Los Escritos de Maria Valtorta

376. Les œuvres salvatrices des justes.

376. Lección sobre la obra salvífica de los santos,

376.1

Un grand nombre de disciples, hommes et femmes, ont pris congé pour retourner aux maisons où ils logent, ou pour reprendre les chemins par lesquels ils étaient venus.

Dans le superbe après-midi de cette fin d’avril, il reste à la maison de Lazare les disciples proprement dits, en particulier ceux qui sont le plus voués à la prédication : les bergers, Hermas et Etienne, le prêtre Jean, Timon, Hermastée, Joseph d’Emmaüs, Salomon, Abel de Bethléem de Galilée, Samuel et Abel de Chorazeïn, Agape, Aser et Ismaël de Nazareth, Elie de Chorazeïn, Philippe d’Arbel, Joseph le passeur de Tibériade, Jean d’Ephèse, Nicolaï d’Antioche. Comme femmes, en plus des disciples connues, il reste Annalia, Dorca, la mère de Judas, Myrta, Anastasica, les filles de Philippe. Je ne vois plus Myriam, fille de Jaïre, ni Jaïre lui-même. Peut-être est-il retourné là où il logeait.

Ils se promènent lentement dans les cours ou sur la terrasse de la maison, tandis que presque toutes les femmes et toutes les anciennes disciples se trouvent autour de Jésus, assis près du lit de Lazare. Elles écoutent Jésus parler avec Lazare, décrivant les régions traversées au cours des dernières semaines avant le voyage pascal.

376.2

« Tu es arrivé juste à temps pour sauver le bébé » observe Lazare après le récit du fort de Césarée de Philippe, en montrant le bébé qui dort, heureux, dans les bras de sa mère. Puis il ajoute : « C’est un bel enfant ! Femme, montre-le-moi de près ! »

Dorca se lève et, silencieuse mais d’un air triomphant, elle offre son nourrisson à l’admiration du malade.

« C’est un bel enfant ! Vraiment beau ! Que le Seigneur le protège et le fasse croître en santé et en sainteté.

– Et fidèle à son Sauveur. S’il ne devait pas l’être à l’avenir, je le préfèrerais mort, même maintenant. Tout, mais qu’après avoir été sauvé, il ne soit pas ingrat envers le Seigneur ! dit Dorca fermement en revenant à sa place.

– Le Seigneur arrive toujours à temps pour sauver » dit Myrta, mère d’Abel de Bethléem. « Le mien n’était pas moins proche de la mort — et de quelle mort ! — que le bébé de Dorca. Mais il est arrivé et il l’a sauvé. Quelle heure terrible… »

Myrta pâlit encore à ce souvenir…

« Alors tu viendras à temps aussi pour moi, n’est-ce pas ? Pour me donner la paix…, dit Lazare en caressant la main de Jésus.

– Mais ne vas-tu pas un peu mieux, mon frère ? » demande Marthe. « Depuis hier, tu me sembles plus soulagé…

– Oui, et je m’en étonne moi-même. Peut-être Jésus…

– Non, mon ami. C’est que je déverse en toi ma paix. Ton âme en est comblée et cela assoupit la souffrance des membres. C’est un décret de Dieu que tu souffres.

– Et que je meure. Dis-le aussi. Eh bien… que sa volonté soit faite, comme tu l’enseignes. Désormais, je ne demanderai plus ni la guérison ni le soulagement. J’ai tant reçu de Dieu (et il regarde involontairement Marie, sa sœur) qu’il est juste que je donne ma soumission en échange de tous ces bienfaits.

376.3

– Fais davantage, mon ami. C’est déjà beaucoup de se résigner et de supporter la douleur. Mais, toi, donne-lui une valeur plus grande.

– Laquelle, mon Seigneur ?

– Offre-la pour la rédemption des hommes.

– Je suis un pauvre homme, moi aussi, Maître. Je ne puis aspirer à être un rédempteur.

– C’est ce que tu dis, mais tu es dans l’erreur. Dieu s’est fait Homme pour aider les hommes. Mais les hommes peuvent aider Dieu. Les œuvres des justes seront unies aux miennes à l’heure de la Rédemption : celles des justes morts depuis des siècles, comme de ceux qui vivent maintenant ou qui vivront à l’avenir. Toi, joins-y les tiennes dès à présent. C’est si beau de s’unir à la Bonté infinie, d’y ajouter ce que nous pouvons donner de notre bonté limitée, et de dire : “ Moi aussi, Père, je coopère au bien de mes frères. ” Il ne peut y avoir de plus grand amour pour le Seigneur et pour le prochain que de savoir souffrir et mourir pour rendre gloire au Seigneur et procurer le salut éternel à nos frères. Se sauver soi-même ? C’est peu. C’est un “ minimum ” de sainteté. Il est beau de sauver, de se donner pour sauver, de pousser l’amour jusqu’à devenir un brasier d’immolation pour sauver. L’amour est alors parfait. Et la sainteté de celui qui se montre généreux sera très grande.

– Comme tout cela est beau, n’est-ce pas, mes sœurs ? » dit Lazare avec un sourire de rêve sur son fin visage.

Marthe, émue, approuve d’un signe de tête.

376.4

Marie, assise sur un coussin aux pieds de Jésus dans sa pose habituelle d’humble et ardente adoratrice, intervient :

« C’est peut-être moi qui coûte ces souffrances à mon frère ? Dis-le-moi, Seigneur, pour que mon angoisse soit complète !… »

Lazare s’écrie :

« Non, Marie, non. Moi… je devais mourir de cela. Ne te transperce pas le cœur. »

Mais Jésus, sincère jusqu’au bout, rectifie :

« Bien sûr que oui ! Moi, j’ai entendu les prières de ton bon frère, ses inquiétudes. Mais cela ne doit pas te causer une angoisse qui te pèse, mais au contraire le désir de devenir parfaite à cause de ce que tu as coûté. Et réjouis-toi ! Réjouis-toi, car Lazare, pour t’avoir arrachée au démon…

– Non pas moi ! Toi, Maître.

– … pour t’avoir arrachée au démon, il a mérité de Dieu une récompense future grâce à laquelle les nations et les anges parleront de lui. Et, comme pour Lazare, ils parleront d’autres hommes, et surtout d’autres femmes, qui par leur héroïsme ont arraché sa proie à Satan.

– De qui s’agit-il ? » demandent les femmes, curieuses ; peut-être toutes espèrent-elles qu’il s’agit d’elles-mêmes, chacune pour son compte.

376.5

Marie, mère de Judas, se tait, mais elle regarde, elle regarde le Maître… Jésus aussi la regarde. Il pourrait la tenir dans l’illusion, mais il ne le fait pas. Il ne l’humilie pas, mais il ne la trompe pas. Il répond à toutes :

« Vous le saurez au Ciel. »

La mère de Judas, qui vit dans une angoisse continuelle, demande :

« Et si l’une d’elles ne réussit pas malgré son désir ? Quel sera son sort ?

– Celui que son âme mérite par sa bonté.

– Le Ciel ? Mais, Seigneur, une femme, une sœur ou une mère qui… qui ne parvient pas à sauver ceux qu’elle aime et qui les voit damnés, pourrait-elle obtenir le paradis, même en étant au paradis ? Ne crois-tu pas qu’elle ne connaîtra jamais la joie puisque… la chair de sa chair, le sang de son sang auront mérité la condamnation éternelle ? Moi, je pense qu’elle ne pourra pas être heureuse en voyant celui qu’elle aime en proie à une peine atroce…

– Tu es dans l’erreur, Marie. La vue de Dieu, la possession de Dieu sont les sources d’une béatitude tellement infinie qu’il ne subsiste aucune peine pour les bienheureux. Actifs et attentifs à aider les hommes qui peuvent encore être sauvés, ils ne souffrent plus pour ceux qui sont séparés de Dieu, et séparés d’eux-mêmes qui sont en Dieu. La communion des saints existe pour les saints.

– Mais s’ils aident ceux qui peuvent être encore sauvés, c’est signe que ces derniers ne le sont pas encore, objecte Pierre.

– Mais ils ont la volonté, au moins passive, de l’être. Ceux qui sont saints en Dieu aident même dans les besoins matériels pour faire passer ceux qui n’ont qu’une volonté passive à une volonté active. Me comprends-tu ?

– Oui et non. Voici un exemple : si, moi, j’étais au Ciel et si je voyais, supposons, un mouvement fugitif de bonté chez… Eli le pharisien, admettons, que ferais-je ?

– Tu te servirais de tous les moyens pour accroître ses bons mouvements.

– Et si ça ne servait à rien ? Ensuite ?

– Ensuite, quand lui serait damné, tu t’en désintéresserais.

– Et si, comme il l’est maintenant, il était tout à fait digne de damnation, mais m’était cher — ce qui n’arrivera jamais —, que devrais-je faire ?

– Sache avant tout que tu risques de te damner en disant qu’il ne t’est pas cher et qu’il ne le sera jamais. Ensuite, sache que si tu étais au Ciel, absolument uni à la Charité, tu prierais pour lui, pour son salut, jusqu’au moment de son jugement. Il y aura des âmes sauvées au dernier moment après une vie de prière pour elles. »

376.6

Il entre un serviteur qui dit :

« Manahen est arrivé. Il veut voir le Maître.

– Qu’il entre. Il veut certainement parler de choses sérieuses. »

Les femmes, par discrétion, se retirent et les disciples les suivent. Mais Jésus rappelle Isaac, le prêtre Jean, Etienne et Hermas, ainsi que Matthias et Joseph, des bergers disciples.

« Il est bon que vous, qui êtes des disciples, vous soyez au courant » explique-t-il.

Manahen entre et s’incline.

« Paix à toi, dit Jésus pour le saluer.

– Paix à toi, Maître. Le soleil se couche. Mes premiers pas, après le sabbat, sont pour toi, mon Seigneur.

– Tu as passé une bonne Pâque ?

– Bonne ? Il ne peut rien y avoir de bon là où se trouvent Hérode et Hérodiade ! J’espère que c’est la dernière fois que j’ai mangé l’agneau avec eux. Même si je dois en mourir, je ne resterai plus longtemps en leur compagnie !

– Je crois que tu fais une erreur. Tu peux servir le Maître en restant, objecte Judas.

– C’est vrai, et c’est ce qui m’a retenu jusqu’à présent. Mais quelle nausée ! Kouza pourrait me remplacer… »

Barthélemy fait remarquer :

« Kouza n’est pas Manahen. Kouza est… Oui, lui sait mener sa barque. Il ne critiquerait jamais son maître. Toi, tu es plus franc.

– C’est vrai ; ce que tu dis est vrai. Kouza est un courtisan. Il subit la fascination de la royauté… Royauté ! Que dis-je ! ? De la débauche royale ! Mais il a l’impression d’être roi, parce qu’il est avec le roi… Et il redoute la disgrâce royale. L’autre soir, il était comme un chien battu. C’est presque en rampant qu’il a paru devant Hérode, qui l’avait appelé après avoir entendu les lamentations de Salomé, chassée par toi. Kouza a passé un mauvais quart d’heure. On lisait sur son visage le désir de se sauver, à tout prix, quitte à t’accuser, à te donner tort. Mais Hérode !… Il voulait seulement rire aux dépens de la jeune fille dont il a désormais la nausée, comme il a la nausée de sa mère. Et il riait comme un fou en entendant Kouza répéter tes paroles. Il ne cessait de dire : “ C’est encore trop doux pour cette jeune… (il employait un mot si grossier que je ne te le redis pas). Il aurait dû piétiner son sein avide… Mais il se serait contaminé ! ” et il riait. Puis, reprenant son sérieux, il a ajouté : “ Néanmoins… cet affront a beau être mérité par la femme, il n’est pas permis pour la couronne. Je suis magnanime (c’est son idée fixe de l’être, et comme personne ne lui reconnaît cette qualité, il se l’attribue de lui-même) et je fais grâce au Rabbi parce qu’il a révélé à Salomé la vérité. Mais je veux qu’il vienne à la Cour pour lui pardonner tout à fait. Je veux le voir, l’entendre et lui faire accomplir des miracles. Qu’il vienne, et je me ferai son protecteur. ” C’est ainsi qu’il parlait l’autre soir, et Kouza ne savait quoi répondre. Il ne voulait pas dire non au monarque. Il ne pouvait pas accepter non plus. Car tu ne peux certainement pas accéder aux volontés d’Hérode. Aujourd’hui, il m’a dit : “ Tu vas certainement le trouver… Fais-lui part de ma volonté. ” Je te la rapporte, mais… je connais déjà la réponse. Donne-la-moi, pourtant, pour que je puisse la transmettre.

– Non ! »

C’est un “ non ” qui ressemble à un coup de foudre.

« Ne vas-tu pas t’en faire un ennemi trop puissant ? demande Thomas.

– Un bourreau, même. Mais je ne puis que répondre “non”.

– Il nous persécutera…

– Oh ! d’ici trois jours, il ne s’en souviendra plus » dit Manahen en haussant les épaules. Puis il ajoute : « On lui a promis des… mimes… Elles vont arriver demain… Et il oubliera tout… »

376.7

Le serviteur revient :

« Maître, Nicodème est là, avec Joseph, Eléazar, et d’autres pharisiens et membres du Sanhédrin. Ils veulent te saluer. »

Lazare regarde Jésus d’un air interrogateur. Jésus comprend :

« Qu’ils viennent ! Je les saluerai volontiers. »

Peu après entrent Nicodème, Joseph, Eléazar (le juste du banquet d’Ismaël), Jean (celui du lointain banquet d’Arimathie), un autre que j’entends appeler Josué, un Philippe, un Jude, et le dernier, Joachim. Les salutations n’en finissent plus. Heureusement que la pièce est vaste, sinon comment feraient-ils pour déployer tant d’inclinations et d’embrassades et de luxueux accoutrements ? Mais si grande qu’elle soit, elle est vite comble, et les disciples s’esquivent. Il ne reste plus que Lazare avec Jésus. Peut-être aussi ne leur paraît-il pas indiqué de se trouver sous le feu de tant de regards du Sanhédrin !

« Nous savons que tu es à Jérusalem, Lazare. Et nous sommes venus ! dit celui qu’on appelle Joachim.

– J’en suis étonné et réjoui. Je ne me rappelais plus ton visage…, répond Lazare un peu ironiquement.

– Mais… tu sais… On voulait toujours venir. Mais… Tu avais disparu…

– Et il ne semblait pas vrai que je l’étais ! Il est très difficile en effet de venir chez un malheureux !

– Non ! Ne dis pas cela ! Nous… respections ton désir. Mais maintenant que… maintenant que… n’est-ce pas Nicodème ?

– Oui, Lazare. Les anciens amis reviennent, désireux de prendre de tes nouvelles et de vénérer le Rabbi.

– Quelles nouvelles m’apportez-vous ?

– Hum !… Voilà… Les affaires habituelles… Le monde… Oui… »

Ils regardent du côté de Jésus qui se tient droit sur son siège, l’air un peu méditatif.

376.8

« Comment se fait-il donc que vous veniez tous ensemble aujourd’hui, alors que le sabbat est à peine fini ?

– Il y a eu une assemblée extraordinaire.

– Aujourd’hui ? Pour quelle raison si urgente ? »

Ceux qui sont présents regardent Jésus de manière significative. Mais il est pensif…

« Il y en a plusieurs… répondent-ils ensuite.

– Et qui ne concernent pas le Rabbi ?

– Si, Lazare. Lui aussi. Mais un fait grave a été également jugé, pendant que les fêtes nous ont tous rassemblés dans la ville…, explique Joseph d’Arimathie.

– Un fait grave ? Lequel ?

– Une… une erreur de… jeunesse… Hum ! Oui ! Une discussion violente parce que… Rabbi, écoute-nous. Tu es au milieu de gens honnêtes. Même si nous ne sommes pas disciples, nous ne sommes pas des ennemis. Dans la maison d’Ismaël, tu m’as dit[1] que je ne suis pas loin de la justice, déclare Eléazar.

– C’est vrai. Et je le confirme.

– Et moi, je t’ai défendu contre Félix au banquet de Joseph, rappelle Jean.

– C’est vrai également.

– Et eux pensent comme nous. Nous avons été convoqués aujourd’hui pour arbitrer… et nous ne sommes pas satisfaits de ce qui a été décidé. Car le plus grand nombre l’a emporté sur nous. Toi, qui es plus sage que Salomon, écoute et juge. »

Jésus les pénètre de son regard profond, puis il dit :

« Parlez.

– Sommes-nous sûrs de n’être pas entendus ? Car c’est… un drame horrible…, dit celui qui s’appelle Jude.

– Ferme la porte et le rideau, et nous serons dans un tombeau, lui répond Lazare.

376.9

– Maître, hier matin, tu as recommandé à Eléazar, fils d’Hanne, de ne se contaminer pour aucune raison. Pourquoi lui as-tu con­seillé cela ? demande Philippe.

– Parce qu’il le fallait. Lui, il se contamine, mais pas moi. Les livres sacrés le disent.

– C’est vrai. Mais comment sais-tu qu’il se contamine ? La jeune fille t’a peut-être parlé avant de mourir ? demande Eléazar.

– Quelle jeune fille ?

– Celle qui est morte après avoir été violentée, et sa mère avec elle. On ne sait pas si c’est la douleur qui les a tuées, ou si elles se sont donné la mort, ou si on les a empoisonnées pour les empêcher de parler.

– Je ne savais rien de tout cela. Je voyais l’âme corrompue du fils d’Hanne. J’en sentais la puanteur. J’ai parlé. Je ne savais ni ne voyais rien d’autre.

– Mais que s’est-il passé ? demande Lazare, intéressé.

– Eléazar, fils d’Hanne, a vu une jeune fille, la fille unique d’une veuve et… il l’a attirée sous prétexte de lui commander du travail — pour vivre, elle travaillait dans le vêtement —, et… il a abusé d’elle. La jeune fille est morte… trois jours après, et sa mère avec elle. Mais avant de mourir, malgré les menaces reçues, elles ont tout révélé à leur unique parent… Et lui est allé chez Hanne porter l’accusation et, non content de cela, il l’a raconté à Joseph, à moi, à d’autres… Hanne l’a fait saisir et jeter en prison. De là, il ira à la mort ou restera toujours prisonnier. Aujourd’hui, Hanne a voulu savoir ce que nous en pensions, dit Nicodème.

– Il ne l’aurait pas fait s’il n’avait pas su que nous étions déjà au courant, murmure Joseph entre ses dents.

– Oui… Après un semblant de vote, un simulacre de jugement, on a décidé de l’honneur et de la vie de trois malheureux et de la punition du coupable, conclut Nicodème.

– Eh bien ?

– Eh bien, c’est naturel ! Nous qui avons voté pour la liberté de l’homme et la punition d’Eléazar, nous avons été menacés et chassés comme injustes. Toi, qu’en dis-tu ?

– Que Jérusalem m’inspire du dégoût et que l’abcès le plus fétide de cette ville, c’est le Temple » prononce lentement Jésus, d’une voix terrible. Et il termine : « Rapportez-le donc à ceux du Temple.

– Et Gamaliel, qu’a-t-il fait ? demande Lazare.

– Dès qu’il a appris la chose, il s’est couvert le visage, et il est sorti en disant : “ Que vienne vite le nouveau Samson pour faire périr les philistins corrompus. ”

– Gamaliel a bien parlé ! Mais le justicier viendra bientôt. »

Un silence.

376.10

« Et de lui, on n’a rien dit ? demande Lazare en montrant Jésus.

– Oh si ! Avant tout le reste. On a rapporté que tu avais déclaré “ sordide ” le royaume d’Israël et par conséquent on t’a déclaré blasphémateur. Sacrilège même, car le royaume d’Israël appartient à Dieu.

– Ah oui ? Et comment le Pontife a-t-il appelé celui qui a violé une vierge ? Celui qui a souillé son ministère ? Répondez ! demande Jésus.

– Lui, c’est le fils du grand-prêtre, car Hanne est toujours le vrai roi là au milieu, dit Joachim, intimidé par la majesté de Jésus qui se tient face à lui, debout, le bras tendu…

– Oui, le roi de la corruption. Et vous voulez que je ne qualifie pas de “ sordide ” un pays où nous avons un Tétrarque souillé et homicide ainsi qu’un grand-prêtre complice d’un violeur meurtrier ?

– La jeune fille s’est peut-être tuée, ou elle est morte de douleur, murmure Eléazar.

– Toujours est-il que le criminel est celui qui l’a violée… Et maintenant n’est-ce pas une troisième victime que l’on fait en gardant son parent prisonnier pour qu’il ne parle pas ? Et ne profane-t-on pas l’autel en s’approchant de lui, alors qu’il est souillé par tant de crimes ? Et n’étouffe-t-on pas la justice en imposant le silence aux membres justes, trop peu nombreux, du Sanhédrin ? Oui, que vienne vite le nouveau Samson et qu’il abatte ce lieu profané, qu’il extermine pour guérir !… Moi, à cause du vomissement que me fait éprouver la nausée, non seulement je traite cette malheureuse ville de sordide, mais je m’éloigne de son cœur pourri, rempli de crimes sans nom, foyer de Satan… Je pars. Non par peur de la mort. Je vous montrerai que je n’ai pas peur. Mais je pars parce que mon heure n’est pas venue et pour ne pas donner des perles aux pourceaux d’Israël, mais pour les apporter aux humbles disséminés dans les masures, les montagnes, les vallées des villages pauvres. Là où on sait encore croire et aimer, s’il y a quelqu’un pour l’enseigner. Là où il y a des âmes sous des vêtements grossiers, alors qu’ici les tuniques et les manteaux sacrés, et plus encore l’éphod et le rational[2], servent à couvrir d’immondes charognes et à dissimuler des armes homicides. Dites-leur qu’au nom du Dieu vrai, je les voue à la condamnation et que, en nouveau Michel[3], je les chasse pour toujours du paradis, eux qui veulent être des dieux et qui sont des démons. Il n’est pas besoin qu’ils soient morts pour être jugés. Ils le sont déjà. Et sans rémission. »

376.11

Les imposants membres du Sanhédrin et les pharisiens semblent devenus tout petits tant ils se rencognent devant la sainte colère du Christ, qui paraît, au contraire, devenir un géant tellement ses regards sont fulgurants et ses gestes violents.

Lazare gémit :

« Jésus ! Jésus ! Jésus… »

Jésus l’entend, et changeant de ton et d’aspect, il dit :

« Qu’as-tu, mon ami ?

– Oh ! ne sois pas si terrible ! Ce n’est plus toi ! Comment avoir espoir dans la miséricorde, si toi, tu te montres si enflammé ?

– Et pourtant c’est ainsi, et je le serai plus encore quand je jugerai les douze tribus d’Israël. Mais, rassure-toi, Lazare. Celui qui croit dans le Christ est déjà jugé… »

Il se rassied.

Un silence. Finalement Jean demande :

« Et nous, pour avoir préféré les reproches au mensonge contre la justice, comment serons-nous jugés ?

– Avec justice. Persévérez et vous parviendrez là où Lazare se trouve déjà : dans l’amitié de Dieu. »

Ils se lèvent.

« Maître, nous nous retirons. Paix à toi. A toi aussi, Lazare.

– Paix à vous.

– Que rien ne transpire de ce que nous vous avons révélé, supplient plusieurs.

– Ne craignez rien ! Allez. Que Dieu vous guide dans toute votre conduite. »

Ils partent. Jésus et Lazare restent seuls. Après un moment, ce dernier dit :

« Quelle horreur !

– Oui. Quelle horreur !… Lazare, je vais préparer mon départ de Jérusalem. Je serai ton hôte à Béthanie jusqu’à la fin des Azymes[4]. »

Et il sort…

376.1

Muchos discípulos y discípulas ya se han despedido y han regresado a las casas que los hospedan, o han tomado de nuevo el camino por el que habían venido.

En la espléndida tarde de este abril ya avanzado, quedan en la casa de Lázaro los discípulos en el verdadero sentido de la palabra, y especialmente los más consagrados a la predicación, o sea, los pastores, Hermas y Esteban, el sacerdote Juan, Timoneo, Hermasteo, José de Emaús, Salomón, Abel de Belén de Galilea, Samuel y Abel de Corazín, Agapo, Aser e Ismael de Nazaret, Elías de Corazín, Felipe de Arbela, José (el barquero de Tiberíades), Juan de Éfeso, Nicolái de Antioquía. De las mujeres, quedan, además de las discípulas más conocidas, Analía, Dorca, la madre de Judas, Mirta, Anastática, las hijas de Felipe. Ya no veo a Miriam de Jairo, ni al propio Jairo (quizás ha regresado a donde estaba hospedado).

Pasean lentamento por los patios, o también por la terraza de la casa. Alrededor de Jesús, que está sentado junto al triclinio de Lázaro, están casi todas las mujeres y todas las antiguas discípulas. Le escuchan mientras habla con Lázaro describiendo los pueblos que han atravesado en las últimas semanas que han precedido al viaje pascual.

376.2

«Has llegado justo a tiempo de salvar al pequeño» comenta Lázaro después de la narración de lo del castillo de Cesarea de Filipo, señalando al lactante que duerme feliz en los brazos maternos. Y Lázaro añade: «¡Es un niño muy bonito! Mujer, ¿me lo dejas ver de cerca?».

Dorca se levanta y, silenciosamente, pero triunfalmente, ofrece a su hijo a la admiración del enfermo.

«¡Un niño muy bonito! ¡Precioso! Que el Señor te lo proteja y le haga crecer sano y santo».

«Y fiel a su Salvador. Si no fuera fiel en el futuro, lo querría muerto, ya ahora. ¡Todo menos que, después de haber sido salvado, sea ingrato con el Señor!» dice Dorca firmemente, y vuelve a su sitio.

«El Señor llega siempre a tiempo de salvar» dice Mirta, madre de Abel de Belén. «El mío no estaba menos cerca de la muerte que el pequeñuelo de Dorca. ¡Y qué muerte! Pero llegó Él… y salvó. ¡Qué hora tan tremenda!…». Mirta palidece todavía al recordarlo…

«Entonces vendrás a tiempo también para mí, ¿no es verdad? Para darme paz…» dice Lázaro acariciando la mano de Jesús.

«¿Pero no estás un poco mejor, hermano mío?» pregunta Marta. «Ya desde ayer te veo mejorado…».

«Sí. Estoy asombrado yo mismo. Quizás Jesús…».

«No, amigo. Es que vierto en ti mi paz. Tu alma está saturada de esta paz, y ello atenúa el sufrimiento de los miembros. Es decreto de Dios que sufras».

«Y que muera. Dilo, dilo. Bien, pues… hágase su voluntad, como Tú enseñas. Desde este momento no volveré a pedir ni curación ni alivio. He recibido tanto de Dios (y mira involuntariamente a María, su hermana), que es justo que con mi docilidad corresponda a lo mucho que he recibido…».

376.3

«Haz más, amigo mío. Ya es mucho el que uno se resigne y sufra el dolor. Tú, no obstante, da al dolor un valor mayor».

«¿Cuál, mi Señor?».

«Ofrecerlo por la redención de los hombres».

«Yo soy también un pobre hombre, Maestro. No puedo aspirar a ser un redentor».

«Lo dices tú. Pero estás equivocado. Dios se ha hecho Hombre para ayudar a los hombres. Pero los hombres pueden ayudar a Dios. Las obras de los justos serán unidas a las mías en la hora de la Redención; de los justos muertos ya hace siglos, de los que viven y de los futuros. Tú, ya desde ahora, agrega las tuyas. ¡Es tan hermoso unirse a la Bondad infinita, agregar a ella aquello que podamos ofrecer de nuestra bondad limitada, y decir: “Yo también contribuyo, Padre, al bien de los hermanos”! No puede haber amor más grande, hacia el Señor y hacia el prójimo, que este de saber padecer y morir por dar gloria al Señor y salvación eterna a nuestros hermanos. ¿Salvarse uno para sí mismo? Es poco. Es un “mínimo” de santidad. Hermoso es salvar. Darse para salvar. Impulsar el amor hasta convertirnos en hoguera inmoladora para salvar. Entonces el amor es perfecto. Y grandísima será la santidad del generoso».

«¡Qué bonito es todo esto, ¿no es verdad, hermanas mías?» dice Lázaro con embelesada sonrisa en su rostro afilado.

Marta asiente, emocionada, con la cabeza.

376.4

María, que está sentada en un almohadón a los pies de Jesús, en su postura habitual de humilde y ardiente adoradora, dice: «¿Cuesto yo estos sufrimientos a mi hermano? ¡Dímelo, Señor, para que mi congoja sea completa!…».

Lázaro exclama: «No, María, no. Yo… debía morir a causa de ello. No te claves flechas en el corazón».

Pero Jesús, sincero hasta el extremo, dice: «¡Sí, ciertamente! Yo he oído las oraciones de tu buen hermano, y los latidos de su corazón. Pero esto no debe producirte una angustia gravosa; antes bien, debe darte la voluntad de ser perfecta, por lo que cuestas. ¡Y exulta! Exulta porque Lázaro, por haberte arrebatado al demonio…».

«¡No yo! Tú, Maestro».

«…por haberte arrebatado al demonio, ha merecido de Dios un premio futuro, por el que hablarán de él las gentes y los ángeles. Y, lo mismo que para el caso de Lázaro, también de otros, y especialmente de otras, que han arrancado con su heroísmo la presa de las manos de Satanás».

«¿Quiénes son? ¿Quiénes son?» preguntan curiosas las mujeres, y quizás todas esperan ser ellas, una por una.

376.5

María de Judas no habla. Pero mira, mira al Maestro… Jesús también la mira. Podría darle falsas esperanzas. No lo hace. No la mortifica, pero tampoco le infunde falsas esperanzas. Responde a todas: «Lo sabréis en el Cielo».

La siempre angustiada madre de Judas pregunta: «¿Y si una, a pesar de quererlo, no logra el objetivo? ¿Cuál será su destino?».

«El que merece su alma buena».

«¿El Cielo? Pero, Señor, una esposa, una hermana, una madre que… que no lograra salvar a aquellos a quienes ama y los viera condenados, ¿podría tener el Paraíso aun estando en el Paraíso? ¿No crees que esa mujer no tendrá jamás alegría, porque… la carne de su carne y la sangre de su sangre habrán merecido condena eterna? Yo creo que no podrá gozar mientras ve a su amado en atroz pena…».

«Estás en un error, María. La visión de Dios, la posesión de Dios, son fuentes de una dicha tan infinita, que para los bienaventurados no subsiste ninguna pena. Diligentes y atentos para ayudar todavía a los que pueden ser salvados, no sufren por los que están separados de Dios y, por tanto, de ellos mismos que están en Dios. La comunión de los santos es para los santos».

«Pero si siguen ayudando a los que pueden ser salvados, es señal de que estos que reciben la ayuda no son todavía santos» objeta Pedro.

«Pero tienen voluntad, al menos pasiva, de serlo. Los santos en Dios ayudan incluso en las necesidades materiales para hacer pasar a aquéllos de una voluntad pasiva a una activa. ¿Me comprendes?».

«Sí y no. Te pongo un ejemplo. Si yo estuviera en el Cielo y viera, vamos a suponerlo, un movimiento apenas perceptible de bondad en… digamos Elí el fariseo, ¿qué haría?».

«Echarías mano de todos los medios para aumentar sus movimientos buenos».

«¿Y si no sirviera para nada? ¿Después?».

«Después, una vez condenado, te desinteresarías de él».

«Y si, como sucede ahora, mereciera completamente la condenación, pero le estimase — cosa que no sucederá jamás —, ¿qué debería hacer?».

«En primer lugar has de saber que corres peligro de condenarte tú si dices que jamás le estimarás; en segundo lugar, has de saber que si estuvieras en el Cielo, formando unidad con la Caridad, pedirías por él, por su salvación, hasta el momento de su juicio. Habrá espíritus que serán salvados en el último momento, después de toda una vida de oración por ellos».

376.6

Entra un criado diciendo: «Ha venido Manahén. Quiere ver al Maestro».

«Que venga. Sin duda querrá hablar de cosas serias».

Las mujeres, discretas, se retiran; los discípulos las siguen. Pero Jesús llama a Isaac, al sacerdote Juan, a Esteban y a Hermas, y, de los pastores discípulos, a Matías y a José. «Conviene que lo oigáis también vosotros que sois discípulos» explica.

Entra Manahén y se inclina.

«La paz a ti» saluda Jesús.

«La paz a ti, Maestro. El Sol se está poniendo. Para ti el primer paso después del sábado, mi Señor».

«¿Has tenido una buena Pascua?».

«¿¡Buena!? ¡Nada bueno puede suceder donde están Herodes y Herodías! Espero haber comido por última vez el cordero con ellos. ¡A costa de la vida, no prolongo mi permanencia con ellos!».

«Creo que cometes un error. Puedes servir al Maestro quedándote…» objeta Judas Iscariote.

«Eso es verdad. Y es lo que hasta ahora me ha retenido. Pero, ¡qué náusea! Podría substituirme Cusa…».

Bartolomé le hace una observación: «Cusa no es Manahén. Cusa es… Sí. Se mueve entre dos aguas. No denunciaría jamás a su señor. Tú eres más franco».

«Eso es verdad. Y es verdad lo que dices. Cusa es el cortesano. Es sensible al hechizo de la realeza… ¡Realeza? ¡¿Qué estoy diciendo?! ¡Del fango regio! Pero se ve rey estando con el rey… Le acongoja la pérdida de la privanza del rey. La otra noche parecía un lebrel apaleado cuando, casi arrastrándose, se presentó ante Herodes, que le había llamado tras haber escuchado las quejas de Salomé, a la que Tú habías arrojado de tu presencia. Cusa estaba en un momento muy escabroso. El deseo de salvarse, a toda costa, incluso quizás acusándote a ti, criticándote, estaba escrito en su cara. Pero Herodes… Quería sólo reírse a espaldas de la muchacha, de la cual ya ha llegado un momento que siente náuseas, como también de la madre de ella. Y se reía como un desquiciado oyendo tus palabras dichas por Cusa. Repetía: “Demasiado, demasiado dulces todavía, para esa joven… (y dijo una palabra tan indecente que no te la digo). Habría debido pisotear sus entrañas insaciables… ¡Pero se habría contaminado!” y reía. Luego, poniéndose serio, dijo: “Pero… la afrenta, merecida por esa hembra, no se puede permitir para la corona. Yo soy magnánimo (está obsesionado con que lo es, y, dado que nadie se lo dice, pues se lo dice él a sí mismo) y perdono al Rabí, incluso considerando que ha dicho a Salomé la verdad. Pero quiero que venga a la Corte para perdonarle del todo. Quiero verle, oírle y hacerle obrar milagros. Que venga y yo me haré protector suyo”. Esto decía la otra noche. Y Cusa no sabía qué responder. No quería decirle que no al monarca. Por otra parte, no podía decirle que sí. Porque Tú, ciertamente, no puedes condescender con los caprichos de Herodes. Hoy me ha dicho a mí: “Tú que vas donde Él… Hazle saber mi voluntad”. La hago saber. Pero… ya sé la respuesta. De todas formas dímela, para poder transmitirla».

«¡No!». Un “no” que parece un rayo.

«¿No te crearás un enemigo demasiado fuerte?» pregunta Tomás.

«Y un verdugo también. Pero no puedo responder sino: “no”».

«Nos perseguirá…».

«Dentro de tres días ya no se acordará» dice Manahén encogiéndose de hombros. Y añade: «Le han prometido unas mimas… Llegan mañana… ¡Se olvidará de todo!…».

376.7

Vuelve el doméstico: «Señor — dice a Lázaro —, han venido Nicodemo, José, Eleazar y otros fariseos y jefes del Sanedrín. Quieren saludarte».

Lázaro mira a Jesús interrogativamente. Jesús comprende: «Que vengan. Los saludaré de buena gana».

Poco después entran: José; Nicodemo; Eleazar, aquel justo del banquete de Ismael; Juan, aquel del banquete, ya lejano en el tiempo, del de Arimatea; otro, que oigo que le llaman Josué; otro, Felipe; otro, Judas; el último, Joaquín. Saludos sin fin. Menos mal que la sala es grande… si no, ¿cómo habrían podido meter en ella tantas reverencias y tanto abrir de brazos y tantas ampulosidades? Pero, a pesar de ser grande, se llena tanto, que los discípulos deciden desaparecer. ¡Quizás no dan crédito al hecho de no estar bajo el fuego de tantas pupilas de miembros del Sanedrín! Se quedan solamente Lázaro y Jesús.

«Lázaro, sabemos que estás en Jerusalén. ¡Así que hemos venido!» dice el que tiene por nombre Joaquín.

«Me asombra y me alegra. Ya casi que no recordaba tu cara…» dice un poco irónico Lázaro.

«¡Hombre!… ya sabes… Queríamos venir. Pero… habías desaparecido…».

«¡Lo cual hubiera sido maravilloso! Efectivamente, es muy difícil visitar a un desdichado!».

«¡No! ¡No digas eso! Nosotros… respetábamos tu deseo. Pero ahora que… ahora que… ¿verdad Nicodemo?».

«Sí, Lázaro. Los viejos amigos vuelven. Incluso por el deseo de saber noticias tuyas y de venerar al Rabí».

«¿Qué noticias me traéis?».

«¡Mmm!… Las cosas de siempre… El mundo… Ya…» miran de reojo a Jesús, que está rígido en su asiento, un poco absorto.

376.8

«¿Y cómo es que estáis todos juntos hoy nada más terminar el sábado?».

«Ha habido una reunión extraordinaria».

«¡¿Hoy?! ¿Pues qué motivo había tan urgente?…».

Los recién llegados miran furtiva y significativamente a Jesús. Pero Él está absorto… «Muchos motivos…» responden luego.

«¿No tienen que ver con el Rabí?».

«Sí, Lázaro. También con Él. Pero también se ha juzgado un hecho grave, acaecido mientras estábamos todos reunidos en la ciudad por las fiestas…» explica José de Arimatea.

«¿Un hecho grave? ¿Cuál?».

«Un… un error de… juventud… ¡Mmm! ¡En fin! Una grave controversia… porque… Rabí, escúchanos. Estás entre personas honestas. No somos discípulos tuyos, pero tampoco somos enemigos. En casa de Ismael me dijiste que no estaba lejos de la justicia» dice Eleazar.

«Es verdad. Y lo confirmo».

«Y yo te defendí contra Félix en el banquete de José» dice Juan.

«Eso también es verdad».

«Y éstos piensan como nosotros. Hoy hemos sido llamados a decidir… y no estamos contentos de lo que se ha decidido. Porque se han salido con la suya la mayoría, que estaban contra nosotros. Escucha y juzga Tú, que eres más sabio que Salomón».

Jesús los perfora con su profunda mirada. Luego dice: «Hablad».

«¿Estamos seguros de que nadie nos oye? Porque es… una cosa horrenda…» dice el que se llama Judas.

«Cierra la puerta y corre la cortina, y estaremos en una tumba» le responde Lázaro.

376.9

«Maestro, ayer por la mañana dijiste a Eleazar de Anás que no se contaminara por ninguna razón. ¿Por qué se lo dijiste?» pregunta Felipe.

«Porque había que decirlo. Él se contamina, Yo no; los libros sagrados lo dicen».

«Es verdad. Pero ¿cómo sabes que se contamina? ¿Te habló quizás la joven antes de la muerte?» pregunta Eleazar.

«¿Qué joven?».

«La que ha muerto después de la violencia, y con ella su madre. Y no se sabe si las ha matado el dolor o si se han matado, o si las han matado con veneno para que no hablaran».

«Yo no sé nada de esto. Veía el alma depravada del hijo de Anás. Sentía su mal olor. Hablé. Ni sabía ni veía más cosas».

«¿Pero qué ha pasado?» pregunta Lázaro con interés.

«Ha pasado que Eleazar de Anás vio a una joven, hija única de una viuda, y… la atrajo a sí con el pretexto de encargarle un trabajo, porque para vivir hacían labores de costura, y… abusó de ella. La joven murió… tres días después, y con ella la madre. Pero, antes de morir, a pesar de las amenazas recibidas, dijeron todo a su único pariente… Y éste fue donde Anás con la acusación. Pero, no contento todavía, se lo dijo a José, a mí y a otros… Anás ha mandado que le arresten y le metan en la cárcel. De ahí pasará a la muerte, o no volverá a ser libre. Hoy Anás ha querido saber nuestra opinión» dice Nicodemo.

«No lo habría hecho, si no hubiera sabido que nosotros ya estábamos al corriente» masculla entre dientes José.

«Sí… Vamos que con una apariencia de votación, con una simulación de juicio, se ha decidido sobre el honor y la vida de tres desdichados y sobre la pena para el culpable» termina Nicodemo.

«¿Y entonces?».

«¡Pues entonces! ¡Es natural! Nosotros, que hemos votado por la libertad del hombre y el castigo de Eleazar, hemos sido amenazados y expulsados como personas injustas. ¿Tú qué opinas?».

«Que Jerusalén me produce náuseas, y que en Jerusalén el bubón más fétido es el Templo» dice pausada y terriblemente Jesús. Y termina: «Se lo podéis decir a los del Templo».

«¿Y Gamaliel qué ha hecho?» pregunta Lázaro.

«En cuanto oyó el hecho, se tapó la cara y salió diciendo: “Venga pronto el nuevo Sansón para acabar con los filisteos depravados”».

«¡Bien ha dicho! Pronto vendrá».

Un momento de silencio.

376.10

«¿Y de Él no se ha hablado?» pregunta Lázaro señalando a Jesús.

«¡Sí, claro! Antes que de ninguna otra cosa. Ha habido quien ha referido que calificaste de mezquino al reino de Israel. Por eso te han tachado de blasfemo; es más, de sacrílego. Porque el reino de Israel viene de Dios».

«¡¿Ah, sí?! ¿Y cómo ha llamado el Pontífice al violador de una virgen, al profanador de su ministerio? ¡Responded!» pregunta Jesús.

«Es el hijo del Sumo Sacerdote. Porque el verdadero rey allí dentro es Anás» dice, atemorizado por la majestuosidad de Jesús, Joaquín, que está frente a Él, alto, de pie, con el brazo extendido…

«Sí. El rey de la depravación. ¿Y queréis que no llame mezquino a un País en que tenemos un Tetrarca que es un sucio y un homicida y un Sumo Sacerdote cómplice de un violador y asesino?…».

«Quizás la joven se ha matado o ha muerto de dolor» susurra Eleazar.

«Asesinada, en cualquier caso, por su violador… ¿Y ahora no se hace una tercera víctima con el pariente, encarcelado para que no hable? ¿Y no se profana el altar acercándose a él con tantos delitos? ¿Y no se ahoga la justicia imponiendo silencio a los justos, demasiado escasos, del Sanedrín? ¡Sí, venga pronto el nuevo Sansón, y abata este lugar profanado; extermine para dar nueva salud!… Yo, a punto de vomitar, por la náusea que siento, no sólo llamo mezquino a este País desdichado, sino que me alejo de su corazón lleno de podredumbre, lleno de delitos sin nombre, cueva de Satanás… Me marcho. No por miedo a la muerte. Os demostraré que no tengo miedo. Me marcho porque no ha llegado mi hora y no doy perlas a los puercos de Israel, sino que se las llevo a los humildes, diseminados por las cabañas, por los montes, por los valles de los pueblos pobres. Lugares donde todavía se sabe creer y amar, si alguien lo enseña; lugares donde, bajo las toscas vestiduras hay espíritus. Aquí, por el contrario, las túnicas y mantos sagrados, y más todavía el efod y el racional[1], sirven para cubrir inmundas carroñas y para contener armas homicidas. Decid a éstos que en nombre del Dios verdadero los consagro a su condena, y, como nuevo Miguel, los arrojo del Paraíso. Y para siempre. Ellos que quisieron ser dioses y son demonios. No necesitan estar muertos para ser juzgados. Ya están juzgados. Y sin remisión».

376.11

Los miembros del Sanedrín y los fariseos, antes solemnes, se arrin­conan de tal forma, ante la tremenda ira de Cristo, que parecen hacerse pequeños. Jesús, por el contrario, parece hacerse un gigante, de tanto fulgor como hay en sus miradas y de tanta impetuosidad como hay en sus gestos.

Lázaro gime: «¡Jesús! ¡Jesús! ¡Jesús!»…

Jesús le oye, y, cambiando de tono y aspecto, dice: «¿Qué te sucede, amigo mío?».

«¡No! ¡No con ese aspecto terrible! ¡No eres ya el mismo! ¿Cómo se podrá tener esperanza en la misericordia, si te muestras tan terrible?».

«Y, no obstante, así estaré, y más todavía, cuando juzgue a las doce tribus de Israel. Pero, ten valor, Lázaro. Quien cree en Cristo ya ha sido juzgado…». Se sienta de nuevo.

Un momento de silencio.

Al final, Juan pregunta: «¿Y nosotros, por haber preferido los improperios a mentir en el ejercicio de la justicia, cómo seremos juzgados?».

«Con justicia. Perseverad y llegaréis a donde Lázaro ya ha llegado: a la amistad con Dios».

Se levantan.

«Maestro, nos marchamos. La paz a ti. Y a ti, Lázaro».

«La paz a vosotros».

Varios suplican: «Que lo que se ha dicho quede aquí».

«No temáis. Marchaos. Que Dios os guíe en todos los nuevos actos».

Salen.

Se quedan solos Jesús y Lázaro. Después de un poco, éste dice: «¡Qué horror!».

«Sí. ¡Qué horror!… Lázaro, voy a preparar la partida de Jerusalén. Seré huésped tuyo en Betania hasta el final de los Ácimos[2]». Y sale…


Notes

  1. tu m’as dit en 335.11, et je t’ai défendu en 114.5/6.
  2. l’éphod et le rational, mentionnés également en 114.7, 294.3, 509.4, 525.13 et 588.3, faisaient partie des vêtements sacerdotaux décrits en Ex 28 ; 39, 1-32. Le rational était un pectoral en forme de poche carrée, fixé à l’éphod, qui était un vêtement : « Moi seul porte le véritable rational sur lequel il est écrit : “ Doctrine et Vérité ”, dira Jésus à Caïphe en 604.14. (L’éphod était également le nom d’un instrument divinatoire, comme en Jg 8, 24-27).
  3. Michel est le nom du prince des anges qui figure en Dn 10, 13.21 ; 12.1. Il sera aussi mentionné en 405.4.
  4. des Azymes, ou plutôt de la fête des Azymes, qui commençait à la Pâque et durait une semaine, pendant laquelle il n’était permis de manger que du pain azyme, c’est-à-dire sans levain, comme le prescrit Ex 12, 15-20 ; 13, 3-7 ; 23, 15.

Notas

  1. el efod y el racional formaban parte de la vestimenta sacerdotal, descrita en Éxodo 28; 39,1-32. El racional era un pectoral en forma de bolsa cuadrada, prendida en el efod, que era un indumento. Efod era también el nombre de un instrumento de adivinación, como en Jueces 8, 24-27.
  2. de los Ácimos, o sea, de la fiesta de los Ácimos, que comenzaba con la Pascua y duraba una semana, durante la cual se permitía comer sólo pan ácimo, es decir, no fermentado, como está escrito en Éxodo 12, 15-20; 13, 3-7.