The Writings of Maria Valtorta

454. Marie et son amour fusionnel avec Dieu.

454. Holy Mary and her love of fusion with God.

454.1

Le soir descend, amenant une brise qui rafraîchit après tant de chaleur, et la pénombre qui soulage après tant de soleil.

Jésus prend congé des habitants d’Hippos, fermement décidé à ne pas retarder son départ, car il veut être à Capharnaüm pour le sabbat. Les gens s’éloignent à regret et certains s’obstinent à le suivre hors de la ville.

Parmi eux se trouve la femme d’Aphéqa, la veuve qui, dans la ville sur le lac, a prié le Seigneur de la choisir comme tutrice du petit Alphée, dont la mère ne veut pas. Elle s’est jointe aux femmes disciples comme si elle était l’une des leurs, et s’est désormais tellement liée d’amitié avec elles, qu’on la considère comme de la famille. En ce moment, la veuve est avec Salomé et ne cesse de s’entretenir avec elle à voix basse.

454.2

Plus en arrière se trouve Marie avec sa belle-sœur ; elles règlent leur pas sur celui de l’enfant, qui marche en leur donnant la main et qui s’amuse à sauter sur le bord de chaque pierre du chemin, certainement construit par les Romains pour avoir des pavés aussi réguliers.

Et il rit, en disant à chaque fois :

« Tu vois comme j’y arrive ? Regarde, regarde encore ! »

C’est un jeu que, je crois, tous les enfants du monde ont fait quand ils tiennent par la main ceux qu’ils sentent être affectueux pour eux. Et les deux saintes créatures montrent un grand intérêt pour son jeu et le félicitent pour l’agilité qu’il montre en sautant.

Le pauvre petit s’est épanoui en quelques jours d’une vie paisible et affectueuse ; il a le regard joyeux des enfants heureux et son rire argentin le rend même plus beau, et surtout plus enfant. Il a perdu cette expression de petit homme prématuré et triste qu’il avait le soir du départ de Capharnaüm.

Marie, femme d’Alphée, le remarque et, entendant une parole de Sarah (la veuve), elle dit à sa belle-sœur :

« Il serait si bien avec elle ! A la place de Jésus, je le lui donnerais.

– Il a une mère, Marie…

– Tu appelles ça une mère ? Une louve est plus mère que cette malheureuse. »

La Vierge répond : « C’est vrai. Mais, même si elle ne se rend pas compte de ses devoirs envers son fils, elle a toujours un droit sur lui.

– Hmm ! Pour le faire souffrir ! Regarde comme il est mieux ! » dit Marie, femme d’Alfée.

La Vierge reprend : « Je le vois bien ! Mais… Jésus n’a pas le droit d’enlever des enfants à leur mère, pas même pour les donner à une autre qui les aimerait.

– Les hommes aussi n’auraient pas le droit de… Mais… suffit ! Moi, je sais.

– Oh ! Je te comprends… Tu veux dire : les hommes aussi n’auraient pas le droit de t’enlever ton Fils, et pourtant ils le feront… Mais en faisant cet acte humainement cruel, ils susciteront un bien infini. Ici, au contraire, je me demande si ce serait un bien pour cette femme…

– Mais pour l’enfant, oui.

454.3

Mais pourquoi… Jésus nous a-t-il fait cette horrible prédiction ? Je n’ai plus de paix depuis que je l’ai apprise…

– Ne savais-tu pas, auparavant, que le Rédempteur devait souffrir et mourir ?

– Si, évidemment ! Mais j’ignorais qu’il s’agissait de Jésus ! Je l’ai bien aimé, tu sais ? Plus que mes propres enfants. Il était si beau, si bon… Ah ! je te l’ai envié, ma Marie, quand il était tout petit, puis toujours… toujours… Je faisais attention au moindre courant d’air pour lui et… je ne puis me faire à l’idée qu’il sera torturé… »

Marie, femme de Cléophas, pleure dans son voile.

Et la Vierge Marie la réconforte :

« Ma Marie, ne considère pas le Sacrifice du côté humain. Pense à ses fruits… Tu peux imaginer comment, moi, je vois tomber la lumière chaque jour… Quand elle disparaît, je me dis : un jour de moins de présence de Jésus… Oh ! Marie ! S’il y a bien une grâce pour laquelle je remercie le Très-Haut plus que tout, c’est de m’avoir accordé d’atteindre l’amour parfait, parfait autant que peut le posséder une créature. Cela me permet de pouvoir guérir et fortifier mon cœur en disant : “ Sa douleur et la mienne sont utiles à mes frères : qu’elles en soient bénies. ” Si je n’aimais pas ainsi mon prochain… non, je ne pourrais pas penser qu’ils mettront à mort Jésus…

– Mais quel amour as-tu donc ? Quel amour doit-on éprouver pour pouvoir parler ainsi ? Pour… pour… pour ne pas s’enfuir avec son enfant, le défendre et dire aux autres : “ Mon premier prochain, c’est mon fils, et je l’aime par dessus tout ” ?

– Celui qui doit être aimé par dessus tout, c’est Dieu.

– Mais il est Dieu, lui !

– Il fait la volonté du Père, et moi avec lui. Quel amour est le mien ? Quel amour doit-on avoir pour pouvoir parler ainsi ? Un parfait amour de fusion avec Dieu, un abandon total : être perdues en lui, n’être plus qu’une partie de lui, comme ta main est une partie de toi-même et fait ce que ta tête commande. Voilà mon amour, et l’amour que l’on doit avoir pour faire toujours de tout son cœur la volonté de Dieu.

– Mais tu es la Bénie entre toutes les créatures ! Tu l’étais certainement déjà avant même d’avoir Jésus, car Dieu t’a choisie pour que tu l’aies, et il t’est facile…

– Non, Marie. Je suis Femme et Mère comme toute femme et toute mère. Le don de Dieu ne supprime pas la créature. Elle a son humanité comme toute autre, même si le don de Dieu lui confère une spiritualité élevée. Tu sais désormais que, moi, j’ai dû accepter cette grâce de mon propre gré, et avec toutes les conséquences qu’elle comportait. En effet, tout don divin est une grande béatitude mais aussi un grand engagement. Et Dieu ne contraint personne à recevoir ses dons, mais il interroge la créature, et si elle répond : “ Non ” à la voix spirituelle qui lui parle, Dieu ne la force pas.

454.4

Toutes les âmes, au moins une fois dans leur vie, sont interrogées par Dieu si…

– Oh ! pas moi ! A moi, il n’a jamais rien demandé ! » s’exclame Marie, femme d’Alphée, sûre d’elle.

La Vierge Marie sourit doucement, avant de répondre :

« Tu ne t’en es pas aperçue, mais ton âme a répondu sans que tu t’en doutes, et cela parce que tu aimes beaucoup le Seigneur.

– Je t’assure qu’il ne m’a jamais parlé !…

– Alors pourquoi es-tu disciple à la suite de Jésus ? Pourquoi désires-tu ardemment que tes fils soient tous disciples de Jésus ? Tu sais ce que “ le suivre ” signifie, et pourtant tu veux que tes fils le suivent.

– Certainement, je voudrais les lui donner tous. Alors vraiment, je pourrais dire que j’ai donné mes fils à la Lumière. Et je prie, je prie pour pouvoir les enfanter pour elle, pour Jésus, par une vraie, une éternelle maternité.

– Tu vois ! Et cela pour quelle raison ? Parce que Dieu t’a interrogée un jour et il t’a dit : “ Marie, m’accorderais-tu tes fils pour être mes ministres dans la nouvelle Jérusalem ? ” Et tu as répondu : “ Oui, Seigneur. ” Et même, maintenant que tu sais que le disciple n’est pas plus grand que son Maître, à Dieu qui t’interroge encore pour éprouver ton amour, tu réponds : “ Oui, mon Seigneur. Je veux désormais qu’ils soient tiens ! ” N’en est-il pas ainsi ?

– Si, Marie, c’est vrai. Je suis si ignorante que je ne sais comprendre ce qui se passe dans mon âme. Mais quand Jésus ou toi, vous me faites réfléchir, je dis que c’est vrai, que c’est certainement vrai. Je t’assure que… je préfèrerais les voir tués par les hommes plutôt qu’être ennemis de Dieu… Certainement… si je les voyais mourir… si… oh ! Mais le Seigneur… Il m’aiderait, à cette heure, hein ? … ou bien n’aidera-t-il que toi ?

– Il secourra toutes ses filles fidèles qui seront martyres en esprit, ou dans leur esprit et leur chair pour sa gloire.

– Mais qui doit être tué ? » questionne l’enfant qui, entendant cette conversation, a cessé de sautiller, et est resté tout ouïe.

Et il demande encore, mi-curieux, mi-effrayé, en regardant d’un côté et de l’autre dans la campagne solitaire qui s’assombrit :

« Il y a des voleurs ? Où ils sont ?

– Il n’y a pas de voleurs, mon enfant. Et personne, pour l’instant, ne doit être tué. Saute, saute encore… » répond la Vierge Marie.

454.5

Jésus, qui marchait très en avant, s’est arrêté pour attendre les femmes. De ceux qui l’ont suivi depuis Hippos, restent trois hommes et la veuve. Les autres se sont résolus, l’un après l’autre, à le quitter et à retourner en ville.

Les deux groupes se réunissent. Jésus dit :

« Restons ici en attendant la lune. Ensuite, nous partirons de façon à entrer à l’aube dans la ville de Gamla.

– Mais, Seigneur ! Tu ne te rappelles pas comment tu en as été chassé ? Les habitants t’ont supplié[1] de t’en aller…

– Eh bien ? Je suis parti, et aujourd’hui je reviens. Dieu est patient et prudent. A ce moment-là, vu leur agitation, ils n’étaient pas capables d’accueillir la Parole, que l’on doit écouter avec une âme paisible pour qu’elle porte du fruit. Souvenez-vous d’Elie[2] et de sa rencontre avec le Seigneur sur l’Horeb. Pensez qu’Elie était déjà une âme aimée du Seigneur et habituée à l’entendre. Or ce fut seulement dans la paix d’une brise légère, quand son âme reposait, après son effroi, dans la paix de la création et de son moi honnête, que le Seigneur a parlé. Et le Seigneur a attendu que l’épouvante laissée par la légion des démons en souvenir de leur passage dans cette région — car si le passage de Dieu est paix, le passage de Satan est perturbation–, le Seigneur a attendu que cette épouvante retombe et que le cœur et l’intelligence redeviennent limpides, pour retourner vers les habitants de Gamla, qui sont encore ses enfants. N’ayez pas peur. Ils ne nous feront aucun mal ! »

454.6

La veuve d’Aphéqa s’avance et se prosterne :

« Et tu ne viendras pas chez moi, Seigneur? Aphéqa aussi est pleine d’enfants de Dieu…

– La route est difficile, et le temps est court. Les femmes sont avec nous, et nous devons être de retour à Capharnaüm pour le sabbat. N’insiste pas, femme, s’interpose Judas sur un ton tranchant, comme pour la repousser.

– C’est que… Je voulais qu’il se persuade que je pourrais bien m’occuper de l’enfant.

– Mais il a déjà sa mère, tu comprends ? dit encore Judas, d’un air supérieur.

– Connais-tu des raccourcis entre Gamla et Aphéqa ? demande Jésus à la femme humiliée.

– Oh oui ! Le chemin est montagneux, mais bon ; il est frais parce qu’il passe au milieu des bois. Et puis, pour les femmes, on peut prendre des ânes : c’est moi qui paierai…

– Je viendrai chez toi pour te consoler, même si je ne peux te donner l’enfant parce qu’il a sa mère. Mais je te promets que, si Dieu juge bon que cet innocent mal aimé retrouve de l’amour, je penserai à toi.

– Merci, Maître. Tu es bon » dit la veuve en jetant sur Judas un coup d’œil qui veut dire : « Et toi, tu es mauvais. »

L’enfant qui a écouté et compris, au moins en partie, et qui s’est attaché à la veuve — elle l’a conquis par des caresses et par de bons morceaux —, répète exactement ce qu’elle a dit, un peu par un mouvement naturel de réflexion et un peu par cet esprit d’imitation propre aux enfants ; mais au lieu de se prosterner aux pieds de Jésus, il s’attache à ses genoux, et lève sa petite figure que blanchit la clarté de la lune :

« Merci, Maître, tu es bon. »

Mais il ne se borne pas à cela, il veut dire clairement ce qu’il pense, et achève :

« Et toi, tu es méchant. »

Et il donne un coup de pied à Judas pour qu’il n’y ait aucune erreur possible sur la personne.

454.7

Thomas éclate de rire, ce qui entraîne les autres à l’imiter :

« Pauvre Judas ! Il est vraiment dit que les enfants ne t’aiment pas ! Chaque fois que l’un d’eux te juge[3], c’est toujours aussi mal !… »

Judas a si peu de retenue qu’il montre sa colère, une colère injuste, sans proportion avec la cause et l’objet qui la provoque ; pour se défouler, il arrache brutalement l’enfant des genoux de Jésus et le rejette en arrière tout en criant :

« Voilà ce qui arrive quand on joue la comédie en matière sérieuse. Ce n’est pas beau ni utile de traîner à sa suite des femmes et des bâtards…

– Tu ne peux pas dire cela. Son père — tu l’as connu toi aussi —, était un époux légitime et un juste, fait remarquer sévèrement Barthélemy.

– Eh bien ? N’est-il pas maintenant un vagabond, un futur voleur ? N’a-t-il pas suscité des conversations peu flatteuses sur nous ? On l’a cru fils de ta Mère… Et où est l’époux de ta Mère pour justifier un fils de cet âge ? Ou bien on le croit fils de l’un de nous, et…

– Cela suffit ! Tu parles le langage du monde. Or le monde parle dans la boue, aux grenouilles, aux couleuvres, aux lézards, à toutes les bêtes impures…

454.8

Viens, Alphée, ne pleure pas. Viens auprès de moi : je vais te porter dans mes bras. »

Grande est la peine de l’enfant. Toute sa douleur d’orphelin, d’enfant repoussé par sa mère, qui s’était apaisée pendant ces jours de paix, revient à la surface, bout, déborde. Plus que les égratignures qu’il s’est faites au front et aux mains, en tombant sur un terrain pierreux, égratignures que les femmes nettoient et embrassent pour le consoler, il pleure sa souffrance d’enfant mal aimé. Des sanglots longs, déchirants, en appelant son père mort, sa mère… Le pauvre petit !

Je pleure avec lui, moi que les hommes n’ont jamais su aimer, et comme lui, je me réfugie dans les bras de Dieu, aujourd’hui, anniversaire des funérailles de mon père ; aujourd’hui où une décision injuste me prive de la communion fréquente…

Jésus le prend, l’embrasse, le berce et le console tout en marchant en tête du groupe, avec l’innocent dans les bras, au clair de lune… Les larmes s’apaisent peu à peu et s’espacent, et on peut entendre dans le silence de la nuit la voix de Jésus qui lui dit :

« Je suis là, Alphée. Je suis là pour tous, pour te tenir lieu de père et de mère. Ne pleure pas. Ton papa est auprès de moi, et il t’embrasse avec moi. Les anges prennent soin de toi, comme s’ils étaient des mères. Tout l’amour, tout l’amour, si tu es gentil et sage, est avec toi… »

454.9

L’un des trois hommes venus d’Hippos dit alors :

« Le Maître est bon, et il attire à lui. Mais ses disciples, non. Moi, je m’en vais… »

Puis, on entend Simon le Zélote lancer à Judas :

« Tu vois ce que tu fais ? »

Seule la veuve d’Aphéqa reste parmi les femmes et soupire avec elles. On n’entend que le bruit des pas qui peu à peu s’affaiblit. En effet les trois habitants d’Hippos sont partis. Puis la troupe des disciples s’arrête près d’une vaste grotte qui est peut-être un abri pour les bergers, car le sol est jonché d’une couche de bruyères et de fougères coupées depuis peu qui isolent du sol humide.

« Arrêtons-nous ici. Rassemblons pour les femmes ce lit de la Providence. Nous, nous pouvons nous étendre là dehors, sur l’herbe » dit Jésus.

C’est ce qu’ils font pendant que la pleine lune parcourt le firmament.

454.1

Night is falling bringing cool breezes which refresh after so much heat, and also twilight which is a relief after so much bright sunshine.

Jesus takes leave of the people of Hippo as He is quite firm in His decision not to delay departure, in order to be at Capernaum for the Sabbath. The people depart from Him reluctantly and a few obstinate people follow Him even out of town.

Among them is the woman from Aphek, the widow who in the village on the lake begged the Lord to choose her as guardian for little Alphaeus, who is not wanted by his mother. She has joined the group of the women disciples, as if she were one of them, and she has now become so familiar with them, that they regard her as one of the family. She is now with Salome, to whom she is speaking animatedly in a low voice.

454.2

Mary is farther back with Her sister-in-law, and they adapt their steps to the pace of the little boy who is walking hand in hand between them and enjoys himself jumping over every stone in the road, which, being paved with regular slabs, was certainly built by the Romans. And at each jump he laughs and says: «See how clever I am? Look, look again!». It is a game which I think all children in the world have played when they are held by the hand by people who they perceive are fond of them. And the two holy women who are leading him by the hand show great interest in his game and praise him for being so clever in jumping. The poor little fellow has flourished in a few days of peaceful loving life, his eyes are cheerful like those of happy children and his silvery laughter makes him more beautiful and above all more puerile, without the expression of a sad little man, as he had looked the evening he left Capemaum.

Mary of Alphaeus, considering the situation, when she hears some words of Sarah, the widow, says to her sister-in-law: «That would be ideal! If I were Jesus, I would give her the boy.»

«He has a mother, Mary…»

«Mother? Don’t call her that! A she-wolf is more motherly than that wretch.»

«That is true. But even if she does not feel any obligation towards her son, she always has a claim on him.»

«H’m! To make him suffer! Look how much he has improved!»

«I know. But… Jesus has no right to take children away from mothers, not even to give them to those who would love them.»

«Neither are men entitled to… Better not say more. I know what…»

«Oh! I understand You… You mean: neither are men entitled to take Your Son away from You, and yet they will do so… But by doing so – a cruel action from a human point of view – they will bring about infinite good. In this case, instead, I do not know whether it would do that woman any good…»

«But it would do the child much good.

454.3

But why… did He tell us that dreadful thing? I have had no peace since I heard of it…»

«And did you not know even previously that the Redeemer was to suffer and die?»

«Of course I did! But I did not know that it was Jesus. I have been very fond of Him, You know? I loved Him more than my own sons. So handsome, so kind… Oh! I envied You Him, my dear Mary, when He was a boy, and always later… always… Even a puff of air worried me, lest it should harm Him and… I cannot believe that He will be tortured…» Mary of Clopas weeps under her veil.

And Mary, the Mother, comforts her. «Mary, My dear, do not look at the matter from a human point of view. Think of its fruits… You can imagine how I see daylight fading away every evening… When it dies out I say: one day less to have Jesus… Oh! Mary! For one thing above all I thank the Most High: for granting Me to achieve perfect love, as perfect as a creature can possess it, because such love allows Me to cure and fortify My heart saying: “His sorrow and Mine are useful to My brothers, therefore blessed be Sorrow”. If I did not love My neighbour thus… I could not endure the thought that they will put Jesus to death…»

«So, what love is Yours? What love must a mother have to say such words? In… in order not to run away with her son, to defend him and say to her neighbours: “My first neighbour is my son and I love him above all things”?»

«He Who is to be loved above everything is God.»

«And He is God.»

«He does the Will of the Father and I do it with Him. What love is Mine? What love is required to be able to say those words? The love of fusion with God, complete union, total surrender, to be lost in Him, to be nothing but a part of Him, as your hand is part of you and does what your head commands. That is My love and such is the love which one must have to do always the Will of God willingly.»

«But You are You. You are the Blessed One among all creatures. You were certainly such even before You had Jesus, because God chose You to have Him, and it is easy for You…»

«No, Mary. I am the Woman and the Mother like every woman and mother. The gift of God does not suppress the creature. She is as human as any other creature, even if the gift gives her a very strong spirituality. You know, by now, that I had to accept the gift, of My own free will, and with all the consequences which it involved. Because each divine gift is a great beatitude, but also a great obligation. And God does not force any man to accept His gifts, but He asks man and if the latter replies: “No” to the spiritual voice speaking to him, God does not force him.

454.4

Every soul is interrogated by God at least once in its lifetime whether…»

«Oh! I have not been! He never asked me anything!» exclaims Mary of Alphaeus confidently.

The Blessed Virgin smiles kindly and replies: «You did not notice it and your soul replied without you being aware of it; and the reason for that is that you already love the Lord very much.»

«I am telling You that He has never spoken to me!…»

«Why, then, are you here, a disciple following Jesus? And why are you so anxious that your sons, all of them, should be followers of Jesus? You know what it implies to follow Him, and yet you want your sons to follow Him.»

«Certainly! I would like to give them all to Him. I could then truly say that I bore my children to the Light. And I pray that I may give them to It, to Jesus, with true, eternal maternity.»

«You see! And why that? Because God interrogated you one day and He said: “Mary, would you give Me your sons to be My ministers in the new Jerusalem?”. And you replied: “Yes, Lord”. And even now that you are aware that a disciple is not superior to the Master, you reply to God, Who questions you again to test your love: “Yes, my Lord. I now want them to be Yours!”. Is it not so?»

«Yes, Mary, it is. That’s true. I am so ignorant that I cannot understand what happens in a soul. But when Jesus or You make me ponder, I say that it is true. It is really true. I say that… I would rather see them killed by men than be hostile to God… Certainly… if I saw them die… if… oh! But the Lord… Eh! Would the Lord help me in that hour… or will He help You alone?»

«He will help all His faithful daughters, who are martyrs in the spirit, or in the spirit and in the flesh for His glory.»

«But who is to be killed?» asks the little boy, who has stopped jumping upon hearing their conversation, and has been all ears. And he asks again, partly out of curiosity, partly out of fear, looking about the lonely country which is growing dark: «Are there highwaymen about? Where are they?»

«There are no highwaymen, My child. And no one, for the time being, is to be killed. Jump, go on jumping…» replies the Most Holy Virgin.

454.5

Jesus, Who was far ahead, has stopped waiting for the women. Of the people who followed Him from Hippo, three men and the widow are still present. The others made up their minds, one after the other, to leave Him and go back to their town. The two groups come together again. Jesus says: «Let us wait here until the moon rises. We will then set out in order to arrive at the town of Gamala at dawn.»

«But Lord! Do You not remember how they drove You out of it? They begged[1] You to go away…»

«So? I went away, now I am going back. God is patient and prudent. Then, in their excitement, they were not in a state to receive the Word, which, in order to be fruitful, is to be received with a peaceful spirit. Remember Elijah[2] and his meeting with the Lord on the Horeb and take into account that Elijah was a spirit beloved by the Lord and accustomed to hearing Him. Only in the peace of a gentle breeze, when, after being dismayed, his spirit was resting in the peace of creation and of his honest ego, only then the Lord spoke. And the Lord has waited for the fright, left by the legion of demons in remembrance of their passage through that region – I because if the passing of God is peace, the passing of Satan is perturbation – and the Lord has waited for such fright to come to an end and for their hearts and minds to become crystal clear, before going back to the people of Gamala, as they are still His sons. Be not afraid! They will do us no harm!»

454.6

The widow from Aphek comes forward and prostrates herself: «And are You not coming to my house, Lord? Aphek also is full of sons of God…»

«The road is a difficult one and our time is short. We have the women with us and we must go back to Capernaum for the Sabbath. Do not insist, woman» says the Iscariot resolutely, almost rejecting her.

«The fact is… I wanted Him to be convinced that I can keep the boy properly.»

«But do you not understand that he has his mother?» says the Iscariot once again, and he says so rudely.

«Do you know any short cuts between Gamala and Aphek?» Jesus asks the mortified woman.

«Oh! yes! There is a road across the mountains, but it is good and cool, because it runs through woods. And it is possible to hire some donkeys for the women, and I will pay for them…»

«I will come to your house to console you, even if I cannot give you the child, because he has a mother. But I promise you that in the event that God should judge that the innocent with no love should find love again, I will think of you.»

«Thank you, Master. You are good» says the widow, and she looks at Judas in a way that means: «And you are bad.»

The little boy, who has listened and understood, at least in part, and has grown fond of the widow, who has conquered him with caresses and dainties, both by natural instinct of reflection and by the spirit of imitation typical of children, repeats exactly what the widow has done, the only difference being that he does not prostrate himself at Jesus’ feet, but he clings to His knees, raising his little face which looks bright in the moonlight, and he says: «Thank You, Master. You are good.» And he does not stop at that; he wants to make his mind quite clear and he concludes: «and you are bad» and to ensure that there is no error of person, he lightly kicks the Iscariot’s foot.

454.7

Thomas bursts out laughing, which makes the others laugh as well, while he says: «Poor Judas! It is really a fact that children do not like you! Now and again one of them judges you[3], and they always say that you are bad!…»

Judas has so little sense of humor that he shows his anger, an unfair anger, out of proportion to the cause and object giving rise to it and to which he gives vent by tearing the child away from Jesus’ knees very coarsely and throwing him backwards, shouting: «This is what happens when in serious matters we have pantomimes. It is neither decent nor useful to take with us a train of women and parentless children…»

«No, you can’t say that. You met his father, too. He was the legitimate husband, and a just man» remarks Bartholomew severely.

«So? Is he not a tramp and a future thief? Is he not the cause of unpleasant remarks uttered behind our backs? Some people thought he was Your Mother’s son… And where is Your Mother’s husband to justify a son of his age? Or they suppose that he is the son of one of us, and…»

«Enough of that. You are speaking the language of the world. But the world speaks a filthy language to frogs, to water snakes, to lizards, to all unclean animals…

454.8

Come, Alphaeus. Do not weep. Come to Me. I will carry you in My arms.»

The little boy is deeply grieved. All his sorrow of an orphan rejected by his mother and which had calmed down during the previous peaceful days, comes to light again, boils over and overflows. He is weeping not so much because of the bruises on his forehead and hands, which were injured when he fell on stoney ground, bruises which the women are cleaning and kissing to comfort him, as because of his grief of a son who is not loved. A long heart-rending weeping, during which he cries for his dead father his mother… Oh! poor child!

And I weep with him, as men never care for me, and with him I take shelter in the arms of God, today, the anniversary of my father’s funeral; today when an unfair decision deprives me of receiving Holy Communion frequently…

Jesus takes him, kisses him, lulls and comforts him, walking ahead of everybody, with the innocent child in His arms, in the moonlight… And as his weeping slowly abates and his sobbing becomes less frequent, in the silence of the night Jesus’ voice can be heard saying: «I am here, Alphaeus. I am here for everybody. I will be father and mother to you. Do not weep. Your father is near Me and he kisses you with Me. The angels look after you like mothers. If you are good and innocent, all our love is with you…»

And the hoarse voice of one of the three men who came from Hippo is heard saying: «The Master is good and He attracts people. But His disciples are not. I am going away…»

454.9

And in a severe voice the Zealot says to the Iscariot: «Do you see what your behaviour does?»

Only the widow from Aphek remains with the women disciples and sighs with them. As the three men from Hippo have gone away, one can hear only the reduced shuffling of feet. The situation remains unchanged until they stop near a large grotto, where shepherds perhaps take shelter, because there is a layer of heather and ferns, which have been recently cut, laid on the ground to dry.

«Let us stop here. Let us assemble this bed of Providence for the women. We can lie down just outside, on the grass» says Jesus. And they do so, while the full moon sails in the vault of heaven.


Notes

  1. supplié, en 186.7.
  2. Souvenez-vous d’Elie, dans le passage de 1 R 19, 13-18.
  3. Chaque fois que l’un d’eux te juge : c’est le cas de Benjamin de Magdala en 184.7 (et en 490.6), et de Yabeç-Marziam en 196.6 (et en 365.3/4). En 309.4, on peut lire : « à Judas, fils de Simon… à qui on dirait que le Seigneur parle par la bouche des enfants. » De même, le petit-fils de Nahum, un enfant difforme guéri par Jésus, comptera Judas parmi les méchants, en 584.6.

Notes

  1. begged, in 186.7.
  2. Remember Elijah, in the passage of: 1 King 19,13-18.
  3. Now and again one of them judges you, as Benjamin of Magdala in 184.7 (and 490.6), and Jabé-Marjiam in 196.6 (and 365.3/4). It can be read in in 309.4: “… Also to Judas of Simon… seems to make children speak to him…”. Even the nephew of Nahum, a deformed child healed by Jesus, will mark Judas as “bad” in 584.6.