Los Escritos de Maria Valtorta

587. L’adieu à Lazare.

587. El adiós a Lázaro.

587.1

Jésus est à Béthanie. C’est le soir, un paisible soir d’avril. Par les larges fenêtres de la salle du banquet, on voit le jardin de Lazare tout en fleurs et, au-delà, le verger, qui ressemble à une nuée de légers pétales. La brise du soir fait onduler doucement les rideaux tendus sur les portes et trembler les lumières du lampadaire du milieu de la pièce. Avec elle pénètre une senteur composée de verdure nouvelle, du doux-amer des fleurs des arbres fruitiers, de roses et d’autres fleurs, qui se mêle au vif parfum de tubéreuse, de muguet, de jasmin, mélangés en une essence rare, qui reste encore du baume dont Marie de Magdala a oint son Jésus, dont les cheveux sont restés plus sombres.

Dans la salle se trouvent encore Simon, Pierre, Matthieu et Barthélemy. Les autres sont absents, comme s’ils étaient déjà sortis pour vaquer à leurs occupations.

Jésus s’est levé de table et observe un rouleau de parchemin que Lazare lui a montré. Marie de Magdala va et vient dans la salle… On dirait un papillon attiré par la lumière. Elle ne sait que tourner autour de son Jésus. Marthe surveille les serviteurs qui enlèvent les splendides nappes précieuses étendues sur la table.

Jésus pose le rouleau sur une haute crédence à incrustations d’ivoire qui contrastent avec un bois noir et brillant, et il dit :

« Lazare, viens dehors. J’ai besoin de te parler !

– Tout de suite, Seigneur ! »

Lazare se lève de son siège près de la fenêtre et suit Jésus dans le jardin, où la dernière lueur du jour se mêle aux premiers rayons d’un splendide clair de lune.

587.2

Jésus prend la direction de l’autre partie du jardin, là où se trouve le tombeau où fut enseveli Lazare, et qui présente maintenant un grand encadrement de roses en fleurs sur l’entrée béante. En haut, sur la roche légèrement inclinée, il est gravé : “ Lazare, sors ! ”

Jésus s’arrête là. On ne voit plus la maison, cachée par des arbres et des haies. Il règne un silence absolu et une absolue solitude.

« Lazare, mon ami » dit Jésus en restant debout face à son ami, et en le fixant des yeux, un sourire esquissé sur son visage amaigri et pâle plus qu’à l’ordinaire. « Lazare, mon ami, sais-tu qui je suis ?

– Toi ? Mais tu es Jésus de Nazareth, mon doux Jésus, mon saint Jésus, mon puissant Jésus !

– Cela, je le suis pour toi. Mais, pour le monde, qui suis-je ?

– Tu es le Messie d’Israël.

– Et encore ?

– Tu es le Promis, l’Attendu… Mais pourquoi me demandes-tu cela ? Doutes-tu de ma foi ?

– Non, Lazare. Mais je veux te confier une vérité. Personne ne la connaît, hormis ma Mère et l’un des miens. Ma Mère, parce qu’elle n’ignore rien. Mon disciple, parce qu’il participe à cette vérité. Aux autres, je l’ai dite maintes et maintes fois, au cours de ces trois années. Mais leur amour a produit sur eux le même effet que le népenthès et entravé la connaissance de la vérité annoncée. Ils n’ont pas pu tout comprendre… Et cela vaut mieux, d’ailleurs, car, pour empêcher un crime, ils en auraient commis un autre… inutile, puisque ce qui doit arriver arrivera, en dépit de tout meurtre. Mais à toi, je veux la dire.

– Penses-tu que je t’aime moins qu’eux ? De quel crime parles-tu ? Quel crime doit arriver ? Parle, au nom de Dieu ! »

Lazare s’énerve.

« Je parle, oui. Je ne doute pas de ton amour. J’en doute si peu que c’est à toi que je confie mes volontés…

– Oh ! mon Jésus ! On fait cela lorsqu’on sent la mort approcher ! Moi, je l’ai fait quand j’ai compris que tu ne viendrais pas et que je devais mourir.

– Eh bien, moi, je dois mourir.

– Non ! »

Lazare pousse un profond gémissement.

« Ne crie pas. Que personne n’entende. J’ai besoin de te parler à toi seul.

587.3

Lazare, mon ami, sais-tu ce qui se passe, à cet instant précis où tu te tiens près de moi, dans l’amitié fidèle que tu m’as témoignée dès le premier moment, et que rien n’a jamais pu troubler ? Un homme, avec d’autres hommes, est en train de débattre le prix de l’Agneau. Tu sais quel nom porte cet Agneau ? Il s’appelle : Jésus de Nazareth.

– Non, non ! Tu as des ennemis, c’est vrai. Mais personne ne peut te vendre ! Qui est-ce, qui donc ?

– C’est l’un de mes disciples. Ce ne pouvait être que l’un de ceux que j’ai le plus fortement déçus et qui, las d’attendre, veut se débarrasser de Celui qui n’est plus, désormais, qu’un danger personnel. Il s’imagine remonter ainsi dans l’estime des grands du monde. Il sera, au contraire, méprisé par le monde des bons comme par celui des criminels. Il en est arrivé à se lasser ainsi de moi, de l’attente de ce qu’il a essayé d’atteindre par tous les moyens : la grandeur humaine, qu’il a poursuivie d’abord au Temple, qu’il a cru atteindre avec le Roi d’Israël, et que, maintenant, il cherche de nouveau, au Temple et auprès des Romains… Il espère… Mais Rome, si elle sait récompenser ses serviteurs fidèles… sait piétiner sous son mépris les vils délateurs. Il est las de moi, de l’attente, du fardeau que représente pour lui le devoir d’être bon. Pour un homme mauvais, être bon, devoir feindre de l’être, c’est un fardeau accablant. On peut le supporter quelque temps… et puis cela devient trop éprouvant… alors on s’en débarrasse pour redevenir libre. Libre ? C’est ce que croient les mauvais. C’est ce qu’il croit lui aussi. Mais ce n’est pas la liberté. Appartenir à Dieu, voilà la liberté. Etre contre Dieu, c’est une prison avec des fers et des chaînes, des fardeaux et des coups de fouet, qu’aucun galérien, qu’aucun esclave aux constructions ne supporte sous le fouet du garde-chiourme.

– De qui s’agit-il ? Dis-le-moi. Qui est-ce ?

– C’est inutile.

– Si, c’est utile… Ah !… Ce ne peut être que lui : l’homme qui a toujours été une tache dans ton groupe, l’homme qui, il n’y a pas longtemps, a offensé ma sœur. C’est Judas !

– Non. C’est Satan. Dieu a pris chair en moi : Jésus. Satan a pris chair[1] en Judas. Un jour… très lointain… ici, dans ton jardin, j’ai consolé des larmes et j’ai excusé une âme tombée dans la boue. J’ai dit[2] que la possession est la contagion de Satan, qui inocule son poison dans l’être et le dénature. J’ai dit que c’est l’union d’une âme avec Satan et avec l’animalité. Mais la possession est encore peu de chose par rapport à l’incarnation. Je serai possédé par mes saints[3], et eux seront possédés par moi. Mais c’est seulement en Jésus-Christ que Dieu est tel qu’il est au Ciel, car je suis le Dieu fait chair. Il n’y a qu’une incarnation divine. De même, c’est en un seul homme que sera Satan, Lucifer, tel qu’il est dans son royaume, car c’est seulement dans l’assassin du Fils de Dieu que Satan s’est incarné. Pendant que je te parle, cet homme se tient devant le Sanhédrin : il s’occupe de mon meurtre et s’y emploie. Mais ce n’est pas lui réellement : c’est Satan.

587.4

Maintenant écoute, Lazare, mon fidèle ami. J’ai quelques demandes à te faire. Tu ne m’as jamais rien refusé. Ton amour a été si grand que, sans jamais enfreindre le respect, il a été toujours actif à mes côtés par mille soutiens, par une foule d’aides prévoyantes et de sages conseils que j’ai toujours acceptés, parce que je voyais dans ton cœur un véritable désir de me servir pour mon bien.

– Mais, mon Seigneur, m’occuper de toi faisait mon bonheur ! Que ferai-je maintenan, si je n’ai plus à me soucier pour mon Maître et Seigneur ? Tu m’as permis de faire trop peu de choses ! Ma dette envers toi, qui as rendu Marie à mon amour et à l’honneur, et qui m’as rendu la vie, est telle que… Ah ! pourquoi m’as-tu rappelé de la mort si je dois vivre cette heure ? J’avais surmonté toute l’horreur de la mort et toute l’angoisse de l’âme, conduite par Satan à l’épouvante au moment de me présenter au Juge éternel, et c’était l’obscurité… Qu’as-tu, Jésus ? Pourquoi frémis-tu et deviens-tu plus pâle encore que tu ne l’étais ? Ton visage est plus blanc que cette rose de neige sous la lune. Oh ! Maître ! On dirait que le sang et la vie t’abandonnent…

– Je suis effectivement comme un agonisant, les veines ouvertes. Jérusalem tout entière — et j’entends par là “ tous mes ennemis parmi les puissants d’Israël ” —, plaque sur moi ses bouches avides pour aspirer ma vie et mon sang. Ils veulent faire taire la Voix qui, pendant trois ans, les a tourmentés, même en les aimant… parce que toutes mes paroles, même si c’étaient des paroles d’amour, étaient un choc qui invitait leur âme à se réveiller. Or, ils ne voulaient pas entendre leur âme, liée par la triple concupiscence. Et non seulement les grands… mais Jérusalem tout entière va s’acharner sur l’Innocent et vouloir sa mort… et avec Jérusalem, la Judée… et avec la Judée, la Pérée, l’Idumée, la Décapole, la Galilée, la Syro-Phénicie… C’est tout Israël qui s’est rassemblé à Sion pour le “ Passage ” du Christ de la vie à la mort…

587.5

Lazare, toi qui es mort et qui es ressuscité, dis-moi : qu’est-ce que la mort ? Qu’as-tu éprouvé ? De quoi te souviens-tu ?

– La mort ?… Je ne me rappelle pas exactement ce que cela a été. A la grande souffrance succéda une grande langueur… Il me semblait ne plus souffrir et être entré dans un profond sommeil… La lumière et le bruit devenaient de plus en plus faibles et lointains… Mes sœurs et Maximin disent que je donnais les signes d’une grande souffrance… Mais moi, je ne m’en souviens pas…

– Oui. La pitié du Père émousse pour les mourants la sensation intellectuelle, de sorte qu’ils souffrent uniquement dans la chair qui, elle, doit être purifiée par ce prépurgatoire qu’est l’agonie. Mais moi… Et que te rappelles-tu de la mort?

– Rien, Maître. J’ai un espace obscur dans l’esprit, un espace vide. Il y a, dans le cours de ma vie, une interruption que je ne sais comment remplir. Je n’ai pas de souvenirs. Si je regardais au fond de ce trou noir qui m’a gardé pendant quatre jours, bien que ce soit la nuit et que j’y serais comme une ombre, je sentirais sans le voir le froid humide monter de ses viscères et souffler sur moi. C’est déjà une sensation. Mais si je pense à ces quatre jours, je n’éprouve rien. Rien. C’est le mot.

– Oui. Ceux qui reviennent ne peuvent parler… Le mystère se dévoile graduellement pour celui qui y entre. Mais moi, Lazare, je sais parfaitement ce que je subirai. Je sais que je souffrirai en pleine conscience. Il n’y aura aucun adoucissement de boissons ou de langueur pour que mon agonie devienne moins atroce. Je me sentirai mourir. Déjà, je le sens… Déjà, je meurs, Lazare. Comme quelqu’un qui souffre d’une maladie incurable, je n’ai cessé de mourir pendant ces trente-trois ans. Et la mort s’est toujours plus accélérée à mesure que le temps me rapprochait de cette heure. La mort, au début, c’était de savoir que j’étais né pour être le Rédempteur. Puis ce fut la mort de l’Homme qui se voit accusé, combattu, ridiculisé, persécuté, entravé… Quelle agonie ! Ensuite… la mort d’avoir à mes côtés celui qui devait être pour moi le traître, de plus en plus près, jusqu’à ce qu’il soit enlacé à moi comme une pieuvre au naufragé. Quelle nausée ! Et maintenant, je meurs déchiré de devoir dire “ adieu ” à mes amis les plus chers, et à ma Mère…

587.6

– Oh ! Maître ! Tu pleures ? Je sais que tu as pleuré aussi devant mon tombeau parce que tu m’aimais. Mais maintenant… Tu pleures de nouveau. Tu es glacé. Tu as les mains froides comme celles d’un cadavre. Tu souffres… Tu souffres trop !

– Je suis homme, Lazare, je ne suis pas seulement Dieu. De l’homme, j’ai la sensibilité et les affections. Et mon âme s’angoisse quand je pense à ma Mère… Je t’assure même que j’éprouve une torture monstrueuse de subir la proximité du traître, la haine satanique de tout un monde, la surdité de ceux qui, même sans haïr, ne savent pas aimer activement : aimer activement, c’est arriver à être tel que l’être aimé le désire et l’enseigne, or je vois le contraire ! Oui, beaucoup m’aiment. Mais ils sont restés eux-mêmes. Ils n’ont pas changé par amour pour moi. Sais-tu qui, parmi mes plus intimes, a su modifier sa nature pour appartenir au Christ, comme le Christ le veut ? Une seule personne : ta sœur Marie. Elle est partie d’une animalité complète et pervertie pour atteindre une spiritualité angélique. Et cela par l’unique force de son amour.

– Tu l’as rachetée.

– Je les ai tous rachetés par la parole. Mais elle seule s’est changée totalement par activité d’amour. Mais je disais que la souffrance qui me vient de tout cela est si montrueuse que je n’aspire qu’au moment où tout sera accompli. Mes forces fléchissent… La croix sera moins lourde que cette torture de l’esprit et du sentiment…

– La croix ? ! Non ! Oh ! non ! C’est trop atroce ! C’est trop infamant ! Non ! »

Lazare, qui tenait depuis un moment les mains glacées de Jésus dans les siennes, debout en face de son Maître, les lâche. Il s’affaisse sur le banc de pierre qui se trouve près de lui, cache son visage dans ses mains, et pleure désespérément.

587.7

Jésus s’approche de lui, pose la main sur ses épaules secouées par les sanglots, et dit :

« Eh quoi ? C’est à moi — qui meurs — de te consoler, toi qui vis ? Mon ami, j’ai besoin de force et d’aide. C’est ce que je te demande. Je n’ai que toi qui puisses m’en donner. Les autres… il vaut mieux qu’ils ignorent tout, car s’ils savaient… il coulerait du sang. Or je ne veux pas que les agneaux deviennent des loups, même par amour pour l’Innocent. Ma Mère… ah ! comme j’ai le cœur transpercé de parler d’elle !… Ma Mère est déjà tellement angoissée ! Elle aussi est une mourante exsangue… Voilà trente-trois ans qu’elle meurt, elle aussi. Aujourd’hui, elle n’est qu’une plaie, elle est la victime d’un atroce supplice. Je te jure que cela a été un combat entre mon esprit et mon cœur, entre l’amour et la raison, lorsqu’il m’a fallu décider s’il était juste de l’éloigner, de la renvoyer chez elle, où elle ne cesse de rêver à l’Amour qui l’a rendue Mère, où elle goûte la saveur de son baiser de feu, tressaille dans l’extase de ce souvenir, et ne cesse de revoir, avec les yeux de son âme, souffler l’air frappé et remué par la lueur angélique. En Galilée, la nouvelle de ma mort arrivera presque au moment où je pourrai lui dire : “ Mère, je suis le Victorieux ! ” Mais je ne puis pas, non, je ne puis pas faire cela. Le pauvre Jésus, chargé des péchés du monde, a besoin d’un réconfort, et ma Mère me l’offrira. Le monde encore plus pauvre a besoin de deux victimes. Parce que l’homme a péché avec la femme, la Femme doit racheter, comme l’Homme rachète. Mais tant que l’heure n’aura pas sonné, je montre à ma Mère un sourire plein d’assurance… Elle tremble… Je le sais. Elle sent que la Torture s’approche. Je le sais. Et elle la repousse par un dégoût naturel et par un saint amour, comme moi je repousse la mort parce que je suis un “ vivant ” qui doit mourir. Mais malheur, si elle apprenait que dans cinq jours… Elle n’arriverait pas vivante à cette heure, or je la veux vivante pour tirer de ses lèvres la force, comme j’ai tiré la vie de son sein. Et Dieu veut qu’elle soit présente au Calvaire pour mêler l’eau de ses larmes virginales au vin du sang divin et célébrer la première messe. Sais-tu ce que sera la messe ? Non, tu l’ignores, tu ne peux pas le savoir. Ce sera ma mort appliquée perpétuellement au genre humain vivant ou souffrant. Ne pleure pas, Lazare. Elle est forte. Elle ne pleure pas. Elle a pleuré pendant toute sa vie de Mère. Maintenant, elle ne pleure plus. Elle a crucifié un sourire sur son visage… As-tu vu quelle figure elle fait, ces derniers temps ? Elle a crucifié un sourire sur son visage pour me réconforter. Je te demande d’imiter ma Mère.

587.8

Je ne pouvais plus garder pour moi seul mon secret. J’ai regardé autour de moi à la recherche d’un ami sincère et sûr. J’ai rencontré ton regard loyal. J’ai dit : “ A Lazare. ” Quand tu avais un poids sur le cœur, j’ai respecté ton secret, et je l’ai défendu contre la curiosité, même naturelle, du cœur. Je te demande le même respect pour le mien. Plus tard… après ma mort, tu en parleras. Tu raconteras cet entretien, pour que l’on sache que Jésus est allé consciemment à la mort, et à des tortures connues, et aussi qu’il n’avait rien ignoré, ni des personnes ni de son destin. Pour que l’on sache que, alors qu’il pouvait encore se sauver, il s’y est refusé, car son amour infini pour les hommes ne brûlait que de consommer son sacrifice pour eux.

– Ah ! sauve-toi, Maître ! Sauve-toi ! Je peux t’aider à t’enfuir, cette nuit même. Tu as déjà fui en Egypte, autrefois ! Fuis de même aujourd’hui. Viens, partons ! Prenons avec nous ta Mère et mes sœurs, et partons. Aucune de mes richesses ne me retient, tu le sais. Ma richesse comme celle de Marie et de Marthe, c’est toi. Partons !

– Lazare, j’ai fui autrefois car l’heure n’était pas encore venue. Maintenant, elle est venue. C’est pourquoi je reste.

– Alors, je viens avec toi. Je ne te quitte pas.

– Non. Tu restes ici. Puisqu’il est permis de consommer l’agneau chez soi, si l’on habite à la distance autorisée pour le sabbat, tu consommeras ici ton agneau, comme tu le fais toujours. Pourtant, laisse venir tes sœurs… A cause de Maman… Ah ! que te cachaient, ô Martyr, les roses de l’amour divin ! L’abîme ! L’abîme ! Et de là, maintenant s’élèvent et s’élancent les flammes de la Haine pour te mordre le cœur ! Tes sœurs, oui. Elles sont courageuses et actives… et Maman, penchée sur ma dépouille, vivra une agonie. Jean ne suffit pas. Jean est l’amour, mais il manque encore de maturité. Certes, le déchirement de ces prochains jours va le faire mûrir et devenir un homme. Mais la Femme a besoin de femmes pour ses terribles blessures. Me les donnes-tu ?

– Je t’ai toujours tout donné, absolument tout, avec joie, et je souffrais seulement que tu me demandes si peu !

– Tu le vois : de nul autre que de mes amis de Béthanie je n’ai tant accepté. Cela a été plus d’une fois un motif d’accusation de l’injuste contre moi. Mais je trouvais ici, parmi vous, assez pour consoler l’Homme de toutes ses amertumes d’homme. A Nazareth, c’était le Dieu qui se consolait auprès de l’unique Délice de Dieu. Ici, c’était l’Homme. Et, avant d’aller à la mort, je te remercie, mon ami fidèle, affectueux, gentil, empressé, réservé, savant, discret et généreux. Je te remercie de tout. Mon Père, plus tard, t’en récompensera…

– J’ai déjà tout reçu avec ton amour et avec la rédemption de Marie.

– Oh ! non. Tu dois encore recevoir beaucoup.

587.9

Ecoute : ne te désespère pas ainsi. Donne-moi ton intelligence, pour que je puisse te dire ce que je te demande encore. Tu resteras ici à attendre…

– Non, pas cela. Pourquoi Marie et Marthe, et pas moi ?

– Parce que je ne veux pas que tu sois corrompu comme tous les hommes vont l’être. Jérusalem, dans les jours qui viennent, sera viciée comme l’air autour d’une charogne en décomposition, qui éclate à l’improviste par quelque imprudent coup de talon d’un passant. Elle sera infectée et répandra l’infection. Ses miasmes rendront fous même les moins cruels, et jusqu’à mes disciples. Ils s’enfuiront. Et où iront-ils, dans leur désarroi ? Chez Lazare. Que de fois, en ces trois années, ils sont venus ici chercher du pain, un lit, une protection, un abri, et le Maître !… Désormais, ils vont revenir. Tels des brebis dispersées par le loup qui s’est emparé du berger, ils courront à un bercail. Rassemble-les. Rends-leur courage. Dis-leur que je leur pardonne. Je te confie mon pardon pour eux. Ils n’auront pas de paix à cause de leur fuite. Conseille-leur de ne pas tomber dans un plus grand péché en désespérant de mon pardon.

– Tous fuiront ?

– Tous, sauf Jean.

– Maître, tu ne me demanderas pas d’accueillir Judas ? Fais-moi mourir sous la torture, mais cela, ne me le demande pas. A plusieurs reprises, ma main a frémi sur mon épée dans l’impatience de tuer l’opprobre de la famille, et je ne l’ai pas fait parce que je ne suis pas un violent. Ce fut seulement une tentation. Mais je t’assure que, si je revois Judas, je l’égorge comme un bouc émissaire.

– Tu ne le verras jamais plus. Je te le promets.

– Il va s’enfuir ? Peu importe. J’ai dit : “ Si je le vois. ” Maintenant, je précise : “ Je le rejoindrai, fût-ce aux confins de la terre, et je le massacrerai ! ”

– Tu ne dois pas désirer cela.

– Je le ferai.

– Tu ne le feras pas, car là où il sera, tu ne pourras aller.

– Au sein du Sanhédrin ? Dans le Saint ? Là aussi, je le rejoindrai et je le tuerai.

– Il ne sera pas là.

– Chez Hérode ? Je serai tué, mais auparavant, je lui aurai donné la mort.

– Il sera chez Satan, or toi, tu ne seras jamais chez Satan. Mais abandonne immédiatement cette pensée homicide, sinon je te quitte.

– Oh !… mais… Oui, pour toi… Oh ! Maître ! Maître ! Maître !

– Oui, ton Maître… Tu accueilleras les disciples, tu les réconforteras. Tu les ramèneras à la paix. Je suis la Paix. Et même plus tard… Plus tard, tu les aideras encore. Béthanie sera toujours Béthanie tant que la Haine ne fouillera pas dans ce foyer d’amour, dans l’illusion d’en disperser les flammes. Elle les répandra au contraire sur le monde pour l’embraser.

587.10

Je te bénis, Lazare, pour tout ce que tu as fait et pour tout ce que tu feras…

– Ce n’est rien. Tu m’as tiré de la mort, et tu ne me permets pas de te défendre. Alors qu’ai-je fait ?

– Tu m’as donné tes maisons. Tu vois ? C’était écrit. Ma première habitation, c’était à Sion sur une terre qui t’appartient. La dernière, encore dans l’une d’elles. C’était mon destin d’être ton hôte. Mais de la mort, tu ne pourrais me défendre. Je t’ai demandé au commencement de cette conversation : “ Sais-tu qui je suis ? ” Je te réponds maintenant: “ Je suis le Rédempteur. ” Le Rédempteur doit obligatoirement consommer le sacrifice jusqu’à la dernière immolation. Du reste, sois-en bien sûr : celui qui montera sur la croix et qui sera exposé aux regards et au mépris du monde, ne sera pas un vivant mais un mort. Je suis déjà mort, tué plus cruellement par l’absence d’amour que par la torture qui s’annonce. Et encore une chose, mon ami : demain, à l’aube, je me rendrai à Jérusalem, et tu entendras dire que Sion a acclamé comme un triomphateur son Roi plein de douceur, qui y entrera monté sur un ânon. Que ce triomphe ne fasse pas illusion et ne t’incite pas à juger que la Sagesse qui te parle n’a pas été sage au cours de cette paisible soirée. Plus rapidement que l’astre qui strie le ciel et disparaît à travers des espaces inconnus, la faveur du peuple s’évanouira et, dans cinq soirs, à cette même heure, je commencerai à subir la torture sous un baiser trompeur qui ouvrira les bouches, occupées demain à clamer des hosannas, en un chœur d’atroces blasphèmes et de cris féroces de condamnation.

587.11

Oui, cité de Sion, peuple d’Israël, tu vas enfin avoir ton Agneau pascal ! Tu vas l’avoir dans ce prochain rite. Le voici. C’est la Victime préparée depuis des siècles. L’Amour l’a engendrée, en préparant comme couche nuptiale un sein où il n’y avait pas de tache. Et l’Amour la consume. C’est la Victime consciente. Elle ne ressemble pas à l’agneau ignorant qui, pendant que le boucher affile son couteau pour l’égorger, broute encore l’herbe du pré, ou heurte de son museau rosé le sein maternel. Moi, je suis l’Agneau qui dit en toute conscience adieu à sa vie, à sa Mère, à ses amis, et marche vers le sacrificateur en s’exclamant : “ Me voici ! ” Je suis la Nourriture de l’homme. Satan a fait naître une faim qui n’est jamais rassasiée, qui ne peut se rassasier. Il n’y a qu’un aliment qui puisse apaiser cette faim. Et cet aliment, le voici. Homme, voici ton Pain, voici ton Vin. Consomme ta Pâque, ô humanité ! Franchit ta mer, rouge des flammes sataniques. Teintée de mon sang, tu passeras, famille humaine, préservée du feu infernal. Tu peux passer. Les Cieux, pressés par mon désir, entrouvrent déjà les portes éternelles. Regardez, esprits des morts ! Regardez, hommes vivants ! Regardez, âmes qui prendrez un corps dans le temps futur ! Regardez, anges du Paradis ! Regardez, démons de l’Enfer ! Regarde, ô Père, regarde, ô Paraclet ! La Victime sourit, elle ne pleure plus…

587.12

Tout est dit. Adieu, mon ami. Toi aussi, je ne te verrai plus avant de mourir. Donnons-nous le baiser d’adieu. Et ne doute pas. On viendra te dire : “ C’était un fou ! C’était un démon, un menteur ! Il est mort, alors qu’il prétendait être la Vie. ” Tu leur répondras, à eux, mais aussi à toi-même : “ Il était et il est toujours la Vérité et la Vie. Il est le Vainqueur de la mort. Je le sais. Il ne peut être mort pour toujours. Je l’attends. L’Epoux reviendra avant que ne s’épuise l’huile de la lampe[4] que l’ami tient prête pour illuminer le monde, invité aux noces du Triomphateur. Et la lumière, cette fois, ne pourra jamais plus être éteinte. ” Crois-le fermement, Lazare. Obéis à mon désir. Tu entends ce rossignol chanter après s’être tu à cause de tes sanglots ? Fais comme lui. Qu’après avoir — inévitablement — pleuré sur la Victime, ton âme chante avec assurance l’hymne de ta foi. Sois béni, par le Père, par le Fils, par le Saint-Esprit. »

587.13

Combien j’ai souffert ! Pendant toute la nuit du jeudi 1er mars à 23 h jusqu’au vendredi à 5 h du matin du vendredi, j’ai vu Jésus vivre une angoisse à peine moindre que celle de Gethsémani, en particulier quand il parle de sa Mère, du traître, et quand il révèle son horreur de la mort. J’ai obéi au commandement de Jésus d’écrire sur un carnet à part, pour en faire une Passion plus détaillée[5]. Vous avez vu mon visage ce matin… faible image de la souffrance que j’ai endurée… je n’en dis pas davantage, car il y a des pudeurs insurmontables.

587.1

Jesús está en Betania. Declina la tarde. Un plácido atardecer de abril. Por las amplias ventanas de la sala del banquete se ve el jardín de Lázaro, todo florido; más allá, el pomar, que parece toda una nube de pétalos ligeros. Un perfume de verdor nuevo, de un dulce amargo de flores de fruta, de rosas y otras flores, se mezcla —entrando con la serena brisa del atardecer que hace ondear levemente las cortinas extendidas en los vanos de las puertas, y temblar las luces de la lámpara del centro— con un penetrante perfume de tuberosas, muguetes, jazmines, mezclados en una esencia singular, recuerdo del bálsamo con que María de Magdala ha perfumado a su Jesús, que tiene todavía el pelo más obscuro a causa de la unción.

En la sala están todavía Simón, Pedro, Mateo y Bartolomé. Los otros faltan, como si ya hubieran salido para distintas gestiones.

Jesús se ha levantado de la mesa y está observando un rollo de pergamino que Lázaro le ha mostrado. María de Magdala va de acá para allá por la sala… parece una mariposa atraída por la luz. Lo único que sabe hacer es girar en torno a su Jesús. Marta tiene cuidado de los criados, que están recogiendo las espléndidas piezas de la preciosa vajilla distribuida sobre la mesa.

Jesús pone el rollo en un alto aparador que tiene incrustaciones de marfil en su negra madera brillante, y dice: «Lázaro, ven afuera. Necesito hablar contigo».

«Enseguida, Señor», y Lázaro se levanta de su asiento, que está cerca de la ventana, y sigue a Jesús al jardín, donde la última luz del día se mezcla con el primer clarísimo claror de Luna.

587.2

Jesús camina, dirigiéndose más allá del jardín, al lugar donde está el sepulcro que fue de Lázaro y que ahora exhibe una orladura grande de rosas, todas florecidas, en la boca vacía. Encima de ésta, en la roca levemente inclinada, está esculpido: “¡Lázaro, sal afuera!”.

Jesús se para allí. La casa, oculta por árboles y setos, ya no se ve. Hay absoluto silencio y absoluta soledad.

«Lázaro, amigo mío» pregunta Jesús, permaneciendo en pie frente a su amigo, mirándole fijamente, con un atisbo de sonrisa en su cara, muy enflaquecida y más pálida de lo habitual. «Lázaro, amigo mío, ¿tú sabes quién soy Yo?».

«¿Tú? ¡Pues eres Jesús de Nazaret, mi dulce Jesús, mi santo Jesús, mi poderoso Jesús!».

«Estas cosas para ti. Pero, para el mundo, ¿quién soy Yo?».

«Eres el Mesías de Israel».

«¿Más…?».

«Eres el Prometido, el Esperado… Pero ¿por qué me preguntas esto? ¿Dudas de mi fe?».

«No, Lázaro. Pero quiero confiarte una verdad. Nadie, aparte de mi Madre y uno de los míos, la sabe. Mi Madre, porque Ella no ignora nada. Uno, porque es copartícipe en esta cosa. A los otros se la he dicho muchísimas veces en estos tres años que llevan conmigo. Pero su amor ha hecho de nepente y escudo ante la verdad anunciada. No han podido comprender todo… Y es bueno que no hayan comprendido; en caso contrario, para impedir un delito habrían cometido otro. Inútil. Porque lo que debe suceder sucedería, por encima de cualquier homicidio. Pero a ti quiero decírtela».

«¿Dudas de que te ame como ellos? ¿De qué delito hablas? ¿Qué delito debe suceder ¡Habla, en nombre de Dios!». Lázaro está agitado.

«Hablo, sí. No dudo de tu amor. Dudo tan poco de él, que a tu amor le confío y develo mis deseos…».

«¡Oh, mi Jesús! ¡Esto lo hace quien está próximo a la muerte! Yo lo hice cuando comprendí que no venías y debía morir».

«Y Yo debo morir».

«¡Nooo!», y otro gemido de Lázaro.

«No grites. Que nadie oiga. Necesito hablarte a ti a solas.

587.3

Lázaro, amigo mío, ¿tú sabes lo que está sucediendo en este momento en que estás conmigo, en la amistad fiel que me diste desde el primer momento y que nunca por ningún motivo fue alterada? Un hombre, junto con otros hombres, está contratando el precio del Cordero. ¿Sabes qué nombre tiene ese Cordero? Su nombre es Jesús de Nazaret».

«¡Nooo! Hay enemigos, es verdad. ¡Pero no puede uno venderte! ¿Quién? ¿Quién es?».

«Es uno de los míos. Sólo podía ser uno de aquellos a quienes más fuertemente he desencantado, y que, cansado de esperar, quiere librarse de Aquel que ya no es más que un peligro personal. Cree, según su pensamiento, reconstruirse una estima ante los grandes del mundo. Sin embargo, será despreciado por el mundo de los buenos y de los perversos. Ha llegado a este cansancio de mí, de la espera de aquello que, con todos los medios, ha tratado de alcanzar: la grandeza humana. La persiguió primero en el Templo, creyó alcanzarla con el Rey de Israel, y ahora la busca nuevamente, en el Templo y con los romanos… Lo espera… Pero Roma, si bien sabe premiar a sus siervos fieles… sabe también pisotear bajo su desprecio a los viles acusadores. Él está cansado de mí, de la espera, de la carga que significa el ser bueno. Para el malvado, ser, tener que fingir que se es bueno, es una carga de un peso aplastante. Se puede sostener durante un tiempo… pero luego… ya no se puede más… y la persona se libra de ella para volver a ser libre. ¿Libre? Eso creen los malvados. Eso cree él. Pero eso no es libertad. Ser de Dios es libertad. Estar contra Dios es una cautividad de grilletes y cadenas, de pesos y azotes, como ningún galeote de remo, como ningún esclavo de construcciones, soporta bajo el azote del cómitre».

«¿Quién es? Dímelo. ¿Quién es?».

«No es necesario».

«Sí que es necesario… ¡Ah!… Sólo puede ser él: el hombre que ha sido siempre una mancha en tu grey, el hombre que incluso hace poco ha ofendido a mi hermana. ¡Es Judas de Keriot!».

«No. Es Satanás. Dios ha tomado carne[1] en mí: Jesús. Satanás ha tomado carne en él: Judas de Keriot. Un día… muy lejano… aquí, en este jardín tuyo, consolé un llanto y disculpé a un espíritu que había caído en el fango. Dije[2] que la posesión es el contagio de Satanás que inocula sus extractos en el ser y lo desnaturaliza. Dije que es connubio de un espíritu con Satanás y con la animalidad. Pero la posesión es todavía poca cosa respecto a la encarnación. Yo seré poseído por mis santos[3] y ellos lo serán por Mí. Pero sólo en Jesucristo está Dios como está en el Cielo, porque Yo soy el Dios hecho Carne. Única es la Encarnación divina. De la misma forma, en uno solo estará Satanás, Lucifer, tal y como está en su reino, porque sólo en el asesino del Hijo de Dios está Satanás encarnado. Él, mientras te hablo aquí, está ante el Sanedrín tratando y comprometiéndose para mi muerte. Pero no es él: es Satanás.

587.4

Ahora escucha, Lázaro, amigo fiel: Yo te pido algunos favores. Nunca me has negado nada. Tu amor ha sido tan grande, que, sin sobrepasar nunca el respeto, ha estado siempre activo a mi lado, con mil ayudas, con muchas prudentes y oportunas ayudas y con sabios consejos que Yo siempre he aceptado porque veía en tu corazón un verdadero deseo de mi bien».

«¡Oh, Señor mío! ¡Pero si mi alegría era ocuparme de ti! ¿Qué voy a hacer en adelante, sin deber ocuparme de mi Maestro y Señor? ¡Demasiado! ¡Demasiado poco me has permitido hacer! Mi deuda hacia ti, que has devuelto a María a mi amor y a mi honor, y a mí a la vida, es tal, que… ¡oh, ¿por qué me has llamado de la muerte para hacerme vivir esta hora?! Todo el horror de la muerte y toda la angustia del espíritu, tentado por Satanás al miedo en el momento de presentarse ante el Juez eterno, ya los había superado, ¡y había obscuridad!… ¿Qué te pasa, Jesús? ¿Por qué te estremeces y te pones más pálido aún de lo que ya de por sí estás? Tu cara está más pálida que esta rosa de nieve que languidece bajo la luna. ¡Oh, Maestro, parece como si la sangre y la vida te estuvieran abandonando…».

«En efecto, soy como uno que está muriendo con las venas abiertas. Toda Jerusalén —y quiero decir con ello “todos los enemigos de entre los grandes de Israel”— está pegada a mí con ávidas bocas y me aspira la vida y la sangre. Quieren silenciar la Voz que durante tres años los ha atormentado, aunque amándolos… porque cada una de mis palabras, aunque fuera palabra de amor, era una sacudida que invitaba a su alma a despertar, y ellos no querían oír a esta alma suya, ellos que la han atado con su triple sensualidad. Y no sólo los grandes… sino toda, toda Jerusalén, muy pronto, va a ensañarse con el Inocente y querer su muerte… y con Jerusalén Judea… y con Judea Perea, Idumea, la Decápolis, Galilea, Siro-Fenicia… todo, todo Israel congregado en Sión para el “Paso” del Cristo de vida a muerte…

587.5

Lázaro, tú que has muerto y has resucitado, dime: ¿qué es el morir? ¿Qué experimentaste? ¿Qué recuerdas?».

«¿El morir?… No recuerdo exactamente lo que fue. Después del intenso sufrimiento, vino un gran desfallecimiento… Me parecía que ya no sufría y que sólo tenía un fuerte sueño… La luz, el ruido, cada vez se hacían más débiles y lejanos… Dicen mis hermanas y Maximino que daba señales de duro sufrimiento… Pero yo ese sufrimiento no lo recuerdo … ».

«Ya. La piedad del Padre ofusca a los moribundos el sensorio intelectual, de manera que sufren únicamente con la carne, que es la que debe ser purificada por este prepurgatorio que es la agonía. Pero Yo… ¿Y de la muerte qué recuerdas?».

«Nada, Maestro. Tengo un espacio obscuro en el espíritu. Una zona vacía. Tengo una interrupción, que no sé cómo llenar, en el curso de mi vida. No tengo recuerdos. Si mirase en el fondo de ese agujero negro que me tuvo durante cuatro días, a pesar de ser ya de noche y de estar en sombra, sentiría —no vería, pero sí sentiría— el hielo húmedo subir desde sus vísceras y sacudir mi cara. Ya es una sensación. Pero yo, si pienso en esos cuatro días, no tengo nada. Nada. Ésa es la palabra».

«Claro. Los que vuelven no pueden contar… El misterio se muestra de una en una vez para quienes en él entran. Pero Yo, Lázaro, Yo sé lo que voy a sufrir. Yo sé que sufriré en plena consciencia. No habrá ninguna mitigación, de bebidas y de desfallecimiento, que me hagan menos atroz la agonía. Yo me sentiré morir. Ya lo siento… Ya muero, Lázaro. Como un enfermo incurable, durante estos treinta y tres años he ido muriendo; y, a medida que el tiempo me ha ido acercando a esta hora, el morir se ha ido acelerando. Antes era sólo el morir del saber que había nacido para ser Redentor; luego fue el morir de quien se ve atacado, acusado, escarnecido, perseguido, obstaculizado… ¡Qué cansancio! Luego… el morir del tener al lado, cada vez más cerca —hasta llegar a tenerle estrechado a mí como un gigantesco pulpo al náufrago— a aquel que es mi Traidor. ¡Qué náusea! Ahora muero en el desgarro de tener que decir “adiós” a los amigos más queridos, a mi Madre…».

587.6

«¡Maestro! ¡¿Estás llorando?! Sé que lloraste también delante de mi sepulcro porque me querías. Pero ahora… Lloras de nuevo. Estás todo de hielo. Tienes las manos ya frías como un cadáver. Tú sufres… ¡Tú sufres demasiado!…».

«Soy el Hombre, Lázaro. No soy sólo el Dios. Del hombre tengo la sensibilidad y los afectos. Y el alma se me angustia al pensar en mi Madre… Y, fíjate, te digo que se ha hecho tan monstruosa esta tortura mía de sufrir la proximidad del Traidor, el odio satánico de todo un mundo, la sordera de aquellos que no odian pero tampoco saben amar activamente, porque amar activamente es llegar a ser como el Amado quiere y enseña… y, sin embargo aquí… sí, muchos me aman, pero han seguido siendo “ellos”; no han tomado otro yo por amor a mí. ¿Sabes quién ha sabido entre mis más íntimos desnaturalizarse para ser de Cristo, como Cristo quiere? Una sola: tu hermana María. Empezó desde una animalidad completa y pervertida para llegar a una espiritualidad angélica. Y esto sólo por fuerza de amor».

«Tú la has redimido».

«A todos los he redimido con la palabra. Pero sólo ella se ha transformado totalmente por actividad de amor. Pero estaba diciendo que tan monstruoso es mi sufrimiento por todas estas cosas, que no anhelo sino que todo se consume. Mis fuerzas se pliegan… Será menos pesada la cruz, que esta tortura del espíritu y del sentimiento…».

«¡¿La cruz?! ¡Noo! ¡Oh, no! ¡Es demasiado atroz! ¡Es demasiado infamante! ¡No!». Lázaro, que ha tenido, en pie frente a su Maestro, desde hace un rato, entre sus manos las manos heladas de Jesús, las suelta y cae sobre el asiento de piedra que está ahí al lado, se tapa la cara con las manos y llora desconsoladamente.

587.7

Jesús se acerca a él, le pone la mano en la espalda, convulsa a causa de los sollozos, y dice: «¿Entonces? ¿Debo ser Yo, que muero, el que te consuele a ti, que vives? Amigo, necesito fuerza y ayuda. Y te lo pido. El único que tengo que me lo pueda dar eres tú. Los otros conviene que no lo sepan. Porque si lo supieran… correría la sangre. Y no quiero que los corderos se transformen en lobos, ni siquiera por amor al Inocente. Mi Madre… ¡oh, qué punzada hablar de Ella!… ¡Mi Madre tiene ya mucha angustia! También Ella es una destinada a próxima muerte y está exhausta… También hace treinta y tres años que viene muriendo, y ahora es toda una llaga como la víctima de un atroz suplicio. Te juro que he combatido entre la mente y el corazón, entre el amor y la razón, para decidir si era oportuno alejarla, enviarla a su casa donde Ella siempre sueña con el Amor que la hizo Madre, y paladea el sabor de su beso de fuego, y vibra en el éxtasis de aquel recuerdo y, con ojos de alma, siempre ve soplar levemente el aire impulsado y agitado por un resplandor angélico. A Galilea la noticia de la Muerte llegará casi en el momento en que pueda decirle: “¡Madre, soy el Vencedor!”. Pero, no, no puedo hacer esto. El pobre Jesús, cargado con los pecados del mundo, necesita una confortación. Y mi Madre me la dará. El aún más pobre mundo tiene necesidad de dos Víctimas. Porque el hombre pecó con la mujer; y la Mujer debe redimir, como el Hombre redime. Pero mientras no suena la hora, Yo le ofrezco a mi Madre una sonrisa segura… Ella tiembla… lo sé. Siente acercarse la Tortura. Lo sé. Y siente rechazo de ella por natural horror y por santo amor, de la misma forma que Yo siento rechazo de la Muerte, porque soy un “vivo” que debe morir. Pero, ¡ay si supiera que dentro de cinco días…! No llegaría viva a esa hora, y Yo la quiero viva para extraer de sus labios fuerza como extraje vida de su seno. Y Dios quiere que esté en mi Calvario para mezclar el agua del llanto virginal con el vino de la Sangre divina y celebrar la primera Misa. ¿Sabes qué será la Misa? No lo sabes. No puedes saberlo. Será mi muerte aplicada perpetuamente al género humano viviente o penante. No llores, Lázaro. Ella es fuerte. No llora. Ha llorado durante toda su vida de Madre. Ahora ya no llora. Se ha crucificado la sonrisa en el rostro… ¿Has visto qué aspecto ha tomado su rostro en estos últimos tiempos? Se ha crucificado la sonrisa en el rostro para confortarme. Te pido que imites a mi Madre.

587.8

No podía tener ya en mí solo mi secreto. He mirado a mi alrededor, buscando a un amigo sincero y seguro, he encontrado tu mirada leal, he dicho: “A Lázaro”. Yo, cuando tenías una losa sobre tu corazón, respeté tu secreto y lo defendí contra la curiosidad incluso natural del corazón. Te pido el mismo respeto por el mío. Después… después de mi muerte, lo dirás. Narrarás este coloquio. Para que se sepa que Jesús fue conscientemente a la muerte, y a las torturas que conocía unió esta de no haber ignorado nada, ni sobre las personas ni sobre el propio destino. Para que se sepa que, mientras todavía podía salvarse, no quiso, porque su amor infinito por los hombres no anhelaba otra cosa sino consumar el sacrificio por ellos».

«¡Sálvate, Maestro! ¡Sálvate! Yo te puedo procurar la huida. Esta misma noche. ¡Una vez ya huiste a Egipto! Huye también ahora. Ven, vamos. Tomamos a María con nosotros y a mis hermanas y nos marchamos. Tú sabes que ninguna de mis riquezas me atrae. La riqueza mía y de María y Marta eres Tú. Vamos».

«Lázaro, aquella vez huí porque no era la hora. Ahora es la hora. Y me quedo».

«Entonces yo voy contigo. No te dejo».

«No. Tú te quedas aquí. Puesto que una licencia concede que quien está dentro de la distancia de un sábado puede consumir el cordero en su casa; así que tú, como siempre, consumirás aquí tu cordero. Pero déjame venir a tus hermanas… Por razón de mi Madre… ¡Oh, qué te celaban, oh Mártir, las rosas del amor divino! ¡El abismo! ¡El abismo! ¡Y de él ahora suben, y atacan, las llamas del Odio para morderte el corazón! Tus hermanas, sí; ellas son fuertes y activas… y mi Madre será un ser agonizante, inclinado sobre mi cadáver. Juan no basta. Juan es el amor. Pero todavía no ha alcanzado la madurez. Madurará y se hará hombre en el suplicio de estos próximos días. Pero la Mujer tiene necesidad de las mujeres, que atiendan sus tremendas heridas. ¿Me las concedes?».

«¡Todo, siempre te he dado todo con alegría! ¡Lo único que me afligía es que me pidieras tan pocas cosas!…».

«Ya lo ves. De nadie he aceptado tanto como de los amigos de Betania. Ésta ha sido una de las acusaciones que el injusto me ha echado en cara más de una vez. Pero Yo, aquí, entre vosotros, encontraba muchas cosas que consolaban al Hombre de todas sus amarguras de hombre. En Nazaret Yo era el Dios que hallaba un consuelo en la Única delicia de Dios. Aquí era el Hombre. Y Yo, antes de subir a la muerte, te doy las gracias, amigo fiel, amoroso, amable, solícito, reservado, docto, discreto y generoso. Por todo te doy las gracias. El Padre mío, después, te premiará…».

«Ya he recibido todo con tu amor y con la redención de María».

«¡No! Todavía debes recibir mucho. Y lo recibirás.

587.9

Escucha. No te desesperes así. Dame tu inteligencia para que Yo pueda decirte lo que todavía te pido. Te quedarás aquí a esperar…».

«No, eso no. ¿Por qué Marta y María, y no yo?».

«Porque no quiero que te contamines como todos los varones se van a contaminar. Jerusalén en los próximos días estará contaminada como lo está el aire en torno a una carroña podrida caída de improviso a causa del imprudente golpe de un viandante con el talón. Contaminada y contaminadora. Sus miasmas enajenarán incluso a los menos crueles, incluso a mis propios discípulos, que huirán. ¿Y a dónde irán, aturdidos? Vendrán donde Lázaro. ¡Cuántas veces, durante estos tres años, han venido en busca de pan, de cama, de defensa, de refugio, y del Maestro!… Ahora volverán. Como ovejas desperdigadas por el lobo que ha alejado al pastor, correrán a un redil. Reúnelas. Fortalécelas. Diles que los perdono. Te confío mi perdón para ellos. Les faltará la paz, por haber huido. Diles que no caigan en un pecado mayor desesperando de mi perdón».

«¿Todos huirán?».

«Todos menos Juan».

«Maestro. ¡No me pedirás que reciba a Judas! Hazme morir de tortura, pero esto no me lo pidas. En más de una ocasión mi mano, ansiosa de eliminar el oprobio de la familia, se contuvo para no coger la espada. Y nunca lo hice porque no soy violento. Sólo estuve tentado a hacerlo. Pero te juro que si vuelvo a ver a Judas, como a un cabro de delito le degüello».

«No le verás nunca más. Te lo juro».

«¿Va a huir? No importa. He dicho: “Si le veo”. Ahora digo: “Iré donde él, aunque fuera al fin del mundo, y le mataré”».

«No debes desear eso».

«Lo haré».

«No lo harás porque a donde el estará no podrás ir».

«¿Dentro del Sanedrín? ¿En el Santo? Allí también le pillaré y le mataré».

«No estará allí».

«¿Donde Herodes? Me matarán, pero antes le mataré».

«Será de Satanás. Y tú no serás nunca de Satanás. Pero deja inmediatamente este pensamiento homicida, porque, si no, te dejo Yo».

«¡Oh! ¡Oh!… Pero… Sí, por ti… ¡Oh! ¡Maestro! ¡Maestro!».

«Sí. Tu Maestro… Acogerás a los discípulos. Los confortarás. Los conducirás de nuevo a la paz. Yo soy la Paz. Y también después… Después los ayudarás. Betania será siempre Betania, hasta que hurgue el Odio en este hogar de amor creyendo desparramar las llamas, cuando en realidad lo que hará será esparcirlas por el mundo para encenderlo por entero.

587.10

Yo te bendigo, Lázaro, por todo lo que has hecho y por todo lo que harás…».

«Nada, nada. Tú me has sacado de la muerte, y no me consientes defenderte. ¿Qué es lo que he hecho, entonces?».

«Has puesto tus casas a mi disposición. ¿Lo ves? Era destino. El primer alojamiento en Sión en una tierra que es tuya. El último también en una de ellas. Era destino que Yo fuera tu Huésped. Pero de la muerte no podrías defenderme. Al principio de este coloquio te he preguntado: “¿Sabes quién soy?”. Ahora respondo: “Soy el Redentor”. El Redentor debe consumar el sacrificio hasta la última inmolación. Por lo demás, créelo, el que subirá a la cruz y será expuesto a las miradas y burlas del mundo no será un vivo, sino un muerto. Yo soy ya un muerto, matado por el no amor, más y antes que por la tortura. Y una cosa más, amigo. Mañana al alba voy a Jerusalén. Y oirás decir que Sión ha aclamado como a un triunfador a su manso Rey, que entrará en ella a lomos de un asno. Que no te desoriente este triunfo y no te haga juzgar que la Sabiduría que te habla fue no sabia en este plácido anochecer. Más veloz que un astro que atraviesa el cielo y desaparece por espacios desconocidos, se desvanecerá el favor popular, y, para mí, dentro de cinco atardeceres, a esta misma hora, empezará la tortura con un beso de engaño que abrirá las bocas que mañana gritarán hosanna, para formar un coro de atroces blasfemias y feroces voces de condena.

587.11

¡Sí, oh ciudad de Sión, oh pueblo de Israel, por fin tendrás al Cordero pascual! Lo tendrás en este próximo rito. Aquí está. Es la Víctima preparada desde todos los siglos. El Amor la engendró, preparándose como tálamo un seno en que no hubo mancha. Y el Amor la consuma. Así es. Es la Víctima consciente. No como el cordero que mientras el matarife afila el cuchillo para degollarlo todavía roza en el prado, o, ajeno a lo que sucede, choca contra el redondo pezón materno su morro rosado. Pero Yo soy el Cordero que consciente dice adiós a la vida, a la Madre, a los amigos, y va al sacrificador y dice: “¡Aquí me tienes!”. Yo soy el Alimento del hombre. Satanás ha puesto un hambre que jamás se ha saciado, que no se puede saciar. Sólo un alimento sacia esa hambre porque la quita. Y aquí está ese Alimento. Aquí está, hombre, tu Pan; aquí, tu Vino. ¡Consume tu Pascua, Humanidad! Pasa tu mar, rojo por las llamas satánicas. Purpurada con mi Sangre pasarás, raza del Hombre, preservada del fuego infernal. Puedes pasar. Los Cielos, presionados por mi deseo, ya entreabren las eternas puertas. ¡Mirad, espíritus de los muertos! ¡Mirad, hombres vivientes! ¡Mirad, almas que seréis incorporadas en los futuros! ¡Mirad, ángeles del Paraíso! ¡Mirad, demonios del Infierno! ¡Mira, oh Padre; mira, oh Paráclito! La Víctima sonríe. Ya no llora…

587.12

Todo está dicho. Adiós, amigo. A ti tampoco te veré antes de la muerte. Vamos a darnos el beso de adiós. Y no dudes. Te dirán: “¡Era un demente! ¡Era un demonio! ¡Un embustero! Murió y decía que era la Vida”. Respóndeles, y respóndete especialmente a ti mismo: “Era y es la Verdad y la Vida. Es el Vencedor de la muerte. Yo lo sé. Y no puede ser el eterno Muerto. Yo le espero. Y, antes de que se consuma todo el aceite[4] en la lámpara que el amigo, invitado a las bodas del Triunfador, tiene preparada para iluminar al mundo Él, el Esposo, volverá. Y la luz esta vez ya no podrá, jamás, ser apagada”. Cree esto, Lázaro. Obedece a mi deseo. ¿Oyes a este ruiseñor, cómo canta tras haber callado por la irrupción de tu llanto? Haz tú lo mismo. Que tu alma, después del inevitable llanto ante el Matado, cante el himno seguro de tu fe. Recibe la bendición del Padre, del Hijo, del Espíritu Santo».

587.13

¡Cuánto he sufrido! Durante toda la noche, desde las 23 del jueves, 1 de marzo, hasta las 5 de la mañana del viernes. He visto a Jesús envuelto en una angustia poco inferior a la del Getsemaní, especialmente cuando habla de su Madre, del traidor, y muestra el estremecimiento ante la muerte. He obedecido la orden de Jesús de escribir esto en un cuaderno aparte, para hacer de él una Pasión más detallada[5]. Usted ha visto mi cara esta mañana… débil imagen del sufrimiento padecido… y no digo nada más, porque existen pudores insuperables.


Notes

  1. Satan a pris chair, en d’autres termes il s’est incarné doit se comprendre, ici et en 600.32, non pas dans un sens physiologique (comme dans l’habituelle expression : Dieu le Verbe s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie), mais au sens figuré de devenir concret, se personnifier. En ce sens, il n’est pas faux d’affirmer que Dieu s’est incarné en Jésus et que Satan s’est incarné en Judas Iscariote. Effectivement, de même que Jésus déclarera en 600.26 : “ Qui me voit voit le Père ”, Marie dira en 611.13 de Judas : “ J’ai vu le Démon en lui. ” (De la même manière, on pourrait dire, comme Jésus l’affirme en 37.6, qu’un ange “ avait pris chair ” en saint Joseph). Luc 22, 3 et Jn 6, 70 ; 13, 27 soulignent que Judas ne faisait qu’un avec le Démon. De même, l’Œuvre de Maria Valorta le déclare et l’explique en 356.5, 420.6, 503.2, 537.3, 565.11, 589.9, 595.3, 600.32.
  2. J’ai dit, en 84.5.
  3. Je serai possédé par mes saints… car les saints, les justes, note Maria Valorta sur une copie dactylographiée, ont Dieu en eux, puisqu’ils ont la charité héroïque ; en même temps Dieu-Jésus les possède, puisqu’ils sont tout à lui.
  4. avant que ne s’épuise l’huile de la lampe, comme dans la parabole racontée en 206.2/3.
  5. une Passion plus détaillée. Effectivement, de nombreux épisodes de la Passion et de la Glorification ont été écrits deux fois. La première rédaction, plus concise mais à laquelle s’unit parfois un commentaire, est insérée, sans ce commentaire, dans le volume “ Les cahiers de 1944 ”, puisqu’elle date de cette année-là. La seconde rédaction, plus détaillée, fait partie de cette Œuvre-ci, accompagnée de l’éventuel commentaire de la première. Il peut donc arriver, dans l’œuvre de Maria Valorta, que la date d’une version d’un épisode (vision) soit postérieure à celle du commentaire (dictée), comme nous l’avons signalé dans une note en 477.11. Un cas particulier qui concerne une “ vision ” dont seule la seconde partie a été réécrite de manière plus ample, est signalé dans une note en 609.35. En 18.1, une note fait la liste de certaines expressions de Maria Valorta qui se réfèrent à des épisodes déjà écrits, mais placés plus loin : il arrive en effet que l’ordre de la rédaction ne corresponde pas à celui de la narration. Néanmoins, comme de nombreux épisodes de la Passion et de la Glorification ont été écrits deux fois et à un grand intervalle de temps, certaines de ces expressions pourraient faire référence à la première version, c’est-à-dire la plus concise, qui ne fait pas partie de l’Œuvre. Ainsi, nous signalons le passage 107.1 (du 13 février 1945) où l’écrivain reconnaît en Jeanne, femme de Kouza, la femme qui “ remêt la bourse à Longinus sur le Calvaire. ” De toute évidence, Maria Valorta fait référence, non à la vision du 26 mars 1945 qui se trouve dans le volume 10 (608.17), mais à la précédente, qui est rapportée dans le volume des “ Cahiers de 1944 ”. Nous en aurons un autre exemple en 629.1.

Notas

  1. ha tomado carne, es decir, se ha encarnado, debe ser entendido aquí no en sentido fisiológico (como en la expresión: Dios-Verbo se encarnó en el seno de la Virgen María), sino en el sentido figurado de concretarse, personificarse. En este sentido no es errado decir que Dios se encarnó en Jesús y que Satanás se encarnó en Judas de Keriot. El mismo significado tendrán, en 600.32, las análogos expresiones de Jesús respecto a Judas, definido uno que está anulado en Satanás, el cual se ha encarnado en su carne mortal; mientras el demonio mismo había declarado, en 420.6, que quería regenerarse en Judas.
  2. Dije, en 84.5.
  3. Yo seré poseído por mis santos…: Porque los santos, los justos — anota MV en una copia mecanografiada — teniendo en sí la caridad heroica, tienen a Dios en ellos y ,contemporáneamente, Dios-Jesús los posee porque ellos son enteramente de Él.
  4. …se consuma todo al aceite, como en la parábola narrada en 206.2/3.
  5. una Pasión más detallada. En efecto, muchos episodios del ciclo de la Pasión fueron escritos dos veces. La primera redacción, más compendiada aunque frecuentemente unida a un comentario, está recogida, sin los comentarios, en el volumen “Los cuadernos del 1944”, porque es de eso año. La segunda redacción, más detallada, ha posado a formar parte de la presente Obra, con los comentarios de la primera. Puede suceder, por tanto, en esta Obra, que la fecha de escritura de un episodio (visión) sea posterior en algunos años a la fecha de escritura de su comentario (dictado).