Los Escritos de Maria Valtorta

427. Auréa Galla, instruite par Barthélemy

427. Bartolomé instruye a Áurea Gala.

427.1

Les aubes d’été sont si précoces que bien court est le temps qui s’écoule entre le coucher de la lune et l’apparition des premières clartés de l’aube. Aussi ont-ils eu beau forcer la marche, le moment le plus sombre de la nuit les surprend encore aux environs de la ville de Césarée. Une branche embrasée d’arbuste épineux ne suffit pas à donner assez de lumière. Il faut s’arrêter un moment, aussi parce que la petite, peu habituée à marcher de nuit, bute souvent sur les pierres à moitié ensevelies dans la poussière.

« Il vaut mieux faire halte un instant. La pauvrette ne voit rien, et elle est fatiguée, dit Jésus.

– Non, non, je peux… Allons loin, loin… Il pourrait venir. C’est par ici que nous sommes passés pour aller à cette maison, dit, en claquant des dents, la fillette, mêlant l’hébreu au latin en un nouvel idiome pour essayer de se faire comprendre.

– Allons derrière ces arbres : personne ne nous verra. N’aie pas peur, lui répond Jésus.

– Oui, n’aie pas peur. A cette heure, ce… romain est ivre mort sous la table…, dit Barthélemy pour la rassurer.

– Et puis tu es avec nous, et nous t’aimons bien, nous ! Nous ne laisserons personne te faire du mal. Nous sommes douze hommes robustes ! » dit Pierre.

Il est à peine plus grand qu’elle, mais trapu autant qu’elle est grêle, brûlé par le soleil autant qu’elle est couleur de neige, cette pauvre fleur poussée à l’ombre pour être plus attirante et plus précieuse.

« Tu es une petite sœur, et les frères défendent leurs sœurs… » ajoute Jean.

L’adolescente, à la dernière lueur de la torche improvisée, lève vers ses consolateurs de clairs iris gris fer, à peine teinté de bleu, deux iris limpides encore humides des pleurs qu’elle a versés peu avant… Elle est méfiante. Mais elle décide de leur faire confiance et passe le ruisseau à sec au-delà de la route pour entrer dans une propriété qui se termine là en un verger touffu.

427.2

Ils s’asseyent dans l’obscurité et attendent. Les hommes dormiraient peut-être, mais au moindre bruit la pauvre fille gémit et le galop d’un cheval la fait s’agripper convulsivement au cou de Barthélemy qui, peut-être parce qu’il est plus âgé, attire sa confiance. Dans ces conditions, il est impossible de dormir.

« Mais ne crains rien ! Quand on est avec Jésus, il ne peut rien arriver de mal, dit Barthélemy.

– Pourquoi ? demande la fillette, tremblante et encore cramponnée au cou de l’apôtre.

– Parce que Jésus, c’est Dieu sur la terre, et Dieu est plus fort que les hommes.

– Dieu ? C’est quoi, Dieu ?

– Pauvre fille ! Mais comment t’ont-ils élevée ? Ils ne t’ont rien enseigné ?

– A garder ma peau blanche, mes cheveux brillants, à obéir à mes maîtres… à dire toujours oui… Mais je ne pouvais pas dire oui au romain… il était laid et il m’effrayait… J’avais peur toute la journée… Il était toujours là… au bain, quand on s’habillait… et ces yeux… ces mains… Oh !… Et celui qui ne dit pas “ oui ” reçoit des coups de bâton…

– Personne ne t’en donnera plus. Le romain n’est plus là, ni ses mains… C’est la paix… » lui répond Jésus.

Les autres commentent :

« Quelle horreur ! Comme à des bêtes de prix ! Elle n’était pas mieux traitée qu’une bête ! C’était encore pire, car un animal sait au moins qu’on lui apprend à labourer, à porter la selle et le mors, car c’est son travail. Mais cette enfant a été jetée là dans l’ignorance !

– Si j’avais su, je me serais jetée à la mer. Il m’avait promis de me rendre heureuse…

– Effectivement, il va te rendre heureuse d’une manière qu’il n’imaginait pas : heureuse sur terre et au Ciel, car connaître Jésus, c’est le bonheur » lui dit Simon le Zélote.

427.3

Un silence s’instaure, pendant lequel chacun médite sur les horreurs du monde. Puis, à mi-voix, l’adolescente demande à Barthélemy :

« Dis, c’est quoi, Dieu ? Et pourquoi lui est Dieu ? Parce qu’il est beau et bon ?

– Dieu… Comment faire pour te l’apprendre, à toi qui es tellement étrangère à toute idée religieuse ?

– Religieuse ? Qu’est-ce que c’est ?

– Très haute Sagesse ! J’ai l’impression de me noyer dans une mer immense ! Comment faire devant un tel abîme ?

– Ce qui te paraît difficile est tout simple, Barthélemy. C’est un abîme, oui, mais il est vide, et tu peux le combler de Vrai. C’est pire quand les abîmes sont remplis de boue, de poisons, de serpents… Parle-lui aussi simplement qu’à un enfant. Et elle te comprendra mieux que ne le ferait un adulte.

– Oh ! Maître ! Mais ne pourrais-tu t’en charger toi-même ?

– Ce serait possible. Mais la fillette acceptera les paroles de l’un de ses semblables plus facilement que mes paroles de Dieu. D’autre part… c’est devant de tels gouffres que vous vous trouverez à l’avenir, et il vous faudra les remplir de moi. Vous devez aussi apprendre à le faire.

– C’est vrai ! Je vais essayer. Ecoute, fillette… Te souviens-tu de ta mère ?

– Oui, seigneur. Depuis sept ans, les fleurs se sont épanouies sans qu’elle soit près de moi. Mais avant, j’étais avec elle.

– C’est bien. Tu te la rappelles ? Tu l’aimes ?

– Oh… ! »

Un sanglot accompagne l’exclamation, exprimant tout.

« Ne pleure pas, ma pauvre enfant… Ecoute… l’amour que tu as pour ta mère…

–… et papa… et mes petits frères…, dit l’enfant entre deux sanglots.

– Oui… pour ta famille, l’amour pour ta famille, ta pensée qui va vers elle, le désir de retourner vers elle…

– Plus jamais…

– Tout cela, c’est quelque chose que l’on peut appeler la religion de la famille. Les religions, les idées religieuses, ce sont l’amour, la pensée et le désir d’aller là où se trouve Celui ou ceux en qui nous croyons, que nous aimons et désirons.

– Ah ! Et si je crois en ce Dieu-là, j’aurai une religion… C’est facile !

– Bien. Qu’est-ce qui est facile ? Avoir une religion ou bien croire en ce Dieu-là ?

– Tous les deux : on croit facilement en un Dieu bon comme lui. Le romain en nommait une quantité, et il jurait… il disait : “ par la déesse Vénus ! ”, “ par le dieu Cupidon ! ”. Mais ce devait être des dieux qui n’étaient pas bons, car en les invoquant, il faisait des choses mauvaises.

– Elle n’est pas stupide, la gamine, observe Pierre à voix basse.

427.4

– Mais moi, je ne vois pas encore ce qu’est Dieu. Je l’imagine homme comme toi… alors, Dieu, c’est un homme ? Et comment on peut le comprendre ? En quoi il est plus fort que tous ? il n’a ni épée ni serviteurs…

– Maître, aide-moi…

– Mais non, Nathanaël ! Tu enseignes si bien…

– Tu dis cela par bonté… Tâchons en tout cas d’aller de l’avant. Ecoute, petite… Dieu n’est pas un homme : Il est comme une lumière, un regard, un son, si grand qu’il emplit ciel et terre, et éclaire tout, voit tout, instruit tout et ordonne tout…

– Même le romain ? Alors ce n’est pas un Dieu bon. J’ai peur !

– Dieu est bon et il donne des ordres qui sont bons. Il avait donné aux hommes le commandement de ne pas faire de guerres, de ne pas faire d’esclaves, de laisser les petites filles à leurs mères et de ne pas les épouvanter. Mais les hommes n’écoutent pas toujours les ordres de Dieu.

– Toi, oui, pourtant…

– Moi, oui.

– Mais s’il est plus fort que tous, pourquoi ne se fait-il pas obéir ? Et comment parle-t-il, si ce n’est pas un homme ?

– Dieu… Oh ! Maître !

– Continue, Barthélemy. Tu es un maître si sage, tu sais exprimer avec simplicité les pensées les plus élevées, et tu as peur ? Ignores-tu que l’Esprit saint est sur les lèvres de ceux qui enseignent la justice ?

– Cela semble si facile quand on t’écoute… et toutes tes paroles sont à l’intérieur de moi… Mais quand on doit agir comme toi, il est bien difficile de les faire sortir !… Quels pauvres maîtres nous sommes !

– Reconnaître votre pauvreté, c’est vous disposer à l’enseignement de l’Esprit Paraclet…

– C’est bien. Ecoute, mon enfant. Dieu est fort, très fort, plus que César, plus que tous les hommes ensemble avec leurs armées et leurs machines de guerre. Mais ce n’est pas un maître impitoyable, qui oblige à toujours dire oui sous peine de coups de fouet. Dieu est un père. Ton père t’aimait-t-il ?

– Très fort ! Il m’a appelée Aurea Galla parce que l’or est précieux et que la Gaule est notre patrie ; et il disait que je lui étais plus chère que l’or qu’il avait possédé autrefois et que la patrie…

– Ton père te donnait-il le bâton ?

– Non, jamais. Même si j’étais méchante, il me disait : “ Ma pauvre fille ! ”, et il pleurait…

– Voilà ! C’est ce que fait Dieu. Il est Père, il nous aime, et il pleure si nous sommes mauvais, mais il ne nous force pas à obéir. Néanmoins l’homme mauvais sera châtié un jour par des supplices horribles…

– Ah ! très bien ! Le maître qui m’a enlevée à ma mère et amenée dans l’île, ainsi que le romain connaîtront les supplices ! Et je les verrai ?

– Tu le verras d’auprès de Dieu, si tu crois en lui et si tu es bonne. Mais pour être bonne, tu ne dois pas haïr, même le romain.

– Non ? Comment faire ? !

– Prier pour lui ou…

– C’est quoi, prier ?

– Parler à Dieu en lui disant ce que nous voulons…

– Mais moi, je veux la mort des maîtres ! dit la fillette avec une violence sauvage.

– Non, tu ne dois pas. Jésus ne t’aime pas si tu parles ainsi…

– Pourquoi ?

– Parce qu’on ne doit pas haïr ceux qui nous ont fait du mal.

– Je ne peux tout de même pas les aimer…

– Pour le moment, oublie-les… Essaie de le faire, du moins. Puis, quand tu seras plus… instruite sur Dieu, tu prieras pour eux…

427.5

Nous disions donc que Dieu est puissant, mais qu’il laisse ses enfants libres.

– Moi, fille de Dieu ? J’ai deux pères ? Il a combien d’enfants ?

– Tous les hommes sont enfants de Dieu, parce que c’est lui qui les a faits. Tu vois les étoiles là-haut ? C’est lui qui les a faites. Et ces arbres ? C’est encore lui. Et la terre sur laquelle nous sommes assis, cet oiseau qui chante, la mer qui est si grande ? Il a tout fait, et créé tous les hommes. Et les hommes sont encore plus ses enfants que toute autre créature, grâce à cette lumière en nous, cette image de Dieu qu’on appelle “ âme ”, et qui est pensée, parole, connaissance. Toutes ces facultés, ces pouvoirs — sans être aussi parfaits que ceux de Dieu qui emplissent entièrement le Ciel et la terre —, sont pourtant admirables et ne meurent jamais, de même que Dieu lui-même ne meurt pas.

– Où est l’âme ? Est-ce que j’en ai une ?

– Oui, dans ton cœur. C’est elle qui t’a fait comprendre que le romain était mauvais, ce qui ne te fera sûrement pas souhaiter être comme lui. N’est-ce pas ?

– Oui… »

Auréa Galla réfléchit après son oui incertain… Puis elle dit avec assurance :

« Oui ! C’était comme une voix à l’intérieur de moi et un besoin d’avoir de l’aide… et avec une autre voix à l’intérieur, mais c’était la mienne, j’appelais maman… car j’ignorais qu’il y avait Dieu, qu’il y avait Jésus… Si je l’avais su, je l’aurais appelé, lui, avec cette voix que j’avais en moi…

– Tu as bien compris, mon enfant, et tu grandiras dans la lumière. Je te l’assure. Crois dans le Dieu vrai, écoute la voix de ton âme, qui est vierge de sagesse acquise, mais vierge aussi de volonté mauvaise, et tu trouveras en Dieu un Père. A ta mort, ce passage de la terre au Ciel pour ceux qui croient au Dieu vrai et qui sont bons, tu obtiendras une place au Ciel, auprès de ton Seigneur », déclare Jésus en posant la main sur la tête de la fillette, qui change de position et s’agenouille en disant :

« Près de toi. C’est beau d’être avec toi. Ne te sépare pas de moi, Jésus. Maintenant je sais qui tu es, et je me prosterne. A Césarée, j’avais peur de le faire… Mais tu me paraissais être un homme. Maintenant, je sais que tu es un Dieu caché dans un homme et que tu es pour moi Père et Protecteur.

– Et Sauveur, Aurea Galla.

– Et Sauveur. Tu m’as sauvée.

– Et je te sauverai encore davantage. Tu auras un nom nouveau…

– Tu m’enlèves le nom que m’a donné mon père ? Le maître, dans l’île, m’appelait Aurea Quintillia, car il nous répartissait par couleurs et par numéros, et moi j’étais la cinquième blonde… Mais pourquoi ne me laisses-tu pas celui que m’a donné mon père ?

– Je ne te l’enlève pas. Mais tu porteras, ajouté à l’ancien, un nouveau nom, éternel.

– Lequel ?

– Christiane, parce que le Christ t’a sauvée.

427.6

Mais voici que le ciel blanchit. Partons. Tu vois, Nathanaël, qu’il est facile de parler de Dieu à des abîmes vides… Tu t’y es très bien pris. La fillette se formera rapidement à la vérité… Va en avant avec mes frères, Aurea… »

Celle-ci obéit, mais avec crainte. Elle préférerait rester près de Barthélemy, qui comprend et promet :

« J’arrive tout de suite, moi aussi. Va, obéis… »

Resté près de Jésus, avec Pierre, Simon et Matthieu, il constate :

« Dommage que ce soit Valéria qui la garde. Elle est toujours païenne…

– Je ne puis l’imposer à Lazare…

– Il y a Nikê, Maître, suggère Matthieu.

– Et Elise…, ajoute Pierre.

– Ou encore Jeanne… C’est une amie de Valéria, et celle-ci la lui céderait volontiers, c’est certain. Elle serait dans une bonne maison » dit Simon le Zélote.

Jésus réfléchit et se tait…

« A toi d’y penser… » dit Nathanaël. « Moi, je vais retrouver l’enfant qui ne cesse de se retourner. Elle se fie à moi, parce que je suis âgé… Je pourrais la garder… une fille de plus… Mais elle n’est pas d’Israël… »

Et cet homme bon — mais trop israélite — s’éloigne.

Jésus le regarde partir et hoche la tête.

« Pourquoi ce geste, Maître ? lui demande Simon le Zélote.

– Parce que… cela me fait de la peine de voir que même les sages sont esclaves des préventions…

– Cependant… soit dit entre nous… Barthélemy a raison… et même… tu devrais y penser… Rappelle-toi Syntica et Jean… Qu’il n’arrive pas la même chose… Envoie-la à Syntica…, suggère Pierre, qui redoute que la présence de la petite païenne parmi eux ne soit source d’ennuis

– Jean sera bientôt mort… Syntica est encore trop peu formée pour être maîtresse d’une enfant comme elle… L’ambiance ne lui convient pas…

– Et pourtant, tu ne dois pas la garder. Pense que Judas sera bientôt parmi nous. Et Judas, Maître, laisse-moi te le dire, est un luxurieux et un… un homme qui parle facilement pour en tirer profit… et qui a trop d’amis chez les pharisiens…, appuie Simon le Zélote.

– Voilà, Simon a raison ! C’est justement ce que je pensais ! » s’exclame Pierre. « Ecoute-le, Maître !… »

Jésus réfléchit et se tait… Puis il dit :

« Prions ! Et le Père nous aidera… »

Et, en arrière des autres, ils prient avec ferveur…

427.7

L’aube se change en aurore… Ils dépassent un petit village, et reprennent la route à travers les campagnes… Le soleil devient de plus en plus vif. Ils font une pause pour se restaurer, à l’ombre d’un noyer géant.

« Tu es fatiguée ? » demande Jésus à la fillette qui mange à contrecœur. « Dis-le, et nous nous arrêterons.

– Non, non. Marchons…

– Nous le lui avons demandé plusieurs fois, mais elle répond toujours non…, confirme Jacques, fils d’Alphée.

– Je peux ! Je peux ! Partons loin… »

Ils reprennent leur marche, mais Aurea se souvient :

« J’ai une bourse. Les dames m’ont dit : “ Tu la remettras quand vous arriverez à la montagne. ” Nous y voici, et je la donne. »

Elle fouille dans son sac, où Livia a mis quelques vêtements, en sort la bourse et la tend à Jésus.

« L’obole… Elles n’ont pas voulu qu’on les remercie. Elles sont meilleures que beaucoup d’entre nous… Prends, Matthieu, et garde cet argent. Il servira pour des aumônes secrètes.

– Je ne dois pas le dire à Judas ?

– Non.

– Mais il va voir la fillette… »

Jésus ne répond pas… Ils reprennent leur marche, fatigante à cause de la grande chaleur, de la poussière, de la lumière éblouissante. Puis ils commencent à monter sur les premiers contreforts du Carmel, je crois. Mais bien qu’il y ait plus d’ombre et plus de fraîcheur, Aurea avance lentement, en trébuchant fréquemment.

Barthélemy revient en arrière, près de Jésus :

« Maître, Auréa Galla est fiévreuse et épuisée. Comment allons-nous faire ? »

Ils se consultent. Faire halte ? La porter et continuer ? Oui… Non… Finalement, ils décident qu’il faut au moins rejoindre la route qui mène à Sycaminon pour demander de l’aide à quelque voyageur ayant une monture ou un char. Et ils voudraient bien prendre l’enfant dans leurs bras, mais elle, tout à sa volonté héroïque de s’éloigner, répète son : “ Je peux ! Je peux ! ” et veut marcher seule. Elle est rouge, elle a les yeux fiévreux, elle est réellement épuisée. Mais elle ne cède pas… Elle progresse lentement, acceptant d’être soutenue par Barthélemy et Philippe… Mais elle continue… Ils sont tous harassés, mais ils comprennent qu’il est nécessaire d’avancer…

Une fois la colline franchie, ils abordent l’autre versant… La plaine d’Esdrelon s’étend tout en bas et, au-delà, les collines où se trouve Nazareth…

« Si nous ne trouvons pas, nous nous arrêterons chez des paysans… » dit Jésus.

427.8

Ils marchent, marchent… Arrivés presque à la plaine, ils aperçoivent un groupe de disciples. Je vois Isaac d’Ephèse avec sa mère, et Abel de Bethléem avec la sienne, parmi d’autres dont je ne connais pas le nom. Un char rustique tiré par un fort mulet sert aux femmes. Il y a aussi les bergers Daniel et Benjamin, le passeur Joseph et d’autres.

« C’est la Providence qui vient à notre secours ! » s’exclame Jésus.

Il donne l’ordre de s’arrêter pendant que lui va parler aux disciples et spécialement aux femmes.

Il les prend à part, avec Isaac, et raconte en partie les épreuves d’Aurea :

« Nous l’avons soustraite à un maître abject… Je voudrais l’amener à Nazareth pour la soigner, car elle est malade de peur et de fatigue. Mais nous n’avons pas de véhicule. Où alliez-vous ?

– A Bethléem de Galilée, chez Myrta. Il est impossible de résister à la chaleur de la plaine, répond Isaac.

– Passez d’abord à Nazareth, je vous le demande par charité. Amenez l’enfant à ma Mère et dites-lui que d’ici deux ou trois jours, je serai chez elle. La fillette est fiévreuse, ne faites pas attention à ses délires. Je vous expliquerai plus tard…

– Oui, Maître, tout ce que tu veux. Nous partons sur-le-champ. Pauvre fille ! Il la frappait ? demandent-ils tous les trois.

– Il voulait la profaner.

– Oh !… Quel âge a-t-elle ?

– Treize ans environ…

– Le lâche ! L’immonde ! Mais nous l’aimerons. Nous sommes des mères, n’est-ce pas, Noémi ?

– Certainement, Myrta. Seigneur, tu la prends comme disciple ?

– Je ne sais pas encore…

– Si tu la gardes, nous sommes ici. Moi, je ne retourne pas à Ephèse. J’ai envoyé des amis pour tout liquider. Je reste avec Myrta… Souviens-toi de nous, pour la petite. Tu as sauvé nos fils. Nous voulons la sauver.

– Nous verrons plus tard…

– Maître, les deux disciples donnent toute garantie de sainteté…, plaide Isaac.

– Cela ne dépend pas de moi… Priez beaucoup et ne dites rien à personne. Vous entendez ? A personne !

– Nous nous tairons.

– Venez avec le char. »

Et Jésus revient en arrière, suivi par Isaac qui conduit le char, et par les deux femmes.

Auréa Galla s’est allongée sur l’herbe pour y chercher un peu de fraîcheur afin de soulager sa grande fièvre…

« Pauvre enfant ! Mais elle ne va pas mourir, n’est-ce pas ?

– Quelle belle jeune fille !

– Chérie, n’aie pas peur ! Je suis une mère, tu sais ? Viens… Soutiens-la, Myrta… Elle vacille… Aide-nous, Isaac… Ici, où elle a moins de secousses… Le sac sous la tête… Mettons nos manteaux par dessous… Isaac, mouille ces linges pour les lui mettre sur le front… Quelle fièvre, pauvre fille !… »

Les deux femmes sont empressées et maternelles. Aurea, étourdie par la fièvre, est pour ainsi dire absente…

427.9

Tout est en place, le char peut partir… avant de fouetter le mulet, Isaac se rappelle :

« Maître, si tu vas au pont, tu vas trouver Judas. Il t’y attend comme un mendiant… C’est lui qui nous a appris que tu allais passer par ici. Paix à toi, Maître. Nous serons dans la nuit à Nazareth !

– Paix à toi, Maître, disent les deux femmes disciples.

– Paix à vous !… »

Le char part au trot.

« Rendons grâce à Dieu ! dit Jésus.

– Oui, c’est bien pour la fillette, et aussi en ce qui concerne Judas… Il vaut mieux qu’il ne sache rien…

– Oui. C’est préférable, à tel point que je demande à votre cœur un sacrifice. Nous nous séparerons avant d’arriver à Nazareth et vous, les hommes du lac, vous irez avec Judas à Capharnaüm, tandis qu’avec les frères, Thomas et Simon, je me rendrai à Nazareth.

– Nous ferons ainsi, Maître. Et que diras-tu à ceux qui t’attendent ?

– Qu’il était urgent pour nous d’avertir ma Mère de notre arrivée… Allons… »

Puis il rejoint les disciples qui, trop heureux d’avoir le Maître avec eux, ne posent aucune question.

427.1

Son tan precoces las albas estivas, que breve es el tiempo que media entre el ocaso de la Luna y la aparición del primer albor. De manera que, a pesar de que hayan andado ligeros, la fase más obscura de la noche los sorprende todavía en las cercanías de Cesarea; y tampoco da suficiente luz una rama encendida de un arbusto espinoso. Es necesario hacer un alto, incluso porque la jovencita, menos acostumbrada que ellos a andar de noche, tropieza a menudo en las piedras medio sepultadas en la arena.

«Es mejor pararse un poco. La niña no ve y está cansada» dice Jesús.

«No, no, puedo… Vamos lejos, lejos… Podría venir. Por aquí hemos pasado para ir a aquella casa» dice, entrechocando los dientes, la jovencita, mezclando hebreo y latín en un nuevo idioma, para que la entiendan.

«Iremos detrás de aquellos árboles y no nos verá nadie. No te­mas» le responde Jesús.

«Sí, no temas. Ese… romano a esta hora está debajo de la mesa como una cuba…» dice Bartolomé para tranquilizarla.

«Y además estás con nosotros. ¡Nosotros te queremos! No dejamos que te hagan daño. ¡Oye, que somos doce hombres fornidos!…» dice Pedro, poco más alto que ella, pero tan corpulento cuanto grácil es ella, tan quemado por el sol cuanto nívea es ella, pobre flor crecida a la sombra para que fuera más estimulante y valiosa.

«Eres una hermanita. Y los hermanos defienden a las hermanas…» dice Juan.

La jovencita, a la luz última de la improvisada antorcha, alza hacia sus consoladores los claros iris gris hierro apenas teñido de azul, dos limpios iris aún brillantes por el llanto vertido con el terror de poco antes… Es recelosa, pero, no obstante, de ellos se fía. Y cruza con los otros el reguero seco que está pasado el camino, para entrar en una propiedad que termina allí en un tupido huerto.

427.2

Se sientan. Es noche obscura. Esperan. Los hombres quizás dormirían. Pero cualquier ruido hace dar un gemido a la muchacha, y el galope de un caballo le hace agarrarse convulsa al cuello de Bartolomé, que, quizás, por ser muy anciano, atrae su confianza y confidencia. Por tanto es imposible dormir.

«¡Pero no tengas miedo! Cuando se está con Jesús ya no pasa nada malo» dice Bartolomé.

«¿Por qué?» pregunta la muchacha, temblorosa y enroscada todavía al cuello del apóstol.

«Porque Jesús es Dios en la Tierra, y Dios es más fuerte que los hombres».

«¿Dios? ¿Qué es Dios?».

«¡Pobre criatura! ¿Pero cómo te han criado! ¿No te han enseñado nada?».

«A tener blanca la piel, brillante el pelo, a obedecer a los amos… a decir siempre que sí… Pero yo no podía decir que sí al romano… era feo y me producía miedo… Todo el día miedo… Siempre allí… cuando el baño, cuando una se viste… y unos ojos… y las manos… ¡oh!… Y a quien no dice “sí” le dan de palos…».

«No recibirás palos. Ya no está el romano, ni sus manos… Lo que hay es la paz…» le responde Jesús.

Y los otros comentan: «¡Pero qué horror! ¡Como a animales de valor, no más que como a animales! Y peor todavía… Porque un animal sabe al menos que le enseñan a arar o a llevar la montura y el bocado porque ésa es su función. ¡Pero esta criatura ha sido arrojada allí sin saber!…».

«Yo, si hubiera sabido, me habría echado al mar. Había dicho: “Te haré feliz”…».

«Efectivamente te ha hecho feliz. De una manera que no imaginaba. Feliz para la Tierra y para el Cielo. Porque conocer a Jesús es felicidad» le dice el Zelote.

427.3

Un silencio, en que cada uno medita en los horrores del mundo. Luego, en voz baja, la niña pregunta a Bartolomé: «¿Me dices lo que es Dios? ¿Y por qué Él es Dios? ¿Por qué es guapo y bueno?».

«Dios… ¿Cómo arreglárselas para enseñarte tanto a ti que estás vacía de toda idea religiosa?».

«Religiosa? ¿Qué es?».

«¡Altísima Sabiduría! ¡Me siento como uno que se está ahogando en un gran mar! ¿Cómo me las arreglo ante esta sima?».

«Es muy sencillo, Bartolomé, lo que difícil te parece. Es una sima, sí, pero vacía. Y puedes colmarla de Verdad. Peor es cuando las simas están colmas de fango, venenos, serpientes… Habla con la sencillez con que hablarías a un niño pequeño. Te comprenderá de forma que mejor que ella no te comprendería un adulto».

«¡Maestro! ¿Pero no podrías hacerlo Tú?».

«Podría. Pero la muchacha aceptará las palabras de un semejante suyo más fácilmente que las mías de Dios. Y además es que… en el futuro os encontraréis ante estas simas, para llenarlas de mí, y debéis aprender a hacerlo».

«Es verdad. Voy a intentarlo. Escúchame, niña… ¿Te acuerdas de tu mamá?».

«Sí, Señor. Hace siete años que las flores florecen sin ella. Pero antes estaba con ella».

«De acuerdo. ¿Y te acuerdas de ella? ¿La quieres?».

«¡Oh!» un acceso de llanto unido a la exclamación dice todo.

«Pobre criatura, no llores… Escucha… El amor que sientes por tu mamá…».

«…y mi padre… y mis hermanitos…» dice entre sollozos la niña.

«Sí… por tu familia, el amor por tu familia, el pensamiento que tienes de tu familia, el deseo de volver a ella…».

«¡¡Ya nunca!!…».

«Bueno pues… todo esto es una cosa que se puede llamar la religión de la familia. Las religiones, las ideas religiosas, por tanto, son el amor, el pensamiento y el deseo de ir a donde está Aquel o aquellos en quienes creemos, a quienes amamos y anhelamos».

«¡Ah! Y si yo creo en ese Dios, tendré una religión… ¡Es fácil!».

«Bien. ¿Fácil qué? ¿Tener una religión o creer en ese Dios?».

«Una cosa y la otra. Porque se cree fácilmente en un Dios bueno como ése. El romano nombraba muchos dioses y juraba… decía: “¡Por la diosa Venus!”, “¡por el dios Cupido!”. Pero debían ser dioses no buenos, porque él hacía cosas no buenas cuando los nombraba».

«No es estúpida la niña» comenta Pedro en voz baja.

427.4

«Pero todavía no sé qué es Dios. Yo le veo hombre como tú… Es un hombre Dios entonces. ¿Y entonces cómo podemos comprenderle? ¿En qué es más fuerte que todos? No tiene ni espadas ni siervos…».

«Maestro, ayúdame…».

«¡No, hombre, Natanael, que enseñas muy bien!…».

«Lo dices por bondad… De todas formas vamos a intentar seguir adelante. Escucha, niña… Dios no es hombre. Él es como una luz, una mirada, un sonido, tan grandes, que llenan el cielo y la tierra e iluminan todo, y todo lo ve, instruye todo y a todo da órdenes…».

«¿También al romano? Entonces no es un Dios bueno. ¡Tengo miedo!».

«Dios es bueno y da órdenes buenas, y a los hombres les había dado órdenes de no hacer guerras, de no hacer esclavos, de dejar a las niñas con sus madres y no aterrorizar a las muchachas. Pero los hombres no escuchan siempre las órdenes de Dios».

«Pero tú sí…».

«Yo sí».

«Pero, si es más fuerte que nadie, ¿por qué no se hace obedecer? ¿Y cómo habla, si no es hombre?».

«Dios… ¡oh, Maestro!…».

«Sigue, Bartolmái. ¿Siendo un maestro tan sabio y sabiendo decir con tanta sencillez los más altos pensamientos, tienes miedo? ¿No sabes que el Espíritu Santo está en los labios de los que enseñan la Justicia?».

«¡Parece tan fácil cuándo uno te escucha!… Y todas tus palabras están aquí dentro… ¡Pero para sacarlas afuera cuando se debe hacer lo que Tú haces!… ¡Ay, míseros de nosotros, pobres hombres! ¡Qué maestros de tres al cuarto!».

«Reconocer vuestra nada predispone al espíritu a la enseñanza del Espíritu Paráclito…».

«De acuerdo. Escucha, niña. Dios es fuerte, fortísimo, más que César, más que todos los hombres puestos juntos con sus ejércitos y máquinas de guerra. Pero no es un amo despiadado que haga decir siempre que sí, so pena del azote para quien no lo dice. Dios es un padre. ¿Tu padre te quería?».

«¡Mucho! Me puso por nombre Áurea Gala, porque el oro es precioso y Galia es la patria, y decía que me quería más que al oro que un tiempo tuvo y más que a la patria…».

«¿Tu padre te apaleaba?».

«No. Nunca. Aunque fuese mala me decía: “¡Pobre hija mía!” y lloraba…».

«¡Eso! Así hace Dios. Es padre, nos ama y llora si somos malos, pero no nos fuerza a obedecerle. Pero el que es malo será un día castigado con suplicios horrendos…».

«¡Oh, qué bien! ¡En los suplicios el amo que me arrebató de mi madre y me llevó a la isla y el romano! ¿Y lo voy a ver yo?».

«Tú verás a Dios de cerca, si crees en Él y eres buena. Pero para ser buena no debes odiar ni siquiera al romano».

«¿No? ¡¿Y cómo lo hago?!».

«Orando por él o…».

«¿Qué es orar?».

«Hablarle a Dios diciéndole lo que queremos…».

«¡Pero yo quiero la mala muerte para los amos!» dice con salvaje vehemencia la muchacha.

«No, no debes hacerlo. Jesús no te quiere si hablas así…».

«¿Por qué?».

«Porque no se debe odiar a quien nos haya hecho el mal».

«Pero no puedo quererlos…».

«Por ahora olvídalos… Trata de olvidarlos… Luego, cuando estés más… instruida en Dios, orarás por ellos…

427.5

Bueno, estábamos diciendo que Dios es poderoso, pero deja libres a sus hijos».

«¿Yo hija de Dios? ¿Tengo dos padres? ¿Cuántos hijos tiene?».

«Todos los hombres son hijos de Dios, porque han sido hechos por Él. ¿Ves las estrellas allá arriba? Las ha hecho Él. ¿Y estos árboles? Los ha hecho Él. Y la tierra donde estamos sentados, y aquel pájaro que canta, y el mar con su grandeza, todo, y a todos los hombres. Y los hombres son más hijos que todo, porque son hijos por una cosa que se llama alma y que es luz, sonido, mirada, no grandes como su luz, su sonido, su mirada, que llenan el Cielo y la Tierra, pero bonitos de todas formas, y que no mueren nunca, como tampoco muere Él».

«¿Dónde está el alma? ¿Yo la tengo?».

«Sí. En tu corazón, y es la que te ha hecho comprender que el romano era malo, y ciertamente no te hará desear ser como él. ¿No es verdad?».

«Sí…». La jovencita reflexiona después del titubeante sí… Luego dice con seguridad: «¡Sí! Era como una voz de dentro y una necesidad de que alguien me auxiliara… y con otra voz aquí dentro — pero esta era mía — llamaba a mi mamá… porque no sabía que existía Dios, que existía Jesús… Si lo hubiera sabido, le habría llamado a Él con aquella voz que tenía aquí dentro…».

«Has comprendido bien, niña, y crecerás en la Luz. Yo te lo digo. Cree en el Dios verdadero, escucha la voz de tu alma virgen respecto a la sabiduría adquirida, pero virgen también respecto a la mala voluntad, y tendrás en Dios a un Padre, y en la muerte, que es paso de la Tierra al Cielo para los que creen en el Dios verdadero y son buenos, tendrás un puesto en el Cielo, cerca de tu Señor» dice Jesús, poniendo la mano en la cabeza de la jovencita, la cual cambia de postura, se arrodilla y dice:

«De ti. Es bonito estar contigo. No te separes de mí, Jesús. Ahora sé quién eres y me postro. En Cesarea tenía miedo de hacerlo… Pero me parecías un hombre. Ahora sé que eres un Dios escondido en un hombre y para mí eres Padre y Protector».

«Y Salvador. Áurea Gala».

«Y Salvador. Me has salvado».

«Y te salvaré más. Tendrás un nombre nuevo…».

«¿Me quitas el nombre que me dio mi padre? El amo en la isla me llamaba Áurea Quintilia, porque nos dividían por color y por número y yo era la quinta rubia así… Pero ¿por qué no me dejas el nombre que me dio mi padre?».

«No te lo quito. Llevarás, añadido a tu antiguo nombre, el nombre nuevo, eterno».

«¿Cuál?».

«Cristiana. Porque Cristo te ha salvado.

427.6

Pero ya clarea. Vamos… ¿Ves, Natanael, como es fácil hablar de Dios a las simas vacías?… Has hablado muy bien. La niña se formará rápidamente en la Verdad… Ve adelante con mis hermanos, Áurea…».

La niña obedece, pero con temor. Preferiría permanecer junto a Bartolomé, el cual comprende y promete: «Voy inmediatamente yo también. Ve, obedece…». Y ya sólo con Jesús, Pedro, Simón y Mateo, observa: «Es una pena que la tenga Valeria. Al fin y al cabo es una pagana…».

«No puedo imponérsela a Lázaro…».

«Está también Nique, Maestro» sugiere Mateo.

«Y Elisa…» dice Pedro.

«Y Juana… Es amiga de Valeria, y Valeria se la cede sin duda de buena gana. Estaría en una casa buena» dice el Zelote.

Jesús piensa y guarda silencio…

«Bueno, Tú verás… Yo voy donde la muchacha, que se vuelve continuamente. Se fía de mí porque soy viejo… La tomaría conmigo… una hija más… Pero no es de Israel…» y se marcha el bueno de Natanael, bueno aunque demasiado israelita.

Jesús le mira mientras camina y menea la cabeza.

«¿Por qué ese gesto, Maestro?» pregunta el Zelote.

«Porque… me da pena ver que los sabios también son esclavos de los prejuicios…».

«Pero… así, entre nosotros… Bartolmái tiene razón… y, es más, deberías tomar medidas… Acuérdate de Síntica y Juan… No vaya a suceder una cosa igual… Mándasela a Síntica…» dice Pedro, que tiene miedo de complicaciones por la presencia de la paganita entre ellos.

«Pronto morirá Juan… Síntica no está todavía suficientemente formada como para ser maestra de una niña como ésta… No es ambiente adecuado…».

«De todas formas, no debes tenerla. Piensa que Judas pronto estará con nosotros. Y Judas, Maestro, déjame que lo diga, es un lujurioso y un… uno que suelta la lengua con facilidad con tal de obtener ganancias… y tiene demasiados amigos entre los fariseos…» insiste el Zelote.

«¡Sí, Simón tiene razón! ¡Es exactamente lo que pensaba yo!» exclama Pedro. «¡Hazle caso, Maestro!…».

Jesús piensa y calla… Luego dice: «Vamos a orar y el Padre nos ayudará…» y, al final del grupo, oran fervorosamente…

427.7

El alba se transforma en aurora… Pasan un pueblecillo, vuelven al camino que va entre los campos… El sol se hace cada vez más fuerte. Se paran a comer a la sombra de un gigantesco nogal.

«¿Estás cansada?» pregunta Jesús a la niña, que come sin apetito. «Dilo y nos paramos».

«No, no. Vamos…».

«Se lo hemos preguntado varias veces. Pero contesta siempre que no…» dice Santiago de Alfeo.

«¡Puedo, puedo! Vamos lejos…».

Reanudan la marcha. Pero Áurea se acuerda: «Tengo una bolsa. Me han dicho las damas: “La darás cuando empiecen los montes”. Los montes están aquí. Y la doy». Y hurga en la talega donde Livia le ha metido algún indumento… Saca la bolsa y se la da a Jesús.

«La dádiva… No han querido que les diéramos las gracias. Son mejores que muchos de nosotros… Toma, Mateo. Y conserva estas monedas. Servirán para limosnas secretas».

«¿No debo decírselo a Judas de Keriot?».

«No».

«Pero verá a la niña…».

Jesús no responde… Reanudan la marcha fatigosamente, por el gran calor, el polvo y la luz cegadora. Luego empieza la subida a las primeras estribaciones del Carmelo, creo. Pero, a pesar de que aquí haya más sombra y más frescor, Áurea va lentamente, tropezando a menudo.

Bartolomé vuelve hacia atrás, a donde el Maestro. «Maestro, la niña está febricitante y exhausta. ¿Qué hacemos?».

Se consultan. ¿Pararse? ¿Cargar con ella y seguir? Sí. No. Al final deciden que es necesario, al menos, llegar hasta el camino que va a Sicaminón, para pedir ayuda a algún viandante que tenga cabalgadura o carro. Ellos quisieran tomar en brazos a la niña, pero ella, heroica en su voluntad de alejarse, repite su: «¡Puedo! ¡Puedo!», y quiere caminar por sí sola. Está roja, tiene ojos febriles, está realmente exhausta. Pero no cede… Va lentamente, aceptando ser sujetada por Bartolomé y Felipe… Pero anda… Están todos cansados verdaderamente. Pero comprenden que es necesario andar, y andan…

Ya han superado la colina. Ya tienen enfrente la ladera opuesta… el llano de Esdrelón allá abajo, y más allá… las colinas donde se halla Nazaret…

«Si no encontramos, nos detendremos donde los campesinos…» dice Jesús…

427.8

Caminan, caminan… Ya casi en el llano, ven a un grupo de discípulos. Están Isaac y Juan de Éfeso con su madre, y Abel de Belén con la suya, y otros que no conozco de nombre. Y para las mujeres llevan un rústico carro tirado por un fuerte mulito. Están también los pastores Daniel y Benjamín, y el barquero José y otros.

«¡Es la Providencia, que nos socorre!» exclama Jesús, y ordena que se detengan mientras Él va a hablar con los discípulos y especialmente con las dos discípulas.

Las toma aparte, junto con Isaac, y cuenta en parte el caso de Áurea: «Se la hemos arrebatado a un inmundo amo… Quisiera llevarla a Nazaret para atenderla, porque está enferma de miedo y de fatiga. Pero no tengo vehículo. ¿Vosotros a dónde ibais?».

«A Belén de Galilea, a casa de Mirta. Es imposible resistir los calores del llano» responde Isaac.

«Id a Nazaret primero, os lo pido por caridad. Llevadle la niña a mi Madre y decidle que Yo, dentro de dos o tres días, llegaré. La niña está febril. Por tanto no hagáis caso de sus delirios. Más adelante os explicaré…».

«Sí, Maestro. Lo que quieras. Partimos inmediatamente. ¡Pobre criatura! ¿La apaleaba?» preguntan los tres.

«Quería profanarla».

«¡Oh!… ¿Cuántos años tiene?».

«A lo mejor ni trece…».

«¡Qué vil! ¡Qué inmundo! Pero nosotros la querremos. No somos madres por ganancia, ¿verdad Noemí?».

«Por supuesto, Mirta. Señor, ¿la recibes como discípula?».

«No sé todavía…».

«Si la recibes, estamos nosotras. Yo no vuelvo a Éfeso. He mandado a unos amigos para que liquiden todo. Me quedo con Mirta… Acuérdate de nosotras para la niña. Tú nos has salvado a nuestros hijos. Nosotras queremos salvar a esta niña».

«Veremos más adelante…».

«Maestro, estas dos discípulas dan garantías de santidad…» intercede Isaac.

«No depende de mí… Orad mucho y guardad silencio con todos. ¿Entendéis? Con todos».

«Guardaremos silencio».

«Venid con el carro».

Y Jesús retrocede, seguido por Isaac (que guía el carro) y por las dos mujeres. La muchacha está echada en el prado, buscando refrigerio entre la hierba para la fuerte fiebre…

«¡Pobre criatura! Pero no morirá, ¿verdad?».

«¡Qué niña más bonita!».

«Bonita, no temas. Soy una mamá, ¿sabes? Ven… Sujétala, Mirta… Vacila… Ayúdanos, Isaac… Aquí donde hay menos traqueteos… El talego debajo de la cabeza… Vamos a meterle debajo nuestros mantos… Isaac, moja estos paños para ponérselos en la frente… ¡Qué fiebre, pobre hija!…».

Las dos mujeres se muestras solícitas y maternales. Áurea, obnubilada por el febrón, está casi ausente…

427.9

Todo listo… El carro puede empezar a moverse… Isaac, antes de dar con la tralla, se acuerda: «Maestro, si vas al puente encuentras a Judas de Keriot. Te espera como un mendigo… Es él el que nos ha dicho que ibas a pasar por aquí. La paz a ti, Maestro. Hoy por la noche estaremos en Nazaret».

«La paz a ti, Maestro» dicen las discípulas.

«¡La paz a vosotros!»…

El carro se va al trote…

«¡Gracias sean dadas al Señor!…» dice Jesús.

«Sí. Bien para la niña y para Judas… Mejor si no sabe nada…».

«Sí, es mejor; tanto, que pido a vuestro corazón un sacrificio: nos separaremos antes de llegar a Nazaret, y vosotros, los del lago, iréis con Judas a Cafarnaúm, mientras Yo con mis hermanos y Tomás y Simón iremos a Nazaret».

«Así lo haremos, Maestro. ¿Y a esos que te esperan qué les vas a decir?».

«Que teníamos urgencia de advertir a mi Madre de mi llegada… Vamos…», y va donde los discípulos, que, demasiado felices por tener con ellos al Maestro, no hacen ninguna pregunta.