Los Escritos de Maria Valtorta

114. Gamaliel et Nicodème assistent au banquet de Joseph d’Arimathie.

114. En el convite de José de Arimatea.

114.1

Arimathie est encore accidentée. Je ne sais pourquoi, je me la figurais en plaine. Néanmoins, ses collines s’abaissent graduellement vers la plaine qui, à certains détours de la route, apparaît fertile du côté du couchant et, en cette matinée de novembre disparaît à l’horizon sous une brume qui ressemble à une étendue d’eau illimitée.

Jésus est avec Simon et Thomas. Il n’a pas d’autres apôtres avec lui. J’ai l’impression qu’il tient sagement compte des sentiments et des caractères divers des gens qu’il doit fréquenter et que, selon les circonstances, il amène avec lui ceux qu’un hôte peut accepter sans être trop heurté. Ces juifs doivent être plus… susceptibles que des femmelettes romantiques…

Je me rends compte qu’ils parlent de Joseph d’Arimathie, et Thomas, qui le connaît peut-être très bien, montre ses vastes et belles propriétés qui s’étendent sur la colline, en particulier du côté de Jérusalem, sur la route qui va de la capitale à Arimathie et relie ensuite cette localité à Joppé. J’entends que c’est leur sujet de discussion, et Thomas mentionne aussi avec admiration les champs que possède Joseph qui bordent les routes de la plaine.

« Mais, au moins, ici les hommes ne sont pas traités comme des animaux ! Oh ! Ce Doras ! » dit Simon.

En effet, les travailleurs sont ici bien nourris et correctement vêtus, et ils montrent la satisfaction des gens qui ont une bonne situation. Ils saluent avec respect parce qu’ils savent certainement déjà quel est cet homme beau et de haute taille qui traverse la campagne d’Arimathie vers la maison de leur maître, et ils l’observent en discutant à mi-voix.

114.2

Lorsque la maison de Joseph apparaît, un serviteur vient demander, après une profonde inclination :

« Es-tu le Rabbi attendu ?

– C’est moi » répond Jésus.

L’homme salue encore très bas et court avertir son maître.

La maison est entourée d’une haute haie d’arbres persistants qui remplace ici le mur élevé de la maison de Lazare, et l’isole de la route en faisant une suite harmonieuse au jardin très boisé qui entoure la maison, et dont les arbres ont maintenant presque complètement perdu leur feuillage. Avant que Jésus n’y arrive, Joseph d’Arimathie, vêtu d’amples vêtements à franges, vient à sa rencontre et s’incline profondément, les bras croisés sur la poitrine. Ce n’est pas la salutation humble de celui qui reconnaît en Jésus le Dieu fait chair et qui s’humilie en pliant le genou et s’abaisse jusqu’au sol pour baiser les pieds ou la frange du vêtement de Jésus, mais c’est déjà un geste très respectueux. Jésus s’incline lui aussi, puis donne son salut de paix.

« Entre, Maître. Je suis heureux que tu aies accepté mon invitation. Je ne pensais pas mériter une telle faveur.

– Pourquoi ? Je vais aussi chez Lazare et…

– Lazare est pour toi un ami. Moi, je suis un inconnu.

– Tu es une âme qui cherche la vérité. La Vérité ne te repousse donc pas.

– Tu es la Vérité ?

– Je suis le Chemin, la Vie et la Vérité. Celui qui m’aime et me suit trouvera en lui-même le chemin sûr, la vie bienheureuse et connaîtra Dieu ; car Dieu, qui est Amour et Justice, est de surcroît la Vérité.

– Tu es un grand docteur. Toutes tes paroles respirent la sagesse. »

Puis, il se tourne vers Simon :

« Je suis heureux que toi aussi, après une si longue absence, tu reviennes chez moi.

– Mon absence n’était pas volontaire. Tu sais quel sort fut le mien et quelle souffrance avait frappé la vie du petit Simon que ton père aimait.

– Je le sais, et tu dois savoir que je n’ai jamais dit le moindre mot en ta défaveur.

– Je sais tout. Mon fidèle serviteur m’a dit que c’est à toi aussi que je dois d’avoir vu respecter ma propriété. Que Dieu t’en récompense.

– J’avais une certaine importance au Sanhédrin, et j’ai profité de cette situation pour apporter une aide juste à un ami de ma maison. – Nombreux étaient les amis de la mienne, et nombreux étaient ceux qui avaient quelque importance au Sanhédrin, mais ils n’étaient pas justes comme toi…

– Et celui-ci, qui est-il ? Ce n’est pas un nouveau visage pour moi… mais je ne sais où…

– Je suis Thomas, surnommé Didyme…

– Ah ! Voilà ! Est-ce que ton vieux père vit encore ?

– Il vit. Il s’occupe toujours de ses affaires, avec mes frères. Je l’ai quitté pour le Maître, mais il en est heureux.

– C’est un véritable israélite et, puisqu’il est arrivé à croire que Jésus de Nazareth est le Messie, il ne peut que se réjouir que son fils fasse partie de ses préférés. »

114.3

Ils se trouvent maintenant dans le jardin, près de la maison.

« J’ai retenu Lazare. Il est dans la bibliothèque, occupé à lire un résumé des dernières séances du Sanhédrin. Il ne voulait pas s’arrêter ici car… Je sais que maintenant tu sais… C’est pour cela qu’il ne voulait pas rester. Mais je lui ai dit : “ Non, il n’est pas juste que tu aies honte. Dans ma maison, personne ne te fera injure. Reste. A s’isoler, on reste seul contre tout un monde, et comme le monde est plutôt mauvais que bon, celui qui est seul est abattu et foulé aux pieds. ” Ai-je bien parlé ?

– Tu as bien parlé et bien agi, répond Jésus.

– Maître, il y aura aujourd’hui Nicodème et… Gamaliel. Est-ce que cela te fait de la peine ?

– Pourquoi devrai-je en souffrir ? Je reconnais sa sagesse.

– Oui, il avait envie de te voir et en même temps… il voulait rester ferme dans ses idées. Tu sais… des idées. Il dit qu’il a déjà vu le Messie et qu’il attend le signe qu’il lui a promis pour sa manifestation. Mais il dit aussi que tu es “ un homme de Dieu ”. Il ne dit pas “ l’Homme ”, mais “ un homme de Dieu ”. Subtilités rabbiniques, n’est-ce pas ? Tu n’en es vraiment pas offensé ? »

Jésus répond :

« Des subtilités, c’est le mot juste. Il faut les laisser faire. Les meilleurs pourront par eux-mêmes élaguer les branches inutiles qui ne donnent que des feuilles et pas de fruit, mais ensuite ils viendront à moi.

– J’ai voulu te rapporter ses propres mots, car il te les dira certainement lui-même. Il est franc, fait remarquer Joseph.

– C’est une vertu rare et que j’apprécie beaucoup, répond Jésus.

– Oui. Je lui ai ajouté : “ Mais en plus du Maître, il y a Lazare de Béthanie. ” J’ai dit cela parce que… eh bien oui, à cause de sa sœur. Mais Gamaliel a répondu : “ Est-elle présente ? Non ? Et alors ? La boue tombe du vêtement qui n’est plus à son contact. Lazare l’a secouée de lui-même. Et je ne suis pas contaminé par son vêtement. Et puis, je pense que si un homme de Dieu va chez lui, je peux le fréquenter moi aussi, qui suis docteur de la Loi. ”

– Gamaliel a un bon jugement. Il est pharisien et docteur jusqu’à la moelle, mais aussi honnête et juste.

– Je suis content de te l’entendre dire.

114.4

Maître, voici Lazare. »

Lazare se baisse pour embrasser le vêtement de Jésus. Il est heureux d’être avec lui, mais on voit aussi son anxiété manifeste dans l’attente des convives. Je sais évidemment que ce pauvre Lazare doit ajouter, à ses tortures déjà connues des hommes à travers l’histoire, celle ignorée par le plus grand nombre ou à laquelle on réfléchit trop peu : la souffrance morale cette térrible interrogation : « Qu’est-ce qu’un tel va me dire ? Que pense-t-il de moi ? Comment me considère-t-il ? Me blessera-t-il en paroles ou par un regard de mépris ? » C’est l’appréhension que connaissent tous ceux qui ont une tache dans leur famille.

Une fois entrés dans la riche salle où sont dressées les tables, ils n’attendent plus que Gamaliel et Nicodème, car les quatre autres invités sont déjà arrivés. J’entends qu’on les présente sous les noms de Félix, Jean, Simon et Corneille.

Grand branle-bas des serviteurs qui accourent à l’arrivée de Nicodème et de Gamaliel, ce dernier toujours imposant dans son splendide vêtement de neige filée qu’il porte avec la majesté d’un roi. Joseph se précipite à sa rencontre, et leur salutation mutuelle est empreinte d’un respect majestueux. Jésus aussi s’est avancé et s’incline devant le grand rabbin qui lui adresse ce salut : « Que le Seigneur soit avec toi », à quoi Jésus répond : « Et que sa paix te soit toujours une compagne fidèle. » Lazare s’incline lui aussi, et les autres pareillement.

114.5

Gamaliel prend place au centre de la table, entre Jésus et Joseph. Après Jésus se trouve Lazare, après Joseph, Nicodème. Le repas commence par les prières rituelles que Gamaliel récite et après l’échange de politesses des principaux personnages : Jésus, Gamaliel et Joseph.

Gamaliel est très digne, mais sans orgueil. Il écoute plus qu’il ne parle. On se rend compte qu’il réfléchit à chaque parole de Jésus et le regarde souvent de ses yeux profonds, sombres et sévères. Lorsque le sujet est épuisé et que Jésus se tait, c’est Gamaliel qui, par quelque question opportune, ranime la conversation.

Au début, Lazare est un peu confus, mais ensuite il s’enhardit et parle lui aussi.

Il n’y a guère d’allusions directes à la personnalité de Jésus jusque vers la fin du repas. C’est alors que s’allume une discussion entre celui qui s’appelle Félix et Lazare, à laquelle Nicodème s’unit ensuite pour soutenir Lazare, et à la fin celui qui s’appelle Jean, au sujet de la preuve que constituent les miracles, pour ou contre un individu.

Jésus se tait. Il a parfois un mystérieux sourire, mais il ne dit rien. Gamaliel se tait également. Il a le coude appuyé sur le lit et fixe intensément Jésus. Il semble vouloir déchiffrer une parole surnaturelle gravée dans la peau pâle et lisse du visage émacié de Jésus. Il semble en analyser chaque fibre.

114.6

Félix soutient que la sainteté de Jean-Baptiste est incontestable et, de cette sainteté indiscutée et indiscutable, il tire une conséquence qui n’est pas favorable à Jésus de Nazareth, auteur de miracles nombreux et connus. Il dit :

« Le miracle n’est pas une preuve de sainteté, car la vie du prophète Jean en est dépourvue. Or personne, en Israël, ne mène une vie pareille à la sienne. Pour lui, pas de banquets, pas d’amitiés, pas de confort. Pour lui, souffrance et emprisonnement pour l’honneur de la Loi. Pour lui, la solitude. Car, s’il a des disciples, il ne mène pas de vie en commun. Il trouve des fautes même chez les plus honnêtes et tonne contre tout le monde, tandis que… tandis que le Maître de Nazareth ici présent a accompli des miracles, c’est vrai, mais je vois que, lui, il aime ce qu’offre la vie. Il ne dédaigne pas les amitiés et – pardonne si c’est l’un des anciens du Sanhédrin qui te le dit – il donne trop facilement, au nom de Dieu, pardon et amour même aux pécheurs connus et flétris par l’anathème. Tu ne devrais pas le faire, Jésus. »

Jésus sourit, mais garde le silence. C’est Lazare qui répond pour lui :

« Notre puissant Seigneur est libre de diriger ses serviteurs comme et où il le veut. A Moïse, il a accordé le miracle, à Aaron son premier pontife, il ne l’a pas accordé[1]. Et alors, qu’est-ce que tu en conclus ? Le premier est-il plus saint que l’autre ?

– Certainement, répond Félix.

– dans ce cas, le plus saint c’est Jésus qui fait des miracles. »

Félix est désorienté. Mais il se raccroche à un argument :

« Aaron avait déjà reçu le pontificat. Cela lui suffisait.

– Non, mon ami, répond Nicodème. Le pontificat était une mission. Sainte, mais rien de plus qu’une mission. Ce n’est pas toujours que les pontifes d’Israël ont été saints, et ils ne l’ont pas tous été. Et pourtant ils étaient pontifes, même sans être saints.

– Tu ne voudrais pas dire que le grand prêtre est un homme privé de grâce !… s’exclame Félix.

– Félix… n’entrons pas dans ce sujet brûlant. Moi, toi, Gamaliel, Joseph, Nicodème, tous, nous savons tant de choses… dit celui qui s’appelle Jean.

– Mais comment ? comment ? Gamaliel, interviens, donc !… »

Félix est scandalisé.

« S’il est juste, il dira la vérité que tu ne veux pas entendre », disent les trois hommes qui se sont enflammés contre Félix.

Joseph cherche à rétablir le calme. Jésus reste muet ainsi que Thomas, Simon le Zélote et l’autre Simon, l’ami de Joseph. Gamaliel semble jouer avec les franges de son vêtement, mais regarde Jésus par dessous.

« Parle donc, Gamaliel, s’écrie Félix.

– Oui. Parle, parle, insistent les trois autres.

– Moi, je dis : les faiblesses de la famille doivent rester cachées, dit Gamaliel.

– Ce n’est pas une réponse ! S’écrie Félix. Tu sembles reconnaître qu’il y a des taches dans la maison du Pontife !

– C’est l’expression de la vérité », disent les trois autres.

114.7

Gamaliel se redresse et se tourne vers Jésus :

« Voici le Maître qui éclipse les plus doctes. Qu’il s’exprime, lui, sur ce sujet.

– Puisque tu le veux, j’obéis. Je dis ceci : l’homme, c’est l’homme. La mission dépasse l’homme. Mais l’homme, investi d’une mission, devient capable de l’accomplir au-delà de ses possibilités naturelles quand, par une vie sainte, il a Dieu pour ami. C’est lui qui a dit : “ Tu es prêtre selon l’ordre que j’ai donné. ” Qu’est-ce qui est écrit sur le Rational ? “ Doctrine et Vérité. ” Voilà ce que devraient posséder les pontifes. On accède à la doctrine par une constante méditation tendue vers la connaissance de la sagesse, et à la vérité par une fidélité absolue au bien. Qui pactise avec le mal entre dans le mensonge et perd la vérité.

– Bien ! Tu as répondu comme un grand rabbin. Moi, Gamaliel, je te l’affirme. Tu me dépasses.

– Qu’il explique alors pourquoi Aaron n’a pas fait de miracles et que Moïse en a fait » s’écrie bruyamment Félix.

Jésus répond sans attendre :

« C’est que Moïse devait s’imposer à la masse lourde et peu éclairée, si ce n’est même opposée, des israélites et arriver à avoir de l’ascendant sur eux, de manière à les plier à la volonté de Dieu. L’homme est l’éternel sauvage et l’éternel enfant. Il est frappé par tout ce qui sort de l’ordinaire. Le miracle, c’est ça : une lumière que l’on agite devant des pupilles obscurcies, un bruit près des oreilles bouchées. Il réveille. Il appelle l’attention. Il fait reconnaître : “ Dieu est là. ”

– Tu dis cela à ton avantage, réplique Félix.

– A mon avantage ? Et qu’est-ce que cela me donne de plus quand je fais un miracle ? Puis-je paraître plus grand si je me mets un brin d’herbe sous le pied ? Le rapport est le même entre le miracle et la sainteté. Il y a des saints qui n’ont jamais fait de miracles. Il y a des mages et des nécromanciens qui mettent en œuvre des forces obscures pour en faire, c’est-à-dire qu’ils font des choses surnaturelles sans être saints et sont, eux, des démons. Je le serais moi-même, même si je ne faisais plus de miracles.

– Très bien ! Tu es grand, Jésus ! Approuve Gamaliel.

– Et qui est, d’après toi, ce “ grand ” ? poursuit Félix en se tournant vers Gamaliel.

– Le plus grand prophète que je connaisse, autant dans ses œuvres que dans ses paroles, répond ce dernier.

– C’est le Messie, je te le dis, Gamaliel. Crois en lui, toi qui es sage et juste, dit Joseph.

– Comment ? Toi aussi, qui diriges les juifs, toi, l’Ancien, notre gloire, tu tombes dans cette idolâtrie pour un homme ? Mais qu’est-ce qui te prouve que c’est le Christ ? Pour moi, je ne le croirai pas, même si je le voyais faire des miracles. Mais pourquoi n’en fait-il pas un devant nous ? Demande-le-lui, toi qui le loues ; demande-le-lui, toi qui le défends, dit Félix à Gamaliel et à Joseph.

– Je ne l’ai pas invité pour amuser des amis et je te prie de te souvenir qu’il est mon hôte » répond sèchement Joseph.

Fâché, Félix se lève et s’en va comme un malotru.

114.8

Il y a un moment de silence. Jésus se tourne vers Gamaliel :

« Et toi, tu ne demandes pas de miracles pour croire ?

– Ce ne seront pas les miracles d’un homme de Dieu qui m’enlèveront l’aiguillon que je porte au cœur pour trois questions qui restent sans réponse.

– Quelles questions ?

– Le Messie est-il vivant ? Etait-ce celui-là ? Est-ce celui-ci ?

– C’est lui, je te le dis, Gamaliel ! S’exclame Joseph. Ne te rends-tu pas compte qu’il est saint ? Différent des autres ? Puissant ? Oui ? Et alors, qu’attends-tu pour croire ? »

Gamaliel ne répond pas à Joseph. Il s’adresse à Jésus :

« Une fois… ne m’en veux pas, Jésus, si je suis tenace dans mes idées… Une fois, quand le grand et sage Hillel vivait encore, j’ai cru, et lui comme moi, que le Messie était en Israël. Grand éclair du soleil divin en cette froide journée d’un hiver qui ne voulait pas finir ! C’était la Pâque… Les gens tremblaient à cause des moissons gelées… Moi, après avoir entendu certaines paroles, j’ai dit : “ Israël est sauvé ! A partir d’aujourd’hui, abondance dans les champs et bénédiction dans les cœurs ! L’Attendu s’est manifesté par son premier éclair. ” Et je ne me suis pas trompé. Vous pouvez tous vous rappeler quelle récolte il y a eu en cette année de treize mois, comme celle-ci et ça continue…

– Quelles paroles as-tu entendues ? Qui les prononçait ?

– C’était quelqu’un qui sortait de l’enfance… mais Dieu resplendissait sur son visage innocent et doux… Il y a dix-neuf ans que j’y repense et que je garde ce souvenir… et je cherche à entendre de nouveau cette voix… qui disait des paroles de sagesse… Quelle est la partie du monde qui l’accueille ? Moi, je pense… que c’était Dieu. Sous l’apparence d’un enfant pour ne pas effrayer l’homme. Tel un éclair qui sillonne rapidement le ciel à l’orient et au couchant, au nord et au midi, lui, le Divin, sous son apparence de miséricordieuse beauté, avec la voix et le visage d’un enfant, mais une pensée divine, il parcourt la terre pour dire aux hommes : “ C’est moi. ” Telle est ma pensée… Quand reviendra-t-il en Israël ?… Quand ? Et je pense : quand Israël sera un autel pour son pied divin ; alors mon cœur gémit en voyant l’abjection d’Israël : jamais. Oh, quelle dure réponse ! Or elle est vraie ! La Sainteté peut-elle descendre en la personne de son Messie tant que l’abomination est en nous ?

– Elle le peut et le fait parce qu’elle est Miséricorde » répond Jésus.

114.9

Gamaliel le regarde d’un air pensif puis demande :

« Quel est ton vrai nom ? »

Jésus se lève alors, imposant, et dit :

« Je Suis Celui qui Suis. La Pensée et la Parole du Père. Je suis le Messie du Seigneur.

– Toi ?… Je ne puis le croire. Grande est ta sainteté. Mais voici ce que cet enfant, auquel je crois, a dit autrefois : “ Je donnerai un signe… Ces pierres frémiront quand viendra mon heure. ” J’attends ce signe pour croire. Peux-tu me le donner pour me convaincre que tu es, toi, l’Attendu ? »

Les deux hommes, maintenant debout, grands, solennels, l’un dans son ample vêtement de lin blanc, l’autre dans son simple habit de laine rouge foncé, l’un âgé, l’autre jeune, aux yeux dominateurs et profonds tous les deux, se regardent fixement.

Puis Jésus baisse son bras droit qui était plié sur sa poitrine et, comme s’il jurait, s’écrie :

« Tu veux ce signe, et tu l’auras ! Je te répète ces mots d’autrefois : “ Les pierres du Temple du Seigneur frémiront à mes dernières paroles. ” Attends ce signe, docteur d’Israël, homme juste, puis crois si tu veux obtenir le pardon et le salut. Bienheureux serais-tu dès maintenant si tu pouvais déjà croire ! Mais tu ne le peux. Des siècles de croyance erronée au sujet d’une juste promesse, et un monceau d’orgueil te barrent comme un mur le chemin de la vérité et de la foi.

– Tu dis bien. J’attendrai ce signe. Adieu. Que le Seigneur soit avec toi.

– Adieu, Gamaliel. Que l’Esprit éternel t’éclaire et te conduise. »

Tous saluent Gamaliel qui s’en va avec Nicodème, Jean et Simon (le membre du Sanhédrin). Restent Jésus, Joseph, Lazare, Thomas, Simon le Zélote et Corneille.

« Il ne se rend pas !… Je voudrais que tu le comptes au nombre de tes disciples. Ce serait un poids décisif en ta faveur… mais je n’y parviens pas, dit Joseph.

– Ne t’en afflige pas. Aucune influence ne pourra me sauver de l’orage qui déjà se prépare. Mais Gamaliel, s’il ne se prononce pas en ma faveur, ne se prononcera pas non plus contre le Christ. C’est un homme qui attend… »

Tout prend fin.

114.1

Arimatea es todavía montañosa. No sé por qué me la imaginaba llana. En realidad está entre montes que van decreciendo hacia el llano fértil que en ciertas vueltas del camino aparece a Occidente, para difuminarse en el horizonte, en esta mañana de noviembre, en medio de una niebla baja que parece una extensión de agua sin límite.

Jesús está con Simón y Tomás. No tiene otros apóstoles consigo. Tengo la impresión de que valora sabiamente los efectos de los tipos de personas con que debe tratar, llevando consigo, según los distintos ambientes, a aquellos que pueden ser aceptados sin crear demasiado contraste en el huésped de que se trate. Estos judíos deben ser más... susceptibles que mujercitas románticas...

Oigo que están hablando de José de Arimatea. Tomás, que quizás le conoce muy bien, señala las posesiones de éste — vastas y valiosas — que se extienden por la montaña, especialmente por la parte de Jerusalén, siguiendo el camino que desde la capital viene hacia Arimatea y une después este lugar con Joppe. Oigo que hablan de esto, y que Tomás hace un canto también a las tierras que José posee a lo largo de los caminos de la llanura.

«¡Al menos aquí no se trata como animales a los hombres! ¡Oh..., ese Doras!» dice Simón.

Efectivamente, aquí los trabajadores están bien nutridos y bien vestidos, y reflejan ese algo que expresa satisfacción, propio de quien se encuentra a gusto. Los trabajadores saludan respetuosamente: naturalmente ya saben quién es el que va por los campos de Arimatea hacia la casa de su patrón; saben quién es ese Hombre alto y apuesto, y, observándole, hacen comentarios en voz baja.

114.2

En el punto en que ya se ve la casa, hay un servidor de José, que se postra y pregunta: «¿Eres Tú el Rabí esperado?».

«Soy Yo» responde Jesús.

El hombre se despide con profundo respeto y se marcha corriendo a avisar a su patrón.

Efectivamente, no ha llegado aún Jesús al límite de la casa — circundada completamente por un alto seto de plantas de hoja perenne, que substituye, en ésta, a la alta pared que tiene la casa de Lázaro, y que la aísla de la calle, pero que no es más que una continuación del jardín que rodea la casa, muy poblado de árboles, y ahora también muy desnudo de hojas —, no ha llegado aún, cuando José de Arimatea, vistiendo amplios indumentos de franjas, le sale al encuentro y se inclina reverentemente con las manos cruzadas sobre el pecho. No es el saludo humilde de quien reconoce en Jesús el Dios hecho Carne y que hace acto de sumisión postrándose, besando sus pies y la orla de la túnica; no es esto, pero, de todas formas, es un saludo de profundo respeto. Jesús, igualmente, se inclina y da su saludo de paz.

«Entra, Maestro. Me haces feliz aceptando la invitación. No esperaba en ti tanta condescendencia».

«¿Por qué? Voy también a casa de Lázaro y…».

«Lázaro es amigo tuyo... yo soy un desconocido».

«Eres un alma que busca la Verdad. La Verdad, por tanto, no te rechaza».

«¿Tú eres la Verdad?».

«Yo soy Camino, Vida y Verdad. Quien me ame y me siga tendrá en sí el Camino cierto, la Vida beata, y conocerá a Dios, porque Dios, además de ser Amor y Justicia, es Verdad».

«Eres un gran Doctor. Toda palabra tuya espira sabiduría». Luego se vuelve a Simón: «Me alegro de que tú también tornes, después de tanta ausencia, a mi casa».

«No he estado ausente por propia voluntad. Tú sabes cuál fue mi suerte y cuántas lágrimas hubo en la vida del pequeño Simón, al que tu padre amaba».

«Lo sé. Y creo que no desconoces que jamás hubo en mi boca palabra alguna que te pudiera perjudicar».

«Sé todo. Mi fiel servidor me ha dicho que también a ti te debo el que me fueran respetados los bienes. Que Dios te lo pague».

«Yo era algo en el Sanedrín, y lo usé esto para beneficiar, con justicia, a un amigo de casa».

«Muchos eran los amigos de la mía, y muchos eran algo en el Sanedrín; pero, no tenían tu justicia».

«¿Y éste, quién es? Me resulta conocido... pero no sé dónde…».

«Soy Tomás, llamado Dídimo…».

«¡Ah, eso es! ¿Vive aún tu anciano padre?».

«Vive. En sus negocios, con mis hermanos. Yo le he dejado por el Maestro. Pero él se ha alegrado de ello».

«Es un verdadero israelita, y, puesto que ha creído que Jesús de Nazaret es el Mesías, no puede sino sentirse feliz de que su hijo esté entre sus predilectos».

114.3

Están ya en el jardín, junto a la casa.

«No le he dejado a Lázaro que se marchara. Está en la biblioteca leyendo un extracto de las últimas sesiones del Sanedrín. No quería detenerse porque... Sé que ya sabes... Por eso no quería detenerse. Pero he dicho: “No. No es justo que te avergüences de esa manera. En mi casa nadie te afrentará. Quédate. Quien se aísla está solo contra todo un mundo. Y, dado que el mundo es más malo que bueno, al solo se le derriba y pisotea”. ¿Es correcto lo que he dicho?».

«Es correcto lo que has dicho y has actuado bien» responde Jesús.

«Maestro... hoy va a estar aquí Nicodemo y... Gamaliel. ¿Te molesta?».

«¿Por qué iba a sentirme molesto? Reconozco que es un hombre sabio».

«Sí. Deseaba verte y... y quería resistir firme en su posición. Ya sabes... ideas. Dice que él ya ha visto al Mesías y que está esperando el signo que le prometió, llegada la hora de su manifestación. Pero dice también que Tú eres “un hombre de Dios”. No dice “el Hombre”. Dice “un hombre de Dios”. Sutilezas rabínicas, ¿verdad? ¿No te sientes ofendido por ello, verdad?».

Jesús responde: «Sutilezas. Bien has dicho. Hay que dejarles... Los mejores podarán por sí mismos todos los inútiles ramojos que los hacen todo fronda y nada fruto; y vendrán a mí».

«He querido referirte sus palabras porque, sin duda, te las repetirá a ti. Es auténtico» hace notar José.

«Virtud rara y que aprecio mucho» responde Jesús.

«Sí. Le he dicho también: “Pero, con el Maestro está Lázaro de Betania”. Se lo he dicho porque..., sí, en suma, por causa de su hermana. Pero Gamaliel ha respondido: “¿Ella está presente? ¿No? ¿Y entonces? Del vestido que no sigue en el fango el barro se desprende. Lázaro se lo ha sacudido de sí, y no me contamina la túnica. Además, juzgo que si a su casa va un hombre de Dios, puedo también tratarle yo, doctor de la Ley”».

«Gamaliel juzga bien. Fariseo y doctor hasta la médula, pero todavía honesto y justo».

«Me alegra oírtelo decir.

114.4

Maestro, mira, Lázaro».

Lázaro se inclina para besar la túnica de Jesús. Se siente dichoso de estar con Él, pero también se ve claramente que, esperando a los convidados, está muy agitado. Me es cierto que el pobre Lázaro, a sus conocidas torturas, conocidas por los hombres por haber sido transmitidas por la historia, ha de añadir ésta — desconocida y no meditada por la mayoría — del sufrimiento moral de ese tremendo aguijón que supone el pensamiento: «¿Qué me dirá éste? ¿Qué piensa de mí? ¿Cómo me considera? ¿Me herirá con palabras o miradas de desprecio?». Aguijón éste que atormenta a todos aquellos que tienen alguna mancha en su familia.

Dentro ya de la riquísima sala donde están dispuestas las mesas, no esperan más que a Gamaliel y Nicodemo, porque otros cuatro invitados han llegado ya. Oigo que los presentan con los respectivos nombres de Félix, Juan, Simón y Cornelio.

Se produce un gran alboroto de servidores que acuden a la sala, cuando llegan Nicodemo y Gamaliel (el siempre imponente Gamaliel, con su espléndido indumento de nieve hilada, que endosa con majestuosidad de rey). José, con toda premura, se dirige a su encuentro. El saludo entre ambos es de una deferencia pomposa. También Jesús recibe un reverente saludo y se inclina ante el gran rabino, que le saluda así: «El Señor esté contigo»; a lo que Jesús responde: «Y su paz sea siempre compañera tuya». Lázaro también se inclina reverente, y así los demás.

114.5

Gamaliel toma asiento en el centro de la mesa, entre Jesús y José. Al lado de Jesús está Lázaro; al lado de José, Nicodemo. Comienza la comida tras las preces rituales, dirigidas por Gamaliel después de un intercambio de cortesías enteramente oriental entre los tres principales personajes, o sea, Jesús, Gamaliel y José.

Gamaliel es hombre de porte muy digno, pero no es soberbio. Más que hablar, escucha. Se ve que medita cada una de las palabras de Jesús, y frecuentemente le mira con sus profundos ojos oscuros y severos. Cuando Jesús calla por haberse agotado el tema, es Gamaliel quien, con una oportuna pregunta, reanima las conversaciones.

Lázaro en un primer momento se encuentra un poco confuso, pero luego toma ánimos y también habla.

Alusiones directas a la personalidad de Jesús no hay hasta casi terminada la comida. En ese momento se enciende, entre el que se llamaba Félix y Lázaro — al cual luego se une, apoyándole, Nicodemo y, en fin, el que se llamaba Juan —, una discusión acerca de los milagros como prueba a favor o en contra de un individuo.

Jesús calla. De vez en cuando sonríe con misteriosa sonrisa, pero calla. También Gamaliel calla. Tiene un codo apoyado sobre el recostadero y la mirada intensamente fija en Jesús. Parece como si quisiera descifrar alguna palabra sobrenatural incidida en la piel pálida y lisa del rostro delgado de Jesús, rostro del que parece estar analizando cada una de las fibras.

114.6

Félix sostiene que la santidad de Juan es innegable, y de esta cierta e indiscutible santidad deduce una consecuencia no favorable a Jesús Nazareno, autor de muchos y conocidos milagros. Dice: «No es el milagro prueba de santidad, porque no se ve en la vida del profeta Juan, y ninguno en Israel lleva una vida como la suya: ni banquetes, ni amistades, ni comodidades; sí sufrimientos y encarcelaciones por el honor de la Ley; soledad, porque — sí — tiene discípulos, pero ni siquiera con ellos convive, y encuentra culpas incluso en los más honestos, y a todos alcanzan sus invectivas. Mientras que... la verdad es que el Maestro de Nazaret, aquí presente, ha hecho milagros, es cierto, pero veo que aprecia como los demás lo que la vida ofrece, y no rechaza amistades y — perdona si esto te lo dice uno de los Ancianos del Sanedrín — se muestra demasiado dispuesto a dar, en nombre de Dios, perdón y amor a pecadores públicos y anatematizados. No deberías hacerlo, Jesús».

Jesús sonríe y guarda silencio. Lázaro responde por Él: «Nuestro potente Señor es dueño de dirigir a sus siervos como quiere y a donde quiere. A Moisés le concedió el milagro; a Aarón, su primer pontífice, no se lo concedió[1]. ¿Qué decir entonces? ¿Qué conclusión sacas? ¿Más santo el uno que el otro?».

«Ciertamente» responde Félix.

«Entonces el más santo es Jesús, que obra milagros».

Félix se encuentra desorientado, pero encuentra un punto donde agarrarse: «Aarón había recibido ya el pontificado. Era suficiente».

«No, amigo» responde Nicodemo. «El pontificado era una misión; santa, pero no más que una misión. No siempre y no todos los pontífices de Israel han sido santos; lo cual no quita el que fueran pontífices, aunque no fueran santos».

«¡No querrás decir que el Sumo Sacerdote es un hombre privado de gracia!…» exclama Félix.

«Félix... no toquemos el fuego encendido. Yo, tú, Gamaliel, José, Nicodemo, todos, sabemos muchas cosas…» dice el que lleva por nombre Juan.

«¿Pero qué dices?, ¿qué dices? ¡Gamaliel, interven!…». Félix está escandalizado.

«Si es justo, dirá la verdad que no quieres oír» dicen los tres que discuten acaloradamente contra Félix.

José trata de poner paz. Jesús está callado, como también lo están Tomás, el Zelote, y el otro Simón, amigo de José. Gamaliel parece jugar con las franjas de su vestido, pero está mirando de abajo arriba a Jesús.

«¿No hablas, Gamaliel?» grita Félix.

«Sí. Habla. Habla» dicen los tres.

«Yo digo que las debilidades de la familia se deben mantener celadas» responde Gamaliel.

«¡Eso no es una respuesta!» grita Félix. «¡Parece como si confesaras que existen culpas en casa del Pontífice!».

«Es boca que dice verdad» replican los tres.

114.7

Gamaliel se pone derecho y se vuelve hacia Jesús: «Aquí está el Maestro que eclipsa a los más doctos. Que dé su opinión».

«Tú lo deseas. Obedezco. Digo: el hombre es hombre; la misión va más allá del hombre; pero el hombre, investido de una misión, es capaz de cumplirla como superhombre cuando, por vivir una vida santa, tiene a Dios como amigo. Es Él quien ha dicho: “Tú eres sacerdote según el orden que Yo he dado”. ¿Qué está escrito en el Racional? “Doctrina y Verdad”. Esto deberían poseer los pontífices. A la Doctrina se llega con constante meditación, orientada a conocer al Sapientísimo; a la Verdad, con la fidelidad absoluta al Bien. Quien se amanceba con el Mal entra en la Mentira y pierde Verdad».

«¡Bien! Has respondido como un gran rabino. Yo, Gamaliel, te lo digo. Me superas».

«Que explique entonces éste por qué Aarón no hizo milagros y Moisés sí» dice Félix chillando.

Jesús, interpelado, responde solícito: «Porque Moisés tenía que imponerse a la masa gris y pesada, e incluso contraria, de los israelitas, y llegar a tener una autoridad moral sobre ellos que fuera capaz de doblegarlos a la voluntad de Dios. El hombre es el eterno salvaje y el eterno niño. Le impresiona lo que escapa a las reglas. Tal es el milagro. Es una luz agitada ante las pupilas oscurecidas, es un sonido producido junto a los oídos tapados: despierta, atrae la atención, hace decir: “Aquí está Dios”».

«Lo dices en favor tuyo» replica Félix.

«¿En favor mío? ¿Y qué me añado obrando milagros? ¿Puedo parecer más alto si me meto un filamento de hierba bajo los pies? Así es el milagro, en relación con la santidad. Hay santos que jamás han obrado milagros. Hay magos y nigromantes que con fuerzas oscuras los realizan, o sea, llevan a cabo cosas sobrehumanas pero que no son santas, siendo ellos demonios. Yo seré Yo, aunque deje de obrar milagros».

«¡Muy bien! ¡Eres grande, Jesús!» aprueba Gamaliel.

«¿Y quién es, según tu parecer, este “grande”?» insta Félix dirigiéndose a Gamaliel.

«El mayor entre los profetas que yo conozco, tanto en sus obras como en sus palabras» responde éste.

«Yo te digo que es el Mesías, Gamaliel. Créelo, tú, que eres sabio y justo» dice José.

«¿Cómo? ¿Tú también, rector de judíos, tú, el Anciano, gloria nuestra, caes en esta idolatría hacia un hombre? Dime quién te prueba que es el Cristo. Yo no lo creeré ni siquiera viéndole hacer milagros. ¿Y por qué ante nosotros no hace uno? Díselo tú, tú que le alabas; díselo tú, que le defiendes» dice Félix a Gamaliel y a José.

«No le he invitado para ser juguete de mis amigos, y te ruego que recuerdes que es mi huésped» responde serio José.

Félix se levanta y se marcha, enfadado y grosero.

114.8

Se produce un silencio. Jesús se vuelve hacia Gamaliel: «¿Y tú no pides milagros para creer?».

«No serán los milagros de un hombre de Dios los que me extraerán el aguijón que llevo en el corazón, de tres preguntas que siempre quedan sin respuesta».

«¿Qué preguntas?».

«¿Está vivo el Mesías? ¿Era aquél? ¿Es éste?».

«¡Te digo que es Él, Gamaliel!» exclama José. «¿No le sientes santo, distinto, potente? ¿Sí? ¿Entonces? ¿A qué esperas para creer?».

Gamaliel no responde a José. Se dirige a Jesús: «Una vez — no te sientas molesto, Jesús, si soy tenaz en mis ideas — ...una vez, en vida aún del grande y sabio Hil-lel, yo creí, y él conmigo, que el Mesías estaba en Israel. ¡Gran refulgir de sol divino en aquel frío día de un insistente invierno! Era Pascua... Los hombres temían por las congeladas mieses... Yo dije, después de oír aquellas palabras: “¡Israel está salvado! ¡Desde hoy, copiosidad en los campos y bendiciones en los corazones! El Esperado se ha manifestado con su primer fulgor”. Y no me equivoqué. Todos podéis recordar qué recolección hubo ese año embolismal, de trece meses, que en éste se repite…».

«¿Qué palabras oíste? ¿Quién las pronunció?».

«Uno... poco más que un niño... pero Dios resplandecía en su rostro inocente y delicado... Hace diecinueve años que lo pienso y lo recuerdo... y busco volver a oír esa voz... que pronunciaba palabras de sabiduría... ¿Dónde estará? Yo pienso:... “Era Dios. Bajo forma de niño para no aterrorizar al hombre. Y como relámpago que atravesando los firmamentos velozmente aparece a Oriente y a Poniente, a Septentrión y a Meridión, Él, el Divino, va de uno a otro lado de la Tierra, vestido de misericordiosa belleza, con voz y rostro de niño y pensamiento divino, para decirles a los hombres: ‘Yo soy’”. Pienso de esta forma... “¿Cuándo volverá a Israel?... ¿Cuándo?”. Y pienso: “Cuando Israel sea altar para su pie de Dios”; y gime el corazón, viendo la abyección de Israel: “Nunca”. ¡Oh..., dura respuesta... y verdadera! ¿Puede acaso la Santidad descender en su Mesías estando la abominación entre nosotros?».

«Puede hacerlo y lo hace, porque es Misericordia» responde Jesús.

114.9

Gamaliel le mira pensativo y pregunta: «¿Cuál es tu verdadero Nombre?».

Y Jesús se alza, majestuoso, y dice: «Yo soy quien es. Soy el Pensamiento y la Palabra del Padre. Soy el Mesías del Señor».

«¿Tú?... No lo puedo creer. Grande es tu santidad. Pero aquel Niño en el cual yo creo dijo entonces: “Daré un signo... Estas piedras se estremecerán cuando sea mi hora”. Yo espero ese signo para creer. ¿Me lo puedes dar Tú para persuadirme de que eres el Esperado?».

Los dos — ahora en pie ambos — altos, solemnes — el uno con su amplio vestido de lino cándido, el otro con su vestido sencillo de lana roja oscura; el uno anciano, el otro joven; de ojos dominadores y profundos ambos — se miran fijamente.

Jesús baja el brazo derecho, que había plegado sobre el pecho, y, como si estuviera haciendo un juramento, exclama: «¿Ese signo quieres? ¡Pues lo tendrás! Repito aquellas lejanas palabras: “Las piedras del Templo del Señor se estremecerán con mis últimas palabras”. Espera ese signo, doctor de Israel, hombre justo, y luego cree, si quieres ser perdonado y recibir la salvación. ¡Bienaventurado anticipadamente si pudieras creer antes! Pero, no puedes. Siglos de creencias erradas acerca de una promesa acertada, y cúmulos de orgullo, te hacen baluarte ante la Verdad y ante la Fe».

«Dices bien. Esperaré ese signo. Adiós. El Señor esté contigo».

«Adiós, Gamaliel. Que el Espíritu te ilumine y te guíe».

Todos despiden a Gamaliel, que se va con Nicodemo y con Juan y Simón (miembro del Sanedrín). Se quedan Jesús, José, Lázaro, Tomás, Simón Zelote y Cornelio.

«¡No cede!... Quisiera tenerle entre tus discípulos. Sería un peso decisivo a tu favor... pero no lo logro» dice José.

«No te aflijas por ello. No hay influencia capaz de salvarme de la tempestad que se está preparando. Pero Gamaliel, si no se pliega a favor, tampoco lo harà contra Cristo. Es de los que esperan…».

Todo termina.


Notes

  1. il ne l’a pas accordé : De fait, tous les prodiges accomplis par Aaron furent accordés par le Seigneur non pas à lui mais à Moïse, avec ordre de les accomplir par l’intermédiaire d’Aaron (Ex 7-8). Même s’il n’en avait pas été ainsi, le Seigneur n’a pas favorisé Aaron en tant que « son premier prêtre », car il lui fit accomplir des prodiges avant même sa consécration comme grand-prêtre (Ex 28-29 ; Lv 8-9). Outre certains passages qui concernent Moïse, il est encore parlé d’Aaron en 342.6 et 642.9.

Notas

  1. A Moisés le concedió el milagro; a Aarón, su primer pontífice, no se lo concedió. Efectivamente, a pesar de haber obrado prodigios Aarón, se puede decir que el Señor no se los concedía a él, porque había ordenado a Moisés cumplirlos a través de la acción de Aarón (Éxodo, 7-8). Y aun cuando el Señor se los hubiera concedido a Aarón, éste los habría obtenido no en cuanto “primer pontífice suyo”, porque esos prodigios fueron obrados antes de la consagración de Aarón como sumo sacerdote (Éxodo 28-29; Levítico 8-9).