Los Escritos de Maria Valtorta

289. Le sabbat à Gérasa.

289. El sábado a Gerasa. Asueto de Margziam.

289.1

les heures d’une journée paraissent bien longues quand on ne sait que faire. Et les compagnons de Jésus ne savent vraiment pas quoi faire pendant ce sabbat, dans un pays où ils n’ont pas de connaissances, dans une maison où les différences de langues et de coutumes les séparent, comme s’il ne suffisait pas des préjugés juifs pour les tenir séparés des caravaniers et des serviteurs d’Alexandre Misace. Aussi plusieurs sont restés au lit ou bien somnolent au soleil qui chauffe la vaste cour carrée de la maison. C’est une cour vraiment faite pour accueillir des caravanes, avec des bassins et des anneaux fixés aux murs ou aux colonnes d’un portique rustique qui s’étend le long des quatre côtés, et des écuries nombreuses avec des greniers à foin ou à paille sur trois côtés. Les femmes se sont retirées dans leur pièce. Je n’en vois aucune.

Marziam trouve quelque distraction dans la cour fermée. Il s’interesse au travail des palefreniers qui étrillent les mulets, changent les litières, regardent les sabots, réajustent les fers qui ne tiennent plus, ou bien – et c’est pour lui d’autant plus instructif que c’est nouveau – il observe avec enchantement la façon dont les chameliers s’y prennent avec les chameaux pour pré­parer dès ce jour la charge de chaque animal, en la proportionnant à la bête, en l’équilibrant, et comment ils font s’agenouil­ler et se lever l’animal pour pouvoir le charger et le décharger, en le récompensant ensuite par une poignée de légumes secs qui me paraissent être des fèves et en finissant par une distribution de baies de caroubiers que les hommes aussi mâchonnent avec plaisir.

Marziam est vraiment subjugué et il regarde autour de lui pour trouver quelqu’un qui partage son étonnement. Mais il est déçu parce que les adultes ne s’intéressent pas aux chameaux. Soit ils discutent, soit ils somnolent. Il va trouver Pierre qui dort comme un bienheureux, la tête appuyée sur du foin moelleux et il le secoue par la manche.

Pierre ouvre l’œil à demi et demande :

« Qu’est-ce qu’il y a ? Qui me veut ?

– C’est moi. Viens voir les chameaux.

– Laisse-moi dormir. J’en ai vu tellement… De vilaines bêtes. »

L’enfant va voir Matthieu qui fait les comptes de la caisse, car dans ce voyage, c’est lui le trésorier :

« J’ai été auprès des chameaux, tu sais ? Ils mangent comme des brebis, tu sais ? Et ils s’agenouillent comme des hommes et ils ressemblent à des barques avec leur mouvement de roulis quand ils marchent. Tu les as vus ? »

Matthieu, qui ne sait plus où il en est dans ses comptes par suite de l’interruption, répond sèchement : « Oui » et il retourne à son argent. Autre déception…

Marziam regarde autour de lui… Voilà Simon le Zélote et Jude qui parlent…

« Comme ils sont beaux, les chameaux ! Et bons ! On les a chargés et déchargés, et ils se sont mis par terre pour que l’homme ne se fatigue pas. Puis ils ont mangé les caroubes. Les hommes aussi en ont mangé. Cela me plairait… Mais je ne sais pas me faire comprendre. Viens, toi… »

Et il prend Simon par la main. Ce dernier, absorbé par une paisible discussion avec Jude, répond distraitement :

« Oui, mon chéri… Va, va et fais attention à ne pas te faire mal. »

Marziam le regarde d’un air étonné… Simon ne lui a pas répondu sur le ton habituel. Il va presque pleurer. Découragé, il s’éloigne et va s’appuyer à une colonne…

289.2

Jésus sort d’une pièce et le voit, seul, en train de bouder. Il va trouver l’enfant et lui pose une main sur la tête :

« Que fais-tu tout seul, l’air triste?

– Personne ne m’écoute…

– Que voulais-tu dire aux autres ?

– Rien… Je parlais des chameaux… Ils sont beaux… ils me plaisent. Là-haut, on doit avoir l’impression d’être dans une barque… Et ils mangent des caroubes, même les hommes…

– Et tu as envie d’y monter et de manger des caroubes. Viens, allons voir les chameaux. »

Jésus prend l’enfant, tout rasséréné, par la main et se dirige au fond de la cour. Il s’avance tout droit vers un chamelier et le salue d’un sourire. Celui-ci s’incline et continue à surveiller son animal auquel il ajuste le fronton et règle la bride.

« Homme, tu me comprends ?

– Oui, Seigneur, je vous connais depuis vingt ans.

– Cet enfant a un grand désir : monter à chameau… Et un petit : manger une caroube. »

Jésus sourit encore plus vivement.

« Ton fils ?

– Je n’ai pas de fils. Je n’ai pas d’épouse.

– Toi si beau et si fort, pas trouvé de femme ?

– Je n’en ai pas cherché.

– Tu ne sens pas désir de femme ?

– Non. Jamais. »

L’homme le regarde d’un air abasourdi, puis il dit :

« Moi, neuf enfants à Ischilo… J’y vais : un enfant. J’y vais : un enfant. Toujours.

– Tu les aimes bien, tes enfants ?

– Mon sang ! Mais travail dur. Moi ici, enfants là-bas. Au loin… Mais c’est pour leur pain. Tu comprends ?

– Je comprends. Alors tu peux comprendre l’enfant qui veut monter à chameau et manger les caroubes ?

– Oui, viens. Peur ? Non ? Bravo. Bel enfant ! Moi aussi, un comme ça. Noir comme ça. Prends ici. Serre fort. »

Et il lui met dans les mains le manche bizarre qui se trouve au devant de la selle.

« Tiens-toi. Maintenant je viens, et le chameau se lève. Pas peur, hein ? »

Et l’homme se juche sur la selle élevée, s’installe et appelle le chameau qui obéit et se lève en tanguant fortement.

Marziam rit de bonheur, d’autant plus que l’homme lui a mis dans la bouche une magnifique caroube. L’homme met le chameau au pas, dans la cour, puis au trot. Enfin, voyant que Marziam n’a pas peur, il crie quelque chose à l’un de ses compagnons et celui-ci ouvre la grande porte qui est sur l’arrière de la cour et le chameau disparaît, avec sa charge, dans la verdure de la campagne.

289.3

Jésus rentre à la maison, dans une grande pièce où sont les femmes. Son sourire est tellement épanoui que Marie lui de­mande :

« Qu’as-tu, mon Fils, pour être si heureux ? »

– J’ai la joie de Marziam qui est en train de galoper sur un chameau. Sortez pour le voir revenir. »

Tout le monde sort dans la cour et s’assied sur un muret près des bassins. Les apôtres qui ne dorment pas s’approchent. Ceux qui étaient aux fenêtres des chambres du haut regardent en bas, ils voient et viennent aussi. Des voix claires et juvéniles, qui annoncent Jean et les deux Jacques, éveillent aussi Pierre et André et secouent Matthieu. Ils sont maintenant au complet car Jean d’En-Dor arrive aussi avec les deux disciples.

« Mais où est Marziam, je ne le vois pas ? demande Pierre.

– En promenade en chameau. Aucun de vous ne l’écoutait… Je l’ai vu triste et j’y ai remédié. »

Pierre, Matthieu et Simon se souviennent :

« Ah oui ! Il parlait des chameaux… et des caroubes. Mais moi, j’avais sommeil !

– Moi, j’avais des comptes à faire, pour te rendre compte de ce que j’avais reçu des géraséniens et de ce que j’avais donné en aumônes.

– Et moi, je parlais de la foi avec ton frère !

– Peu importe. Je m’en suis occupé moi-même. Néanmoins, je vous dis incidemment que c’est aussi de l’amour de s’occuper des jeux d’un enfant… Mais parlons d’autre chose. Au dehors, la ville est toute en fête. De notre sabbat, il ne reste que le souvenir d’une réjouissance générale. Il vaut donc mieux rester à l’intérieur, d’autant plus que, s’ils le souhaitent, ils peuvent nous trouver. Ils savent où nous sommes.

289.4

Voilà Alexandre qui passe en revue ses chameaux. Je vais lui dire qu’il en manque un, par ma faute. »

Jésus s’en va rapidement trouver le marchand et lui parle. Ils reviennent ensemble. Le marchand dit :

« Très bien, il s’amusera et la course au soleil lui fera du bien. Tu peux être sûr que l’homme le traitera bien. Calipio est un brave homme. En échange de la course, je te demande de me dire quelque chose. Cette nuit, je pensais à tes paroles… à celles entendues à Ramoth, entre toi et la femme, à celles d’hier. Hier, j’avais l’impression de grimper sur une montagne élevée comme celles des terres que j’habite, qui ont réellement leurs sommets dans les nuages. Tu m’emmenais haut, très haut. Il me semblait que j’étais pris par un aigle, un de ceux de notre plus grande montagne, la première sortie du Déluge. Je voyais des choses nouvelles, jamais imaginées, tout n’était qu’une lumière… Et je les comprenais. Ensuite, elles se sont brouillées. Parle encore.

– Que dois-je dire ?

– Mais, je ne sais pas… Tout était beau. Tu disais qu’on se retrouverait au Ciel… J’ai compris qu’on s’y aimerait différemment mais également. Par exemple, nous n’aurons plus les soucis de maintenant et pourtant nous serons tous pour un et un pour tous, comme si nous formions une seule famille. Je m’exprime mal ?

– Non, au contraire ! Nous formerons une seule famille même avec les vivants. Les âmes ne sont pas séparées par la mort. Je parle des justes. Ils forment une seule grande famille. Imagine un grand temple où il y a des gens qui adorent et prient et d’autres qui se fatiguent. Les premiers prient aussi pour ceux qui se fa­tiguent, les seconds travaillent pour ceux qui prient. Il en est ainsi des âmes. Nous nous fatiguons sur terre ; eux nous sou­tiennent par leurs prières. Mais nous devons offrir nos souffrances pour leur donner la paix. C’est une chaîne sans fin. C’est l’Amour qui lie ceux qui ont été avec ceux qui sont. Et ceux qui sont doivent être bons pour pouvoir retrouver ceux qui ont été et qui désirent nous retrouver. »

289.5

Syntica esquisse un geste involontaire, qu’elle arrête tout de suite. Mais Jésus le voit et l’invite à sortir de la réserve que la femme garde toujours.

« Je réfléchissais… et cela fait plusieurs jours que j’y réfléchis et à vrai dire, cela me trouble, car il me semble que croire à ton paradis, c’est perdre pour toujours ma mère et mes sœurs… »

Un sanglot brise la voix de Syntica qui s’arrête pour ne pas pleurer.

« Quelle est cette pensée qui te trouble à ce point ? »

– Maintenant, je crois en toi. Ma mère, je ne puis la voir autrement que païenne. Elle était bonne… Ah, si bonne ! Et mes sœurs aussi ! La petite Ismène était la meilleure créature que la terre ait portée. Mais elles étaient païennes… Or moi, tant que j’étais comme elles, je pensais à l’Hadès et je disais : “ Nous nous réunirons. ” Maintenant il n’y a plus d’Hadès, il y a ton paradis, le Royaume des Cieux pour ceux qui ont servi avec justice le vrai Dieu. Et ces pauvres âmes ? Ce n’est pas leur faute si elles sont nées grecques ! Aucun des prêtres d’Israël n’est venu nous dire : “ Le vrai Dieu, c’est le nôtre. ” Alors ? Leurs vertus ne comptent-elles pour rien ? Leurs souffrances ne comptent-elles pour rien ? Leur lot n’est-il que ténèbres éternelles et éternelle séparation de moi ? Je te le dis : c’est un vrai tourment ! Il me semble presque les avoir reniées. Pardon, Seigneur… Je pleure… »

Désolée, elle s’agenouille, en larmes.

Alexandre Misace intervient :

« Voilà ! Je me demandais moi aussi si, en devenant un juste, je retrouverais jamais mon père, ma mère, mes frères, mes amis… »

289.6

Jésus pose les doigts sur la tête brune de Syntica et dit :

« Il y a faute quand, en connaissant le vrai, on persiste dans l’erreur. Pas quand on est convaincu d’être dans la vérité et qu’aucune voix n’est venue dire : “ Ce que je vous apporte est la vérité. Abandonnez vos chimères pour cette vérité et vous obtiendrez le Ciel. ” Dieu est juste. Veux-tu qu’il ne récompense pas la vertu si elle s’est formée toute seule au milieu de la corruption d’un monde païen ? Donne-toi la paix, ma fille.

– Mais le péché originel ? Et le culte infâme ? Et… »

Les juifs auraient dit bien autre chose, qui aurait oppressé l’âme déjà affligée de Syntica, si Jésus n’avait, d’un geste, imposé le silence.

Il dit :

« Le péché originel est commun à tous, israélites ou non. Ce n’est pas une particularité des païens. Le culte païen sera cou­pable à partir du moment où la Loi du Christ sera diffusée dans le monde. La vertu sera toujours vertu aux yeux de Dieu. Et par mon union avec le Père je dis – et je dis en son nom, en traduisant par des paroles sa pensée très sainte–, que les voies du pouvoir miséricordieux de Dieu sont nombreuses et tendent toutes à réjouir les vertueux. J’ajoute que les barrières d’une âme à une autre âme seront levées et que la paix existera pour ceux qui méritent la paix. Mais non seulement cela : je dis qu’à l’avenir ceux qui, convaincus d’être dans la vérité, suivront la religion de leurs pères avec justice et sainteté, ne seront pas mal vus par Dieu ni punis par lui. C’est la malice, la mauvaise volonté, le refus délibéré de la vérité connue, et surtout la volonté d’attaquer la vérité révélée et de la combattre, c’est la vie vicieuse, qui sépareront réellement les âmes des justes de celles des pécheurs, pour toujours. Relève ton esprit abattu, Syntica. Cette mélancolie est un assaut infernal, qui vient de la colère que Satan éprouve contre toi, qui es une proie pour toujours perdue pour lui. L’Hadès n’existe pas. Il y a mon Paradis. Il n’est pas cause de douleur, mais de joie. Rien de ce qui vient de la vérité ne doit être cause d’abattement ou de doute, mais au contraire une force pour croire toujours davantage et avec une joyeuse sécurité. Mais toi, dis-moi toujours tes raisons. Je veux en toi une lumière tran­quille et stable comme celle du soleil. »

Syntica, qui est encore à genoux, lui prend la main et la baise…

289.7

Le crrr, crrr du chamelier fait comprendre que le chameau va rentrer au pas, sans faire de bruit sur l’herbe drue qui est au delà du portail arrière, qu’un serviteur ouvre aussitôt. Et Marziam revient, heureux, tout rouge après cette course : un tout petit bonhomme hissé en haut de la croupe du chameau, et qui rit en agitant les bras, pendant que le chameau s’agenouille, et qui glisse en bas de la selle bizarre, en embrassant le brun chamelier. Puis il court vers Jésus en s’écriant :

« Que c’est beau ! C’est sur ces bêtes que les sages d’Orient sont venus t’adorer ? Et moi, j’irai avec eux pour te prêcher partout ! Le monde semble plus grand vu de là-haut et il dit : “ Venez, venez, vous qui savez la Bonne Nouvelle ! ” Tu sais ? Même cet homme en a besoin… Et toi aussi, marchand, et tous tes serviteurs… Que de gens l’attendent et meurent sans qu’ils puissent l’entendre… Plus de gens que de grains de sable dans le fleuve. Tous, ils sont sans toi, Jésus ! Ah ! Mais dépêche-toi de l’annoncer à tous ! »

Et il s’accroche à ses côtés en levant la tête. Jésus se penche et l’embrasse, en promettant :

« Tu verras le Royaume de Dieu évangélisé jusqu’aux confins les plus lointains de Rome. Tu es content ?

– Moi, oui. Après, je viendrai te dire : “ Voilà, celui-ci, celui-là et cet autre pays te connaissent. ” Alors je connaîtrai les noms de ces terres lointaines. Et toi, qu’est-ce que tu me diras ?

– Je te dirai : “ Viens, petit Marziam. Reçois une couronne pour chaque pays où tu m’as prêché, puis viens ici à côté de moi, comme ce jour-là à Gérasa, et repose-toi de tes fatigues, car tu as été un serviteur fidèle, et maintenant il est juste que tu sois bienheureux dans mon Royaume. ” »

289.1

Largas son las horas de un día cuando no se sabe qué hacer. Y verdaderamente no saben qué hacer este sábado los que están con Jesús, en una ciudad donde no conocen a nadie, en una casa en que se ven divididos por las diferencias de lengua y costumbres, como si no fueran ya suficientes los prejuicios hebreos para tenerlos divididos de los caravaneros y de los servidores de Alejandro Misax. Por eso muchos están todavía en la cama, o dando cabezadas al sol que calienta el vasto patio cuadrado de la casa. Un patio adecuadísimo para recibir caravanas, con pilas, con argollas clavadas en las paredes o en las columnas de un rústico pórtico dispuesto a lo largo de los cuatro lados, y numerosas caballerizas y henales y pajares en tres de los lados. Las mujeres están retiradas en sus habitaciones; no se ve ni una sola.

Margziam encuentra motivo de distracción incluso en este patio cerrado: observa el trabajo de los estableros, que almohazan a los mulos, cambian las camas, examinan las pezuñas, remachan las herraduras flojas, o —y ello suscita en él aún mayor interés, porque es una cosa nueva— observa encandilado lo que hacen los camelleros, preparando ya desde hoy la carga para cada uno de los animales, distribuyéndolo en proporción al animal, equilibrándolo, y cómo les hacen arrodillarse y levantarse para poderles cargar y descargar, para premiarles después con un puñado de legumbres secas —me parecen habas—; en fin… una distribución de bayas de algarrobo, que también los hombres mastican con gusto.

Margziam está verdaderamente asombrado y mira alrededor de sí para encontrar a alguien con quien compartir su asombro. Pero queda desilusionado porque los adultos no están atentos a los camellos: unos hablan entre sí, otros están adormilados. Se acerca a Pedro, que duerme como un bendito, apoyada la cabeza sobre el blando heno. Le tira de una manga. Pedro abre medio ojo y pregunta: «¿Qué pasa? ¿Quién me requiere?».

«Yo. Ven a ver los camellos».

«Déjame dormir. He visto muchos camellos… Son animales feos».

El niño va donde Mateo, que está haciendo cuentas, pues en este viaje el tesorero es él: «¡He estado viendo los camellos, ¿sabes?! ¡Cómen como las ovejas, ¿sabes?! Y se arrodillan como los hombres y parecen barcas subiendo y bajando cuando andan. ¿Tú los has visto?».

Mateo, que ha perdido la cuenta por la interrupción, responde con un seco: «Sí» y vuelve a sus monedas. Otra desilusión…

Margziam mira a su alrededor… Allí están Simón y Judas Tadeo hablando…

«¡Qué bonitos son los camellos! ¡Y qué buenos! Los han cargado y descargado, y se han agachado para que los hombres no se fatigaran. Luego han comido algarrobas. También los hombres. A mí me gustaría… pero no sé cómo lograr entenderme. Ven…» y coge de la mano a Simón.

Simón, absorto en el pacífico debate con el Tadeo, responde distraídamente: «Sí, bonito… Ve, ve, pero ten cuidado de no hacerte daño».

Margziam le mira perplejo… Simón ha dado una respuesta fuera de lugar. Casi llora. Se aleja desilusionado y va a apoyarse en una columna…

289.2

Jesús sale de una habitación y le ve muy murrioso y solo. Se acerca al niño, le pone una mano encima de la cabeza: «¿Qué haces todo solo y triste?».

«Ninguno me hace caso…».

«¿Qué querías de ellos?».

«Nada… Hablaba de los camellos… Son bonitos… me gustan. Estar ahí arriba debe ser como estar en una barca… Y comen algarrobas; también los hombres…».

«Y quieres subir arriba y comer las algarrobas. Ven, vamos donde los camellos» y Jesús le coge de la mano y va al fondo del vasto patio con el niño, que se ha calmado por completo.

Va derecho hacia un camellero y le saluda con una sonrisa. Éste se inclina y sigue observando a su animal (está colocándole la cabezada y regulándole las bridas).

«Hombre, ¿me entiendes?».

«Sí, señor. Hace veinte años que os conozco».

«Este niño tiene un deseo grande: subir a un camello, y un deseo pequeño: comer una algarroba» y Jesús sonríe más vivamente todavía.

«¿Tu hijo?».

«No tengo hijos. No tengo mujer».

«Tú, muy guapo y fuerte, ¿no encontrado mujer?».

«No la he buscado».

«¿No sentido deseo de mujer?».

«No. Nunca».

El hombre le mira estupefacto. Luego dice: «Yo nueve hijos en Isquilo… Voy: hijo. Voy: hijo. Siempre».

«¿Los quieres a tus hijos?».

«¡Sangre mía! Pero trabajo duro. Yo aquí, hijos allí. Lejos… Pero para pan ellos. ¿Entiendes?».

«Entiendo. Entonces puedes comprender a este niño que quisiera montar en el camello y comer unas algarrobas».

«Sí. Ven. ¿Miedo? ¿No? Bien. ¡Bonito el niño! También yo. Uno así. Así moreno. Aquí. Coge aquí. Fuerte» y le pone la mano en el original agarre de la parte delantera de la silla. «Sujetar. Ahora voy yo. Y camello arriba. ¡No miedo, ¿eh?!». Y el hombre trepa hasta la alta silla, se coloca bien e incita al camello, el cual, obediente, con una fuerte arfada, se alza.

Margziam ríe contento; y mucho más contento dado que el camellero le ha puesto en la boca una magnífica algarroba. El hombre pone el camello al paso, a lo largo del patio; luego, al trote; en fin, al ver que Margziam no tiene miedo, grita algo a un compañero y éste abre la grandísima puerta trasera del patio, y el camellero desaparece con su carga hacia el verde de la campiña.

289.3

Jesús vuelve hacia la casa y entra en una habitación grande donde están las mujeres. Sonríe tanto, que María le pregunta: «¿Qué sucede, Hijo mío, que estás tan contento?».

«Es la alegría de Margziam, que está galopando montado en un camello. Salid para que le veamos volver».

Salen todos al patio y se sientan en una paredilla baja cabe los pilones. Los apóstoles que no duermen se acercan; los que estaban asomados a las ventanas de la habitación miran hacia abajo, ven y se acercan también. Sus voces altas y juveniles —son las de Juan y los dos Santiagos— despiertan a Pedro y Andrés y hacen reaccionar a Mateo. Ahora están al completo, pues viene también Juan de Endor con los dos discípulos.

«¿Pero, dónde está Margziam, que no le veo?» pregunta Pedro.

«De paseo en el camello. Ninguno de vosotros le escuchaba… Le he visto triste y he puesto el remedio oportuno».

Pedro, Mateo y Simón recuerdan: «¡Ah! ¡claro! Hablaba de camellos… y de algarrobas. ¡Pero yo tenía sueño!»; «yo tenía cuentas que hacer, para darte la relación de lo que he recibido de los gerasenos y de lo que he dado como limosna»; «¡y yo estaba hablando de cosas de fe con tu hermano!».

«No importa. Me he preocupado Yo. De todas formas, dicho sea de paso, también es amor ocuparse de los juegos de un niño… Pero ahora vamos a hablar de otra cosa. Fuera, toda la ciudad está de fiesta. De nuestro sábado el único recuerdo que hay es una alegría general. Es mejor que ahora nos quedemos aquí dentro, con mucha más razón considerando que si quieren pueden encontrarnos. Saben dónde estamos.

289.4

Ahí está Alejandro inspeccionando sus camellos.

Voy a decirle que falta uno por mi culpa». Y Jesús va raudo hacia el mercader y le habla.

Vuelven juntos. El mercader dice: «Muy bien. Se divertirá, y le sentará bien una carrera bajo el sol. Puedes estar seguro de que el hombre le tratará bien. Calipio es un hombre recto. A cambio de la carrera te pido algunas palabras. Esta noche pensaba en tus palabras… en las de Ramot entre Tú y la mujer, en las de ayer. Ayer tenía la impresión de estar subiendo a un alto monte, como los de la tierra en que habito, que tiene su cima verdaderamente en las nubes. Impulsabas hacia arriba, hacia arriba, hacia arriba. Me sentía como enganchado por un águila: una de esas de nuestro monte mayor, el primero que emergió del Diluvio. Todo lo veía nuevo, cosas en las que nunca había pensado, todas hechas de una luz… Y las comprendía. Luego se me han embrollado. Sigue hablando».

«¿Y de qué tengo que hablar?».

«No sé… Todo era hermoso. Lo que decías de volvernos a encontrar en el Cielo… He comprendido que allí se amará de forma distinta y, no obstante, igual. Por ejemplo: no tendremos las inquietudes de ahora, y, no obstante, seremos todos para uno y uno para todos, como si fuéramos una única familia. ¿Me equivoco?».

«No. Es más, formaremos una sola familia incluso con los que todavía viven. Las almas no quedan separadas por la muerte. Estoy hablando de los justos. Ellos constituyen una sola gran familia. Imagínate un gran templo donde haya unos que adoran y oran y otros que trabajan; los primeros oran por éstos también, y éstos trabajan para los que oran. Lo mismo las almas. Nosotros trabajamos aquí en la tierra. Ellos nos ayudan con sus oraciones. Y nosotros debemos ofrecer nuestros sufrimientos por su paz. Es una cadena que no se rompe. El Amor une a los que vivieron con los que viven. Y los que viven deben ser buenos para volverse a unir con los que vivieron y desean que estén con ellos».

289.5

Síntica hace un gesto involuntario que frena inmediatamente. Pero Jesús lo ve y la invita a salir de la circunspección que ella siempre observa.

«Pensaba… Ya hace días que lo pienso y, a decir verdad, me turba, porque me parece que creer en tu Paraíso significa perder para siempre a mi madre y a mis hermanas…» un sollozo quiebra la voz de Síntica, y no continúa para no llorar.

«¿Qué pensamiento es este que tanto te turba?».

«Yo ahora creo en ti. A mi madre no sé pensarla sino como pagana. Era buena… ¡Muy buena! ¡Eran muy buenas también mis hermanas! La pequeña Ismene era la criatura más buena que la Tierra haya tenido. Pero eran paganas… Pero cuando yo era como ellas pensaba en el Hades y decía: “Volveremos a estar juntas”. Ahora ya no existe el Hades. Existe tu Paraíso, el Reino de los Cielos para los que han servido con justicia al Dios verdadero. ¿Y esas pobres almas? ¡No tienen culpa de haber nacido griegas! Ninguno de los sacerdotes de Israel vino a decir: “El Dios verdadero es el nuestro”. ¿Y entonces? ¿Sus virtudes, nada? ¿Sus sufrimientos, nada? ¿Tinieblas eternas y eterna separación de mí? Te digo: ¡un tormento! Me parece como haberlas renegado. Perdona, Señor… Yo lloro…» y se postra de rodillas y llora desolada.

Alejandro Misax dice: «¡Sí! Yo también pensaba si, haciéndome justo, volvería a ver a mi padre, a mi madre, a mis hermanos, a mis amigos…».

289.6

Jesús posa sus dedos sobre la cabeza morena de Síntica y dice: «Constituye culpa cuando, conociendo la Verdad se persiste en el Error; no cuando uno está convencido de estar en la verdad y ninguna voz se ha acercado nunca a decir: “Traigo la verdad. Abandonad vuestras quimeras por esta Verdad y tendréis el Cielo”. Dios es justo. ¿Crees que no va a premiar la virtud por el hecho de que se haya formado aislada entre la corrupción de un mundo pagano? Tranquilízate, hija».

«¿Y el pecado original? ¿Y el culto nefando? Y…».

Más cosas —para amontonarse sobre el alma afligida de Sínti­ca— saldrían de la boca de los israelitas, si Jesús, con un gesto, no impusiera silencio.

Dice: «El pecado original es común a todos, de Israel y no de Israel. No es particularidad de los paganos. El culto pagano constituirá culpa cuando la Ley de Cristo esté difundida en el mundo. La virtud será siempre virtud a los ojos de Dios. Y, por la unión mía con el Padre, digo —y lo digo en su Nombre, traduciendo en palabras el Pensamiento santísimo— que los caminos del poder misericordioso de Dios son tantos y tan totalmente orientados a la dicha de los virtuosos, que serán eliminadas las barreras entre las almas, y los que merecieron paz paz tendrán. No sólo esto, sino que digo que en el futuro los que, convencidos de estar en la Verdad, sigan la religión de sus padres con justicia y santidad, no serán malquistos de Dios ni castigados por Él. Es la malicia, la falta de buena voluntad, el rechazar deliberadamente la Verdad conocida, es, sobre todo, el impugnar la Verdad revelada y luchar contra ella, es el vivir vicioso lo que realmente separará para siempre las almas de los justos de las de los pecadores. Alza el espíritu abatido, Síntica. Estas melancolías son un asalto infernal por la ira que Satanás siente hacia ti, presa para siempre perdida. El Hades no existe. Existe mi Paraíso. Mas no es causa de dolor, sino de dicha. Nada de la Verdad debe ser causa de abatimiento o duda; antes al contrario, fuerza para creer cada vez más y con gozosa seguridad. Pero tú manifiéstame siempre tus razones. Quiero que tengas luz segura y firme como la del Sol».

Síntica, todavía arrodillada, le toma la mano y la besa…

289.7

El crrr crrr del camellero da a entender que el camello está para volver, al paso, sin hacer ruido en la tupida hierba que hay fuera de la trasera, la cual abre sin demora uno de los hombres de la caravana. Y Margziam vuelve contento, colorado por la carrera: un minúsculo hombrecito subido a la alta grupa. Ríe agitando los brazos mientras el camello se arrodilla, se deja deslizar desde la original silla, acaricia al camellero de piel morena, y luego corre hacia Jesús gritando: «¡Qué bonito! ¿Vinieron en estos animales para adorarte los Sabios de Oriente? ¡Y yo voy a ir con ellos a predicarte por todas partes! El mundo parece más grande visto desde allí arriba, y dice: “¡Venid, venid, vosotros que conocéis la Buena Nueva!”. ¡Oh! ¿Sabes?… También ese hombre la necesita… Y también tú, mercader, y todos tus hombres… ¡Cuánta gente espera, y muere sin poderla recibir!… Más gente que la arena del río. ¡Todos sin ti, Jesús! ¡Dísela pronto a todos!» y se le abraza a la cintura levantando la cabeza.

Jesús se agacha para besarle y promete: «Verás el Reino de Dios evangelizado en los confines más lejanos de Roma. ¿Contento?».

«Yo sí. Luego iré a decirte: “Mira: éste, aquél y aquel otro país te conocen”. Entonces sabré los nombres de esas tierras lejanas. ¿Y Tú qué me dirás?».

«Te diré: “Ven, pequeño Margziam. Recibe una corona por cada país en que me has predicado, y luego ven aquí, a mi lado, como aquel día en Gerasa; descansa de tus fatigas porque has sido un siervo fiel y ahora es justa tu bienaventuranza en mi Reino”».