Los Escritos de Maria Valtorta

387. A Galgala.

387. En Guilgal. El mendigo Ogla

387.1

Je ne sais pas comment est Galgala actuellement. Au moment où Jésus y entre, c’est une ville ordinaire de Palestine, assez peuplée, située sur une colline peu élevée, couverte principalement de vignes et d’oliviers. Mais le soleil y est si fort que les blés aussi peuvent y trouver place, semés au hasard sous les arbres ou entre les rangs de vignes. Et ils mûrissent malgré les feuillages parce qu’ils sont rôtis à souhait par le soleil qui déjà se ressent du voisinage du désert.

Tout n’est que poussière, brouhaha, saleté, confusion de jour de marché. Inévitables comme le destin, les habituels pharisiens et scribes zélés et non convaincus, discutent doctoralement avec de grands gestes dans le meilleur coin de la place et font semblant de ne pas voir Jésus ou de ne pas le connaître.

Jésus va tout droit prendre son repas sur une petite place secondaire, presque à la périphérie, tout ombragée par un enchevêtrement de branches d’arbres de toutes espèces. J’ai l’impression qu’il s’agit d’une partie de la montagne qui fait partie depuis peu de l’agglomération et qui garde encore le souvenir de son état naturel.

387.2

Pendant que Jésus mange du pain et des olives, la première personne à s’approcher de lui est un homme déguenillé. Il demande un peu de pain. Jésus lui passe le sien avec toutes les olives qu’il a en main.

« Et toi, Maître ? Nous n’avons plus d’argent, tu le sais » fait remarquer Pierre. « Nous avons tout laissé à Ananias… »

– Peu importe. Je n’ai pas faim. Mais soif, si… »

Le mendiant dit :

« Là derrière, il y a un puits. Mais pourquoi m’as-tu tout donné ? Tu pouvais garder la moitié de ton pain… Si tu n’éprouves pas de dégoût à le reprendre…

– Mange, mange. Moi, je puis m’en passer. Mais pour que tu ne penses pas que j’éprouve du dégoût, donne-moi de tes mains une seule bouchée et je la mangerai pour être ton ami… »

Le visage triste et sombre de l’homme s’éclaire d’un sourire étonné :

« C’est la première fois, depuis que je suis le pauvre Ogla, que quelqu’un me dit qu’il veut être mon ami ! » et il donne une bouchée de pain à Jésus. Puis il demande : « Qui es-tu ? Comment t’appelles-tu ?

– Je suis Jésus de Nazareth, le Rabbi de Galilée.

– Ah !… J’ai entendu par d’autres parler de toi… Mais… n’es-tu pas le Messie ?…

– Je le suis.

– Et toi, le Messie, tu es si bon avec les mendiants ? Le Tétrarque nous fait battre par ses serviteurs s’il nous voit sur sa route…

– Moi, je suis le Sauveur. Je ne bats pas : j’aime. »

L’homme le regarde fixement. Puis il se met à pleurer doucement.

« Pourquoi ces larmes ?

– Parce que… je voudrais être sauvé…

387.3

Tu n’as plus soif, Seigneur ? Je pourrais te conduire au puits et te parler… »

Jésus comprend que l’homme veut avouer quelque chose, et il se lève en disant :

« Allons.

– Je viens moi aussi ! déclare vivement Pierre.

– Non. Je reviens tout de suite, du reste… Et il faut respecter l’homme qui se repent. »

Il part avec l’homme derrière une maison au-delà de laquelle s’étend la campagne.

« Le puits est là… Bois, puis écoute-moi.

– Non, homme. Déverse d’abord en moi ta peine et ensuite… je boirai. Il se peut même que je trouve pour ma soif une eau plus douce que celle du sol.

– Laquelle, Maître ?

– Ton repentir. Allons sous ces arbres. Ici, les femmes nous observent. Viens. »

Il lui met la main sur l’épaule et le pousse vers un massif d’oliviers.

– Comment sais-tu que je suis coupable et que je me repens ?

– Ah !… Mais parle et n’aie pas peur de moi.

387.4

– Seigneur… Nous étions sept frères d’un même père, mais moi j’étais né d’une femme que mon père avait épousée, une fois veuf. J’étais haï par les six autres. En mourant, notre père nous laissa à tous des parts égales. Mais quand il fut mort, les six autres, en corrompant les juges, m’enlevèrent tout mon bien. Ils nous chassèrent, ma mère et moi, avec des accusations infâmes. Elle mourut de privations quand j’avais seize ans… Dès lors, je n’ai plus eu personne pour m’aimer… »

L’homme pleure d’accablement. Puis il se reprend et poursuit :

« Mes six frères, riches et heureux, connaissaient la prospérité — grâce aussi à mes biens —, alors que, moi, je mourais de faim, car j’étais tombé malade en assistant ma mère épuisée… Mais Dieu les a frappés l’un après l’autre. Je les ai tant maudits, tant haïs, qu’ils ont été victimes du sortilège. Est-ce que je faisais mal ? Certainement. Je le sais, et je le savais. Mais comment aurais-je pu ne pas les haïr et les maudire ? Le dernier, qui était en réalité le troisième par rang d’âge, résistait à toutes les malédictions. Il prospérait même, grâce aux biens des cinq autres. Il avait hérité légitimement des trois plus jeunes, morts non mariés, puis il avait épousé la veuve du premier, décédé sans enfants. Par des prêts et des ruses, il avait frauduleusement soustrait une bonne part de la succession du deuxième à sa veuve et aux orphelins. Quand il me croisait par hasard sur les marchés, où je me rendais comme serviteur d’un riche pour vendre des denrées, il m’insultait et me frappait… Un soir, je l’ai rencontré… J’étais seul, il était seul. Lui était un peu ivre de vin… Et moi, j’étais ivre de souvenirs et de haine… Il y avait dix ans que ma mère était morte… Il m’insulta, en injuriant la morte… Il la traita de “ chienne immonde ” et il m’appela “ fils de la hyène…” Seigneur, s’il n’avait pas touché ma mère… je l’aurais supporté. Mais il l’a insultée… Je l’ai pris au collet. Nous nous sommes battus… Je voulais seulement le frapper… Mais il est tombé à terre… Le sol était couvert d’une herbe glissante, en pente… et, dessous, il y avait un ravin et un torrent… ivre comme il l’était, il a roulé et il est tombé… On le cherche encore depuis toutes ces années… Mais il est enseveli dans les pierres et le sable d’un torrent du Liban. Moi, je ne suis plus retourné chez mon maître, et lui n’est plus revenu à Césarée Panéade. J’ai marché sans paix… Ah ! la malédiction de Caïn ! Peur de vivre… et peur de mourir… Je suis tombé malade… Puis… j’ai entendu parler de toi… Mais j’avais peur… On disait que tu voyais dans le cœur de l’homme. Et les rabbis d’Israël sont si méchants !… Ils ne connaissent pas la pitié… Toi, Rabbi des rabbis, tu étais ma terreur… Et je fuyais devant toi. Pourtant, je voudrais être pardonné… »

Il pleure, affaissé sur le sol…

387.5

Jésus le regarde et murmure :

« Prenons sur moi ces péchés également !… Ecoute, mon fils : je suis la pitié, pas la terreur. C’est pour toi aussi que je suis venu. N’aie pas honte de moi… Je suis le Rédempteur. Tu veux être pardonné ? De quoi ?

– De mon crime. Pourquoi me le demander ? J’ai tué mon frère.

– Tu as dit : “ Je voulais seulement le frapper ”, parce que, à ce moment-là, tu étais offensé et irrité. Mais quand tu haïssais et maudissais, non pas un, mais six frères, tu n’étais pas offensé et irrité. Tu le faisais comme tu respirais, spontanément. La haine et la malédiction, la joie de les voir frappés, c'était ton pain spirituel, n’est-ce pas ?

– Oui, Seigneur. Pendant dix ans, ce fut mon pain.

– Eh bien, en réalité, tu as commencé ton plus grand crime à partir du moment où tu as haï et maudit. Tu es six fois homicide de tes frères.

– Mais, Seigneur, ils m’avaient ruiné et détesté… Et ma mère était morte de faim…

– Tu veux dire que tu avais raison de te venger ?

– Oui. C’est ce que je pense.

– Tu as tort. Il y avait Dieu pour punir. Toi, tu devais aimer. Et Dieu t’aurait béni sur la terre et au Ciel.

– Il ne me bénira donc jamais ?

– Le repentir ramène la bénédiction. Mais que de douleurs, que d’angoisses tu as rencontrées ! Par ta haine tu t’en es attiré beaucoup plus que ne l’ont fait tes frères !…

– C’est vrai ! C’est vrai ! Une horreur qui dure depuis vingt-six ans. Ah, pardonne-moi, au nom de Dieu. Tu vois que j’éprouve la douleur de ma faute ! Je ne demande rien pour ma vie. Je suis mendiant et malade. Je veux rester tel, souffrir, expier. Mais donne-moi la paix de Dieu ! J’ai fait des sacrifices au Temple en souffrant de la faim, pour accumuler la somme nécessaire pour l’holocauste. Mais je ne pouvais parler de mon crime, et je ne sais pas si mon sacrifice a été accepté.

– Nullement. Même si chaque jour tu en avais consommé un, à quoi aurait-il servi si tu mentais en l’offrant ? Un rite qui n’est pas précédé du sincère aveu de la faute est superstitieux et inutile. C’est une faute ajoutée à une faute, et donc encore plus qu’inutile : c’est une offrande sacrilège. Qu’avouais-tu au prêtre ?

– Je disais : “ J’ai péché par ignorance en faisant des choses interdites par le Seigneur et je veux expier. ” Je pensais : “ Je sais en quoi j’ai péché, et Dieu le sait. Mais je ne peux le dire clairement à l’homme. Dieu, qui voit tout, sait que je pense à mon péché. ”

– Restrictions mentales, échappatoires indignes ! Le Très-Haut les hait. Quand on pèche, on expie. Ne fais plus cela.

– Non, Seigneur. Et serai-je pardonné ? Ou dois-je aller tout avouer ? Payer de ma vie la vie que j’ai prise ? Il me suffit de mourir avec le pardon de Dieu.

– Vis pour expier. Tu ne pourrais pas rendre son mari à la veuve et leur père aux enfants… Avant de tuer, avant de laisser la haine s’emparer de nous, il faudrait réfléchir ! Mais lève-toi et marche sur ton nouveau chemin. Sur ta route, tu trouveras certains de mes disciples. Les monts de Judée, si tu vas de Tecua à Bethléem, et au-delà vers Hébron, sont certainement parcourus par eux. Dis-leur que Jésus t’envoie et préviens-les qu’avant la Pentecôte, il remontera vers Jérusalem en passant par Beth-Çur et Béther. Demande Elie, Joseph, Lévi, Mathias, Jean, Benjamin, Daniel, Isaac. Te rappelleras-tu ces noms ? Adresse-toi à eux particulièrement. Maintenant allons…

– Tu ne bois pas ?

– J’ai bu tes larmes. Une âme qui revient à Dieu ! Il n’y a rien de plus réconfortant pour moi.

– Je suis pardonné, alors ? Tu dis : “ Qui revient à Dieu ”…

– Oui. Tu es pardonné. Et ne hais jamais plus. »

L’homme, qui s’était redressé, s’incline de nouveau et il baise les pieds de Jésus.

387.6

De retour auprès des apôtres, ils les trouvent en grande discussion avec des scribes.

« Voici le Maître. Il peut vous répondre et vous dire, lui, que vous êtes pécheurs.

– Que se passe-t-il ? demande Jésus, dont la salutation déférente reste sans réponse.

– Maître, ils nous vexent avec leurs questions et leurs moqueries…

– Supporter les tourments, c’est faire œuvre de miséricorde.

– Mais c’est toi qu’ils offensent ! Ils font de toi un objet de mépris… et les gens hésitent. Tu vois ? Nous avions réussi à rassembler quelques personnes… Maintenant qui reste-t-il ? Deux ou trois femmes…

– Oh, non ! Vous avez aussi un homme, un homme crasseux ! C’est encore trop pour vous ! Seulement, Maître, n’as-tu pas l’impression de te contaminer, toi qui dis toujours que les saletés te dégoûtent ? raille un jeune scribe en montrant le mendiant qui se tient à côté de Jésus.

– Il n’est pas sale. Il n’a pas la saleté qui me répugne. Lui, c'est “ le pauvre ”. Le pauvre ne me rebute pas. Sa misère doit seulement ouvrir l’âme à des sentiments de pitié fraternelle. J’éprouve de la répulsion devant les misères morales, des cœurs empuantis, des âmes en lambeaux, des esprits couverts de plaies.

– Et tu sais si lui ne l’est pas ?

– Je sais qu’il croit et espère en Dieu et en sa miséricorde, maintenant qu’il l’a connue.

– Connue ? Où habite-t-elle ? Dis-le-nous, pour que nous puissions, nous aussi, y aller et voir son visage. Ah ! le Dieu terrible, que Moïse n’osait pas regarder, doit avoir une bien terrible face malgré sa miséricorde, même si sa rigueur s’est adoucie après tant de siècles ! » réplique le jeune scribe.

Et il part d’un grand rire, qui est plus négateur qu’un blasphème.

« Moi qui te parle, je suis la Miséricorde de Dieu ! » s’écrie Jésus.

Il s’est dressé, et fulgurante est la puissance de son regard et de son geste. Je ne sais pas comment l’autre n’a pas peur…

Cependant, même s’il ne fuit pas, il n’ose plus continuer ses sarcasmes et se tait. Mais un autre le remplace :

« Ah ! que de paroles inutiles ! Nous voudrions seulement pouvoir croire. Nous ne demanderions pas mieux. Mais, pour croire, il faut avoir des preuves.

387.7

Maître, sais-tu ce qu’est Galgala pour nous ?

– Me prends-tu pour un ignare ? » réplique Jésus.

Et sur le ton de la psalmodie, lent, un peu traînant, il commence[1] :

« “ Josué leva le camp de bon matin, et partit de Shittim avec tous les Israélites. Ils allèrent jusqu’au Jourdain. Au bout de trois jours, les hérauts parcoururent le camp en criant : ‘ Quand vous verrez l’Arche de l’Alliance du Seigneur votre Dieu, portée par les prêtres de la race de Lévi, partez vous aussi et suivez-la. Qu’il y ait entre vous et l’Arche un espace de deux mille coudées, afin que vous puissiez voir de loin et savoir quel chemin prendre, car vous n’y êtes jamais passés… ’ ”

– Assez ! Assez ! Tu connais la leçon. Eh bien, pour croire, nous voudrions obtenir de toi un pareil prodige. Au Temple, à la Pâque, on nous a rebattu les oreilles de la nouvelle apportée par un passeur, selon laquelle tu as arrêté le fleuve en crue[2]. Donc, si tu as tant fait pour un individu quelconque, pour nous, qui valons tellement plus qu’un passeur, fais le miracle de descendre dans le Jourdain avec tes disciples et de le passer à pied sec comme Moïse à la Mer Rouge et Josué à Galgala. Allons ! Les sortilèges ne servent que pour les ignorants. Mais nous, nous ne serons pas séduits par ta nécromancie, bien que toi, tout le monde le sait, tu connaisses les secrets de l’Egypte et les formules magiques.

– Je n’en ai pas besoin.

– Descendons au fleuve et nous croirons en toi.

– Il est écrit[3] : “ Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu ” !

– Tu n’es pas Dieu ! Tu es un pauvre fou. Tu es un homme qui soulève les foules ignorantes. Avec elles, c’est facile, car tu as Belzébuth avec toi. Mais avec nous, qui sommes pourvus des insignes d’exorcistes, tu es moins que rien, lance un scribe sur un ton agressif.

– Ne l’offense pas ! Prie-le de nous satisfaire. En le traitant comme tu le fais, il s’avilit et perd sa puissance. Allons, Rabbi de Nazareth ! Donne-nous une preuve et nous t’adorerons » dit un vieux scribe, rusé comme un serpent, dont les flatteries tortueuses révèlent plus d’hostilité que la férocité déclarée des autres.

Jésus le regarde. Puis il se tourne vers le sud-ouest et ouvre les bras en les tendant en avant. Il dit :

« Là-bas se trouve le désert de Juda et l’Esprit du Mal m’y a demandé de tenter le Seigneur mon Dieu. J’ai répondu : “ Arrière, Satan ! Il est écrit que Dieu doit être adoré, et non tenté. Et il faut pour le suivre dépasser la chair et le sang.” C’est ce que je vous réponds à vous aussi.

– C'est à nous que tu donnes le nom de Satan ? A nous ? Ah ! Maudit ! »

Plus semblables à des voyous qu’à des docteurs de la Loi, ils ramassent alors des pierres éparses sur le sol pour le frapper, et crient :

« Va-t’en ! Va-t’en ! Maudit sois-tu éternellement ! »

Jésus les dévisage, sans peur. Il paralyse leur geste sacrilège, ramasse son manteau et dit :

« Allons ! Homme, marche devant moi. »

Puis il revient vers le puits, vers l’oliveraie de la confession, et y pénètre… Accablé, il baisse la tête tandis que deux larmes qu’il ne peut retenir roulent de ses paupières sur son visage pâle.

387.8

Ils arrivent à une route. Jésus s’arrête et dit au mendiant :

« Je ne peux te donner de l’argent : je n’en ai pas. Je te bénis. Adieu. Fais ce que je t’ai dit. »

Ils se séparent…

Les apôtres sont affligés. Ils se taisent. Ils se regardent par dessous…

Jésus rompt le silence en reprenant le ton du psaume interrompu par le scribe :

« “ Et le Seigneur dit à Josué : ‘ Désigne douze hommes, un par tribu, et fais leur prendre au milieu du lit du Jourdain, à l’endroit où se sont posés les pieds des prêtres, douze pierres très dures que vous érigerez à l’endroit des campements, là où vous planterez les tentes cette nuit. ’ Josué appela les douze hommes choisis parmi les fils d’Israël, un par tribu, et leur ordonna : ‘ Passez devant l’Arche du Seigneur votre Dieu au milieu du Jourdain et que chacun de vous prenne sur son épaule une pierre, selon le nombre des fils d’Israël, pour en faire un monument au milieu de vous. Et quand, à l’avenir, vos fils vous demanderont : Que signifient ces pierres ?, vous leur répondrez : Les eaux du Jourdain disparurent devant l’Arche de l’Alliance du Seigneur lorsqu’elle les a traversées, et ces pierres furent placées comme mémorial éternel des fils d’Israël ’ ”. »

Jésus relève la tête, qu’il tenait baissée. Il tourne les yeux vers les douze qui le regardent et dit sur un autre ton, avec sa voix des moments de plus grande tristesse :

« L’Arche est entrée dans le fleuve. Et ce ne furent pas les eaux, mais les Cieux qui s’ouvrirent[4] par respect pour le Verbe qui s’y tenait pour les sanctifier, les rendre plus saintes qu’elles ne le furent grâce à l’Arche arrêtée dans le lit du fleuve. Et le Verbe s’est choisi douze pierres, des pierres très dures, car elles doivent subsister jusqu’à la fin du monde. Elles serviront de fondations au Temple nouveau et à la Jérusalem éternelle. Douze : souvenez-vous-en. C’est le nombre voulu. Puis il en a choisi douze autres pour un second témoignage : les premiers disciples bergers, Abel le lépreux et Samuel l’estropié, les premiers guéris… et reconnaissants… Une autre raison de la dureté de ces pierres, c’est qu’elles devront résister aux coups d’Israël qui hait Dieu !… Qui hait Dieu !… »

Quelle voix déchirée, affaiblie, presque blanche a Jésus pleurant sur la rigidité d’Israël… Il reprend :

« Dans le fleuve, les siècles et l’homme ont éparpillé les pierres du mémorial… Sur la terre, la haine éparpillera mes douze apôtres. Sur les rives du fleuve, les siècles et les hommes ont détruit l’autel du souvenir… Les premières et les secondes pierres, qui ont servi à tous les usages à cause de la haine des démons — qui ne sont pas seulement en enfer mais aussi dans les hommes —, ne sont plus reconnaissables. Certaines ont même été utilisées pour tuer. Et qui m’assure qu’il n’y avait pas, dans les pavés lancés contre moi, quelque éclat des pierres très dures choisies par Josué ? Très dures ! Ennemies ! Oui, très dures ! Même parmi mes disciples, il y en aura qui, une fois séparés, serviront de trottoir aux démons qui marchent sur moi… et se feront cailloux pour me frapper ; ils ne seront plus les pierres choisies… mais les satans… Ah ! Jacques, mon frère ! Israël est bien rude envers son Seigneur ! »

Et, chose jamais vue, Jésus, accablé par je ne sais quel découragement qui le domine, se penche sur l’épaule de Jacques, fils d’Alphée, et l’embrasse en pleurant…

387.1

No sé cómo será ahora Guilgal. En este momento en que entra Jesús, es como una de las tantas ciudades palestinas. Bastante poblada, construida sobre un collado poco alto y cubierto, por lo general, de viñas y olivos. Pero el Sol domina tanto aquí, que también los cereales pueden encontrar un lugar, sembrados al azar, bajo los árboles o entre las hileras de vides; y maduran, a pesar de las frondas, porque los tuesta bien este sol que ya evoca el cercano desierto.

Polvo, rumor de voces, suciedad, confusión de día de mercado. Y, como el destino, inexorables, los consabidos escrupulosos fariseos y escribas, que con vistosos gestos polemizan y conversan con aire de sabios en el mejor ángulo de la plaza, y que fingen no ver a Jesús, o no conocerle.

Jesús continúa recto. Va a comer a una placita secundaria, casi de la periferia, toda umbrosa debido al entrelazado de ramas que forman los árboles (árboles de todo tipo). Mi impresión es que se trata de una parte de monte incluida hace poco en el poblado y que conserva todavía ese recuerdo de su estado natural.

387.2

El primero que se acerca a Jesús, que está comiendo pan y aceitunas, es un hombre andrajoso. Pide un poco de pan. Jesús le da el suyo y todas las aceitunas que tiene en la mano.

«¿Y Tú? Ya sabes que no tenemos cuartos, ¿no?…» observa Pedro. «Hemos dejado todo a Ananías…».

«No importa. No tengo hambre. Sed, sí…».

El mendigo dice: «Aquí detrás hay un pozo. Pero, ¿por qué me has dado todo? Podías haberme dado la mitad de tu pan… Si no te da asco tomarlo de nuevo…».

«Come, come. Puedo pasar sin él. Pero, para quitarte esa sospecha de que tengo asco de ti, dame con tus manos un solo bocado; me lo comeré para ser tu amigo…».

El hombre, de rostro triste y deslucido, se reviste de la belleza de una sonrisa de admiración, y dice: «¡Es la primera vez, desde que soy el pobre Ogla, que uno me dice que quiere ser amigo mío!», y da el pedazo de pan a Jesús. Y pregunta: «¿Quién eres? ¿Cómo te llamas?».

«Soy Jesús de Nazaret, el Rabí de Galilea».

«¡Ah!… He oído por otros hablar de ti… Pero… ¿no eres el Mesías?…».

«Lo soy».

«Y Tú, el Mesías, ¿eres tan bueno con los mendigos? El Tetrarca manda a sus siervos que nos peguen si nos encuentra en su camino…».

«Yo soy el Salvador. No pego. Amo».

El hombre le mira muy fijamente. Luego empieza a llorar lentamente.

«¿Por qué lloras?».

«Porque… querría ser salvado…

387.3

¿Ya no tienes sed, Señor? Te llevaría hasta el pozo y hablaría contigo…».

Jesús intuye que el hombre quiere confesar algo. Se levanta y dice: «Vamos».

«¡Voy yo también!» reacciona Pedro.

«No. Además… vuelvo en seguida… Y debemos sentir estima por los que se arrepienten».

Va con el hombre detrás de una casa a partir de la cual ya empiezan los campos.

«Allí está el pozo… Bebe y luego escúchame».

«No, hombre. Vierte antes en mí tu preocupación… Luego beberé. Quizás hallo una fuente aún más dulce que el agua del suelo para mi sed».

«¿Cuál, Maestro?».

«Tu arrepentimiento. Vamos debajo de aquellos árboles. Aquí las mujeres nos observan. Ven» y le pone la mano en el hombro y le mueve hacia una espesura de olivos.

«¿Cómo sabes que tengo culpas y que estoy arrepentido?».

«¡Habla, hombre! Y no tengas miedo de mí».

387.4

«Señor… Éramos siete hermanos de un solo padre, pero yo había nacido de la mujer con que mi padre se había casado cuando se quedó viudo. Y los otros seis me odiaban. Mi padre, al morir, dividió entre todos por igual. Pero, una vez fallecido, sobornando a los jueces, los seis me despojaron de todo y nos expulsaron a mí y a mi madre con acusaciones infames. Ella murió cuando yo tenía dieciséis años… Murió a causa de la penuria… Desde entonces no he tenido a nadie que me amara…»; llora con ahogo.

Toma nuevas fuerzas y continúa: «Los seis, ricos y felices, prosperaban sirviéndose también de lo mío, y yo me moría de hambre, porque me había puesto enfermo asistiendo a mi agotada madre… Pero Dios los castigó, uno a uno. Los maldije tanto, los odié tanto, que se abatió sobre ellos el maleficio. ¿Hice mal? Sí, sin duda. Lo sé. Y lo sabía. Pero, ¿cómo podía no odiarlos y maldecirlos? El último, que en realidad era el tercero, resistía contra todas las maldiciones; es más, prosperaba con los bienes de los otros cinco, que había tomado: legítimamente respecto a los tres más pequeños, que habían muerto sin dejar mujer, casándose con la mujer del primogénito, que había muerto sin dejar hijos; fraudulentamente respecto al segundo, habiendo adquirido, con engaños y préstamos, de la viuda y de los huérfanos, buena parte de los bienes del padre. Y, cuando me encontraba de casualidad en los mercados a donde yo iba, como siervo de un rico, a vender alimentos, me insultaba y me pegaba… Una noche me encontré con él… Yo estaba solo; él también, y un poco embriagado de vino… yo, embriagado de recuerdos y odio… Habían pasado diez años desde el día en que había muerto mi madre… Me insultó, e insultó a la muerta… La llamó “perra inmunda” y a mí me llamó “hijo de hiena…”. Señor… si no hubiera tocado a mi madre… habría soportado. Pero la insultó… Le agarré por el cuello. Luchamos… Quería solamente pegarle… Pero resbaló y cayó al suelo… y la tierra estaba cubierta de hierba resbaladiza, en pendiente… y abajo había un barranco y un torrente… Rodó — estaba borracho —, y cayó… Después de tantos años, todavía le buscan… Pero está debajo de las rocas y de la arena de uno de los torrentes del Líbano. Yo no volví donde mi patrón. Y él no volvió a Cesarea Paneas. Yo me alejé, sin paz… ¡La maldición de Caín! Miedo a la vida… miedo a la muerte… Enfermé… Y luego… oí hablar de ti… Pero tenía miedo… Decían que veías el interior de los corazones. ¡Y son tan malos los rabíes de Israel!… No conocen la piedad… Tú, Rabí de los rabíes, eras mi terror… Y huía de ti. Y, no obstante, querría ser perdonado…». Llora echado en el suelo…

387.5

Jesús le mira y susurra: «¡Carguemos sobre mí también estos pecados!… ¡Hijo! Escucha. Yo soy la Piedad, no el terror. También he venido para ti. No te acobardes ante mí… Soy el Redentor. ¿Quieres ser perdonado? ¿De qué?».

«De mi delito. ¿Me lo preguntas? He matado a mi hermano».

«Has dicho: “Quería sólo pegarle”, porque en ese momento te sentías herido y airado. Lo hacías como el respirar: espontáneamente. El odio y la maldición, la alegría cuando veías su castigo era tu pan espiritual, ¿no es verdad?».

«Sí, Señor. Mi pan durante diez años».

«Pues bien, en realidad tu mayor delito lo empezaste desde el momento en que odiaste y maldijiste. Eres seis veces homicida de tus hermanos».

«Pero Señor, me habían arruinado y odiado… Y mi madre había muerto de hambre…».

«¿Quieres decir que tenías razón en vengarte?».

«Sí. Quiero decir esto».

«No tienes razón. Para castigar estaba Dios, tú debías amar. Y Dios te habría bendecido en la Tierra y en el Cielo».

«¿Entonces ya no me va a bendecir nunca?».

«El arrepentimiento atrae de nuevo la bendición. ¡Pero, cuánto dolor, cuanta angustia te has causado con tu odio! Mucho más de cuanto te causaban tus hermanos…».

«¡Es verdad! ¡Es verdad! Un horror que dura ya desde hace veintiséis años. ¡Perdóname en nombre de Dios! Tú eres testigo de mi dolor por el pecado. No pido nada para mi vida. Soy un mendigo y un enfermo. Quiero seguir así y sufrir y expiar. ¡Pero dame la paz de Dios! He hecho sacrificios en el Templo, padeciendo hambre para acumular la suma para el holocausto. Pero no podía manifestar mi delito, y no sé si habrá sido grato mi sacrificio».

«Nulo. Aunque todos los días hubieras ofrecido uno, ¿de qué te servía, cuando lo inmolabas con falsedad? El rito que no va precedido de una sincera confesión del pecado es supersticioso e inútil. Una culpa añadida a otra culpa, y, por tanto, aún más que inútil. Ofrenda sacrílega. ¿Qué le decías al sacerdote?».

«Decía: “Quiero expiar, porque he pecado por ignorancia haciendo cosas que el Señor ha prohibido”. Yo pensaba: “Sé en qué he pecado, y Dios también lo sabe. Pero al hombre no le puedo hablar con claridad. Dios, que ve todo, sabe que pienso en mi pecado”».

«Restricciones mentales, escapatorias indignas. El Altísimo odia estas cosas. Cuando se peca, se expía. No lo vuelvas a hacer».

«No, Señor. ¿Y seré perdonado? ¿O debo ir a confesar todo? ¿Pagar con la vida la vida que tomé? Me basta morir con el perdón de Dios».

«Vive para expiar. No podrías devolver el marido a la viuda, ni el padre a los hijos… ¡Antes de matar, antes de dejar que el odio se haga nuestro amo, habría que pensar! Pero levántate, y camina por la nueva vía. Encontrarás en tu camino a algunos discípulos míos. Ellos recorren los montes de Judea, si vas de Tecua a Belén, y más allá, hacia Hebrón. Diles que te manda Jesús y que dice que antes de Pentecostés subirá hacia Jerusalén, pasando por Betsur y Béter. Pregunta por Elías, José, Leví, Matías, Juan, Benjamín, Daniel, Isaac. ¿Te acordarás de estos nombres? Dirígete especialmente a ellos. Ahora vamos…».

«¿Y no bebes?».

«He bebido tu llanto. ¡Un alma que vuelve a Dios! No hay para mí refrigerio mejor».

«¡¿Entonces estoy perdonado?! Dices: “Vuelve a Dios”…».

«Sí. Estás perdonado. Y no vuelvas a odiar nunca».

El hombre se agacha de nuevo, porque se había puesto de pie, y besa los pies de Jesús».

387.6

Vuelven donde los apóstoles y los encuentran disputando con algunos escribas.

«Ahí está el Maestro. Él os puede responder y decir que sois pecadores».

«¿Qué sucede?» pregunta Jesús, con un saludo deferente que no halla respuesta.

«Maestro, nos están humillando con preguntas y burlas…».

«Soportar las molestias es obra de misericordia».

«Pero te están ofendiendo a ti. Te hacen objeto de burla… y la gente titubea. ¿Ves? Habíamos logrado reunir a unas personas… ¿Ahora quién queda? Dos o tres mujeres…».

«¡No, no, tenéis también a un hombre, a un hombre repugnante! ¡Y es demasiado incluso para vosotros! Sólo una cosa, Maestro: ¿No te parece que te contaminas demasiado, Tú que dices siempre que te estremecen las cosas inmundas?» dice con mofa un escriba joven, señalando al mendigo que está al lado de Jesús.

«Éste no es inmundicia. Esta miseria no me estremece. Éste es “el pobre”. El pobre no repugna. Su miseria debe solamente abrir el alma a sentimientos de piedad fraterna. Lo que me estremece son las miserias morales de los corazones hediondos, de las almas harapientas, de los espíritus llagados».

«¿Y Tú sabes si él no es de éstos?».

«Sé que cree y espera en Dios y en su misericordia, ahora que la ha conocido».

«¿Conocido? ¿Y dónde vive? Dilo, para ir también nosotros a ver su rostro. ¡Ja, ja! ¡El Dios terrible, al que Moisés no se atrevía a mirar, debe tener un rostro no poco terrible incluso en la misericordia, aun cuando se hubiera suavizado su rigor después de tantos siglos!» rebate el joven escriba, y se ríe con una risa más opugnadora que una blasfemia.

«¡Yo, que te estoy hablando, soy la Misericordia de Dios!» grita Jesús, erguido e irradiando poder a través de sus ojos y su gesto.

No me explico cómo el otro no tiene miedo… De todas formas, aunque no huya, no se atreve a seguir haciendo sarcasmos y se calla, mientras otro le reemplaza: «¡Oh, cuántas palabras inútiles! Nosotros quisiéramos sólo poder creer. No pediríamos nada mejor. Pero para creer hay que tener pruebas.

387.7

Maestro, ¿sabes lo que es Guilgal para nosotros?».

«¿Me crees un ignorante?» dice Jesús. Y, tomando tono de salmo, lento, un poco espacioso, empieza: «“Y Josué[1], habiéndose alzado antes del alba, levantó el campamento. Partieron de Setim él y todos los hijos de Israel, y llegaron al Jordán, donde se detuvieron tres días, al final de los cuales los heraldos recorrieron el campamento gritando: ‘Cuando veáis el Arca de la Alianza del Señor Dios vuestro y a los sacerdotes de la estirpe de Leví llevándola, partid también vosotros y seguidlos. Pero entre vosotros y el Arca ha de haber un trecho de dos mil codos, para que podáis ver desde lejos y distinguir el camino por donde debéis andar, pues no habéis pasado nunca y…’”».

«¡Basta, basta! Sabes la lección. Ahora bien, nosotros querríamos de ti, para creer, un milagro igual. En el Templo, en la Pascua, nos quedamos maravillados por la noticia que traía un barquero de que habías calmado la corriente del río crecido[2]. Pues bien, si por un hombre cualquiera hiciste tanto, por nosotros — mucho más que un hombre — baja al Jordán con los tuyos y atraviésalo a pie enjuto, como Moisés el Mar Rojo y Josué en Guilgal. ¡Ánimo! Los sortilegios sirven sólo para los ignorantes. A nosotros no nos seducirá tu nigromancia, aunque conozcas — y esto es sabido — los secretos de Egipto y las fórmulas mágicas».

«No tengo necesidad de ello».

«Bajemos al río y creeremos en ti».

«¡Está escrito: “No tientes al Señor tu Dios”!».

«¡Tú no eres Dios! Eres un pobre loco. Eres un agitador de las masas ignorantes. Con ellas es fácil, porque Belcebú está contigo. Pero con nosotros, adornados con los distintivos del exorcismo, eres menos que nada» zahiere un escriba.

«¡No le ofendas! Ruégale que nos complazca. De esa forma que usas se deprime y pierde el poder. ¡Ánimo, Rabí de Nazaret! Danos una prueba y te adoraremos» dice, serpentino, un viejo escriba, y con sus lisonjas sinuosas es más enemigo que los otros con su abierta saña.

Jesús le mira. Luego se vuelve hacia el suroeste y abre los brazos extendiéndolos hacia delante. Dice: «Allí está el desierto de Judá, y allí me propuso el Espíritu del Mal que tentara al Señor mi Dios. Y le respondí: “¡Aléjate, Satanás! Está escrito que sólo a Dios hay que adorar, y no tentarle, y ha de seguírsele por encima de la carne y la sangre”. Lo mismo os digo a vosotros».

«¿Nos estás llamando Satanás a nosotros? ¿A nosotros? ¡Ah! ¡Maldito!» y, pareciendo más unos gamberros que doctores de la Ley, echan mano a las piedras que hay diseminadas por el suelo con intención de lanzárselas, y gritan: «¡Vete! ¡Vete! ¡Maldito para siempre!».

Jesús los mira, sin miedo. Les paraliza el sacrílego gesto. Recoge su manto y dice: «¡Vamos! Hombre, tú ve delante de mí» y vuelve hacia el pozo, hacia el olivar de la confesión, y se adentra en la espesura… Y baja la cabeza, abatido, con dos lágrimas incontenibles que desde las pestañas ruedan por su pálido rostro.

387.8

Llegan a un camino. Jesús se para y dice al mendigo: «No puedo darte dinero. No tengo. Te bendigo. Adiós. Haz lo que te he dicho». Se separan…

Los apóstoles están afligidos. No hablan. Se miran de reojo…

Jesús rompe el silencio reanudando el tono de salmo interrumpido por el escriba: «“Y el Señor[3] dijo a Josué: ‘Toma a doce hombres, uno por cada tribu, y diles que saquen del medio del Jordán, donde han pisado los pies de los sacerdotes, doce durísimas piedras; y las erigiréis en el lugar de los campamentos, donde vais a montar las tiendas esta noche’. Y Josué, habiendo convocado a doce hombres elegidos entre los hijos de Israel, uno por cada tribu, les dijo: ‘Id delante del Arca del Señor Dios vuestro al medio del Jordán y sacad de allí, cargadas sobre vuestros hombros, cada uno una piedra, según el número de los hijos de Israel, para hacer con ellas un monumento en medio de vosotros. Y cuando, en el futuro, vuestros hijos os pregunten: ¿Qué significan estas piedras?, respondedles: Las aguas del Jordán desaparecieron delante del Arca de la Alianza del Señor, que las cruzaba, y estas piedras fueron colocadas como eterno monumento de los hijos de Israel’”».

Levanta la cabeza (la tenía bajada). Recorre con su mirada a los doce, que a su vez le miran. Dice con otra voz, su voz de los momentos de mayor tristeza: «Y el Arca penetró en el río. Y no las aguas, sino los cielos se abrieron, por respeto al Verbo, que estaba dentro de ellas santificándolas más que cuando el Arca se detuvo en el lecho del río. Y el Verbo ha elegido para sí doce piedras. Durísimas. Porque tienen que durar hasta el fin del mundo. Y porque tienen que servir de fundamentos al Templo nuevo y a la Jerusalén eterna. Doce. Recordadlo. Éste debe ser el número. Y luego escogió otras doce para un segundo testimonio. Los primeros pastores y Abel el leproso y Samuel el tullido, los primeros curados… y agradecidos… ¡Durísimas también, porque habrán de resistir los golpes de Israel, que odia a Dios!… ¡Que odia a Dios!…». ¡Qué voz tan afligida y mortecina, casi blanca, la de Jesús llorando por la dureza de Israel!

Prosigue: «En el río los siglos y el hombre desparramaron las piedras-recuerdo… En la Tierra, el odio desparramará a mis doce. En las orillas del río, los siglos y los hombres han destruido el altar-recuerdo… Las primeras y las segundas piedras, habiendo servido para todos los usos por el odio de los demonios — que no están sólo en el infierno, sino también dentro de los hombres — ya no se reconocen. Algunas sirvieron incluso para matar. ¿Y quién me asegura que entre las piedras alzadas contra mí no había fragmentos de las piedras durísimas elegidas por Josué? ¡Durísimas! ¡Enemigas! ¡Oh, durísimas! También entre los míos habrá quienes, diseminados, harán de acera para los demonios que marcharán contra mí… y se harán piedras para herirme… y ya no serán piedras elegidas… sino diablos… ¡Oh, Santiago, hermano mío! Israel es durísimo con su Señor!», y, una cosa que nunca he visto, Jesús, abatido por no sé qué imponente desconsuelo, se apoya sobre el hombro de Santiago de Alfeo y le abraza llorando…


Notes

  1. il commence à réciter un passage de Jos 3, 1-4. Les citations et allusions successives comprennent Jos 3-4.
  2. tu as arrêté le fleuve en crue, en 361.11/12.
  3. Il est écrit en Dt 6, 16.
  4. les Cieux qui s’ouvrirent est une allusion à son baptême. Les douze pierres sont les apôtres (notes de Maria Valtorta sur une copie dactylographiée).

Notas

  1. “Y Josué...” es cita de Josué 3, 1-4, como señala MV en una copia mecanografiada, aunque refiriendo sólo los versículos 3-4.
  2. habías calmado la corriente del río crecido, en 361.11/12.
  3. “Y el Señor...” es cita de Josué 4, 1-7, como señala MV en una copia mecanografiada.