Los Escritos de Maria Valtorta

588. Judas Iscariote va trouver les chefs du Sanhédrin.

588. Judas Iscariote con los Jefes del Sinedrín.

588.1

Judas arrive de nuit à la maison de campagne de Caïphe. Mais la lune, complice de l’assassin, lui éclaire la route. Il doit être bien sûr de trouver là, dans cette maison hors les murs, les personnes qu’il cherchait, car je pense qu’autrement il aurait essayé d’entrer en ville et serait allé au Temple. Au contraire, il monte le chemin à travers les oliviers de la colline avec plus d’assurance que la dernière fois[1]. C’est qu’il fait nuit, et les ombres comme l’heure le protègent de toute mauvaise surprise. Les routes de la campagne sont désertes désormais, après avoir été parcourues toute la journée par les foules de pèlerins qui se rendent à Jérusalem pour la Pâque. Les pauvres lépreux eux-mêmes sont tapis dans leurs cavernes et dorment de leur sommeil de malheureux, oublieux pour quelques heures de leur sort.

Voilà Judas à la porte de la maison, toute blanche au clair de lune. Il frappe : trois coups, un coup, trois coups, deux coups… Il connaît à merveille le signal convenu !

Ce doit être vraiment un signal sûr, car la porte s’entrouvre sans que le portier jette au préalable un coup d’œil par la petite ouverture pratiquée dans la porte.

Judas se glisse à l’intérieur et interroge le portier qui lui rend honneur :

« L’assemblée est-elle réunie ?

– Oui, Judas. Au complet, pourrais-je dire.

– Conduis-moi. Je dois parler de choses importantes. Dépêche-toi ! »

L’homme referme la porte et tire tous les verrous, puis il le précède dans le couloir mi-obscur, et s’arrête devant une lourde porte à laquelle il frappe. Le brouhaha cesse dans la pièce, remplacé par le grincement de la serrure et le crissement de la porte, qui s’ouvre en projetant un cône de lumière vive dans le couloir sombre.

« Toi ? Entre ! » dit l’homme qui a ouvert la porte, et que je ne connais pas.

588.2

Il y a un mouvement de stupeur, ou du moins d’agitation, quand ils voient entrer Judas. Mais ils le saluent en chœur :

« Paix à toi, Judas, fils de Simon.

– Paix à vous, membres du saint Sanhédrin, répond Judas.

– Avance. Que veux-tu ? lui demandent-ils.

– Vous parler… vous parler du Christ. Il n’est plus possible de continuer ainsi. Je ne peux plus vous aider, si vous ne parvenez pas à prendre des décisions extrêmes. L’homme a des soupçons, désormais.

– Tu t’es fait découvrir, sot que tu es ? interrompent-ils.

– Non. C’est vous qui êtes sots, vous qui, par une hâte stupide, avez fait de fausses manœuvres. Vous saviez bien que j’allais vous servir ! Mais vous ne m’avez pas fait confiance.

– Tu as la mémoire courte, Judas ! Ne te rappelles-tu pas comment tu nous as quittés la dernière fois ? Qui pouvait supposer que tu nous étais fidèle, à nous, quand tu as proclamé de cette façon que tu ne pouvais pas trahir Jésus ? lance Elchias, plus ironique, plus vipère que jamais.

– Vous vous imaginez qu’il est aisé de tromper un ami, le seul qui m’aime vraiment, l’Innocent ? Vous croyez qu’il est facile d’en venir au crime ? »

Judas est déjà énervé.

588.3

Ils cherchent à le calmer, ils le flattent, ils le séduisent, ou du moins ils essaient de le faire, en lui démontrant que, loin d’être un crime, son geste est “ une œuvre sainte envers sa patrie, à laquelle il évite des représailles de ceux qui la dominent, et qui déjà donnent des signes de mécontentement devant ces continuelles agitations et ces divisions de partis et de foules dans une province romaine. C’est aussi une bonne action envers l’humanité, s’il est vraiment convaincu de la nature divine du Messie et de sa mission spirituelle ”.

– Si ce qu’il prétend est vrai — loin de nous de le croire —, n’es-tu pas le collaborateur de la Rédemption ? Ton nom sera associé au sien à travers les siècles, notre patrie te comptera parmi ses héros et t’honorera des charges les plus hautes. Un siège est tout prêt pour toi parmi nous. Tu t’élèveras, Judas. Tu donneras des lois à Israël. Nous n’oublierons jamais ce que tu as fait pour le bien du Temple sacré, du saint Sacerdoce, pour la défense de la Loi, pour le bien de toute la nation ! Aide-nous, et ensuite, nous te le jurons, je te le jure au nom de mon puissant père et de Caïphe qui porte l’éphod, tu seras le plus grand homme d’Israël, plus que les tétrarques, plus que mon père lui-même, qui est désormais un pontife déposé. Tu seras servi comme un roi et écouté comme un prophète. Et, dans l’hypothèse où Jésus de Nazareth ne serait qu’un faux Messie, même si en réalité il n’était pas passible de mort parce que ses actes ne sont pas ceux d’un criminel mais d’un fou, nous te rappelons les paroles inspirées du pontife Caïphe — tu sais que celui qui porte l’éphod et le rational parle sous l’effet de l’inspiration divine et prophétise ce qui est bien et ce qu’il faut faire pour l’atteindre. Or Caïphe, t’en souviens-tu ? a dit[2] : “ Mieux vaut qu’un homme meure pour le peuple et que toute la nation ne périsse pas. ” C’était une parole de prophétie.

– En vérité, il était prophète. Le Très-Haut a parlé par la bouche du grand-prêtre. Qu’il soit obéi ! » disent en chœur, déjà théâtraux et semblables à des automates, ces hideuses marionnettes que sont les membres du grand conseil du Sanhédrin.

588.4

Ainsi manipulé, Judas est séduit… mais un reste de bon sens, sinon de bonté, subsiste encore en lui et le retient de prononcer les paroles fatales.

L’entourant avec respect, avec une affection simulée, ils le pressent :

« Tu ne nous crois pas ? Regarde : nous sommes les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales, les Anciens du peuple, les scribes, les plus grands pharisiens d’Israël, les rabbis sages, les magistrats du Temple. L’élite d’Israël est ici, autour de toi, prête à t’acclamer, et elle te dit d’une seule voix : “ Fais cela, car c’est saint.»

– Mais où est Gamaliel ? Et Joseph, et Nicodème, où sont-ils ? Et Eléazar, l’ami de Joseph, et Jean de Gaas ? Je ne les vois pas.

– Gamaliel est en grande pénitence, Jean auprès de sa femme enceinte et souffrante ce soir. Quant à Eléazar… nous ignorons pourquoi il n’est pas venu. Mais un malaise peut frapper n’importe qui à l’improviste, n’est-ce pas ? Pour ce qui est de Joseph et de Nicodème, nous ne les avons pas avertis de cette séance secrète, par affection pour toi, par souci de ton honneur… Pour que, dans le cas malheureux où la chose échouerait, ton nom ne soit pas rapporté au Maître… Nous protégeons ton nom, nous t’aimons, Judas, nouveau Maccabée[3], sauveur de la patrie.

– Judas Maccabée menait le bon combat. Moi… je commets une trahison.

– Ne regarde pas les détails de l’acte, mais la justice du but.

588.5

A toi de parler, Sadoq, scribe d’or. De ta bouche coulent de précieuses paroles. Si Gamaliel est savant, toi tu es sage, car tes lèvres expriment la sagesse de Dieu. Adresse-toi à celui qui hésite encore. »

Cette vieille peau de Sadoq s’avance, et avec lui Chanania, tout décrépit : un renard squelettique et mourant à côté d’un rusé chacal robuste et féroce.

« Ecoute, homme de Dieu ! » commence pompeusement Sadoq en prenant une pose inspirée et oratoire, le bras droit levé en un geste cicéronien, le gauche occupé à soutenir tout cet encombrement de plis que forme son habit de scribe. Puis il lève aussi le bras gauche, laissant son vêtement monumental se défaire et se mettre en désordre. Visage et bras tournés vers le plafond, il tonne :

« Je te le dis devant la très-haute Présence de Dieu !

– Maranatha[4] ! s’écrient-ils tous ensemble en se courbant comme si un souffle d’en-haut passait, avant de se relever les bras croisés sur la poitrine.

– Je te le dis : c’est écrit dans les pages de notre histoire et de notre destin ! C’est écrit dans les signes et les figures laissés depuis des siècles ! C’est écrit dans le rite, qui n’a pas cessé depuis la nuit fatale aux Egyptiens ! C’est écrit dans la figure d’Isaac ! C’est écrit dans la figure d’Abel ! Par conséquent, que ce qui est écrit se réalise !

– Maranatha ! » reprennent les autres en un chœur assourdi et lugubre.

Ils réitèrent leurs gestes précédents. Tout cela est d’autant plus impressionnant que leurs visages sont bizarrement frappés par la lumière des deux lampadaires allumés aux extrémités de la salle, aux micas violet pâle, d’où émane une lumière fantasmagorique. Cet aréopage d’hommes presque tous vêtus de blanc, dont le teint pâle et olivâtre de leur race est encore plus marqué par la lumière diffuse, a tout d’une assemblée de spectres.

« La parole de Dieu est descendue sur les lèvres des prophètes pour signer ce décret. Il doit mourir ! C’est dit !

– C’est dit ! Maranatha !

– Il doit mourir, son sort est réglé !

– Il doit mourir. Maranatha !

– Son destin fatal est décrit dans les plus minutieux détails, et on ne peut s’opposer à la fatalité !

– Maranatha !

– L’Ecriture indique même le prix symbolique versé à celui qui se fait l’instrument de Dieu pour l’exécution de la promesse.

– C’est indiqué ! Maranatha !

– Comme Rédempteur, ou comme faux prophète, il doit mourir !

– Il doit mourir ! Maranatha !

– L’heure est venue ! Le Seigneur le veut ! J’entends sa voix ! Elle crie : “ Que cela s’accomplisse ! ”

– Le Très-Haut a parlé ! Que cela s’accomplisse ! Que cela s’accomplisse ! Maranatha !

588.6

– Puisse le Ciel t’en donner le courage comme il a soutenu Yaël et Judith, qui étaient des femmes et surent être des héroïnes, comme il a aidé Jephté qui sut sacrifier sa fille à la patrie, comme il a fortifié David contre Goliath[5] pour qu’il puisse accomplir le geste qui allait rendre Israël éternel dans le souvenir des peuples !

– Puisse le Ciel t’en donner le courage ! Maranatha !

– Puisses-tu être victorieux !

– Puisses-tu être victorieux ! Maranatha ! »

Alors s’élève la voix éraillée et sénile de Chanania :

« Celui qui hésite devant l’ordre sacré est condamné au déshonneur et à la mort !

– Il est condamné. Maranatha !

– Si tu refuses d’écouter la parole du Seigneur ton Dieu, et si tu n’agis pas selon son commandement, en faisant ce qu’il t’ordonne par notre bouche, que toutes les malédictions tombent sur toi !

– Toutes les malédictions ! Maranatha !

– Que le Seigneur te frappe de toutes les malédictions de Moïse[6] et te disperse parmi les nations.

– Qu’il te frappe et te disperse ! Maranatha ! »

Un silence de mort suit cette scène hallucinante… Tout se fige dans une immobilité cauchemardesque.

588.7

Quand enfin Judas prend la parole, j’ai du mal à reconnaître sa voix, tant elle est altérée :

« Oui, je vais le faire. Je dois le faire. Et je le ferai. Déjà, la dernière partie des malédictions de Moïse me concerne, et il me faut en sortir, car je n’ai que trop tardé. Et je deviens fou, je ne connais ni trêve ni repos, j’ai le cœur effrayé, les yeux égarés, et l’âme brisée de tristesse. Tremblant d’être découvert et foudroyé par Jésus en raison de mon double jeu — car j’ignore à quel point il connaît ma pensée —, je vois ma vie suspendue à un fil. Matin et soir, je demande à en finir avec cette heure, à cause de l’épouvante qui me serre le cœur. A cause de l’horreur de ce que je dois accomplir. Oh ! hâtez cette heure ! Tirez-moi de l’angoisse qui m’étreint ! Que tout s’accomplisse. Maintenant ! Et que je sois délivré ! Allons ! »

La voix de Judas s’est affermie au fur et à mesure, et désormais il parle fort. Ses gestes, d’abord automatiques et incertains comme ceux d’un somnambule, sont devenus libres, volontaires. Il se redresse de toute sa taille, en prenant une beauté satanique, et il crie :

« Que tombent les liens d’une folle terreur ! Je suis délivré d’une sujétion effrayante. Christ ! Je ne te crains plus et je te livre à tes ennemis ! Allons ! »

C’est un cri de démon victorieux. A ces mots, il se dirige hardiment vers la porte.

588.8

Mais les autres l’arrêtent :

« Doucement ! Réponds-nous : où se trouve Jésus de Nazareth ?

– Chez Lazare, à Béthanie.

– Nous ne pouvons pas entrer dans cette maison bien défendue par des serviteurs fidèles. C’est la demeure d’un favori de Rome. Nous irions au-devant d’ennuis certains.

– A l’aurore, nous venons dans la ville. Placez des gardes sur la route de Bethphagé, créez un esclandre, et saisissez-vous de lui.

– Comment sais-tu qu’il vient par cette route ? Il pourrait aussi bien emprunter l’autre…

– Non. Il a averti ses disciples qu’il la prendrait pour entrer dans la ville par la porte d’Ephraïm, et il leur a demandé de l’attendre près d’En-Rogel. Si vous le capturez avant…

– Nous ne le pouvons pas. Nous devrions entrer en ville avec lui au milieu des gardes. Or tous les chemins qui mènent aux portes, et toutes les rues de Jérusalem sont bondées depuis l’aube jusqu’à la nuit. Il y aurait du tumulte, et cela ne doit pas arriver.

– Il montera au Temple. Convoquez-le au nom du grand-prêtre, pour l’interroger dans une salle. Il viendra, car il a plus de respect pour vous que pour sa vie. Une fois qu’il sera seul avec vous… vous trouverez bien le moyen de le mener en lieu sûr et de le condamner à l’heure favorable.

– Cela aussi provoquerait des remous. Tu devrais avoir remarqué que la foule est fanatiquement en sa faveur, et non seulement elle, mais aussi les grands et les espoirs d’Israël. Gamaliel perd ses disciples, tout comme Jonathas ben Uziel et d’autres parmi nous. C’est parce qu’ils sont séduits par lui qu’ils nous quittent. Les païens eux-mêmes le vénèrent ou le craignent — ce qui est déjà de la vénération —, et ils sont prêts à se révolter contre nous si nous en venions à le malmener.

Par ailleurs, certains larrons, que nous avions payés pour faire les faux disciples et provoquer des rixes, ont été arrêtés, et ils ont parlé dans l’espoir que leurs délations leur vaudront la clémence. Le Préteur est donc au courant… Tout le monde le suit, alors que nous, nous ne concluons rien. Mais il faut agir avec finesse pour que les foules ne s’en aperçoivent pas.

– Oui, c’est ce qu’il faut faire ! Hanne aussi le recommande. Il dit : “ Il ne faut pas que cela se produise pendant la fête, pour éviter tout désordre chez le peuple fanatique. ” C’est ce qu’il a décidé. Il a même donné des ordres pour qu’il soit traité avec respect dans le Temple et ailleurs, et qu’il ne soit pas molesté afin qu’on puisse le tromper.

588.9

– Alors, que comptez-vous faire ? Moi, j’étais bien disposé, cette nuit, mais vous hésitez… intervient Judas.

– Voilà : tu devrais nous amener à lui à une heure où il est seul. Tu connais ses habitudes. Tu nous as écrit qu’il te garde près de lui plus que tous les autres. Tu dois donc savoir ce qu’il a l’intention de faire. Nous serons toujours prêts. Quand tu jugeras favorables l’heure et le lieu, préviens-nous, et nous arriverons.

– C’est d’accord. Et quelle récompense recevrai-je ? »

Désormais, Judas parle froidement, comme s’il s’agissait d’un commerce quelconque.

« Ce qui est dit par les prophètes[7], pour rester fidèles à la parole inspirée : trente deniers…

– Trente deniers pour tuer un homme, et cet Homme-là ? Le prix d’un agneau ordinaire en ces jours de fête ? Mais vous êtes fous ! Non que j’aie besoin d’argent : j’en ai une bonne provision. Ne pensez donc pas me convaincre comme si cette somme m’était nécessaire. Mais c’est trop peu pour me dédommager de ma douleur de trahir celui qui m’a toujours aimé.

– Mais nous t’avons dit ce que nous ferons pour toi : gloire, honneurs, tout ce que tu attendais de lui et que tu n’as pas eu. Nous te revaudrons de ta déception. Mais le prix est fixé par les prophètes ! C’est une formalité ! Un symbole, rien de plus. Le reste viendra après…

– Et l’argent, quand ?

– Au moment où tu diras : “ Venez. ” Pas avant. Personne ne paie avant d’avoir la marchandise en mains. Cela ne te paraît-il pas juste ?

– Si. Mais triplez au moins la somme…

– Non. C’est dit par les prophètes. C’est ce qu’on doit faire. Ah ! nous saurons obéir aux prophètes ! Nous n’omettrons pas un iota de ce qu’ils ont écrit sur lui. Hé ! Hé ! Hé ! Nous sommes fidèles à la parole inspirée ! Hé ! Hé ! Hé ! » dit en persiflant ce rebutant squelette qu’est Chanania.

Plusieurs font chorus, avec des ricanements lugubres, sournois, sans sincérité, de vrais rires de démons qui ne savent que ricaner. C’est que le rire est le propre de l’homme serein et aimant, et le ricanement celui des cœurs troublés et pleins de rancœur.

588.10

« Tout est dit. Tu peux t’en aller. Nous attendons l’aube pour entrer dans Jérusalem par divers chemins. Adieu. Que la paix soit avec toi, brebis perdue qui reviens au troupeau d’Abraham. Paix à toi ! Paix à toi, ainsi que la reconnaissance d’Israël tout entier ! Compte sur nous ! Un simple désir de toi est pour nous une loi. Que Dieu soit avec toi, comme il l’a été avec tous ses serviteurs les plus fidèles ! Que toutes les bénédictions soient sur toi ! »

Avec des embrassements et des protestations d’amour, ils l’accompagnent à la sortie… ils le regardent s’éloigner par le corridor à demi obscur… ils écoutent le grincement des verrous de la porte qui s’ouvre et se referme…

588.11

Et ils rentrent dans la salle en jubilant.

Seules deux ou trois voix s’élèvent, celles des moins démoniaques :

« Et maintenant ? Comment allons-nous faire avec Judas, fils de Simon ? Nous savons bien que nous ne pourrons lui donner ce que nous lui avons promis, à part ces trente pauvres deniers !… Que va-t-il dire quand il se verra trahi par nous ? N’aurons-nous pas encouru un dommage plus grand ? N’ira-t-il pas raconter au peuple ce que nous faisons ? Nous savons parfaitement que ce n’est pas un homme aux résolutions fermes.

– Vous êtes bien naïfs et stupides d’avoir de telles pensées et de vous tracasser ainsi ! Nous avons déjà décidé ce que nous ferons à Judas. C’est à notre dernière réunion que nous avons pris cette résolution. Ne vous en souvenez-vous pas ? Et nous, nous ne changeons pas d’idée. Lorsque tout sera fini pour le Christ, Judas mourra. C’est dit.

– Mais s’il parlait auparavant ?

– A qui ? Aux disciples et au peuple, pour être lapidé ? Il ne dira rien. L’horreur de son action sera pour lui un bâillon…

– Mais il pourrait se repentir après cela, avoir des remords, devenir fou aussi… Car si son remords venait à s’éveiller, il ne pourrait que faire de lui un fou…

– Il n’en aura pas le loisir. Nous y pourvoirons avant. Chaque chose en son temps. D’abord le Nazaréen, ensuite celui qui l’a trahi, déclare Elchias avec une solennité terrible.

– Oui. Et attention ! Pas un mot aux absents ! Ils sont déjà trop au courant de notre façon de penser. Je ne me fie ni à Joseph ni à Nicodème, et peu aux autres.

– Tu doutes de Gamaliel ?

– Lui s’est mis à l’écart depuis plusieurs mois. Sans un ordre direct du pontife, il ne prendra pas part à nos séances. Il prétend qu’il écrit son œuvre avec l’aide de son fils. Mais je parle d’Eléazar et de Jean.

– Ils ne nous ont jamais contredits, affirme aussitôt un membre du Sanhédrin que j’ai vu d’autres fois avec Joseph d’Arimathie, mais dont je ne me rappelle pas le nom.

– Et même, ils nous ont trop peu contredits. Hé ! Hé ! Hé ! Il faudra les surveiller ! Beaucoup de serpents se sont nichés au Sanhédrin, je crois… Hé ! Hé ! Hé ! Mais ils seront débusqués… Hé ! Hé ! Hé ! » lance Chanania en marchant, courbé et tremblant, appuyé sur son bâton à la recherche d’une place confortable sur l’un des sièges larges et bas, couverts de lourds coussins, qui se trouvent le long des murs de la salle.

Il s’y étend avec un air satisfait et a vite fait de s’endormir, la bouche ouverte, répugnant dans sa vieillesse méchante.

On l’observe. Et Doras, fils de Doras, remarque :

« Il a la satisfaction de voir ce jour. Mon père y a rêvé, mais il ne l’a pas vu. Mais je porterai son esprit dans mon cœur, pour qu’il soit présent le jour où nous nous vengerons du Nazaréen. Il prendra ainsi part à notre joie…

588.12

– Rappelez-vous que nous devrons, à tour de rôle et plusieurs à la fois, être constamment au Temple.

– Nous y serons.

– Nous devrons ordonner que Judas soit introduit chez le grand-prêtre à n’importe quelle heure.

– Nous le ferons.

– Et maintenant, préparons notre cœur au dénouement.

– C’est déjà fait ! C’est déjà fait !

– Avec ruse.

– Avec ruse.

– Avec finesse.

– Avec finesse.

– Pour calmer tout soupçon.

– Pour séduire tous les cœurs.

– Quoi qu’il dise ou qu’il fasse, pas de réaction. Nous nous vengerons de tout en une seule fois.

– C’est ce que nous ferons. Et notre vengeance sera féroce.

– Absolue !

– Terrible ! »

Et ils s’installent pour se reposer en attendant l’aube.

588.13

30 mars 1947 (Dimanche des Rameaux)

Jésus dit :

« Tu placeras ici la vision : “ De Béthanie à Jérusalem ” (du 3 mars 1945). Et maintenant, vois[8] ! »

588.1

Judas llega de noche a la casa que Caifás tiene en el campo. Pero hay Luna, una Luna que hace de cómplice al asesino iluminándole el camino. Debe estar bien seguro de encontrar allí, en aquella casa de fuera de las murallas, a quienes busca, porque, en el caso contrario, pienso que habría tratado de entrar en la ciudad e ir al Templo. Sin embargo, sube seguro entre los olivos del pequeño collado. Se siente más seguro esta vez que la pasada[1], porque ahora es de noche, y las sombras y la hora le protegen de toda posible sorpresa. Los caminos de los campos ya están desiertos, tras haber sido recorridos todo el día por las muchedumbres de los peregrinos que van a Jerusalén para la Pascua. Hasta los pobres leprosos están en sus grutas y duermen sus sueños de infelices, olvidados durante alguna hora de su sino.

Ya está Judas delante de la puerta de la casa, que albea con la luz de la Luna. Llama. Tres golpes, un golpe, tres golpes, dos golpes… ¡Sabe a las mil maravillas hasta la señal convencional! Y debe ser verdaderamente una señal segura, porque la puerta se entreabre sin que previamente el portero mire por el ventanillo practicado en la puerta.

Judas se introduce rápidamente, y, al criado portero que le saluda con deferencia, le pregunta: «¿La asamblea está reunida?».

«Sí, Judas de Keriot. Podría decir que está completa».

«Llévame a ellos. Tengo que hablar de cosas importantes. ¡Rápido!».

El hombre cierra con todos los cerrojos la puerta y precede a Judas por el pasillo semioscuro. Se para ante una pesada puerta y llama. El rumor de las voces cesa en la sala cerrada y es substituido por el ruido de la cerradura y el chirriar de la puerta, que al abrirse proyecta un cono de luz viva en el pasillo oscuro.

«¿Tú? ¡Entra!» dice el que ha abierto la puerta (no sé quién es). Y Judas entra en la sala mientras el que le ha abierto cierra con llave de nuevo.

588.2

Hay una reacción de estupor, o, por lo menos, de turbación, al ver entrar a Judas. Pero le saludan en coro: «La paz a ti, Judas de Simón».

«La paz a vosotros, miembros del Sanedrín santo» saluda Judas.

«Acércate. ¿Qué quieres?» le preguntan.

«Deciros algo… Hablaros del Cristo. Ya no es posible continuar así. Yo ya no puedo seguir sirviéndoos de ayuda, si no os decidís a tomar decisiones extremas. Ese hombre ya sospecha».

«¿Te has dejado descubrir, necio?» le interrumpen.

«No. Necios vosotros, vosotros que por una estúpida prisa habéis dado pasos errados. ¡Bien sabíais que os habría servido! No os habéis fiado de mí».

«¡Tienes memoria lábil, Judas de Simón! ¿No recuerdas cómo nos dejaste la última vez? ¿Quién podía pensar que nos eras fiel, a nosotros, proclamando de esa manera que no podías traicionarle?» dice Elquías, irónico, más que nunca serpentino.

«¿Y creéis que es fácil llegar a engañar a un amigo, al único que verdaderamente me ama, al Inocente? ¿Creéis que es fácil llegar al delito?». Judas está ya turbado.

588.3

Tratan de calmarle. Emplean la lisonja. Y le seducen, o, al menos, tratan de seducirle, haciéndole observar que eso suyo no es un delito, «sino —esto dicen— una obra santa para con la Patria, a la que evita represalias de los dominadores, que ya dan señales de intolerancia por esas continuas agitaciones y divisiones de partidos y de la gente en una provincia romana; y para con la Humanidad, si es que —le dicen— está verdaderamente convencido de la naturaleza divina del Mesías y de su misión espiritual».

«Si es verdad lo que Él dice —lejos de nosotros el creerlo—, ¿no eres tú el colaborador de la Redención? Tu nombre estará asociado al suyo para todos los siglos venideros, y la Patria te contará entre sus hombres de pro, y te honrará con los más altos cargos. Tienes preparado un sitial entre nosotros. Subirás, Judas. Darás leyes a Israel. ¡No olvidaremos lo que hiciste por el bien del sacro Templo, del sacro Sacerdocio, por la defensa de la Ley santísima, por el bien de toda la Nación! Solamente ayúdanos, y luego —te lo juramos, te lo juro yo en nombre del poderoso padre mío y de Caifás, que lleva el efod—, tú serás el hombre más grande de Israel. Más que los tetrarcas, más que mi propio padre, ya relevado como Pontífice. Como un rey serás servido, como un profeta serás escuchado. Y si luego Jesús de Nazaret no fuera más que un falso Mesías —aunque, en realidad, no se le podría condenar a muerte, porque sus acciones no son las de un bandolero sino las de un demente—, te recordamos las palabras inspiradas de Caifás pontífice —tú sabes que quien lleva el efod y el racional habla por inspiración divina y profetiza el bien y lo que hay que hacer para el bien—, Caifás, ¿recuerdas?, Caifás dijo[2]: “Conviene que un hombre muera por el pueblo y no perezca toda la Nación”. Fueron palabras de profecía».

«En verdad lo fueron. El Altísimo habló por boca del Sumo Sacerdote. ¡Sea obedecido!» dicen en coro —sin duda con teatralidad y como autómatas que deben hacer esos determinados gestos— esas ruines marionetas de los miembros del gran consejo del Sanedrín.

588.4

Judas está sugestionado, seducido… pero todavía una pequeña raíz de buen sentido, si no de bondad, queda en él, y le retiene para no pronunciar las palabras fatales.

Rodeándole con deferencia, con simulado afecto, le apremian: «¿No nos crees? Mira: somos los jefes de las veinticuatro familias sacerdotales, los Ancianos del pueblo, los escribas, los más encumbrados fariseos de Israel, los sabios rabíes, los magistrados del Templo. Lo más selecto de Israel está aquí, en torno a ti, y estamos dispuestos a aclamarte, y, a una voz, te decimos: “Haz esto, que es santo”».

«¿Gamaliel dónde está? ¿José y Nicodemo dónde están? ¿Dónde está Eleazar el amigo de José; dónde, Juan de Gahas? No los veo».

«Gamaliel, haciendo una fuerte penitencia; Juan, con su mujer, que está encinta y está mal esta noche; Eleazar… no sabemos por qué no ha venido, pero cualquiera puede sentirse mal de improviso, ¿no te parece? Respecto a José y Nicodemo, no los hemos avisado de esta sesión secreta, por amor a ti, por cuidado de tu honor… Para que, en el infortunado caso de que la cosa fallara, tu nombre no fuera referido al Maestro… Nosotros tutelamos tu nombre. Nosotros te amamos, Judas, nuevo Macabeo[3] salvador de la Patria».

«Macabeo combatió la buena batalla. Yo… cometo una traición».

«No observes las particularidades del acto, sino la justicia del fin.

588.5

Habla tú, Sadoq, escriba de oro. De tu boca fluyen valiosísimas palabras. Si Gamaliel es docto, tú eres sabio, porque en tus labios está la sabiduría de Dios. Háblale tú a este que todavía vacila».

Ese mal bicho de Sadoq se acerca, y con él el decrépito Cananías: un zorro esqueletado y moribundo junto a un astuto chacal fuerte y feroz.

«¡Escucha, hombre de Dios!» empieza pomposamente Sadoq tomando una pose inspirada y retórica: el brazo derecho, ciceronianamente, extendido hacia delante; el izquierdo ocupado en sujetar todo ese embarazo de pliegues que constituye su vestidura de escriba. Y luego levanta también el brazo izquierdo, dejando que su monumento de vestiduras se desarregle y desordene. Y así, cara y brazos alzados hacia el techo de la estancia, dice con voz potente: «¡Yo te lo digo! ¡Te lo digo ante la Altísima Presencia de Dios!».

«¡Maran Athá![4]» hacen coro todos, inclinándose como si un soplo supremo los plegara, para enderezarse luego con los brazos recogidos sobre el pecho.

«Yo te lo digo: ¡Está escrito en las páginas de nuestra historia y de nuestro destino! ¡Está escrito en los signos y en las figuras transmitidos por los siglos! ¡Está escrito en el rito que no conoce interrupción desde aquella noche fatal para los egipcios! ¡Está escrito en la figura de Isaac! Está escrito en la figura de Abel. Y… lo que está escrito cúmplase».

«¡Maran Athá!» dicen los otros haciendo coro, un coro bajo y lúgubre, sugestionador, con los gestos de antes, iluminadas caprichosamente sus caras por la luz de las dos lámparas encendidas en los extremos de la sala, unas lámparas de mica pálidamente violácea que emanan una luz fantasmagórica. Y verdaderamente esta reunión de hombres, casi todos vestidos de blanco, con las coloraciones pálidas o trigueñas de su raza, ahora aún más pálidos y trigueños por la luz difusa, parece realmente una reunión de espectros.

«La palabra de Dios ha descendido a los labios de los profetas para signar este decreto. ¡Debe morir! ¡Está escrito!».

«¡Está escrito! ¡Maran-Athá!».

«¡Debe morir, su suerte está signada!».

«Debe morir. ¡Maran-Athá!».

«Su destino fatal está descrito hasta en sus más pequeños detalles. ¡Y el sino no se quebranta!».

«¡Maran-Athá!».

«Hasta está establecido el precio simbólico que se entregará al que se haga instrumento de Dios para el cumplimiento de la promesa».

«¡Está establecido! ¡Maran-Athá!».

«¡Como Redentor o como falso profeta, Él debe morir!».

«¡Debe morir. ¡Maran-Athá!».

«¡La hora ha llegado! ¡Yeohveh lo quiere! ¡Yo oigo su voz! Esa voz grita: “¡Cúmplase esto!”».

«¡El Altísimo ha hablado! ¡Cúmplase! ¡Cúmplase! ¡Maran-Athá!».

588.6

«Que el Cielo te fortalezca como fortaleció a Yael y Judit, que siendo mujeres supieron ser heroínas; como fortaleció a Jefte, que siendo padre supo sacrificar a su hija a la Patria; como fortaleció a David contra Goliat. ¡Y cumple el gesto que hará eterno a Israel en la memoria de los pueblos!».

«Que el Cielo te fortalezca. ¡Maran-Athá!».

«¡Sal vencedor».

«¡Sal vencedor! ¡Maran-Athá!».

Se eleva la ronca voz senil de Cananías: «¡El que titubea ante la orden sagrada queda condenado al deshonor y a la muerte!».

«Queda condenado. ¡Maran-Athá!».

«Si no quieres escuchar la voz del Señor Dios tuyo, y no llevas a cabo su mandato y lo que Él por boca nuestra te ordena, ¡véngante todas las maldiciones!».

«¡Todas las maldiciones! ¡Maran-Athá!».

«Que el Señor te castigue con todas las maldiciones mosaicas, y te disgregue entre las gentes».

«Te castigue y te disgreque! ¡Maran-Athá!».

Un silencio de muerte sigue a esta escena sugestionadora… Todo queda suspendido en una inmovilidad terrorífica.

588.7

Y al fin se oye alzarse la voz de Judas, y casi, de tan transformada como está, me cuesta reconocerla: «Sí. Yo lo haré. Lo debo hacer. Y lo haré. Ya la última parte de las maldiciones mosaicas es mi parte y debo salir de ellas porque ya demasiada demora he tenido. Estoy volviéndome loco y no tengo tregua ni descanso; mi corazón está amedrentado; mi mirada, perdida; mi alma, consumida por la tristeza. Temiendo ser descubierto en mi doble juego y fulminado por Él —yo no sé, yo no sé hasta qué punto conoce Él mi pensamiento—, veo mi vida pendiente de un hilo, y mañana, tarde y noche invoco que termine este momento por el terror que amedrenta mi corazón. Por el horror que debo llevar a cabo. ¡Oh, acelerad este momento! ¡Sacadme de estas angustias mías! Cúmplase todo. ¡Enseguida! ¡Ahora! ¡Y yo sea liberado! ¡Vamos!».

La voz de Judas, a medida que ha ido hablando, se ha ido afirmando y haciendo fuerte. El gesto, antes automático e inseguro, como de sonámbulo, se ha hecho libre, voluntario. Se yergue en toda su altura, satánicamente bello, y grita: «¡Suéltense los lazos del demencial terror! Libre estoy de la sujección aterradora. ¡Cristo, ya no te temo y te entrego a tus enemigos! ¡Vamos!». Un grito de demonio victorioso. Y verdaderamente se encamina con arrogancia hacia la puerta.

588.8

Pero le paran: «¡Calma! Respóndenos: ¿Dónde está Jesús de Nazaret?».

«En la casa de Lázaro. En Betania».

«No podemos entrar en esa casa que cuenta con siervos fieles. Es la casa de un favorito de Roma. Nos buscaríamos complicaciones seguras».

«Al amanecer vendremos a la ciudad. Poned la guardia en el camino de Betfagé, cread tumulto y prendedle».

«¿Cómo sabes que viene por ese camino? Podría tomar el otro…».

«No. Ha dicho a sus seguidores que entrará por ese camino en la ciudad, por la puerta de Efraím, y que estuvieran esperándole en En Rogel. Si le capturáis antes…».

«No podemos. Deberíamos entrar en la ciudad con Él entre la guardia, y todos los caminos que conducen a las puertas y todas las calles de la ciudad están llenos de gente desde el alba hasta la noche. Se produciría tumulto, y eso no debe suceder».

«Subirá al Templo. Llamadle para interrogarle en una sala. Llamadle en nombre del Sumo Sacerdote. Él irá porque tiene más respeto hacia vosotros que hacia su vida. Una vez que esté solo con vosotros… no os faltará la manera de llevarle a lugar seguro y condenarle en la hora propicia».

«Igualmente se produciría tumulto. Habrías debido darte cuenta de que la multitud está fanática por Él. Y no sólo el pueblo, sino también los grandes y los que son las esperanzas de Israel. Gamaliel pierde sus discípulos. Lo mismo Jonatán ben Uziel. Y otros de entre nosotros. Todos, seducidos por Él, nos dejan. Hasta los gentiles le veneran, o le temen —lo cual es ya veneración—, y están dispuestos a alzarse contra nosotros si le maltratamos. Entre otras cosas, algunos bandoleros, a los que pagábamos para ser falsos discípulos y suscitar disputas, han sido arrestados y han hablado. Esperan clemencia por la delación. Y el Pretor está al corriente… Todo el mundo le sigue, mientras nosotros no concluimos nada. No. Hay que actuar con sutileza, para que no se den cuenta las turbas».

«Sí. ¡Así hay que actuar! Anás también da esta advertencia. Dice: “Que no suceda durante la fiesta y no se cree tumulto entra el pueblo fanático”. Esto ha ordenado, y ha dado disposiciones también para que sea tratado con respeto en el Templo y en otros lugares y que no sea molestado y así poder llevarle a una encerrona».

588.9

«¿Y entonces qué queréis hacer? Yo estaba ya bien decidido para esta noche, pero vosotros titubeáis…» dice Judas.

«Mira: deberías llevarnos donde Él a una hora en que esté solo. Tú conoces sus costumbres. Nos has escrito que a ti, de todos, es al que más cerca tiene. Por tanto, sabrás lo que Él quiere hacer. Estaremos siempre preparados. Cuando juzgues propicia la hora y el lugar, vienes y nosotros vamos».

«Así quedamos. ¿Cuál será mi retribución?». Ya Judas habla fríamente, como si se tratara de un trato comercial cualquiera.

«Lo que dicen los profetas[5], para ser fieles a la palabra inspirada: treinta monedas…».

«¿Treinta monedas por matar a un hombre, y además a ese Hombre? ¿¡El precio que tiene un cordero común en estos días de fiesta?! ¡Estáis locos! No es que yo tenga necesidad de dinero. Tengo buenas reservas. Así que no penséis que me convencéis por ansia de dinero. Pero es demasiado poco para pagar mi dolor de traicionar a Aquel que me ha amado siempre».

«¡Pero si ya te hemos dicho que recibirás de nosotros gloria y honores! Lo que esperabas de Él y no has recibido. Nosotros medicaremos tu desilusión. ¡Pero el precio está fijado por los profetas! ¡Es una formalidad! Es un símbolo, nada más. El resto vendrá después…».

«¿Y el dinero cuándo?».

«En el momento en que nos digas: “Venid”. No antes. Nadie paga antes de tener en sus manos la mercancía. ¿Es que no te parece justo?».

«Es justo. Pero, al menos, triplicad la suma…».

«No. Así está dicho por los profetas. Así se debe hacer. ¡Oh, sí que sabremos obedecer a los profetas! No omitiremos ni una iota de lo que han escrito acerca de Él. ¡Je! ¡Je! ¡Je! ¡Nosotros somos fieles a la palabra inspirada! ¡Je! ¡Je! ¡Je!», se ríe ese nauseabundo esqueleto que es Cananías.

Y muchos le hacen coro con risas lúgubres, bajas, insinceras, verdaderos caquinos de demonios que no saben sino reírse burlonamente. Porque la sonrisa es propia del corazón sereno y amante; la risa burlona, de los corazones turbados y saturados de malignidad.

588.10

«Todo está dicho. Puedes marcharte. Esperaremos al alba para regresar a la ciudad por distintos caminos. Adiós. La paz sea contigo, oveja perdida que vuelves al rebaño de Abraham. ¡La paz a ti! ¡La paz a ti! ¡Y el reconocimiento de todo Israel! ¡Cuenta con nosotros! Tus deseos son leyes para nosotros. ¡Que Dios te acompañe, como acompañó a todos sus siervos más fieles! ¡Que desciendan sobre ti todas las bendiciones!».

Le acompañan, con abrazos y manifestaciones de amor, hasta la puerta… le miran mientras se aleja por el pasillo semiobscuro… oyen el ruido de hierros de los cerrojos del portón que se abre y después se cierra.

588.11

Vuelven a la sala con gran contento.

Sólo dos o tres voces se alzan. Son las de los menos demoniacos: «¿Y ahora? ¿Qué haremos respecto a Judas de Simón? ¡Bien sabemos que no podemos darle lo que le hemos prometido, aparte de esas pobres treinta monedas!… ¿Qué va a decir cuando se vea traicionado? ¿No habremos hecho un daño mayor? ¿No irá diciendo al pueblo lo que hicimos? Sabemos que es un hombre de pensamiento no firme».

«¡Bien ingenuos y necios sois teniendo estos pensamientos y creándoos estas angustias! Ya está determinado lo que haremos con Judas. Determinado desde la otra vez. ¿No os acordáis? Y nosotros no cambiamos nuestro pensamiento. Cuando todo haya terminado con el Cristo, Judas morirá. Está dicho».

«¿Pero y si hablara antes?».

«¿A quién? ¿A los discípulos y al pueblo, para que le apedreen? No hablará. El horror de su acción le amordaza…».

«Pero podría arrepentirse en el futuro, tener remordimientos, incluso perder el juicio… Porque su remordimiento, si se despertara, le volvería loco; no puede ser de otra manera…».

«No tendrá tiempo. Tomaremos antes las medidas oportunas. Cada cosa a su tiempo. Primero el Nazareno y luego el que le ha traicionado» dice lentamente, terriblemente, Elquías.

«Sí. ¡Y atentos! Ni una palabra a los ausentes. Ya demasiado han sabido de nuestro pensamiento. No me fío de José ni de Nicodemo. Y poco de los otros».

«¿Dudas de Gamaliel?».

«Gamaliel se ha segregado de nosotros ya hace muchos meses. Sin una expresa orden pontifical, no asistirá a nuestras reuniones. Dice que está escribiendo su obra con la ayuda de su hijo. Pero me refiero a Eleazar y a Juan».

«¡Nunca se han opuesto a nosotros!» responde al momento un Anciano que he visto otras veces con José de Arimatea, pero cuyo nombre no recuerdo.

«No. Es que se han opuesto demasiado poco. ¡Je! ¡Je! ¡Je! ¡Y habrá que vigilarlos! Muchas sierpes se han anidado en el Sanedrín, yo creo… ¡Je! ¡Je! ¡Je! Pero serán desanidadas… ¡Je! ¡Je! ¡Je!» dice Cananías mientras va encorvado y tembloroso, apoyado en su bastón, a buscarse un cómodo lugar en uno de los anchos y bajos asientos cubiertos de gruesos tapetes, que hay a lo largo de las paredes de la sala, y, satisfecho, se tumba y pronto se queda dormido: abierta la boca, afeado por su mala vejez.

Le observan. Y Doras, hijo de Doras, dice: «Está satisfecho por ver este día. Mi padre le soñó, pero no lo tuvo. Llevaré en el corazón su espíritu, para que esté presente en el día de la venganza contra el Nazareno y reciba su alegría…».

588.12

«Recordad que tendremos que turnarnos. Un turno nutrido. Estar constantemente en el Templo».

«Estaremos».

«Tendremos que ordenar que, a cualquier hora, Judas de Simón sea conducido ante el Sumo Sacerdote».

«Lo haremos».

«Y ahora preparemos nuestro corazón para la tarea final».

«¡Ya está preparado! ¡Ya está preparado!».

«Con astucia».

«Con astucia».

«Con finura».

«Con finura».

«Para aquietar toda sospecha».

«Para engatusar a todos los corazones».

«Diga lo que diga o haga lo que haga, ninguna reacción. Nos vengaremos de todo de una sola vez».

«Así lo haremos. Y será una venganza despiadada».

«¡Completa!».

«¡Terrible!».

Y se sientan buscando descanso en espera del alba.

588.13

30-3-47 (domingo de Ramos).

Dice Jesús: «Aquí pondréis la visión: “De Betania a Jerusalén” (del 3 de marzo de 1945). Y ahora: ¡ve!».


Notes

  1. la dernière fois, en 535.6/13.
  2. a dit, en 549.15.
  3. Maccabée : il s’agit de Judas Maccabée, dont les actes sont relatés en 1 M 3-9 ; 2 M 8-15.
  4. Maranatha : expression déjà rencontrée en 438.1 (à la dernière ligne) et en 475.6, où Maria Valtorta lui donne le sens de Ainsi soit-il. Cela pourrait correspondre à une invocation araméenne qui signifie “ Seigneur, viens ! ”, comme en 1 Co 16, 22. Nous la verrons encore en 639.2.5.
  5. il a fortifié David contre Goliath, comme on le lit en 1 S 17, 32-51, dans le contexte de tout le chapitre 17. L’index thématique à la fin du volume renvoie aux notes sur David et sur les autres personnages ici mentionnés.
  6. malédictions de Moïse, que l’on trouve en Lv 26, 14-16 ; Dt 28, 15-68.
  7. Ce qui est dit par les prophètes, comme en Za 11, 12-13.
  8. vois ! introduit la vision du 30 mars 1947, que nous trouverons dans le chapitre 590.

Notas

  1. la (vez) pasada, en 535.6/13.
  2. dijo, en 549.15.
  3. Macabeo es Judas Macabeo, cuyas gestas están narradas en: 1 Macabeos 3-9; 2 Macabeos 8-15.
  4. ¡Maran Athá!, expresión ya encontrada en 475.6 (donde MV le atribuye el significado de ÙAsí sea), podría corresponder a una invocación aramea al Señor que viene, como en 1 Corintios 16, 22.
  5. Lo que dicen los profetas, como en Zacarías 11, 12-13.