Los Escritos de Maria Valtorta

404. En route vers Emmaüs de la plaine.

404. En camino hacia Emaús de la llanura.

404.1

L’aube met une clarté d’un vert laiteu sur la voûte du ciel, au-dessus de la vallée fraîche et silencieuse. Puis cette lueur si indéfinie, qui est et qui n’est pas encore de la lumière, baigne le haut des deux pentes. Elle semble caresser doucement les sommets les plus élevés des monts de Judée et dire aux vieux arbres qui les couronnent : “ Me voici, je descends du ciel, je viens de l’orient, précédant l’aurore, chassant les ombres, apportant la lumière, l’activité, la bénédiction d’un nouveau jour que Dieu vous accorde. ” Et les cimes s’éveillent, accompagnées du soupir des feuillages, du pépiement des premiers oiseaux, réveillés par le frémissement des branches, par cette clarté naissante. Plus tard, l’aube continue à descendre vers les buissons du sous-bois, puis vers les herbes, vers les pentes, de plus en plus bas et elle est saluée par des gazouillis sans cesse plus nombreux dans les frondaisons et l’ondoiement dans les herbes des lézards réveillés. Enfin, elle atteint le petit torrent du fond, change ses eaux sombres en un opaque scintillement d’argent qui ne cesse de s’éclaircir et de devenir brillant. Et là-haut, dans le ciel, où l’indigo de la nuit s’était à peine éclairci en un pâle bleu verdâtre d’aube, se dessine la première annonce de l’aurore en le colorant de bleu clair teinté de rose… Et voici un cirrus léger, floconneux, qui arrive, déjà tout mousseux et rosé…

Jésus sort de la grotte et regarde… Il se lave au torrent, se coiffe, s’habille, jette un coup d’œil dans la grotte… Il n’appelle pas… au contraire, il gravit la montagne et va prier sur un pic qui fait saillie et qui est assez élevé pour donner une large vue sur l’orient déjà tout rosi par l’aurore, sur l’occident encore teinté d’indigo. Il prie… il prie ardemment, à genoux, les coudes à terre, presque allongé… Et il reste ainsi jusqu’à ce que d’en bas montent les voix des douze qui se sont réveillés et l’appellent.

Il se lève et répond :

« J’arrive ! »

L’écho de l’étroite vallée répercute plusieurs fois sa voix parfaite. On dirait que la vallée transmet à la plaine, qu’on entrevoit à l’occident, la promesse du Seigneur : “ J’arrive ” pour lui permettre de s’en réjouir d’avance.

Jésus se met en route en soupirant et en prononçant une phrase qui résume sa longue prière et l’explique :

« Père, donne-moi ton réconfort… »

Il descend rapidement et, arrivé en bas, salue d’un sourire très doux ses apôtres de ses mots habituels :

« Que la paix soit avec vous en cette nouvelle journée.

– Avec toi aussi, Maître » répondent tous les apôtres, même Judas.

404.2

Je ne sais pas si ce dernier est rassuré par le silence de Jésus qui ne lui a pas fait de reproches et qui le traite comme tous les autres, ou s’il a médité pendant la nuit un plan pour se tirer d’affaire. Son regard est moins torve et il se tient moins à l’écart. C’est même lui qui demande au nom de tous :

« Nous allons à Jérusalem ? Si oui, il faut revenir un peu en arrière et prendre ce pont. De l’autre côté, il y a une route qui mène directement à Jérusalem.

– Non. Nous allons à Emmaüs de la plaine.

– Mais pourquoi ? Et la Pentecôte ?

– Nous avons le temps. Je veux me rendre chez Nicodème et chez Joseph, par les plaines vers la mer…

– Mais pourquoi ?

– Parce que je n’y suis pas encore allé et ce peuple m’attend… Et parce que les bons disciples l’ont désiré. Nous aurons le temps de tout faire.

– C’est cela que t’a dit Jeanne ? C’est pour cela qu’elle t’a appelé ?

– Ce n’était pas nécessaire. C’est à moi, directement à moi qu’ils l’ont dit, dans les jours de Pâque. Et je suis fidèle au rendez-vous.

– Moi, je n’irais pas… Ils sont peut-être déjà à Jérusalem… La fête est proche… Et puis… Tu pourrais rencontrer des ennemis, et…

– Des ennemis, j’en rencontre partout et j’en ai toujours près de moi… »

Jésus darde son regard sur l’apôtre qui est sa douleur… Judas ne souffle plus mot. Il est trop dangereux d’aller plus loin ! Il le sent et se tait.

404.3

Jean et André reviennent avec de petits fruits qui semblent appartenir à la famille des framboises ou des caprons, mais plus foncés, presque comme des mûres encore rouges, et ils les tendent au Maître :

« Cela va te plaire. Nous les avons remarqués hier soir, et nous sommes montés les cueillir pour toi. Mange-les, Maître. Ils sont délicieux. »

Jésus caresse les deux bons et jeunes apôtres qui lui présentent leurs baies sur une large feuille lavée au torrent : au-delà des fruits, c’est leur amour qu’ils lui offrent. Jésus choisit les plus beaux et en donne un peu à chaque apôtre. Ils les mangent avec du pain.

« Nous avons cherché du lait pour toi, mais il n’y avait pas encore de bergers… » dit André en s’excusant.

– Peu importe. Dépêchons-nous, pour arriver à Emmaüs avant la grande chaleur. »

Ils se mettent en chemin et ceux qui ont le plus d’appétit mangent encore en marchant. La fraîche vallée s’élargit de plus en plus, et elle finit par déboucher dans une plaine fertile où les moissonneurs sont déjà en plein travail.

« Je ne savais pas que Nicodème possédait des maisons à Emmaüs, observe Barthélemy.

– Pas à Emmaüs, plus loin. Ce sont des champs de parents dont il a hérité…, explique Jésus.

– Quelles belles campagnes ! » s’exclame Jude.

C’est en effet une vraie mer d’épis dorés entremêlés de vergers de rêve et de vignes qui déjà promettent une gloire de grappes. Arrosées comme elles le sont par les centaines de petits torrents qui descendent des montagnes toutes proches, aux mois où l’irrigation est la plus nécessaire, avec des nappes d’eaux souterraines, c’est un véritable éden agricole.

« Oui ! La plaine est plus belle que l’an dernier. Au moins, il y a de l’eau et des fruits…, marmonne Pierre.

– Celle de Saron l’est encore davantage, lui répond le Zélote.

– Mais n’est-ce pas déjà celle-ci ?

– Non, elle vient après. Mais celle-ci s’en rapproche… »

Les deux apôtres se mettent à discuter, en s’éloignant un peu.

404.4

« Des propriétés de pharisiens, hein ? demande Jacques, fils de Zébédée, en montrant la riche campagne.

– De Judéens certainement. Ils ont pris les meilleures terres en les enlevant de mille manières à leurs premiers propriétaires ! » lui répond Jude, qui se souvient peut-être des biens de son père en Judée d’où ils furent chassés en perdant une grande partie de leur fortune.

Judas est piqué au vif :

« S’ils vous ont été pris, c’est parce que vous autres, galiléens, vous êtes moins saints, inférieurs…

– Je te prie de te souvenir qu’Alphée et Joseph étaient de la race de David, de sorte que l’Edit les a obligés d’aller s’inscrire à Bethléem de Juda. Et Jésus est né là-bas pour cette raison » répond calmement Jacques, fils d’Alphée, en prévenant la riposte mordante de son fougueux frère, et en montrant le Seigneur, qui est en train de parler avec Matthieu et Philippe.

– Oh ! c’est bon ! » dit Thomas, conciliant et juste. « Pour ma part, je dis qu’il y a partout du bon et du mauvais. Dans notre commerce, nous avons approché des gens de toute origine, et je peux vous assurer que j’ai trouvé des personnes honnêtes ou malhonnêtes dans toutes les races. Et d’ailleurs… Pourquoi se vanter d’être judéen ? Est-ce nous qui l’avons voulu ? Hein ? Est-ce que je savais, quand j’étais dans le sein de ma mère, ce que c’était que d’être judéen ou galiléen ? J’étais là… et j’y restais. Une fois né, j’étais dans les langes, bien au chaud, sans me demander si l’air que je respirais était judéen ou galiléen… Je ne connaissais que le sein maternel… C’est notre cas à tous. Maintenant, pourquoi se fâcher ainsi parce que l’un est né plus haut et l’autre plus bas ? Ne sommes-nous pas pareillement d’Israël ?

– Tu as raison, Thomas » répond Jean. Et il conclut : « D’ailleurs, nous appartenons désormais à une seule race : celle de Jésus.

– Oui, il est d’origine judéenne, mais conçu et habitant en Galilée, après être né à Bethléem, comme pour nous dire par les faits qu’il est le Rédempteur d’Israël tout entier, du nord au midi. Je crois que cela a été voulu par le Très-Haut, pour nous apprendre que les divisions vont à l’encontre de l’amour du prochain, et que le Maître est envoyé pour nous rassembler tous comme l’affectueuse mère poule dont parlent[1] les livres saints. Et pour la seule raison qu’il est appelé “ le Galiléen ”, on ne devrait pas éprouver de mépris pour les Galiléens » dit Jacques, fils d’Alphée, avec douceur mais fermeté.

Jésus, qui marchait quelques mètres en avant et semblait occupé à parler avec Matthieu et Philippe, se retourne pour dire :

« Tu as bien parlé, Jacques, fils d’Alphée. Tu comprends la Vérité et les vérités, ainsi que la justice de tous les actes de Dieu. En effet, rappelez-vous tous et toujours, que Dieu ne fait jamais rien sans but, de même qu’il ne laisse sans récompense rien de ce que font les hommes au cœur droit. Bienheureux ceux qui savent reconnaître les raisons de Dieu dans les événements même les plus insignifiants, et les réponses de Dieu aux sacrifices des hommes. »

Pierre se retourne ; il est sur le point de parler. Mais il garde le silence et se borne à sourire à son Maître, qui se réunit à ses apôtres car ils marchent maintenant sur une route à grande circulation à travers des champs dorés.

404.5

Ils se dirigent vers Emmaüs qui est déjà proche : c’est un groupe de maisons d’un blanc aveuglant au milieu des couleurs blonde des blés mûrs et verdoyante des vergers.

« Maître ! Maître ! Arrête-toi ! Tes disciples ! » crient des voix lointaines.

Une poignée d’hommes, laissant en plan des paysans qui se reposent un peu à l’ombre d’un pommier, courent vers Jésus par un sentier ensoleillé. Ce sont Mathias et Jean, les anciens bergers, d’abord disciples de Jean-Baptiste, ainsi que Nicolaï, Abel qui était autrefois lépreux, Samuel, Hermastée, et d’autres encore.

« Paix à vous. Comment êtes-vous ici ?

– Eh bien, Maître, nous avons longé toutes les côtes de la mer. Nous allions maintenant à Jérusalem. Plus haut se trouve Etienne avec d’autres et, plus haut encore, Hermas et d’autres. Isaac, notre petit maître à tous, est encore plus en altitude — du moins il y était —. Quant à Timon, il était de l’autre côté du Jourdain. Mais, à présent, ils doivent tous être en route pour la fête de la Pentecôte. Nous nous sommes répartis en de nombreux groupes, petits, mais pas inactifs. Ainsi, s’ils nous persécutent, ils pourront en capturer quelques-uns, mais pas tous, explique Mathias.

– Vous avez bien fait. Je me suis étonné de ne pas vous avoir trouvés dans toute la Judée méridionale…

– Maître… Tu y allais… Qui mieux que toi ? Et puis… Ah ! elle a eu plus qu’il ne faut pour devenir sainte ! Et pourtant… Elle envoie des pierres à ceux apportent la parole du Ciel. Dans les gorges du Cédron, Elie et Joseph ont été frappés et ils sont passés au-delà du Jourdain, dans la maison de Salomon. Joseph a failli être tué par une pierre sur la tête. Pendant huit jours, ils ont vécu dans une grotte profonde, avec quelqu’un que tu avais envoyé qui connaissait tous les secrets des montagnes. Puis, de nuit, lentement, ils sont partis de l’autre côté… »

Les disciples et les apôtres sont agités par le souvenir et l’annonce de ces persécutions, mais Jésus les calme :

« Les Innocents ont teint de la pourpre de leur sang très pur le chemin du Christ. Mais ce dernier devra être toujours rougi de pourpre pour effacer les empreintes du Mal sur la route de Dieu. C’est la voie royale. Les martyrs le font par amour pour moi. Bienheureux entre les bienheureux, ceux qui à cause de moi subissent la persécution.

– Maître, nous nous adressions à ces paysans. Ne vas-tu pas prendre la parole à ton tour ? demande Jean, l’ancien berger.

– Allez leur dire qu’au crépuscule je parlerai près de la porte d’Emmaüs. Maintenant, le soleil m’en empêche. Allez. Et que Dieu soit avec vous. Je serai au bout de cette route. »

Il les bénit et reprend sa marche en cherchant de l’ombre, car le soleil est brûlant sur la route blanche, à peine ombragée par des platanes plantés sur les bords, à cet effet.

404.1

El alba pone una luminosidad verde láctea en la bóveda del cielo, alto sobre el valle fresco y silencioso. Y luego ese claror suyo tan indefinible, que es ya luz y no lo es todavía, baña las cimas de las dos vertientes. Parece acariciar levemente las partes más altas de los montes judíos; decir a los árboles añosos que las coronan: «Aquí estoy. Bajo del cielo. Vengo de oriente. Precedo a la aurora. Pongo en fuga las sombras. Traigo la luz, la laboriosidad, la bendición de un nuevo día que Dios os concede», y las cimas se despiertan con un suspiro de frondas, con el silbo de los primeros pájaros despertados por ese leve vibrar del follaje y ese primer claror. Y baja más el alba, a los matorrales del monte bajo, luego a las hierbas, luego a las laderas, cada vez más abajo, y la saludan gorjeos cada vez más numerosos entre las frondas, y rumores, entre las hierbas, de los lagartos despertados. Y llega al torrentillo del fondo, transforma sus aguas obscuras en un opaco cabrilleo de plata, que se va haciendo cada vez más limpio y brillante. Y arriba, entretanto, en el cielo, que apenas si había aclarado su añil nocturno en un celeste pálido verdoso de alba, marca sus pinceladas el primer anuncio de aurora, que pone celeste el cielo con notas de rosa… Y luego un cirro, delicado, esponjoso, ya todo de espuma rosada, surcando el cielo…

Jesús sale de la gruta y mira… Luego se lava en el torrente, se asea, se viste de nuevo, echa una ojeada dentro de la gruta… No llama… Sube al monte y va a orar encima de un pico que sobresale, ya tan elevado que concede un vasto radio de visibilidad sobre el oriente todo róseo de la aurora, y sobre el occidente aún penetrado de añil. Ora… ora ardientemente, de rodillas, apoyados los codos en la tierra, casi prono… Y ora así hasta que desde abajo suben las voces de los doce, que se han despertado y le llaman.

Se levanta. Responde: «¡Voy!». Y el eco del angosto valle repite varias veces el eco de la voz perfecta. El valle parece propagar a la llanura, que se vislumbra al Oeste, la promesa del Señor: «Voy», para que exulte anticipadamente.

Jesús se encamina con un suspiro y una frase que compendian su larga oración y la explican: «Y Tú, Padre, confórtame…».

Baja a buen paso y, en llegando abajo, saluda con una sonrisa dulcísima a sus apóstoles y con las palabras habituales: «La paz sea con vosotros en este nuevo día».

«También a ti, Maestro» responden los apóstoles. Todos.

404.2

También Judas, que, no sé si es porque el silencio mantenido por Jesús, que no le ha reprendido y que le trata como a todos los otros, le ha tranquilizado o si es porque durante la noche ha meditado un plan en favor propio, está menos torvo y menos apartado. Es más, es precisamente él el que pregunta por todos: «¿Vamos a Jerusalén? Si vamos, hay que recorrer un poco de camino hacia atrás y tomar aquel puente; al otro lado hay un camino que va recto a Jerusalén».

«No. Vamos a Emaús de la llanura».

«¿Pero por qué? ¿Y Pentecostés?».

«Hay tiempo. Quiero ir a ver a Nicodemo y a José, por las llanuras hacia el mar…».

«¿Pero para qué?».

«Porque no he estado todavía allí y ese pueblo me espera… Y porque así lo han deseado los buenos discípulos. Tendremos tiempo para todo».

«¿Te dijo eso Juana? ¿Para eso te llamó?».

«No había necesidad de ello. Me lo dijeron directamente a mí en los días de la Pascua. Y Yo cumplo».

«Yo no iría… Quizás estarán ya en Jerusalén… La fiesta está cercana… Y además… Podrías encontrar enemigos, y…».

«En todas partes encuentro enemigos, y los tengo siempre cerca…» y Jesús lanza una mirada que es una saeta al apóstol de su dolor…

Judas no dice nada más. ¡Demasiado peligroso es seguir adentrándose! Lo percibe y calla.

404.3

Vuelven Juan y Andrés con unas frutas de pequeño tamaño, parecen de la familia de la frambuesa, o fresas grandes, pero son más obscuras, casi como moras no maduras; se las ofrecen al Maestro: «Te gustan. Las vimos ayer al anochecer y hemos subido a cogerlas para ti. Cómelas, Maestro. Son buenas».

Jesús acaricia a los dos buenos y jóvenes apóstoles, que le ofrecen sus frutos en una ancha hoja lavada en el torrente, y que, más que los frutos, le ofrecen su amor; escoge las frutitas mejores y da un poco de ellas a todos, que las comen con el pan.

«Hemos buscado leche para ti. Pero todavía no hay ningún pastor…» dice excusándose Andrés.

«No importa. Vamos a ponernos en marcha para estar en Emaús antes del calor intenso».

Y van caminando — los que tienen más apetito siguen comiendo — por el fresco valle, que se va haciendo cada vez más ancho y termina por desembocar en una fértil llanura en que ya bulle el trabajo de los segadores.

«No sabía que Nicodemo tuviera casas en Emaús» observa Bartolomé.

«No en, sino después de Emaús. Tierras que ha heredado de parientes…» explica Jesús.

«¡Qué bonita campiña!» exclama el Tadeo.

Efectivamente, es un mar de espigas de oro, en que están intercalados pomares de ensueño y viñas que ya prometen una gloria de racimos. Estando bien regada por los cercanos montes que vierten en ella innumerables torrentillos en los meses más necesitados de irrigación, y ciertamente dotada de venas de agua subterránea, es un verdadero edén agrícola.

«¡Mmm! Está más bonita que el año pasado» murmura Pedro. «Al menos hay agua y fruta…».

«La de Sarón está más bonita incluso» le responde el Zelote.

«¿Pero no es ya ésta?».

«No. Viene después de ésta. Pero en ésta ya se presiente la Llanura de Sarón…».

Los dos apóstoles se ponen a hablar entre sí, alejándose un poco.

404.4

«¿Esto es de fariseos, no?» pregunta Santiago de Zebedeo, señalando la bonita campiña.

«De judíos, sin duda. Han cogido los lugares mejores usurpándoselos, con mil modos, a los primeros propietarios» le responde Judas Tadeo, que quizás recuerda los bienes paternos de Judea, de los cuales fueron expulsados, perdiendo mucho bienestar.

Judas Iscariote se da por aludido: «Si han sido cogidos es porque vosotros, galileos, sois menos santos, inferiores…».

«Te ruego que recuerdes que Alfeo y José eran de la estirpe de David. Tanto que el edicto les hizo ir a apuntarse a Belén de Judá. Y Él nació allí por esto» responde sereno Santiago de Alfeo, previniendo la respuesta punzante de su fogoso hermano y señalando al Señor, que está hablando con Mateo y Felipe.

«¡Ah! ¡Bueno! Yo lo que pienso es que buenos y malos hay en todas partes. En nuestras compraventas hemos tenido contacto con personas de todas las razas, y os aseguro que en todas he encontrado honestos y deshonestos. Y además… ¿por qué enorgullecerse de ser judíos? ¿Acaso lo hemos querido nosotros? ¡Mmm! ¡Sí tenía yo mucho conocimiento, cuando estaba en el seno de mi madre, de lo que era ser judío o galileo! Estaba allí… y estaba conforme. Luego, cuando nací, estuve entre pañales, bien calentito, sin preguntarme si el aire que respiraba era judío o galileo… Lo único que conocía era el pezón materno… Y, como yo, todos nosotros. Ahora, ¿por qué tomarse tan a pecho el que uno haya nacido más arriba y el otro más abajo? ¿No somos igualmente de Israel?» dice, bondadoso y justo, Tomás.

«Tienes razón, Toma» responde Juan. Y concluye: «Y además ahora somos de una única estirpe, la de Jesús».

«Sí, el cual — y creo que lo haya querido el Altísimo para enseñarnos que las divisiones atentan al amor al prójimo y que ha sido enviado a recoger a todos como la amorosa clueca de que hablan los libros santos — es de estirpe judía, pero fue concebido en Galilea y ha vivido allí, después de nacer en Belén, como si quisiera decirnos, con la voz de los hechos, que es el Redentor de todo Israel, del septentrión al mediodía. Por el simple hecho de que le llamen “el Galileo” ya no se debería sentir desprecio por los galileos» dice, dulce y firme, Santiago de Alfeo.

Jesús, que parecía distraído hablando, unos metros más adelante, con Mateo y Felipe, se vuelve y dice: «Bien has hablado, Santiago de Alfeo. Comprendes la Verdad y las verdades, y la justicia de cada acto de Dios. Porque Dios, recordad esto todos y siempre, no hace nunca nada sin una finalidad, como tampoco deja sin premio nada de lo que hacen los que tienen recto corazón. ¡Bienaventurados los que saben ver las razones de Dios en las cosas que suceden, incluso en las más insignificantes, y las respuestas de Dios a los sacrificios de los hombres!».

Pedro se vuelve y hace ademán de hablar. Luego cierra de nuevo la boca y se limita a sonreír a su Maestro, que ahora, siendo el lugar por donde van una ancha vía de primer orden entre campos de oro, se une al grupo de sus apóstoles.

404.5

Prosiguen hacia Emaús, que está ya cercana: una aglomeración de un blanco cegador en medio del oro de los cereales maduros y el verde de los opimos pomares.

«¡Maestro! ¡Maestro! ¡Deténte! ¡Tus discípulos!» gritan voces lejanas, y un puñado de hombres, dejando plantados a unos labradores que descansan un poco a la sombra de un manzano, corren hacia Jesús por una senda llena de sol. Son Matías y Juan, ex pastores, discípulos luego del Bautista; y, con ellos, Nicolái, Abel ex leproso, Samuel, Hermasteo y otros más.

«La paz a vosotros. ¿Estáis aquí?».

«Sí, Maestro. Hemos recorrido toda la costa. Ahora vamos hacia Jerusalén. Más arriba están Esteban y otros; más arriba todavía, Hermas y otros. Y luego, más arriba aún, Isaac, el pequeño maestro de todos nosotros. Al menos estaba. Como también estaba Timoneo en Transjordania. Pero a estas alturas estarán todos para ir a la fiesta de Pentecostés. Nos hemos dividido así, en muchos grupos, pequeños pero no pasivos. Así, si nos persiguen, podrán capturar a algunos, pero no a todos» explica Matías.

«Habéis hecho bien. Me extrañaba no encontraros por toda la Judea meridional…».

«Maestro… Por ahí ibas Tú… ¿Quién mejor que Tú? ¡Y además… ha recibido más de lo necesario para hacerse santa!… ¡Y sin embargo!… Da piedras a quien lleva la palabra del Cielo. Elías y José fueron agredidos en las hoces del Cedrón, y fueron a la Transjordania, a casa de Salomón. A José le dieron un golpe en la cabeza con una piedra y casi le mataron. Pasaron ocho días en una gruta profunda, con uno que Tú habías mandado y que conocía todos los secretos de los montes. Después, de noche, lentamente, fueron a la otra parte…».

Discípulos y apóstoles están agitados: los primeros evocando estas persecuciones, los segundos conociéndolas. Pero Jesús los calma diciendo: «Los Inocentes han teñido con la púrpura de su sangre inocente el camino de Cristo. Pero ese camino debe ser purpurado una y otra vez, constantemente, para borrar las huellas del Mal en el camino de Dios. Es camino regio. Lo purpuran los mártires por amor a mí. ¡Bienaventurados entre los bienaventurados aquellos que por mí sufren persecución!».

«Maestro, estábamos hablando a esos labriegos. ¿No vas a hablar Tú ahora?» pregunta el ex pastor Juan.

«Id a decir que a la puesta del Sol hablaré en la puerta de Emaús. Ahora el sol lo impide. Id. Y que Dios esté con vosotros. Yo estaré al final de este camino».

Los bendice y reanuda la marcha, buscando sombra, porque el sol es abrasador en el blanco camino, en el que no hay más que dos delgadas franjas de sombra, de plátanos puestos como protección en los bordes del camino.


Notes

  1. parlent, par des images analogues, en Dt 32, 11 ; Rt 2, 12 ; Ps 17, 8 ; 36, 8 ; 61, 5 ; 63, 8 ; 91, 4.