquita toda embadurnada del higo que está chupando, y luego lleva su amor hasta el punto de... ofrecerle a Jesús un trocito de higo, diciendo: «¡Toma! ¡Está bueno!». Jesús acepta el ofrecimiento y ríe de que ese hombrecito naciente le haya metido el trocito de higo en la boca.

105.2

Isaac, cargado de jarros, viene de la fuente. Ve a Jesús, deja los jarros y, corriendo a su encuentro, grita: «¡Mi Señor! Tu Madre ha vuelto ahora a casa. Estaba donde su cuñada. Pero... — pregunta — ¿recibiste la carta?».

«Estoy aquí por este motivo. No digas nada a mi Madre, por ahora. Primero voy a casa de Alfeo».

Isaac, prudente, no dice más que: «Te obedeceré» y, tomando sus ánforas, va directamente a casa.

«Pongámonos en camino. Vosotros, amigos, nos esperaréis aquí. Estaré poco tiempo en casa de Alfeo».

«¡Nooo! Nosotros no entramos en la casa del luto. Estaremos fuera, eso sí. ¿Verdad?» dice Pedro.

«Pedro tiene razón. Nos tendrás cerca, aunque estemos en la calle».

Jesús cede a la voluntad de todos, pero sonríe y dice: «No me harán nada. Creedlo. No son malos. Sólo están humanamente exaltados. Vamos».

Llegan a la calle donde está la casa. Llegan a la entrada del huerto. Jesús continúa; detrás, Judas y Santiago.

105.3

Jesús llega al umbral de la puerta de la cocina. Dentro, junto al fuego, está María de Alfeo, cocinando y... llorando. En un ángulo, Simón y José, con otros hombres, sentados en grupo. Entre ellos está Alfeo de Sara. Están allí, callados como estatuas. ¿Será costumbre? No lo sé.

«Paz a esta casa y paz al espíritu que la ha dejado».

La viuda emite un grito y hace un movimiento instintivo de cerrarle el paso a Jesús, de ponerse entre Él y los otros. Simón y José se levantan, hoscos y confundidos; pero Jesús no muestra darse cuenta de su actitud hostil. Va hacia los dos hombres (Simón tiene ya sus cincuenta años, y quizás más, a juzgar por el aspecto) extendiendo hacia ellos sus manos en gesto de amorosa iniciativa. Los dos hombres se muestran más turbados que nunca, pero no osan comportarse maleducadamente. Alfeo de Sara tiembla angustiado, sufre visiblemente. Los otros hombres se muestran reservados, en espera de una indicación.

«Simón, tú, ya cabeza de familia, ¿por qué no me recibes afablemente? Vengo a llorar contigo. ¡Cuánto habría deseado estar con vosotros en la hora del duelo! Pero me encontraba lejos, no por culpa mía. Eres justo, Simón. Y lo debes decir».

El hombre sigue con actitud reservada.

«Y tú, José, que tienes un nombre muy estimado por mí, ¿por qué no acoges mi beso? ¿No me permitís llorar con vosotros? La muerte es lazo para los verdaderos afectos. Y nosotros nos quisimos. ¿Por qué ahora debe haber desunión?».

«Por ti nuestro padre ha muerto resentido» dice José con dureza. Y Simón: «Debías haberte quedado. Sabías que estaba agonizando. ¿Por qué te marchaste? Te quería a su lado…».

«No habría podido hacer por él más de cuanto hice. Y vosotros lo sabéis…».

Simón, más justo, dice: «Es verdad. Sé que viniste y que te echó. Pero era un enfermo, un hombre afligido».

«Lo sé. De hecho dije a tu madre y a tus hermanos: “No le guardo rencor, porque comprendo su corazón”. Pero por encima de todos está Dios. Y Dios quería este dolor para todos. Para mí que, creedlo, he sufrido como si me hubieran arrancado carne viva; para vuestro padre, que en esta pena ha comprendido una gran verdad, la cual durante toda la vida le había permanecido oscura; para vosotros, que con este dolor tenéis el modo de ofrecer un sacrificio más beneficioso que el becerro inmolado; y para Santiago y Judas, que ahora ya no están menos formados que tú, mi Simón, porque tanto dolor — para ellos es la mayor carga y los oprime como rueda de molino — los ha hecho adultos y de perfecta edad ante los ojos de Dios».

«¿Qué verdad ha visto nuestro padre? Una sola: que su sangre, en la última hora, le era enemiga» rebate José con dureza.

«No. Que el espíritu es más que la sangre. Ha comprendido el dolor de Abraham y por eso Abraham le ha ayudado» responde Jesús.

«¡Ojalá fuera verdad! Pero ¿quién lo asegura?».

«Yo, Simón. Y, más que Yo, la muerte de tu padre. ¿No ha anhelado mi presencia? Tú lo has dicho».

«Lo he dicho. Es verdad. Quería que viniera Jesús. Y decía: “¡Al menos que no muera el espíritu! Él puede hacerlo. Le he rechazado y no volverá. ¡Oh, muerte sin Jesús, qué horror eres! ¿Por qué le obligué a irse?”. Sí, esto decía, como también: “Él me preguntó muchas veces: ‘¿Debo marcharme?’ y yo le eché. Ahora ya no vuelve”. Te anhelaba, te anhelaba. Tu Madre te mandó recado, pero no te encontraron en Cafarnaúm y él lloró mucho, y con sus últimas fuerzas tomó la mano de tu Madre y quiso tenerla cercana. A duras penas podía hablar, pero decía: “La Madre es un poco el Hijo. Me agarro a su Madre para tener algo de Él, porque tengo miedo de la muerte”. ¡Pobre padre mío!».

105.4

Se produce una escena oriental de gritos y actos de dolor, en la que todos toman parte; también Santiago y Judas, que se han atrevido a entrar. Jesús, que solamente llora, es el más tranquilo.

«¿Lloras? ¿Entonces le querías?» pregunta Simón.

«¡Simón! ¿Lo preguntas? Si hubiera podido, ¿crees que habría permitido este dolor suyo? Yo estoy con el Padre, pero no por encima del Padre».

«Curas a los moribundos, y a él no le curaste» dice ásperamente José.

«No creía en mí».

«Esto es verdad, José» observa su hermano Simón.

«No creía y tampoco deponía el rencor. Yo no puedo hacer nada donde hay incredulidad y odio. Por eso, os digo: no sigáis odiando a vuestros hermanos. Vedlos. Que su congoja no resulte gravada por vuestro rencor. Vuestra madre está más acongojada por este odio vivo que por la muerte, que termina en sí misma, y en vuestro padre termina en la paz porque su deseo de mí le significó perdón de Dios. Ni hablo de mí, ni abogo por mí. Yo estoy en el mundo, pero no soy del mundo. Aquel que dentro de mí vive me compensa lo que el mundo me niega; sufro con mi humanidad, pero elevo el espíritu por encima de la tierra y siento júbilo por las cosas celestes. ¡Pero ellos!... No faltéis a la ley del amor y de la sangre. Amaos. En Santiago y Judas no existe ofensa a la sangre. Pero, aun en el caso de que existiera, perdonad. Mirad con ojo justo las cosas y veréis que los más ofendidos han sido ellos, incomprendidos en las necesidades del alma raptada por Dios. Y a pesar de todo no guardan rencor, sino que sólo desean el amor. ¿No es verdad, primos?».

Judas y Santiago, a los cuales la madre tiene estrechamente abrazados, asienten entre lágrimas.

«Simón, eres el mayor, da ejemplo…».

«Yo... por mí... Pero el mundo... pero Tú…».

«¡Oh, el mundo! Olvida y cambia a cada amanecer... Y Yo... Ven, dame tu beso fraterno. Yo te quiero. Esto lo sabes. Despójate de estas escamas que te hacen duro y no son tuyas sino que te vienen de persona a ti ajena y menos justa que tú. Tú juzga siempre con tu recto corazón».

Simón, todavía un poco reticente, abre los brazos. Jesús le besa y luego le conduce adonde sus hermanos. Se besan entre llanto y lamentos.

«Ahora tú, José».

«No. No insistas. Tengo presente el dolor de nuestro padre».

«En verdad tú lo perpetúas con tu rencor».

«No importa. Soy fiel».

Jesús no insiste.

105.5

Se vuelve hacia Simón: «La tarde está avanzada. Pero, si quisieras... Nuestro corazón arde por el deseo de venerar sus restos mortales. ¿Dónde está Alfeo? ¿Dónde le habéis puesto?».

«Detrás de la casa. Donde el olivar cesa contra el barranco. Un sepulcro digno».

«Te lo ruego. Llévame. María, sé fuerte. El esposo exulta porque ve a sus hijos en tu seno. Quedaos. Yo voy con Simón. ¡Estad en paz! ¡Estad en paz! José, te digo a ti cuanto dije a tu padre: “No hay rencor en mí. Te quiero. Cuando quieras que venga, llámame. Vendré a llorar contigo. Adiós”». Y Jesús sale con Simón...

Los apóstoles miran de reojo con curiosidad, pero se sienten contentos al ver a Jesús y Simón en armonía.

«Venid también vosotros» dice Jesús. «Son mis discípulos, Simón. Ellos también desean honrar a tu padre. Vamos».

Van por el olivar y todo termina.

105.6

Dice Jesús:

«Aquí pondréis la tercera y cuarta visión habidas el día 13 de febrero de 1944.

Como ves, Simón — menos obstinado — se rindió, si no completamente sí al menos en parte, a la justicia, con santa prontitud. Es cierto que no se hizo discípulo mío, y menos aún apóstol — como en tu ignorancia le llamaste hace ahora un año —, en seguida, después de este encuentro por la muerte de Alfeo, pero sí, al menos, espectador no enemigo. Incluso fue tutor de su madre y de la mía en momentos en que había necesidad de que un hombre las protegiera y defendiera de las sátiras de la gente. No fue fuerte hasta el punto de imponerse contra quien me llamaba “loco”. Todavía era “demasiado hombre”, y se avergonzaba un poco de mí y se preocupaba por los peligros que podía correr toda la familia a causa de mi apostolado contrario a las sectas. No obstante, ya estaba en el camino del Bien, por el cual, luego, después del Sacrificio, supo proseguir, cada vez más firme, hasta confesarme con la sangre. La Gracia obra en ocasiones fulminantemente, otras veces lentamente, mas siempre obra en donde existe la voluntad de ser justo.

Ve en paz. Queda en paz en medio de tus dolores. El tiempo preparatorio para la Pascua empieza. Lleva por mí la Cruz. Te bendigo, María de la Cruz de Jesús».


Notes

  1. si je suis… pas au-dessus du Père, qui a créé l’homme libre de vouloir son propre bien. Et Jésus qui n’est pas au-dessus du Père, a respecté la libre volonté d’Alphée.