Los Escritos de Maria Valtorta

483. Les apôtres discutent sur la haine des juifs.

483. Polémica de los apóstoles sobre el odio de los judíos.

483.1

Ils sont toujours dans les montagnes, des montagnes fort escarpées. Ils ont emprunté de petits chemins où des chars ne sauraient passer, mais seulement des voyageurs à pied ou des gens montés sur ces ânes vigoureux de la montagne, plus grands et plus robustes que ceux que l’on rencontre habituellement dans les régions moins accidentées. C’est une observation qui paraîtra inutile à certains, mais que je fais quand même.

En Samarie, il y a bien des usages différents de ceux d’ailleurs, par exemple en fait de vêtements. Parmi ces usages, je suis frappée par la quantité de chiens, qui serait insolite ailleurs[1], comme je l’avais été par la présence des porcs dans la Décapole. La raison en est peut-être que la Samarie compte beaucoup de bergers et doit avoir quantité de loups dans ces montagnes si sauvages. D’autre part, en Samarie, je vois le plus souvent les bergers seuls, ou tout au plus avec un enfant, faisant paître leurs propres troupeaux, alors qu’ailleurs, ils gardent, la plupart du temps à plusieurs, les gros troupeaux de quelque riche. Le fait est qu’ici chaque berger a son chien — sinon même plusieurs, selon le nombre de brebis de son troupeau.

Une autre caractéristique, c’est précisément ces ânes presque aussi grands qu’un cheval, robustes, capables d’escalader ces montagnes avec un lourd chargement sur le bât, même de grosses bûches qu’ils trouvent sur ces magnifiques montagnes couvertes de forêts séculaires.

Autre particularité : les manières dégagées des habitants qui, sans être des “ pécheurs ” comme les jugent les Judéens et les Galiléens, sont ouverts, francs, sans bigoterie, sans toutes ces histoires que font les autres, et hospitaliers. Cette constatation me fait penser que dans la parabole du bon Samaritain[2], il n’y a pas eu seulement l’intention de faire ressortir le bon et le mauvais qui existent partout, dans tous les lieux et dans toutes les races — même chez les hérétiques, certains peuvent avoir le cœur droit —, mais aussi de souligner la compassion habituelle des Samaritains envers eux qui ont besoin d’être secourus. Ils se sont arrêtés au Pentateuque — je ne les entends parler que de cela —, mais ils le pratiquent, du moins envers leur prochain, avec plus de droiture que les autres avec leurs six cent treize articles de préceptes, etc.

483.2

Les apôtres parlent avec le Maître, et bien qu’ils soient incorrigiblement israélites, ils doivent reconnaître et louer l’esprit qu’ils ont trouvé chez les habitants de Sichem qui, je le comprends aux conversations que j’entends, ont invité Jésus à séjourner chez eux.

« Tu as entendu, hein ? dit Pierre, comme ils ont dit clairement qu’ils connaissent la haine des juifs ? Ils ont dit : “ Ils te détestent encore plus que nous autres, samaritains, pour tout ce que nous sommes et avons été. Leur haine à ton égard est sans bornes. ”

– Et ce vieillard ? Comme il a bien parlé : “ C’est juste, au fond, qu’il en soit ainsi, parce que tu n’es pas un homme, mais tu es le Christ, le Sauveur du monde ; donc tu es le Fils de Dieu, car seul un Dieu peut sauver le monde corrompu. Par conséquent, étant sans limites comme Dieu, sans limites de puissance, de sainteté et d’amour, comme sera sans limites ta victoire sur le mal, il est naturel que le mal, et la haine qui ne fait qu’un avec le mal, soient sans limites contre toi. ” Il a vraiment bien parlé ! Et cette raison explique tant de choses ! dit Simon le Zélote.

– Qu’est-ce que ça explique, selon toi ? Moi… je dis qu’elle explique seulement que ces juifs sont des sots, dit Thomas, expéditif.

– Non. La sottise serait encore une excuse, mais ce n’est pas le cas.

– Alors ils sont ivres, ivres de haine, réplique Thomas.

– Pas même. L’ivresse cède après s’être déchaînée. Cette hargne, elle, ne cède pas.

– Et plus déchaînée encore ! Et depuis si longtemps… qu’elle aurait dû retomber maintenant.

– Mes amis, elle n’a pas encore atteint son but, intervient Jésus avec calme, comme si le but de la haine n’était pas son supplice.

– Non ? Mais ils ne nous laisseront donc jamais en paix !

– Maître, les autres ne sont toujours pas convaincus que j’ai dit la vérité. Mais je l’ai dite. Oh ! oui, je l’ai dite ! Et j’ajoute que si cela avait dépendu de vous, vous seriez tous tombés dans le piège comme Jean-Baptiste. Mais ils ne réussiront pas, car je veille… » lance Judas.

Jésus le regarde. Et je le regarde, moi aussi, me demandant, comme je le fais depuis quelques jours, si la conduite de Judas est due à un bon et réel retour sur le chemin du bien et de l’amour pour son Maître, une libération des forces humaines et surnaturelles qui le possédaient, ou si c’est un travail plus raffiné de préparation au coup final, un asservissement plus grand aux ennemis du Christ et à Satan. Mais Judas est un être tellement spécial, qu’il est impossible de le déchiffrer. Seul Dieu peut le comprendre. Et Dieu-Jésus laisse tomber un voile de miséricorde et de prudence sur tous les actes et sur la personnalité de son apôtre… un voile qui, en se déchirant, éclairera parfaitement beaucoup de questions encore mystérieuses, quand seront ouverts les livres des Cieux.

483.3

Les apôtres sont tellement préoccupés par l’idée que la haine des ennemis n’a pas encore atteint son but, que, un instant, ils gardent le silence. Puis Thomas s’adresse encore à Simon le Zélote :

« Et alors, s’ils ne sont ni ivres ni sots, si leur haine explique tant de choses sans expliquer celle-ci, qu’explique-t-elle alors ? Que sont-ils ? Tu n’en as rien dit…

– Que sont-ils ? Des possédés. Ils sont ce qu’ils disent de lui. C’est la raison de leur acharnement qui ne connaît pas de trêve, mais croît au contraire à mesure que se manifeste sa puissance. Il a bien parlé, ce Samaritain. En Jésus, le Fils du Père et de Marie, Homme et Dieu, se trouve l’infinité de Dieu : et infinie est la Haine qui s’oppose à cette Infinité parfaite, même si, tout en étant sans limites, la Haine n’est pas parfaite — puisque seul Dieu est parfait dans ses actions. Mais si la Haine pouvait atteindre l’abîme de la perfection, elle descendrait…, se précipiterait même pour l’atteindre, pour rebondir ensuite, par la violence même de sa chute dans l’abîme infernal, contre le Christ, afin de le blesser avec toutes les armes arrachées à l’abîme infernal. Le firmament, ordonné par Dieu, a un seul soleil. Il se lève, brille et disparaît, laissant la place à ce soleil plus petit qu’est la lune ; et celle-ci, après avoir lui à son tour, se couche pour céder la place au soleil. Les astres enseignent beaucoup de règles aux hommes, car ils se soumettent aux volontés du Créateur, à l’inverse des hommes. Vouloir s’opposer au Maître en est un exemple. Qu’arriverait-il si, un matin, la lune disait : “ Je ne veux pas disparaître, et je reviens sur mes pas ? ” Elle irait certainement heurter le soleil, avec horreur et au détriment de toute la Création. C’est ce que, eux, ils veulent faire, en s’imaginant pouvoir briser le Soleil…

– C’est le combat des ténèbres contre la lumière. Nous le voyons chaque jour à l’aube et le soir : les deux forces qui se combattent exercent, tour à tour, leur empire sur la terre. Mais les ténèbres sont toujours vaincues, car elles ne sont jamais absolues. Il émane toujours un peu de lumière, même dans la nuit la moins étoilée. On dirait que l’air la crée de lui-même dans les espaces infinis du firmament et la répand, même si elle est très limitée, pour persuader les hommes que les astres ne sont pas éteints. Et j’affirme que, de la même manière, dans ces ténèbres particulières du Mal contre la Lumière qu’est Jésus, cette dernière sera toujours là, malgré tous les efforts des Ténèbres, pour réconforter ceux qui croient en elle » dit Jean en souriant à sa pensée, tout recueilli en lui-même comme s’il monologuait.

Son idée est reprise par Jacques, fils d’Alphée.

« Dans les Livres, le Christ est appelé “ Etoile du matin ”. Lui aussi connaîtra donc une nuit, et — je m’en épouvante — nous en connaîtrons une, nous aussi : un moment où la Lumière semblera avoir perdu de sa force et où les Ténèbres paraîtront victorieuses. Mais puisqu’il est appelé “ Etoile du matin ” d’une manière qui exclut toute limite dans le temps, j’affirme qu’après cette nuit momentanée, le Christ sera la Lumière matinale, pure, fraîche, virginale, qui renouvellera le monde, pareille à celle qui a succédé au chaos, le premier jour. Oh ! oui ! le monde sera recréé dans sa Lumière.

– Et la malédiction sera sur les réprouvés qui auront voulu lever la main pour frapper la Lumière, en répétant les erreurs déjà faites, depuis Lucifer jusqu’aux profanateurs du peuple saint. Yahvé laisse l’homme libre de ses actions, mais par amour pour l’homme lui-même, il ne permettra pas que l’enfer prévale, achève Jude, fils d’Alphée.

483.4

– Heureusement qu’après un si long assoupissement des âmes, qui semblait les rendre obtuses et les engourdir comme sous l’effet d’une vieillesse précoce, la sagesse refleurit sur nos lèvres! Nous ne semblions plus être nous-mêmes ! Maintenant je retrouve Simon le Zélote, et Jean, et les deux frères d’autrefois ! dit Judas, en se félicitant.

– Je n’ai pas l’impression que nous ayons changé au point de ne plus paraître nous-mêmes, dit Pierre.

– Mais si, nous avons tous changé ! Toi le premier, puis Simon et les autres, moi compris. S’il y a quelqu’un qui est resté à peu près celui qu’il a toujours été, c’est Jean.

– Hum ! Je ne vois vraiment pas en quoi…

– En quoi ? Nous sommes taciturnes, comme las, indifférents, pensifs… Jamais plus on n’entendait de conversations semblables à celles d’autrefois, semblables à celle de maintenant, qui sont si utiles…

– Pour nous disputer, intervient Jude en rappelant comme souvent, en effet, elles dégénéraient en prises de becs.

– Non. Pour nous former, car nous ne sommes pas tous comme Nathanaël, ni comme Simon, ni comme vous, les fils d’Alphée, par naissance et par sagesse, et celui qui l’est moins apprend toujours de celui qui l’est davantage, réplique Judas.

483.5

– Vraiment… moi je dirais qu’il est par-dessus tout nécessaire de se former en matière de justice et, en cela, Simon nous a donné de magnifiques leçons, dit Thomas.

– Moi ? Tu y vois mal. Je suis le plus incapable de tous, lance Pierre.

– Non. Tu es celui qui a le plus changé. En cela, Judas a raison. Il ne reste plus beaucoup en toi du Simon que j’ai connu quand je vous ai rejoints et qui, pardonne-moi, est demeuré longtemps celui qu’il était. Depuis le moment où je t’ai retrouvé, après notre séparation pour les Encénies, tu n’as fait que te transformer. Maintenant tu es… oui, je peux le dire, plus paternel et en même temps plus austère. Tu compatis avec tous tes pauvres frères, alors qu’avant… Et on voit — moi du moins, je le vois — que cela te coûte, mais que tu te domines. Et tu ne nous inspirais jamais le respect comme maintenant que tu parles peu et que tu nous fais peu de reproches…

– Mais, mon ami ! Tu es bien bon de me voir ainsi… Moi, à part l’amour que j’ai pour le Maître, qui ne cesse de grandir en moi, je n’ai vraiment changé en rien.

– Non. Thomas a raison, tu as beaucoup changé, confirment plusieurs.

– C’est vous qui le dites… » dit Pierre en haussant les épaules. Et il ajoute : « II n’y a que le jugement du Maître qui serait sûr. Mais je me garde bien de le lui demander. Lui, il connaît ma faiblesse, et il sait qu’un éloge intempestif pourrait nuire à mon âme. Aussi il ne me féliciterait pas, et il ferait bien. Je comprends de mieux en mieux son cœur et sa méthode, et j’en vois toute la justice.

– C’est que tu as l’âme droite et que tu aimes de plus en plus. Ce qui te fait voir et comprendre, c’est ton amour pour moi. Ton maître, le véritable et plus grand maître, qui te fait comprendre ton Maître, c’est l’amour, dit Jésus qui jusque là écoutait sans intervenir.

– Je crois que … c’est aussi la souffrance que je porte en moi…

– De la souffrance ? Pourquoi ? demandent certains.

– Oh! pour bien des choses qui, au fond, n’en font qu’une : tout ce que souffre le Maître… et la pensée de ce qu’il va souffrir.

483.6

On ne peut plus être distraits comme dans les premiers temps, tels des enfants qui ne connaissent rien, maintenant qu’on sait de quoi les hommes sont capables, et combien il faut souffrir pour les sauver. Ah ! Nous croyions tout facile, les premiers temps ! Nous pensions qu’il suffirait de nous présenter pour que les autres passent de notre bord ! Nous étions sûres que conquérir Israël et le monde, ce serait comme… jeter le filet sur un fond poissonneux. Pauvres de nous ! Je suppose que si, lui, il ne parvient pas à faire une bonne pêche, nous, nous ne ferons rien. Mais ce n’est pas tout, et de loin : je pense qu’ils sont mauvais et le font souffrir. Et je crois que c’est là le motif de notre changement en général…

– C’est vrai. Pour mon compte, c’est exact, confirme Simon le Zélote.

– Pour moi aussi, pour moi aussi » disent les autres.

Et Judas avoue :

« Moi, il y a bien longtemps que j’étais inquiet de cela, et j’ai cherché à… trouver des aides valables. Mais ils m’ont trahi… Vous, vous ne m’avez pas compris… Et moi, je ne vous ai pas compris. Je croyais que vous étiez comme vous êtes par lassitude spirituelle, par découragement, par déception…

– Moi, je n’ai jamais espéré des joies humaines et par conséquent je ne suis pas déçu, conteste Simon le Zélote.

– Mon frère et moi, nous voudrions qu’il soit victorieux, mais pour sa joie. Nous l’avons suivi par amour de parents avant de le faire comme disciples. Nous l’avons toujours suivi depuis l’enfance, lui le plus jeune de nous, ses frères, mais toujours tellement plus grand que nous… dit Jacques, avec son habituelle admiration sans bornes pour son Jésus.

– Si nous avons une souffrance, c’est que nous tous, qui sommes de sa parenté, nous ne l’aimons pas en esprit et avec notre seul esprit. Mais nous ne sommes pas les seuls en Israël à l’aimer mal » dit Jude.

483.7

Judas le regarde. Il est sur le point de parler, quand un cri l’en empêche, venant d’un monticule dominant le hameau qu’ils longent, en cherchant la voie d’accès.

« Jésus ! Rabbi Jésus ! Fils de David et notre Seigneur, aie pitié de nous.

– Des lépreux ! Partons, Maître, sinon le village va accourir et nous retenir dans ses maisons » conseillent les apôtres.

Mais les lépreux ont l’avantage d’être en avance sur eux, montés sur le chemin, mais à cinquante mètres au moins du village. Ils descendent en boitant et courent vers Jésus en répétant leur cri.

« Entrons dans le village, Maître, ils ne peuvent pas y aller » conseillent certains apôtres. Mais d’autres disent :

« Déjà, des femmes viennent regarder. Si nous entrons, nous éviterons les lépreux, mais pas ceux qui nous auront reconnus et voudront nous garder. »

Et pendant qu’ils se demandent que faire, les lépreux s’approchent de plus en plus de Jésus, qui sans souci des mais et des si des apôtres, poursuit son chemin. Les apôtres se résignent à le suivre tandis que des femmes, accompagnées d’enfants accrochés à leurs jupons, et quelques vieillards restés dans le village viennent voir, en se tenant à une distance prudente des lépreux. Ceux-ci s’arrêtent à quelques mètres de Jésus et supplient encore :

« Jésus, aie pitié de nous ! »

Jésus les regarde un instant, puis, sans s’approcher de ce groupe de douleur, il demande :

« Etes-vous de ce village ?

– Non, Maître, de différents endroits. Mais cette montagne où nous demeurons donne de l’autre côté sur la route de Jéricho, et cet endroit est bon pour nous…

– Dans ce cas, rendez-vous au village le plus proche de votre montagne, et montrez-vous aux prêtres. »

Et Jésus reprend sa marche en se déplaçant sur le bord du chemin pour ne pas effleurer les lépreux qui le regardent partir, sans avoir obtenu autre chose qu’une lueur d’espoir dans leurs pauvres yeux malades. Arrivé à leur hauteur, Jésus lève la main pour les bénir.

Les villageois, déçus, rentrent chez eux… Les lépreux grimpent de nouveau sur la montagne pour aller vers leur grotte ou vers la route de Jéricho.

« Tu as bien fait de ne pas les guérir. Les habitants ne nous auraient plus laissé partir…

– Oui, et il faudrait arriver à Ephraïm avant la nuit. »

483.8

Jésus marche en silence. La route est très sinueuse, car elle suit les caprices de la montagne au pied de laquelle elle est taillée, et le village est désormais caché à la vue par les tournants…

Mais une voix les rejoint :

« Louange au Dieu Très-Haut et à son vrai Messie. En lui se trouvent toute puissance, sagesse et pitié ! Louange au Dieu très-haut qui, en lui, nous a accordé la paix. Louez-le, vous tous, hommes de Judée et de Samarie, de Galilée et de Transjordanie, jusqu’aux neiges du très haut Hermon, jusqu’aux pierres brûlées de l’Idumée, et jusqu’aux sables baignés par les eaux de la Grande Mer ! Que résonne la louange au Très-Haut et à son Christ. Voici accomplie la prophétie de Balaam[3]. L’Etoile de Jacob resplendit sur le ciel rétabli de la patrie réunie par le vrai Berger. Voilà accomplies également les promesses faites aux patriarches, tout comme la parole d’Elie, qui nous a aimés. Ecoutez-la, peuples de Palestine, et comprenez-la. Il ne faut plus hésiter : on doit choisir la lumière spirituelle, et si l’âme est droite, elle fera un bon choix. C’est le Seigneur, suivez-le ! Ah ! jusqu’à présent nous avons été punis parce que nous ne nous sommes pas efforcés de comprendre ! L’homme de Dieu a maudit le faux autel en prophétisant : “ Voici que va naître de la maison de David un Fils appelé Josias qui immolera sur l’autel et consumera les ossements d’Adam. Alors l’autel se fendra jusqu’aux entrailles de la terre et les cendres de l’immolation se répandront du nord au midi, de l’orient à l’occident. ” Ne faites pas comme ce sot d’Ochozias, qui envoyait consulter le dieu d’Eqrôn alors que le Très-Haut était en Israël. Ne soyez pas inférieurs à l’ânesse de Balaam dont le respect pour l’esprit de lumière lui aurait mérité de vivre, alors que le prophète, qui ne voyait pas, serait tombé sous les coups. Voici la Lumière qui passe parmi nous. Ouvrez les yeux, ô aveugles spirituels, et voyez. »

L’un des lépreux les suit de plus en plus près, même sur la grand-route — qu’ils ont fini par atteindre —, en désignant Jésus aux pèlerins.

Les apôtres, agacés, se retournent deux ou trois fois en intimant au lépreux, parfaitement guéri, de se taire. Et, la dernière fois, ils vont jusqu’à le menacer.

Mais lui, cessant un instant de s’égosiller pour s’adresser à tous, répond :

« Et que voulez-vous ? Que je ne proclame pas le prodige que Dieu a fait pour moi ? Voulez-vous que je ne le bénisse pas ?

– Bénis-le dans ton cœur et tais-toi, lui répondent-ils, fâchés.

– Non, je ne puis me taire. C’est Dieu qui met ces mots sur mes lèvres. » Et il reprend à haute voix : « Habitants des deux côtés de la frontière, et vous qui passez par hasard, arrêtez-vous pour adorer celui qui régnera au nom du Seigneur. Je me moquais de toutes ces paroles[4], mais maintenant je les répète, car je les vois accomplies. Voici que toutes les nations s’ébranlent et s’avancent dans l’allégresse vers le Seigneur par les chemins des mers et des déserts, par les collines et les monts. Et nous aussi, le peuple qui a cheminé dans les ténèbres, nous allons marcher vers la grande Lumière qui a surgi, vers la Vie, et sortir de la région de la mort. De loups, léopards ou lions que nous étions, nous allons renaître dans l’Esprit du Seigneur et nous nous aimerons en lui, à l’ombre du Rejeton de Jessé devenu un cèdre sous lequel campent les nations rassemblées par lui des quatre coins de la terre. Voici venir le jour où la jalousie d’Ephraïm prendra fin, parce qu’il n’y a plus Israël et Juda, mais un seul Royaume : celui du Christ du Seigneur. Voilà, je chante les louanges du Seigneur qui m’a sauvé et consolé. Je vous le dis : louez-le et venez boire le salut à la source du Sauveur. Hosanna ! Hosanna aux prodiges qu’il accomplit ! Hosanna au Très-Haut qui a placé au milieu des hommes son Esprit en le revêtant de chair, pour qu’il devienne le Rédempteur ! »

Il est intarissable.

483.9

La foule augmente, les gens se groupent, encombrant la route. Ceux qui étaient en arrière accourent, ceux qui étaient en avant rebroussent chemin. Les habitants d’un petit village, près duquel ils se trouvent maintenant, s’unissent aux passants.

« Mais fais-le taire, Seigneur ! C’est un Samaritain : les gens le disent. Il ne doit pas parler de toi si tu ne permets même pas que nous te précédions en t’annonçant ! » disent les apôtres, contrariés.

« Mes amis, je vous répète les paroles[5] de Moïse à Josué, fils de Num, qui se plaignait de ce que Eldad et Médad prophétisaient dans les campements : “ Serais-tu jaloux pour moi, à ma place ? Ah ! puisse le peuple tout entier prophétiser ainsi, puisse le Seigneur donner à tous son Esprit ! ” Mais je vais m’arrêter et je vais le renvoyer pour vous faire plaisir. »

Il se retourne, s’arrête et appelle le lépreux guéri, qui accourt et se prosterne devant Jésus en baisant la poussière.

« Lève-toi. Et les autres, où sont-ils ? N’étiez-vous pas dix ? Les neuf autres n’ont pas éprouvé le besoin de remercier le Seigneur. Eh quoi ? Sur dix lépreux dont un seul était samaritain, il ne s’est trouvé que cet étranger pour éprouver le besoin de revenir rendre gloire à Dieu, avant de retourner lui-même à la vie et à sa famille ? Et on l’appelle “ samaritain ”. Les Samaritains ne sont-ils donc plus ivres, puisqu’ils voient sans avoir la berlue et accourent sans chanceler sur le chemin du salut ? La Parole s’exprime-t-elle donc dans une langue étrangère, si elle est comprise par les étrangers et pas par son peuple ? »

Il tourne ses yeux magnifiques sur une assistance originaire de toute la Palestine. Son regard a un éclat insoutenable… Plusieurs baissent la tête et éperonnent leurs montures, ou s’éloignent à pied…

483.10

Jésus baisse les yeux sur le Samaritain agenouillé à ses pieds, et son regard se fait très doux. Il lève la main en un geste de bénédiction et dit :

« Lève-toi et pars. Ta foi a sauvé en toi quelque chose de plus que ta chair. Avance dans la lumière de Dieu. Va. »

L’homme baise de nouveau la poussière et, avant de se lever, il demande :

« Un nom, Seigneur ! Donne-moi un nom nouveau, puisque tout est neuf en moi, et pour toujours.

– Dans quelle terre nous trouvons-nous ?

– Dans le pays d’Ephraïm.

– Alors, tu t’appelleras désormais Ephrem, parce que c’est deux fois[6] que la Vie t’a donné la vie. Va. »

L’homme se lève et s’éloigne.

Les gens de l’endroit et quelques pèlerins voudraient bien retenir Jésus, mais lui les subjugue par son regard, qui n’est pas sévère, mais très doux au contraire. Il doit néanmoins dégager une puissance certaine, car personne ne fait un geste pour le retenir.

Alors Jésus quitte la route sans entrer dans le petit village, traverse un champ, puis un ruisseau et un sentier, il monte sur le coteau oriental couvert de forêt, et s’y enfonce avec ses disciples en disant :

« Pour ne pas nous tromper, nous allons suivre la route, mais en restant dans le sous-bois. Après ce tournant, la route s’appuie à cette montagne. Nous y trouverons bien quelque grotte pour dormir, et nous franchirons à l’aube Ephraïm… »

483.1

Siguen entre montes —y montes bien escabrosos—, por unas veredas por donde no pasan, ciertamente, carros; sólo, transeúntes a pie o personas montadas en fuertes asnos de montaña, más altos y robustos que los habituales burritos de las zonas menos accidentadas (una observación que a muchos podrá parecer inútil, pero que la hago de todas formas).

En Samaria hay diferencias respecto a los usos de los otros lugares, tanto en el vestido como en muchas otras cosas. Y una es la abundancia de perros, no común en otros lugares, que me choca, como me chocó la presencia de puercos en la Decápolis. Muchos perros, quizás porque Samaria tiene muchos pastores y tendrá muchos lobos en esos montes tan agrestes; muchos, también, porque en Samaria veo a los pastores generalmente solos —al máximo con un muchacho— apacentando el rebaño propio, mientras que en otras partes, por lo general, un grupo de pastores custodia rebaños compuestos por numerosas cabezas, propiedad de algún rico. Bueno, de hecho aquí cada pastor tiene su perro, o más de un perro, según el número de ovejas de su rebaño.

Otra característica son precisamente estos asnos casi tan altos como un caballo, robustos, capaces de escalar estos montes con cargas pesadas en la albarda, a menudo cargados de gruesa leña que se encuentra en estos magníficos montes cubiertos de bosques seculares.

Otra particularidad: la soltura de comportamiento de los habitantes, los cuales no son unos “pecadores”, como los juzgaban judíos y galileos, sino que son abiertos y francos y están exentos de beaterías, exentos de todas esas historias que tienen los otros. Y son hospitalarios. Esta constatación me hace pensar que en la parábola del buen samaritano[1] no hubiera sólo intención consciente de hacer resaltar que bueno y malo hay en todas partes, en todos los lugares y razas, y que entre los heréticos también puede haber rectos de corazón, sino también, justamente, una real descripción de las costumbres samaritanas hacia quien necesitaba ayuda. Se habrán detenido en el Pentateuco —oigo que hablan de él y no de otra cosa— pero lo practican, al menos hacia el prójimo, con más rectitud que los otros con sus seiscientas trece cláusulas de preceptos, etc. etc.

483.2

Los apóstoles hablan con el Maestro y, a pesar de ser incorregiblemente israelitas, deben reconocer y alabar el espíritu que han encontrado en los habitantes de Siquem, que —lo comprendo por las cosas que oigo— han invitado a Jesús a detenerse y estar con ellos.

«¿Has oído, no?» dice Pedro «¿cómo han dicho claramente que conocen el odio judío? Han dicho: “Hacia ti y contra ti hay más odio que contra todos nosotros juntos, los samaritanos de ahora y del pasado. Te odian sin límite”».

«¿Y aquel viejo? ¡Qué acertadamente lo ha dicho!: “En el fondo es natural que sea así, porque Tú no eres un hombre sino que eres el Cristo, el Salvador del mundo, y por eso eres el Hijo de Dios, porque sólo un Dios puede salvar al mundo corrompido. Por eso, no teniendo Tú límites como Dios, no teniendo límites tu poder ni tu santidad ni tu amor, como tampoco tendrá límites tu victoria sobre el Mal, es natural que el Mal y el Odio —una cosa sola con el Mal— no tengan límites contra ti”. ¡Verdaderamente ha hablado con acierto! ¡Y este razonamiento explica muchas cosas!» dice el Zelote.

«¿Qué explica, según tú? Yo… yo digo que explica sólo que son unos estúpidos» dice Tomás expeditivo.

«No. La estupidez podría ser incluso una justificación. Pero no son estúpidos».

«Ebrios entonces, ebrios de odio» replica Tomás.

«Tampoco. El enajenamiento cede cuando estalla. Este livor no cede».

«¡Sí, porque más estallado que así!… ¡Hace tanto tiempo que ha estallado… que ya habría tenido que caer!».

«Amigos, el livor no ha tocado todavía la meta» dice Jesús, tranquilo, como si la meta del odio no fuera su suplicio.

«¡¿No?! ¡¿Pero si no nos dejan en paz nunca?!».

«Maestro, todavía éstos no se convencen de que es verdad lo que he dicho. Pero lo es. ¡Vaya que si lo es! Y digo también que, si hubiera sido por vosotros, habríais caído todos en la trampa como cayó Juan Bautista. Pero no lo lograrán, porque yo vigilo…» dice Judas Iscariote.

Y Jesús le mira. Y yo también le miro, preguntándome —y me lo pregunto desde hace algunos días— si la conducta de Judas obedece a un retorno bueno y real al camino del bien y del amor hacia su Maestro, obedece a una liberación de las fuerzas humanas y extrahumanas que le sujetaban, o si se trata de un trabajo más refinado de preparación al golpe final, de una servidumbre mayor a los enemigos de Cristo y a Satanás. Pero Judas es un ser tan especial, que no es descifrable. Sólo Dios puede entenderle. Y Dios, Jesús, corre un velo de misericordia y de prudencia sobre todas las acciones y sobre la personalidad de su apóstol… un velo que se rasgará, iluminando completamente muchos porqués, ahora misteriosos, sólo cuando se abran los libros de los Cielos.

483.3

Los apóstoles están tan preocupados por la idea de que el odio de los enemigos no ha alcanzado todavía su culmen, que guardan silencio durante un tiempo. Luego Tomás se dirige otra vez al Zelote y dice: «Entonces, si ni están ebrios ni son estúpidos, si su odio explica muchas cosas pero no ésta, ¿qué explica entonces? ¿Qué son? No lo has dicho…».

«¿Que qué son? Posesos. Son eso mismo que dicen de Él. Esto explica su ensañamiento, que no conoce interrupción, es más, que crece cada vez más cuanto más evidente se hace su poder. Acertado lo que ha dicho ese samaritano. En Él, Hijo del Padre y de María, Hombre y Dios, está la infinitud de Dios, e infinito es el Odio que a esta Infinitud perfecta se opone, aunque en su no tener límite el Odio no es perfecto, porque sólo Dios es perfecto en sus acciones. Pero, si el Odio pudiera tocar el abismo de la perfección bajaría a tocarlo, es más, se arrojaría a tocarlo, para resurtir luego, por la misma vehemencia de la caída en el abismo de infierno, contra el Cristo, para herirle con todas las armas arrancadas al abismo infernal. El firmamento, reglado por Dios, tiene un solo Sol, que surge y resplandece y desaparece y deja el sitio al sol más pequeño que es la Luna; y ésta, después de haber alumbrado a su vez, se pone para ceder el sitio al Sol. Los astros enseñan mucho a los hombres, porque se sujetan a la voluntad del Creador. Pero los hombres no. Y un ejemplo es éste: este querer oponerse al Maestro. ¿Qué sucedería si la Luna en una aurora dijera: “No quiero desaparecer, vuelvo por el camino recorrido”? Sin duda, chocaría violentamente contra el Sol, con horror y daño de toda la Creación. Esto es lo que quieren hacer ellos, creyendo que pueden hacer pedazos al Sol…».

«Es la lucha de las Tinieblas contra la Luz. La vemos todos los días en los amaneceres y en los crepúsculos. Las dos fuerzas que se contraponen, que adquieren recíprocamente el dominio sobre la Tierra. Pero las tinieblas siempre pierden, porque nunca son absolutas. Siempre emana un poco de luz, aun en la noche más privada de astros. Parece como si el aire por sí mismo la creara en los infinitos espacios del firmamento y la diseminara, si bien limitadísima, para convencer a los hombres de que los astros no están apagados. Y yo digo que, igualmente, en estas especiales tinieblas del Mal contra la Luz que es Jesús, siempre, a pesar de todos los esfuerzos de las Tinieblas, la Luz estará ahí para confortar a quien en Ella cree» dice Juan, sonriendo ante este pensamiento suyo, recogido dentro de sí como si monologara.

Santiago de Alfeo recoge su pensamiento: «Los Libros[2] llaman al Cristo “Estrella de la mañana”. Él, por tanto, también conocerá una noche, y —¡oh, espanto mío!— también nosotros la conoceremos; conoceremos una noche, un tiempo en que no parecerá fuerte la Luz, sino victoriosas las Tinieblas. Pero, dado que Él es llamado Estrella de la mañana excluyendo un límite en el tiempo, yo digo que tras la momentánea noche Él será Luz matutina, pura, fresca, virginal, renovadora del mundo, semejante a la que siguió al Caos en el día primero. ¡Oh!, sí. El mundo será creado de nuevo en su Luz».

«Y la maldición caerá sobre los réprobos que hayan querido alzar las manos contra la Luz, repitiendo los errores ya cometidos, desde Lucifer hasta los profanadores del pueblo santo. Yeohveh deja libre al hombre en sus acciones. Pero, por amor del propio hombre, no permitirá que el Infierno prevalezca».

483.4

«¡Oh, menos mal que, después de tanto sopor de espíritu, por el que todos parecíamos como obtusos y entorpecidos por vejez precoz, la sabiduría vuelve a florecer en nuestros labios! ¡Ya no parecíamos nosotros! ¡Ahora reconozco de nuevo al Zelote y a Juan y a los dos hermanos[3] de otros tiempos!» dice Judas Iscariote felicitándose.

«No me parece que hubiéramos cambiado tanto, que no pareciéramos nosotros» dice Pedro.

«¡Que si habíamos cambiado! Todos. Tú el primero. Y luego Simón y los otros, incluido yo. Si había uno que era más o menos el de siempre, era Juan».

«¡Mmm! Verdaderamente no sé en qué…».

«¿En qué! Taciturnos, como cansados, indiferentes, pensativos… Ya no se oía nunca una de estas conversaciones, semejantes a muchas de otros tiempos, semejantes a la de ahora, que son tan útiles…».

«Para discutir» dice Judas Tadeo, recordando cómo, efectivamente, con frecuencia degeneraban en disputas.

«No. Para formarse. Porque no todos somos como Natanael, ni como Simón, ni como vosotros de Alfeo, por nacimiento o sabiduría. Y quien lo es menos aprende siempre de quien lo es más» rebate Judas Iscariote.

483.5

«Verdaderamente… yo diría que más que nada es necesario formarse en la justicia. Y de ésta nos ha dado magníficas lecciones Simón» dice Tomás.

«¿Yo? ¡Tú ves mal! Soy el más necio de todos» dice Pedro.

«No. Tú eres el que más ha cambiado. En esto tiene razón Judas de Keriot. Bien poco queda en ti del Simón que conocí yo cuando vine con vosotros, y que, perdona, siguió siendo igual durante mucho tiempo. Desde que estoy de nuevo contigo después de la separación para las Encenias, no has hecho otra cosa que transformarte. Ahora eres… sí, lo digo: eres más paterno y, al mismo tiempo, más austero. Tienes conmiseración de todos tus pobres hermanos, mientras que antes… Y se ve, yo al menos lo veo, que esto te cuesta. Pero te vences a ti mismo. Y nunca nos has impuesto tanto respeto como ahora, que hablas poco y regañas poco…».

«¡Pero, amigo mío, tú eres muy bueno viéndome así!… Yo, aparte de en el amor hacia el Maestro, que me crece continuamente, no he cambiado en nada de nada».

«No. Tomás tiene razón. Estás muy cambiado» confirman bastantes.

«¡Bueno, bueno!, lo decís vosotros…» dice Pedro encogiéndose de hombros. Y añade: «Sólo el juicio del Maestro sería seguro. Pero me guardo bien de pedírselo. Él conoce mi debilidad y sabe que incluso una alabanza mal dada podría perjudicar a mi espíritu. Por tanto, no me alabaría, y haría bien en no hacerlo. Comprendo cada vez mejor su corazón y su sistema, y ahí veo toda la justicia».

«Porque tienes ánimo recto y porque amas cada vez más. Lo que te hace ver y comprender es tu amor por mí. Maestro tuyo, el verdadero y más grande Maestro que te hace comprender, es el Amor» dice Jesús, que hasta ese momento ha escuchado y guardado silencio.

«Yo creo que… es también el dolor que llevo dentro…».

«¿Dolor? ¿Por qué?» preguntan algunos.

«¡Bueno, pues por muchas cosas!, que en el fondo son una sola cosa: todo lo que sufre el Maestro… y el pensamiento de lo que sufrirá.

483.6

No podemos seguir pensando en las musarañas como en los primeros tiempos, pensando en las nubes como críos que no saben, ahora que sabemos de qué son capaces los hombres y cómo se debe sufrir para salvarlos. ¡Venga, hombre! ¡Creíamos todo fácil en los primeros tiempos! ¡Creíamos que bastaba presentarse para que los otros vinieran a nuestra parte! Creíamos que conquistar Israel y el mundo era como… echar una red en un fondo abundante en pesca. ¡Pobres de nosotros! Pienso que si no consigue Él una buena presa, nosotros no conseguiremos ninguna. ¡Pero esto no es nada todavía! Pienso que ésos son malos y le hacen sufrir, y creo que éste es el motivo de nuestro cambio en general…».

«Es verdad. Por mi parte, es verdad» confirma el Zelote.

«También en mi caso. También yo» dicen los otros.

«Yo hace mucho que estaba inquieto por esto y he tratado de… disponer de buenas ayudas. Pero me han traicionado… y vosotros no me habéis comprendido… Y yo no os he comprendido a vosotros. Creía que erais como sois por cansancio del espíritu, por falta de confianza, por desilusión…» confiesa Judas Iscariote.

«Yo nunca he esperado humanas alegrías y, por tanto, no estoy desilusionado» dice el Zelote.

«Yo y mi hermano querríamos verle victorioso, pero para alegría suya. Le hemos seguido por amor de parientes antes que de discípulos. Le hemos seguido siempre, desde niños. Él, el más pequeño en edad de nosotros, hermanos, pero siempre mucho más grande que nosotros…» dice Santiago con su admiración ilimitada por su Jesús.

«Si tenemos un dolor es el que no todos nosotros, los de la parentela, le amamos en espíritu y sólo con el espíritu. Pero no somos los únicos en Israel que le aman mal» dice Judas Tadeo.

483.7

Judas Iscariote le mira, y quizás hablaría, pero le distrae un grito que llega hasta ellos desde un cerro que se alza por encima del pueblecito que están orillando, buscando el camino para entrar en él.

«¡Jesús! ¡Rabí Jesús! Hijo de David y Señor nuestro, ten piedad de nosotros».

«¡Leprosos! Vámonos, Maestro. Si no, va a venir el pueblo y nos van a retener en sus casas» dicen los apóstoles.

Pero los leprosos tienen la ventaja de estar más adelante que ellos, arriba, en el camino, aunque al menos a unos quinientos metros del pueblo, y bajan cojeando por el camino, y corren hacia Jesús repitiendo su grito.

«Entremos en el pueblo, Maestro. Ellos no pueden hacerlo» dicen algunos apóstoles. Pero otros rebaten: «Ya algunas mujeres se han asomado a mirar. Si entramos nos libraremos de los leprosos, pero no de ser reconocidos y retenidos».

Y mientras titubean sobre la postura a tomar, los leprosos se van acercando a Jesús, quien, no haciendo caso de los pero y de los si de sus apóstoles, ha proseguido por su camino. Y los apóstoles se resignan a seguirle, mientras mujeres con los niños agarrados a las faldas, y algún hombre viejo que se ha quedado en el pueblo, vienen a ver, dejando una prudente distancia entre ellos y los leprosos, los cuales se detienen a algunos metros de Jesús y suplican una vez más: «¡Jesús, ten piedad de nosotros!».

Jesús los contempla un instante; luego, sin arrimarse a este grupo de dolor, pregunta: «¿Sois de este pueblo?».

«No, Maestro, de diversos lugares. Pero ese monte donde estamos, por la otra parte, mira al camino que va a Jericó, y es bueno para nosotros ese lugar…».

«Id entonces al pueblo cercano a vuestro monte y mostraos a los sacerdotes».

Y Jesús reanuda la marcha, apartándose hacia el borde del camino para no rozar a los leprosos, los cuales, sin otra cosa sino una mirada de esperanza en los pobres ojos enfermos, le miran mientras se acerca; y Jesús, llegado a su altura, alza la mano para bendecir.

La gente del pueblo, desilusionada, vuelve a las casas… Los lebrosos ganan de nuevo el monte, para ir hacia su gruta o hacia el camino de Jericó.

«Has hecho bien no curándolos. Los del pueblo ya no nos habrían dejado marcharnos…».

«Sí, y sería necesario llegar a Efraím antes de la noche».

483.8

Jesús camina y calla. El pueblo ya está escondido a la vista, por las curvas del camino, que es muy sinuoso porque sigue los caprichos del monte en cuyo pie está hendido.

Pero una voz los alcanza: «Alabado sea el Dios Altísimo y su verdadero Mesías. ¡En Él, todo poder, toda sabiduría y piedad! Alabado sea el Dios Altísimo, que en Él nos ha concedido la paz. Alabadle todos vosotros, hombres de las ciudades de Judea y Samaria, de Galilea y Transjordania. Hasta las nieves del altísimo Hermón, hasta los resecos pedregales de Idumea, hasta las arenas bañadas por las olas del Mar Grande, cántese con poderosa voz la alabanza al Altísimo y a su Cristo. Se ha cumplido la profecía de Balaam. La Estrella de Jacob resplandece en el cielo rehecho de la patria que el verdadero Pastor ha vuelto a unir. ¡Se han cumplido también las promesas hechas a los patriarcas! Oíd la palabra de Elías, que nos amó, oídla, pueblos de Palestina, y comprendedla. Ya no se debe cojear de las dos partes, sino que se debe elegir por luz de espíritu, y si el espíritu es recto eligirá bien. ¡Éste es el Señor! ¡Seguidle! ¡Ah, que hasta ahora hemos sido castigados porque no nos hemos esforzado en comprender! El hombre de Dios maldijo el falso altar profetizando: “Sí, nacerá de la casa de David un hijo llamado Josías, que sacrificará en el altar y quemará huesos de Adán. Y el altar entonces se romperá y se hundirá en las entrañas de la Tierra, y las cenizas de la inmolación se esparcirán a septentrión y a mediodía, hacia oriente y hacia donde el Sol de pone”. No queráis hacer como el necio Ococías, que mandaba a consultar al dios de Ecrón cuando el Altísimo estaba en Israel. No queráis ser inferiores a la burra de Balaam, la cual, por su reverencia al espíritu de luz, mientras que habría caído muerto el profeta que no veía, habría merecido la vida. He aquí la Luz, que pasa entre nosotros. Abrid los ojos, ciegos de espíritu, y ved» y uno de los leprosos los sigue, cada vez más cerca —incluso en el camino de primer orden en que ya están—, señalando a Jesús a los peregrinos.

Los apóstoles, desazonados, se vuelven dos o tres veces, intimando al leproso, perfectamente curado, a callarse. Y la última vez casi le amenazan.

Pero él, dejando por un momento de alzar así la voz para hablar a todos, responde: «¿Y qué queréis, que no glorifique las grandes cosas que Dios me ha hecho? ¿Queréis que no le bendiga?».

«Bendícele en tu corazón y calla» le responden inquietos.

«No, no puedo callar. Dios pone las palabras en mi boca», y, otra vez con voz fuerte: «Gentes de los dos lugares de frontera, gentes que pasáis fortuitamente, deteneos a adorar a Aquel que reinará en el nombre del Señor. Yo rechazaba muchas palabras. Pero ahora las repito porque las veo cumplidas. Y todas las gentes se ponen en movimiento y vienen exultantes hacia el Señor por las vías del mar y de los desiertos, por las colinas y los montes. Y también nosotros, pueblo que hemos caminado en las tinieblas, iremos hacia la gran Luz que ha surgido, hacia la Vida, saliendo de la región de la muerte. Lobos, leopardos y leones como éramos, renaceremos en el Espíritu del Señor y nos amaremos en Él, a la sombra del Retoño de Jesé que ya es cedro, bajo el cual acampan las naciones por Él recogidas desde los cuatro puntos de la Tierra. He aquí que llega el día en que los celos de Efraím tendrán fin, porque ya no existen Israel y Judá, sino un solo Reino: el del Cristo del Señor. Oíd, yo canto las alabanzas del Señor, que me ha salvado y consolado. Oíd, yo digo: alabadle y venid a beber la salvación a la fuente del Salvador. ¡Hosanna! ¡Hosanna a las grandes cosas que Él hace! ¡Hosanna al Altísimo que ha puesto en medio de los hombres a su Espíritu revistiéndole de carne, para que fuera el Redentor!».

Es inagotable.

483.9

La gente aumenta, se agolpa, ocupa el camino; quien estaba atrás se acerca, quien estaba delante regresa. Los habitantes de un pequeño pueblo —en cuyos aledaños están ya— se unen a los viandantes.

«Pero mándale que se calle, Señor. Es el samaritano. Esto dice la gente. ¡No debe hablar de ti, si ya no permites siquiera que nosotros te precedamos predicándote!» dicen inquietos los apóstoles.

«Amigos míos, repito las palabras de Moisés a Josué, hijo de Nun, que se quejaba porque Eldad y Medad profetizaban en el campamento: “¿Estás celoso por mí, en vez de mí? ¡Ojalá profetizara así todo el pueblo y el Señor diera a todos su Espíritu!”. De todas formas, me detengo y le despido para complaceros».

Y se para. Se vuelve y llama al leproso curado, el cual se acerca presuroso, se postra ante Jesús y besa la tierra.

«Álzate. ¿Y los otros dónde están? ¿No erais diez? Los otros nueve no han sentido la necesidad de dar gracias al Señor. ¿Entonces? ¿De diez leprosos, de los cuales sólo uno era samaritano, no se ha encontrado ninguno, aparte de este extranjero, que sintiera el deber de regresar para dar gloria a Dios, antes de restituirse a sí mismo a la vida y a la familia? Y se le conoce como “samaritano”. ¿Ya no están ebrios los samaritanos, puesto que ven sin equivocaciones y acuden al camino de la Salvación sin paso vacilante? ¿Es que habla la Palabra un lenguaje extranjero, pues que lo entienden los extranjeros y no los de su pueblo?».

Extiende la mirada de sus espléndidos ojos sobre la multitud que se encuentra allí procedente de todas partes de la Palestina. Y esos ojos, con su centelleo, son irresistibles… Muchos agachan la cabeza y azuzan a las cabalgaduras o se echan a caminar y se alejan…

483.10

Jesús baja los ojos hacia el samaritano que está arrodillado a sus pies. La mirada se hace dulcísima. Alza la mano —la tenía relajada— haciendo un gesto de bendición, y dice: «Álzate y márchate. Tu fe ha salvado en ti más que tu carne. Camina en la Luz de Dios. Ve».

El hombre besa nuevamente la tierra y, antes de levantarse, pide: «Un nombre, Señor. Un nombre nuevo, porque todo es nuevo en mí, y para siempre».

«¿En qué tierra nos encontramos?».

«En la de Efraím».

«Pues llámate Efrén de ahora en adelante, porque dos veces[4] la Vida te ha dado vida. Ve».

Y el hombre se alza y se marcha.

La gente del lugar y algún peregrino quisieran retener a Jesús. Pero Él subyuga con su mirada, que no es severa —antes al contrario, es muy dulce al mirarlos— pero que debe despedir poder, porque ninguno hace un gesto para retenerle.

Y Jesús deja el camino sin entrar en el pueblecito. Cruza un campo, luego un regato y un sendero, y sube al cerro oriental, todo lleno de bosques, donde se adentra con los suyos. Dice: «Para no extraviarnos, seguiremos el camino, pero por el bosque. Después de aquella curva, el camino se pega a este monte. Encontraremos alguna gruta para dormir y al alba rebasaremos Efraím…».


Notes

  1. insolite ailleurs : c’est dans la vision du 31 mars 1944 (605.3) que Maria Valtorta a noté pour la première fois la présence d’un chien, et la seconde fois dans la vision du 13 mars 1945 (129.1).
  2. la parabole du bon Samaritain se trouve en 281.10.
  3. la prophétie de Balaam se trouve en Nb 24, 15-19 et l’ânesse de Balaam en Nb 22, 20-35. Entre ces deux citations, les autres passages se réfèrent à 1 R 13, 1-5 ; 2 R 1, 15-16.
  4. toutes ces paroles : il s’agit de celles d’Is 11-12.
  5. les paroles, citées en Nb 11, 26-30.
  6. deux fois, car le sens littéral d’Ephrem est “ double fruit ”.

Notas

  1. parábola del buen samaritano, que está en 281.10.
  2. Los Libros… Agrupamos y ordenamos las citas bíblicas de todo el capítulo, tomando incluso las que anota MV en el manuscrito original y en una copia mecanografiada: Génesis 1, 2-3; Números 11, 26-29; 22, 20-35; 23, 4-30; 24; 1 Reyes 13, 1-5; 2 Reyes 1, 15-16; Isaías 11-12.
  3. a los dos hermanos, porque el último que ha hablado ha sido Judas de Alfeo, como señala MV en una copia mecanografiada.
  4. dos veces…, porque el significado literal de Efrén es “doble fruto”.