Los Escritos de Maria Valtorta

35. Fuite en Egypte.

35. Huida a Egipto. Enseñanzas sobre

35.1

Je vois en esprit la scène suivante :

C’est la nuit. Joseph dort sur sa couche dans sa chambre minuscule, du sommeil tranquille de celui qui se repose de beaucoup de travail accompli honnêtement et soigneusement.

Je le vois dans l’obscurité de la chambre, à peine réveillée par un rai de lumière de la lune qui pénètre par la fente de la fenêtre tout juste entrebâillée mais pas fermée complètement, comme si Joseph avait chaud dans cette petite pièce, ou comme s’il voulait qu’un peu de clarté lui permette de se régler sur l’aube et de se lever promptement. Il dort sur le côté et sourit dans son sommeil à je ne sais quelle image qu’il voit en songe.

Mais son sourire se change en effroi. Il soupire profondément comme s’il avait un cauchemar et s’éveille en sursaut. Il s’assied sur son lit, se frotte les yeux et regarde autour de lui, puis vers la petite fenêtre d’où vient le filet de lumière. La nuit est profonde, mais il saisit le vêtement étendu au pied du lit et, toujours assis sur son lit, l’enfile sur la tunique blanche à manches courtes qu’il porte sur la peau. Il écarte les couvertures, met les pieds à terre et cherche ses sandales. Il les enfile et les lace. Puis il se lève et se dirige vers la porte en face de son lit, pas celle qui est sur le côté du lit et qui conduit à la pièce où furent accueillis les mages. Il frappe doucement, à peine un toc-toc du bout des doigts.

Il doit comprendre qu’on l’invite à entrer, car il ouvre précautionneusement la porte et la referme sans bruit. Avant de se diriger vers la porte, il a allumé une petite lampe à huile à une seule flamme qui lui permet de s’éclairer. Il entre dans une chambre un peu plus grande que la sienne et où se trouve un lit bas à côté d’un berceau. Il y a déjà une veilleuse allumée dont la petite flamme tremble dans un coin comme une petite étoile lumineuse faible et dorée qui permet de voir sans gêner le sommeil de celui qui dort.

35.2

Mais Marie ne dort pas. Elle est agenouillée près du berceau dans son vêtement clair et elle prie, veillant Jésus qui dort tranquillement. Jésus a l’âge que je lui ai vu dans la vision des mages. C’est un enfant d’un an environ, beau, rose et blond ; sa jolie petite tête aux cheveux bouclés est enfoncée dans l’oreiller et sa main est fermée sous son cou.

« Tu ne dors pas ? » demande Joseph à voix basse, étonné. « Pourquoi ? Jésus n’est pas bien ?

– Oh, non ! Il va bien. Je prie. Mais je dormirai plus tard. Pourquoi es-tu venu, Joseph ? »

Marie parle en restant à genoux.

Joseph parle à voix très basse pour ne pas éveiller le bébé mais avec animation.

« Il faut partir tout de suite d’ici, tout de suite ! Prépare le coffre et un sac avec tout ce que tu peux y mettre. Je préparerai le reste. J’emporterai le plus de choses possible… A l’aube nous prendrons la fuite. Je le ferais bien encore plus tôt, mais je dois parler à la propriétaire de la maison…

– Mais pourquoi cette fuite ?

– Je te l’expliquerai plus tard, c’est pour Jésus. Un ange m’a dit : “ Prends l’Enfant et sa Mère et fuis en Egypte. ” Ne perds pas de temps. Je vais préparer tout ce que je peux ».

35.3

Il n’est guère nécessaire de dire à Marie de ne pas perdre de temps. Dès qu’elle a entendu parler d’un ange, de Jésus et de fuite, elle a compris que son Enfant était en danger et s’est levée d’un bond, le visage plus pâle que cire, en portant avec angoisse la main à son cœur. Rapide et légère, elle s’est aussitôt mise en mouvement pour ranger les vêtements dans le coffre et dans un grand sac qu’elle a étendu sur son lit encore intact. Elle a beau être angoissée, elle ne perd pas la tête et fait les choses avec empressement, mais aussi avec ordre. De temps en temps, en passant près du berceau, elle regarde le Bébé qui dort sans se douter de rien.

« As-tu besoin d’aide ? demande de temps à autre Joseph en passant la tête à la porte entrebâillée.

– Non, merci » répond toujours Marie.

Ce n’est que lorsque le sac est plein et sûrement bien lourd qu’elle appelle Joseph pour l’aider à le fermer et à le descendre du lit. Mais Joseph ne veut pas de son aide et il se débrouille tout seul pour prendre le long paquet et l’emporter dans sa petite pièce.

« Est-ce que je dois prendre les couvertures de laine ? de­mande Marie.

– Emporte le plus de choses possible, car nous perdrons le reste. Mais prends tout ce que tu peux. Ce sera utile parce que… parce que nous devons rester loin longtemps, Marie !… »

Joseph est très triste en disant cela. Quant à Marie, on imagine aisément ce qu’il en est… Elle plie en soupirant ses couvertures et celles de Joseph, qui les lie avec une corde.

« Nous laisserons les couvre-pieds et les nattes, dit-il en ficelant les couvertures. Même si je prends trois ânes, je ne peux trop les charger. Nous avons à parcourir une longue et pénible route, en partie à travers les montagnes et en partie dans le désert. Couvre bien Jésus. Les nuits seront froides aussi bien dans les montagnes que dans le désert. J’ai emporté les cadeaux des mages qui nous seront utiles là-bas. Je vais dépenser tout ce que j’ai pour acheter les deux ânes. Nous ne pourrons pas les renvoyer et je dois les acquérir. J’y vais sans attendre l’aube. Je sais où les trouver. Toi, finis de tout préparer. »

Et il sort.

Marie rassemble encore quelques objets puis, après avoir observé Jésus, elle sort et revient avec des petits vêtements qui paraissent encore humides, peut-être sont-ils lavés de la veille. Elle les plie, les enroule dans un linge et les met avec le reste. Il n’y a plus rien.

Se retournant, elle aperçoit dans un coin un petit jouet de Jésus, une petite brebis taillée dans le bois. Elle la prend en sanglotant et la baise. Le bois porte les traces des petites dents de Jésus et les oreilles de la brebis sont toutes mordillées. Marie caresse cet objet sans valeur, taillé dans un morceau de pauvre bois blanc, mais de si grand prix pour elle parce qu’il lui dit l’affection de Joseph pour Jésus et lui parle de son Bébé. Elle le joint aux autres objets sur le coffre fermé.

35.4

Maintenant il ne reste vraiment plus rien, excepté Jésus dans son berceau. Marie pense qu’il faudrait aussi préparer son Bébé. Elle s’approche du berceau et le remue un peu pour réveiller le petit. Mais il gémit un instant, se retourne et continue de dormir. Marie caresse doucement les boucles de ses cheveux. Jésus ouvre sa petite bouche pour bailler. Marie se penche et lui donne un bisou sur la joue. Jésus achève de se réveiller. Il ouvre les yeux, voit sa Maman, lui sourit et tend ses mains vers son sein.

« Oui, amour de ta Maman. Oui, ton lait. Avant l’heure habituelle… Mais tu es toujours prêt à téter ta Maman, mon saint petit agneau ! »

Jésus rit et joue en agitant ses petits pieds hors des couvertures et aussi ses bras avec une de ces joies propres aux enfants, si charmantes à voir. Il appuie ses pieds contre l’estomac de sa maman, se courbe et appuie sa tête blonde sur son sein. Puis il se rejette en arrière et rit en saisissant les cordons qui ferment le vêtement de Marie et en essayant de l’ouvrir. Dans sa chemisette de lin, il paraît très beau, potelé, rose comme une fleur.

Marie se courbe et reste ainsi, en travers du berceau dont elle se fait une protection, pleurant et riant tout à la fois, pendant que le Bébé babille avec les mots ­ qui n’en sont pas ­ de tous les bébés et où on distingue nettement “ maman ”. Il l’observe, étonné de la voir pleurer. Il tend la main vers les larmes claires qui sillonnent les joues de Marie et la mouille en faisant des caresses. Puis, avec autant de grâce, il s’appuie de nouveau sur le sein maternel et se serre tout contre en le caressant de sa petite main.

Marie lui embrasse les cheveux, le prend à son cou, s’assied et l’habille. Voilà : le petit vêtement de laine est enfilé et des san­dales minuscules chaussent ses pieds. Elle lui donne le sein et Jésus tète avidement le bon lait de sa Maman. Quand il lui semble qu’à droite il n’en vient plus guère, il va chercher à gauche en riant, et regarde par en dessous sa Maman. Puis il s’endort, la tête sur le sein de Marie, sa petite joue rose et ronde contre le sein blanc et arrondi de sa Mère.

Marie se relève tout doucement et le dépose sur la couverture de son lit. Elle le couvre de son manteau. Elle retourne vers le berceau et plie les petites couvertures. Elle se demande si elle doit prendre aussi le matelas. Il est si petit ! Elle peut le prendre. Elle le met, avec l’oreiller, près des objets qui se trouvent déjà sur le coffre. Et devant le berceau vide, elle pleure, pauvre Maman, persécutée dans son Enfant !

35.5

Joseph revient :

« Tu es prête ? Jésus aussi ? As-tu pris ses couvertures, sa petite couch ? Nous ne pouvons emporter le berceau, mais au moins qu’il ait son petit matelas, le pauvre petit qu’on cherche à faire mourir !

– Joseph ! »

Elle pousse un cri en s’accrochant au bras de Joseph.

« Oui, Marie, à faire mourir ! Hérode veut sa mort… parce qu’il en a peur… pour son pouvoir royal d’homme, ce fauve immonde a peur de cet Innocent. J’ignore ce qu’il fera quand il comprendra qu’il s’est enfui. Mais nous serons loin alors. Je ne crois pas qu’il se vengera en le cherchant jusqu’en Galilée. Il serait déjà trop difficile de découvrir que nous sommes galiléens, qui plus est de Nazareth, et qui nous sommes exactement. A moins que Satan ne l’aide pour le remercier d’être pour lui un serviteur dévoué. Mais… si cela arrivait… Dieu nous aidera de la même façon. Ne pleure pas, Marie. Te voir pleurer m’afflige bien plus que de devoir partir en exil.

– Pardonne-moi, Joseph ! Ce n’est pas pour moi que je pleure, ni pour le peu de bien que je perds. C’est pour toi… Tu as déjà dû tellement te sacrifier ! Et maintenant tu vas te trouver sans clients, sans maison ! Combien je te coûte, Joseph !

– Combien ? Non, Marie. Tu ne me coûtes pas. Tu me consoles, toujours. Ne pense pas au lendemain. Nous avons les richesses des mages : elles nous aideront pour les premiers temps. Puis, je trouverai du travail. Un ouvrier honnête et capable se débrouille tout de suite. Tu l’as vu ici. Je n’arrivais pas à trouver du temps pour tout faire.

– Je sais, mais qui adoucira ta nostalgie ?

– Et toi, qui adoucira la nostalgie de la maison qui t’est si chère ?

– Jésus. Par le simple fait de l’avoir, lui, j’ai encore ce que je possédais là-bas.

– Et moi, en ayant Jésus, je possède la patrie que j’espérais retrouver il y a quelques mois. Je possède mon Dieu. Tu vois que je n’ai rien perdu de ce qui m’est plus cher que tout. Il nous suffit de sauver Jésus et alors tout nous reste. Même si nous ne devions plus revoir ce ciel, ces campagnes ni celles encore plus chères de Galilée, nous aurions tout parce que nous l’avons, lui.

35.6

Viens, Marie, l’aube commence à poindre. Il est temps de prendre congé de notre hôtesse et de charger nos affaires. Tout ira bien. »

Obéissante, Marie se lève. Elle s’enveloppe dans son manteau pendant que Joseph fait un dernier paquet qu’il emporte en sortant.

Elle soulève délicatement le Bébé, l’enveloppe dans un châle et le serre sur son cœur. Elle regarde les murs qui l’ont abritée des mois durant et les effleure de la main. Bienheureuse maison qui a mérité d’être aimée et bénie par Marie !

Elle sort. Elle traverse la petite chambre qui était celle de Joseph et entre dans la grande pièce. La maîtresse de maison, tout en larmes, l’embrasse et la salue. Soulevant un coin du châle, elle donne un baiser sur le front au Bébé qui dort paisiblement. Ils descendent le petit escalier extérieur.

Il y a une première clarté de l’aube qui permet tout juste de voir. Dans la pénombre, on aperçoit trois montures. La plus robuste porte le chargement. Les autres ont une selle. Joseph s’applique à bien disposer le coffre et les paquets sur le bât du premier âne. Je vois empaquetés et posés sur le haut du sac ses outils de charpentier. De nouveau, adieux et larmes, puis Marie monte sur son âne, pendant que la maîtresse de maison tient Jésus à son cou et l’embrasse une dernière fois avant de le rendre à sa Mère. Joseph aussi monte en selle après avoir attaché son âne à celui qui porte les bagages pour être libre de tenir l’ânon de Marie.

La fuite commence pendant que Bethléem, qui rêve encore à la scène fantasmagorique des mages, dort tranquillement, inconsciente de ce qui l’attend.

C’est la fin de la vision.

35.7

Jésus dit :

« Ainsi se termine toute cette série de visions. Sans vouloir contredire les hommes de science pointilleux, ma Mère et moi avons continué à te montrer les scènes qui ont précédé, accompagné et suivi mon arrivée en ce monde, non pas pour elles-mêmes, car elles sont suffisamment connues, mais surtout parce qu’elles ont été déformées par des éléments surajoutés au cours des siècles. Cette façon qu’ont les hommes de voir les choses sous prétexte de rendre davantage gloire à Dieu – cette raison leur vaut d’être pardonnés – rend irréel ce qu’il aurait été si beau de laisser réel. Car mon humanité et celle de Marie ne sont en rien amoindries, ­ pas plus que ma divinité, la majesté du Père et l’amour de la sainte Trinité par cette cette manière de regarder les choses simplement. Bien au contraire, les mérites de ma Mère et mon humilité parfaite resplendissent, de même que la toute puissante bonté de l’éternel Seigneur. Mais nous t’avons montré ces scènes pour pouvoir appliquer à toi-même et aux autres le sens surnaturel qui en découle et vous le donner comme règle de vie.

Le Décalogue, c’est la Loi. Mon Evangile c’est ma doctrine, qui vous rend plus claire cette Loi et qui vous donne le goût de la suivre. Cette Loi et cette doctrine suffiraient pour faire, des hommes, des saints.

Mais vous êtes tellement entravés par votre humanité qui domine exagérément en vous l’esprit, que vous ne pouvez suivre la voie qu’ils vous indiquent et vous tombez, ou bien vous vous arrêtez, découragés. Vous vous dites à vous-mêmes et à ceux qui voudraient vous faire progresser en citant les exemples de l’Evangile : “ Mais Jésus, mais Marie, mais Joseph (et ainsi de suite pour tous les saints) n’étaient pas comme nous. Ils étaient forts. Ils ont été tout de suite consolés de leurs souffrances ; qui plus est, ils ne ressentaient pas même les passions en ce peu de souffrance qu’ils ont supporté. C’étaient déjà des êtres étrangers à la terre. ”

Ce peu de souffrance ! Hors d’atteinte des passions !

35.8

La souffrance fut pour nous une amie fidèle. Elle a revêtu tous les aspects et les noms les plus divers.

Quant aux passions… N’employez pas des mots mal appropriés en appelant “ passions ” les vices qui vous égarent. Appelez-les carrément “ vices ”, et capitaux par-dessus le marché.

Ceux-là, nous ne les ignorions certes pas. Nous avions des yeux et des oreilles pour voir et entendre, et Satan nous les faisait miroiter devant nous et autour de nous, il nous montrait leur ordure à l’œuvre ou nous tentait par ses insinuations. Mais, notre volonté étant tendue vers l’unique intention d’être agréables à Dieu, cette ordure et ces insinuations, au lieu d’atteindre le but que Satan se proposait, provoquaient l’effet contraire. Et plus il s’acharnait, plus nous nous réfugiions dans la lumière de Dieu par dégoût des ténèbres fangeuses qu’il présentait à nos yeux du corps et de l’esprit.

Mais les passions, au sens philosophique du terme, nous ne les ignorions pas en nous. Nous avons aimé notre patrie, notre petite ville de Nazareth, plus que toute autre cité de Palestine. Nous avons éprouvé des sentiments d’affection pour notre maison, nos parents, nos amis. Pourquoi n’aurions-nous pas dû en éprouver ? Mais nous ne nous en sommes pas rendus esclaves parce que rien ne pouvait nous être un maître en dehors de Dieu. Mais nous nous en sommes faits de bons compagnons.

Ma Mère a poussé un cri de joie quand, près de quatre ans plus tard, elle est retournée à Nazareth et est rentrée dans sa maison, puis elle a embrassé les murs où son “ oui ” a ouvert son sein pour recevoir le Germe de Dieu. Joseph a salué avec joie sa parenté et ses neveux, plus nombreux et grandis ; il s’est réjoui de constater que ses concitoyens se souvenaient de lui et faisaient aussitôt appel à lui pour sa compétence. Moi, j’ai été sensible aux amitiés et j’ai souffert comme d’une crucifixion morale de la trahison de Judas. Pour autant, ni ma Mère ni Joseph n’ont fait passer leur amour pour leur maison et leur famille avant la volonté de Dieu.

35.9

Et moi, je ne me suis pas retenu, quand il fallait le faire, de dire les mots susceptibles de m’attirer soit la haine des juifs, soit l’animosité de Judas. Je savais, et j’aurais pu le faire, que l’argent aurait suffi à l’attacher à moi : non pas à moi le Rédempteur, mais à moi l’homme riche. Moi, qui ai multiplié les pains, je pouvais faire foisonner l’argent si je l’avais voulu. Mais je n’étais pas venu pour procurer des satisfactions humaines à personne. Moins encore à ceux que j’avais appelés. J’avais prêché le sacrifice, le détachement, une vie chaste, l’humilité de condition. Quel maître aurais-je été et quel juste, si j’avais offert à quelqu’un, comme seul moyen de le retenir, de l’argent pour flatter sa cupidité et sa sensualité ?

Dans mon Royaume, c’est en se faisant “ petit ” que l’on devient “ grand ”. Celui qui veut être “ grand ” aux yeux du monde n’est pas apte à régner dans mon Royaume. C’est de la paille pour le lit des démons. Car la grandeur du siècle s’oppose à la Loi de Dieu.

Le monde appelle “ grands ” ceux qui savent s’emparer des meilleures places, presque toujours par des moyens illicites. Pour y arriver, ils utilisent le prochain comme un escabeau sur lequel ils s’élèvent en le foulant aux pieds. Il appelle “ grands ” ceux qui, pour régner savent tuer, tuer moralement ou physiquement, qui extorquent les places ou conquièrent les pays et s’enrichissent eux-mêmes en dépouillant les autres de richesses particulières ou collectives. Souvent le monde donne le titre de “ grands ” à des criminels. Non : la “ grandeur ” n’est pas compatible avec la délinquance. Elle réside dans la bonté, l’honnêteté, l’amour, la justice. Voyez quels fruits empoisonnés vos “ grands ” vous offrent ! Ils les cueillent dans la perversion démoniaque de leur jardin intérieur !

35.10

La dernière vision – puisque je veux en parler et ne pas m’arrêter sur un autre sujet qu’il serait inutile de proposer à un monde qui ne veut pas entendre la vérité qui le concerne –, cette dernière vision éclaire un point particulier cité à deux reprises dans l’évangile de Matthieu, une phrase répétée deux fois : “ Lève-toi, prends l’enfant et sa Mère et pars en Egypte ” (2, 13) ; “ Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa Mère et mets-toi en route pour la terre d’Israël ” (2, 20). Et tu as vu que Marie était seule, dans sa chambre, avec le Bébé.

La virginité de Marie après l’enfantement et la chasteté de Joseph sont très combattues par ceux qui, étant fange et pourriture n’admettent pas qu’une créature humaine, comme eux, puisse être aile et lumière. Leur âme est tellement corrompue, leur esprit tellement prostitué avec la chair, qu’ils en sont devenus incapables de penser qu’un homme comme eux puisse respecter sa femme en voyant en elle l’âme et non la chair et s’élever au point de vivre dans une atmosphère surnaturelle, désirant non ce qui est charnel, mais ce qui est divin.

Eh bien, à ces négateurs de la beauté suprême, à ces larves incapables de devenir papillons, à ces reptiles souillés par la bave de leurs passions, incapables de comprendre la beauté d’un lys, moi, je dis que Marie fut et demeura vierge, et que seule son âme fut mariée à Joseph, comme son esprit ne fut uni qu’à l’Esprit de Dieu et c’est par son opération qu’elle conçut l’Unique qu’elle porta : moi, Jésus Christ, Fils unique de Dieu et de Marie.

Ce n’est pas une tradition qui a fleuri par la suite à cause d’un respect plein d’amour pour la bienheureuse Femme que fut ma Mère. C’est une vérité connue dès les premiers temps.

Matthieu n’est pas né dans les siècles suivants. Il était contemporain de Marie. Matthieu n’était pas un pauvre ignorant, un sauvage crédule et susceptible de croire à n’importe quelle faribole. C’était un receveur, diriez-vous aujourd’hui, un gabelou, disions-nous à l’époque. Il savait voir, entendre, com­prendre, distinguer la vérité de l’erreur. Matthieu n’a pas appris les choses par ouï-dire, par des personnes interposées. Il a recueilli ses renseignements des lèvres même de Marie à qui son amour pour le Maître et pour la vérité l’avait engagé à demander des renseignements.

Je ne pense pas que ces négateurs de l’inviolabilité de Marie imaginent qu’elle ait pu mentir. Ma parenté elle-même aurait pu la démentir si elle avait eu d’autres enfants. Jacques, Jude, Simon et Joseph étaient disciples avec Matthieu. Il était donc facile à ce dernier de confronter les versions s’il en avait existé plusieurs. Or Matthieu ne dit jamais : “ Lève-toi et prends ta femme. ” Il dit : “ Prends sa Mère. ” Il dit d’abord : “ Vierge mariée à Joseph ”, “ Joseph son époux ”.

35.11

Qu’ils ne viennent pas me dire, ces négateurs, que c’était une façon de parler des Hébreux, comme si le terme de “ femme ” eût été infâmant. Non, négateurs de la pureté. Dès les premières paroles de la Bible[1], on lit : “ … et il s’unira à sa femme ”. Avant la consommation du mariage, on l’appelle “ compagne ” et ensuite “ femme ” à diverses reprises et dans plusieurs chapitres. Il en est ainsi pour les épouses des fils d’Adam. De même, Sarah est appelée “ femme ” d’Abraham : “ Sarah ta femme. ” Et il est dit à Lot : “ Prends ta femme et tes deux filles. ” Dans le livre de Ruth il est écrit : “ La Moabite, femme de Mahlôn. ” Dans le premier livre des Rois, on trouve : “ Elqana eut deux femmes ” ; et plus loin : “ Puis Elqana connut sa femme Anne ”, et encore “ Eli bénit Elqana et la femme de celui-ci ”. Toujours au Livre des Rois, il est dit : “ Bethsabée, femme d’Urie le Hittite, devint la femme de David et lui donna un fils. ” Et que lit-on dans le livre de Tobie, livre d’azur que l’Eglise vous chante à vos noces pour vous conseiller d’être saints dans le mariage ? On y lit : “ Or quand Tobie accompagné de sa femme et de son fils arriva… ” et encore : “ Tobie réussit à s’enfuir avec son fils et sa femme. ”

Et dans les Evangiles, c’est-à-dire à l’époque du Christ où par conséquent on écrivait en langage moderne – moderne pour ce temps-là – et où il n’y avait donc pas lieu de suspecter des erreurs de retranscription, il est dit précisément dans Matthieu au cha­pitre 22 : “ … et le premier, ayant pris femme, mourut et laissa sa femme à son frère. ” Et Marc au chapitre 10 : “ Celui qui répudie sa femme… ” Enfin, Luc appelle Elisabeth, femme de Zacharie, quatre fois de suite et au chapitre 8 : “ Jeanne, femme de Kouza ”.

Comme vous le voyez, ce mot n’était pas un terme proscrit par ceux qui suivaient les chemins du Seigneur, un terme impur qu’il ne fallait pas proférer et encore moins écrire, là où il était question de Dieu et de ses œuvres admirables. Donc, en disant : “ l’Enfant et sa Mère”, l’ange vous montre que Marie fut la vraie Mère de Jésus sans être la femme de Joseph. Elle restera toujours : la Vierge, épouse de Joseph.

Voilà le dernier enseignement de ces visions. C’est une auréole qui resplendit sur la tête de Marie et de Joseph. La Vierge inviolée. L’homme chaste et juste. Ce sont les deux lys au milieu desquels j’ai grandi, ne respirant que parfum de pureté.

35.12

A toi, petit Jean[2], je pourrais parler de la douleur déchirante de Marie arrachée à sa maison et à sa patrie, mais il n’est pas besoin de paroles. Tu sais ce que c’est et tu en meurs. Offre-moi ta douleur, je ne veux que cela. C’est plus que toute autre chose que tu pourrais me donner. C’est vendredi, Maria : pense à ma propre douleur et à celle de Marie au Golgotha pour pouvoir porter ta croix. La paix et notre amour restent avec toi. »

35.1

Mi espíritu ve la siguiente escena.

Es de noche. José está durmiendo en su modesto lecho, en su diminuta habitación. Su sueño es pacífico, como el de quien está descansando del mucho trabajo cumplido con honradez y diligencia.

Le veo en la oscuridad de la estancia, oscuridad apenas interrumpida por un hilo de luz lunar que penetra por una rendija de la hoja de la ventana, que está sólo entornada, no cerrada del todo, como si José tuviera calor en esta pequeña habitación, o como si quisiera tener ese hilo de luz para saberse medir al amanecer y levantarse diligentemente. Está girado sobre uno de los lados, y sonríe mientras duerme, quién sabe ante qué visión que está soñando.

Pero su sonrisa se transforma en congoja. Emite el típico suspiro profundo de quien está teniendo una pesadilla, y se despierta sobresaltado. Se sienta en la cama, se restriega los ojos, mira a su alrededor, y mira hacia la ventanita de la que proviene ese hilo de luz. Es plena noche; no obstante, coge la prenda de vestir que está extendida a los pies de la cama y, todavía sentado en el lecho, se la pone encima de la túnica blanca de manga corta que tenía sobre la piel. Levanta las mantas, pone los pies en el suelo y busca las sandalias. Se las pone y se las ata. Se pone en pie y se dirige hacia la puerta que está frente a su cama; no hacia la que está lateral a la misma y que conduce al salón en que fueron recibidos los Magos.

Llama suavemente con la punta de los dedos: un casi insensible tic-tic. Debe haber oído que se le invita a entrar, pues abre con cuidado la puerta y la vuelve a entornar sin hacer ruido. Antes de ir a la puerta había encendido una lamparita de aceite, de una sola llama; por tanto, se ilumina con ella. Entra... En una habitacioncita sólo un poco más grande que la suya, con una cama pequeña y baja al lado de una cuna, ya ardía una lamparita: la llamita oscilante, en un rincón, parece una estrellita de luz tenue y dorada que permite ver sin molestar a quien esté dormido.

35.2

Pero María no está dormida, está arrodillada junto a la cuna. Tiene un vestido claro y está orando, y velando a Jesús, que duerme tranquilo. Jesús tiene la edad de la visión de los Magos. Es un niño de un año aproximadamente, un niño guapo, rosado y rubio, y está durmiendo, con su cabecita ensortijada hundida en la almohada y una manita bien cerrada junto a la garganta.

«¿No duermes?» pregunta José en voz baja denotando asombro. «¿Por qué? ¿Jesús no está bien?».

«¡Oh, no! Él está bien. Yo estoy rezando. Luego me echaré a dormir. ¿Por qué has venido, José?». Mientras habla, María sigue arrodillada donde estaba antes.

José, en voz bajísima para no despertar al Niño, pero en tono apremiante, dice: «Tenemos que irnos de aquí en seguida, en seguida. Prepara el baulillo y un fardo con todo lo que puedas meter en ellos. Yo me encargo de preparar lo demás, llevaré lo más que pueda... Cuando empiece a clarear huimos. Lo haría incluso antes, pero tengo que hablar con la dueña de la casa...».

«¿Y por qué esta huida?».

«Después te lo explico mejor. Es por Jesús. Un ángel me ha dicho: “Toma al Niño y a la Madre y huye a Egipto”. No pierdas tiempo. Yo ya empiezo a preparar todo lo que pueda».

35.3

No era necesario decirle a María que no perdiese tiempo. Apenas ha oído hablar de ángel, de Jesús y de huida, ha comprendido que un peligro se cierne sobre su Criatura, y de un salto se ha puesto en pie; su cara más blanca que un cirio, una mano contra el pecho, angustiada. En seguida se ha puesto en movimiento, ágil, ligera, y ha empezado a colocar la ropa de vestir en el baulillo y en un fardo grande que ha extendido primero sobre su cama aún intacta. Sin duda está angustiada, pero no pierde las riendas; hace las cosas con rapidez pero no sin orden. De vez en cuando, pasando junto a la cuna, mira al Niño, que duerme ajeno a lo que está sucediendo.

«¿Necesitas ayuda?» pregunta cada cierto tiempo José, asomando la cabeza por la puerta entreabierta.

«No, gracias» responde siempre María.

Hasta que el fardo — que debe pesar bastante — no está lleno, no llama a José para que la ayude a cerrarlo y a quitarlo de encima de la cama. No obstante, José quiere hacerlo solo; coge el largo fardo y se lo lleva a su cuarto.

«¿Cojo también las mantas de lana?» pregunta María.

«Coge todo lo más que puedas; todo el resto lo perderemos. Toma todo lo que puedas. Nos servirá porque... ¡porque tendremos que estar fuera mucho tiempo, María!...». José está muy apenado al decir esto, y María... se puede uno hacer idea de cómo está; suspirando, dobla las colchas suyas y las de José, y éste las ata con una cuerda. «Dejamos los bordados y las esterillas» dice mientras está atando las colchas. «A pesar de que voy a tomar tres burros, no puedo cargarlos demasiado, pues el camino será largo e incómodo, parte entre montañas y parte por el desierto. Tapa bien a Jesús. Las noches serán frías, tanto en las montañas como en el desierto. He cogido los regalos de los Magos, porque en aquella tierra nos vendrán bien. Todo lo que tengo lo gasto para comprar los dos burros. Debo comprarlos, porque no podemos devolverlos. Voy ahora, antes de que amanezca. Sé dónde buscarlos. Tú termina de prepararlo todo». Y se marcha.

María recoge todavía algunos objetos. Observa a Jesús y sale, para volver con unos vestiditos que parecen todavía húmedos — quizás se lavaron el día antes —; los dobla y los envuelve en un pedazo de tela y los coloca junto con las otras cosas. Ya no queda nada más.

Se vuelve mirando a su alrededor y ve, en un rincón, un juguete de Jesús: una ovejita tallada en madera. La toma en sus manos... un sollozo entrecortado... un beso: la madera conserva las huellas de los dientecitos de Jesús, y las orejas de la ovejita están del todo llenas de mordisquitos. María acaricia ese objeto sin valor en sí, de una pobre madera clara, pero de mucho valor para Ella, ya que le habla del afecto de José por Jesús, y de su Niño. Lo pone también con las otras cosas encima del baulillo cerrado.

35.4

Ahora ya sí que no queda nada. Sólo Jesús, que está en su cunita. María piensa que sería conveniente también preparar al Niño. Va donde la cuna y la menea un poco para despertar al Pequeñuelo. Mas Él solamente refunfuña un poco; se da la vuelta y sigue durmiendo. María le acaricia delicadamente los ricitos. Jesús, bostezando, abre la boquita. María se inclina hacia Él y le besa en la mejilla. Jesús termina de despertarse. Abre los ojos. Ve a su Mamá y sonríe, y tiende las manitas hacia su pecho.

«Sí, amor de tu Mamá. Sí, la leche. Antes que de costumbre... ¡De todas formas, Tú siempre estás preparado para mamar, corderito mío santo!».

Jesús ríe y juguetea, agitando los piececitos por fuera de las mantas, y los brazos, con una de esas manifestaciones de alegría de los niños pequeños que tan bonitas son de ver. Hinca los piececitos contra el estómago de su Mamá, se curva en forma de arco y apoya su cabecita rubia en el pecho de Ella, y luego se echa bruscamente para atrás y se ríe agarrando con sus manitas las cintas que ciñen al cuello el vestido de María tratando de abrirlo. Con su camisita de lino, se le ve a Jesús guapísimo, regordete, rosado como una flor.

María se inclina. Así, inclinada, sobre la cuna como protección, llora y sonríe al mismo tiempo, mientras el Niño balbucea esas palabras, que no son palabras, de todos los niños pequeños, entre las cuales se oye nítida y repetidamente la palabra “mamá”. La mira, asombrado de verla llorar. Alarga una manita hacia los brillantes hilos de llanto, que se la mojan al hacer la caricia. Primorosamente, vuelve a apoyarse en el pecho materno y en él se recoge enteramente, acariciándoselo con su manita.

María le besa por entre el pelo y le toma en brazos, se sienta y se pone a vestirle: ya tiene el vestidito de lana, ya las diminutas sandalitas. Le da la leche. Jesús mama con avidez la leche buena de su Mamá, y, cuando ya le parece que por la parte derecha viene menos, va a buscar a la izquierda, y ríe al hacerlo, mirando a su Mamá de abajo arriba, para luego dormirse de nuevo — apoyado aún el carrillo róseo y redondo en el seno blanco y redondo — sobre el pecho de Ella.

María se levanta muy despacito y le coloca sobre la manta acolchada de su cama. Le tapa con su manto. Vuelve a la cuna y dobla las mantitas. Piensa en si conviene o no coger también el colchoncito. ¡Tan pequeño como es... se puede llevar! Lo pone, junto con la almohada, con las cosas que ya estaban encima del baulito. Y llora ante la cuna vacía. ¡Pobre Madre, perseguida en su Criatura!

35.5

José regresa. «¿Estás preparada? ¿Está preparado Jesús? ¿Has cogido sus mantas y su camita? No podemos llevarnos la cuna, pero por lo menos que tenga su colchoncito. ¡Oh, pobre Pequeñuelo, perseguido a muerte!».

«¡José!» grita María agarrándose al brazo de José.

«Sí, María, a muerte. Herodes le quiere muerto... porque tiene miedo de Él... Esa fiera inmunda tiene miedo de este Inocente, por su reino humano. No sé lo que hará cuando comprenda que ha huido; pero para entonces nosotros ya estaremos lejos. No creo que se vengue buscándole incluso en Galilea. Ya sería difícil para él descubrir que somos galileos; más difícil aún, saber que somos de Nazaret y quiénes somos exactamente. A no ser que Satanás le eche una mano en agradecimiento de sus fieles servicios. Mas... si eso sucede... Dios nos ayudará igualmente. No llores, María, que el verte llorar es para mí un dolor mucho mayor que el de tener que marchar al exilio».

«¡Perdóname, José! No lloro por mí, ni por los pocos bienes que pierdo. Lloro por ti... ¡Ya mucho te has tenido que sacrificar! Ahora, otra vez, te quedas sin clientes, sin casa... ¡Cuánto te cuesto, José!».

«¿Cuánto! No, María. No me cuestas nada. Me consuelas. Siempre me consuelas. No pienses en el mañana. Tenemos el caudal que nos han dado los Magos. Nos servirán de ayuda al principio. Luego me buscaré un trabajo. Un obrero honrado y competente se abre camino en seguida. Ya lo has visto aquí. No me da abasto el tiempo para el cúmulo de trabajo».

«Sí, lo sé. Pero, ¿quién te va a aliviar tu nostalgia?».

«¿Y a ti? ¿Quién te va a aliviar la nostalgia de esa casa que tanto amas?».

«Jesús. Teniéndole a Él, tengo todo lo que allí tenía».

«Y yo también teniendo a Jesús tengo ya esa patria que he esperado hasta hace pocos meses, y... tengo a mi Dios. Ya ves que no pierdo nada de lo que más amo. Basta con salvar a Jesús; si es así, todo nos queda. Aunque no volviéramos a ver este cielo, estos campos, o los aún más amados campos de Galilea, siempre tendremos todo, porque le tendremos a Él.

35.6

Ven, María, que empieza a clarear. Llega el momento de saludar a la huéspeda y de cargar nuestras cosas. Todo irá bien».

María se pone en pie, obediente. Se arropa en su manto; mientras tanto, José prepara un último bulto, se lo carga y sale.

María levanta delicadamente al Niño, le arropa en un mantón y le aprieta contra su pecho. Mira las paredes que durante meses la han hospedado y, rozándolas apenas, las toca con una mano. ¡Bendita esa casa, que ha merecido ser amada y bendecida por María!

Sale. Cruza la habitacioncita que era de José, entra en la estancia grande. La dueña de la casa, en lágrimas, la besa y se despide de Ella, y, levantando un borde del mantón, besa al Niño en la frente. Él duerme tranquilo. Bajan por la escalerita exterior.

Hay un primer claror de alborada que apenas permite ver. En la escasa luz se ven tres burros. El más fuerte lleva los enseres. Los otros van sólo con la albarda. José está manos a la obra para asegurar bien el baulillo y los paquetes en la albarda del primero. Veo, atados en un haz, y colocados encima del fardo, sus utensilios de carpintero.

Nuevos saludos y nuevas lágrimas. María se monta en su burrillo, mientras la patrona tiene a Jesús en brazos y le besa una vez más; luego se lo devuelve a María. Monta también José, el cual ha atado su asno al que lleva los equipajes, para estar libre y poder así controlar el de María.

La huida comienza mientras Belén, que sueña todavía la fantasmagórica escena de los Magos, duerme tranquila, sin saber lo que le espera.

Y la visión cesa así.

35.7

Dice Jesús:

«Y también esta serie de visiones terminan así. Con el permiso de los doctores difíciles hemos ido mostrándote las escenas que precedieron, acompañaron y siguieron a mi Llegada; no por ellas mismas, que son muy conocidas, sino para aplicación, en ti y en los demás, del sentido sobrenatural que de ellas deriva, y dároslo como norma de vida. Estas escenas son muy conocidas, aunque haya que decir que han sido alteradas por elementos que han ido superponiéndose con los siglos, debido siempre a ese modo de ver, humano, que, pretendiendo dar mayor gloria a Dios — y por ello queda perdonado — transforma en irreal lo que sería tan bonito dejar real. Porque ello no disminuye mi Humanidad ni la de María, de la misma manera que este ver las cosas en su realidad no ofende ni a mi Divinidad ni a la Majestad del Padre ni al Amor de la Trinidad santísima; antes bien, con ello resplandecen los méritos de mi Madre y mi perfecta humildad, y refulge la bondad omnipotente del eterno Señor.

El Decálogo es la Ley; mi Evangelio, la doctrina que os la hace más clara y más atractiva de seguirse. Serían suficientes esta Ley y esta Doctrina para obtener, de los hombres, santos.

Pero vuestra humanidad os pone tantas dificultades — humanidad que, verdaderamente, en vosotros sobrepuja demasiado al espíritu —, que no podéis seguir estos caminos, y caéis, u os detenéis descorazonados. Os decís a vosotros mismos, y a quienes quisieran haceros caminar citándoos los ejemplos del Evangelio: “Pero Jesús, María, José... (y así todos los santos) no eran como nosotros. Eran fuertes; han sufrido, pero han sido inmediatamente consolados; fueron aliviados incluso de ese poco dolor que sufrieron; no sentían las pasiones... Eran seres que ya estaban fuera de la tierra”.

35.8

¡Ese poco dolor!... ¡No sentían las pasiones!...

El dolor fue amigo fiel nuestro, con los más variados aspectos y nombres.

Las pasiones... No uséis mal la palabra, llamando “pasiones” a los vicios que os sacan del camino recto. Llamadlos sinceramente “vicios”, y, además, capitales. No es que nosotros ignorásemos los vicios. Teníamos ojos y oídos, y Satanás hacía danzar ante nosotros y a nuestro alrededor estos vicios, mostrándonoslos en los viciosos con toda su carga de suciedad, o tentándonos con insinuaciones. Mas estas porquerías y estas insinuaciones, tendida como estaba la voluntad a querer agradar a Dios, en vez de producir lo que se había propuesto Satanás, producían lo contrario. Y cuanto más insistía él, más nos refugiábamos nosotros en la luz de Dios, por asco hacia las tinieblas fangosas que nos ponía ante los ojos del cuerpo y del espíritu.

Pero no hemos ignorado las pasiones en sentido filosófico en nosotros. Amamos la patria, y con ella a nuestra pequeña Nazaret, más que a cualquier otra ciudad de Palestina. Tuvimos afectos hacia nuestra casa, hacia los parientes y los amigos. ¿Por qué no íbamos a haberlos tenido? Pero no nos hicimos esclavos de los afectos, porque nada sino Dios debe ser señor; antes bien hicimos de ellos buenos compañeros nuestros.

Mi Madre gritó de alegría cuando, pasados aproximadamente cuatro años, volvió a Nazaret y puso pie en su casa, y besó esas paredes entre las cuales su “Sí” abrió su seno para recibir la Semilla de Dios. José saludó con alegría a los parientes, a los sobrinitos, crecidos en número y en edad. Gozó al verse recordado por sus conciudadanos y al ver que por sus dotes en el oficio le buscaron en seguida. Yo fui sensible a la amistad. Sufrí por la traición de Judas como por una crucifixión moral. ¿Y qué?: ni mi Madre ni José antepusieron su amor a la casa, o a los familiares, a la voluntad de Dios.

35.9

Y Yo no escatimé palabras — si había que decirlas — que me habrían de acarrear el rencor de los hebreos o la animadversión de Judas. Yo sabía — y podría haberlo hecho — que bastaba el dinero para sujetarle a mí; pero hubiera sido no a mí como Redentor sino a mí como rico. Yo, que multipliqué los panes, si hubiera querido, habría podido multiplicar el dinero; pero no había venido para proporcionar satisfacciones humanas. A nadie. Mucho menos a los que había llamado. Yo había predicado sacrificio, desapego, vida casta, puestos humildes. ¿Qué Maestro habría sido Yo, qué Justo, si hubiese dado dinero a uno para su sensualismo mental y físico, sólo porque ése hubiera sido el modo de sujetarle a mí?

Para ser grandes en mi Reino hay que hacerse “pequeños”. Quien quiera ser “grande” a los ojos del mundo no es apto para reinar en mi Reino; paja es para el lecho de los demonios. Porque la grandeza del mundo está en antítesis con la Ley de Dios.

El mundo llama “grandes” a quienes — con medios casi siempre ilícitos — saben conseguir los mejores puestos y, para hacerlo, hacen del prójimo escabel, y ponen su pie encima y le aplastan; llama “grandes” a los que saben matar para reinar — matar moral o materialmente — y arrebatan puestos o se enseñorean de las naciones y se enriquecen desangrando a los demás, arrebatándoles la riqueza individual o colectiva. El mundo llama frecuentemente “grandes” a los delincuentes. No. La “grandeza” no está en la delincuencia, está en la bondad, la honradez, el amor, la justicia. ¡Observad qué venenosos frutos — recogidos en su malvado, demoníaco jardín interior — vuestros “grandes” os ofrecen!

35.10

Deseo hablar de la última visión, dejando de lado otras cosas — total, sería inútil, porque el mundo no quiere oír la verdad que le concierne —. Esta visión da luz acerca de un detalle citado dos veces en el Evangelio de Mateo, una frase repetida dos veces: “¡Levántate, toma al Niño y a su Madre y huye a Egipto!”; “¡Levántate, toma al Niño y a su Madre y vuelve a la tierra de Israel!”. Y has podido ver cómo en la habitación estaba María sola con el Niño.

La virginidad de María después del parto y la castidad de José sufren muchas agresiones por parte de quienes, siendo sólo lodo putrefacto, no admiten que uno pueda ser ala y luz. Desdichados, cuyo ánimo está tan corrompido y cuya mente está tan prostituida a la carne, que son incapaces de pensar que uno como ellos pueda respetar a una mujer, viendo en ella el alma y no la carne; incapaces de elevarse a sí mismos viviendo en una atmósfera sobrenatural, tendiendo no a las cosas carnales, sino a las divinas.

Pues bien, a estos que combaten contra la suprema belleza, a estos gusanos incapaces de transformarse en mariposa, a estos reptiles cubiertos por la baba de su lujuria, incapaces de comprender la belleza de una azucena, Yo les digo que María fue virgen y siguió siéndolo, y que sólo su alma se desposó con José, como también su espíritu únicamente se unió al Espíritu de Dios, y por obra de Éste concibió al Único que llevó en su seno: a mí, a Jesucristo, Unigénito de Dios y de María.

No se trata de una tradición que haya florecido después, por un amoroso respeto hacia mi Bienaventurada Madre; se trata de una verdad conocida ya desde los primeros tiempos.

Mateo no nació siglos más tarde; era contemporáneo de María. Mateo no era un pobre ignorante que hubiera vivido en los bosques y que fuera propenso a creerse cualquier patraña. Era un funcionario de hacienda, como diríais ahora vosotros (nosotros entonces decíamos recaudador). Sabía ver, oír, entender, escoger entre la verdad y la falsedad. Mateo no oyó las cosas por referencias de terceros, sino que las recogió del labio de María, preguntándole a Ella, llevado de su amor hacia el Maestro y hacia la verdad.

Y no quiero pensar que estos que niegan la inviolabilidad de María piensen que Ella quizás pudo mentir. Mis propios parientes, si hubiera habido otros hijos, hubieran podido desmentir su testimonio: Santiago, Judas, Simón y José eran condiscípulos de Mateo. Por tanto éste hubiera podido fácilmente confrontar las versiones, si hubiese habido otras versiones. Y sin embargo Mateo nunca dice: “¡Levántate y toma contigo a tu mujer!”. Dice: “¡Toma contigo a la Madre de Él!”. Y antes dice: “Virgen desposada con José”; “José, su esposo”.

35.11

Y que éstos no objeten que se trataba de un modo de hablar de los hebreos, como si decir “la mujer de” fuera una infamia. No, negadores de la Pureza. Ya desde las primeras palabras del Libro se lee: “... y se unirá a su mujer”. Se la llama “compañera” hasta el momento de la consumación física del vínculo matrimonial, y luego se la llama “la mujer de” en distintos momentos y en distintos capítulos. Así se las llama a las esposas de los hijos de Adán; y a Sara, llamada “mujer de” Abraham: “Sara, tu mujer”. Y también: “Toma contigo a tu mujer y a tus dos hijas”, a Lot. Y en el libro de Rut está escrito: “La Moabita, mujer de Majlón”. Y en el primer libro de los Reyes se dice: “Elcana tuvo dos mujeres”; y luego: “Elcana después conoció a su mujer Ana”; y también: “Elí bendijo a Elcana y a la mujer de éste”. Y también en el libro de los Reyes está escrito: “Betsabé, mujer de Urías Eteo, vino a ser mujer de David y le dio a luz un hijo”. Y ¿qué se lee en el libro azul de Tobías, lo que la Iglesia os canta en vuestras bodas, para aconsejaros que seáis santos en el matrimonio? Se lee: “Llegado Tobit con su mujer y con su hijo...”; y también: “Tobit logró huir con su hijo y con su mujer”.

Y en los Evangelios, o sea, en tiempos contemporáneos a Cristo, en que, por tanto, se escribía con lenguaje moderno respecto a aquellos tiempos — por lo que no pueden sospecharse errores de transcripción — se dice, y precisamente lo dice Mateo en el capítulo 22: “...y el primero, habiendo tomado mujer, murió y dejó su mujer a su hermano”. Y Marcos en el capítulo 10: “Quien repudia a su mujer...”. Y Lucas llama a Isabel mujer de Zacarías, cuatro veces seguidas; y en el capítulo 8 dice: “Juana, mujer de Cusa”.

Como podéis ver, este nombre no era un vocablo proscrito por quien estaba en las vías del Señor, un vocablo inmundo, no digno de ser proferido, y mucho menos escrito, donde se tratara de Dios y de sus obras admirables. Y el ángel, diciendo: “el Niño y su Madre”, os demuestra que María fue verdadera Madre suya, pero no fue la mujer de José; siempre fue: la Virgen desposada con José.

Y ésta es la última enseñanza de estas visiones. Y es una aureola que resplandece sobre las cabezas de María y de José. La Virgen inviolada. El hombre justo y casto. Las dos azucenas entre las que crecí oyendo sólo fragancias de pureza.­

35.12

A ti, pequeño Juan[1], te podría hablar sobre el dolor de María por su doble, brusca separación de la casa y de la patria. Pero no hay necesidad de palabras. Tú lo comprendes y ello te hace morir. Dame tu dolor. Sólo quiero esto. Es más que cualquier otra cosa que puedas darme. Es viernes, María. Piensa en mi dolor y en el de María en el Gólgota para poder soportar tu cruz.

Nuestra paz y nuestro amor quedan contigo».


Notes

  1. la Bible, de laquelle suivent (pour appuyer les passages cités de : Mt 1, 16.19 ; 2, 13.20) des citations de : Gn 2, 24 ; 3, 17 ; 17, 15 ; 19, 15 ; Rt 4, 10 ; 1S 1, 1-2.19 ; 2, 20 ; 2S 11, 27 ; Tb 1, 9.20.
  2. petit Jean est le nom le plus fréquent donné à Maria Valtorta. Voir son explication en 70.8/9 et en 638.2.

Notas

  1. pequeño Juan es el apelativo dado a María Valtorta. Aparece frecuentemente en la Obra. Su primera explicación se encuentra en 70.8/9