Los Escritos de Maria Valtorta

30. L’annonce aux bergers, premiers adorateurs du Verbe fait homme.

30. El anuncio a los pastores, que vienen a ser

30.1

Plus tard, je vois une vaste étendue de campagne. La lune est au zénith et plane tranquillement dans un ciel semé d’é­toiles. On dirait autant de clous de diamant fixés sur un immense baldaquin de velours bleu foncé. En plein milieu, la figure diaphane de la lune y rit, et des fleuves d’une lumière lactée en descendent, donnant une teinte blanche au paysage. Les arbres dénudés paraissent plus grands et plus sombres sur le sol éclairé, tandis que les murets qui s’élèvent ici et là en guise de bordures prennent une couleur laiteuse. Dans le lointain, une maisonnette semble être un bloc de marbre de Carrare.

Je vois sur ma droite un endroit clos par une haie de ronces sur deux côtés, et par un mur bas et rustique des autres côtés. Ce mur soutient le toit d’une sorte de hangar large et bas dont la partie à l’intérieur de l’enclos est construite pour une part en maçonnerie et pour une part en bois. Je suppose que, en été, on doit retirer les parties en bois de sorte que le hangar se change en portique. De temps en temps, il en sort un bêlement intermittent et bref. Ce doit être des brebis qui rêvent ou qui croient l’aube proche à cause de la clarté de la lune. Cette clarté est si intense qu’elle en devient même excessive, et elle s’accroît, comme si l’astre se rapprochait de la terre ou étincelait en raison de quelque mystérieux incendie.

30.2

Un berger paraît sur le seuil. Il lève un bras à hauteur du front pour protéger ses yeux et regarde en l’air. Il semble impossible qu’on doive se préserver de la clarté de la lune. Mais elle est si vive qu’elle éblouit, surtout quand on sort d’un enclos plongé dans l’obscurité. Tout est paisible. Mais une telle lumière est étonnante.

Le berger appelle ses compagnons. Ils viennent tous à la porte, c’est une troupe d’hommes hirsutes, de tous âges. Certains sont à peine des adolescents, d’autres ont les cheveux blancs. Ils commentent cet étrange phénomène, les plus jeunes ont peur. L’un d’eux, en particulier, un enfant d’une douzaine d’années, se met à pleurer, s’attirant les moqueries des plus âgés.

« De quoi as-tu peur, nigaud ? » lui dit le plus vieux. « Tu ne vois pas que l’air est paisible ? Tu n’as jamais vu briller la lune ? Tu es toujours resté sous les jupes de ta mère comme un poussin sous la mère poule, hein ? Mais tu en verras, des choses ! Une fois, j’étais allé jusqu’aux monts du Liban, et même au-delà. Tout en haut. J’étais jeune, alors, et la marche ne me fatiguait pas. J’étais même riche, en ce temps-là… Une nuit, j’ai vu une lumière telle que j’ai pensé qu’Elie allait revenir sur son char de feu. Le ciel tout entier était un véritable incendie. Un vieillard – à cette époque, le vieillard, c’était lui – m’a dit : “ Un grand événement va bientôt avoir lieu dans le monde. ” Mais pour nous, ce fut un malheur, car ce sont les soldats de Rome qui sont arrivés. Ah, tu en verras, si tu vis ! »

30.3

Mais le petit berger ne l’écoute déjà plus. On dirait qu’il n’a même plus peur, car il quitte le seuil de la porte, s’échappe de derrière les épaules d’un berger musclé derrière lequel il s’était réfugié et sort dans le parc à bétail qui se trouve devant le hangar. Il regarde en l’air et marche comme un somnambule, ou plutôt comme s’il était hypnotisé par quelque chose qui l’attire complètement. A un moment, il pousse un “ oh ” de surprise et reste, comme pétrifié, les bras légèrement ouverts.

Stupéfaits, les autres se regardent.

« Qu’a donc ce bêta ? dit l’un.

– Dès demain, je le renvoie chez sa mère. Je ne veux pas de fous pour garder les brebis » déclare un autre.

Le vieillard qui a parlé avant lui ajoute :

« Allons voir avant de juger. Appelez aussi les autres qui dorment et prenez vos bâtons. Il y a peut-être une mauvaise bête ou des brigands… »

Ils rentrent, appellent les autres bergers, sortent avec des torches et des gourdins et rejoignent l’enfant.

« Là, là ! » murmure-t-il en souriant. « Au-dessus de l’arbre, regardez cette lumière qui arrive. On dirait qu’elle avance sur un rayon de lune. Là voilà qui s’approche ! Qu’elle est belle !

– Moi, je ne vois qu’une clarté un peu vive.

– Moi aussi, approuvent les autres.

– Non. Je vois quelque chose qui ressemble à un corps, dit l’un d’eux, en qui je reconnais le berger qui a donné du lait à Marie.

– C’est un… c’est un ange ! S’écrie l’enfant. Le voilà qui descend et qui s’approche… par terre ! A genoux devant l’ange de Dieu ! »

Un long “ oh ” plein de respect s’élève du groupe des bergers qui tombent face à terre. Plus ils sont âgés, plus ils paraissent frappés par l’apparition. Les plus jeunes sont à genoux, mais ils regardent l’ange, qui s’approche toujours plus près et s’arrête en l’air en déployant de grandes ailes d’une blancheur de perle dans la blancheur de la lune qui l’entoure, au-dessus du mur d’en­ceinte.

« N’ayez pas peur, je ne porte pas malheur. Je vous apporte la nouvelle d’une grande allégresse pour le peuple d’Israël et pour tous les peuples de la terre. »

La voix de l’ange ressemble à une harpe harmonieuse qui accompagne des chants de rossignols.

« Aujourd’hui, dans la cité de David est né le Sauveur. »

A ces mots, l’ange ouvre plus grand ses ailes et les agite comme sous un tressaillement de joie, et une pluie d’étincelles d’or et de pierres précieuses paraît s’en échapper, en un véritable arc-en-ciel qui forme un arc de triomphe sur le pauvre parc à bétail.

« … le Sauveur, qui est le Christ. »

L’ange resplendit d’une lumière encore plus vive. Ses deux ailes, maintenant immobiles et tendues vers le ciel comme deux voiles figées sur le saphir de la mer, ressemblent à deux flammes qui s’élèvent en brûlant ardemment.

« … le Christ, le Seigneur ! »

L’ange replie ses deux ailes resplendissantes et s’en couvre comme d’un manteau de diamant sur son habit de perle, il s’incline comme s’il adorait, les bras repliés sur son cœur ; son visage, penché sur sa poitrine, disparaît dans l’ombre du haut de ses ailes repliées. On ne voit plus qu’une forme lumineuse oblongue, immobile pendant la durée d’un “ Gloire à Dieu ”.

Mais voilà qu’il bouge : il rouvre ses ailes, lève son visage sur lequel la lumière se fond en un sourire paradisiaque, et dit :

« Vous le reconnaîtrez à ces signes : dans une pauvre étable, derrière Bethléem, vous trouverez un enfant enveloppé dans des langes dans une mangeoire pour animaux, car le Messie n’a pas trouvé de toit dans la cité de David. »

A ces mots, l’ange devient sérieux, même triste.

30.4

Soudain, une foule innombrable d’anges pareils à lui ar­rive des cieux, une échelle d’anges qui descendent en exultant d’allégresse ; leur éclat paradisiaque éclipse la lune. Ils viennent se réunir autour de l’ange annonciateur en agitant leurs ailes, en répandant des parfums, avec des musiques harmonieuses dans lesquelles les plus belles voix de la création se retrouvent, mais portées à la perfection de leur sonorité. Si la peinture représente l’effort de la matière pour devenir lumière, ici la mélodie est l’effort de la musique pour faire resplendir devant les hommes la beauté de Dieu : entendre cette mélodie revient à connaître le paradis, où tout est harmonie de l’amour qui se dégage de Dieu pour réjouir les bienheureux et que ceux-ci lui retournent pour lui dire : « Nous t’aimons ! »

Le “ Gloire à Dieu ” angélique se répand en ondes de plus en plus étendues sur la campagne paisible, accompagnées de lu­mière. Les oiseaux y unissent leurs chants pour saluer cette lumière précoce et les brebis leurs bêlements pour ce soleil anticipé. Mais moi, comme déjà dans la grotte pour le bœuf et l’âne, j’aime à croire que ce sont les animaux qui saluent leur Créateur venu parmi eux pour les aimer, non seulement comme homme, mais aussi comme Dieu.

Le chant décroît et la lumière faiblit tandis que les anges remontent aux cieux…

30.5

…Les bergers reviennent à eux.

« Tu as entendu ?

– On va voir ?

– Et les bêtes ?

– Oh, il ne leur arrivera rien ! Allons-y, pour obéir à la parole de Dieu !

– Mais où aller ?

– N’a-t-il pas dit qu’il est né aujourd’hui ? et qu’il n’a pas trouvé de logement à Bethléem ? »

Celui qui parle, c’est le berger qui a donné le lait.

« Venez, moi je sais. J’ai vu la femme et elle m’a fait de la peine. Je lui ai indiqué un endroit, parce que je pensais bien qu’elle ne trouverait pas où se loger, et j’ai donné à l’homme du lait pour elle. Elle est si jeune, si belle ! Elle doit être bonne comme l’ange qui nous a parlé. Venez, venez. Allons prendre du lait, des fromages, des agneaux ainsi que des peaux de mouton tannées. Ils doivent être très pauvres et… qui sait quel froid ressent celui que je n’ose nommer ! Dire que j’ai parlé à sa Mère comme à une pauvre épouse ! »

Ils vont au hangar et en ressortent peu après, les uns avec de petites fiasques de lait, les autres avec des fromages ronds enveloppés dans des filets de sparte, d’autres encore portent des peaux de mouton tannées ou des paniers contenant un agneau bêlant.

« J’apporte une brebis. Elle a eu un agneau il y a un mois. Son lait est bon. Il pourra leur être utile si la femme n’a pas de lait. On croirait une enfant, et elle est tellement pâle ! Elle a un teint de jasmin sous la lune » dit le berger au lait.

Puis il les guide.

30.6

Ils marchent à la lumière de la lune et des torches après avoir fermé le hangar et l’enclos. Ils suivent des sentiers champêtres, à travers des haies de ronces dénudées par l’hiver.

Ils font le tour de Bethléem et arrivent à l’étable, non pas par le même chemin que Marie, mais en sens inverse, de sorte qu’ils ne passent pas devant les étables plus belles, mais tombent directement sur celle-ci. Ils s’approchent de l’ouverture.

« Entre !

– Moi, je n’ose pas.

– Toi, entre.

– Non.

– Regarde, au moins…

– Toi, Lévi, tu as été le premier à voir l’ange, c’est le signe que tu es meilleur que nous, regarde. »

Dire qu’ils l’avaient d’abord traité de fou… maintenant, ça les arrange qu’il ose faire ce que eux n’osent pas.

Le gamin hésite, puis se décide. Il s’approche de l’ouverture, écarte un peu le manteau, regarde… et s’arrête, en extase.

« Qu’est-ce que tu vois, lui demandent-ils à voix basse, anxieux.

– Je vois une belle jeune femme et un homme penchés sur une mangeoire et j’entends…, j’entends un petit bébé pleurer, et la femme lui parler avec une voix… oh, quelle voix !

– Qu’est-ce qu’elle dit ?

– Elle dit : “ Jésus, mon tout-petit ! Jésus, l’amour de ta maman ! Ne pleure pas, mon petit enfant ! ” Et aussi : “ Ah, si je pouvais te dire : ‘ Prends ce lait, mon tout-petit ! ’ Mais je n’en ai pas encore ! ” Elle dit également : “ Tu as si froid, mon amour ! La paille te pique. Quelle souffrance pour ta maman de t’en­tendre pleurer comme ça sans pouvoir te consoler ! ” Et elle ajoute : “ Dors, mon âme. Cela me fend le cœur de t’entendre pleurer et te voir pleurer. ” Elle l’embrasse et doit sûrement réchauffer ses petits pieds de ses mains, parce qu’elle reste penchée, les bras plongés dans la mangeoire.

– Appelle ! Fais-toi entendre !

– Pas moi : toi, qui nous as guidés et qui la connais. »

Le berger ouvre la bouche, mais se borne à bredouiller.

30.7

Joseph se retourne et vient à la porte :

« Qui êtes-vous ?

– Des bergers. Nous vous apportons de la nourriture et de la laine. Nous venons adorer le Sauveur.

– Entrez. »

Ils entrent, et l’étable s’éclaire à la lueur de leurs torches. Les plus âgés poussent les enfants devant eux.

Marie se retourne et sourit :

« Venez », dit-elle. « Venez ! »

Elle les y invite de la main et par son sourire, prend celui qui a vu l’ange et l’attire à elle, tout contre la crèche. L’enfant regarde, tout heureux.

Les autres, invités eux aussi par Joseph, s’avancent avec leurs cadeaux et les déposent tous aux pieds de Marie en disant quelques mots émus. Ils regardent ensuite le petit Enfant, qui pleure doucement, et sourient d’émotion et de bonheur.

L’un d’eux, moins timide, dit :

« Prends, Mère, elle est soyeuse et propre. Je l’avais préparée pour mon enfant qui va bientôt naître, mais je te l’offre. Mets ton Fils dans cette laine, elle sera douce et chaude. »

Il offre une peau de mouton, une très belle peau avec une longue toison de laine blanche.

Marie soulève Jésus et l’en recouvre. Elle le montre aux bergers, agenouillés sur la paille du sol, qui le contemplent, extasiés.

Ils se font plus hardis, et l’un d’eux propose :

« Il faudrait lui donner une gorgée de lait ou, mieux, de l’eau et du miel. Mais nous n’avons pas de miel. On en donne aux tout-petits. J’ai sept enfants, alors je sais…

– Voilà le lait. Prends, femme.

– Mais il est froid. Il en faudrait du chaud. Où est Elie ? C’est lui qui a la brebis. »

Elie doit être l’homme au lait. Mais il n’est pas là. Il s’est arrêté dehors et regarde par une fente, et il est perdu dans l’obscurité de la nuit.

« Qui vous a guidés ?

– Un ange nous a dit de venir et Elie nous a guidés ici. Mais où est-il passé maintenant ? »

C’est la brebis qui le dénonce par un bêlement.

« Avance, on a besoin de toi. »

Il entre avec sa brebis, tout honteux d’être le plus remarqué.

« C’est toi ? », demande Joseph, qui le reconnaît.

Et Marie lui dit en souriant :

« Tu es bon. »

On trait la brebis et Marie se sert de l’extrémité d’un linge trempé dans le lait chaud et écumant pour mouiller les lèvres du petit Enfant, qui suce cette douceur crémeuse. Tous sourient, et plus encore quand Jésus s’endort dans la tiédeur de la laine, le morceau de linge encore entre les lèvres.

30.8

« Vous ne pouvez pas rester ici. Il y fait froid et humide, et puis… cette odeur d’animaux ! Ça ne va pas… et… ce n’est pas bon pour le Sauveur.

– Je le sais », dit Marie avec un grand soupir. « Mais il n’y avait pas de place pour nous à Bethléem.

– Courage, Femme. Nous allons te trouver une maison.

– J’en parlerai à ma patronne », dit Elie, l’homme au lait. « Elle est bonne, elle vous accueillera, même s’il lui faut vous laisser sa chambre. Dès qu’il fera jour, je lui en parlerai. Il y a plein de monde chez elle, mais elle vous trouvera une place.

– Du moins pour mon Enfant. Joseph et moi, nous pouvons rester par terre. Mais pour l’enfant…

– ­ Ne soupire pas, Femme. Je m’en occupe. Et je répèterai à beaucoup de gens ce qui nous a été dit. Vous ne manquerez de rien. En attendant, prenez ce que notre pauvreté peut vous offrir. Nous sommes des bergers…

– Nous sommes pauvres, nous aussi », répond Joseph. « Et nous ne pouvons vous dédommager.

– Oh, nous ne voulons rien ! Même si vous le pouviez, nous n’accepterions pas ! Le Seigneur nous en a déjà récompensés. Il a promis la paix à tout le monde. Les anges disaient : “ Paix aux hommes de bonne volonté. ” Mais à nous, il nous l’a déjà donnée, parce que l’ange a annoncé que cet enfant est le Sauveur, que c’est le Christ, le Seigneur. Nous avons beau être pauvres et ignorants, nous savons que les prophètes annoncent que le Sauveur sera le Prince de la Paix. Il nous a dit aussi d’aller l’adorer : donc il nous a donné sa paix. Gloire à Dieu au plus haut des cieux et gloire à son Christ que voici ! Et bénie sois-tu, femme, de l’avoir engendré ! Tu es sainte, car tu as mérité de le porter ! Com­mande-nous comme une reine, nous serons heureux de te servir. Que pouvons-nous faire pour toi ?

– Aimer mon Fils et garder toujours au fond du cœur vos pensées de maintenant.

– ­Mais pour toi ? Tu ne désires rien ? Tu n’as pas de parents à qui faire savoir que ton Fils est né ?

– ­ Si, j’en aurais. Mais ils sont loin d’ici. Ils habitent Hébron.

– J’y vais, moi » dit Elie. « De qui s’agit-il ?

– Zacharie le prêtre et Elisabeth ma cousine.

– Zacharie ? Ah, je le connais bien. En été, je vais dans ces montagnes, car les pâturages y sont riches et beaux, et je suis l’ami de son berger. Dès que je te saurai bien installée, je partirai chez Zacharie.

– ­ Merci, Elie.

– De rien. C’est un grand honneur pour moi, qui suis un pauvre berger, d’aller parler au prêtre et de lui annoncer : “ Le Sauveur est né. ”

– Non, tu lui diras : “ Marie de Nazareth, ta cousine, a dit que Jésus est né et te demande de venir à Bethléem. ”

– Je le ferai.

– Que Dieu t’en récompense.

30.9

Je me souviendrai de toi, de vous tous…

– Tu parleras de nous à ton Enfant ?

– Oui.

– Je m’appelle Elie.

– Moi Lévi.

– Et moi Samuel.

– Et moi Jonas.

– Moi, Isaac.

– Moi Tobie.

– Et moi Jonathas.

– Et moi, Daniel.

– Moi, c’est Siméon.

– Moi, je m’appelle Jean.

– Moi, Joseph, et mon frère Benjamin, nous sommes jumeaux.

– Je me rappellerai vos noms.

– Il nous faut partir… Mais nous reviendrons… Et nous t’en amènerons d’autres pour adorer !

– Comment revenir à la bergerie en laissant cet Enfant !

– Gloire à Dieu qui nous l’a montré !

– Laisse-nous embrasser son vêtement », dit Lévi avec un sourire d’ange.

Marie soulève Jésus tout doucement et, assise sur la paille, elle présente au baiser les petits pieds, enveloppés dans des langes. Les bergers s’inclinent jusqu’à terre. Ceux qui ont de la barbe se l’essuient d’abord et presque tous pleurent ; quand ils doivent partir, ils sortent à reculons, laissant leur cœur derrière eux…

La vision se termine ainsi : Marie assise sur la paille et tenant l’Enfant sur son sein, et Joseph, accoudé au bord de la crèche, qui regarde et adore.

30.10

Jésus dit :

« Aujourd’hui, c’est moi qui parle. Tu es très fatiguée, mais fais preuve d’encore un peu de patience. C’est la vigile de la fête du Très-Saint Sacrement. Je pourrais te parler de l’Eucharistie et des saints qui se sont faits les apôtres de son culte, tout comme je t’ai parlé[1] de ceux qui furent les apôtres du Sacré Cœur. Mais je veux t’entretenir d’autre chose et d’une catégorie d’adorateurs de mon Corps qui furent les précurseurs de son culte. Il s’agit des bergers. Ce sont eux les premiers adorateurs de mon Corps de Verbe fait homme.

Je t’ai dit un jour, et l’Eglise le dit elle aussi, que les saints Innocents furent les premiers martyrs du Christ. Je te déclare aujourd’hui que les bergers sont les premiers adorateurs du Corps de Dieu. Ils possèdent toutes les qualités requises pour être des adorateurs de mon Corps, des âmes eucharistiques.

Une foi certaine : ils croient promptement et aveuglément à l’ange.

La générosité : ils offrent toutes leurs richesses à leur Seigneur.

L’humilité : ils s’approchent des personnes humainement plus pauvres qu’eux, modestement, avec des gestes qui n’humilient pas, et disent être leurs serviteurs.

Le désir : ce qu’ils ne peuvent donner d’eux-mêmes, ils s’ingénient à le procurer avec un zèle courageux.

Une obéissance prompte : Marie souhaite que Zacharie soit avertie, et Elie y part sur-le-champ. Il ne remet pas à plus tard.

Enfin, l’amour : ils ne peuvent s’arracher de la crèche, et toi tu précises avec raison : “ Ils y laissent leur cœur. ”

Mais ne faudrait-il pas se comporter de la même manière envers mon Saint Sacrement ?

30.11

J’ajoute quelque chose d’autre, pour toi seule : observe quelle est la première personne à qui l’ange se révèle, celui qui mérite d’entendre les sentiments affectueux de Marie. C’est Lévi, l’enfant.

A celui qui possède une âme d’enfant, Dieu se révèle et révèle ses mystères, il lui permet d’entendre les paroles divines et celles de Marie. Celui qui possède une âme d’enfant a aussi la sainte hardiesse de Lévi et dit : “ Laisse-moi embrasser le vêtement de Jésus. ” Il le dit à Marie, parce que Marie est toujours celle qui vous donne Jésus. C’est elle qui porte l’Eucharistie. Elle est le Ciboire vivant.

Celui qui va vers Marie me trouve. Celui qui me demande à elle me reçoit par elle. Le sourire de ma Mère, quand une créature lui dit : “ Donne-moi ton Jésus, pour que je l’aime ” fait briller les Cieux d’une plus vive splendeur de joie, tant elle s’en réjouit.

Dis-lui donc : “ Laisse-moi embrasser le vêtement de Jésus. Laisse-moi embrasser ses plaies. ” Et ose encore davantage. Dis : “ Fais reposer ma tête sur le Cœur de ton Jésus, pour que j’y trouve mon bonheur. ”

Viens, et repose-toi, comme Jésus dans son berceau, entre Jésus et Marie. »

30.1

Y ahora veo extensos campos. La Luna está en su cenit surcando tranquila un cielo colmado de estrellas. Parecen bullones de diamante hincados en un enorme palio de terciopelo azul oscuro; la Luna ríe en medio con su carota blanquísima de la que descienden ríos de luz láctea que pone blanca la tierra. Los árboles, desnudos, sobre este suelo emblanquecido, parecen más altos y negros; y los muros bajos, que acá o allá se levantan como lindes, parecen de leche. Una casita lejana parece un bloque de mármol de Carrara.

A mi derecha veo un recinto, dos de cuyos lados son un seto de espinos; los otros dos, una tapia baja y tosca. En ésta apoya la techumbre de una especie de cobertizo ancho y bajo, que en el interior del recinto está construido parte de fábrica y parte de madera: como si en verano las partes de madera se debieran quitar y se transformase así el cobertizo en un pórtico. De dentro del cercado viene, de tanto en tanto, un balar intermitente y breve. Deben ser ovejas que sueñan, o que quizás creen que pronto se hará de día, por la luz que da la Luna; una luz que es tan intensa que incluso es excesiva y que aumenta como si el astro se estuviera acercando a la Tierra o centellease debido a un misterioso incendio.

30.2

Un pastor se asoma a la puerta, se lleva un brazo a la frente para proteger los ojos y mira hacia arriba. Parece imposible que uno tenga que proteger los ojos de la luz de la Luna, pero, en este caso es tan intensa que ciega, especialmente si uno sale de un lugar cerrado oscuro. Todo está en calma, pero esa luz produce estupor.

El pastor llama a sus compañeros. Salen todos a la puerta: un grupo numeroso de hombres rudos, de distintas edades. Entre ellos hay algunos que apenas si han llegado a la adolescencia, otros ya tienen el pelo cano. Comentan este hecho extraño. Los más jóvenes tienen miedo, especialmente uno, un chiquillo de unos doce años, que se echa a llorar, con lo cual se hace objeto de las burlas de los más mayores.

«¿A qué le tienes miedo, tonto?» le dice el más viejo. «¿No ves qué serenidad en el ambiente? ¿No has visto nunca resplandecer la Luna? ¿Has estado siempre pegado a las faldas de tu madre, como un pollito a la gallina, no? ¡Pues anda que no tendrás que ver cosas! Una vez, yo había llegado hasta los montes del Líbano, e incluso los había sobrepasado, hacia arriba. Era joven, no me pesaba andar — incluso era rico entonces —... Una noche vi una luz de tal intensidad que pensé que estuviera volviendo Elías en su carro de fuego. El cielo estaba todo de fuego. Un viejo — entonces el viejo era él — me dijo: “Un gran advenimiento está para llegar al mundo”. Y para nosotros supuso una desventura, porque vinieron los soldados de Roma. ¡Oh, muchas cosas tendrás que ver, si la vida te da años!...».

30.3

Pero el pastorcillo ya no le está escuchando. Parece haber perdido incluso el miedo. De hecho, alejándose del umbral de la puerta, dejando a hurtadillas la espalda de un musculoso pastor, detrás del cual estaba refugiado, sale al redil herboso que está delante del cobertizo. Mira hacia arriba y se pone a caminar como un sonámbulo, o como uno que estuviera hipnotizado por algo que le embelesara. Llegado un momento grita: «¡Oh!» y se queda como petrificado, con los brazos un poco abiertos.

Los demás se miran estupefactos.

«Pero, ¿qué le pasa a ese tonto?» dice uno.

«Mañana le mando con su madre. No quiero locos cuidando a las ovejas» dice otro.

El anciano que estaba hablando poco antes dice: «Vamos a ver antes de juzgar. Llamad también a los que están durmiendo y coged palos. No vaya a ser un animal malo o gente malintencionada...».

Entran llamando a los otros pastores, y salen con teas y garrotes. Llegan donde el muchacho.

«Allí, allí» susurra sonriendo. «Más arriba del árbol, mirad esa luz que se está aproximando. Parece como si siguiera el rayo de la Luna. Mirad. Se acerca. ¡Qué bonita es!».

«Yo lo único que veo es una luz más viva».

«Yo también».

«Yo también» dicen los otros.

«No. Yo veo como un cuerpo» dice uno. Le reconozco: es el pastor que ofreció leche a María.

«¡Es un... es un ángel!» grita el niño. «Mirad, está bajando, y se acerca... ¡De rodillas ante el ángel de Dios!».

Un «¡oh!» largo y lleno de veneración se alza del grupo de los pastores, que caen rostro en tierra. Cuanto más ancianos son, más contra el suelo se les ve por la aparición fulgente. Los jovencitos están de rodillas, pero miran al ángel, que se aproxima cada vez más, hasta detenerse, candor de perla en el candor de luna que le circunda, suspendido en el aire, moviendo sus grandes alas, a la altura de la tapia del recinto.

«No temáis. No vengo como portador de desventura, sino que os traigo el anuncio de un gran gozo para el pueblo de Israel y para todo el pueblo de la tierra». La voz angélica es como una armonía de arpa acompañada del canto de gargantas de ruiseñores.

«Hoy en la ciudad de David ha nacido el Salvador». Al decir esto, el ángel abre más grandes las alas, y las mueve como por un sobresalto de alegría, y una lluvia de chispas de oro y de piedras preciosas parece desprenderse de ellas. Un verdadero arco iris de triunfo sobre el pobre redil.

«... el Salvador, que es Cristo». El ángel resplandece con mayor luz. Sus dos alas, ahora ya detenidas, tendiendo su punta hacia el cielo, como dos velas inmóviles sobre el zafiro del mar, parecen dos llamas que suben ardiendo.

«...¡Cristo, el Señor!». El ángel recoge sus dos fúlgidas alas y con ellas se cubre — es como un manto de diamante sobre un vestido de perla —, se inclina como adorando, con las manos cruzadas sobre su corazón; su rostro, inclinado sobre su pecho, queda oculto entre la sombra de los vértices de las alas recogidas. No se ve sino una oblonga forma luminosa, inmóvil durante el tiempo que dura un “Gloria”.

Se mueve de nuevo. Vuelve a abrir las alas, levanta ese rostro suyo en que luz y sonrisa paradisíaca se funden, y dice: «Le reconoceréis por estas señales: en un pobre establo, detrás de Belén, encontraréis a un niño envuelto en pañales en un pesebre, pues para el Mesías no había un techo en la ciudad de David». El ángel se pone serio al decir esto; más que serio, triste.

30.4

Y del Cielo vienen muchos — ¡oh, cuántos! — muchos ángeles semejantes a él, una escalera de ángeles que desciende exultando y anulando la Luna con su resplandor paradisíaco, y se reúnen en torno al ángel anunciador, batiendo las alas, emanando perfumes, con un arpegio de notas en que las más hermosas voces de la creación encuentran un recuerdo, alcanzada en este caso la perfección del sonido. Si la pintura es el esfuerzo de la materia para transformarse en luz, aquí la melodía es el esfuerzo de la música para hacer resplandecer ante los hombres la belleza de Dios; y oír esta melodía es conocer el Paraíso, donde todo es armonía de amor, que de Dios emana para hacer dichosos a los bienaventurados, y que de éstos va a Dios para decirle: «¡Te amamos!».

El “Gloria” angélico se extiende en ondas cada vez más vastas por los campos tranquilos, y con él la luz. Las aves unen a ello un canto que es saludo a esta luz precoz, y las ovejas sus balidos por este sol anticipado. Mas a mí, como ya con el buey y el asno en la gruta, me place creer que es el saludo de los animales a su Creador, que viene a ellos para amarlos como Hombre además de como Dios.

El canto se hace más tenue, y la luz, mientras los ángeles retornan al Cielo...

30.5

...Los pastores vuelven en sí.

«¿Has oído?».

«¿Vamos a ver?».

«¿Y las ovejas?».

«¡No les sucederá nada! ¡Vamos para obedecer a la palabra de Dios!...».

«Pero, ¿a dónde?».

«¿Ha dicho que ha nacido hoy? ¿y que no ha encontrado sitio en Belén?». El que habla ahora es el pastor que ofreció la leche. «Venid, yo sé. He visto a la Mujer y me ha dado pena. He indicado un lugar para Ella, porque pensaba que no encontrarían hospedaje, y al hombre le he dado leche para Ella. Es muy joven y hermosa. Debe ser tan buena como el ángel que nos ha hablado. Venid. Venid. Vamos a coger leche, quesos, corderos y pieles curtidas. Deben ser muy pobres y... ¡quién sabe qué frío no tendrá Aquel a quien no oso nombrar! Y pensar que yo le he hablado a la Madre como si se tratara de una pobre esposa cualquiera!...».

Entran en el cobertizo y, al poco rato, salen; quién con unas pequeñas cantimploras de leche, quién con unos quesitos de forma redondeada dentro de unas rejillas de esparto entretejido, quién con cestas con un corderito balando, quién con pieles de oveja curtidas.

«Yo llevo una oveja. Ha parido hace un mes. Tiene la leche buena. Les puede venir bien, si la Mujer no tiene leche. Me parecía una niña, ¡y tan blanca!... Un rostro de jazmín bajo la luna» dice el pastor que ofreció la leche. Y los guía.

30.6

Caminan bajo la luz de la luna y de las teas, tras haber cerrado el cobertizo y el recinto. Van por senderos rurales, entre setos de espinos deshojados por el invierno.

Van a la parte de atrás de Belén. Llegan al establo, yendo no por la parte por la que fue María, sino por la opuesta, de forma que no pasan por delante de los establos más lindos, y aquél es el primero que encuentran. Se acercan a la entrada.

«¡Entra!».

«No me atrevo».

«Entra tú».

«No».

«Mira, al menos».

«Tú, Leví, mira tú que has sido el primero que ha visto al ángel, que es señal de que eres mejor que nosotros». La verdad es que antes le han llamado loco... pero ahora les conviene que él se atreva a lo que ellos no tienen el valor de hacer.

El muchacho vacila, pero luego se decide. Se acerca a la entrada, descorre un poquito el manto, mira, y... se queda extático.

«¿Qué ves?» le preguntan ansiosos en voz baja.

«Veo a una mujer, joven y hermosa, y a un hombre inclinados hacia un pesebre, y oigo..., oigo que llora un niñito, y la mujer le habla con una voz... ¡oh, qué voz!».

«¿Qué dice?».

«Dice: “¡Jesús, pequeñito! ¡Jesús, amor de tu Mamá! ¡No llores, Hijito!”. Dice: “¡Ay, si pudiera decirte: ‘Toma la leche, pequeñin’! Pero no la tengo todavía”. Dice: “¡Tienes mucho frío, amor mío! Y te pincha el heno. ¡Qué dolor para tu Mamá oírte llorar así, y no poderte aliviar!”. Dice: “¡Duerme, alma mía! ¡Que se me rompe el corazón oyéndote llorar y viéndote verter lágrimas!”, y le besa y se ve que le está calentando los piececitos con sus manos, porque está inclinada con los brazos dentro del pesebre».

«¡Llama! ¡Que te oigan!».

«Yo no. Tú, que nos has traído y que la conoces».

El pastor abre la boca, pero se limita a farfullar unos sonidos.

30.7

José se vuelve y va a la puerta. «¿Quiénes sois?».

«Pastores. Os traemos comida y lana. Venimos a adorar al Salvador».

«Entrad».

Entran. Las teas iluminan el establo. Los viejos empujan a los niños delante de ellos.

María se vuelve y sonríe. «Venid» dice. «¡Venid!» y los invita con la mano y la sonrisa; toma al que había visto al ángel y le acerca hacia sí, hasta el mismo pesebre. El niño mira con beatitud.

Los otros, invitados también por José, se arriman con sus dones y los depositan, con breves y emocionadas palabras, a los pies de María. Luego miran al Niño, que está llorando quedo, y sonríen emocionados y dichosos.

Uno de ellos, más intrépido, dice: «Toma, Madre. Es suave y está limpia. La había preparado para mi hijo, que está para nacer. Yo te la doy. Arropa a tu Hijo en esta lana; la sentirá suave y caliente». Y le ofrece una piel de oveja, una piel preciosa de abundante lana blanca y larga.

María alza a Jesús y le envuelve en la piel. Luego se lo muestra a los pastores, los cuales, de rodillas sobre el heno del suelo, le miran extasiados.

Sintiéndose más valerosos, uno de ellos propone: «Habría que darle un sorbo de leche, o mejor: agua y miel. Pero no tenemos miel. Se les da a los niñitos. Yo tengo siete hijos y entiendo de ello...».

«Aquí está la leche. Toma, Mujer».

«Pero está fría. Tiene que ser caliente. ¿Dónde está Elías? Él tiene la oveja».

Elías debe ser el de la leche, pero no está; se había quedado afuera y ahora está mirando por el portillo, y en la oscuridad de la noche se difumina.

«¿Quién os ha conducido aquí?».

«Un ángel nos ha dicho que viniéramos, luego Elías nos ha guiado hasta aquí. Pero, ¿dónde está ahora?».

La oveja le delata con un balido.

«Ven. Se te requiere».

Entra con su oveja, avergonzado por ser el más notado.

«¿Eres tú!» dice José habiéndole reconocido; María, por su parte, le sonríe diciendo: «Eres bueno».

Ordeñan a la oveja y, con la punta de un paño embebido de leche caliente y espumosa, María moja los labios del Niño, el cual absorbe ese dulzor cremoso. Todos sonríen, y más aún cuando, con la punta de tela todavía entre sus labiecitos, Jesús se duerme bajo el calor de la lana.

30.8

«Pero aquí no podéis quedaros. Hace frío y hay humedad. Y además... demasiado olor a animales. No es bueno... y... no está bien para el Salvador».

«Lo sé» dice María suspirando profundamente «pero, no hay sitio para nosotros en Belén».

«Ánimo, Mujer. Nosotros te buscaremos una casa».

«Se lo digo a mi ama» dice el de la leche, Elías. «Es buena. Os recibirá, aunque tuviera que ceder su propia habitación. Nada más que amanezca se lo digo. Su casa está llena de gente, pero os dejará un sitio».

«Por lo menos para mi Niño. Yo y José podemos estar incluso en el suelo. Pero, para el Pequeñuelo...».

«No te angusties, Mujer; yo me ocupo de eso. Y diremos a muchos lo que nos ha sido comunicado. No os faltará nada. Por el momento, recibid lo que nuestra pobreza os puede dar. Somos pastores...».

«Nosotros también somos pobres, y no os podemos pagar» dice José.

«¡Oh..., ni lo queremos! ¡Aunque pudierais, no querríamos! El Señor ya nos ha retribuido. Él ha prometido la paz a todos. Los ángeles decían esto: “Paz a los hombres de buena voluntad”. Pero a nosotros nos la ha dado ya, porque el ángel ha dicho que este Niño es el Salvador, que es Cristo, el Señor. Somos pobres e ignorantes, pero sabemos que los Profetas dicen que el Salvador será el Príncipe de la Paz. Y a nosotros nos ha dicho que viniéramos a adorarle. Por eso nos ha dado su paz. ¡Gloria a Dios en el Cielo altísimo y gloria a este Cristo suyo, y bendita seas tú, Mujer, que le has engendrado! Eres santa porque has merecido llevarle en ti. Como Reina, mándanos; que servirte será para nosotros motivo de felicidad. ¿Qué podemos hacer por ti?».

«Amar a mi Hijo y conservar siempre en el corazón estos pensamientos».

«¿Y para ti? ¿No deseas nada? ¿No tienes familiares a los que quieras comunicar que Él ha nacido?».

«Sí, los tengo... pero no están cerca de aquí, están en Hebrón...».

«Voy yo» dice Elías. «¿Quiénes son?».

«Zacarías, el sacerdote, e Isabel, mi prima».

«¿Zacarías? ¡Le conozco bien! En verano subo a esos montes porque tienen pastos abundantes y buenos, y soy amigo de su pastor. Después de que te vea establecida voy adonde Zacarías».

«Gracias, Elías».

«Nada de gracias. Es un gran honor para mí, que soy un pobre pastor, ir a hablar con el sacerdote y decirle que ha nacido el Salvador».

«No. Le dirás: “Ha dicho María de Nazaret, tu prima, que Jesús ha nacido y que vayas a Belén”».

«Eso diré».

«Que Dios te lo pague.

30.9

Me acordaré de ti, de todos vosotros...».

«¿Le hablarás a tu Niño de nosotros?».

«Lo haré».

«Yo soy Elías».

«Y yo, Leví».

«Y yo, Samuel».

«Y yo, Jonás».

«Y yo, Isaac».

«Y yo, Tobías».

«Y yo, Jonatán».

«Y yo, Daniel».

«Simeón, yo».

«Yo me llamo Juan».

«Yo, José; y mi hermano, Benjamín. Somos gemelos».

«Recordaré vuestros nombres».

«Tenemos que marcharnos... pero volveremos... ¡Y te traeremos a otros para adorar!...».

«¿Cómo volver al aprisco dejando a este Niño?».

«¡Gloria a Dios que nos lo ha mostrado!».

«Déjanos besar su vestido» dice Leví con una sonrisa de ángel.

María alza despacio a Jesús y, sentada sobre el heno, ofrece los piececitos arropados para que los besen. Y los pastores se inclinan hasta el suelo y besan esos piececitos minúsculos cubiertos por la tela. Quien tiene barba primero se la adereza. Casi todos lloran y, cuando tienen que marcharse, salen caminando hacia atrás, dejando allí su corazón...

La visión me termina así, con María sentada en la paja con el Niño en su regazo, y José mirando y adorando, apoyado con un codo en el pesebre.

30.10

Dice Jesús:

«Hoy hablo Yo. Estás muy cansada, pero ten paciencia todavía durante un poco.

Es la víspera del Corpus Christi. Podría hablarte de la Eucaristía y de los santos que se hicieron apóstoles de su culto, del mismo modo que te he hablado de los santos que fueron apóstoles del Sagrado Corazón. Pero quiero referirme a otra cosa y a una categoría de adoradores de mi Cuerpo, que son los precursores del culto al mismo, los pastores; ellos son los primeros adoradores de mi Cuerpo de Verbo hecho Hombre.

Una vez te dije — y esto mismo lo dice también mi Iglesia — que los Santos Inocentes son los protomártires de Cristo.

Ahora te digo que los pastores son los primeros adoradores del Cuerpo de Dios. En ellos se encuentran todos los requisitos que se necesitan para ser adoradores del Cuerpo mío, para ser almas eucarísticas.

Fe segura: ellos creen pronta y ciegamente en el ángel.

Generosidad: dan todo lo que poseen a su Señor.

Humildad: se acercan a otros más pobres que ellos, humanamente, con una modestia de actos que hace que no se sientan rebajados; y se profesan siervos de ellos.

Deseo: lo que no pueden dar por sí mismos, se las ingenian para procurarlo con apostolado y esfuerzo.

Prontitud de obediencia: María desea que sea avisado Zacarías, y Elías va en seguida. No lo deja para otro momento.

Amor, en fin: no saben irse de ese lugar. Tú dices: “dejan allí su corazón”. Dices bien.

¿Y no habría que comportarse así también con mi Sacramento?

30.11

Otra cosa. Ésta enteramente para ti. Observa a quién se revela el ángel en primer lugar, y quién es el que merece escuchar las efusiones del ánimo de María. Leví: el niño.

A quien tiene alma de niño Dios se le manifiesta, y le muestra sus misterios y permite que escuche las palabras divinas y de María. Y quien tiene alma de niño tiene también la santa intrepidez de Leví y dice: “Déjame besar el vestido de Jesús”. Se lo dice a María, porque es siempre María la que os da a Jesús. Ella es la Portadora de la Eucaristía. Ella es la Píxide Viva.

Quien va a María me encuentra a mí. Quien me pide a Ella de Ella me recibe. La sonrisa de mi Madre, cuando una criatura le dice: “Dame a tu Jesús para que yo le ame” — tan feliz se siente —, hace que el color del Cielo se cambie en un esplendor más vivo de júbilo.

Dile pues: “Déjame besar el vestido de Jesús, déjame besar sus llagas”. Atrévete incluso a más. Di: “Déjame reclinar mi cabeza en el Corazón de tu Jesús para sentirme así beata”.

Ven. Descansa. Como Jesús en la cuna, entre Jesús y María».


Notes

  1. je t’ai parlé, le 2 juin 1944. Voir “ Les cahiers de 1944 ”.