Los Escritos de Maria Valtorta

359. Dans la cabane de Matthias près de Jabès Galaad.

359. En la cabaña de Matías cerca de Yabés Galaad.

359.1

La vallée profonde et boisée où s’élève Jabès Galaad résonne du fracas d’un petit torrent très gonflé qui coule en écumant vers le Jourdain très proche. Un sombre crépuscule, qui termine une sombre journée, épaissit encore plus l’obscurité des bois, et le village apparaît dès l’abord triste et inhospitalier.

Thomas, toujours de bonne humeur, bien que ses vêtements soient dans l’état d’un linge que l’on sort d’un baquet, de la tête à la ceinture et de la ceinture aux pieds, un ruisseau qui marche, dit :

« Hum ! Je ne voudrais pas qu’après des siècles ce pays se venge sur nous de la mauvaise surprise[1] que lui a faite Israël ! Assez ! Allons souffrir pour le Seigneur. »

Les gens ne les brutalisent pas, cela non. Mais ils les chassent de partout en les traitant de voleurs et pis encore ; Philippe et Matthieu doivent même se sauver à toutes jambes pour échapper à un gros chien qu’un berger a lancé contre eux, alors qu’ils étaient allés frapper à la porte du bercail afin de demander un refuge pour la nuit “ au moins sous le toit des animaux ”.

« Et maintenant qu’allons-nous faire ?

– Nous n’avons pas de pain.

– Et pas d’argent. Sans argent, on ne trouve ni pain ni logement !

– Nous sommes trempés, gelés, affamés.

– Et la nuit vient. Nous aurons l’air frais, demain matin, après une nuit passée dans le bois ! »

Sur les douze, sept ronchonnent ouvertement, trois ont le mécontentement gravé sur le visage et leur silence parle de lui-même, Simon le Zélote marche la tête basse, indéchiffrable. Jean paraît être sur des charbons ardents et il tourne la tête rapidement des rouspéteurs à Jésus, et de celui-ci aux premiers. Sa peine se lit sur son visage. Jésus va personnellement, puisque les apôtres s’y refusent ou le font avec crainte, frapper de maison en maison en parcourant patiemment les ruelles, transformées en marécages glissants et fétides. Mais partout on les repousse.

359.2

Ils sont arrivés à l’extrémité du village, là où la vallée s’élargit déjà pour faire place aux pâturages de la plaine transjordanienne. Il reste encore quelques rares maisons… Mais partout c’est la déception…

« Cherchons dans les champs. Jean, pourrais-tu monter sur cet orme ? De là-haut, tu pourrais voir.

– Oui, mon Seigneur.

– La pluie rend l’orme glissant. Le garçon ne réussira pas et il va se faire mal. Comme ça, en plus, nous aurons un blessé » bougonne Pierre.

Alors Jésus dit avec douceur :

« C’est moi qui vais monter.

– Cela non ! » s’écrient-ils en chœur.

Et les pêcheurs crient plus fort que tous, en ajoutant :

« Si c’est dangereux pour nous qui sommes pêcheurs, qu’est-ce que tu peux faire, toi qui n’as jamais grimpé aux mâts ni aux filins ?

– C’était pour vous que je le faisais. Pour vous chercher un abri. Pour moi, cela m’est indifférent. Ce n’est pas l’eau qui m’est pénible… »

Quelle tristesse ! Quel appel à la pitié pour lui il y a dans sa voix ! Quelques-uns s’en rendent compte et se taisent. D’autres – il s’agit de Barthélemy et de Matthieu – disent :

« Maintenant il est trop tard pour y parer. Il fallait y penser avant.

– Oui, et ne pas faire de caprice en voulant partir de Pella malgré la pluie. Tu as été entêté, imprudent, et nous en subissons les conséquences. Qu’est-ce que tu veux arranger, maintenant ? Si nous avions une bourse bien garnie, tu verrais que toutes les maisons se seraient ouvertes ! Mais toi !… Pourquoi ne fais-tu pas un miracle, au moins un miracle pour tes apôtres? Tu en fais même pour les indignes ! » dit Judas en gesticulant comme un fou, agressif au point que les autres, bien qu’en partie du même avis, éprouvent le besoin de le rappeler au respect.

Jésus semble déjà être le Condamné qui regarde avec douceur ses bourreaux. Et il se tait. Ce silence qui, depuis quelque temps devient plus fréquent chez Jésus, prélude au “ grand silence ” devant le Sanhédrin, devant Pilate et Hérode. Il me fait beaucoup de peine. On dirait ces pauses de silence fréquentes dans les gémissements d’un mourant, qui ne sont pas du calme dans les douleurs, mais le prélude à la mort. Ces silences de Jésus me semblent crier plus fort que toute parole, et dire toute sa souffrance devant l’incompréhension des hommes et leur manque d’amour. Et sa douceur sans réactions, cette attitude debout, tête un peu baissée, me le font déjà apparaître comme enchaîné, livré à la haine des hommes.

« Pourquoi ne dis-tu rien ? lui demandent-ils.

– Parce que je dirais des paroles que votre cœur ne comprendrait pas à cette heure… Allons. Nous marcherons pour ne pas nous geler… Et pardonnez… »

Il se tourne rapidement pour se mettre à la tête de la troupe qui éprouve quelque pitié, tout en l’accusant un peu et en donnant raison aux compagnons.

359.3

Jean ralentit et reste en arrière, mais de manière que personne ne s’en aperçoive. Puis il se dirige vers un arbre élevé qui me semble être un peuplier ou un frêne. Il enlève son manteau et sa tunique et, à demi nu, se met à grimper non sans peine, jusqu’à ce que les premières branches lui facilitent la montée. Il monte comme un chat. Parfois aussi il glisse, mais il se reprend et le voilà presque au sommet. Il scrute l’horizon éclairé par les dernières clartés du jour. En effet, comme les nuages couleur de plomb se sont un peu éclaircis, il fait moins sombre dans la plaine que dans la vallée. Il inspecte dans toutes les directions et finalement, il fait un geste de joie. Il se laisse glisser rapidement à terre, reprend ses vêtements et se met à courir pour atteindre et dépasser ses compagnons. Il arrive à côté du Maître. Tout essoufflé par sa course, il lui dit :

« Une cabane, Seigneur… une cabane du côté de l’orient… Mais il faut revenir en arrière… Je suis monté sur un arbre… Viens, viens…

– Moi, je vais avec Jean de ce côté. Si vous voulez venir, venez. Sinon, continuez jusqu’au prochain village le long du fleuve. Nous nous retrouverons là » dit Jésus d’un ton sérieux et résolu.

Tous le suivent à travers les prés détrempés.

« Mais on retourne vers Jabès !

– Moi, je ne vois pas de maisons…

– Qui sait ce qu’a vu le garçon !

– Une meule de paille peut-être.

– Ou la cabane d’un lépreux.

– Nous allons achever de nous tremper. Ces prés sont de vraies éponges » maugréent les apôtres.

359.4

Mais ce n’est pas une cabane de lépreux ni une meule de paille que l’on aperçoit derrière un rideau d’arbres. C’est une cabane, cela oui. Elle est large, basse, semblable à un pauvre bercail, à moitié couverte de paille avec des murs de terre que main­tiennent péniblement aux coins des soutènements de pierre brute. Une enceinte de pilotis entoure la maisonnette et à l’intérieur, il y a des légumes trempés d’eau.

Jean appelle. Un vieil homme paraît :

« Qui est-ce ?

– Des pèlerins en route pour Jérusalem. Un abri, pour l’amour de Dieu ! Dit Jésus.

– Toujours. C’est un devoir. Mais vous tombez mal. J’ai peu de place et pas de lits.

– Peu importe. Tu auras du feu, au moins. »

L’homme manœuvre la serrure et l’ouvre.

« Entrez et que la paix soit avec vous. »

Ils traversent le minuscule potager et entrent dans la pièce unique qui sert de cuisine et de chambre à coucher. Un feu brille dans la cheminée. C’est pauvre, mais bien en ordre. Comme mobilier, juste l’indispensable.

« Voyez ! Je n’ai que le cœur qui soit grand et bien disposé, moi ! Mais si vous n’êtes pas trop exigeants… Avez-vous du pain ?

– Non. Une poignée d’olives…

– Moi, je n’ai pas de pain pour tout le monde. Mais je vais vous faire un plat avec du lait. J’ai deux brebis. Elles me suffisent. Je vais les traire. Voulez-vous me donner vos manteaux ? Je vais les étendre dans le bercail, là derrière. Ils vont sécher un peu, et demain, près du feu, on fera le reste. »

L’homme sort, chargé d’étoffes humides. Tout le monde entoure le feu et se réjouit de sa chaleur.

L’homme revient avec une natte grossière. Il l’étend.

« Enlevez vos sandales. Je les débarrasserai de la boue et je les pendrai pour qu’elles sèchent. Et je vais vous donner de l’eau chaude pour vous laver les pieds. La natte est rustique, mais propre et épaisse. Ce sera plus agréable pour vous que le sol humide et froid. »

Il détache un chaudron rempli d’eau verdâtre — car il y fait bouillir des légumes —, et il en verse la moitié dans une bassine et la moitié dans une cuvette. Il y ajoute de l’eau froide et dit :

« Voilà pour vous remettre en forme. Lavez-vous. Voici un linge propre. »

Tout en parlant, il s’occupe du feu et le ravive, verse le lait dans un chaudron, le met sur le feu. Dès qu’il bout, il y jette des graines qui me semblent être de l’orge écrasé ou du mil broyé. Puis il remue sa bouillie.

359.5

Jésus, qui a été l’un des premiers à se laver, s’approche de lui :

« Que Dieu te fasse grâce pour ta charité.

– Je ne fais que rendre ce que j’ai eu de lui. J’ai été lépreux. De trente-sept à cinquante et un ans. Puis j’ai été guéri. Mais, au village, j’ai trouvé mes parents morts, ainsi que ma femme, et ma maison dévastée. Et puis, j’étais “ le lépreux ”… Je suis venu ici, et je me suis fait un nid. Par mes propres moyens et avec l’aide de Dieu. D’abord une cabane de jonc, puis une de bois, puis des murs… Tous les ans j’ajoute quelque chose de nouveau. L’an dernier, j’ai fait le local des brebis. Je les ai achetées en fabriquant des nattes que je vends et de la vaisselle de bois. J’ai un pommier, un poirier, un figuier, une vigne. Par derrière, j’ai un petit champ d’orge, par devant les légumes. Quatre couples de colombes, deux brebis. Dans quelque temps, je vais avoir des agneaux. Espérons que ce sera des agnelles cette fois. Je bénis le Seigneur et je ne demande pas davantage. Et toi, qui es-tu ?

– Un Galiléen. Tu as des préventions ?

– Aucune, bien que je sois de race judéenne. Si j’avais eu des fils, j’aurais pu en avoir un comme toi… Je sers de père aux pigeons… Je me suis habitué à rester seul.

– Et pour les fêtes ?

– Je remplis les mangeoires et je m’en vais. Je loue un âne. Je cours, je fais ce que j’ai à faire, et je reviens. Il ne m’a jamais manqué une feuille. Dieu est bon.

– Oui, avec ceux qui sont bons et ceux qui le sont moins. Mais les bons sont sous son aile.

– Oui, c’est ce que dit Isaïe[2]… Moi, il m’a protégé.

– Tu as été lépreux, cependant, remarque Thomas.

– Et je suis devenu pauvre et seul. Mais voilà, c’est une grâce de Dieu d’être redevenu un homme et d’avoir un toit et du pain. Mon modèle dans le malheur[3], c’est Job. J’espère mériter comme lui la bénédiction de Dieu, non en richesses mais en grâce.

– Tu l’auras, tu es un juste.

359.6

Comment t’appelles-tu?

– Matthias. »

Il détache son chaudron, le dépose sur la table, y ajoute du beurre et du miel, remue, remet le tout au feu et dit :

« Je n’ai que six récipients en comptant les assiettes et les écuelles. Vous les prendrez à tour de rôle.

– Et toi ?

– Celui qui donne l’hospitalité se sert en dernier. Les frères que Dieu envoie passent en premier. Voici, c’est prêt. Et ça vous fera du bien. »

Il verse des cuillerées de bouillie fumante dans les quatre assiettes et les deux écuelles. Il y a des cuillères de bois.

Jésus invite les plus jeunes à manger.

« Non. Toi, Maître, dit Jean.

– Non, non. Il est bon que Judas se rassasie et qu’il voie qu’il y a toujours de la nourriture pour les fils. »

Judas change de couleur, mais il mange.

« Tu es un rabbi ?

– Oui, et eux sont mes disciples.

– Moi, j’allais trouver Jean-Baptiste quand il était à Béthabara. Sais-tu quelque chose sur le Messie ? On dit qu’il est venu et que Jean l’a montré. Quand je vais à Jérusalem, j’ai toujours l’espoir de le voir, mais je n’y suis pas arrivé. J’accomplis le rite et je m’en vais. C’est à cause de cela que je ne le vois pas. Ici, je suis isolé et puis… Les gens ne sont pas bons en Pérée. J’ai parlé à des bergers. Ils viennent ici pour les pâturages. Eux savaient. Ils m’ont raconté. Quelles paroles ! Qu’est-ce que ce doit être quand c’est lui qui les dit !… »

Jésus ne se dévoile pas. C’est à son tour de manger, et il le fait avec sérénité près du bon vieillard.

« Et maintenant ? Comment allons-nous faire pour dormir ? Je vous cède mon lit, mais je n’en ai qu’un… Moi, j’irai avec les brebis.

– Non, c’est nous qui irons. Le foin est bon quand on est fatigué. »

Le souper est fini et ils pensent à se coucher pour partir à l’aurore. Mais le vieil homme insiste et c’est Matthieu, très enrhumé, qui prend son lit.

359.7

Mais à l’aurore, c’est un vrai déluge. Comment partir sous ces cataractes ? Ils écoutent le vieillard et restent. Pendant ce temps, les vêtements sont brossés, séchés, on graisse les sandales, on se repose. Le vieil homme cuit à nouveau de l’orge dans le lait pour tout le monde, puis il met des pommes dans la cendre. Voilà leur repas. Et ils sont en train de le consommer quand du dehors arrive une voix.

« Un autre pèlerin ? Comment allons-nous faire ? » dit le vieillard.

Mais il sort, enveloppé dans une couverture de laine brute, imperméable. Dans la cuisine, on se chauffe au feu, mais on n’est pas de bonne humeur. Jésus se tait.

Le vieil homme revient, les yeux écarquillés. Il regarde Jésus, il regarde les autres. Il semble avoir peur… il paraît incertain et inquisiteur. Enfin il dit :

« Le Messie est-il parmi vous ? Dites-le-moi. Les habitants de Pella le cherchent pour l’adorer, à cause d’un grand miracle qu’il a fait. Ils ont frappé depuis hier soir à toutes les maisons jusqu’au fleuve, jusqu’au premier village… Maintenant, en revenant, ils ont pensé à moi. Quelqu’un leur a indiqué ma maison. Ils sont dehors avec des chars. Une foule ! »

Jésus se lève. Les Douze le supplient :

« N’y va pas. Puisque tu as dit qu’il était plus prudent de ne pas s’arrêter à Pella, il est inutile de te montrer maintenant.

– Mais alors !… Oh ! Béni, béni es-tu, ainsi que Celui qui t’a envoyé ! Et moi qui t’ai accueilli ! Tu es le Rabbi Jésus, lui… Oh ! »

L’homme est à genoux, front à terre.

« Oui, c’est moi. Mais laisse-moi aller vers ceux qui me cherchent. Puis je viendrai à toi, brave homme. »

Il dégage ses chevilles serrées par les mains de son hôte et sort dans le potager inondé.

359.8

« Le voilà ! Le voilà ! Hosanna ! »

Ils sautent des chars. Il y a là des hommes et des femmes, le petit aveugle d’hier et sa mère ainsi que la Gérasénienne. Sans se soucier de la boue, ils s’agenouillent et le supplient :

« Reviens, retourne sur tes pas ! Chez nous, à Pella !

– Non, à Jabès » crient d’autres, certainement de là-bas. « Nous te voulons ! Nous regrettons de t’avoir chassé ! Crient les habitants de Jabès.

– Non, chez nous ! A Pella, où ton miracle est vivant ! Pour eux les yeux, pour nous la lumière de l’âme.

– Je ne peux pas. Je vais à Jérusalem. C’est là que vous me trouverez.

– Tu es fâché parce que nous t’avons chassé.

– Tu es dégoûté parce que tu sais que nous avons cru aux calomnies d’un pécheur. »

La mère de Marc se couvre le visage en pleurant.

« Dis-lui de revenir, Jaias, à lui qui t’a aimé.

– Vous me trouverez à Jérusalem. Allez et persévérez. Ne ressemblez pas aux vents qui soufflent dans toutes les directions. Adieu.

– Non. Viens. Nous te prendrons de force, si tu ne viens pas.

– Vous ne lèverez pas la main sur moi. C’est de l’idolâtrie, pas de la vraie foi. La foi croit même si elle ne voit pas. Elle persévère même si on la combat. Elle grandit même sans miracles. Je reste chez Matthias qui a su croire sans rien voir, et qui est un juste.

– Accepte au moins nos dons : de l’argent, du pain. On nous a dit que vous avez donné tout ce que vous aviez à Jaias et à sa mère. Prends un char. Tu t’en serviras pour le trajet. Tu le laisseras à Jéricho chez l’hôtelier Timon. Prends-le. Il pleut et il va encore pleuvoir. Tu seras à l’abri. Tu iras plus vite. Montre-nous que tu ne nous hais pas. »

Jésus d’un côté de la palissade et eux de l’autre, en effervescence, ils se regardent. Derrière Jésus se tiennent le vieux Matthias, à genoux, bouche bée, et les apôtres, debout.

Jésus tend la main en disant :

« J’accepte pour les pauvres, mais je ne veux pas du char. Je suis le Pauvre entre les pauvres. N’insistez pas. Jaias, sa mère, et toi, femme de Gerasa, venez que je vous bénisse en particulier. »

Et quand ils sont près de lui — Matthias leur a ouvert la clôture —, il les caresse, les bénit et les congédie. Puis il bénit les autres qui se sont groupés sur le seuil, en donnant aux apôtres de l’argent et des vivres, et il les congédie.

359.9

Il rentre dans la maison…

« Pourquoi ne leur as-tu pas parlé ?

– Le miracle des deux aveugles est parlant par lui-même.

– Pourquoi n’as-tu pas pris le char ?

– Parce qu’il est bon de marcher.

Et il se tourne vers Matthias :

« Je t’aurais récompensé par ma bénédiction. Maintenant, je peux y ajouter un peu d’argent pour les frais que nous t’avons causés…

– Non, Seigneur Jésus… Je n’en veux pas. Je l’ai fait de bon cœur. Et maintenant, maintenant, je le fais pour servir le Seigneur. Le Seigneur ne paie pas. Il n’y est pas tenu. C’est moi qui ai reçu, pas toi ! Ah ! Quelle journée ! Son souvenir durera pour moi jusqu’à l’autre vie !

– Tu as raison. Tu trouveras ta miséricorde envers les pèlerins inscrite dans le Ciel, et de même ta promptitude à croire… Dès que le temps va un peu s’éclaircir, je te quitterai. Eux pourraient revenir. Ils insistent, tant que le miracle les frappe, puis… redeviennent aussi engourdis qu’avant, sinon même ennemis. Je m’en vais. Jusqu’à présent je suis resté pour essayer de les convertir. Maintenant, je viens et je passe sans m’arrêter. Je vais vers mon destin qui me presse. Dieu et l’homme m’éperonnent, et je ne puis m’arrêter. L’amour m’aiguillonne et leur haine aussi. Celui qui m’aime peut me suivre. Mais le Maître ne court plus après les brebis récalcitrantes.

– Ils ne t’aiment pas, Maître divin ? demande Matthias.

– Ils ne me comprennent pas.

– Ils sont méchants.

– Ils sont appesantis par les concupiscences. »

L’homme n’ose plus être en confiance comme avant. Il semble être devant un autel. Jésus, au contraire, maintenant qu’il n’est plus l’Inconnu, est moins réservé, et il parle au vieil homme comme à un parent.

Et les heures passent ainsi jusqu’au début de l’après-midi. Le nuage qui a crevé annonce l’arrêt de la pluie. Jésus ordonne le départ. Et, pendant que le vieillard va prendre les manteaux qui ont séché, il dépose de la monnaie dans un tiroir et fait mettre des pains et des fromages dans une maie.

Matthias revient et Jésus le bénit. Puis il reprend la route, en se retournant encore pour regarder la tête blanche qui dépasse de l’enceinte sombre.

359.1

El valle profundo y boscoso donde surge Yabés Galaad se oye rumoroso debido a un arroyuelo muy cargado de agua, que va espumando hacia el cercano Jordán. El crepúsculo y la jornada, tenebrosos, agravan los aspectos sombríos de las frondas; así que el pueblo se presenta triste e inhóspito ya desde los primeros momentos.

«¡Mmm! No quisiera que después de siglos se vengara en nosotros este pueblo, de la desagradable sorpresa que le dio Israel[1]. ¡Basta! ¡Vamos a sufrir por el Señor!» dice Tomás, que conserva su buen humor, a pesar de que su ropa esté como recién sacada de una tina (barro caminando, de la cabeza a las caderas, de las caderas a los pies).

No los vapulean, eso no. Pero los echan de todas partes, llamándolos ladrones, y peor todavía. Felipe y Mateo tienen que pegarse una buena carrera para salvarse de un perro de grandes dimensiones embriscado por un pastor cuando habían ido a la puerta de un aprisco a pedir alojamiento para la noche «al menos en el cobertizo de los animales».

«¿Y ahora qué hacemos?».

«No tenemos pan».

«Ni dinero. ¡Sin dinero no se encuentra ni pan ni posada!».

«Y estamos empapados, helados, hambrientos».

«Y llega la noche. ¡Sí que vamos a estar cucos mañana, después de una noche en el bosque!».

De doce que son, siete rezongan abiertamente; tres tienen escrito en el rostro su mal humor, y, aunque de hecho guardan silencio, es como si hablaran. Simón Zelote va cabizbajo, indescifrable. Juan parece como sobre las brasas encendidas y su cabeza se vuelve veloz, de los rezongones a Jesús y de éste a aquéllos, con la pena dibujada en la cara. Jesús continúa llamando de casa en casa, personalmente, puesto que los apóstoles no quieren o lo hacen con temor; continúa recorriendo, paciente, las callejuelas convertidas en pantanos resbaladizos y fétidos. Pero en todas partes es rechazado.

359.2

Ya están en el extremo del pueblo. Allí el valle se abre en los pastos de la llanura transjordánica. Alguna que otra casa, todavía… Todo son desilusiones…

«Busquemos en los campos. ¿Juan, eres capaz de subir a este olmo? Desde arriba puedes ver».

«Sí, mi Señor».

«El olmo está resbaladizo de lluvia. El muchacho no va a subir y se va a hacer daño. Y, por si fuera poco, vamos a tener un herido» dice Pedro descontento.

Y Jesús, mansamente: «¡Subo Yo!».

«¡De ninguna manera!» gritan en coro. Los que más alzan la voz son los pescadores, que añaden: «Si es peligroso para nosotros, que somos pescadores, ¿cómo vas a poder Tú, que no has trepado nunca por las costanas ni por las cuerdas?».

«Lo hacía por vosotros. Para buscaros un alojamiento. Para mí es indiferente. No es el agua lo que me resulta penoso…». ¡Cuánta tristeza! ¡Cuánta moción a la piedad por Él hay en la voz!

Algunos se aperciben y callan. Otros, que son, para mayor exactitud, Bartolomé y Mateo, dicen: «Ya es demasiado tarde para poner remedio. Se debía haber pensado antes».

«Sí, y no hacer caprichos queriendo salir de Pel.la aunque ya lloviera. Has sido un testarudo y un imprudente, y ahora todos tenemos que pagar las consecuencias. ¿Qué remedio vas a poner ahora? ¡Si hubiéramos tenido una bolsa bien nutrida, hubieras visto como se habrían abierto todas las casas! ¡Pero Tú!… ¿Por qué no haces un milagro, al menos un milagro para tus apóstoles, puesto que los haces hasta para los indignos?» dice Judas de Keriot, gesticulando como un loco, agresivo; tanto que los otros, aunque en el fondo piensen en parte come él, sienten la necesidad de exigirle respeto.

Jesús parece ya el Condenado mirando pacífico a sus verdugos. Y calla. Este callar, que va siendo cada vez más frecuente en Jesús desde hace un tiempo, preludio del “gran silencio” ante el Sanedrín, ante Pilatos y ante Herodes, me da mucha pena. Me semejan esas pausas de silencio que se oyen en el quejido de un moribundo, que no son signo de calma de los dolores, sino preludio de la muerte. Siento la impresión de que estos silencios de Jesús gritan, más que cualquier otra palabra, con su callar, y que expresan todo el dolor de Jesús ante la incomprensión de los hombres y su desamor. Y su mansedumbre que no reacciona, esta postura suya con la cabeza un poco baja, me le presentan ya atado, consignado al odio de los hombres.

«¿Por qué no hablas?» le preguntan.

«Porque diría palabras que vuestro corazón no entendería en este momento… Vamos. Vamos a andar para no congelarnos… Y perdonad…».

Se vuelve sin demora y se pone a la cabeza de esta comitiva que en parte es comprensiva; en parte, acusadora; en parte, polémica con los compañeros.

359.3

Juan se rezaga un poco, pero de forma que ninguno se dé cuenta.

Luego se acerca a un árbol grande, alto — creo que es chopo o fresno —, y, arrojados manto y túnica, se pone a subir semidesnudo, fatigosamente, hasta que las primeras ramas no le facilitan la subida. Sube, sube, sube, como un gato. Alguna vez también resbala, pero se afianza de nuevo. Está ya casi en la cima. Escudriña el horizonte bajo las últimas luces del día, más claras aquí — en abierta llanura — que en el valle, porque además las plomizas nubes son menos espesas. Agudiza la mirada en todas las direcciones. Por fin un gesto de alegría. Se deja resbajar rápidamente hasta el suelo, se pone los indumentos que se había quitado, se echa a correr hasta alcanzar y pasar a sus compañeros. Ya llegó donde el Maestro. Dice, jadeante por el esfuerzo realizado y por la carrera: «Una cabaña, Señor… una cabaña hacia oriente… pero hay que volver atrás… He subido a un árbol… Ven, ven…».

«Voy con Juan por esta parte. Si queréis venir, venid; si no, proseguid hasta el próximo pueblo siguiendo el río. Allí nos encontraremos» dice Jesús serio y decidido.

Los siguen todos por los prados empapados.

«¡Pero estamos volviendo a Yabés!».

«Yo no veo casas…».

«¡Quién sabe lo que habrá visto el muchacho!».

«¡Quizás un pajar!».

«O la cabaña de un leproso».

«Así terminamos de mojarnos. Estos prados parecen esponjas» se lamentan los apóstoles.

359.4

Pero no es ni la cabaña de un leproso ni un pajar lo que se presenta a sus ojos detrás de una espesura de troncos. Es una cabaña, eso sí. Ancha, baja, semejante a un aprisco pobre. Tejado de paja hasta la mitad, paredes de barro que apenas si se sujetan con los cuatro machones angulares de piedras sin desbastar. Una serie de estacas circuye la casucha; en el espacio intermedio, hortalizas que chorrean agua.

Juan da una voz. Se asoma un anciano. «¿Quién es?».

«Peregrinos camino de Jerusalén. ¡Posada en nombre de Dios!» dice Jesús.

«Siempre. Es un deber. Pero mal sitio os ha tocado. Tengo poco espacio y no tengo camas».

«No importa. Tendrás fuego al menos».

El hombre se afana en abrir el cierre y lo abre. «Entrad. La paz sea con vosotros».

Pasan por la minúscula huerta. Entran en la habitación única, que es cocina y dormitorio. En el hogar está encendido el fuego. Hay orden y pobreza. No hay ni un utensilio más de los necesarios.

«¿Veis? ¡Lo único que tengo es un corazón grande y adornado! Pero si os adaptáis… ¿Tenéis pan?».

«No. Un puñado de aceitunas…».

«Yo no tengo pan para todos. Pero os voy a hacer una cosa con la leche. Tengo dos ovejas. Me bastan. Voy a ordeñarlas. ¿Me dais los mantos? Así los extiendo en el aprisco, aquí detrás. Se secarán un poco. Mañana con la llama se acabarán de secar».

El hombre sale cargado con la ropa húmeda. Todos están cerca del fuego y se alegran por el calor.

Vuelve el hombre trayendo una tosca estera. La extiende. «Quitaos las sandalias. Así las lavo y les quito el barro y las cuelgo para que se sequen. También os voy a dar agua caliente para quitaros el barro de los pies. La estera es tosca, pero es gruesa y está limpia; la agradeceréis más que el suelo frío».

Descuelga un caldero lleno de agua verdosa, por las verduras que cuecen dentro, y vierte el agua mitad en un barreño mitad en una tina. La alarga con agua fría y dice: «Aquí tenéis. Os reanimará. Lavaos. Éste es un paño limpio».

Y, entretanto, se afana avivando la llama, vierte leche en un caldero y la pone en el fuego. Y, en cuanto empieza a hervir, echa semillas dentro de la leche (creo que son o cebada molida o millo descascarado). Y remueve la papilla.

359.5

Jesús, que ha sido uno de los primeros que se ha lavado, se acerca a él: «Que Dios te recompense por tu caridad».

«No hago sino restituir lo que he recibido de Él. Estaba leproso. De los treinta y siete a los cincuenta y uno, leproso. Luego me curé. Pero en el pueblo me encontré ya que mis padres habían muerto, y mi mujer; y la casa estaba devastada. Además yo era “el leproso”… Vine aquí y me hice mi nido; yo solo y con la ayuda de Dios. Primero una cabaña de juncos, luego de madera. Luego tapias… Todos los años una cosa nueva. El año pasado hice el lugar para las ovejas. Las he comprado fabricando esteras que vendo, y también platos y vasos de madera. Tengo un manzano, un peral, una higuera, una vid. Detrás tengo una parcelita de cebada; delante, las hortalizas. Cuatro parejas de palomas y dos ovejas. Dentro de poco tendré corderos. Esperemos que sean hembras esta vez. Bendigo al Señor y no pido más cosas. ¿Y Tú quién eres?».

«Un galileo. ¿Tienes prejuicios?».

«Ninguno, aunque sea de raza judía. Si hubiera tenido hijos, habría podido tener uno como Tú… Hago de padre a las palomitas… Estoy acostumbrado a estar solo».

«¿Y para las Fiestas?».

«Lleno los comederos y me marcho. Alquilo un asno. Corro, hago lo que tengo que hacer, y vuelvo. Jamás me ha faltado ni una sola hoja. Dios es bueno».

«Sí, con los buenos y con los menos buenos; pero los buenos están bajo sus alas».

«Sí. Lo dice también Isaías… A mí me ha protegido».

«De todas formas, has sido leproso» observa Tomás.

«Y me he quedado pobre y solo. Pero, mira, volver a ser un hombre y tener techo y pan es gracia de Dios. Mi modelo en la desventura fue Job. Espero merecer como él la bendición de Dios, no en riquezas sino en gracia».

«La tendrás. Eres un justo.

359.6

¿Cómo te llamas?».

«Matías». Y quita del fuego su caldero, lo lleva a la mesa, añade mantequilla y miel, remueve, vuelve a ponerlo en el fuego y dice: «Tengo sólo seis piezas de vajilla entre platos y cuencos. Os turnáis».

«¿Y tú?».

«El que da hospitalidad es el último en servirse. Primero los hermanos que Dios envía. Bueno, ya está a punto. Esto sienta bien». Y echa unos cazos de papilla humeante en cuatro platos y dos cuencos. Cucharas de madera sí que hay.

Jesús sugiere a los más jóvenes que coman.

«No. Tú, Maestro» dice Juan.

«No, no. Conviene que se sacie Judas, y vea que hay siempre comida para los hijos».

Judas Iscariote cambia de color, pero come.

«¿Eres un rabí?».

«Sí. Éstos son mis discípulos».

«Yo iba donde el Bautista, cuando él estaba en Betabara. ¿Sabes algo del Mesías? Dicen que ya ha venido y que Juan le señaló. Siempre que voy a Jerusalén espero verle. Pero nunca lo he logrado. Cumplo el rito y no me detengo. Será por esto por lo que no le veo. Aquí vivo aislado, y además… gente no buena en Perea. Hablé con unos pastores que vienen aquí por los pastos. Ellos sabían del Mesías. Me hablaron. ¡Qué palabras! ¡Qué será cuando las diga Él!…».

Jesús no se da a conocer. Le toca ahora comer y lo hace serenamente, al lado del buen anciano.

«¿Y ahora? ¿Cómo vamos a hacer para dormir? Os cedo la cama. Pero es solo una… Yo voy donde las ovejas».

«No, vamos nosotros. El heno es bueno para quien está cansado».

La cena ha terminado. Ahora piensan en acostarse para partir al alba. Pero el anciano insiste y a su cama va Mateo, que está muy constipado.

359.7

Pero la aurora es un diluvio. ¿Cómo ponerse en marcha bajo esas cataratas? Siguen el consejo del viejo y se quedan. Entretanto cepillan y secan las túnicas, untan las sandalias, dan descanso a sus cuerpos. El viejo cuece otra vez cebada en la leche, para todos; luego mete unas manzanas entre las cenizas. La comida de todos. Lo están consumiendo cuando llega de fuera una voz.

«¿Otro peregrino? ¿Cómo nos vamos a arreglar?» dice el anciano. Pero se pone en pie y sale, envuelto en una manta de lana basta, impermeable.

En la cocina hay calor de fuego, pero no de humor bueno. Jesús guarda silencio.

Vuelve el anciano, con los ojos desmesuradamente abiertos. Mira a Jesús, mira a los otros. Parece sentir miedo… parece en duda y escrutador. Al fin dice: «¿Uno de vosotros es el Mesías? Decidlo, porque los de Pel.la le buscan para adorarle, por un gran milagro que ha hecho. Llevan llamando, desde ayer tarde, a todas las casas, hasta el río, hasta el primer pueblo… Ahora, regresando, han pensado en mí. Alguno ha indicado mi casa. Están afuera, con los carros. ¡Mucha gente!».

Jesús se levanta. Los doce dicen: «No vayas. Si has dicho que era prudente no detenernos en Pel.la, es inútil mostrarte ahora».

«¡Pero entonces!… ¡Oh! ¡Bendito! ¡Bendito Tú y quien te ha enviado! ¡Y bendito yo, que te he acogido! Eres el rabí Jesús, aquel… ¡Oh!». El hombre está de rodillas, con la frente contra el suelo.

«Soy Yo. Pero deja que vaya a estos que me buscan. Luego vendré a ti, hombre bueno». Se libera los tobillos apresados por las manos del anciano y sale a la huerta inundada.

359.8

«¡Ahí está! ¡Ahí está! ¡Hosanna!». Se apean rápidamente de los carros. Son hombres y mujeres, y está el cieguito de ayer con su madre, y está la gerasena. Sin preocuparse del barro, se arrodillan y suplican: «¡Regresa, regresa donde nosotros, a Pel.la!».

«No: a Yabés» gritan otros, que son ciertamente de allí. «¡Te queremos con nosotros! ¡Estamos arrepentidos de haberte echado!» gritan los de Yabés.

«No, donde nosotros. A Pel.la, donde está vivo tu milagro. A ellos los ojos; a nosotros, la luz del alma».

«No puedo. Voy a Jerusalén. Allí me encontraréis».

«Estás enfadado porque te hayamos echado».

«Estás disgustado porque sabes que habíamos creído las calumnias de un pecador».

La madre de Marcos se tapa la cara y llora.

«Dile tú, Yaia, al que te ha amado, que vuelva».

«Me encontraréis en Jerusalén. Marchaos. Y perseverad. No seáis como los vientos, que van en todas las direcciones. Adiós».

«No. Ven. Te raptamos por la fuerza, si no vienes».

«Vosotros no alzaréis contra mí vuestra mano. Esto es idolatría, no verdadera fe. La fe cree incluso sin ver. Persevera aunque se la combata. Crece aun sin milagros. Me quedo en casa de Matías, que ha sabido creer sin ver nada y que es un justo».

«Al menos, acepta nuestros presentes. Dinero, pan. Nos han dicho que habéis dado todo lo que teníais a Yaia y a su madre. Toma un carro. Irás en él. Lo dejas en Jericó, en casa de Timón el posadero. Tómalo. Llueve. Y va a seguir lloviendo. Estarás resguardado. Llegarás antes. Muéstranos que no nos odias».

Ellos al otro lado de la estacada, Jesús a este lado, se miran; los de la parte de allá están agitados. Detrás de Jesús está el anciano Matías, de rodillas, con la boca abierta; luego, de pie, los apóstoles.

Jesús tiende la mano y dice: «Acepto para los pobres. Pero no acepto el carro. Soy el Pobre entre los pobres. No insistáis. Yaia, mujer, y tú de Gerasa, venid que os bendiga en particular». Y, cuando los tiene a su lado, puesto que Matías ha abierto la estacada, los acaricia y bendice, y se despide de ellos. Bendice luego a los otros, que se han aglomerado en torno a la entrada y están dando a los apóstoles monedas y víveres, y los despide.

359.9

Vuelve a casa…

«¿Por qué no les has hablado?».

«Habla el milagro de los dos ciegos».

«¿Por qué no has tomado el carro?».

«Porque ir a pie está bien». Y se vuelve a Matías: «Te habría recompensado con las bendiciones. Ahora puedo darte, además, un poco de dinero por los gastos que te ocasionamos…».

«No, Señor Jesús… No lo quiero. Esto lo he hecho de buen corazón. Ahora… ahora lo hago sirviendo al Señor. No paga el Señor. No está obligado a ello. ¡He sido yo quien ha recibido, no Tú! ¡Este día vendrá, con su recuerdo, hasta la otra vida!».

«Bien has hablado. Encontrarás tu misericordia hacia los peregrinos escrita en el Cielo, y también tu fe solícita. En cuanto se aclare el cielo un poco, te dejo. Aquellos podrían volver. Insistentes mientras están bajo la impresión del milagro; luego… tardos como antes, o enemigos. Yo continúo mi camino. Hasta ahora me he detenido, tratando de convertirlos. Ahora vengo y paso, sin detenerme. Voy al destino mío que me apremia. Dios y el hombre me acucian. No puedo ya detenerme. Me aguija el amor y me aguija el odio. Quien me ama puede seguirme. Pero el Maestro ya no va a correr detrás de las ovejas indóciles».

«¿No te aman, Maestro divino?» pregunta Matías.

«No me comprenden».

«Son malos».

«Los gravan las concupiscencias».

El hombre ya no se atreve a mostrarse con la libertad de antes. Parece como si estuviera delante del altar. Jesús, por el contrario, ahora que ya no es el Desconocido, se muestra menos reservado y habla al anciano como a un familiar.

Y así pasan las horas, hasta un principio de sol de mediodía. La nube, rota, promete suspensión de la lluvia. Jesús ordena la partida. Y, mientras el anciano va a recoger los mantos ya secos, deposita en un cajón unas monedas y dispone que metan panes y quesos en una masera.

Regresa el anciano. Jesús le bendice. Luego reanuda su camino, y se vuelve todavía a mirar a la blanca cabeza que sobresale de la estacada obscura.


Notes

  1. mauvaise surprise relatée en 1 M 5, 9-36.
  2. c’est ce que dit Isaïe, en différents endroits et de diverses manières, comme en Is 3, 10.
  3. malheur exposé dans le Prologue du livre, en Jb 1-2. Bénédiction qui en fait l’épilogue : Jb 42, 10-17. Le modèle de Job, cité aussi en 544.6.8 (par la bouche de Lazare mourant), en 555.5 (par Pierre) et en 579.6/7 est celui de l’homme juste frappé par la souffrance sans qu’il y ait eu faute de sa part.

Notas

  1. La desagradable sorpresa que le dio Israel está narrada en: 1 Macabeos 5, 9-36.