Os Escritos de Maria Valtorta

352. Un pécheur converti par Marie-Madeleine.

352. Um convertido de Maria de Magdala.

352.1

C’est juste au moment où le ciel et le lac sont incendiés par les feux du crépuscule qu’ils reviennent vers Capharnaüm. Ils sont contents. Ils discutent. Jésus parle peu, mais il sourit. Ils constatent que, si le messager avait été plus précis, il leur aurait épargné du chemin. Mais ils disent aussi qu’ils ont été bien payés de leur fatigue parce que tout un groupe de petits enfants ont eu leur père guéri au moment où déjà sa mort était proche et où il se refroidissait, et aussi parce qu’ils ne sont plus tout à fait sans argent.

« Je vous avais bien dit que le Père allait pourvoir à tout, déclare Jésus.

– Et c’est un ancien amant de Marie de Magdala ? demande Philippe.

– Il semble que oui… D’après ce que l’on nous a dit… répond Thomas.

– A toi, Seigneur, que t’a dit l’homme ? » demande Jude.

Jésus sourit évasivement.

« Moi, je l’ai vu plus d’une fois avec elle, quand j’allais à Tibériade avec des amis. C’est sûr, affirme Matthieu.

– Oui, mon frère, satisfais-nous… L’homme t’a-t-il demandé seulement de guérir, ou aussi d’être pardonné ? demande Jacques, fils d’Alphée.

– Quelle question inutile ! Quand donc le Seigneur n’exige-t-il pas de repentir, pour accorder une grâce ? dit Judas avec quelque dédain pour Jacques.

– Mon frère n’a pas dit une sottise. Jésus guérit ou délivre, puis il dit: “ Va et ne pèche plus ”, lui répond Jude.

– Mais c’est parce qu’il voit déjà le repentir dans les cœurs, insiste Judas.

– Chez les possédés, il n’y a pas de repentir ni de volonté d’être délivrés. Pas un seul ne nous l’a prouvé. Rappelle-toi tous les cas et tu verras que, soit ils s’enfuyaient, soit ils se manifestaient comme ennemis ou, pour le moins, ils essayaient l’une ou l’autre méthode sans y parvenir, uniquement parce que leurs parents les en empêchaient, réplique Jude.

– Ainsi que la puissance de Jésus, ajoute Simon le Zélote.

– Mais alors Jésus tient compte de la volonté des parents qui représentent la volonté du possédé qui, si le démon ne l’en empêchait pas, voudrait être délivré.

– Oh ! Que de subtilités ! Et pour les pécheurs alors ? Il me semble qu’il emploie la même formule, même s’ils ne sont pas possédés, dit Jacques, fils de Zébédée.

– A moi, il m’a dit : “ Suis-moi ”, et je ne lui avais pas encore dit un mot concernant mon état, observe Matthieu.

– Mais il le voyait dans ton cœur, dit Judas qui veut toujours avoir raison, à tout prix.

352.2

– Et c’est bien ! Mais cet homme qui, d’après le bruit qui court était un grand débauché et un grand pécheur, n’était pas possédé, ou plutôt, sans l’être, il avait un démon comme maître sinon comme possesseur, avec tous ses péchés. Il était moribond, mais en définitive, qu’a-t-il demandé ? Nous sommes en train de faire un voyage dans les nuages, me semble-t-il… nous en sommes encore à la première question » dit Pierre.

Jésus le satisfait :

« Cet homme a voulu être seul avec moi pour pouvoir parler en toute liberté. Il n’a pas exposé tout de suite son état de santé… mais l’état de son âme. Il a dit : “ Je suis mourant, mais pas encore autant que je l’ai fait croire pour te faire venir le plus vite possible. J’ai besoin de ton pardon pour guérir. Mais cela me suffit. Si tu ne me guéris pas, je me résignerai. Je l’ai mérité. Mais sauve mon âme ” ; et il m’a confessé ses nombreuses fautes. Une chaîne de fautes à donner la nausée… »

Jésus parle ainsi, mais son visage resplendit de joie.

« Et tu en souris, Maître ? Cela m’étonne ! Relève Barthé­lemy.

– Oui, Barthélemy. J’en souris parce que ces fautes n’existent plus, et parce que, avec les fautes, j’ai connu le nom de la rédemptrice. Dans son cas, l’apôtre a été une femme.

– Ta Mère ! » disent plusieurs.

Et d’autres :

« Jeanne, femme de Kouza ! S’il allait souvent à Tibériade, il la connaît peut-être. »

Jésus secoue la tête. Ils lui demandent :

« Qui, alors ?

– Marie, sœur de Lazare, répond Jésus.

– Elle est venue ici ? Pourquoi ne s’est-elle pas fait voir à l’un de nous ?

– Elle n’est pas venue. Elle a écrit à son ancien complice. J’ai lu ses lettres. Toutes lui adressent la même supplication : de l’écouter, de se racheter comme elle-même s’est rachetée, de la suivre dans le bien comme il l’avait suivie dans la faute, et ses paroles déchirantes le priaient de soulager l’âme de Marie du remords d’avoir séduit celle de son ami. Et elle l’a converti, à tel point qu’il s’était retiré dans sa maison de campagne pour vaincre les tentations de la ville. La maladie, qui venait davantage de ses remords que de son état physique, a fini de le préparer à la grâce. Voilà. Etes-vous satisfaits maintenant ? Comprenez-vous pourquoi je souris ?

– Oui, Maître » disent-ils tous.

Puis, voyant que Jésus allonge le pas comme pour s’isoler, ils se mettent à bavarder entre eux…

352.3

Ils sont déjà en vue de Capharnaüm lorsque, au carrefour de la route qu’ils suivent avec celle qui longe le lac en venant de Magdala, ils croisent les disciples venus à pied de Tibériade en évangélisant. Tous sont là, sauf Marziam, les bergers et Manahen, qui sont allés de Nazareth à Jérusalem avec les femmes. Les disciples sont même plus nombreux à cause de quelques éléments qui se sont unis à eux au retour de leur mission et qui amènent avec eux de nouveaux prosélytes de la doctrine chrétienne.

Jésus les salue avec douceur, mais aussitôt il s’isole de nouveau dans une méditation et une oraison profondes, en s’avançant de quelques pas.

Les apôtres, de leur côté, s’unissent aux disciples, surtout aux plus influents, à savoir Etienne, Hermas, le prêtre Jean, Jean le scribe, Timon, Joseph d’Emmaüs, Hermastée (qui, d’après ce que je comprends, vole sur le chemin de la perfection), Abel de Bethléem de Galilée dont la mère se trouve dans la foule avec d’autres femmes. Les disciples et les apôtres échangent questions et réponses sur ce qui est arrivé depuis qu’ils se sont quittés. C’est ainsi qu’ils parlent de la guérison et de la conversion d’aujourd’hui, et du miracle du statère dans la bouche du poisson… Ce dernier, en raison des circonstances qui sont à son origine, déclenche une grande conversation qui se propage d’un rang à l’autre comme un feu qui prend dans des feuilles sèches…

352.4

Jésus dit :

« Vous placerez ici la vision du 7 mars 1944 : “ Le petit Benjamin de Capharnaüm ”, sans le commentaire. Et vous poursuivrez avec le reste de la leçon et de la vision. Continue. »

Je vous avertis tout d’abord que j’omets la dernière phrase : « La vision s’arrête ici, etc. » Ce serait hors propos puisque la vision reprend.

Le 7 mars 1944.

352.5

Je vois Jésus parcourir un chemin de campagne, suivi et entouré de ses apôtres et des disciples.

Non loin, le lac de Galilée, paisible et bleu, brille sous un beau soleil de printemps ou d’automne, car il n’est pas violent comme un soleil d’été. Mais je dirais plutôt que c’est le printemps car la nature est très fraîche et n’a pas ces tons dorés et mourants que l’on voit en automne.

On dirait qu’à l’approche du soir, Jésus se retire dans une maison hospitalière et se dirige par conséquent vers la ville que l’on voit déjà apparaître. Comme souvent, il marche quelques pas en avant des disciples. Deux ou trois, pas plus, mais assez pour pouvoir s’isoler dans ses pensées, car il a besoin de silence après une journée d’évangélisation. Il chemine, l’air absorbé, tenant dans la main droite un rameau vert, certainement cueilli dans quelque buisson, avec lequel il fouette machinalement les herbes de la berge.

Derrière lui, au contraire, les disciples parlent avec animation. Ils rappellent les événements de la journée et n’ont pas la main légère pour soupeser les défauts et les méchancetés d’autrui. Tous critiquent plus ou moins le fait que ceux qui sont chargés de la perception du tribut pour le Temple aient voulu être payés par Jésus.

Pierre, toujours véhément, soutient que c’est un sacrilège parce que le Messie n’est pas tenu de payer le tribut :

« C’est comme si on voulait que Dieu se paie lui-même » dit-il. « Et ce n’est pas juste. Si, en plus, ils croient qu’il n’est pas le Messie, ça devient un sacrilège. »

Jésus se tourne un instant et il dit :

« Simon, Simon, il y en aura tant qui douteront de moi ! Même parmi ceux qui croient que leur foi en moi est assurée et inébranlable. Ne juge pas tes frères, Simon. Commence par te juger toi-même. »

Judas, avec un sourire ironique, lance à Pierre qui, humilié, a baissé la tête :

« Voilà pour toi ! Sous prétexte que tu es le plus âgé, tu veux toujours faire le docteur. Il n’est pas dit qu’il faille juger le mérite d’après l’âge. Parmi nous, il y en a qui te sont supérieurs par les connaissances et la position sociale. »

Il s’allume une discussion sur les mérites respectifs. Un tel se vante d’avoir été parmi les premiers disciples, un tel fonde sa valeur sur la situation importante qu’il a quittée pour suivre Jésus, un tel dit que personne n’a autant de droits que lui parce que personne ne s’est converti comme lui, en passant de la situation de publicain à celle de disciple. La discussion se prolonge et, si je ne craignais pas d’offenser les apôtres, je dirais qu’elle prend les allures d’un véritable procès.

Jésus s’en désintéresse. Il semble ne plus rien entendre. Entre temps, ils sont arrivés aux premières maisons de la ville que je sais être Capharnaüm. Jésus continue, et les autres, derrière, sont toujours en pleine discussion.

352.6

Un enfant de sept à huit ans court derrière Jésus en sautillant. Il le rejoint en dépassant le groupe plus qu’animé des apôtres. C’est un bel enfant aux cheveux châtain foncé, courts et tout bouclés. Dans son visage mat, brillent deux yeux noirs intelligents. Il appelle avec familiarité le Maître, comme s’il le connaissait bien.

« Jésus, dit-il, tu me laisses venir avec toi jusqu’à ta maison ?

– Est-ce que ta mère le sait ? demande Jésus en le regardant avec un doux sourire.

– Elle le sait.

– Vraiment ? »

Jésus, tout en souriant, le fixe d’un regard pénétrant.

« Oui, Jésus, vraiment.

– Alors, viens. »

L’enfant fait un saut de joie et saisit la main gauche que Jésus lui tend. C’est avec une amoureuse confiance que l’enfant glisse sa petite main brune dans la longue main de mon Jésus. Je voudrais bien en faire autant moi-même !

« Raconte-moi une belle parabole, Jésus » dit l’enfant en sautant aux côtés du Maître et en l’observant par en dessous avec un petit visage rayonnant.

Jésus aussi le regarde avec un sourire joyeux qui lui fait entrouvrir la bouche qu’ombragent des moustaches et une barbe blond-roux que le soleil fait briller comme de l’or. Ses yeux de saphir foncé rient de bonheur quand il les pose sur l’enfant.

« Qu’as-tu à faire d’une parabole ? Ce n’est pas un jeu.

– C’est plus beau qu’un jeu. Quand je vais dormir, j’y repense, puis j’en rêve et le lendemain je m’en souviens et je me la redis pour être gentil. Elle me rend plus sage.

– Tu t’en souviens ?

– Oui. Veux-tu que je te dise toutes celles que tu m’as racontées ?

– Tu es un bon garçon, Benjamin, meilleur que les hommes qui oublient. En récompense, je te dirai la parabole. »

L’enfant ne saute plus. Il marche, sérieux, attentif comme un adulte, et ne perd pas un mot, pas une inflexion de la voix de Jésus qu’il regarde avec attention, sans même regarder où il met ses pieds.

352.7

« Un berger qui était très bon apprit qu’il y avait dans un endroit de la création un grand nombre de brebis abandonnées par des bergers qui étaient mauvais. Elles étaient en danger sur d’affreux chemins, dans des herbages empoisonnés et elles s’approchaient de plus en plus de sombres ravins. Il alla dans ce pays et, déposant tout ce qu’uil avait, il acheta ces brebis et ces agneaux.

Il voulait les amener dans son royaume, parce que ce berger était roi comme l’ont été aussi de nombreux rois en Israël. Dans son royaume, ce troupeau aurait trouvé des pâturages sains, de l’eau fraîche et pure, des chemins sûrs et des abris solides contre les voleurs et les loups féroces. C’est pourquoi ce berger rassembla ses brebis et ses agneaux pour leur dire : “ Je suis venu vous sauver, vous amener là où vous ne souffrirez plus, où vous ne connaîtrez plus ni pièges ni malheurs. Aimez-moi, suivez-moi, car je vous aime beaucoup et, pour vous posséder, j’ai fait toutes sortes de sacrifices. Mais si vous m’aimez, mon sacrifice ne me pèsera pas. Suivez-moi et partons. ” Et le berger en avant, les brebis à la suite, prirent le chemin qui mène au royaume de la joie.

A chaque instant, le berger se retournait pour voir si elles le suivaient, pour exhorter celles qui étaient fatiguées, encourager celles qui perdaient confiance, secourir les malades, caresser les agneaux. Comme il les aimait ! Il leur donnait son pain et son sel. Il commençait par goûter l’eau des sources pour voir si elle était saine et la bénissait pour la rendre sainte.

Mais les brebis – peux-tu croire cela, Benjamin ? – les brebis, après quelque temps, se lassèrent. Une d’abord, puis deux, puis dix, puis cent restèrent en arrière à brouter l’herbe jusqu’à se gaver au point de ne plus pouvoir bouger et elles se couchèrent, fatiguées et repues, dans la poussière et dans la boue. D’autres se penchèrent sur les précipices, malgré les paroles du berger : “ Ne le faites pas. ” Comme il se mettait là où il y avait un plus grand danger pour les empêcher d’y aller, certaines le bousculèrent de leurs têtes arrogantes et plus d’une fois essayèrent de le jeter dans le précipice. Ainsi beaucoup finirent dans les ravins et moururent misérablement. D’autres se battirent à coups de cornes et de têtes, et s’entretuèrent.

Seul un agnelet ne s’écarta jamais. Il courait en bêlant et, par ses bêlements, il disait au berger : “ Je t’aime. ” Il courait derrière le bon berger et quand ils arrivèrent à la porte de son royaume, il n’y avait qu’eux deux : le berger et l’agnelet fidèle. Alors le berger ne dit pas : “ Entre ”, mais : “ Viens ” ; il le prit sur sa poitrine, dans ses bras, et l’amena à l’intérieur en appelant tous ses sujets et en leur disant : “ Voici. Celui-ci m’aime. Je veux qu’il soit avec moi pour toujours. Quant à vous, aimez-le, car c’est celui que mon cœur préfère. ”

352.8

La parabole est finie, Benjamin. Maintenant peux-tu me dire qui est ce bon berger ?

– C’est toi, Jésus.

– Et cet agnelet, qui est-ce ?

– C’est moi, Jésus.

– Mais maintenant, je vais partir. Tu m’oublieras.

– Non, Jésus, je ne t’oublierai pas, parce que je t’aime.

– Ton amour disparaîtra quand tu ne me verras plus.

– Je me répéterai les paroles que tu m’as dites, et ce sera comme si tu étais présent. Je t’aimerai et je t’obéirai de cette façon. Et, dis-moi, Jésus : toi, tu te souviendras de Benjamin ?

– Toujours.

– Comment feras-tu pour te souvenir ?

– Je me dirai que tu m’as promis de m’aimer et de m’obéir, et je me souviendrai ainsi de toi.

– Et tu me donneras ton Royaume ?

– Si tu es bon, oui.

– Je serai bon.

– Comment feras-tu ? La vie est longue.

– Mais tes paroles sont si bonnes ! Si je me les dis et si je fais ce qu’elles me disent de faire, je me garderai bon toute ma vie. Et je le ferai parce que je t’aime. Quand on aime bien, ce n’est pas fatigant d’être bon. Je ne me fatigue pas d’obéir à maman, parce que je l’aime. Je ne me fatiguerai pas d’être obéissant pour toi, parce que je t’aime. »

Jésus s’est arrêté pour regarder le petit visage enflammé par l’amour plus que par le soleil. La joie de Jésus est si vive qu’on dirait qu’un autre soleil s’est allumé dans son âme et irradie par ses pupilles. Il se penche et dépose un baiser sur le front de l’enfant.

352.9

Jésus s’est arrêté devant une petite maison modeste, avec un puits devant. Il va ensuite s’asseoir près du puits et c’est là que le rejoignent les disciples, qui sont encore en train de mesurer leurs prérogatives respectives.

Jésus les regarde, puis il les appelle :

«Venez autour de moi, et écoutez le dernier enseignement de la journée, vous qui célébrez sans cesse vos mérites et pensez à vous adjuger une place en rapport avec eux. Vous voyez cet enfant ? Il est dans la vérité plus que vous. Son innocence lui donne les clés pour ouvrir les portes de mon Royaume. Lui, il a compris, dans sa simplicité de tout petit, que c’est dans l’amour que se trouve la force de devenir grand et dans l’obéissance par amour celle d’entrer dans mon Royaume. Soyez simples, humbles, aimants d’un amour qui ne soit pas à mon égard seulement, mais que vous partagiez entre vous, obéissant à mes paroles, à toutes, même à celles-ci, si vous voulez arriver là où entreront ces innocents. Apprenez auprès des petits. Le Père leur révèle la vérité comme il ne la révèle pas aux sages. »

Jésus parle en tenant Benjamin debout contre ses genoux et il garde ses mains sur ses épaules. A ce moment, le visage de Jésus est plein de majesté. Il est sérieux, pas courroucé, mais sérieux. C’est vraiment le Maître. Le dernier rayon de soleil nimbe sa tête blonde.

La vision s’arrête ici pour moi, me laissant pleine de douceur dans mes souffrances.

[le 6 décembre 1945].

352.10

Les disciples n’ont donc pas pu entrer dans la maison, c’est naturel, à cause de leur nombre et de leur discrétion. Ils ne le font jamais s’ils ne sont pas invités par le Maître à le faire, en groupe ou en particulier. Je remarque toujours un grand respect, une grande retenue, malgré l’affabilité du Maître et sa longue familiarité. Même Isaac, que je pourrais qualifier de premier des disciples, ne prend jamais la liberté d’aller vers Jésus, sans qu’un geste ou, au moins un sourire du Maître l’appelle près de lui.

C’est un peu différent de la manière désinvolte et presque insolente dont beaucoup traitent ce qui est surnaturel, n’est-ce pas ?… C’est là un commentaire personnel que je trouve juste, car je n’apprécie pas que les gens aient, devant quelque chose qui nous dépasse, des manières que nous n’avons pas envers nos égaux, les hommes, quand ils sont, tant soit peu, au-dessus de nous… Mais enfin… Allons de l’avant…

Donc les disciples se sont dispersés sur la rive du lac pour acheter du poisson pour le dîner, du pain et tout ce qu’il faut. Jacques, fils de Zébédée, revient aussi et il appelle le Maître, qui est assis sur la terrasse avec Jean accroupi à ses pieds dans un entretien plein de douceur et d’abandon… Jésus se lève et se penche au-dessus du parapet.

Jacques dit :

« Que de poissons, Maître ! Mon père dit que ton arrivée a béni les filets. Regarde : tout ça est pour nous »

Il montre un panier de poissons argentés.

« Que Dieu lui donne des grâces pour sa générosité. Préparez-les et nous irons sur la rive après le dîner avec les disciples. »

Ainsi font-ils. Le lac est noir dans la nuit, en attendant la lune qui se lève tard. On ne le voit pas, mais on entend son murmure, son clapotis contre les rochers du rivage. Seules les incroyables étoiles des nuits d’Orient se mirent dans ses eaux tranquilles. Ils s’asseyent en cercle autour d’une petite barque renversée sur laquelle est assis Jésus. Les petits fanaux des barques apportés ici, au milieu du cercle, éclairent à peine les visages les plus proches. Celui de Jésus est tout éclairé par en dessous par un fanal placé à ses pieds, et tous peuvent ainsi le voir quand il s’adresse à l’un ou à l’autre.

352.11

Au début, c’est une conversation sans façon, familière, mais ensuite elle prend le ton d’une instruction. Jésus le dit même ouvertement :

« Venez et écoutez. D’ici peu, nous nous séparerons et je veux vous instruire encore pour mieux vous former.

Aujourd’hui, je vous ai entendu discuter et ce n’était pas toujours avec charité. J’ai déjà donné cette instruction aux premiers d’entre vous. Mais je veux vous la donner à vous aussi, et cela ne fera pas de mal aux premiers de la réentendre. Maintenant le petit Benjamin n’est pas ici contre mes genoux. Il dort dans son lit et il fait ses rêves innocents. Mais peut-être son âme candide est-elle tout de même parmi nous. Mais supposez que lui, ou quelque autre enfant, soit ici pour vous servir d’exemple.

Vous, dans votre cœur, vous avez tous une idée fixe – être le premier dans le Royaume des Cieux –, une curiosité – savoir qui sera ce premier – et enfin un danger : le désir encore humain de s’entendre répondre : “ Tu es le premier dans le Royaume des Cieux ” par des compagnons complaisants ou par le Maître, surtout par le Maître, dont vous connaissez la véracité et la connaissance de l’avenir. N’est-ce pas exact ? Les questions tremblent sur vos lèvres et vivent au fond de votre cœur.

Pour votre bien, le Maître accepte cette curiosité bien qu’il ait horreur de céder aux curiosités humaines. Votre Maître n’est pas un charlatan que l’on interroge pour deux piécettes au milieu du vacarme d’un marché. Ce n’est pas un homme possédé par l’esprit du Python qui se procure de l’argent en faisant le devin, pour répondre aux esprits étriqués de ceux qui veulent connaître l’avenir pour savoir comment “ se diriger ”. L’homme ne peut se diriger par lui-même. C’est Dieu qui le dirige si l’homme a foi en lui ! Et il ne sert à rien de connaître l’avenir, ou de croire qu’on le connaît, si ensuite on n’a pas le moyen de changer l’avenir prophétisé. Il n’y a qu’un moyen : prier le Père et Seigneur pour que sa miséricorde nous aide. En vérité, je vous dis qu’une prière confiante peut changer un châtiment en bénédiction. Mais celui qui a recours aux hommes pour pouvoir, en tant qu’homme, et avec des moyens humains, changer l’avenir, ne sait pas du tout prier ou très mal. Mais, cette fois-ci, comme votre curiosité peut permettre un bon enseignement, j’y réponds, bien que j’aie horreur des questions indiscrètes et irrespectueuses.

352.12

Vous vous demandez : “ Lequel d’entre nous est le plus grand dans le Royaume des Cieux ? ”

Moi, je supprime la limite du “ d’entre nous ” pour élargir la question à la dimension du monde entier, présent et futur, et je réponds : “ Le plus grand dans le Royaume des Cieux est le plus petit des hommes ”, c’est-à-dire celui que les hommes considèrent comme “ le plus petit ”. Celui qui est innocent, simple, humble, confiant, ignorant, donc l’enfant, ou celui qui sait retrouver une âme d’enfant. Ce n’est pas le savoir, ni la puissance, ni la richesse, ni l’activité, même si elle est bonne, qui vous rendront “ le plus grand ” dans le Royaume bienheureux. Mais d’être comme des tout-petits par l’amour, l’humilité, la simplicité, la foi.

Observez comme les enfants m’aiment, et imitez-les. Comme ils croient en moi, et imitez-les. Comme ils se souviennent de ce que je dis, et imitez-les. Comme ils font ce que j’enseigne, et imitez-les. Comme ils ne s’enorgueillissent pas de ce qu’ils font, et imitez-les. Comme ils n’ont pas de jalousie pour moi ni pour leurs compagnons, et imitez-les. En vérité, je vous dis que, si vous ne changez pas votre manière de penser, d’agir et d’aimer, et si vous ne changez pas sur le modèle des tout petits, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Eux, ils savent ce que vous savez, ce qu’il y a d’essentiel dans ma doctrine. Mais avec quelle différence ils pratiquent ce que j’enseigne ! Vous, vous dites pour toute bonne action que vous accomplissez : “ J’ai fait cela ” ; l’enfant me dit : “ Jésus, je me suis souvenu de toi aujourd’hui, et pour toi j’ai obéi, j’ai aimé, j’ai retenu mon envie de me battre… et je suis content parce que toi, je le sais, tu sais quand je suis bon et tu en es content. ” Considérez encore les enfants quand ils agissent mal, avec quelle humilité ils me l’avouent : “ Aujourd’hui j’ai été méchant. Et cela me déplaît parce que je t’ai fait de la peine. ” Ils ne se cherchent pas d’excuses. Ils savent que je sais, ils croient, ils souffrent de ma douleur.

Ah ! Que ces petits sont chers à mon cœur, eux en qui il n’y a pas d’orgueil, pas de duplicité, pas de luxure ! Je vous le dis : devenez semblables à des enfants, si vous voulez entrer dans mon Royaume. Aimez-les comme l’exemple angélique que vous pouvez encore avoir. Vous devriez être comme des anges. En guise d’excuse, vous pourriez dire : “ Nous ne voyons pas les anges. ” Mais Dieu vous donne les enfants comme modèles et eux, vous les avez parmi vous. Et si vous voyez un enfant abandonné matériellement, ou moralement, et qui peut périr, accueillez-le en mon nom, parce que ces petits sont très aimés de Dieu. Or quiconque accueille un enfant en mon nom, m’accueille moi-même, parce que je suis dans leur âme, qui est innocente. Et celui qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé, le Seigneur très-haut.

352.13

Et gardez-vous de scandaliser l’un de ces petits dont l’œil voit Dieu. On ne doit jamais scandaliser personne. Mais malheur, trois fois malheur, à celui qui déflore la candeur ignorante des enfants ! Laissez-les être des anges, le plus que vous pouvez. Le monde et la chair sont trop répugnants pour l’âme qui vient des Cieux ! Et l’enfant, par son innocence, est encore tout âme. Respectez l’âme de l’enfant et son corps lui-même, comme vous respectez un lieu sacré. L’enfant lui aussi est sacré, car il a Dieu en lui. En tout corps se trouve le temple de l’Esprit, mais le temple de l’enfant est le plus sacré et le plus profond, il est au-delà du double Voile. Ne remuez même pas les voiles de la sublime ignorance de la sensualité par le vent de vos passions.

Je voudrais un enfant dans toute famille, au milieu de toute réunion de personnes, pour qu’il serve de frein aux passions des hommes. L’enfant sanctifie, repose et rafraîchit par le seul rayonnement de ses yeux sans malice. Mais malheur à ceux qui lui enlèvent sa sainteté par leur scandaleuse manière d’agir ! Malheur à ceux qui, par leur conduite licencieuse, transmettent leur malice aux enfants ! Malheur à ceux qui, par leurs propos et leur ironie, blessent la foi que les enfants ont en moi ! Il vaudrait mieux qu’on leur attache au cou une meule de moulin, et qu’on les jette à la mer pour qu’ils s’y noient avec leurs perversités. Malheur au monde pour les scandales qu’il cause aux innocents ! Car, s’il est inévitable qu’il arrive des scandales, malheur à l’homme qui les provoque par sa faute !

Personne n’a le droit de faire violence à son corps et à sa vie, car la vie et le corps viennent de Dieu, et lui seul a le droit d’en prendre une partie ou le tout. Pourtant, je vous dis que si votre main est pour vous incitation au péché, il vaut mieux que vous la coupiez, que si votre pied vous porte à causer du scandale, il est bon que vous le coupiez. Entrer manchots ou boiteux dans la Vie vaut mieux, pour vous, que d’être jetés au feu éternel avec vos deux mains et vos deux pieds. Et s’il ne suffit pas d’un pied ou d’une main coupés, faites couper aussi l’autre main ou l’autre pied, pour ne plus donner le mauvais exemple et pour avoir le temps de vous repentir avant d’être jetés là où le feu ne s’éteint pas et ronge comme un ver pour l’éternité. Et si c’est votre œil qui est pour vous occasion de scandale, arrachez-le. Il vaut mieux être borgne que d’être en enfer avec les deux yeux. Avec un seul œil ou même sans aucun, arrivés au Ciel, vous verrez la Lumière, alors qu’avec les deux yeux du vice, vous verrez en enfer ténèbres et horreur. Et rien d’autre.

352.14

Rappelez-vous tout cela. Ne méprisez pas les petits, ne les scandalisez pas, ne vous moquez pas d’eux. Ils valent mieux que vous, car leurs anges ne cessent de voir Dieu qui leur dit les vérités qu’ils doivent révéler aux enfants et à ceux qui ont un cœur d’enfant.

Et vous, comme des enfants, aimez-vous les uns les autres, sans disputes, sans orgueil. Restez en paix entre vous. Ayez un esprit de paix pour tous. Vous êtes frères, au nom du Seigneur, et non pas ennemis. Il n’y a pas, il ne doit pas y avoir d’ennemis pour les disciples de Jésus. L’unique Ennemi, c’est Satan. Pour lui, soyez des ennemis implacables, entrez en lutte contre lui et contre les péchés qui amènent Satan dans les cœurs.

Soyez infatigables dans le combat contre le mal quelle que soit la forme qu’il prenne. Et patients. Il n’y a pas de limite au travail de l’apôtre, car le travail du Mal ne connaît aucune limite. Le démon ne dit jamais : “ C’est assez. Maintenant je suis fatigué et je me repose. ” Lui, il est inlassable : il passe, agile comme la pensée, et plus encore, d’un homme à un autre. Il essaie et prend, il séduit, il tourmente, il n’accorde aucun répit. Il assaille traîtreusement et il abat, si l’on n’est pas plus que vigilant. Parfois il s’installe en conquérant à cause de la faiblesse de celui qu’il assaille. D’autres fois, il entre en ami, parce que la manière de vivre de la proie qu’il recherche est déjà telle qu’elle est une alliance avec l’Ennemi. Une autre fois, chassé par quelqu’un, il cherche et tombe sur une proie plus facile, pour se venger de l’échec que Dieu ou un serviteur de Dieu lui a fait subir. Mais vous, vous devez dire comme lui : “ Pour moi, pas de repos. ” Lui, pour peupler l’enfer, ne se repose pas. Vous ne devez pas vous reposer afin de peupler le paradis. Ne lui laissez pas de répit. Je vous prédis que plus vous le combattrez, plus il vous fera souffrir, mais vous ne devez pas en tenir compte. Il peut parcourir la terre, mais il n’entre pas au Ciel. Là, il ne vous causera plus d’ennuis. Et là seront tous ceux qui l’auront combattu… »

352.15

Jésus s’interrompt brusquement et demande :

« Mais pourquoi donc ennuyez-vous toujours Jean ? Que veulent-ils de toi ? »

Jean rougit comme une flamme, et Barthélemy, Thomas, Judas baissent la tête en se voyant découverts.

« Eh bien ? demande impérieusement Jésus.

– Maître, mes compagnons veulent que je te dise quelque chose.

– Parle donc !

– Aujourd’hui, pendant que tu étais chez ce malade et que nous parcourions le pays comme tu l’avais dit, nous avons vu un homme qui n’est pas ton disciple, et que nous n’avons même jamais remarqué parmi ceux qui écoutent tes enseignements ; il chassait des démons en ton nom dans un groupe de pèlerins qui allaient à Jérusalem. Et il y parvenait. Il a guéri quelqu’un qui avait un tremblement lui interdisant tout travail, et il a rendu la parole à une fillette qui avait été assaillie dans le bois par un démon qui avait pris la forme d’un chien et qui lui avait lié la langue. Il disait : “ Va-t’en, démon maudit, au nom du Seigneur Jésus, le Christ, Roi de la souche de David, Roi d’Israël. C’est lui le Sauveur, le Vainqueur. Fuis devant son nom ! ” et le démon s’enfuyait réellement. Nous nous sommes fâchés et le lui avons interdit. Il nous a rétorqué : “ Qu’est-ce que je fais de mal ? J’honore le Christ en débarrassant son chemin des démons qui ne sont pas dignes de le voir. ” Nous lui avons répondu : “ Tu n’es pas exorciste en Israël, et tu n’es pas disciple du Christ. Il ne t’est pas permis de faire cela. ” Il a repris : “ Il est toujours permis de faire le bien ” et s’est révolté contre notre injonction en disant : “ Je continuerai à faire ce que je fais ! ” Voilà, ils voulaient que je te rapporte cela, surtout maintenant que tu as dit qu’au Ciel, il y aura tous ceux qui ont combattu Satan.

352.16

– C’est bien. Cet homme en fera partie. Il en fait déjà partie. Il avait raison et vous, vous aviez tort. Les chemins du Seigneur sont infinis, et il n’est pas dit que seuls ceux qui prennent la voie directe arriveront au Ciel. En tout lieu et en tout temps, et de mille manières, il y aura des créatures qui viendront à moi, et peut-être même par une route qui au début était mauvaise. Mais Dieu verra la droiture de leur intention et les conduira sur le bon chemin. De même, il y en aura qui, par l’ivresse de la triple concupiscence, sortiront de la bonne route et en prendront une autre qui les éloigne ou même qui les déroute complètement. Vous ne devez donc jamais juger vos semblables. Dieu seul voit. Faites en sorte, vous, de ne pas sortir de la bonne voie, où la volonté de Dieu, plutôt que la vôtre, vous a placés. Et quand vous voyez quelqu’un qui croit en mon nom et agit par lui, ne le traitez pas d’étranger, d’ennemi, de sacrilège. C’est bien l’un de mes sujets, ami et fidèle, puisqu’il croit en mon nom spontanément et mieux que plusieurs d’entre vous. C’est pourquoi mon nom sur ses lèvres opère des prodiges semblables aux vôtres et peut-être davantage. Dieu l’aime parce qu’il m’aime et il finira de l’amener au Ciel. Personne, s’il fait des prodiges en mon nom, ne peut être pour moi un ennemi et dire du mal de moi. Mais, par son activité, il apporte au Christ honneur et témoignage de foi. En vérité, je vous dis que croire en mon nom suffit déjà pour sauver sa propre âme. Car mon nom est Salut. Aussi je vous dis : si vous le rencontrez de nouveau, ne lui faites aucune interdiction, mais au contraire appelez-le “ frère ” parce qu’il l’est réellement, même s’il est encore en dehors de l’enceinte de ma Bergerie. Qui n’est pas contre moi est avec moi. Celui qui n’est pas contre vous est pour vous.

– Nous avons péché, Seigneur ? demande Jean, contrit.

– Non. Vous avez agi par ignorance mais sans malice. Il n’y a donc pas de faute. Mais, à l’avenir, ce serait une faute parce que, désormais, vous savez. Et maintenant allons dans nos maisons. Que la paix soit avec vous. »

352.17

Si vous le jugez bon, vous pouvez mettre, à la suite de la vision d’aujourd’hui, la dictée qui suit celle du petit Benjamin (du 7 mars 1944). A vous de voir.

[Le 7 mars 1944].

352.18

Jésus ajoute :

« Ce que j’ai dit à mon petit disciple, je vous le dis aussi à vous. Le Royaume appartient aux agneaux fidèles qui m’aiment et me suivent sans se perdre dans des illusions, qui m’aiment jusqu’à la fin. Et je vous répète ce que j’ai dit à mes disciples adultes : “ Apprenez auprès des petits.”

Ce n’est pas le fait d’être savants, riches, audacieux, qui vous fera conquérir le Royaume des Cieux. Il vaut mieux le devenir, non pas humainement, mais par la science de l’amour qui rend savants, riches, audacieux surnaturellement. Comme l’amour éclaire pour comprendre la vérité ! Comme il rend riche pour l’acquérir ! Comme il rend audacieux pour la conquérir ! Quelle confiance il inspire ! Quelle sécurité !

Imitez le petit Benjamin, ma petite fleur qui m’a parfumé le cœur ce soir-là et lui a fait entendre une musique angélique qui a recouvert l’odeur d’humanité qui bouillait dans les disciples et le bruit des querelles humaines.

Veux-tu savoir ce qu’il advint ensuite de Benjamin ? Il est resté le petit agneau du Christ et, lorsqu’il eut perdu son grand Berger qui était retourné au Ciel, il se fit le disciple de celui qui me ressemblait le plus, en recevant de sa main le baptême et le prénom de mon premier martyr, Etienne. Il est resté fidèle jusqu’à la mort et avec lui sa parenté, amenée à la foi par l’exemple du petit apôtre de leur famille.

Il n’est pas connu ? Nombreux sont ceux qui, inconnus des hommes, me sont connus dans mon Royaume et qui en sont heureux. La renommée du monde n’ajoute pas une étincelle à l’au­réole des bienheureux.

Petit Jean, marche toujours main dans la main avec moi. Tu chemineras en sécurité et, arrivée au Royaume, je ne te dirai pas : “ Entre ”, mais “ Viens ” et je te prendrai dans mes bras pour te déposer là où mon amour t’a préparé une place que ton amour a méritée.

Va en paix. Je te bénis. »

352.1

E justamente enquanto se estão incendiando o céu e o lago com os fogos do sol que se põe, eles estão voltando para Cafarnaum. Estão contentes. Falam uns com os outros. Jesus fala pouco, mas sorri. Notam que, se o mensageiro tivesse sido mais preciso, eles teriam podido encurtar o caminho. Contudo, como dizem que o cansaço valeu a pena porque um grupo de pequeninos filhos teve seu pai curado, quando seu corpo já se ia esfriando pela aproximação da morte, e também porque já não estão mais sem um pouco de dinheiro.

– Eu vos havia dito que o Pai proveria tudo –diz Jesus.

– E é um antigo amante de Maria de Magdala? –pergunta Filipe.

– Parece… Pelo que me disseram… –responde Tomé.

– A Ti, Senhor, que disse o homem? –pergunta Judas de Alfeu.

Jesus sorri, evitando o assunto.

– Eu o vi mais de uma vez com ela, quando eu ia a Tiberíades com os amigos. Isto é certo –afirma Mateus.

– Sim, meu irmão, responde às nossas perguntas… O homem te pedia somente que o curasses ou também que o perdoasses? –pergunta Tiago de Alfeu.

– Que pergunta sem razão! Quando foi que o Senhor deixou de exigir arrependimento, para conceder uma graça? –diz Iscariotes, com alguma indignação contra Tiago de Alfeu.

– Meu irmão não disse nenhuma tolice. Jesus cura ou liberta e depois diz: “Vai, e não peques mais” –responde-lhe Tadeu.

– Mas é porque Ele já vê o arrependimento nos corações –replica Iscariotes.

– Nos endemoninhdos não há arrependimento, nem vontade de serem libertados. Não foi somente um que já demonstrou tudo isso. Pensa em cada caso e verás que, ou fugiam e se arrojavam como inimigos ou, pelo menos, tentavam uma coisa ou outra, e não o conseguiam somente porque eram impedidos por seus parentes –replica Tadeu.

– E pelo poder de Jesus –acrescenta Zelotes.

– Mas então, Jesus leva em conta a vontade dos parentes, que representa a vontade do endemoninhado, o qual, se não fosse impedido pelo demônio, quereria a libertação.

– Oh! Quantas sutilezas! E para os pecadores, então? Parece-me que faz uso da mesma fórmula, ainda que não se trate de endemoninhados –diz Tiago de Zebedeu.

– A mim Ele disse: “Segue-me”, e eu não lhe havia dito ainda nem uma palavra a respeito do meu estado –observa Mateus.

– Mas Ele via tudo em teu coração –diz Iscariotes, que quer ter sempre razão, a todo custo.

352.2

– Está bem! Mas aquele homem, no dizer do povo, era um grande libidinoso e grande pecador, e não um endemoninhado, ou melhor, não era um possesso porque um demônio, pelos pecados dele, podia tê-lo por mestre ou seu patrão, e agora que ele estava para morrer, que foi que ele pediu? Estamos passeando pelas nuvens, é o que me parece… Voltemos à primeira pergunta –diz Pedro.

Jesus lhe dá razão:

– Aquele homem quis ficar sozinho comigo a fim de poder falar com liberdade. Não falou logo do seu estado de saúde, mas do de seu espírito. Ele disse: “Estou morrendo, mas não tanto como eu dei a entender, a fim de poder ter-te logo comigo. Eu preciso do teu perdão para ficar são. Mas isso me basta. Se não me fizeres ficar com saúde, eu me resignarei. Eu o mereci. Mas, salva a minha alma”, e me confessou as suas muitas culpas. Foi uma desagradável relação de culpas…

Jesus diz assim, mas o seu rosto está cintilando de alegria.

– E Tu ficas sorrindo por isso, Mestre? Parece-me estranho! –observa Bartolomeu.

– Sim, filho de Tolmai. Eu sorrio porque suas culpas não existem mais e porque, pela confissão delas, fiquei sabendo o nome da redentora. Quem foi o apóstolo, neste caso, foi uma mulher.

– Tua Mãe! –dizem muitos.

E outros:

– Joana de Cusa. Se ele ia a Tiberíades muitas vezes, pode ser que a conhecesse.

Jesus sacode a cabeça. Perguntam-lhe:

– Quem, então?

– Maria de Lázaro –responde Jesus.

– Ela veio aqui? Por que não se fez ver por nenhum de nós?

– Ela não veio. Ela escreveu ao seu antigo companheiro de culpa. Eu li as cartas. Em todas elas suplica a mesma coisa: que a escute, que procure redimir-se como ela se redimiu, que a acompanhe no Bem como a tinha acompanhado na culpa e, com palavras acompanhadas de lágrimas, lhe roga que alivie a alma de Maria do remorso de ter seduzido a sua alma. E o converteu. A tal ponto, que ele foi isolar-se em sua campina para vencer as tentações das cidades. A doença, que era mais por remorso da alma do que do corpo, acabou preparando-o para a Graça. Aí está. Estais contentes agora? Compreendeis agora porque Eu estou sorrindo?

– Sim Mestre –dizem todos.

E depois, vendo que Jesus alonga o passo, como para isolar-se, eles se põem a murmurar entre si…

352.3

Já estão começando a ver Cafarnaum quando, no encontro da estrada por onde vão com a que vai pela beira do lago, vindo de Magdala, aí chegam os discípulos vindos a pé, e vieram evangelizando desde Tiberíades. Todos, menos Marziam, os pastores e Manaém, que vieram de Nazaré para Jerusalém em companhia das mulheres. Além disso, os discípulos aumentaram em mais alguns elementos que se uniram a eles quando estavam voltando da missão, e levando consigo novos prosélitos da doutrina cristã.

Jesus os saúda docemente, mas logo torna a ir ficar sozinho, em uma meditação e oração profunda, a alguns passos à frente deles. Os apóstolos, por sua vez, vão juntar-se aos discípulos, especialmente aos mais influentes, isto é, Estevão, Hermes, o sacerdote João, o escriba João, Timoneu, José de Emaús, Hermasteu (que, pelo que eu pude entender, está voando pelo caminho da perfeição) e Abel de Belém da Galiléia, cuja mãe vem lá atrás com as outras mulheres. Os discípulos e apóstolos se revezam em fazer perguntas e dar respostas sobre tudo o que aconteceu desde que eles se separaram. Falam agora sobre a cura e a conversão de hoje, sobre o milagre do estáter na boca do peixe… Falam deste e das causas que lhe deram origem, e daí nascem grandes comentários que vão passando de uma fila para outra, como um fogo que se ateou em folhas secas…

352.4

Diz Jesus:

– Aqui colocareis a visão de 7 de março de 1944: “O Pequeno Benjamim de Cafarnaum” sem o comentário. E prosseguireis com o resto da lição e da visão. Vai para a frente.

Devo antes dizer que omito a última frase: “A visão para mim termina aqui etc.” Pois estaria fora de lugar, visto que a visão prossegue.

7 de março de 1944

352.5

Estou vendo Jesus, que vai caminhando por uma estrada da campina, acompanhado e rodeado pelos seus apóstolos e discípulos.

O lago da Galiléia deixa-se ver já perto, completamente tranqüilo e azul, por baixo de um belo sol, ou de primavera ou de outono, pois já não é um sol violento como o do verão. Mas eu acho que é primavera, porque o ar está muito fresco e a natureza não está com aquelas tonalidades douradas e esmaecidas que se vêem no outono.

Parece que, em vista da tarde que vem chegando, Jesus se vá retirando para a casa hospitaleira, e dirigindo-se para o povoado, que já se pode ver aparecendo. Jesus, como faz muitas vezes, vai alguns passos à frente dos discípulos, não muito longe mas só o suficiente para poder concentrar-se em seus pensamentos, sentindo a necessidade do silêncio depois de um dia ocupado na evangelização. Vai andando todo absorto, segurando na mão direita um raminho verde, que certamente Ele apanhou em alguma moita e com o qual vai batendo levemente nas vegetações baixas da beira da estrada.

Atrás dele, ao contrário, os discípulos estão conversando animadamente. Estão relembrando os episódios do dia e não têm a mão leve demais para pesar os defeitos e as culpas dos outros. Mais ou menos todos eles estão criticando o fato daqueles que faziam a cobrança do tributo para o Templo terem querido ser pagos por Jesus.

Pedro, sempre veemente, definiu aquilo como um sacrilégio, porque o Messias não está obrigado a pagar o tributo:

– Isto já é querer que Deus pague a Si mesmo –diz ele–. E isso não é justo. Porque, se eles não crêem que Ele seja o Messias, torna-se um sacrilégio.

Jesus se vira, por um momento, e diz:

– Simão, Simão, haverá muitos desses que duvidarão de Mim. Até mesmo entre os que crêem que têm uma fé firme e inabalável em Mim. Não julgues os irmãos, Simão. Julga sempre a ti mesmo em primeiro lugar.

Judas, com um sorrisinho zombeteiro, diz ao humilhado Pedro, que está de cabeça baixa:

– Esta agora é para ti. Como és o mais velho, queres sempre te fazer de doutor. Não está escrito que iremos ser julgados em nossos merecimentos pela idade. Entre nós há quem seja mais do que tu pelo saber e pelo prestigio social.

Estabelece-se, então, uma discussão sobre os méritos de cada um. Um se gaba de estar entre os primeiros discípulos, outro acha apoio em seu favor, referindo-se ao posto de alto prestígio que deixou para acompanhar Jesus, enquanto um terceiro diz que ninguém como ele tem direitos, porque nenhum como ele converteu-se tanto, a ponto de passar de publicano a discípulo. A discussão vai aumentando e, se eu não tivesse medo de ofender os apóstolos, diria que vai tomando os tons de uma verdadeira briga.

Jesus não toma parte nela. Parece não estar mais ouvindo nada. Enquanto isso, eles já vão chegando às primeiras casas da cidade, que eu sei que é Cafarnaum. Jesus vai indo para frente e os outros atrás, sempre discutindo.

352.6

Um menino pequeno, de uns sete para oito anos, vai correndo e pulando atrás de Jesus. E o alcança, e passa para frente do grupo dos apóstolos, que já estão gritando. É um belo menino, de cabelos castanho-escuros, todos encaracolados e curtos. Tem dois olhinhos pretos e inteligentes em um rosto moreno. Chama cordialmente o Mestre, como se o conhecesse bem:

– Jesus –diz ele–, Tu me deixas ir contigo até à tua casa?

– Tua mamãe está sabendo disso? –pergunta-lhe Jesus, olhando para ele com um sorriso benevolente.

– Ela está.

– É verdade mesmo?

E Jesus, continuando a sorrir, olha para ele com um olhar penetrante.

– Sim, Jesus, é verdade.

– Então, vem.

O menino dá um salto de alegria e agarra a mão esquerda de Jesus, que lha estende. Com que amorosa confiança o menino põe sua mãozinha morena na longa mão do meu Jesus! Como eu gostaria de fazer também eu a mesma coisa!

– Conta-me alguma bela parábola, Jesus –diz o menino, dando seus pulinhos ao lado do Mestre e olhando para Ele de alto a baixo, com um rostinho brilhando de alegria.

Jesus também olha para ele com um sorriso alegre, que lhe descobre a boca sombreada pelos bigodes e pela barba louro-avermelhada que o sol faz ser vista como se fosse de ouro. Seus olhos de safira escura também estão rindo de alegria, enquanto estão olhando para o menino.

– Que vais fazer com a parábola? Ela não é um brinquedo.

– É mais bonita do que um brinquedo. Quando eu vou dormir, fico pensando nela, e depois sonho com ela, e, na manhã seguinte, lembro-me dela, e a repito a mim mesmo, para ser bom. Ela me faz ser bom.

– Tu te lembras dela?

– Sim. Queres que eu te diga todas as que me disseste?

– És bravo, Benjamim, e mais do que os homens, que se esquecem. Como prêmio, vou dizer-te a parábola.

O menino parou de pular. Vai agora caminhando sério e atento como um adulto, e não perde uma palavra, nenhuma das inflexões da voz de Jesus, para o qual ele está olhando tão atentamente, que nem pensa em olhar onde é que está pondo os pés.

352.7

– Um pastor muito bom ouviu a notícia de que em certo lugar do universo havia ovelhas abandonadas pelos pastores não muito bons, e elas andavam em perigo, por caminhos muito maus, por pastagens que lhes faziam mal, e iam sempre terminar em despenhadeiros escuros. Ele foi até aquele lugar e, gastando todos os seus haveres, adquiriu aquelas ovelhas com os seus cordeirinhos. Queria levar a todos para o seu reino, pois aquele pastor era também rei, como o foram muitos reis em Israel. No seu reino, aquelas ovelhas e aqueles cordeirinhos teriam muitas pastagens sadias, águas puras e frescas, estradas seguras e abrigos indestrutíveis para as protegerem dos ladrões e dos lobos ferozes. Por isso, aquele pastor reuniu as suas ovelhas e os seus cordeirinhos e lhes disse: “Eu vim para salvar-vos, a fim de levar-vos para o lugar onde não sofrereis mais, onde não conhecereis mais ciladas nem sofrimentos. Amai-me, acompanhai-me, porque eu vos amo muito e, para ter-vos, eu me sacrifiquei de todos os modos. Mas, se me amardes, o meu sacrifício não me será pesado. Vinde atrás de mim, e vamos…” E o pastor, indo à frente, e as ovelhas o acompanhando, tomaram o caminho que vai para o reino da alegria. O pastor, a cada momento, se virava para ver se elas o estavam acompanhando, para exortar as cansadas, encorajar as desanimadas, socorrer as doentes e acariciar os cordeirinhos. Como as amava! Dava-lhes do seu pão e do seu sal e, em primeiro lugar provava a água das fontes e a abençoava, a fim de perceber se era boa e para torná-la santa. Mas as ovelhas — tu acreditas, Benjamim? — as ovelhas, depois de algum tempo ficaram cansadas. Primeiro uma, depois duas, depois dez, depois cem, ficaram para trás pastando a erva até se encherem sem poderem mais mover-se, e se deitaram, cansadas e saciadas, na poeira e na lama. Outras foram ficar suspensas sobre os precipícios, ainda que o pastor lhes tivesse dito: “Não façais isso.” Umas iam, porque ele ia colocar-se onde havia maior perigo a fim de impedir que elas fossem para lá, bateram nele com a cabeça atrevida e, mais de uma vez, tentaram precipitá-lo de lá. Assim muitas delas ficaram nos despenhadeiros e lá morreram miseravelmente. Outras começaram a brigar entre si e, ficando uma sem chifres e outra sem cabeça, foram se matando umas as outras. Somente um cordeirinho é que nunca se desencaminhou. Ele corria balindo e, com aquele seu balido, ele dizia ao pastor: “Eu te amo!”, e ia correndo atrás do bom pastor. Quando chegaram à porta do seu reino, não havia mais do que eles dois: o pastor e o cordeirinho fiel. Então, o pastor não disse: “Entra”, mas disse: “vem”, e o tomou sobre o seu peito, por entre os braços, e o levou para dentro, chamando a todos os seus súditos e dizendo-lhes: “Aqui está o que me ama. Quero que ele esteja comigo para sempre. E vós, amai-o, porque ele é o predileto do meu coração.”

352.8

A parábola terminou, Benjamim. Agora, sabes tu dizer-me: Quem é aquele pastor bom?

– És Tu, Jesus!

– E aquele cordeirinho, quem é?

– Sou eu, Jesus.

– Mas agora eu vou-me embora. Tu te esquecerás de Mim.

– Não, Jesus. Não me esquecerei de Ti, porque te amo.

– Teu amor cessará, quando não me vires mais.

– Eu direi dentro de mim as palavras que tu disseste, e isso será como se Tu estivesses presente. E assim eu te amarei, e te obedecerei. E, dize-me, Jesus, Tu te lembrarás do Benjamim?

– Sempre.

– Como farás para te lembrares de mim?

– Eu direi a Mim mesmo que tu prometeste amar-me e obedecer-me, e assim me lembrarei de ti.

– E me darás o teu Reino?

– Se fores bom, sim.

– Eu serei bom.

– Como farás? A vida é longa.

– Mas também as tuas palavras são muito boas. Se eu as disser a mim mesmo e fizer o que elas mandam fazer, eu me conservarei bom por toda a vida. E assim farei, porque te amo. Quando se quer bem, não se fica cansado de ser bom. Para mim, não é cansativo obedecer a minha mãe, porque lhe quero bem.

Jesus fica parado e olhando o rostinho cheio de amor, mais do que de sol. A alegria de Jesus é tão viva, que até parece ser um outro sol que se acendeu em sua alma e se irradia de suas pupilas. Ele se inclina e beija o menino na fronte.

352.9

Ele parou diante de uma casinha modesta, em cuja frente há um poço. Jesus vai, então, sentar-se perto do poço, e lá os discípulos se reúnem com Ele, e ainda continuam a falar de suas próprias prerrogativas.

Jesus olha para eles. Depois os chama:

– Vinde aqui ao redor de Mim, e ouvi o último ensinamento deste dia, vós que já estais ficando roucos, exaltando os vossos merecimentos, pelos quais julgais poder estabelecer um posto para vós. Estais vendo este menino? Na verdade, ele é na verdade, mais do que vós. Sua inocência lhe dá a chave para abrir as portas do meu Reino. Ele compreendeu, na sua simplicidade de pequeno menino, que no amor está a força para se tornar grande, e na obediência feita por amor, aquela para entrar no meu Reino. Sede simples, humildes, amorosos, com um amor que não só a mim é dado, mas que deve ser recíproco entre vós, obedientes às minhas palavras, a todas, e também a estas, se quereis chegar à entrada por onde entrarão estes inocentes. Aprendei dos pequenos. O Pai lhes revela a Verdade, como não a revela aos sábios.

Jesus fala, conservando de pé, junto aos seus joelhos, Benjamim, sobre cujas costas Ele tem as mãos. Agora o rosto de Jesus está cheio de majestade. Ele está sério, não irritado, mas sério. Está como um Mestre. O último raio do sol lhe forma uma auréola sobre a cabeça loura.

A visão me desapareceu neste ponto, deixando-me cheia de doçura em minhas dores.

[6 de dezembro de 1945.]

352.10

Portanto: é natural que os discípulos não tenham podido entrar todos na casa. Por seu número, e pelo respeito. Eles nunca o fazem, a não ser que sejam convidados a fazê-lo, todos juntos, ou que cada um seja chamado pelo Mestre. Noto sempre um grande respeito, uma grande reserva, mesmo com toda aquela afabilidade do Mestre e sua grande familiaridade. Até Isaque, que se poderia dizer que é o primeiro discípulo entre todos os discípulos, não toma nunca a liberdade de ir a Jesus sem que um sorriso, pelo menos um sorriso do Mestre, o esteja chamando para perto de Si.

É um pouco diferente, não? Daquele modo, muito pronto, e quase burlesco com que muitos tratam as coisas sobrenaturais… Isto é um comentário meu, e que me parece justo, porque não tolero que certas pessoas tratem o que está acima de nós, de um modo com que não tratamos nem aos homens nossos iguais, somente por serem um pouquinho mais do que nós… Mas… Vamos para frente…

Os discípulos, então, se espalharam pela beira do lago, e foram comprar peixe para a ceia, pão e o mais de que precisavam. Está de volta também Tiago de Zebedeu, e chama o Mestre, que está sentado no terraço, com João acocorado a seus pés, em um doce e despreocupado colóquio… Jesus se levanta e vai ao parapeito.

Tiago diz:

– Quanto peixe, Mestre! Meu pai está dizendo que Tu abençoaste as redes com a tua vinda. Olha: este é para nós –e mostra um cesto de peixes, que parecem ser de prata.

– Deus lhe dê muitas graças por sua generosidade. Preparai-o, porque depois da ceia, iremos para a margem com os discípulos.

E eles assim fazem.O lago está escuro como a noite, esperando a lua, que hoje vai nascer tarde. Mais do que ver o mar, o que já se pode é ouvi-lo murmurar, enxaguando as pedras da praia. Por enquanto, somente as fantásticas estrelas, que estão sobre a região do Oriente, se espelham sobre as águas tranqüilas. Assentam-se eles ao redor de uma pequena barca emborcada, sobre a qual Jesus está sentado. E os pequenos faróis das barcas, trazidos para cá, para o centro do círculo, mal iluminam os rostos dos que estão mais perto. O de Jesus está todo iluminado, de alto a baixo, por um pequeno farol posto a seus pés, e por isso todos o podem ver quando Ele fala a um ou a outro.

352.11

A princípio, a conversação é simples, familiar. Mas depois assume o tom de uma lição. O próprio Jesus o diz abertamente:

– Vinde e ouvi. Porque daqui a pouco nos separaremos, Eu quero ensinar-vos ainda, para formar-vos melhor.

Hoje Eu vos ouvi discutir, e nem sempre com caridade. Aos maiores entre vós Eu já dei a lição. Mas eu quero dá-la a vós também, e ela não fará mal a estes entre vós que são os maiores, se eles a ouvirem de novo. Agora o pequeno Benjamim não está aqui perto dos meus joelhos. Ele está dormindo em sua cama, e sonhando seus sonhos inocentes. E talvez a sua alma pura esteja aqui entre nós, do mesmo modo. Seja como for, fazei de conta que ele ou qualquer outro menino esteja aqui para vosso exemplo.

Vós, em vossos corações, tendes todos, cravado um prego, uma curiosidade, um perigo. E o prego é isto: querer ser o primeiro no reino dos céus. A curiosidade é esta: saber quem será o primeiro. E, enfim, o perigo: o desejo, ainda muito humano, de ouvir que lhe digam assim: “Tu és o primeiro no Reino dos Céus”, se for dito pelos companheiros complacentes ou pelo Mestre, mas sobretudo pelo Mestre, do qual vós sabeis que é verdade o que Ele diz e qual o conhecimento que Ele tem do futuro. Por acaso, não é assim mesmo? As perguntas estão tremendo sobre os vossos lábios, e estão vivas no fundo dos vossos corações.

O Mestre, para o vosso bem, atende a essa curiosidade, por mais que Ele deteste ceder às curiosidades humanas. O vosso Mestre não é um charlatão ao qual se faz uma pergunta por duas moedas, no meio da barulheira de uma feira. Nem tampouco Ele é tomado pelo espírito de Piton, o qual o ajuda a ganhar dinheiro, ensinando-o a adivinhar para satisfazer às acanhadas mentes dos homens, que querem descobrir o futuro, para saberem como deverão “regular-se”. Mas o homem não pode regular-se, por si mesmo. Só Deus é que o regula, se o homem tiver fé nele! Não adianta saber, ou pensar que se sabe o futuro, se não se tiver um meio para fazer voltar atrás o futuro que foi profetizado. Só existe um meio: a oração ao Pai e Senhor para que, em sua misericórdia, nos ajude. Em verdade, Eu vos digo que a oração feita com fé pode mudar um castigo em bênção. Mas quem recorre aos homens para poder, como homem e com meios humanos, desviar o futuro, não sabe rezar nada, ou sabe rezar, mas muito mal. Eu, por esta vez, porque esta vossa curiosidade pode trazer-vos um bom ensinamento, vou responder a ela, Eu que detesto as perguntas curiosas e desrespeitosas.

352.12

Vós vos estáveis perguntando: “Quem de nós é o maior no Reino dos Céus?”

Eu, deixando de lado essa limitaçãodo “entre nós”, amplio os confins dela ao mundo inteiro, ao presente, ao passado e ao futuro, e respondo: “O maior no Reino dos Céus é o que for o menor entre os homens”, isto é, aquele que é considerado “o menor”, pelos homens. O que é simples, o humilde, o que tem confiança, o ignorante. Um exemplo disso é o menino, ou o que tem uma alma de menino. Não é a ciência, não é o poder, não são as riquezas, não são as atividades, mesmo que sejam boas, as coisas que vos tornarão “o maior” no Reino da felicidade. Mas é, sim, o ser como os pequenos por sua afetuosidade, sua humildade e simplicidade, sua fé.

Observai como Me amam as crianças, e imitai-as. Como elas crêem em Mim, e imitai-as. Como recordam aquilo que digo, como fazem o que Eu ensino, e imitai-as. Como não se ensoberbecem pelo que fazem, e imitai-as. Como não se enchem de ciúmes de Mim nem dos companheiros, e imitai-as. Em verdade, Eu vos digo que, se não mudardes vosso modo de pensar, de agir e de amar, e se não vos refizerdes conforme o modelo dos pequenos, não entrareis no Reino dos Céus. Eles sabem o que vós sabeis, o essencial, de minha doutrina. Mas, com que diferença eles praticam o que Eu ensino! Vós dizeis, a cada ato bom que praticais: “Fui eu que o fiz.” O menino me diz: “Jesus, eu me lembrei de Ti hoje, e por Ti eu obedeci, eu amei, eu contive um desejo de brigar… e estou contente, porque Tu, eu o sei, sabes quando eu sou bom, e ficas contente por isso.” E observai também os meninos, quando cometem uma falta. Com que humildade eles me confessam: “Hoje eu fui mau. E isso me desagradava, porque te fiz sofrer.” Eles não procuram desculpas. Sabem que Eu sei. Eles crêem. Eles sofrem por Me verem sofrer.

Oh! Queridos do meu coração, meninos, nos quais não há soberba, fingimento nem luxúria! Eu vo-lo digo: tornai-vos como os meninos, se quiserdes entrar no meu Reino. Amai os meninos, como o exemplo angélico que deles ainda podeis receber. Porque como anjos vós deveríeis ser. Por vossa desculpa, poderíeis dizer: “Nós não vemos os anjos.” Mas Deus vos dá os meninos como modelos, e vós os tendes em vosso meio. E, se vós vedes um menino materialmente necessitado, ou moralmente desprotegido, e que pode perecer, acolhei-o em meu Nome, porque eles são muito amados por Deus. E quem quer que acolha um menino em meu Nome, acolhe a Mim mesmo, porque Eu estou na alma dos meninos, que é inocente. E quem me acolhe, acolhe Aquele que Me enviou, o Senhor Altíssimo.

352.13

532.13 E tomai cuidado para não escandalizardes um desses pequeninos, cujos olhos vêem a Deus. Não se deve nunca dar escândalo a nenhum deles. Mas, ai, três vezes ai, de quem ofende a candura inocente dos meninos. Deixai que eles sejam como os anjos, o mais que puderdes. É por demais repugnante o mundo e a carne para a alma que vem dos céus. E o menino, pela sua inocência, é ainda todo alma. Respeitai a alma do menino, e ao seu próprio corpo, como respeitais a um lugar sagrado. Sagrado é também o menino, porque ele tem Deus em si. Em cada corpo está o templo do Espírito. Mas o templo do menino é o mais sagrado e profundo, está além do duplo Véu. Não sacudais nem mesmo as tendas da sublime ignorância da concupiscência, com o vento de vossas paixões.

Eu queria um menino em cada família, no meio de cada reunião de pessoas, para que ele servisse de freio para as paixões dos homens.O menino santifica, restaura e ameniza apenas com os olhares de seus olhos sem malícia. Mas ai daqueles que, com suas palavras e ironias, lesam a fé que os meninos têm em Mim! Melhor seria que a todos eles se ligasse ao pescoço uma pedra de moinho, e fossem jogados ao mar, a fim de que se afogassem com o seu escândalo. Ai do mundo, pelos escândalos que ele dá aos inocentes! Porque, se é inevitável que haja escândalos, ai do homem que, por sua causa, os provoca.

Ninguém tem o direito de fazer violência ao seu corpo e contra a sua vida. Porque a vida e o corpo nos vieram de Deus, e só Ele é que tem o direito de no-los tomar, ou em parte ou no todo. Contudo, Eu vos digo que, se a vossa mão vos escandaliza, é melhor que a amputeis, e que, se o vosso pé vos leva a dar escândalo, é bom que o amputeis. Pois para vós é melhor entrar como manetas ou como pernetas na Vida, do que serdes lançados no fogo eterno com as duas mãos e os dois pés. E, se não bastar amputar um pé ou uma mão, fazei que vos amputem também a outra mão e o outro pé, para não dardes mais escândalo e para terdes tempo de arrepender-vos, antes que sejais lançados no lugar onde o fogo não se apaga, e rói como um verme que não morre. E, se o vosso olho vos der ocasião de escândalo, arrancai-o. É melhor ser cego de um olho, do que estar no inferno, com os dois. Com um só olho, ou sem olhos, ao chegardes ao Céu, veríeis a Luz, enquanto que, com os dois olhos escandalosos, veríeis as trevas e o horror no inferno. E somente isso.

352.14

Recordai-vos de tudo isso. Não desprezeis os pequeninos, não os escandalizeis, não abuseis deles. Eles são mais do que vós, porque os anjos deles estão sempre vendo a Deus, que lhes diz as verdades a serem reveladas aos meninos e àqueles que tem um coração de menino.

E vós, como meninos, amai-vos entre vós. Sem disputas, sem orgulhos. Vivei em paz entre vós. Tende para com todos um espírito de paz. Sede irmãos, em nome do Senhor, e não inimigos. Não há, não deve haver inimigos entre os discípulos de Jesus. O único Inimigo é Satanás. Dele, sede inimigos persistentes, descendo para a batalha contra ele e contra os pecados que levam Satanás aos corações. Sede incansáveis em combater o Mal, seja qual for a forma que ele assumir. E sede pacientes. Não existe limitação para a obra do apóstolo, porque não há limitação para a obra do Mal. O demônio nunca diz: “Basta. Agora estou cansado, e vou descansar.” Ele é incansável. Passa, ágil como um pensamento, e mais ainda, de um para outro homem, e o tenta, o toma e seduz, e atormenta, e não lhe dá paz. Ele assalta traiçoeiramente, e nos derruba, se ficarmos apenas na vigilância. Às vezes ele se instala, como conquistador, por causa da fraqueza do conquistado. Outras vezes nele entra como amigo, porque o modo de viver da presa que ele estava procurando já estava a caminho de uma aliança com o inimigo. Numa outra vez, expulso de um, sai vagueando e se precipita sobre o melhor, para tirar vingança do vexame que lhe foi infligido por Deus, ou por algum servo de Deus. Mas vós deveis dizer aquilo que ele diz: “Eu não descanso.” Ele não descansa, para povoar o inferno. Vós não deveis descansar, a fim de povoardes o Paraíso. Não lhe deis tréguas. Eu vos predigo que, quanto mais o combaterdes, mais ele vos fará sofrer. Mas não deveis fazer conta disso. Ele pode percorrer a terra. Mas no Céu ele não penetra. Portanto, lá ele não vos aborrecerá mais. E lá estarão todos aqueles que o combateram.

352.15

Jesus se interrompe bruscamente, e pergunta:

– Mas, afinal, por que aborreceis sempre João? Que querem eles de ti.

João fica corado como uma brasa, e Bartolomeu, Tomé e Iscariotes inclinam a cabeça, vendo-se descobertos.

– E, então? –diz Jesus, como quem dá uma ordem.

– Mestre, os meus companheiros querem que eu te diga uma coisa.

– Pois, dize-a!

– Hoje, enquanto tinhas ido àquele doente, e nós estávamos andando pela cidade, como Tu havias ordenado, vimos um homem, que não é teu discípulo, e que nós nunca vimos entre os que ouvem a tua doutrina, e que estava expulsando demônios em teu nome, no meio de um grupo de peregrinos que iam para Jerusalém. E ele conseguia. Ele curou a um que tinha um tremor, que o impedia de fazer qualquer trabalho. Também deu a fala a uma menina, que havia sido assaltada no bosque por um demônio em forma de cão e que lhe havia amarrado a língua. Ele dizia: “Vai-te embora, demônio maldito, em nome do Senhor Jesus, o Cristo, Rei da estirpe de Davi, rei de Israel. Ele é Salvador e Vencedor. Foge, diante do nome dele!”, e o demônio fugia realmente. Nós nos sentimos ofendidos. E lho proibimos. Ele nos disse: “Que estou fazendo de mal? Eu honro ao Cristo, livrando-lhe de demônios o caminho, pois eles não são dignos de vê-lo.” E nós lhe respondemos: “Tu não és exorcista segundo Israel, e não és discípulo, segundo Cristo. Não te é permitido fazer isso.” Ele disse: “Fazer o bem sempre é permitido”, e se rebelou contra a nossa injunção, dizendo: “E continuarei fazendo o que estou fazendo.” Aí está. Eles queriam que eu te dissesse isto, especialmente agora, quando acabas de dizer que no Céu estarão todos aqueles que combateram a Satanás.

352.16

– Está bem. Aquele homem será um deles. E já o é. Ele é que tem razão e não vós. Infinitos serão os caminhos do Senhor, e não foi dito que só os que tomam o caminho direto é que chegarão ao Céu. Em todos os lugares, e em todos os tempos, e de mil modos diferentes, haverá criaturas que virão a Mim, talvez por um caminho que, no começo, era mau. Mas Deus verá a reta intenção deles, e os puxará para o bom caminho. Igualmente haverá alguns que, por uma embriaguez cheia de concupiscência, e tríplice, sairão do bom caminho, e tomarão um caminho que os afasta, ou os leva em linha reta para a perdição. Não deveis, pois, julgar os vossos semelhantes. Somente Deus é que vê. Tratai vós de não sair do bom caminho onde, mais do que a vossa vontade, foi a vontade de Deus que vos colocou. E, quando virdes alguém, que crê em meu Nome, e por ele trabalha, não o trateis como estrangeiro, inimigo, nem sacrílego. Pois ele é sempre meu súdito amigo e fiel, já que crê no meu Nome espontaneamente, e melhor do que muitos entre vós. Por isso o meu Nome na boca deles opera prodígios iguais aos vossos, e talvez até maiores. Deus o ama, porque ele me ama, e acabará levando-o ao Céu. Ninguém, que faça prodígios em meu Nome pode ser meu inimigo e falar mal de Mim. Mas, com suas obras, dá ao Cristo honra e testemunho de fé. Em verdade, Eu vos digo que crer em meu Nome já é suficiente para salvar a própria alma. Porque o meu Nome é Salvação. Por isso, Eu vos digo: se o encontrardes ainda, não lho proibais mais. Mas, ao contrário, chamai-o “irmão” pois, de fato ele o é, ainda que esteja fora do recinto do meu Ovil. Quem não está contra Mim, está comigo. Quem não está contra vós, está convosco.

– Teremos nós pecado, Senhor? –pergunta, arrependido, João.

– Não. Vós agistes por ignorância, mas sem malícia. Por isso, não houve culpa. Mas, para o futuro haveria culpa, porque agora o estais sabendo. E agora vamos para as nossas casas. A paz esteja convosco.

352.17

Se achar bom, pode pôr, após o fim da visão de hoje, o ditado, que vem em seguida, do pequeno Benjamim (7-3-44). Como achar bom.

[7 de março de 1944].

352.18

Diz, pois, Jesus:

– Aquilo que disse ao meu pequeno discípulo, o digo também a vós. O Reino é dos meus cordeiros fiéis, que me amam, e me seguem sem perder-se em adulações, me amam até o fim. E digo a vós aquilo que disse aos meus discípulos adultos: “Aprendei dos pequenos.”

Não é o ser doutos, ricos, audazes, aquilo que vos fará conquistar o Reino dos céus. Não é o sê-lo humanamente. Mas é sê-lo na ciência do amor, que nos faz doutos, ricos, audazes, sobrenaturalmente. Como ilumina o amor a compreender a Verdade. Como nos faz ricos para conquistá-la! Como nos faz audazes para conquistá-la! Que confiança inspira! Que segurança! Fazei como o pequeno Benjamim, a minha pequena flor que me perfumou o coração naquela tarde e cantou para ele uma música angélica, que recobriu o odor da humanidade fervente, nos discípulos, e o rumor das brigas humanas.

E tu queres saber o que acontece ao pequeno Benjamim? Permanece o pequeno cordeiro de Cristo e, perdido o seu grande Pastor, que este tornou ao céu, se fez discípulo daquele que mais se parecia comigo, tomando por sua mão o batismo, e recebendo o nome de Estevão, meu primeiro mártir. Foi fiel até à morte, e com ele os seus parentes, arrastados à fé pelo exemplo de seu pequeno apóstolo familiar.

Não é conhecido? Muitos são os desconhecidos dos homens, conhecidos por mim no meu Reino. E por isso são felizes. A fama do mundo não acrescenta nem uma centelha à auréola dos bem-aventurados.

Pequeno João, caminha sempre com a tua mão na minha. Irás com segurança e, ao chegares ao Reino, Eu não te direi: “Entra”, mas “Vem”, e te tomarei em meus braços para colocar-te lá onde o meu Amor te preparou um lugar, e o teu amor o mereceu.

Vai em paz. Eu te abençôo.