Los Escritos de Maria Valtorta

405. Le repos dans une grange et le discours

405. Descanso en un henil y discurso

405.1

Près de la porte d’Emmaüs se trouve une maison de paysans. Comme tout le monde travaille aux champs, elle est silencieuse. On voit déjà sur l’aire les tas de gerbes des jours précédents et les foins sont entassés dans des granges rustiques. Le soleil brûlant de midi dégage l’odeur chaude des bottes et des gerbes. On n’entend rien d’autre que le roucoulement des colombes et le piaillement des moineaux, toujours bruyants et querelleurs. Les uns et les autres volent sans arrêt du toit ou des arbres voisins aux tas de gerbes et de paille, et ils sont les premiers à goûter ces produits : ils becquettent les épis dressés, se battent à coups d’ailes, luttent pour prendre le plus de grains possible, pour s’emparer des brins de paille les plus soyeux, avides, batailleurs, sans scrupules.

Ce sont les uniques voleurs que l’on rencontre en Israël où, je l’ai remarqué, on a un très grand respect pour la propriété d’autrui. On laisse volontiers les maisons ouvertes et l’on ne garde pas les aires ou les vignobles ! A part les très rares voleurs de métier, les vrais brigands qui attaquent les gens dans les gorges des montagnes, il n’y a pas de petits larrons ou même simplement… de gourmands qui mettent la main sur les fruits des arbres ou sur le pigeonneau d’autrui. Chacun va son chemin, et même s’il traverse la propriété d’un autre, c’est comme s’il n’avait pas d’yeux ni de mains. Il est vrai que l’on pratique si largement l’hospitalité, qu’il n’est pas nécessaire de voler pour pouvoir manger. C’est seulement à l’égard de Jésus — en raison d’une haine si grande qu’elle fait négliger l’habitude séculaire de l’hospitalité due au pèlerin — que des maisons refusent d’offrir un toit et de la nourriture. Mais envers les autres, on fait généralement preuve de pitié, en particulier dans les classes les plus humbles.

C’est donc sans peur que les apôtres, après avoir frappé à la porte de la maison fermée et n’avoir trouvé personne, se sont mis à l’abri d’un hangar sous lequel se trouvent des outils agricoles et des jarres vides. Comme s’ils étaient les maîtres des lieux, ils ont pris comme sièges des bottes de foin, des seilles pour puiser de l’eau au puits, des cruches pour boire et pour tremper les bouchées de pain rassis et d’agneau froid qu’ils mangent presque en silence tant ils sont engourdis et abasourdis par le soleil. Et, aussi librement qu’ils ont utilisé les bottes de foin et les vases, ils s’allongent ensuite sur la paille odorante et c’est tout de suite un chœur de ronflements aux tons et aux rythmes variés.

Jésus lui-même est fatigué, ou plus exactement attristé. Il regarde un moment les douze dormeurs. Il prie, il pense. Il réfléchit en suivant machinalement des yeux les combats des moineaux et des colombes, et le vol en flèche des hirondelles sur l’aire ensoleillée. Les cris stridents de ces rapides maîtresses de l’air semblent apporter des réponses précises aux questions douloureuses que se pose Jésus. Puis lui aussi s’allonge sur la paille, et bientôt ses yeux tristes et doux de saphir se voilent sous ses paupières. Son visage s’immobilise dans le repos et, peut-être parce qu’il s’abîme dans le sommeil avec la tristesse au cœur, son visage rappelle beaucoup l’expression d’épuisement et de douleur qu’il aura dans la mort…

405.2

Puis les paysans propriétaires de la maison reviennent — hommes, femmes, enfants —, et avec eux les disciples vus auparavant. Ils se rendent compte que Jésus et ses apôtres dorment sur le foin, et leurs paroles s’éteignent en un murmure pour ne pas les éveiller. Quelque mère donne une gifle à son enfant qui ne veut pas se taire, ou, du moins, elle en esquisse le geste.

Un doigt dans la bouche, un petit garçon vient, de son pas de tourtereau, observer Jésus — “ le plus beau ”, dit-il —, qui dort, la tête appuyée sur son bras replié en guise d’oreiller. Tous, déchaussés, sur la pointe des pieds, finissent par l’imiter, et en premier Mathias et Jean qui s’émeuvent de le voir ainsi assoupi sur la paille.

Mathias observe :

« Notre Maître dort aujourd’hui comme dans son premier sommeil, mais il est moins heureux qu’à cette époque… Sa Mère aussi lui manque…

– Oui. Il n’a que la persécution, toujours proche. Mais nous, nous l’aimerons toujours, nous l’aimons toujours comme à ce moment-là… répond Jean.

– Davantage encore, Mathias. Alors, nous l’aimions seulement par notre foi et parce qu’il est doux d’avoir de l’affection pour un bébé. Mais actuellement, nous l’aimons aussi parce que nous avons la connaissance…

– Il a été haï depuis son tout jeune âge, Jean. Rappelle-toi ce qui est arrivé pour le frapper !… »

Mathias change de couleur à ce souvenir.

« C’est vrai… Mais qu’elle soit bénie, cette douleur ! Nous avons tout perdu, sauf lui. Et cela seul compte. A quoi nous aurait-il servi d’avoir encore nos parents, la maison, notre petit bien-être, si lui était mort ?

– C’est vrai, tu as raison, Mathias. Et à quoi nous servira-t-il d’avoir le monde entier quand il ne sera plus au monde ?

– Ne m’en parle pas… Alors, nous serons vraiment abandonnés… Partez, vous autres, nous allons rester auprès du Maître, dit ensuite Jean en congédiant les paysans.

– Nous regrettons de n’avoir pas pensé à leur donner la clé. Ils auraient pu entrer dans la maison et être mieux installés… dit l’homme le plus âgé.

– Nous le lui dirons… Mais votre amour suffira à le réjouir. Allez, allez… »

Les paysans retournent à la maison, et bientôt une fumée qui s’élève de la cheminée annonce qu’ils sont en train de préparer un repas. Mais ils le font avec délicatesse, en retenant les enfants, en s’efforçant d’être discrets… et c’est toujours sans bruit qu’ils apportent ensuite la nourriture aux disciples et murmurent :

« Nous l’avons mise de côté pour eux… Pour quand ils s’éveilleront… »

Puis le silence enveloppe la maison. Peut-être les moissonneurs, au travail depuis l’aube, se sont-ils jetés sur leur lit en ces heures où il serait impossible de rester dans les champs sous le soleil brûlant.

Les disciples aussi sommeillent… Même les colombes et les moineaux restent tranquilles. Seul le vol en flèche des hirondelles écrit inlassablement des paroles d’azur dans l’espace et des paroles d’ombre sur l’aire blanche…

405.3

Le petit garçon de tout à l’heure, très beau dans la courte tunique qu’il porte pour tout vêtement à cette heure torride, passe sa petite tête brune par l’ouverture de la cuisine, jette un coup d’œil, avance avec précaution de ses pieds délicats qui souffrent sur le sol que le soleil rend brûlant. Sa tunique décolletée glisse presque en bas de son épaule potelée. Il rejoint les disciples, et essaie de les enjamber pour aller de nouveau regarder Jésus. Mais ses jambes sont trop courtes pour passer au-dessus des corps musculeux des adultes et il bute en tombant sur Mathias, qui s’éveille et voit le petit visage attristé presque aux larmes. Il sourit et, comprenant la manœuvre de l’enfant, il lui dit :

« Viens ici, je vais te mettre entre Jésus et moi. Mais reste silencieux et ne bouge pas. Laisse-le faire dodo, car il est fatigué. »

Et le petit bonhomme, heureux, s’assied et reste en admiration devant le beau visage de Jésus. Il le regarde, l’étudie et il a bien envie de lui faire une caresse, de toucher ses cheveux d’or. Mais Mathias veille en souriant et ne le lui permet pas. Alors l’enfant demande doucement :

« Il fait toujours dodo comme ça ?

– Toujours, répond Mathias.

– Il est fatigué ? Pourquoi ?

– Parce qu’il marche beaucoup, et il parle beaucoup.

– Pourquoi est-ce qu’il parle et marche ?

– Pour apprendre aux enfants à être gentils, à aimer le Seigneur pour aller avec lui au Ciel.

– Là-haut ? Comment on fait ? C’est loin…

– L’âme, tu sais ce qu’est l’âme ?

– Non !

– C’est la chose la plus belle qu’il y a en toi, et…

– Plus belle que les yeux ? Maman dit que mes yeux sont deux étoiles. Elles sont belles les étoiles, tu sais ! »

Le disciple sourit :

« Elle est plus belle que les petites étoiles de tes yeux, car l’âme bonne est plus belle que le soleil.

– Oh ! Et où est-elle ? Où est-ce que je l’ai ?

– Ici, dans ton petit cœur. Elle voit et entend tout, elle ne meurt jamais. Et quand quelqu’un n’est jamais méchant et meurt en étant toujours gentil, son âme s’envole là-haut, avec le Seigneur.

– Avec lui ? demande le petit garçon en montrant Jésus.

– Avec lui.

– Mais lui, il en a une, d’âme ?

– Il a une âme et aussi la divinité, car cet homme que tu regardes est Dieu.

– Comment tu le sais ? Qui te l’a dit ?

– Les anges. »

L’enfant, qui était complètement assis sur Mathias, ne peut entendre tranquillement cette nouvelle, et il se lève vivement en disant :

« Tu as vu les anges ? »

Il regarde Mathias, les yeux écarquillés. Si étonnante est la nouvelle qu’un instant il oublie Jésus, de sorte qu’il ne le voit pas entrouvrir les yeux, reveillé par le léger cri de l’enfant, puis, avec una sourire, les refermer en détournant la tête.

« Tais-toi ! Tu vois ? Tu le réveilles… Je vais te renvoyer.

– Je reste tranquille. Mais comment sont les anges ? Tu les as vus quand ? »

La petite voix est devenue un murmure et Mathias, patiemment, raconte la nuit de Noël à l’enfant, qui est revenu s’asseoir sur sa poitrine, extasié. Il répond avec la même patience à tous ses pourquoi :

« Pourquoi est-il né dans une étable ? Il n’avait pas de maison ? Il était tellement pauvre qu’il n’a pas pu en trouver une ? Et maintenant, il n’a toujours pas de maison ? Il n’a pas sa mère ? Où est sa mère ? Pourquoi est-ce qu’elle le laisse seul, si elle sait qu’on a déjà voulu le tuer ? Elle ne l’aime pas ?… »

Une pluie de questions et une pluie de réponses !

Mathias dit :

« Cette Mère sainte aime beaucoup son divin Fils, mais elle fait le sacrifice de sa douleur de le laisser partir pour que les hommes soient sauvés. Pour se consoler, elle pense qu’il y a encore des hommes bons capables de l’aimer. »

Cette réponse suscite de nouvelles questions :

« Et elle ne sait pas qu’il y a de bons enfants qui l’aiment ? Où est-elle ? Dis-le-moi, pour que j’aille lui dire : “ Ne pleure pas. Moi, je donne de l’amour à ton Fils. ” Qu’est-ce que tu en dis ? Elle va être contente ?

– Très contente, mon petit, dit Mathias en l’embrassant.

– Et lui aussi ?

– Oui, vraiment. Tu vas le lui dire quand il se réveillera.

– Oh, oui ! Mais quand est-ce qu’il va se réveiller ? »

Le petit garçon est impatient.

405.4

Jésus n’y tient plus. Il se tourne, les yeux grands ouverts et avec un sourire lumineux sur les lèvres :

« Tu me l’as déjà dit, car j’ai tout entendu. Viens ici, mon enfant. »

Ah ! il ne se le fait pas dire deux fois ! Il se renverse sur Jésus, le caresse, lui donne des baisers, touche son front du doigt et aussi ses sourcils, ses cils blonds, en se regardant dans les yeux bleus, en caressant sa barbe et ses cheveux soyeux, et en disant à chaque découverte :

« Comme tu es beau ! Beau ! Beau ! »

Jésus sourit et Mathias aussi.

Et puis, à mesure que les autres s’éveillent — parce que maintenant le petit ne prend plus beaucoup de précautions —, les disciples et les apôtres sourient à la vue de cet examen attentif, répété, de l’homme en miniature, à moitié nu, potelé, qui prend plaisir à passer sur le corps de Jésus pour l’observer de la tête aux pieds. Il finit par lui dire : « Tourne-toi ! », et explique ensuite : « Pour voir tes ailes », et demande, déçu :

« Pourquoi est-ce que tu n’en as pas ?

– Je ne suis pas un ange, mon enfant.

– Mais tu es Dieu ! Comment fais-tu pour être Dieu, si tu n’as pas plein d’ailes ? Comment tu vas faire pour monter au Ciel ?

– Je suis Dieu. Et justement parce que je suis Dieu, je n’ai pas besoin d’ailes. Je fais ce que je veux et je peux tout.

– Alors fais-moi des yeux comme les tiens. Ils sont si beaux !

– Non. Ceux que tu as, c’est moi qui te les ai donnés, et ils me plaisent ainsi. Demande-moi plutôt de te faire une âme de juste pour que tu m’aimes de plus en plus.

– Elle aussi, c’est toi qui me l’as donnée, alors elle te plaira comme elle est, dit le petit avec sa logique enfantine.

– Oui. Elle me plaît maintenant parce qu’elle est innocente. Mais alors que tes yeux seront toujours de cette couleur d’olive mûre, ton âme, qui est blanche, peut devenir noire si tu deviens méchant.

– Méchant, non. Je t’aime bien et je veux faire comme le disaient les anges quand tu es né : “ Paix à Dieu au Ciel, et gloire aux hommes de bonne volonté ”, » dit l’enfant en se trompant. Cela provoque un bruyant éclat de rire chez les adultes, ce qui le vexe et le rend muet.

Mais Jésus le console tout en rectifiant :

« Dieu est toujours Paix, mon enfant. Il est la Paix. Mais les anges lui rendaient gloire pour la naissance du Sauveur, et ils apprenaient aux hommes la première règle pour obtenir la paix qui provienne de ma naissance : “ avoir de la bonne volonté ”. Celle que tu veux.

– Oui. Alors donne-la-moi. Mets-la à l’endroit où cet homme dit que j’ai l’âme. »

Et, de ses deux index, il frappe plusieurs fois sa poitrine.

« Oui, mon petit ami. Comment t’appelles-tu ?

– Mikaël !

– C’est le nom du puissant Archange. Alors, fais preuve de bonne volonté, Mikaël. Et sois un confesseur du Dieu vrai, en disant aux persécuteurs, comme ton angélique patron : “ Qui est comme Dieu ? ” Sois béni, maintenant et toujours. »

Et il lui impose les mains. Mais l’enfant n’est pas convaincu. Il dit :

« Non. Fais un baiser ici, sur 1’âme. Et c’est à l’intérieur qu’entrera ta bénédiction et elle y restera enfermée. »

Il découvre alors sa poitrine pour que Jésus la baise, afin qu’aucun obstacle ne s’interpose entre son petit corps et les lèvres divines.

Ceux qui sont là sourient et en même temps sont émus. Et il y a de quoi ! La foi merveilleuse de l’innocent qui est allé vers Jésus — par instinct, diraient certains, mais moi je dis sous la poussée de l’esprit —, est vraiment émouvante et Jésus le fait remarquer :

« Ah ! si tous avaient le cœur des enfants !… »

405.5

Pendant ce temps, les heures ont passé. La maison se ranime : des voix de femmes, d’enfants, d’hommes se font entendre. Et une mère crie :

« Mikaël ! Mikaël ! Où es-tu ? »

On la voit regarder d’un air apeuré le puits profond avec une atroce pensée dans le cœur.

« N’aie pas peur, femme. Ton fils est avec moi.

– Oh ! je craignais… Il aime tant l’eau…

– Effectivement, il est venu à l’Eau vive qui descend du Ciel pour donner la Vie aux hommes.

– Il t’a dérangé… Il m’a échappé si doucement que je ne m’en suis pas aperçue… dit la femme pour s’excuser.

« Non, il ne m’a pas dérangé. Il m’a consolé ! Les enfants ne font jamais de peine à Jésus. »

Les hommes s’approchent, suivis des autres femmes. Le chef de famille dit :

« Entre, viens te restaurer. Et pardonne-nous si nous n’avons pas fait de toi le maître de la maison à partir du moment où nous t’avons vu…

– Je n’ai rien à pardonner. J’étais bien installé, ici. Ton respect me fait tout honneur. Nous avions de la nourriture et ton puits est frais, le foin est moelleux. C’est plus qu’il n’en faut pour le Fils de l’Homme. Je ne suis pas un satrape syrien… »

Et Jésus, suivi des apôtres, pénètre dans la vaste cuisine pour y prendre quelque nourriture, pendant que, sur l’aire, les hommes s’occupent à faire de la place pour ceux qui arrivent déjà de toutes parts pour entendre le Maître. D’autres se hâtent de préparer des boissons, des vivres et de dépouiller un agnelet afin de donner une provision de voyage aux évangélisateurs. Les femmes, elles, apportent des œufs et du beurre. Le beurre provoque les protestations de Pierre, qui déclare à juste titre qu’on ne peut emporter dans les besaces un aliment qui fond si facilement par ces chaleurs. Mais ce n’est pas pour rien qu’il y a des cruches… Et elles en emplissent une de beurre, la ferment et la descendent dans le puits pour la refroidir le plus possible.

Jésus remercie et voudrait limiter ces offrandes. Mais oui ! C’est peine perdue. D’autres dons arrivent de tous côtés, et tous s’excusent de donner si peu de chose…

Pierre murmure :

« On voit bien que les bergers sont venus ici. C’est une terre amendée… de la bonne terre. »

La cour est pleine de gens, impassibles, bien que la fraîcheur ne soit pas encore arrivée et qu’un dernier rayon de soleil l’effleure encore.

405.6

Jésus prend la parole :

« Que la paix soit avec vous ! Comme je vois que la doctrine du Maître d’Israël vous est déjà connue par les soins de mes bons disciples, je n’ai pas l’intention de répéter ce que vous savez déjà. Je leur laisse la gloire et le soin de vous avoir instruits et de poursuivre, jusqu’à vous donner la parfaite assurance que je suis le Promis de Dieu et que ma Parole vient de Dieu.

– Et tes miracles viennent de Dieu ! Béni es-tu ! » crie une voix de femme du milieu de la foule.

Beaucoup se retournent pour regarder dans cette direction. La femme tend à bout de bras un enfant rieur à la mine florissante, et s’écrie :

« Maître, c’est le petit Jean que tu as guéri[1] à “ La Belle Eau ” : l’enfant aux hanches brisées que nul médecin ne pouvait soulager, que je t’ai apporté avec foi et que tu as sauvé, en le tenant sur ton sein.

– Je m’en souviens, femme. Ta foi a mérité ce miracle.

– Elle s’est renforcée, Maître. Toute ma famille croit en toi. Va, mon fils, remercier le Sauveur. Laissez-le parvenir auprès de lui… » prie la femme.

La foule s’écarte pour laisser passer l’enfant, qui s’avance vivement vers Jésus en lui tendant les bras pour pouvoir l’embrasser. Cela se produit au milieu des hosannas et des commentaires des gens de la ville ou des environs, car les habitants de la campagne connaissent déjà le fait et n’en sont pas surpris.

Jésus reprend la parole en tenant le petit garçon par la main.

« Et voici confirmée ma Nature par une mère reconnaissante, ainsi que le pouvoir de la foi sur le cœur de Dieu, qui ne déçoit jamais les confiantes et justes demandes de ses enfants.

405.7

Je vous invite à vous rappeler ceci : Judas Maccabée[2] se présenta sur cette plaine pour étudier le formidable campement de Gorgias, fort de cinq mille fantassins et de mille cavaliers exercés à la bataille, bien pourvus de cuirasses, d’armes et de tours de guerre. Judas, avec ses trois mille fantassins sans boucliers ni épées, regardait ; il sentait la crainte s’insinuer dans le cœur de ses soldats. Alors il parla, fort de son bon droit que Dieu approuvait parce qu’il ne cherchait pas l’injustice, mais la défense de sa patrie envahie et profanée. Et il dit : “ Ne vous laissez pas effrayer par leur nombre, et ne redoutez pas leur attaque. Rappelez-vous comment nos pères furent sauvés au passage de la Mer Rouge, quand le Pharaon les poursuivait avec sa grande armée. ” Après avoir ranimé la foi en la puissance de Dieu, qui est toujours du côté des justes, il enseigna à ses soldats le moyen d’obtenir de l’aide. Il dit : “ Crions vers le Ciel et le Seigneur aura pitié de nous, il se souviendra de son alliance avec nos pères, et il écrasera aujourd’hui cette armée que voici devant nous. Alors toutes les nations reconnaîtront qu’il y a un Sauveur qui délivre Israël. ”

Voilà : je vous indique deux éléments capitaux pour avoir Dieu avec soi pour nous aider dans nos justes entreprises.

En voici le premier : pour qu’il soit notre allié, il faut avoir l’âme juste de nos pères. Rappelez-vous la sainteté, la promptitude des patriarches à obéir au Seigneur, que la grâce demandée soit de faible ou de très grande importance. Rappelez-vous de quelle fidélité ils ont fait preuve envers le Seigneur. Nous nous plaignons beaucoup, en Israël, que le Seigneur ne soit plus bienveillant avec nous comme il l’était autrefois. Mais Israël a-t-il encore l’âme de ses pères ? Qui a rompu et ne cesse de rompre l’alliance avec le Père ?

Second moyen capital pour avoir Dieu de son côté : l’humilité. Judas Maccabée était un grand Israélite et un grand soldat, mais il ne dit pas : “ Aujourd’hui, je vais détruire cette armée et les nations sauront que je suis le sauveur d’Israël. ” Non. Il déclare : “ Et le Seigneur détruira cette armée que voici devant nous, qui sommes incapables de le faire, faibles comme nous le sommes. ” Car Dieu est Père et il prend soin de ses enfants. Afin qu’ils ne périssent pas, il envoie ses puissantes armées combattre leurs ennemis avec des armes surnaturelles. Si Dieu est avec nous, qui peut nous vaincre ? Répétez-vous cela sans cesse, dès maintenant et encore davantage à l’avenir, quand on voudra vous abattre ; or ce ne sera plus pour une question d’importance relative comme une lutte nationale, mais pour quelque chose de bien plus essentiel dans le temps et par ses conséquences, comme ce l’est pour votre âme. Ne vous laissez pas dominer par la frayeur ou l’orgueil, car tous deux sont préjudiciables.

Dieu sera avec vous si vous êtes persécutés à cause de mon Nom et il vous donnera la force dans les persécutions. Dieu sera avec vous si vous êtes humbles, si vous reconnaissez que, par vous-mêmes, vous n’êtes capables de rien, mais que vous pouvez tout si vous restez unis au Père.

Judas ne s’est pas fait valoir en se parant du titre de Sauveur d’Israël, mais c’est au Dieu éternel qu’il l’a l’attribué. Car les hommes s’agitent en vain si Dieu n’est pas présent à leurs efforts. Au contraire, l’homme qui fait confiance au Seigneur est victorieux sans avoir à se démener. Lui sait quand il est juste de récompenser par des victoires ou de punir par des défaites. Bien sot est l’homme qui veut juger Dieu, le conseiller ou le critiquer. Vous imaginez une fourmi qui, en observant le travail d’un sculpteur, dirait : “ Tu ne sais pas t’y prendre, je ferais mieux et plus vite que toi ” ? L’homme lui ressemble vraiment quand il veut faire la leçon à Dieu. Et à sa figure ridicule, il unit celle d’un ingrat et d’un prétentieux, oublieux de ce qu’il est : une créature, et de ce qu’est Dieu : le Créateur. Donc, puisque le Père a si bien créé un être qui peut se croire capable de conseiller Dieu lui-même, quelle sera la perfection de l’Auteur de toute créature ? Cette seule pensée devrait suffire à rabaisser l’orgueil, à détruire cette plante mauvaise et satanique, ce parasite qui, en s’insinuant dans une intelligence, l’envahit, la supplante, l’étouffe, tue tout arbre bon, toute vertu qui, sur terre, rend l’homme grand, vraiment grand, non par la richesse ou les couronnes, mais par la justice et la sagesse surnaturelles, et bienheureux dans le Ciel pour l’éternité.

405.8

Considérons maintenant un autre conseil que nous donnent le grand Judas Maccabée et les événements de ce jour-là, dans cette plaine.

S’étant engagées dans la bataille, les troupes de Judas avec lesquelles Dieu était, vainquirent et mirent en déroute les ennemis. Ils les poursuivirent jusqu’à Gazara, Azôtos, Idumée et Iamnia — dit l’histoire —, et en passèrent une partie au fil de l’épée, laissant sur les champs plus de trois mille cadavres. Mais Judas dit à ses soldats, que la victoire avait enivrés : “ Ne restez pas là à engranger du butin, car la guerre n’est pas finie : Gorgias et son armée sont dans la montagne tout près de nous. Il nous faut encore combattre maintenant nos ennemis et les vaincre complètement. Après cela, vous ramasserez votre butin en sécurité. ” Ils agirent ainsi et obtinrent une victoire assurée, de grandes richesses, ainsi que la délivrance, et en rentrant ils chantaient des bénédictions à Dieu car “ il est bon et sa miséricorde est éternelle. ”

De même, l’homme, quel qu’il soit, est comme les champs qui entourent la cité sainte des juifs : entouré d’ennemis extérieurs et intérieurs, cruels, qui espèrent tous livrer bataille à la cité sainte de chaque homme — à son âme —, et de le faire à l’improviste pour la prendre par surprise avec mille ruses et la détruire. Les passions, que Satan cultive et excite, et que l’homme ne veille pas à refréner de toute sa volonté, sont dangereuses s’il n’arrive pas à les maîtriser, mais inoffensives si elles sont surveillées comme un voleur enchaîné. De l’extérieur, le monde les utilise pour comploter au moyen de toutes les séductions de la chair, de l’argent, de l’orgueil. Passions et monde ressemblent aux puissantes armées de Gorgias, cuirassées, pourvues de tours de guerre, d’archers, excellents tireurs, de cavaliers rapides, toujours prêts à partir à l’attaque sur les ordres du Mal.

Mais que peut le Mal si Dieu est avec l’homme qui veut être juste ? L’homme souffrira, sera blessé, mais sauvera sa liberté et sa vie, et il connaîtra la victoire après la bataille favorable. Mais celle-ci n’a pas lieu une fois seulement : elle est sans cesse à livrer, tant que dure la vie, ou tant que l’homme ne se dépouille pas suffisamment de son humanité et ne devient pas esprit plus que chair, esprit uni à Dieu. Alors les flèches, les morsures, les feux de guerre ne peuvent plus le blesser profondément et tombent après l’avoir frappé superficiellement comme peut le faire une goutte d’eau qui glisse sur un jaspe dur et brillant.

Ne vous arrêtez pas à engranger votre butin, ne vous distrayez pas tant que vous n’êtes pas au seuil de la vie, non pas de cette vie de la terre, mais de la vraie Vie des Cieux. Alors, victorieux, rassemblez vos prises de guerre et entrez, avancez glorieux devant le Roi des rois et dites : “ J’ai remporté la victoire. Voici mon butin. Je l’ai fait avec ton aide et ma bonne volonté, et je te bénis, Seigneur, parce que tu es bon et que ta miséricorde est éternelle. ”

405.9

Cela, c’est pour la vie en général, pour tout le monde. Mais pour vous qui croyez en moi, une autre bataille vous guette, et même plusieurs : la lutte contre le doute, contre les paroles que l’on viendra vous dire, contre les persécutions.

Moi, je vais être élevé au lieu pour lequel je suis descendu du Ciel. Ce lieu vous fera peur, il vous semblera démentir mes paroles. Mais non : regardez cet événement avec les yeux de l’âme et vous verrez que ce qui arrivera sera la confirmation de ce que je suis réellement : non pas le pauvre roi d’un misérable royaume, mais le Roi annoncé par les prophètes. Toutes les nations de la terre viendront aux pieds de son trône unique, immortel, comme les fleuves vont à l’océan, et elles s’exclameront : “ Nous t’adorons, ô Roi des rois et Juge éternel, parce que, par ton saint Sacrifice, tu as racheté le monde. ”

Résistez au doute. Moi, je ne mens pas. Je suis Celui dont parlent les prophètes. Comme la mère de Jean il y a un instant, gardez le souvenir de ce que j’ai fait pour vous, et dites : “ Ce sont les œuvres de Dieu. Il nous les a laissées en guise de souvenir, de confirmation, d’aide pour croire, et en particulier à cette heure-ci. ” Luttez et vous vaincrez le doute qui étrangle la respiration de l’âme. Luttez contre ce qu’on allèguera. Rappelez-vous les prophètes et mes œuvres, et répondez aux paroles hostiles en citant les prophètes et en racontant les miracles que vous m’avez vu faire. Ne craignez rien, et ne soyez pas ingrats par peur, en taisant les miracles que j’ai accomplis pour vous. Luttez contre les persécutions, non pas en persécutant ceux qui vous persécutent, mais en apportant un témoignage héroïque à ceux qui voudront, par des menaces de mort, vous persuader de me renier. Combattez sans cesse tous vos ennemis : votre humanité, vos peurs, les compromissions indignes, les alliances intéressées, les pressions, les menaces, les tortures, la mort.

405.10

La mort ! Je ne suis pas un chef de peuple qui impose ceci : “ Souffrez pour moi, pendant que moi, je profite de mon bien-être. ” Non : je suis le premier à souffrir pour vous montrer l’exemple. Je ne suis pas un chef d’armée qui ordonne : “ Combattez pour me défendre, mourez pour me donner la vie. ” Non : je suis le premier à combattre et je mourrai le premier pour vous apprendre à mourir. De la même façon, j’ai toujours accompli ce que j’ai demandé aux autres de faire, je suis resté pauvre en prêchant la pauvreté, chaste en exigeant la continence, tempérant en prônant la tempérance, juste en demandant la justice. De même que j’attends que vous pardonniez, j’ai pardonné et je pardonnerai. Comme j’ai fait tout cela, je vous laisserai encore un dernier enseignement : je vous apprendrai à racheter, non pas en paroles mais en actes, tout en vous apprenant à obéir, en me soumettant moi-même à l’obéissance la plus dure : celle de ma mort…

Je vous apprendrai à pardonner, en le faisant dans les derniers tourments, comme j’ai pardonné sur la paille de mon berceau à l’humanité qui m’avait arraché au Ciel. Je pardonnerai comme j’ai toujours pardonné. A tous. Pour ce qui me concerne, à tous. A mes petits ennemis, à ceux qui sont passifs, indifférents, changeants, comme aux grands ennemis qui, non seulement m’affligent en restant de marbre devant mon pouvoir et mon désir de les sauver, mais qui me causent et me causeront la douleur d’être les déicides. Je pardonnerai. Et comme je ne pourrai donner l’absolution aux déicides impénitents, je prierai encore le Père pour eux, lors de mes derniers spasmes de douleur… pour qu’il leur pardonne… parce qu’ils sont enivrés d’une liqueur satanique… Je pardonnerai… Quant à vous, pardonnez en mon nom. Et aimez, aimez comme moi j’aime, comme je vous aime et vous aimerai, éternellement.

405.11

Adieu. Le soir descend. Prions ensemble, puis que chacun retourne chez lui avec les paroles du Seigneur au fond du cœur, et qu’elles se transforment en épis riches en grains pour vos faims futures, quand vous désirerez entendre encore l’Ami, le Maître, votre Sauveur. C’est seulement en tournant votre esprit vers les Cieux que vous pourrez trouver Celui qui vous a aimés plus que lui-même. Notre Père qui es aux Cieux… »

Et Jésus, les bras ouverts, telle une haute et blanche croix contre le mur foncé de la façade du nord, récite lentement le Notre Père. Puis il dit la bénédiction mosaïque. Il embrasse les enfants, les bénit encore, prend congé et part vers le nord en longeant Emmaüs sans y entrer. Les teintes violacées du crépuscule absorbent lentement la douce vision du Maître qui s’en va, qui s’en va de plus en plus vers son destin.

Dans la cour à demi obscure règne un silence de douleur paisible… une sorte d’attente. Puis les pleurs du petit Mikaël, ceux d’un agnelet qui se trouve seul, rompent l’enchantement. Alors beaucoup d’yeux se mouillent de larmes et beaucoup de lèvres répètent les paroles innocentes du petit garçon :

« Oh ! pourquoi es-tu parti ? Reviens ! Reviens !… Fais-le revenir, Seigneur ! »

Et quand Jésus a complètement disparu, la constatation désolée du fait accompli :

«Jésus n’est plus là !»

C’est en vain que la mère du petit Mikaël cherche à le consoler : il pleure comme s’il avait perdu plus que sa mère et, dans ses bras, il n’a d’yeux que pour l’endroit où Jésus a disparu. Il tend les bras en appelant :

« Jésus ! Jésus ! »…

405.12

… Jésus attend de s’être éloigné davantage, puis il dit :

« Nous irons à Joppé. Les disciples y ont beaucoup travaillé et on y attend la parole du Seigneur. »

Ce projet d’allonger encore le chemin ne suscite guère d’enthousiasme, mais Simon le Zélote fait observer que, de Joppé aux domaines de Nicodème et de Joseph, les routes sont belles et la marche rapide. Jean, lui, se réjouit de prendre la direction de la mer. Et les autres, entraînés par ces considérations, finissent par prendre plus volontiers la route qui mène.

Jésus dit : « Vous placerez ici la vision du 20 septembre 1944 : “ Jésus et les païens dans une ville du bord de mer ”, que vous intitulerez : “ A Joppé, Jésus s’adresse à Judas de Kérioth et à des païens ”, car cet épisode s’est produit là un jour de miracles et de prédication. »

405.1

Cabe la puerta de Emaús hay una casa de campesinos. Silenciosa, porque todos están en los campos trabajando. En el corral ya están amontonadas las gavillas del día anterior. Y hay heno en los rústicos heniles. El sol abrasador del mediodía extrae un olor caliente del heno y las gavillas. No se oye ruido alguno, aparte del zureo de las palomas y la parlería de los gorriones, siempre chismosos y pendencieros. Las unas y los otros van, sin tregua, del tejado o de los árboles cercanos a los montones de gavillas y de heno, y — son los primeros de entre todos los que saborearán esos productos — picotean entre las espigas enhiestas, se enzarzan con golpes de ala, giran para arramplar más semillas, para robar las pajitas más blandas de heno, ávidos, batalladores, libres de escrúpulos.

Los únicos ladrones comunes en Israel (donde — lo he notado — existe el máximo respeto a la propiedad ajena). ¡Las casas tienen ganas de estar abiertas, y los corrales y viñas sin guardia! Aparte de los rarísimos profesionales de la depredación, los verdaderos bandidos que asaltan en las quebradas de los montes, no hay ladronzuelos, y, ni siquiera, simplemente… golosos que alarguen la mano hacia el árbol frutal o hacia el pichón ajeno. Cada uno va por su camino y, aun cuando atraviesa la propiedad del prójimo, es como si no tuviera ni ojos ni manos. Es verdad que la hospitalidad se ejercita tan ampliamente que no hay necesidad de robar para poder comer. Sólo para Jesús, y por causa de un odio que es tan grande que suspende la costumbre secular de ser hospitalarios con el peregrino; sólo para Él, se verifica el hecho de casas que niegan hospitalidad y comida. Pero para los otros, generalmente, siempre hay piedad, especialmente entre las clases humildes.

Y así sucede que, sin miedo, los apóstoles, después de haber llamado a esta casa cerrada y no haber encontrado a nadie, se han refugiado debajo de un cobertizo en que hay aperos de labranza y cántaros vacíos; y, como si fuera suyo, han hecho uso del heno para sentarse, de los cubos para sacar agua del pozo, de las jarros para beber y mojar así los bocados de pan viejo y de cordero frío, que comen casi en silencio, por el mucho sueño que tienen y lo aturdidos que están por el sol. Y, con la misma libertad con que se han servido del heno y de las jarras, se tumban en el fragante heno; y pronto se oye un coro de ronquidos de distintos tonos y duración.

También Jesús está cansado. Más que cansado, triste. Mira durante un rato a los doce durmientes. Ora. Piensa… Piensa mientras sigue con los ojos, mecánicamente, las luchas de los gorriones y las palomas y el vuelo de saeta de las golondrinas por el corral lleno de sol. Da la impresión de que los chillidos de estas veloces dominadoras del vuelo ponen afirmaciones netas a las preguntas dolorosas que Jesús se plantea. Luego también Él se echa sobre el heno, y pronto los dulces y tristes ojos de zafiro se velan bajo los párpados, mientras el rostro se entona en el sueño, y, quizás porque se sume en el sueño con la tristeza en el corazón, su rostro toma mucho de la expresión cansada y dolorosa que tendrá en la muerte.

405.2

Regresan los campesinos propietarios de la casa. Hombres, mujeres, niños. Y con ellos están también los discípulos vistos antes. Ven a Jesús y a los suyos, durmiendo en el heno, y convierten las voces en susurros, para no despertarlos. Alguna mamá propina un pescozón al niño que no quiere callarse; o al menos hace ademán de querer hacerlo.

Un crío va con pasitos de tortolita y un dedito en la boca a observar a Jesús, «el más guapo» dice, que duerme con la cabeza apoyada en el brazo doblado para hacer de almohada. Y todos, descalzos, de puntillas, acaban imitándole; los primeros, Matías y Juan, que se enternecen viéndole duermiendo así en el heno. Y Matías observa: «Como en su primer sueño está nuestro Maestro, pero menos feliz que entonces… Le falta también su Madre…».

«Sí. Lo único que tiene es siempre cerca la persecución. Pero nosotros le amaremos siempre, le amamos siempre como en aquella hora…» responde Juan.

«Más que entonces, Matías. Más que entonces. Entonces amábamos sólo por fe y porque es tierno amar a un niño; pero ahora amamos también por conocimiento…».

«Ha sido odiado desde pequeño, Juan. ¡Recuerda lo que sucedió para matarle!…» y el rostro de Matías se quiebra recordando.

«Es verdad… ¡Pero, bendito sea aquel dolor! Todo lo perdimos, menos a Él. Y eso es lo que cuenta. ¿De qué nos habría servido el tener todavía parientes y casa y nuestro pequeño bienestar, si Él hubiera muerto?».

«Es verdad. Tienes razón, Matías. ¿Y de qué nos servirá tener todo el mundo, cuándo no esté ya en el mundo?».

«No me hables de eso… Entonces seremos verdaderamente unos desvalidos… Marchaos vosotros. Nosotros nos quedamos con el Maestro» dice luego Juan despidiéndose de los campesinos.

«Siento no haber pensado en dejarles la llave. Podían entrar en casa, estar mejor…» dice el hombre más anciano de la casa.

«Se lo diremos… De todas formas, se sentirá feliz también por vuestro amor. Id, id…».

Los campesinos entran en la casa, y pronto el humo que sube de la chimenea dice que están preparando la comida. Pero lo hacen con finura, conteniendo a los niños, haciendo poco ruido… y, también sin hacer ruido, llevan lo que han cocinado a los discípulos, y susurran: «Para cuando se despierten. Lo hemos tenido aparte para ellos»…

Luego el silencio envuelve de nuevo la casa. Quizás los segadores, que han estado trabajando desde el alba, se han echado en las camas para descansar en estas horas en que imposible sería estar en las tierras bajo el Sol incandescente. Se adormilan también los discípulos… Las palomas y los gorriones han hecho una pausa… Sólo las golondrinas pasan como saetas, incansables, y su vuelo rápido escribe palabras azules en los espacios y palabras de sombra en el blanco corral…

405.3

El pequeñín de antes, precioso con su camisita corta, único indumento a que se ha quedado reducido en esta hora tórrida, saca su cabecita morena por la puerta de la cocina, echa una ojeada, da unos pasos, cautamente, con sus tiernos piececitos, que sufren en contacto con el suelo hirviente de sol. La camisita, desatada, se le cae casi del hombro regordete. Llega donde los discípulos e intenta pasar por encima de ellos, para ir otra vez a mirar a Jesús. Pero sus piernecitas son demasiado cortas para poder superar los cuerpos musculosos de los adultos; tropieza y se cae encima de Matías, que se despierta y ve la carita turbada, próxima al llanto, del pequeñuelo. Sonríe y dice, intuyendo la maniobra del niño: «Ven aquí, te pongo entre Jesús y yo. Pero estáte callado y quieto. Déjale dormir, que está cansado».

Y el niño, feliz, se sienta a adorar el hermoso rostro de Jesús. Le mira, le escruta, siente grandes deseos de hacerle una caricia, de tocarle sus cabellos de oro. Pero Matías vigila sonriente y no se lo permite. Entonces el pequeño pregunta en voz baja: «¿Duerme siempre así?».

«Siempre así» responde Matías.

«¿Está cansado? ¿Por qué?».

«Porque anda mucho y habla mucho».

«¿Por qué habla y anda?».

«Para enseñar a los niños a ser buenos, a amar al Señor para ir con Él al Cielo».

«¿Allí arriba? ¿Y cómo? Está lejos…».

«El alma. ¿Sabes lo que es el alma?».

«¡Nooo!».

«Es la cosa más bonita que hay en nosotros, y…».

«¿Más que los ojos? Mi mamá me dice que mis ojos son dos estrellas. ¡Y las estrellas son muy bonitas, eh!».

El discípulo sonríe y responde: «Es más bonita que las estrellitas de tus ojos, porque el alma buena es más bonita que el Sol».

«¡Oh! ¿Y dónde está? ¿Dónde la tengo?».

«Aquí. En tu corazoncito. Y ve, oye todo, y no muere nunca. Y cuando uno no es nunca malo y muere como un justo, el alma vuela arriba con el Señor».

«¿Con Él?» y el niño señala a Jesús.

«Con Él».

«¿Pero Él tiene alma?».

«Tiene alma y divinidad. Porque ese Hombre al que estás mirando es Dios».

«¿Tú cómo lo sabes? ¿Quién te lo ha dicho?».

«Los ángeles».

El niño, que se había sentado completamente encima de Matías, no puede recibir esta noticia tranquilamente, y bruscamente se pone de pie y dice: «¿Tú has visto a los ángeles?» y mira a Matías con los ojos como platos. La noticia es tan impresionante, que por un instante se olvida de Jesús, siendo así que no ve que Él entreabre los ojos, despertado por el grito ligero del niñito, y los vuelve a cerrar y gira la cabeza hacia la otra parte.

«¡Calla! ¿Lo ves? Le despiertas… Te mando a casa».

«Estoy quieto. ¿Pero cómo son los ángeles? ¿Cuándo los has visto?» la vocecita es de nuevo un susurro.

Y Matías, paciente, cuenta la noche de Navidad al pequeñuelo, que se ha vuelto a sentar en su pecho, arrobado. Y, paciente, responde a todos los porqués: «¿Por qué había nacido en un establo? ¿No tenía casa? ¿Era tan pobre que no encontraba una casa? ¿Y ahora no tiene casa? ¿No tiene a su Mamá? ¿Dónde está su Mamá? ¿Por qué le deja solo, si sabe que ya le han querido matar? ¿No le quiere?…».

Una lluvia de preguntas y también de respuestas. Y la última — a la que Matías responde: «Esta Mamá santa quiere mucho a su divino Hijo. Pero hace el sacrificio de su dolor de dejar que se marche para que los hombres se salven. Para consolarse piensa que hay todavía hombres buenos capaces de amarle…» — suscita esta respuesta: «¿Y no sabe que hay niños buenos que le quieren? ¿Dónde está? Dímelo, que voy y le digo: “No llores. Yo le doy el amor a tu Hijo”. ¿Tú qué crees, que se pondrá contenta?».

«Mucho, niño» dice Matías, y le besa.

«¿Y Él se pondrá contento?».

«Mucho, mucho. Díselo cuando se despierte».

«¡Sí, sí! ¿Pero cuándo se despierta?». El niño está ansioso…

405.4

Jesús no resiste más. Se vuelve otra vez, con los ojos bien abiertos y una sonrisa luminosa, y dice: «Ya me lo has dicho, porque he oído todo. Ven aquí niño».

El niño no se lo hace repetir dos veces. Se vuelca encima de Jesús y le acaricia, le besa, le toca con su dedito la frente, las cejas, las pestañas de oro, se mira en el espejo de sus ojos azules, se frota contra la blanda barba y contra los sedosos cabellos, y dice a cada descubrimiento: «¡Qué bonito eres! ¡Bonito! ¡Bonito!». Jesús sonríe y también Matías.

Y luego, a medida que se van despertando los otros, porque ahora el pequeño ya no tiene tantos miramientos, sonríen discípulos y apóstoles al ver ese examen detallado, repetido por este hombrecito en miniatura, semidesnudo, regordete, que se pasea todo tranquilo y feliz por el cuerpo de Jesús para observarle de la cabeza a los pies, y al final dice: «¡Date la vuelta!» y explica: «para ver las alas» y pregunta desilusionado: «Por qué no las tienes?».

«No soy un ángel, niño».

«¡Pero eres Dios! ¿Cómo puedes ser Dios sin estar lleno de alas? ¿Cómo vas a poder ir al Cielo?».

«Soy Dios. Precisamente porque soy Dios no necesito alas. Hago lo que quiero y todo lo puedo».

«Entonces hazme los ojos como los tuyos. Son bonitos».

«No. Los que tienes te los he dado Yo, y me gustan así. Di, más bien, que te haga un alma de justo para amarme cada vez más».

«También me has dado Tú el alma. Entonces te gustará como la tengo» dice con lógica infantil el pequeño.

«Sí, ahora me gusta mucho porque es inocente. Pero, mientras que tus ojos serán siempre de este color de aceituna madura, tu alma de blanca puede pasar a negra si te vuelves malo».

«Malo no. Te quiero y quiero hacer lo que decían los ángeles cuando naciste: “Paz a Dios en el Cielo y gloria a los hombres de buena voluntad”» dice el niñito equivocándose, lo cual provoca una fragorosa carcajada en los adultos, cosa que le hace sentir vergüenza y callarse.

Pero Jesús le consuela, no sin corregirle: «Dios es siempre Paz, niño. Es la Paz. Los ángeles le glorificaban por el nacimiento del Salvador, y daban a los hombres la primera regla para obtener la paz que vendría por mi nacimiento: “tener buena voluntad”. La que tú quieres».

«Sí. Dámela entonces. Métemela aquí, donde ese hombre dice que tengo el alma» y con los dos índices se golpea repetidamente el pequeño pecho.

«Sí, pequeño amigo. ¿Cómo te llamas?».

«¡Miguel!».

«Nombre del poderoso arcángel. Entonces buena voluntad para ti, Miguel. Y que seas un confesor del Dios verdadero, diciendo a los perseguidores lo que tu angélico patrón: “¿Quién como Dios?”. Te bendigo, ahora y para siempre» y le impone las manos.

Pero el pequeñuelo no está convencido. Dice: «No. Besa aquí, en el alma; entrará dentro tu bendición y quedará cerrada dentro» y descubre el pequeño pecho para ser besado sin que ningún obstáculo se interponga entre su cuerpecito y los labios divinos.

Los presentes sonríen y, al mismo tiempo, están conmovidos. ¡Y no falta el motivo! La fe maravillosa del inocente, que — por instinto, dirían algunos; por impulso espiritual, digo yo — ha ido a Jesús, es verdaderamente conmovedora; y Jesús lo señala diciendo: «¡Si todos tuvieran el corazón de los niños!…».

405.5

Entretanto han pasado las horas. La casa toma vida de nuevo. Óyense voces de mujer, de niños, de hombres. Y una madre llama: «¡Miguel! ¡Miguel! ¿Dónde estás?» y se asoma asustada, mirando, con un atroz pensamiento en su corazón, al pozo bajo.

«No temas, mujer. Tu hijo está conmigo».

«¡Oh! Temía… Le gusta mucho el agua…».

«Sí, ha venido al Agua viva que baja del cielo a dar Vida a los hom­bres».

«Te ha molestado… Se me ha escabullido tan callandito que no he oído…» dice la mujer excusándose.

«¡Oh! ¡no! No me ha molestado. Me ha consolado. Los niños nunca causan dolor a Jesús».

Se acercan los hombres y las otras mujeres. El jefe de la familia dice: «Entra y repón fuerzas. Y perdona si no te hemos hecho amo de nuestra casa nada más verte…».

«No tengo que perdonar nada. He estado aquí, y he estado bien. Tu respeto me da todo honor. Teníamos comida y tu pozo es fresco, mullido el heno: más de lo que necesita el Hijo del hombre; no soy un sátrapa sirio».

Y Jesús, seguido por los suyos, entra en la vasta cocina para comer, mientras en el corral los hombres preparan sitio para los que ya están llegando procedentes de todos los lugares para oír al Maestro; otros se apresuran a preparar bebidas y comida, y a despellejar un corderito para dárselo a los evangelizadores como viático, y las mujeres traen huevos y mantequilla. Esto provoca las protestas de Pedro, que, con razón, dice que no puede llevar en las alforjas ese alimento tan fácil de derretirse con esos calores. Pero para algo están los jarros… Y ellas colman uno de mantequilla, le cierran y le meten en el pozo para que esté más frío que nunca.

Jesús manifiesta su agradecimiento. Quisiera limitar estos presentes. ¡Pero ya, ya!… Palabras desperdiciadas: otros dones vienen de todas partes y cada uno se excusa de dar poco…

Pedro susurra: «Se ve que aquí han estado los pastores. Terreno bonificado… terreno bueno».

El corral está lleno de gente, imperturbable, a pesar de que todavía no haya refrescado el día y aún roce el corral el último rayo de sol.

405.6

Jesús empieza a hablar: «¡La paz sea con todos vosotros! No voy a repetir, aquí que veo que ya es conocida la doctrina del Maestro de Israel por obra de los discípulos buenos, lo que vosotros ya sabéis. Dejo a los discípulos buenos la gloria de haberos instruido y la misión de seguir haciéndolo siempre, hasta daros la perfecta seguridad de que Yo soy el Prometido por Dios y que mi Palabra es propia de Dios».

«¡Y tus milagros son propios de Dios, bendito!» grita una voz de mujer desde el medio de la aglomeración de gente, y muchos se vuelven a mirar en esa dirección. La mujer levanta en los brazos a un niño lozano y sonriente y grita: «Maestro, es el pequeño Juan, el que curaste[1] en Agua Especiosa. El niñito de las caderas rotas, que ningún médico podía curar y que yo te llevé con fe y Tú le curaste teniéndole sentado en tus piernas».

«Me acuerdo, mujer. Tu fe merecía el milagro».

«Ha aumentado, Maestro. Toda mi parentela cree en ti. Ve, hijo, a dar las gracias al Salvador. Dejadle que vaya donde Él…» ruega la mujer.

Y la multitud se abre y deja pasar al niño, que va raudo hacia Jesús tendiendo hacia adelante los brazos para poder abrazarle, lo cual sucede en medio las aclamaciones y comentarios de la gente de la ciudad o de los forasteros; porque los de los campos ya conocen el hecho y no muestran estupor. Jesús reanuda su discurso teniendo de la mano al niño.

«Y aquí veis confirmada por una madre agradecida mi Naturaleza y confirmado el poder que ejerce la fe en el corazón de Dios, que no defrauda jamás las confiadas y justas peticiones de sus hijos.

405.7

Os invito a recordar a Judas Macabeo[2], cuando se asomó a esta llanura para estudiar el formidable campamento de Gorgias, que contaba con cinco mil infantes y mil caballeros, adestrados a la batalla, bien protegidos con corazas y armas y torres de guerra. Judas miraba con sus tres mil infantes sin escudo ni espada, y sentía insinuarse el temor en el corazón de sus soldados. Entonces habló, respaldado por su derecho, aprobado por Dios por estar orientado no a abusos sino a la defensa de la Patria invadida y profanada. Y dijo: “No os asuste su número, no tengáis miedo de su ataque. Recordad cómo nuestros padres fueron salvados en el Mar Rojo, cuando el Faraón los seguía con un gran ejército”. Y, reanimada la fe en la potencia de Dios, que está siempre con los justos, enseñó a los suyos los medios para obtener ayuda. Dijo: “Alcemos, pues, la voz al Cielo y el Señor tendrá piedad de nosotros, y, recordándose de la alianza que hizo con nuestros padres, hoy destruirá delante de nosotros a este ejército, y todas las gentes sabrán que hay un Salvador que libera a Israel”.

Bien. Yo os señalo dos puntos capitales para tener a Dios con nosotros, como ayuda en las empresas justas.

La primera cosa: para tenerle como aliado, tener el corazón justo que tenían nuestros padres. Recordad la santidad, la prontitud de los patriarcas en obedecer al Señor, tanto si la cosa solicitada era de poco valor como si era de valor sumo. Recordad con qué fidelidad permanecieron fieles al Señor. Mucho nos quejamos en Israel de no tener ya al Señor con nosotros, mientras que en el pasado era benigno. ¿Pero sigue teniendo Israel el corazón de sus padres? ¿Quién rompió y rompe continuamente la alianza con el Padre?

Segunda cosa capital para tener a Dios con nosotros: la humildad. Judas Macabeo era un gran israelita y un gran soldado. Pero no dice: “Yo hoy destruiré a este ejército y las gentes sabrán que soy el salvador de Israel”. No. Dice: “Y el Señor destruirá a este ejército delante de nosotros, que somos incapaces de hacerlo porque somos débiles”. Porque Dios es Padre y tiene cuidado de sus pequeñuelos y, para que no mueran, manda a sus poderosas formaciones para combatir a los enemigos de sus hijos con armas sobrehumanas. Cuando Dios está con nosotros, ¿quién podrá vencernos? Decid siempre esto, ahora y en un futuro, cuando pretendan derrotaros, y no ya en una cosa relativa como es una batalla nacional, sino en una cosa mucho más vasta en el tiempo y en las consecuencias, como es en el caso de vuestra alma. No dejéis que se apoderen de vosotros ni el temor ni la soberbia. Ambos son dañinos. Dios estará con vosotros si sois perseguidos a causa de mi Nombre, y os dará fuerza en las persecuciones; Dios estará con vosotros si sois humildes, si reconocéis que vosotros, por vosotros mismos, no sois capaces de nada, pero que todo lo podéis si estáis unidos al Padre.

Judas no se pavonea ornándose con el título de Salvador de Israel, sino que da ese título al Dios eterno. Efectivamente, vanos son los afanes de los hombres si Dios no acompaña sus esfuerzos. Mientras que sin afanarse vence quien confía en el Señor, que sabe cuándo es justo premiar con victorias y cuándo es justo castigar con derrotas. Necio el hombre que quiere juzgar a Dios, aconsejarle o criticarle. ¿Os imagináis a una hormiga que, observando la obra de un cortador de mármol, dijera: “No sabes hacerlo. Yo lo haría mejor y antes que tú”? La misma imagen de sí da el hombre que quiere ser maestro de Dios. Y a la imagen ridícula añade la de un ser ingrato y arrogante, que se ha olvidado de lo que es: criatura, y de lo que es Dios: Creador. Ahora bien, si Dios ha creado un ser tan bien creado que puede creerse capaz de dar consejos al mismo Dios, ¿cuál será la perfección del Autor de todas las criaturas? Debería bastar este pensamiento para mantener baja la soberbia, para destruir este malo y satánico árbol, este parásito que, una vez que se insinúa en un intelecto, lo invade; y suplanta, ahoga, mata todo árbol bueno, toda virtud que hace grande al hombre en la Tierra, verdaderamente grande, no por censo ni por coronas, sino por justicia y sabiduría sobrenaturales, y bienaventurado en el Cielo para toda la eternidad.

405.8

Y observemos otro consejo que nos dan el gran Judas Macabeo y los acontecimientos de ese día en esta llanura. Habiéndose encendido la batalla, las tropas de Judas, con las cuales estaba Dios, vencieron y desbarataron a los enemigos, a una parte poniéndolos en fuga hasta Jéceron, Azoto, Idumea y Yamnia, dice la historia, a otra parte traspasándolos con la espada y dejando muertos en los campos a más de tres mil. Pero Judas dice a sus soldados ebrios de victoria: “No os detengáis a recoger botín, porque la guerra no ha terminado y Gorgias con su ejército está en la montaña cerca de nosotros. Tenemos que seguir combatiendo contra nuestros enemigos y vencerlos completamente; después, tranquilamente, recogeremos el botín”. Y así hicieron. Y obtuvieron segura victoria y rico botín y liberación, y, al regreso, cantaban bendiciones a Dios porque “es bueno, porque su misericordia es eterna”.

También el hombre, todo hombre, es como los campos que están alrededor de la ciudad santa de los judíos. Rodeado de enemigos externos e internos, todos crueles, todos anhelosos de presentar batalla a la ciudad santa del individuo humano — su espíritu —, y presentarla además al improviso, para cogerla de sorpresa con mil astucias, y destruirla. Las pasiones, cultivadas e incitadas por Satanás, y no vigiladas por el hombre con toda su voluntad para tenerlas sujetas, peligrosas si no logra domarlas, pero inocuas si están vigiladas como un ladrón encadenado, y el mundo, que desde fuera conjura con ellas con sus seducciones de carnalidad, de riquezas, de orgullo, bien asemejan a los poderosos ejércitos de Gorgias, revestidos de coraza, dotados de torres de guerra, de arqueros buenos flechadores, de caballeros veloces, siempre preparados para empezar el ataque a las órdenes del Mal. ¿Pero qué puede el Mal si Dios está con el hombre que quiere ser justo? El hombre sufrirá, será herido, pero salvará su libertad y su vida, y conocerá la victoria después de la buena batalla, que no se produce sólo una vez, sino que se renueva siempre mientras dura la vida, o hasta que el hombre se despoja tanto de su humanidad y se convierte en espíritu más que carne, espíritu fundido con Dios, que las flechas, los ataques, los fuegos de guerra no pueden ya dañarle en lo profundo y caen, tras haberle agredido superficialmente, como puede hacer una gota en la superficie de un duro y resplandeciente jaspe.

No os detengáis a recoger botín, no os distraigáis hasta llegar a la puerta de la vida, no de esta vida de la Tierra, sino de la verdadera Vida de los Cielos. Entonces, victoriosos, recoged vuestro botín y entrad, adentraos, gloriosos, hasta la presencia del Rey de los reyes, y decid: “He vencido. Aquí está mi botín. Lo he recogido con tu ayuda y con mi buena voluntad, y te bendigo, Señor, porque eres bueno y tu misericordia es eterna”.

405.9

Esto se refiere a la vida en general, para todos. Pero para vosotros, para vosotros que en mí creéis, se esconde, al acecho, otra batalla. Más batallas. Las batallas contra la duda, contra las palabras que os dirán, contra las persecuciones.

Dentro de poco seré elevado al lugar para el que he venido del Cielo. Este lugar os va a producir miedo, os va a parecer un mentís contra mis palabras. No. Mirad el hecho con ojo espiritual, y veréis que lo que va a suceder será la confirmación de lo que soy realmente: no el pobre rey de un pobre reino, sino el Rey anunciado por los profetas, a los pies de cuyo trono único, inmortal, vendrán, como ríos al océano, todas las gentes de la Tierra, y dirán: “Te adoramos, oh Rey de los reyes y Juez eterno, porque por tu santo Sacrificio has redimido al mundo”.

Resistid a la duda. Yo no miento. Yo soy Aquel de quien hablan los profetas. Como la madre de Juan hace un rato, alzad el recuerdo de lo que os he hecho, y decid: “Estas obras son propias de Dios. Nos las ha dejado como recuerdo, como confirmación, como ayuda para creer, y creer además en esta hora precisamente”. Luchad y venceréis contra la duda que sofoca la respiración de las almas. Luchad contra las palabras que os van a decir. Recordad a los profetas y mis obras. A las palabras enemigas responded con los profetas y con los milagros que me habéis visto hacer. No tengáis miedo. Y no seáis ingratos por miedo, callando lo que Yo he hecho para vosotros. Luchad contra las persecuciones; mas no luchéis persiguiendo a quien os persiga, sino ofreciendo el heroísmo de vuestra confesión a quien pretenda persuadiros, con amenazas de muerte, a que reneguéis de mí. Luchad siempre contra los enemigos. Todos. Contra vuestra humanidad, vuestros miedos, los compromisos indignos, los pactos interesados, las presiones, las amenazas, las torturas, la muerte.

405.10

¡La muerte! No soy el jefe de un pueblo que dice a su pueblo: “Sufre por mí mientras yo gozo”. No. Yo soy el primero en sufrir, para daros ejemplo. No soy un caudillo de ejércitos que dice a los ejércitos: “Combatid para defenderme. Morid para darme la vida”. No. Yo soy el primero que combate. Seré el primero en morir, para enseñaros a morir. De la misma forma que siempre he hecho lo que he dicho que se haga, y predicando la pobreza he sido pobre; la continencia, casto; la templanza, temperante; la justicia, justo; el perdón, he perdonado, y perdonaré… y, de la misma forma que he hecho todo esto, haré también la última cosa. Os voy a enseñar cómo se redime. Os lo voy a enseñar no con palabras, sino con los hechos. Os voy a enseñar a obedecer obedeciendo a la más dura de las obediencias, la de mi muerte…

Os voy a enseñar a perdonar, perdonando en medio de los últimos tormentos como perdoné en la paja de mi cuna a la Humanidad que me había arrancado de los Cielos. Perdonaré como he perdonado siempre. A todos. Por cuenta mía, a todos. A los pequeños enemigos, a los neutrales, indiferentes, volubles, y a los grandes enemigos, que no sólo me causan el dolor de ser apáticos ante mi poder y mi deseo de salvarlos, sino que me dan, y darán, el inmenso dolor de ser los deicidas. Perdonaré. Y, puesto que a los deicidas impenitentes no podré darles absolución, seguiré orando, con mis últimos tormentos, al Padre por ellos… para que los perdone… pues estarán ebrios de un satánico licor… Perdonaré… Y vosotros perdonad en mi nombre. Y amad. Amad como amo Yo, como os amo y os amaré, eternamente.

405.11

Adiós. Cae la tarde. Vamos a orar juntos. Luego que cada uno vuelva a su casa con la palabra del Señor en su corazón, y en vuestros corazones haga espiga ya granada para vuestras hambres futuras, cuando deseéis oír todavía al Amigo, al Maestro, al Salvador vuestro, y sólo lanzando el espíritu a los Cielos podáis encontrar a Aquel que os ha amado más que a sí mismo. Padre nuestro que estás en el Cielo…».

Y Jesús, con los brazos abiertos — alta y cándida cruz contra el fondo del obscuro muro de la fachada septentrional —, dice lentamente el Pater. Luego bendice con la bendición mosaica. Besa a los niños. Los bendice una vez más. Se despide y va hacia el Norte, bordeando los muros de Emaús sin entrar en la ciudad. Los tonos violáceos del crepúsculo absorben lentamente la dulce visión del Maestro, que va, que va cada vez más hacia su destino…

En el corral semiobscuro hay un silencio de paz dolorosa… Casi de espera. Luego el llanto del pequeño Miguel, un llanto semejante al de un corderito que se encuentra solo, rompe el hechizo, y muchos ojos se humedecen de lágrimas y muchos labios repiten las inocentes palabras del pequeño: «¡Oh! ¿por qué te has marchado? ¡Vuelve! ¡Vuelve!… ¡Hazle volver, Señor!». Y, una vez que Jesús desaparece del todo, el desolado reconocimiento del hecho cumplido: «¡Ya no está Jesús!», que inútilmente trata de aliviar la madre del pequeño Miguel, el cual llora como si hubiera perdido más que a la madre, y desde los brazos de ella tiene ojos solamente para el punto donde ha desaparecido Jesús, y extiende los brazos, y llama: «¡Jesús! ¡Jesús!».

405.12

…Jesús espera a estar bastante lejos. Luego dice: «Vamos a ir a Joppe. Los discípulos han trabajado mucho en esa ciudad, que ahora espera la palabra del Señor».

No hay mucho entusiasmo por este plan, que alarga más el camino, pero Simón Zelote puntualiza que desde Joppe hasta las propiedades de Nicodemo y José se llega pronto y por buenos caminos, y Juan está contento de ir hacia el mar… Y los otros, movidos por estas consideraciones, terminan por ir con más voluntad por el camino que se dirige al mar.

Dice Jesús: «Aquí pondréis la visión del 20 de septiembre de 1944: “Jesús y los Gentiles en una ciudad de mar”, que titularéis[3]: “Jesús en Joppe habla a Judas de Keriot y a unos Gentiles”, porque ese episodio ocurrió allí después de un día de milagros y predicaciones».


Notes

  1. que tu as guéri, en 125.5.
  2. Je vous invite à vous rappeler ceci: Judas Maccabée, dans l’épisode de la bataille d’Emmaüs relatée en 1 M 4, 1-25.

Notas

  1. el que curaste, en 125.5.
  2. Os invito a recordar a Judas Macabeo en el episodio de la batalla de Emaús referido en 1 Macabeos 4, 1-25. Forman parte de ese fragmento dos referencias bíblicas (versículos 6-11 y 14-25) anotadas por MV en una copia mecanografiada.
  3. titularéis... La indicación del título, para el capítulo que sigue, tiene la evidente finalidad de que quede incluido en él el nombre de la ciudad, Joppe, “porque ese episodio tuvo lugar allí” y porque MV había escrito al final del capítulo: “No sé que ciudad es”. De todas formas, el título que pondremos incluye también los otros elementos del título indicado. En el manuscrito original MV abre cada capítulo con la fecha de su redacción. Y, a partir del capítulo que en la presente edición toma el número de orden 187, MV añade casi siempre a la fecha, y quizás una vez terminada la redacción del capítulo, un título breve y completamente inadecuado en orden a la expresión del contenido del capítulo. Por tanto, en la presente edición todos los títulos de los capítulos, excepto alguno de ellos, son de C. Son también de C la numeración progresiva de los capítulos y la descomposición de capítulo en fragmentos numerados, llamados parágrafos, cada uno de los cuales expresa una completitud narrativa o conceptual.