352.1
C’est juste au moment où le ciel et le lac sont incendiés par les feux du crépuscule qu’ils reviennent vers Capharnaüm. Ils sont contents. Ils discutent. Jésus parle peu, mais il sourit. Ils constatent que, si le messager avait été plus précis, il leur aurait épargné du chemin. Mais ils disent aussi qu’ils ont été bien payés de leur fatigue parce que tout un groupe de petits enfants ont eu leur père guéri au moment où déjà sa mort était proche et où il se refroidissait, et aussi parce qu’ils ne sont plus tout à fait sans argent.
« Je vous avais bien dit que le Père allait pourvoir à tout, déclare Jésus.
– Et c’est un ancien amant de Marie de Magdala ? demande Philippe.
– Il semble que oui… D’après ce que l’on nous a dit… répond Thomas.
– A toi, Seigneur, que t’a dit l’homme ? » demande Jude.
Jésus sourit évasivement.
« Moi, je l’ai vu plus d’une fois avec elle, quand j’allais à Tibériade avec des amis. C’est sûr, affirme Matthieu.
– Oui, mon frère, satisfais-nous… L’homme t’a-t-il demandé seulement de guérir, ou aussi d’être pardonné ? demande Jacques, fils d’Alphée.
– Quelle question inutile ! Quand donc le Seigneur n’exige-t-il pas de repentir, pour accorder une grâce ? dit Judas avec quelque dédain pour Jacques.
– Mon frère n’a pas dit une sottise. Jésus guérit ou délivre, puis il dit: “ Va et ne pèche plus ”, lui répond Jude.
– Mais c’est parce qu’il voit déjà le repentir dans les cœurs, insiste Judas.
– Chez les possédés, il n’y a pas de repentir ni de volonté d’être délivrés. Pas un seul ne nous l’a prouvé. Rappelle-toi tous les cas et tu verras que, soit ils s’enfuyaient, soit ils se manifestaient comme ennemis ou, pour le moins, ils essayaient l’une ou l’autre méthode sans y parvenir, uniquement parce que leurs parents les en empêchaient, réplique Jude.
– Ainsi que la puissance de Jésus, ajoute Simon le Zélote.
– Mais alors Jésus tient compte de la volonté des parents qui représentent la volonté du possédé qui, si le démon ne l’en empêchait pas, voudrait être délivré.
– Oh ! Que de subtilités ! Et pour les pécheurs alors ? Il me semble qu’il emploie la même formule, même s’ils ne sont pas possédés, dit Jacques, fils de Zébédée.
– A moi, il m’a dit : “ Suis-moi ”, et je ne lui avais pas encore dit un mot concernant mon état, observe Matthieu.
– Mais il le voyait dans ton cœur, dit Judas qui veut toujours avoir raison, à tout prix.