Los Escritos de Maria Valtorta

514. Conseils sur la sainteté à un jeune indécis.

514. Consejos sobre la santidad a un joven indeciso.

514.1

Jésus est encore au milieu des montagnes. Des personnes le suivent, en compagnie des apôtres et des disciples. Parmi ceux-ci se trouvent maintenant des anciens bergers, devenus disciples, qu’ils ont peut-être trouvés dans quelque petit village qu’ils ont traversé.

Jésus monte d’une vallée vers une montagne, par une route dont les détours épousent la pente de la montagne. C’est certainement une voie romaine, comme le prouvent son pavage qu’on ne peut confondre et son entretien soigné que l’on trouve uniquement dans les routes construites et entretenues par les Romains. Des passants se dirigent vers la vallée ou en remontent en direction du massif montagneux, couronné à son sommet de villages ou de bourgades. Certains, voyant Jésus et sa suite, demandent de qui il s’agit et le suivent, alors que d’autres se contentent de regarder, ou encore hochent la tête en ironisant.

Un détachement de soldats romains les rejoint de son pas lourd dans un vrai tintamarre d’armes et de cuirasses. Ils se détournent pour regarder Jésus qui, quittant la voie romaine, va prendre un chemin… judaïque qui mène au sommet où se trouve un village. C’est un sentier caillouteux et boueux parce qu’il a plu, où le pied glisse sur les cailloux ou bien s’enfonce dans les ornières. Les soldats se dirigent certainement vers la même bourgade et, après une courte halte, se remettent en marche, obligeant les passants à se mettre de côté sur le trajet pour céder la place au détachement qui passe, rigidement encadré. Quelques insultes volent, mais la discipline de la marche en colonne empêche les soldats d’y répondre dans les mêmes termes.

Les voici de nouveau près de Jésus qui s’est rangé pour les laisser passer et les regarde avec douceur ; il paraît les bénir et les caresser de la lumière de ses yeux bleus. Les visages fermés des soldats s’éclairent d’une esquisse de sourire qui n’est pas moqueur, mais respectueux comme un salut.

Puis les gens se remettent en route derrière Jésus, qui marche en tête.

514.2

Un jeune homme se détache de la foule et rejoint le Maître en le saluant avec respect. Jésus lui rend sa salutation.

« Je voudrais te demander quelque chose, Maître.

– Parle.

– Je t’ai écouté par hasard, un matin après la Pâque, près d’un mont proche des gorges de Carit. Et, depuis lors, j’ai pensé que… je pouvais moi aussi faire partie de ceux que tu appelles. Mais avant de venir, j’ai voulu savoir exactement ce qu’il est nécessaire de faire et ce que l’on doit éviter. J’ai interrogé tes disciples chaque fois que je les ai rencontrés : mais l’un me parlait de ceci, l’autre de cela. Et j’étais incertain, presque épouvanté, parce qu’ils étaient tous d’accord, avec plus ou moins d’intransigeance, sur l’obligation d’être parfait. Or moi… Je suis un pauvre homme, Seigneur, et la perfection n’appartient qu’à Dieu… Je t’ai entendu une deuxième fois… et tu disais toi-même : “ Soyez parfaits. ” Je me suis alors découragé. Et une troisième fois, il y a quelques jours, au Temple. Et, bien que tu sois sévère, il ne m’a pas semblé impossible de le devenir, parce que… je ne sais moi-même pas pourquoi, comment me l’expliquer et te l’expliquer. Mais il me semblait que si c’était impossible, ou si c’était tellement dangereux de désirer se comporter comme si on voulait être des dieux, toi qui veux nous sauver, tu ne nous l’aurais pas proposé. Car la présomption est un péché et vouloir être des dieux, c’est le péché de Lucifer. Mais peut-être y a-t-il une manière de l’être, pour le devenir sans pécher, et c’est en suivant ta Doctrine, qui est sûrement une doctrine de salut. Est-ce que j’ai raison ?

– Tu as raison. Et alors ?

– Alors, j’ai continué d’interroger tel ou tel et, ayant appris que tu étais à Rama, j’y suis venu. Depuis lors je t’ai suivi, avec la permission de mon père, et voilà : de plus en plus, je voudrais venir…

– Eh bien, viens donc ! De quoi as-tu peur ?

– Je ne sais pas… Je ne le sais même pas moi-même… Je demande, je demande… En t’écoutant, il me paraît toujours facile de venir et je m’y décide, mais ensuite, à la réflexion — et ce qui est pire, en demandant à tel ou tel —, cela me paraît trop difficile.

– Je t’en dis la cause : c’est un piège du démon pour t’empêcher de venir. Il t’effraie par des fantômes, t’embrouille, te fait questionner des gens qui, comme toi, ont besoin de lumière… Pourquoi n’es-tu pas venu me trouver directement ?

– Parce que… j’avais… non pas peur, mais… Nos prêtres et rabbins sont si durs et orgueilleux ! Et toi… Je n’osais pas t’approcher. Mais à Emmaüs, hier !… Ah ! je crois avoir compris que je ne dois pas avoir peur. Et maintenant je suis ici, à te demander ce que je voudrais savoir. Tout à l’heure, l’un de tes apôtres m’a dit : “ Va sans crainte. Il est bon même avec les pécheurs. ” Et un autre : “ Réjouis-le par ta confiance. Celui qui se confie à lui le trouve plus doux qu’une mère. ” Et un autre encore : “ Je ne sais si je me trompe, mais je t’assure qu’il t’expliquera que la perfection réside dans l’amour. ” Voilà ce que m’ont dit tes apôtres — certains, du moins, plus doux que les disciples. Pas tous cependant, car parmi les disciples, il y en a qui font écho à ta voix, mais ils sont trop rares. Et parmi les apôtres, il y en a certains qui… font peur à un pauvre homme comme moi. L’un d’eux m’a dit, avec un rire qui n’était pas bon : “ Tu veux devenir parfait ? Nous ne le sommes pas, nous qui sommes ses apôtres et toi, tu voudrais l’être ? C’est impossible. ” Si les autres n’avaient pas parlé, je me serais enfui, découragé, mais je fais la dernière tentative… et si toi aussi tu me dis que c’est impossible…

514.3

– Mon fils, pourrais-je être venu proposer aux hommes des choses impossibles ? Qui penses-tu qui t’a mis dans le cœur ce désir de devenir parfait ? Ton cœur lui-même ?

– Non, Seigneur. Je crois que c’est toi par tes paroles.

– Tu n’es pas loin de la vérité. Mais réponds encore : pour toi, comment sont mes paroles ?

– Justes.

– C’est bien. Mais je veux dire : est-ce que ce sont des paroles d’homme ou celles de quelqu’un qui est plus grand qu’un homme ?

– Ah ! toi, tu parles comme la Sagesse, et avec plus de douceur et de clarté encore. Aussi, je pense que tes paroles sont celles de quelqu’un qui est plus grand qu’un homme. Et je ne crois pas me tromper, si j’ai bien compris ton discours dans le Temple, car il m’a semblé alors que tu disais être la Parole même de Dieu, donc que tu parles en Dieu.

– Tu as bien compris, et tu l’as bien exprimé. Par conséquent, qui t’a mis dans le cœur le désir de la perfection ?

– C’est Dieu qui me l’a mis, par l’intermédiaire de toi, sa Parole.

– Donc, c’est Dieu. Maintenant, réfléchis : si Dieu, qui connaît les capacités des hommes, leur dit : “ Venez à moi. Soyez parfaits ”, cela signifie qu’il sait que l’homme, s’il le veut, peut le devenir. C’est une parole ancienne. Elle a résonné la première fois aux oreilles d’Abraham[1] comme une révélation, un ordre, une invitation : “ Je suis le Dieu tout-puissant. Marche en ma présence. Sois parfait. ” Dieu se manifeste pour que le Patriarche n’ait aucun doute sur la sainteté du commandement et sur la vérité de l’invitation. Il lui ordonne de marcher en sa présence, car celui qui marche dans sa vie, convaincu de le faire sous le regard de Dieu, n’accomplit pas de mauvaises actions. En conséquence, il se met en condition de pouvoir devenir parfait comme Dieu l’invite à le faire.

– C’est vrai ! C’est tout à fait vrai ! Si Dieu l’a dit, c’est que c’est possible. Ah ! Maître ! Comme on comprend tout quand c’est toi qui parles ! Mais alors, pourquoi tes disciples, et même cet apôtre expriment-ils une idée aussi… effrayante de la sainteté ? Peut-être ne croient-ils pas vraies ces paroles et les tiennes ? Ou bien ils ne savent pas marcher en présence de Dieu ?

514.4

– N’en cherche pas la raison. Ne juge pas. Vois, mon fils. Parfois leur désir d’être parfaits et leur humilité leur fait craindre de ne pouvoir jamais le devenir.

– Mais alors le désir de perfection et l’humilité sont des obstacles pour devenir parfait ?

– Non, mon fils. Le désir de perfection et l’humilité ne sont pas des obstacles. Il faut même s’efforcer de les posséder profondément, mais bien ordonnés. Ils sont ordonnés quand il n’y a pas de hâte inconsidérée, d’accablements sans raison, de doutes et de défiance tels que croire que, vu l’imperfection de son être, l’homme ne peut devenir parfait. Toutes les vertus sont nécessaires et le vif désir d’arriver à la justice l’est aussi.

– Oui. Ceux que j’ai interrogés allaient dans le même sens : ils assuraient qu’il est nécessaire de posséder les vertus. Pourtant, les uns et les autres estimaient nécessaires des vertus différentes, et tous affirmaient l’absolue nécessité de celle qu’ils préconisaient comme indispensable pour être saint. Et cela m’effrayait, car comment peut-on avoir toutes les vertus sous une forme parfaite, les faire naître ensemble comme un bouquet de fleurs variées ? Il faut du temps… et la vie est si courte ! Toi, Maître, explique-moi quelle est la vertu indispensable.

– C’est la charité. Si tu aimes, tu seras saint, car c’est de l’amour pour le Très-Haut et pour le prochain que viennent toutes les vertus et toutes les bonnes actions.

– Oui ? Ainsi, c’est plus facile. La sainteté, alors, c’est l’amour. Si j’ai la charité, je possède tout… La sainteté est faite de cela.

– De cela, et des autres vertus. Car la sainteté, ce n’est pas seulement être humble, ou seulement prudent, ou seulement chaste et cætera, mais c’est être vertueux.

514.5

Vois, mon fils : quand un riche

veut faire un banquet, est-ce qu’il commande un seul plat ? Et encore : quand quelqu’un veut faire un bouquet de fleurs, pour l’offrir en hommage, prend-il par hasard une seule fleur ? Non, n’est-ce pas ? Car s’il mettait sur les tables nombre de plats d’un seul mets, ses convives le critiqueraient comme un hôte incapable, qui se préoccupe seulement d’étaler ses possibilités d’achat sans montrer sa finesse de seigneur préoccupé des goûts divers de ses invités et désireux que chacun, avec un mets ou un autre, non seulement se rassasie, mais se régale. Il en va de même de la personne qui compose un bouquet de fleurs : une seule fleur, si grande qu’elle soit, ne fait pas un bouquet, mais il faut des fleurs nombreuses ; ainsi les couleurs et les parfums variés charment l’œil et l’odorat, et font louer le Seigneur. La sainteté, que nous devons considérer comme un bouquet de fleurs offert au Seigneur, doit être composée de toutes les vertus. Dans une âme, c’est l’humilité qui prédominera, dans une autre la force, dans une autre la continence, ou la patience, ou encore l’esprit de sacrifice ou de pénitence, toutes vertus nées à l’ombre de la plante royale et magnifiquement parfumée de l’amour, dont les fleurs domineront toujours dans le bouquet ; mais ce sont toutes les vertus qui composent la sainteté.

– Et laquelle doit-on cultiver avec le plus de soin ?

– La charité. Je te l’ai dit.

– Et ensuite ?

– Il n’y a pas de méthode, mon fils. Si tu aimes le Seigneur, il t’accordera ses dons, c’est-à-dire se communiquera à toi, et alors les vertus que tu essaies de rendre robustes croîtront sous le soleil de la grâce.

– En d’autres termes, dans l’âme aimante se trouve Dieu, qui opère grandement ?

– Oui, mon fils. Dieu y opère grandement en laissant l’homme y mettre de lui-même sa libre volonté de tendre à la perfection, ses efforts pour repousser les tentations et se garder fidèle à ce qu’il se propose, ses luttes contre la chair, le monde, le démon, quand ils l’assaillent et cela pour que son fils aie du mérite dans sa sainteté.

– Ah ! voilà ! Alors il est très juste de dire que l’homme est fait pour être parfait comme Dieu le veut. Merci, Maître. Maintenant je sais, et maintenant j’agirai. Et toi, prie pour moi.

– Je te garderai dans mon cœur. Va, et ne crains pas que Dieu puisse te laisser sans secours. »

514.6

Le jeune homme se sépare de Jésus, tout content…

Les voilà près du village. Barthélemy, accompagné d’Etienne, rejoint Jésus pour lui raconter que, pendant qu’il parlait avec le jeune homme, un habitant de Bétéron, parent d’Elchias le pharisien, était venu le prier de le conduire immédiatement auprès de sa femme mourante.

« Allons-y. Je parlerai ensuite. Savez-vous où elle se trouve ?

– Il nous a laissé un serviteur. Il est en arrière avec les autres.

– Faites-le venir et pressons le pas. »

Le serviteur accourt. C’est un robuste vieillard ; il est consterné. Il salue et regarde par en dessous Jésus, qui lui sourit en lui demandant :

« De quoi meurt ta maîtresse ?

– De… Elle devait avoir un enfant, mais il est mort dans son sein et son sang s’est corrompu. Elle délire comme une folle et elle va mourir. On lui a ouvert les veines pour faire tomber la fièvre, mais le sang est complètement empoisonné, et elle doit mourir. On l’a descendue dans la citerne pour faire baisser sa température. Elle reste basse tant que la femme est dans l’eau glacée, puis elle est plus forte qu’avant, et elle tousse, elle tousse… et elle va mourir.

– Naturellement ! Avec de tels soins ! grommelle Matthieu entre ses dents.

– Depuis quand est-elle malade ? »

514.7

Le serviteur s’apprête à répondre quand arrive en courant, par la descente, le chef du manipule romain. Il s’arrête devant Jésus.

« Salut ! Tu es le Nazaréen ?

– C’est moi. Qu’attends-tu de moi ? »

Les disciples de Jésus accourent, croyant je ne sais quoi…

« Un jour, l’un de nos chevaux a heurté un enfant juif, et tu l’as guéri[2] pour empêcher les Hébreux de manifester contre nous. Maintenant, les pierres hébraïques ont fait tomber un soldat et il gît avec la jambe fracturée. Je ne puis m’arrêter, je suis de service. Personne ne veut de lui dans le village. Marcher lui est impossible, et moi je ne peux le traîner avec sa jambe fracturée. Je sais que tu ne nous méprises pas, comme le font tous les Hébreux…

– Tu veux que je guérisse le soldat ?

– Oui. Tu as guéri aussi le serviteur du centurion et la petite fille de Valéria. Tu as sauvé Alexandre de la colère de tes compatriotes. Cela se sait, en haut lieu et en bas.

– Allons trouver le soldat.

– Et ma maîtresse ? demande le serviteur, mécontent.

– Plus tard. »

Jésus se met à suivre le gradé qui dévore la route de ses longues jambes musclées et dégagées de vêtements encombrants. Mais, même en marchant ainsi devant tous, il trouve le moyen d’échanger quelques mots avec celui qui le suit immédiatement — et c’est Jésus — :

« J’ai été avec Alexandre autrefois. Lui te… Il parlait de toi. Le hasard me met en ta présence aujourd’hui.

– Le hasard ? Pourquoi ne pas dire Dieu, le vrai Dieu ? »

Le soldat se tait un instant, puis il murmure, de façon que seul Jésus puisse entendre :

« Le vrai Dieu serait celui des Hébreux… Mais il ne se fait pas aimer. S’il est comme eux ! Ils n’ont même pas pitié d’un blessé…

– Le vrai Dieu est le Dieu des Hébreux, comme des Romains, des Grecs, des Arabes, des Parthes, des Scythes, des Ibères, des Gaulois, des Celtes, des Libyens, et des Hyperboréens. Il n’y a qu’un Dieu ! Mais beaucoup ne le connaissent pas, d’autres le connaissent mal. S’ils le connaissaient bien, ils seraient comme des frères et il n’y aurait pas d’injustices, de haines, de calomnies, de vengeances, de luxure, de vols et d’homicides, d’adultères et de mensonges. Moi, je connais le vrai Dieu, et je suis venu pour le faire connaître.

– On dit… Nous devons avoir toujours les oreilles à l’écoute pour tout rapporter aux centurions, et eux au Proconsul. On dit que tu es Dieu. Est-ce vrai ? »

Le soldat est très… préoccupé. Il regarde Jésus par dessous l’ombre de son casque, et il semble presque effrayé.

« Je le suis.

– Par Jupiter ! Est-il donc vrai que les dieux descendent pour converser avec les hommes ? Avoir fait le tour du monde derrière les enseignes, et venir ici, déjà vieux, pour trouver un dieu !

– Le Dieu unique. Pas un dieu » corrige Jésus.

Mais le soldat est anéanti à l’idée de précéder un dieu… Il ne parle plus… Il pense.

514.8

Il réfléchit jusqu’au moment où, juste à l’entrée du village, ils trouvent le détachement arrêté autour du blessé qui gémit par terre.

« Voilà ! » dit le gradé avec beaucoup de concision.

Jésus se fraie un passage et s’approche. La jambe a une mauvaise fracture, le pied retourné vers l’intérieur et elle est déjà enflée et noirâtre. L’homme doit beaucoup souffrir, et, voyant Jésus allonger une main, il supplie :

« Ne me fais pas mal ! »

Jésus sourit. Il effleure à peine du bout des doigts l’endroit où le cercle livide indique la fracture, puis il ordonne :

« Lève-toi !

– Mais il a une seconde fracture plus haut, à la hanche » explique le gradé, en voulant sûrement dire : “ Et celle-là, tu ne la touches pas ? ”

A ce moment un habitant de Bétéron survient :

« Maître, Maître ! Tu perds ton temps avec des païens, et ma femme est en train de mourir !

– Va, et amène-la-moi.

– Je ne peux pas. Elle est folle !

– Va, et amène-la-moi, si tu as foi en moi.

– Maître, on n’arrive pas à la tenir. Elle est nue et on ne peut la vêtir. Elle est folle et déchire ses vêtements. Elle est mourante et il est impossible de la calmer.

– Va, et amène-la-moi, si ta foi n’est pas inférieure à celle de ces païens. »

L’homme repart mécontent.

514.9

Jésus regarde le Romain étendu à ses pieds :

« Et toi, tu sais avoir foi ?

– Moi, oui. Que dois-je faire ?

– Te lever.

– Attention, Camille, que… » commence à dire le gradé.

Mais le soldat est déjà debout, agile, guéri.

Les juifs ne crient pas hosanna. L’homme guéri n’est pas un Hébreu. Ils semblent même contrariés, ou du moins leurs visages expriment une critique de l’acte de Jésus. Mais les soldats, eux, ne boudent pas leur bonheur. Ils dégainent leurs courtes et larges dagues et les lèvent dans l’air gris après les avoir frappées sur leurs boucliers en signe de réjouissance. Jésus est au milieu du cercle des lames.

Le gradé le regarde. Il ne sait comment s’exprimer, que faire, lui, un homme près d’un dieu, lui, païen près de Dieu… Il réfléchit et il trouve qu’il doit au moins faire pour Dieu ce qu’il ferait pour César : il ordonne le salut militaire à l’empereur (je crois du moins qu’il en est ainsi, car j’entends résonner un “ Ave ! ” puissant, pendant que les lames scintillent quand ils les mettent presque horizontales tout en haut de leurs bras tendus). Et, pas encore satisfait, le gradé lui dit à voix basse :

« Marche tranquillement, même de nuit. Les routes… toutes surveillées. Service contre les voleurs. Tu seras en sûreté. Moi… »

Il s’arrête, ne sachant qu’ajouter.

Jésus lui sourit :

« Merci. Même avec les voleurs, fais preuve d’humanité. Sois fidèle à ton service, mais sans être cruel. Ce sont des malheureux, ils devront rendre compte de leurs actes devant Dieu. Va, et sois bon.

– Je le serai. Salut ! Je voudrais encore te voir… »

Jésus le regarde fixement, puis il dit :

« Nous nous reverrons. Sur un autre mont. » Et il répète : « Soyez bons. Adieu. »

Les soldats reprennent alors leur marche.

514.10

Jésus entre dans le village. Après quelques mètres, il voit venir à sa rencontre — et à celle de sa suite —, un groupe nombreux et hurlant. Il s’en détache un homme et une femme — l’homme de tout à l’heure — qui s’inclinent devant Jésus, la femme à genoux, l’homme seulement courbé.

« Levez-vous et louez le Seigneur. Mais à toi, homme, je dois dire que ta conscience n’est pas nette. Tu t’es adressé à moi par égoïsme, non par amour pour moi, ni par foi en moi. Tu as douté de ma parole, or tu sais qui je suis ! Ensuite, tu as eu une pensée qui n’était pas bonne, parce que je m’arrêtais pour guérir un païen, de même que tout le village s’était mal comporté en refusant d’accueillir le blessé. Par surcroît de miséricorde, et pour chercher à rendre bon ton cœur, j’ai guéri ton épouse sans entrer chez toi. Tu ne le méritais pas. Je l’ai fait pour te montrer qu’il n’est pas besoin que je me déplace pour agir, il suffit que je le veuille. Mais en vérité je vous dis, à vous tous, que ceux que vous méprisez sont meilleurs que vous et savent, mieux que vous, croire en ma puissance. Relève-toi, femme. Tu n’es pas coupable, car tu ne possédais pas toute ta raison. Va, et sache désormais croire par reconnaissance pour le Seigneur. »

L’attitude des habitants devient froide et hautaine sous le reproche de Jésus. L’air renfrogné, ils le suivent jusqu’à la place où il s’arrête pour parler, étant donné que le chef de la synagogue ne l’invite pas à entrer dans l’édifice et qu’aucune maison ne s’ouvre au Maître.

514.11

« Quand Dieu est avec les hommes, les hommes peuvent tout contre le malheur, quel que soit son nom. Quand Dieu, au contraire, n’est pas avec les hommes, ils n’y peuvent rien. Cette ville, dans ses chroniques[3], rappelle plus d’une fois ces vérité : Dieu était avec Josué, Josué vainquit les rois cananéens ; sur cette route Dieu l’aida à détruire les ennemis d’Israël “ en envoyant du ciel de grosses pierres sur eux, et il en périt davantage par la grêle de pierres que par l’épée ”, lit-on dans le livre de Josué.

Dieu était avec Judas Maccabée qui s’avança sur cette colline avec sa petite armée pour regarder l’armée puissante de Séron, le chef des troupes syriennes, et il a confirmé par une victoire retentissante les paroles du chef d’Israël.

Mais la condition nécessaire pour avoir Dieu avec nous, c’est d’agir en étant poussés par un désir de justice. “ Dans les batailles, la victoire ne dépend pas du nombre, mais de l’aide du Ciel ”, dit le livre des Maccabées. En toutes choses, le bien vient, non pas de la richesse, de la puissance ou d’autres causes, mais du secours du Ciel. Et il vient parce qu’on demande l’aide de Dieu pour ce qui est bon, “ pour nos vies et nos lois ”, ajoute le livre des Maccabées. Mais quand on recourt à Dieu pour des fins mauvaises ou impures, il est vain d’appeler son secours. Dieu ne répondra pas, ou il répondra par des châtiments au lieu de bénédictions.

Cette vérité est trop oubliée à présent en Israël. C’est pour des fins qui ne sont pas bonnes qu’on désire l’aide de Dieu et qu’on l’invoque. On ne pratique pas les vertus, et on n’observe pas les commandements d’une manière réelle, c’est-à-dire que, des commandements, on fait ce qui peut être vu et loué par les hommes ; mais ce que cache l’apparence est bien différent.

Moi, je viens pour dire : quand vous agissez, soyez sincères, car Dieu voit tout et inutiles sont les sacrifices, vaines les prières si on les fait par pur étalage de culte alors que le cœur est rempli de péché, de haine, de désirs mauvais.

514.12

Bétéron, que tes habitants ne fassent pas ce qu’Abdias dit d’Edom. Edom, qui se croyait en sécurité, se permettait d’opprimer Jacob et de se réjouir de ses défaites. N’agis pas ainsi, ville sacerdotale. Prends et médite le rouleau d’Abdias[4]. Médite, médite, médite, et change ton comportement. Suis la justice si tu ne veux pas connaître des jours d’horreur. Tu ne seras pas sauvé alors par ta situation sur ce sommet, ni parce que tu es apparemment hors des routes de la guerre. Moi, je vois chez toi beaucoup de gens qui n’ont pas Dieu avec eux, et qui ne veulent pas de Dieu. Vous protestez ? Moi, je vous dis la vérité. Je suis monté jusqu’ici pour vous la dire, pour vous sauver encore.

Ne portions-nous pas un seul nom ? Tout ne s’appelait-il pas Israël ? Pourquoi donc s’est-il divisé et a-t-il pris deux noms ? Ah ! vraiment cela me rappelle le mariage d’Osée avec la prostituée et les enfants nés de celle qui a forniqué. Mais que dit le prophète ? “ Les enfants d’Israël seront aussi nombreux que les grains de sable de la mer… Alors il ne leur sera pas dit : ‘ Vous n’êtes pas mon peuple’, mais : ‘Vous êtes les enfants du Dieu vivant ’. Et les fils de Judas et ceux d’Israël se réuniront, ils éliront un seul chef et ils monteront de la terre, car grand est le jour de Jizreël. ”

Ah ! pourquoi reprochez-vous à celui qui doit tout réunir et former un seul peuple, un grand peuple, unique comme l’est Dieu, d’aimer tous les fils de l’homme parce qu’ils sont tous enfants de Dieu ? Il doit rendre fils du Dieu vivant, même ceux qui actuellement semblent morts. Et pouvez-vous juger mes actes, leur cœur et le vôtre ? D’où vous vient la lumière ? La lumière vient de Dieu. Mais si Dieu m’envoie et me donne la charge de réunir tous les hommes sous un seul sceptre, comment pouvez-vous avoir une lumière qui soit vraiment divine, si elle vous montre les faits d’une manière contraire à la façon dont les voit Dieu ? Et pourtant vous voyez d’une manière contraire à ce que voit Dieu.

Ne vous indignez pas : c’est la vérité. Vous êtes hors de la justice ; mais ceux qui vous entraînent à l’injustice le sont davantage, et ils seront doublement punis. Vous m’accusez de forniquer avec l’ennemi, avec celui qui nous domine. Je le lis dans vos cœurs. Mais vous, ne forniquez-vous pas avec Satan en vous faisant les partisans de ceux qui combattent le Fils de l’homme, l’Envoyé de Dieu ? Voilà que vous me haïssez. Mais je connais le visage de celui qui distille la haine en vous.

Comme c’est écrit dans Osée, je suis venu les mains chargées de dons et le cœur rempli d’amour ; j’ai cherché à vous attirer par les manières les plus douces pour me faire aimer. J’ai parlé à mon peuple comme un époux à son épouse en lui offrant un éternel amour, ainsi que la paix, la justice, la miséricorde. Il reste encore une heure pour empêcher le peuple qui me repousse, les chefs qui l’excitent — je les connais — de rester sans roi, sans prince, sans sacrifice et sans autel. Mais près de la tanière, là où la haine est plus forte et où le châtiment sera plus grand, voici que l’on travaille à acheter les consciences pour les conduire au crime. En vérité, ceux qui détournent et dévoient les consciences seront jugés sept fois plus sévèrement que ceux qu’ils ont égarés.

Allons. Je suis venu, j’ai fait un miracle et je vous ai dit la vérité pour que vous sachiez qui je suis. Maintenant, je m’en vais. Et si parmi vous il y a un seul juste, qu’il me suive, car bien triste est l’avenir de ce lieu où se nichent les serpents pour séduire et trahir. »

Et Jésus fait demi-tour pour reprendre la route par laquelle il est arrivé.

514.13

« Pourquoi, Rabbi, leur as-tu parlé ainsi ? Ils vont te détester, demandent les apôtres.

– Je ne cherche pas à conquérir l’amour en pactisant avec le mensonge.

– Mais ne valait-il pas mieux ne pas venir ?

– Non. Il ne faut laisser aucun doute.

– Et qui as-tu convaincu ?

– Personne. Pour le moment, personne. Mais bientôt, on dira : “ Nous ne pouvons maudire personne, car nous avons été prévenus et nous n’avons pas agi. ” Et s’ils reprochent à Dieu de les frapper, leurs reproches seront comme un blasphème.

– Mais à qui voulais-tu faire allusion en disant…

– Demandez-le à Judas. Il connaît beaucoup de gens d’ici, et il est au courant de leurs astuces. »

Tous les apôtres regardent Judas.

« Oui. L’endroit est presque sous la coupe d’Elchias. Mais… je ne crois pas qu’Elchias… »

Les mots meurent sur les lèvres de Judas qui, en levant le regard de sa ceinture qu’il ajustait pour se donner une contenance, rencontre le regard de Jésus, un regard tellement étincelant et pénétrant, qu’il semble magnétique. Il baisse la tête et achève :

« Il est sûr que c’est un village orgueilleux et odieux, digne de celui qui le domine. A chacun ce qu’il mérite. Eux, ils ont Elchias, nous Jésus, et le Maître a bien fait de leur faire savoir qu’il est au courant. Très bien.

– Ils sont certainement mauvais. Vous avez vu ? Pas même un remerciement après le miracle ! Ni une obole ! Rien ! s’exclame Philippe.

– Mais moi, je tremble quand le Maître les démasque ainsi, gémit André.

– Le faire ou ne pas le faire, cela revient au même. Ils le haïssent de la même façon. Moi, je voudrais rentrer en Galilée ! dit Jean.

– En Galilée ! Oui ! » soupire Pierre en baissant la tête, pensif.

Derrière, ceux qui ont suivi Jésus et ne le quittent pas, ne cessent pas de faire des commentaires avec les disciples.

514.1

Y Jesús está todavía en medio de montes, seguido por gente, además de por los apóstoles y discípulos; entre éstos, ahora se encuentran también algunos discípulos ex pastores (quizás los han encontrado en algún pueblecillo por el que hayan pasado).

Jesús está subiendo desde un valle hacia un monte, por una calzada que orilla con sus recodos la ladera de éste, y que es, sin duda, una calzada romana, por la inconfundible pavimentación, y por la buena manutención, cosas ambas que únicamente pueden encontrarse en las calzadas construidas y mantenidas por los romanos. Algunas personas transitan por ella, dirigidas hacia el valle, o desde el valle hacia este grupo montañoso que está coronado en sus cimas con pueblos o ciudades. Y alguno, al ver a Jesús y a los que le siguen, pregunta que quién es, y se pone a la zaga del grupo; otros simplemente observan; y otros menean la cabeza sonriendo maliciosamente.

Una patrulla de soldados romanos los alcanza con paso trabajoso y tintineo de armas y corazas. Se vuelven y miran a Jesús, el cual, dejando la calzada romana, está para meterse por un camino… hebreo que se dirige hacia una cima en que hay un pueblo. Un camino pedregoso y fangoso —ha llovido—, donde el pie o patina en las piedras o se hunde en las pozas. Los soldados, que ciertamente van a la misma ciudad, después de un pequeño alto, vuelven a ponerse en movimiento, y la gente se ve obligada a echarse a un lado para ceder el paso, en este camino tan estrecho, a la patrulla que pasa rígidamente escuadrada. Algún insulto surca, sibilante, el aire, pero la disciplina de estar en columna prohíbe a los soldados responder parejamente.

Ya están otra vez cerca de Jesús, que se ha hecho a un lado para dejarlos pasar, y que los mira con su mirada mansa, que parece bendecir y acariciar con la luz de los iris zafirinos. Y las caras ceñudas de los soldados se aclaran con un asomo de sonrisa que no es de escarnio, sino que, al contrario, es respetuosa como un saludo.

Pasan. La gente reanuda la marcha detrás del Rabí, que va delante de todos.

514.2

Un joven se separa de la gente y llega hasta el Maestro. Le saluda con respeto. Jesús devuelve el saludo.

«Quisiera preguntarte una cosa, Maestro».

«Habla».

«Una mañana, después de la Pascua, coincidió que te escuché en un monte cercano a las hoces del Carit. Y desde entonces he pensado que… podía contarme yo también entre los llamados por ti. Pero antes de venir he querido saber muy bien lo que es necesario hacer y lo que se debe no hacer. Y preguntaba a tus discípulos cada vez que me encontraba con ellos. Quién me decía una cosa, quién otra. Y yo dudaba, y estaba muy asustado porque en una cosa todos concordaban, quién con más intransigencia, quién con menos: en la obligación de ser perfectos. Yo… soy un pobre hombre, Señor, y la perfección es sólo de Dios… Te oí por segunda vez… y Tú mismo decías: “Sed perfectos”. Y he sentido desaliento. Por tercera vez, hace pocos días, en el Templo. Y, a pesar de que te mostraras riguroso, no me pareció que fuera imposible el llegar a serlo, porque… ni siquiera yo sé por qué, cómo explicármelo o explicártelo, pero me parecía que, si fuera una cosa imposible, o si el hecho de querer serlo, como querer ser dioses, fuera muy peligroso, Tú, que quieres salvarnos, no nos lo propondrías. Porque la presunción es pecado. El querer ser dioses es el pecado de Lucifer. Pero quizás hay una manera de serlo, de venir a serlo, sin pecar, y es siguiendo tu Doctrina, que, no cabe duda de ello, es de salud. ¿Es como digo?».

«Es como dices. ¿Y entonces?».

«Pues que seguí preguntando a unos o a otros. Y, habiendo sabido que estabas en Ramá, fui. Y, desde entonces, con permiso de mi padre, te he seguido. Y… bueno, pues que, cada vez más, quisiera ir contigo…».

«¡Pues ven! ¿Qué temes?».

«No lo sé… No lo sé siquiera yo… Pregunto, pregunto… Pero siempre, mientras que escuchándote a ti me parece fácil y decido ir, después, reflexionando, y, peor: preguntando a unos o a otros, me parece demasiado difícil».

«Te voy a decir cómo sucede: es una insidia del demonio para impedir que vengas. Te asusta con fantasmas, te confunde, te hace preguntar a personas que, como tú, tienen necesidad de Luz… ¿Por qué no has venido a mí directamente?».

«Porque… tenía… no miedo, pero… ¡Nuestros sacerdotes y rabíes! ¡Tan duros y soberbios! Y Tú… No me atrevía a acercarme a ti. ¡Pero en Emaús ayer!… Creo haber entendido que no debo tener miedo. Y ahora estoy aquí, para preguntarte esto que quisiera saber. Un apóstol tuyo, hace poco, me dijo: “Ve y no temas. También es bueno con los pecadores”. Y otro: “Hazle feliz con tu confianza. Quien confía en Él le halla más dulce que una madre”. Y otro: “No sé si me equivoco, pero te digo que te dirá que la perfección está en el amor”. Esto es lo que han dicho tus apóstoles, más dulces que los discípulos, al menos algunos; aunque no todos, porque entre los discípulos hay algunos que parecen eco de tu voz, aunque éstos son demasiado pocos, y entre los apóstoles hay algunos que… asustan a un pobre hombre, como soy yo. Uno me dijo, con una sonrisa no buena: “¿Quieres ser perfecto? No lo somos nosotros, que somos sus apóstoles, ¿y quieres serlo tú? Es imposible”. Si no hubieran hablado los otros, habría huido desanimado. Pero pruebo por última vez… y, si Tú también me dices que es imposible…».

514.3

«Hijo mío, ¿podría haber venido Yo a proponer cosas imposibles a los hombres? ¿Quién crees que ha sido el que ha puesto en tu corazón este deseo de ser perfecto? ¿Tu propio corazón?».

«No, Señor. Creo que has sido Tú con tus palabras».

«No estás lejos de la verdad. Pero, respóndeme a otra cosa. ¿Para ti mis palabras qué palabras son?».

«Justas».

«De acuerdo. Pero quiero decir: ¿palabras de hombre o más que de hombre?».

«Tú hablas como la Sabiduría, y más dulce y claro todavía. Por eso digo que tus palabras son más que de hombre. Y no creo equivocarme, si he comprendido bien lo que decías en el Templo. Porque me pareció que en esa ocasión decías que eres la Palabra de Dios misma, y por eso hablas como Dios».

«Has comprendido bien y es como dices. ¿Y entonces quién te ha puesto en el corazón el deseo de perfección?».

«Me lo ha puesto Dios, por medio de ti, su Palabra».

«Así pues, ha sido Dios. Ahora piensa: si Dios dice a los hombres, conociendo sus capacidades: “Venid a mí. Sed perfectos”, es señal de que el hombre, si quiere, puede serlo. Ésta es una palabra antigua. La primera vez la escuchó Abraham como una revelación[1], una orden, una invitación: “Yo soy el Dios omnipotente. Camina en mi presencia. Sé perfecto”. Dios se manifiesta para que el Patriarca no tenga dudas sobre la santidad de la orden ni sobre la verdad de la invitación. Ordena caminar en su presencia porque el que camina en la vida convencido de hacerlo bajo la mirada de Dios no cumple malas acciones. Consiguientemente, se pone en condiciones de poder hacerse perfecto como Dios invita a serlo».

«¡Es así! ¡Es justamente así! Si Dios lo ha dicho, es porque se puede. ¡Oh, Maestro, cómo se comprende todo cuando hablas Tú! Pero, entonces, ¿por qué tus discípulos, y también ese apóstol, ofrecen una idea tan… amedrentadora de la santidad? ¿Es que no creen que sean verdaderas esas palabras, ni las tuyas? ¿O es que no saben caminar en la presencia de Dios?».

«No pienses en lo que es. No juzgues.

514.4

Mira, hijo. Algunas veces, su propio anhelo de ser perfectos y su humildad les hace temer el no poder llegar a serlo nunca».

«¿Pero entonces el deseo de perfección y la humildad son obstáculos para que uno sea perfecto?».

«No, hijo. El deseo y la humildad no son obstáculos. Es más, hay que esforzarse en que sean profundos, aunque ordenados. Están ordenados cuando uno no tiene prisas impulsivas, postraciones injustificadas, dudas y desconfianzas como las de creer que, dada la imperfección del ser, el hombre no puede llegar a ser perfecto. Todas las virtudes son necesarias, y necesario es un vivo deseo de alcanzar la justicia».

«Sí. Esto me lo decían también aquellos a los que preguntaba. Me decían que es necesario tener las virtudes. Pero unos me decían que era necesaria una, otros otra, y todos sostenían la absoluta necesidad de tener una, que ellos consideraban virtud indispensable para ser santos. Ello me causaba miedo, porque ¿cómo se puede poseer todas las virtudes en forma perfecta, hacerlas nacer juntas como un ramo de flores distintas? Se necesita tiempo… ¡y la vida es tan breve! Tú, Maestro, explícame cuál es la virtud indispensable».

«Es la caridad. Si amas, serás santo, porque del amor al Altísimo y al prójimo provienen todas las virtudes y todas las obras buenas».

«¿Sí? Así es más fácil. La santidad, entonces, es amor. Si tengo la caridad, tengo todo… La santidad está hecha de esto».

«De esto y de otras virtudes. Porque la santidad no es ser sólo humildes, o sólo prudentes, o sólo castos, etc. Sino que es ser virtuosos.

514.5

Fíjate, hijo mío, cuando un rico quiere preparar una comida, ¿encarga, acaso, un solo plato? Otro ejemplo: cuando uno quiere preparar un ramo de flores para ofrecerlo como obsequio, ¿toma, acaso, una sola flor? No, ¿no es verdad? Porque, aunque pusiera en las mesas montones y montones de un solo manjar, los comensales le criticarían como huésped inepto, preocupado sólo de mostrar sus posibilidades de compra, pero no de mostrar su finura de señor atento a los gustos distintos de sus invitados y que quiere que cada uno de ellos, con un alimento u otro, no sólo se sacie, sino que se deleite. Y lo mismo el que hace un ramo de flores. Una sola flor, por grande que sea, no hace un ramo. Pero muchas flores lo hacen, y con los distintos colores y aromas satisfacen al ojo y al olfato y hacen alabar al Señor. La santidad, que debemos considerar como un ramo de flores ofrecido al Señor, debe estar hecha de todas las virtudes. En un espíritu predominará la humildad, en otro la fortaleza, en otro la continencia, en otro la paciencia, en el otro el espíritu de sacrificio o de penitencia: todas éstas son virtudes nacidas a la sombra del árbol regio y perfumadísimo del amor, cuyas flores predominarán siempre en el ramo; pero todas las virtudes componen la santidad».

«¿Y cuál debe ser cultivada con más esmero?».

«La caridad. Te lo he dicho».

«¿Y luego?».

«No hay un método, hijo mío. Si amas al Señor, Él te dará sus dones, o sea, se manifestará a ti, y entonces las virtudes que tratas de hacer crecer robustas crecerán bajo el sol de la Gracia».

«En otras palabras, ¿en el alma amante es Dios el que actúa gran­de­men­te?».

«Sí, hijo. Es Dios el que actúa grandemente, dejando que el hombre ponga por su parte su libre voluntad de tender a la perfección, sus esfuerzos en rechazar las tentaciones para mantenerse fiel a su propósito, sus luchas contra la carne, el mundo, el demonio, cuando le asaltan. Y ello para que su hijo tenga mérito en la santidad».

«¡Ah, eso! Entonces es muy acertado decir que el hombre está hecho para ser perfecto como Dios quiere. Gracias, Maestro. Ahora sé. Y ahora haré. Y ora por mí».

«Te tendré en mi corazón. Ve y no temas el que Dios pueda dejarte sin ayuda».

El joven, contento, se separa de Jesús…

514.6

Ya están cerca del pueblo. Bartolomé y Esteban se llegan donde Jesús para contarle que, mientras hablaba con el joven, uno de Bet-Jorón, pariente de Elquías el fariseo, ha venido a rogarles que le lleven enseguida donde su esposa, que está agonizando.

«Vamos. Hablaré después. ¿Sabéis dónde está?».

«Ha dejado con nosotros a un criado. Está detrás, con los demás».

«Decidle que venga. Vamos a acelerar el paso».

El criado acude. Es un viejo robusto, y está consternado. Saluda y mira con curiosidad a Jesús, que le sonríe y le pregunta: «¿De qué muere tu ama?».

«De… Tenía que tener un niño. Pero se le ha muerto dentro y su sangre se ha corrompido. Delira como una loca y tiene que morir. Le han abierto las venas para hacer bajar la fiebre. Pero la sangre está toda envenenada y tiene que morir. La han sumergido en la cisterna para apagar el ardor. Está bajo mientras está en el agua helada; luego es más fuerte que antes, y tose y tose… y tiene que morir».

«¡Mira tú éste! ¡Con esas curas!» gruñe entre dientes Mateo.

«¿Desde cuándo está enferma?».

514.7

El criado está para responder, cuando llega corriendo por la bajada el jefe de la patrulla romana. Se para delante de Jesús.

«¡Salve! ¿Tú eres el Nazareno?».

«Lo soy. ¿Qué quieres de mí?».

Los que siguen a Jesús acuden creyendo quién sabe qué…

«Un día un caballo nuestro dio un golpe a un niño hebreo y Tú le curaste[2] para impedir que los hebreos armaran una algarabía contra nosotros. Ahora las piedras hebreas han hecho caer a un soldado, y yace en el suelo con una pierna rota. No puedo detenerme. Estoy de servicio. Ninguno en el pueblo quiere tenerle. No puede andar. No puedo llevármelo tirando de él con la pierna rota. Sé que no nos desprecias, como hacen todos los hebreos».

«¿Quieres que cure al soldado?».

«Sí. Curaste también al siervo del Centurión y a la hija de Valeria. Salvaste a Alejandro de la ira de tus compatriotas. Estas cosas se saben, en las capas altas y en las bajas».

«Vamos donde el soldado».

«¿Y mi ama?» pregunta descontento el criado.

«Después».

Y Jesús va detrás del suboficial, que devora el camino con sus largas piernas musculosas y libres de estorbos de vestiduras. Pero, aun caminando así, delante de todos, encuentra la manera de decir alguna palabra a quien le sigue inmediatamente, que es Jesús, y dice: «Hace tiempo estaba con Alejandro. Él te… Hablaba de ti. El azar te acerca a mí en este momento».

«¿El azar? ¿Por qué no decir Dios, el verdadero Dios?».

El soldado calla unos momentos y luego dice, de forma que sólo oiga Jesús: «El Dios verdadero sería el hebreo… Pero no se atrae nuestro amor. ¡Si es como los hebreos! Ni siquiera de un herido tienen compasión…».

«El verdadero Dios es el Dios de los hebreos, como lo es también de los romanos, de los griegos, de los árabes, de los partos, escitas, iberos, galos, celtas, líbicos y de los hombres hiperbóreos. ¡Hay un solo Dios! Pero muchos no le conocen. Otros le conocen mal. Si le conocieran bien, serían todos, unos para con otros, como hermanos, y no habría atropellos, odios, calumnias, venganzas, actos de lujuria, hurtos y homicidios, adulterios y mentiras. Yo conozco al verdadero Dios y he venido para darle a conocer».

«Se dice —nosotros tenemos que tener bien abiertos los oídos para referir al Centurión, y éste a su vez al Procónsul—, se dice que Tú eres Dios. ¿Es verdad?». El soldado se muestra muy… preocupado mientras dice esto; mira a Jesús bajo la sombra del yelmo y parece casi asustado.

«Lo soy».

«¡Por Júpiter! ¿Entonces es verdad que los dioses bajan a conversar con los hombres? ¡Haber recorrido el mundo detrás de las enseñas y venir aquí, ya viejo, a encontrar a un dios!».

«A Dios. Único. No a un dios» corrige Jesús.

Pero el soldado está anonadado por la idea de preceder a un dios… No dice nada más… piensa.

514.8

Piensa, hasta que, justo a la entrada del pueblo, encuentran a la patrulla, parada, en torno al herido, que gime en el suelo.

«¡Ahí tienes!» dice muy concisamente el suboficial.

Jesús se abre paso y se acerca. La pierna —ya hinchada y lívida— tiene una fea rotura, con el pie girado hacia dentro. El hombre debe sufrir mucho, y, al ver que Jesús extiende una mano, suplica: «¡Hazme poco daño!».

Jesús sonríe. Apenas toca con la punta de los dedos en el lugar donde el círculo lívido del traumatismo señala la fractura. Y luego dice: «¡Levántate!».

«Tiene otra rotura más arriba, en la cadera» explica el suboficial, queriendo decir, sin duda: «¿No tocas esa?».

Justo en ese momento, llega un habitante de Bet-Jorón: «¡Maestro, Maestro! ¡Te malempleas con paganos y mi mujer se muere!».

«Ve y tráemela, si tienes fe en mí».

«Maestro, no se la puede dominar. Está desnuda y no se puede vestir. Está como loca y se rasga los vestidos. Está moribunda y no se tiene en pie».

«Ve y tráemela, si no eres inferior en la fe a estos gentiles».

El hombre se marcha descontento.

514.9

Jesús mira al romano que está tendido a sus pies: «¿Y tú sabes tener fe?».

«Yo sí. ¿Qué tengo que hacer?».

«Levantarte».

«Mira, Camilo, que…» está diciendo el suboficial. Pero el soldado está ya de pie, ágil, sano.

Los israelitas no aclaman. No es un hebreo el curado. Es más, parecen descontentos, o, por lo menos, su cara expresa crítica contra el gesto de Jesús. Pero los soldados no lo están. Desenvainan las anchas dagas y las levantan en el aire plomizo, después de haberlas golpeado contra los escudos como para hacer ruido de fiesta. Jesús está en medio del círculo de armas blancas.

El suboficial le mira. No sabe como expresarse, ni qué hacer, él, hombre al lado de un dios, él, pagano al lado de Dios… Piensa y juzga que al menos debe hacer a Dios lo que haría al César. Y ordena el saludo militar al emperador (yo al menos creo que es así, porque oigo que resuena un «¡Ave!» potente, mientras las dagas refulgen poniéndose casi horizontales en lo alto del brazo extendido). Y, no contento todavía, el suboficial dice en voz baja: «Ve tranquilo incluso de noche. Los caminos… todos vigilados. Servicio contra los bandidos. Estarás seguro. Yo…». Deja de hablar. Ya no sabe qué más decir.

Jesús le sonríe y dice: «Gracias. Ve y sé bueno. Incluso con los bandidos sé humano. Fiel a tu servicio, pero sin crueldad. Son unos infelices. Y tendrán que rendir cuentas de sus acciones a Dios».

«Lo seré. ¡Salve! Quisiera volver a verte…».

Jesús le mira muy fijamente. Luego dice: «Volveremos a vernos. En otro monte». Y repite: «Sed buenos. Adiós».

Los soldados reanudan su camino.

514.10

Jesús entra en el pueblo. Recorre pocos metros y, hacia Él y los que le siguen, ve venir a un grupo numeroso y vociferador (comentan cosas a gritos). Y del grupo se adelantan un hombre y una mujer —el hombre de antes— y se inclinan delante de Jesús: la mujer, de rodillas; el hombre, sólo inclinado.

«Levantaos y alabad al Señor. Pero tengo que decirte a ti, hombre, que tu conciencia no es clara. Has venido a mí por egoísmo, no por amor a mí y por fe en mí. Y has dudado de mi palabra. ¡Y sabes quién soy! Luego has tenido un pensamiento no bueno, porque me paraba a curar a un gentil; de la misma forma que todo el pueblo había obrado mal negándose a acoger al herido. Por un exceso de misericordia y para tratar de hacer bueno tu corazón, te he curado a tu esposa sin entrar en tu casa. No lo merecías. Lo he hecho para que veas que no es necesario que Yo vaya para actuar; basta con que quiera. Pero, en verdad os digo, a todos vosotros, que aquellos a los que despreciáis son mejores que vosotros y saben creer en mi poder más que vosotros. Levántate, mujer. Tú no eres culpable, porque no razonabas. Ve, y que sepas creer de ahora en adelante por gratitud al Señor».

La expresión de los habitantes del pueblo se enfría y se hace altiva ante el reproche de Jesús; le siguen amoscados hasta la plaza, donde se detiene a hablar, visto que el arquisinagogo no le invita a entrar en la sinagoga y que ninguna casa se abre para el Maestro.

514.11

«Cuando Dios está con los hombres, ellos pueden todo contra la desventura, contra cualquier tipo de desventura. Cuando Dios, por el contrario, no está con los hombres, ellos no pueden nada contra la desventura. Esta ciudad, en sus crónicas[3], recuerda esto más de una vez. Dios estaba con Josué y Josué derrotó a los reyes cananeos, y en este camino Dios le ayudó a destruir a los enemigos de Israel “lanzando del cielo sobre ellos grandes piedras, y fueron más los que murieron por las piedras del granizo que a filo de espada” se lee en el libro de Josué. Dios estaba con Judas Macabeo, que se asomó a este monte con su pequeño ejército a mirar al ejército poderoso de Serón, jefe de los ejércitos sirios, y Dios confirmó las palabras del caudillo de Israel con una victoria estrepitosa.

Pero la condición necesaria para tener a Dios con nosotros es moverse por un motivo de justicia. “En las batallas la victoria no depende del número, sino de la ayuda que viene del Cielo” dice Judas Macabeo. En todas las cosas de la vida, el bien viene no del patrimonio, de la potencia o de otra causa, sino de la ayuda que viene del Cielo. Y viene porque se pide ayuda para cosas buenas; “por nuestras vidas y nuestras leyes”, sigue diciendo Judas Macabeo. Pero cuando se recurre a Dios para un fin malvado o impuro, vano es invocar su ayuda. Dios no responderá, o responderá con castigos en vez de con bendiciones.

Esta verdad está demasiado olvidada ahora en Israel. Se quiere que Dios ayude y se le invoca para fines no buenos. No se practican las virtudes, y se observan los mandamientos no con verdadera observancia; o sea, de ellos se hace aquello que puede ser visto o alabado por los hombres. Pero distinto es lo que sucede detrás de la apariencia. Yo vengo a decir: sed sinceros en vuestras obras, porque Dios ve todas las cosas. Inútiles son los sacrificios y vanas las oraciones hechos por pura ostentación cultual, mientras se tiene el corazón lleno de pecado, de odio, de malos deseos.

514.12

Bet-Jorón, no hagan tus habitantes lo que Abdías dice de Edom. Edom, creyéndose seguro, se permitía avasallar a Jacob y exultar por las derrotas de éste. No hagas lo mismo, ciudad sacerdotal. Toma el volumen de Abdías[4] y medita en él. Medita. Medita. Medita. Y modifica tu camino. Sigue la justicia, si no quieres conocer días de horror. No te salvará entonces ni el estar en esta cima, ni el estar, aparentemente, al margen de los caminos de la guerra. Veo en ti a muchos que no tienen a Dios consigo y que no quieren la presencia de Dios. ¿Murmuráis? Yo os digo la verdad. He subido hasta aquí para decírosla. Para salvaros todavía.

¿Nuestro nombre no era uno sólo? ¿No era todo Israel? ¿Por qué, entonces, se ha dividido y ha tomado dos nombres? ¡Oh! Esto verdaderamente me recuerda el matrimonio de Oseas con la mujer de prostituciones y a los hijos que de su fornicación nacieron. ¿Pero qué dice el profeta? “El número de los hijos de Israel será como la arena del mar… Y entonces en vez de decirles: ‘No sois mi pueblo’ se les dirá: ‘Sois los hijos del Dios vivo’. Y los hijos de Judá y de Israel se reunirán y eligirán a un solo jefe y desbordarán la Tierra, porque grande es el día de Yizreel”.

¿Por qué criticáis, entonces, a Aquel que debe reunir todo y hacer un solo pueblo, un gran pueblo, único como único es Dios; por qué le criticáis el que ame a todos los hijos del hombre, porque todos son hijos de Dios, y el que deba hacer hijos del Dios vivo también a aquellos que actualmente asemejan a muertos? ¿Podéis juzgar mis acciones y su corazón y el vuestro? ¿De dónde os viene la luz? La luz viene de Dios. Pero si Dios me envía a mí con el encargo de reunir a todos bajo un solo cetro, ¿cómo podéis tener vosotros una luz verdaderamente divina que os muestre las cosas contrariamente a como las ve Dios? Y es así: veis lo contrario de lo que ve Dios.

No murmuréis. Es verdad. Estáis fuera de la justicia. Pero aún más que vosotros lo están los que os seducen a la injusticia. Y serán doblemente castigados. Me acusáis de contubernio con el enemigo, con el dominador. Leo vuestros corazones. ¿Vosotros no tenéis contubernio con Satanás haciéndoos seguidores de los que combaten al Hijo del hombre, al Enviado de Dios? Por eso me odiáis. Pero conozco el rostro de quienes os instilan el odio.

Como está escrito en Oseas, Yo he venido con las manos cargadas de regalos, y el corazón de amor; he tratado de atraeros con los más dulces modos para suscitar vuestro amor hacia mí. He hablado a mi pueblo como el esposo a la esposa, ofreciéndole eterno amor y paz, y justicia y misericordia. Queda un tiempo todavía para evitar que el pueblo que me rechaza y los jefes que agitan al pueblo —Yo los conozco—, se queden sin rey, príncipe, sacrificio y altar. Pero en la guarida, donde más fuerte es el odio y más fuerte será el castigo, se trabaja para comprar las conciencias y encaminarlas al delito. ¡Oh, en verdad, los que desvían y descarrían a las conciencias serán juzgados siete veces siete más severamente que los descarriados!

Vamos. He venido y he hecho un milagro, y os he dicho la verdad para manifestaros quién soy Yo y convenceros de mi realidad. Ahora me marcho. Si de entre vosotros hay uno sólo justo, que me siga, porque triste es el futuro de este lugar donde anidan las serpientes para seducir y traicionar».

Y Jesús se vuelve y vuelve a tomar el camino por el que ha venido.

514.13

«¿Por qué, Rabí, les has hablado así? Te odiarán» le preguntan los apóstoles.

«No busco conquistar amor negociando acuerdos, ni mintiendo».

«¿Pero no hubiera sido mejor no venir?».

«No. Es necesario no dejar duda alguna».

«¿Y a quién has convencido?».

«A ninguno. Por ahora, a ninguno. Pero pronto alguien dirá: “No podemos maldecir a nadie por haber sido avisados y no actuar”. Y, si reprochan a Dios el haberlos castigado, su reproche será como una blasfemia».

«Pero a quién querías aludir diciendo…».

«Preguntádselo a Judas de Keriot. Él conoce a muchos de este lugar y conoce sus astucias».

Todos los apóstoles miran a Judas.

«Sí. Este lugar está casi en estado de servidumbre respecto a Elquías. Pero… no creo que Elquías…», las palabras mueren en los labios de Judas, que, levantando la mirada de su cinto —se lo estaba colocando para aparentar normalidad—, encuentra la mirada de Jesús. Una mirada tan centelleante y penetrante que parece incluso magnética. Agacha la cabeza y termina: «Pero, eso sí, es un pueblo soberbio y odioso, que se merece a quien le domina. Cada uno tiene lo que se merece. Ellos tienen a Elquías. Nosotros a Jesús. Y el Maestro ha hecho bien haciéndoles saber que no ignora. Ha hecho muy bien».

«No cabe duda de que son malos. ¿Habéis visto? ¡Ni siquiera un saludo después del milagro! ¡Ni siquiera una limosna! Nada» observa Felipe.

«Pues yo siento temor cuando el Maestro los desenmascara así» suspira Andrés.

«Hacerlo o no hacerlo es igual. Le odian igualmente. ¡Quisiera volver a Galilea!» dice Juan.

«¡A Galilea, claro!» suspira Pedro, y baja la cabeza muy pensativo.

Detrás, los que han seguido a Jesús y no le dejan, comentan, comentan junto con los discípulos.


Notes

  1. aux oreilles d’Abraham, en Gn 17, 1.
  2. tu l’as guéri, en 115.1/2.
  3. dans ses chroniques : les passages cités se trouvent en Josué 10, 8-11 ; 1 M 3, 13-24.
  4. le rouleau d’Abdias : c’est le plus court des livres prophétiques puisqu’il ne comprend qu’un seul chapitre de 21 versets ; le mariage d’Osée, en Os 1 ; dit le prophète en Os 2, 1-2.

Notas

  1. Abraham como una revelación, que es la de Génesis 17, 1.
  2. Tú le curaste, en 115.1/2.
  3. en sus crónicas, que, para las partes citadas aquí, están en Josué 10, 8-11; 1 Macabeos 3, 13-24.
  4. el volumen de Abdías, que es el más corto de los libros proféticos: un solo capítulo de 21 versículos; el matrimonio de Oseas, en Oseas 1; dice el profeta, en Oseas 2, 1-2.