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Ils sont sur le point d’entrer à Jérusalem, par le même sentier à l’écart qu’ils ont emprunté le matin précédent, comme si Jésus ne voulait pas être assiégé par la foule qui l’attend, avant d’être arrivé au Temple. En effet, on y accède facilement si l’on entre dans la ville par la Porte du Troupeau, proche de la Probatique. Mais aujourd’hui, plusieurs des soixante-douze disciples le guettent déjà sur l’autre rive du Cédron, avant le pont, et dès qu’ils le voient apparaître au milieu des oliviers verts gris, dans son vêtement pourpre, ils viennent à sa rencontre. Une fois tous réunis, ils prennent la direction de la ville.
Pierre regarde en avant, vers le bas de la colline, pour voir s’il apparaît quelque personne mal intentionnée comme il en a toujours le soupçon. Soudain, il aperçoit, au milieu de la fraîche verdure des dernières pentes, un amas de feuilles fanées qui pendent au-dessus de l’eau du Cédron. Recroquevillées, mourantes, elles montrent çà et là des taches qui ressemblent à de la rouille. On croirait se trouver devant le feuillage d’un arbre desséché par les flammes. De temps à autre, la brise détache quelque feuille, qui disparaît dans les eaux du torrent.
« Mais c’est le figuier d’hier ! Le figuier que tu as maudit ! » s’écrie Pierre en montrant le figuier sec et en tournant la tête pour parler au Maître.
Tous accourent, sauf Jésus qui avance de son pas habituel.
Les apôtres racontent aux disciples ce qui s’était passé, et tous ensemble commentent en regardant Jésus avec stupéfaction. Ils ont vu des milliers de miracles sur les hommes et les éléments, mais celui-ci les frappe plus que les autres.