Toutes les âmes, au moins une fois dans leur vie, sont interrogées par Dieu si…
– Oh ! pas moi ! A moi, il n’a jamais rien demandé ! » s’exclame Marie, femme d’Alphée, sûre d’elle.
La Vierge Marie sourit doucement, avant de répondre :
« Tu ne t’en es pas aperçue, mais ton âme a répondu sans que tu t’en doutes, et cela parce que tu aimes beaucoup le Seigneur.
– Je t’assure qu’il ne m’a jamais parlé !…
– Alors pourquoi es-tu disciple à la suite de Jésus ? Pourquoi désires-tu ardemment que tes fils soient tous disciples de Jésus ? Tu sais ce que “ le suivre ” signifie, et pourtant tu veux que tes fils le suivent.
– Certainement, je voudrais les lui donner tous. Alors vraiment, je pourrais dire que j’ai donné mes fils à la Lumière. Et je prie, je prie pour pouvoir les enfanter pour elle, pour Jésus, par une vraie, une éternelle maternité.
– Tu vois ! Et cela pour quelle raison ? Parce que Dieu t’a interrogée un jour et il t’a dit : “ Marie, m’accorderais-tu tes fils pour être mes ministres dans la nouvelle Jérusalem ? ” Et tu as répondu : “ Oui, Seigneur. ” Et même, maintenant que tu sais que le disciple n’est pas plus grand que son Maître, à Dieu qui t’interroge encore pour éprouver ton amour, tu réponds : “ Oui, mon Seigneur. Je veux désormais qu’ils soient tiens ! ” N’en est-il pas ainsi ?
– Si, Marie, c’est vrai. Je suis si ignorante que je ne sais comprendre ce qui se passe dans mon âme. Mais quand Jésus ou toi, vous me faites réfléchir, je dis que c’est vrai, que c’est certainement vrai. Je t’assure que… je préfèrerais les voir tués par les hommes plutôt qu’être ennemis de Dieu… Certainement… si je les voyais mourir… si… oh ! Mais le Seigneur… Il m’aiderait, à cette heure, hein ? … ou bien n’aidera-t-il que toi ?
– Il secourra toutes ses filles fidèles qui seront martyres en esprit, ou dans leur esprit et leur chair pour sa gloire.
– Mais qui doit être tué ? » questionne l’enfant qui, entendant cette conversation, a cessé de sautiller, et est resté tout ouïe.
Et il demande encore, mi-curieux, mi-effrayé, en regardant d’un côté et de l’autre dans la campagne solitaire qui s’assombrit :
« Il y a des voleurs ? Où ils sont ?
– Il n’y a pas de voleurs, mon enfant. Et personne, pour l’instant, ne doit être tué. Saute, saute encore… » répond la Vierge Marie.