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Ils sont toujours dans les montagnes, des montagnes fort escarpées. Ils ont emprunté de petits chemins où des chars ne sauraient passer, mais seulement des voyageurs à pied ou des gens montés sur ces ânes vigoureux de la montagne, plus grands et plus robustes que ceux que l’on rencontre habituellement dans les régions moins accidentées. C’est une observation qui paraîtra inutile à certains, mais que je fais quand même.
En Samarie, il y a bien des usages différents de ceux d’ailleurs, par exemple en fait de vêtements. Parmi ces usages, je suis frappée par la quantité de chiens, qui serait insolite ailleurs[1], comme je l’avais été par la présence des porcs dans la Décapole. La raison en est peut-être que la Samarie compte beaucoup de bergers et doit avoir quantité de loups dans ces montagnes si sauvages. D’autre part, en Samarie, je vois le plus souvent les bergers seuls, ou tout au plus avec un enfant, faisant paître leurs propres troupeaux, alors qu’ailleurs, ils gardent, la plupart du temps à plusieurs, les gros troupeaux de quelque riche. Le fait est qu’ici chaque berger a son chien — sinon même plusieurs, selon le nombre de brebis de son troupeau.
Une autre caractéristique, c’est précisément ces ânes presque aussi grands qu’un cheval, robustes, capables d’escalader ces montagnes avec un lourd chargement sur le bât, même de grosses bûches qu’ils trouvent sur ces magnifiques montagnes couvertes de forêts séculaires.
Autre particularité : les manières dégagées des habitants qui, sans être des “ pécheurs ” comme les jugent les Judéens et les Galiléens, sont ouverts, francs, sans bigoterie, sans toutes ces histoires que font les autres, et hospitaliers. Cette constatation me fait penser que dans la parabole du bon Samaritain[2], il n’y a pas eu seulement l’intention de faire ressortir le bon et le mauvais qui existent partout, dans tous les lieux et dans toutes les races — même chez les hérétiques, certains peuvent avoir le cœur droit —, mais aussi de souligner la compassion habituelle des Samaritains envers eux qui ont besoin d’être secourus. Ils se sont arrêtés au Pentateuque — je ne les entends parler que de cela —, mais ils le pratiquent, du moins envers leur prochain, avec plus de droiture que les autres avec leurs six cent treize articles de préceptes, etc.