Los Escritos de Maria Valtorta

7. La petite Marie avec Anne et Joachim.

7. María niña con Ana y Joaquín.

7.1

Je vois encore Anne. Depuis hier soir, je la vois ainsi : assise à l’entrée d’une tonnelle ombragée, occupée à un travail de couture. Elle est entièrement vêtue de gris sable. C’est un vêtement très simple et dénoué, peut-être parce qu’il fait très chaud.

Au bout de la tonnelle, on voit des faucheurs couper le foin. Il semble toutefois qu’il s’agit du regain car le raisin est déjà en train de prendre une couleur dorée, et un gros pommier laisse voir, à travers un feuillage sombre, ses fruits qui mûrissent en jaune et rouge clair ; d’ailleurs, le champ de blé n’est plus que du chaume où ondulent gracieusement les flammes des coquelicots et où se dressent des bleuets, droits et sereins, rayés comme une étoile et azurés comme un ciel d’orient.

Marie, toute petite mais déjà vive et indépendante, arrive de la tonnelle. Ses petits pas sont assurés et ses sandalettes blanches ne trébuchent pas dans les cailloux. Elle laisse déjà deviner sa douce démarche légèrement ondulante de colombe. Elle est toute blanche, comme une petite colombe, dans un vêtement de lin qui lui descend jusqu’aux chevilles, ample et froncé au cou par un cordonnet bleu clair ; des manches courtes laissent voir des avant-bras roses et potelés. Avec ses cheveux soyeux et blonds comme le miel, pas très frisés mais légèrement ondulants, qui se ter­minent en boucles, ses yeux couleur de ciel, son joli minois légèrement rosé et tout sourire, on dirait un petit ange. Même la brise qui entre dans ses manches amples et gonfle aux épaules sa petite robe de lin, contribue à la faire ressembler à un angelot aux ailes déjà à demi-ouvertes pour l’envol.

Elle tient des coquelicots, des bleuets et d’autres fleurs des champs qui poussent au milieu des blés, mais dont j’ignore le nom. Elle marche et, quand elle est tout près de sa mère, elle pique une brève course en poussant un cri joyeux ; comme une petite tourterelle, elle arrête son vol contre les genoux de sa mère, qui s’écartent un peu pour l’accueillir, pendant qu’Anne, mettant son travail de côté pour éviter qu’elle ne se pique, lui tend les bras pour l’embrasser.

La vision reprend ce matin à l’endroit où elle s’est arrêtée hier soir.

« Maman, Maman ! »

La tourterelle blanche est blottie dans le nid des genoux maternels, les pieds sur l’herbe rase et le visage sur le sein de sa mère, si bien qu’on ne voit plus que l’or pâle de ses cheveux sur la petite nuque ; Anne s’incline pour l’embrasser avec amour.

7.2

Puis la tourterelle relève la tête et offre toutes ses fleurs à sa mère, et pour chacune elle raconte une histoire qu’elle invente.

Celle-ci, si bleue et si grande, est une étoile tombée du ciel pour apporter un baiser du Seigneur à sa maman. Qu’elle l’embrasse là, cette petite fleur céleste, sur son cœur, bien sur son cœur, et elle lui trouvera le goût de Dieu.

Cette autre, en revanche, d’un bleu plus pâle, comme les yeux de son père, porte inscrit sur ses feuilles que le Seigneur aime beaucoup son papa parce qu’il est bon.

Et celle-ci, la toute petite, la seule qu’elle ait trouvée – c’est un myosotis –, est celle que le Seigneur a créée pour dire à Marie qu’il l’aime beaucoup.

Quant à ces rouges-ci, sa mère sait-elle ce qu’elles sont ? Ce sont des morceaux du vêtement du roi David, trempés dans le sang des ennemis d’Israël et semés sur les champs de bataille et de victoire. Elles sont nées de ces pans de vêtement royal déchirés dans le combat héroïque pour le Seigneur.

Mais cette blanche-là, si gracieuse, paraît composée de sept coupes soyeuses qui regardent vers le ciel et embaument ; elle est née là, à côté de la source, et c’est son père qui l’a cueillie pour elle au milieu des épines. On la croirait faite avec le vêtement que le roi Salomon portait lorsque, le mois même où sa petite-fille était née, bien des années auparavant – ah, combien d’années avant ! –, il marcha[1], revêtu de splendides atours blancs, au milieu de la foule d’Israël, devant l’Arche et la Tente ; jubilant à la vue de la nuée revenue entourer sa gloire, il chanta le cantique et la prière de sa joie.

« Je veux être toujours comme cette fleur et, comme ce roi sage, je veux chanter toute ma vie des cantiques et des prières devant la Tente, achève Marie de sa petite bouche.

– Ma joie ! Comment connais-tu ces choses saintes ? Qui te les a apprises ? Ton père ?

– Non. Je ne sais pas qui c’est. J’ai l’impression de les avoir toujours sues. Mais c’est peut-être quelqu’un qui me les dit mais que je ne vois pas. Peut-être l’un des anges que Dieu envoie parler aux hommes bons.

7.3

Maman, tu m’en racontes encore une ?…

– Oh, ma fille ! Quelle histoire veux-tu encore connaître ? »

Marie réfléchit, sérieuse et recueillie. Il faudrait la peindre pour immortaliser son expression. L’ombre de ses pensées se reflète sur son visage d’enfant. Comme elle pense à l’histoire d’Israël, ce sont autant de sourires et de soupirs, de rayons de soleil et d’ombres de nuages. Puis elle choisit :

« Encore la parole[2] de Gabriel à Daniel, celle où le Christ nous est promis. »

Elle écoute les yeux fermés et répète lentement les paroles de sa mère, comme pour mieux s’en souvenir. Quand Anne termine, elle demande :

« Combien de temps faut-il encore pour que l’Emmanuel vienne ?

– Environ trente ans, ma chérie.

– Encore tout ce temps ! Et moi, je serai au Temple… Dis-moi : si je priais beaucoup, beaucoup, beaucoup, jour et nuit, nuit et jour, et si dans ce but je voulais appartenir à Dieu seul pendant toute ma vie, l’Eternel me ferait-il la grâce de donner le Messie à son peuple plus tôt ?

– Je ne sais pas, ma chérie. Le prophète dit : “ Soixante-dix semaines. ” Je pense que la prophétie ne ment pas. Mais le Seigneur est si bon, se hâte d’ajouter Anne en voyant perler une larme sur le cil d’or de sa fille, que je crois que si tu pries beaucoup, beaucoup, beaucoup, il t’exaucera. »

Le sourire revient sur le petit visage légèrement levé vers sa mère, et un éclair de soleil qui passe entre deux pampres fait briller des larmes déjà arrêtées, comme s’il s’agissait de gouttelettes de rosée suspendues aux fines tiges de mousse alpine.

7.4

« Alors je vais prier et je resterai vierge pour cela.

– Sais-tu seulement ce que cela signifie ?

– ça veut dire ne pas connaître l’amour d’un homme, mais seulement celui de Dieu. Ça veut dire n’avoir de pensée pour personne d’autre que pour le Seigneur. Ça veut dire garder la chair d’un enfant et avoir le cœur d’un ange. Ça veut dire uti­liser ses yeux uniquement pour regarder Dieu, ses oreilles uniquement pour l’écouter, sa bouche uniquement pour le louer, ses mains uniquement pour s’offrir en hostie, ses pieds uniquement pour se dépêcher de le suivre, son cœur et sa vie pour les lui donner.

– Bénie es-tu ! Mais dans ce cas tu n’auras jamais d’enfant, toi qui aimes tant les enfants, les petits agneaux et les tourte­relles… Tu sais ? Pour une femme, un enfant est comme un agneau blanc et frisé, ou comme une petite colombe au plumage soyeux et au bec de corail qu’on peut aimer, embrasser et qu’on entend vous dire : “ Maman. ”

– Peu importe. J’appartiendrai à Dieu. Je prierai au Temple. Un jour, peut-être, je verrai l’Emmanuel. La vierge qui doit être sa mère, aux dires du grand prophète, doit être déjà née et elle est au Temple… Je lui servirai de compagne… de servante… Oh oui ! Si je pouvais la reconnaître, grâce à une lumière de Dieu, je voudrais la servir, cette mère bienheureuse ! Après, elle me porterait son fils, elle m’emmènerait vers son fils, et je le servirais lui aussi. Pense donc, maman ! Servir le Messie… »

Marie est tout excitée à cette idée, qui l’enthousiasme et l’anéantit à la fois. Les mains croisées sur la poitrine et la tête légèrement penchée en avant, emportée par l’émotion, on dirait une reproduction enfantine de la Vierge de l’Annonciation[3] que j’ai vue. Elle reprend :

« Mais est-ce que le Roi d’Israël, l’Oint de Dieu, me permettra de le servir ?

– N’en doute pas. Le roi Salomon ne dit-il[4] pas : “ Il y a soi­xante reines et quatre-vingts concubines ! Et des jeunes filles sans nombre ” ? Tu vois que les jeunes vierges qui serviront leur Seigneur au palais du Roi seront innombrables.

– Ah, tu vois donc bien que je dois être vierge ? Je le dois. S’il veut une vierge pour mère, c’est le signe qu’il aime la virginité plus que tout. Je veux qu’il m’aime, moi sa servante, pour la virginité qui me rendra un peu semblable à sa mère bien-aimée…

Oui, c’est ce que je veux…

7.5

Je voudrais même pécher, pécher beaucoup, si je n’avais pas peur d’offenser le Seigneur… Dis-moi, maman : peut-on être pécheur par amour pour Dieu ?

– Mais que dis-tu là, mon trésor ? Je ne te comprends pas.

– Voici ce que je pense : pécher pour pouvoir être aimée de Dieu qui devient Sauveur. On sauve ce qui est perdu, n’est-ce pas ? Je voudrais être sauvée par le Sauveur pour qu’il me regarde avec amour. C’est pour ça que je voudrais pécher, mais sans faire de péché qui le dégoûte. Comment peut-il me sauver si je ne me perds pas ? »

Anne est abasourdie. Elle ne sait plus quoi dire.

Mais Joachim vient à son secours. Comme il marchait sur l’herbe, il s’est approché sans faire de bruit derrière la haie de ceps bas.

« Il t’a sauvée d’avance, parce qu’il sait que tu l’aimes et que tu ne veux aimer que lui. C’est pourquoi tu es déjà rachetée, et tu peux rester vierge comme tu le désires, déclare-t-il.

– Vraiment, papa ? »

Marie se serre contre ses genoux et le regarde avec des yeux semblables à de claires étoiles qui ressemblent tellement à ceux de son père et expriment un tel bonheur devant l’espoir qu’il lui donne.

« C’est vrai, mon petit amour. Regarde : je t’apportais ce petit passereau qui a fait son premier vol près de la fontaine. J’aurais pu le laisser partir, mais ses faibles ailes et ses pattes trop grêles n’avaient pas assez de force pour le soulever à nouveau et le retenir sur les pierres glissantes et pleines de mousse. Il serait tombé dans l’eau. Je n’ai pas attendu que cela arrive. Je l’ai pris et je te le donne. Tu en feras ce que tu voudras. Le fait est qu’il a été sauvé avant d’encourir le danger. C’est aussi ce que Dieu a fait avec toi. Maintenant, dis-moi, Marie, ai-je aimé davantage le passereau en le sauvant d’avance, ou l’aurais-je plus aimé en le sauvant après la chute ?

– C’est maintenant que tu l’as le plus aimé, puisque tu n’as pas permis qu’il se fasse mal dans l’eau glacée.

– Eh bien ! Dieu t’a aimée davantage, puisqu’il t’a sauvée avant que tu ne pèches.

– Dans ce cas, je l’aimerai de toutes mes forces. De toutes mes forces. Joli petit oiseau, je suis comme toi. Le Seigneur nous a aimés pareillement, en nous accordant le salut… Je vais te soigner, puis je te laisserai partir. Tu chanteras les louanges de Dieu dans les bois et moi au Temple. Nous dirons : “ Envoie, envoie celui que tu as promis à ceux qui l’attendent. ”

7.6

Oh, papa ! Quand vas-tu donc me conduire au Temple ?

– Bientôt, ma perle. Mais cela ne te fait rien de quitter ton père ?

– Oh si, beaucoup ! Mais tu viendras… et puis, si ça ne faisait pas mal, où serait le sacrifice ?

– Tu te souviendras de nous ?

– Toujours. Après la prière pour l’Emmanuel, je prierai pour vous. Que Dieu vous donne joie et longue vie… jusqu’au jour où il sera le Sauveur. Ensuite, je lui dirai de vous prendre pour vous emmener à la Jérusalem des cieux. »

La vision s’arrête sur l’image de Marie blottie dans les bras de son père…

7.7

Jésus dit :

« J’entends déjà les commentaires des docteurs en ergoterie : “ Comment une enfant de moins de trois ans peut-elle parler ainsi ? C’est exagéré ! ” Ils ne réfléchissent qu’ils font de moi un phénomène en faisant passer mon enfance pour une conduite d’adulte.

L’intelligence ne vient pas à tous de la même façon et au même âge. L’Eglise a fixé à six ans l’âge auquel on est responsable de ses actes, parce que c’est l’âge auquel tout enfant, même retardé, peut distinguer le bien du mal, ne serait-ce que de façon rudimentaire. Mais il y a des enfants qui peuvent bien plus tôt discerner, comprendre et vouloir avec une raison déjà suffisamment développée. La petite Imelde Lambertini, Rose de Viterbe, Nellie Organ, Nennolina vous donnent un exemple probant qui vous permet de croire, ô docteurs exigeants, que ma Mère a pu penser et parler ainsi. Encore n’ai-je pris que quatre noms au hasard parmi les milliers d’enfants saints qui peuplent mon Paradis après avoir raisonné en adultes sur la terre pendant plus ou moins d’années.

7.8

Qu’est-ce que la raison ? Un don de Dieu. Dieu peut donc l’accorder dans la mesure qu’il veut, à qui il veut et au moment où il le veut. Mieux, la raison est l’un des éléments qui vous font ressembler à Dieu, qui est Esprit intelligent et doué de raison. La raison et l’intelligence furent des dons gratuits accordés par Dieu à l’homme au paradis terrestre. Et comme elles étaient vives quand la grâce était vive, encore intacte et à l’œuvre dans l’âme des deux premiers parents !

Il est dit[5], dans le livre de Jésus ben Sirach : “ Toute sagesse vient du Seigneur, elle est près de lui à jamais. ” Quelle sagesse les hommes auraient-ils donc possédée s’ils étaient restés enfants de Dieu !

Les lacunes de votre intelligence sont le résultat naturel de votre déchéance dans la grâce et l’honnêteté. Par la perte de la grâce, vous avez éloigné de vous la Sagesse, et cela pour des siècles. Comme un météore qui se dissimule derrière des kilomètres de nébuleuses, la Sagesse ne vous est plus parvenue avec netteté, mais au travers de brumes que votre corruption ne cesse d’épaissir.

Puis le Christ est venu, et il vous a rendu la grâce, ce don suprême de l’amour de Dieu. Mais savez-vous garder ce joyau net et pur ? Non. Quand vous ne la brisez pas par la volonté individuelle de pécher, vous la souillez par vos continuelles fautes de moindre importance, par vos faiblesses, votre sympathie pour le vice et même par les sympathies qui, sans être de véritables alliances avec le vice septiforme, n’en affaiblissent pas moins la lumière de la grâce et de son action. Vous avez ensuite, pour assombrir la magnifique lumière de l’intelligence que Dieu avait donnée à vos premiers parents, des siècles de corruption qui ont répercuté leur action néfaste sur vos forces physiques et vos facultés intellectuelles.

7.9

Or Marie n’était pas seulement la femme pure, la nouvelle Eve recréée pour faire la joie de Dieu : elle était plus qu’Eve, elle était le chef-d’œuvre du Très-Haut, elle était la Pleine de grâce, elle était la Mère du Verbe dans l’esprit de Dieu.

“ Le Verbe est la source de la Sagesse ”, dit Jésus ben Sirach. Le Fils n’aurait-il donc pas mis sa propre sagesse sur les lèvres de sa Mère ?

Un prophète[6] chargé de dire les paroles que le Verbe – la Sagesse – lui inspirait de transmettre aux hommes eut les lèvres purifiées par un chardon ardent : et l’Amour n’aurait pas donné netteté et élévation de langage à son Epouse encore enfant qui devait porter la Parole en son sein ? Elle ne devait plus parler d’abord en enfant puis en femme, mais uniquement et toujours en créature céleste en qui la grande lumière et la sagesse de Dieu étaient infuses.

Le miracle ne réside pas dans l’intelligence supérieure manifestée dès l’enfance par Marie, puis par moi. Le miracle, c’est de pouvoir contenir l’Intelligence infinie qui habitait en nous, dans des limites qui permettent de ne pas frapper d’émerveillement les foules et de ne pas éveiller l’attention de Satan.

Je reviendrai sur ce thème, qui entre dans la catégorie des “ souvenirs ” que les saints ont de Dieu. »

7.1

­Sigo viendo todavía a Ana. Desde ayer por la tarde la veo así: sentada donde empieza la pérgola umbrosa; dedicada a un trabajo de costura. Está vestida de un solo color gris arena; es un vestido muy sencillo y suelto, quizás por el mucho calor que parece que hace.

En el otro extremo de la pérgola se ve a los dalladores segando el heno; heno que no debe ser de mayo. Efectivamente, la uva ya está detrás coloreándose de oro, y un grueso manzano muestra entre sus oscuras hojas sus frutos, que están tomando un color de lúcida cera amarilla y roja; y además el campo de trigo es ya sólo un rastrojal en que ondean ligeras las llamitas de las amapolas y los lirios se elevan, rígidos y serenos, radiados como una estrella, azules como el cielo de oriente.

De la pérgola umbrosa sale caminando una María pequeñita, que, no obstante, es ya ágil e independiente. Su breve paso es seguro y sus sandalitas blancas no tropiezan en los cantos. Tiene ya esbozado su dulce paso ligeramente ondulante de paloma, y está toda blanca, como una palomita, con su vestidito de lino que le llega a los tobillos, amplio, fruncido en torno al cuello con un cordoncito de color celeste, y con unas manguitas cortas que dejan ver los antebrazos regordetes. Con su pelito sérico y rubio-miel, no muy rizado pero sí todo él formando suaves ondas que en el extremo terminan en un leve ensortijado, con sus ojos de cielo y su dulce carita tenuemente sonrosada y sonriente, parece un pequeño ángel. El vientecillo que le entra por las anchas mangas y le hincha por detrás el vestidito de lino contribuye también a darle aspecto de un pequeño ángel cuando despliega las alas para el vuelo.

Lleva en sus manitas amapolas y lirios y otras florecillas que crecen entre los trigos y cuyo nombre desconozco. Se dirige hacia su madre. Cuando está ya cerca, inicia una breve carrera, emitiendo una vocecita festiva, y va, como una tortolita, a detener su vuelo contra las rodillas maternas, abiertas un poco para recibirla. Ana ha depositado al lado el trabajo que estaba haciendo para que Ella no se pinche, y ha extendido los brazos para ceñirla.

Hasta este punto, ayer por la tarde; hoy por la mañana se ha vuelto a presentar y continúa así:

«¡Mamá! ¡Mamá!». La tortolita blanca está toda en el nido de las rodillas maternas, apoyando sus piececitos sobre la hierba corta, y la carita en el regazo materno. Sólo se ve el oro pálido de su pelito sobre la sutil nuca que Ana se inclina a besar con amor.

7.2

­Luego la tortolita levanta su pequeña cabeza y entrega sus florecillas: todas para su mamá. Y de cada flor cuenta una historia creada por Ella.

Ésta, tan azul y tan grande, es una estrella que ha caído del cielo para traerle a su mamá el beso del Señor... ¡Que bese en el corazón, en el corazón, a esta florecilla celeste, y percibirá que tiene sabor a Dios!...

Y esta otra, de color azul más pálido, como los ojos de su papá, lleva escrito en las hojas que el Señor quiere mucho a su papá porque es bueno.

Y esta tan pequeñita, la única encontrada de ese tipo (una miosota), es la que el Señor ha hecho para decirle a María que la quiere.

Y estas rojas, ¿sabe su mamá qué son? Son trozos de la vestidura del rey David, empapados de sangre de los enemigos de Israel, y esparcidos por los campos de batalla y de victoria. Proceden de esos limbos de regia vestidura hecha jirones en la lucha por el Señor.

En cambio ésta, blanca y delicada, que parece hecha con siete copas de seda que miran al cielo, llenas de perfumes, y que ha nacido allí, junto al fontanar — se la ha cogido su papá de entre las espinas —, está hecha con la vestidura que llevaba el rey Salomón cuando, el mismo mes en que nació esta Niña descendiente suya, muchos años — ¡oh, cuántos, cuántos antes¡ — muchos años antes, él, con la pompa cándida de sus vestiduras, caminó entre la multitud de Israel ante el Arca y ante el Tabernáculo, y se regocijó por la nube que volvía a circundar su gloria, y cantó el cántico y la oración de su gozo.

«Yo quiero ser siempre como esta flor, y, como el rey sabio, quiero cantar toda la vida cánticos y oraciones ante el Tabernáculo» termina así la boquita de María.

«¡Tesoro mío! ¿Cómo sabes estas cosas santas? ¿Quién te las dice? ¿Tu padre?».

«No. No sé quién es. Es como si las hubiera sabido siempre. Pero quizás me las dice alguien, alguien a quien no veo. Quizás uno de los ángeles que Dios envía a hablarles a los hombres buenos.

7.3

Mamá, ¿me sigues contando alguna otra historia?...».

«¡Oh, hija mía! ¿Cuál quieres saber?».

María se queda pensando; seria y recogida como está, habría que pintarla para eternizar su expresión. En su carita infantil se reflejan las sombras de sus pensamientos. Sonrisas y suspiros, rayos de sol y sombras de nubes pensando en la historia de Israel. Luego elige: «Otra vez la de Gabriel y Daniel, en que está la promesa del Cristo».

Y escucha con los ojos cerrados, repitiendo en voz baja las palabras que su madre le dice, como para recordarlas mejor. Cuando Ana termina, pregunta: «¿Cuánto falta todavía para tener con nosotros al Emmanuel?».

«Treinta años aproximadamente, querida mía».

«¡Cuánto todavía! Y yo estaré en el Templo... Dime, si rezase mucho, mucho, mucho, día y noche, noche y día, y deseara ser sólo de Dios, toda la vida, con esta finalidad, ¿el Eterno me concedería la gracia de dar antes el Mesías a su pueblo?».

«No lo sé, querida mía. El Profeta dice: “Setenta semanas”. Yo creo que la profecía no se equivoca. Pero el Señor es tan bueno — se apresura a añadir Ana, al ver que las pestañas de oro de su niña se perlan de llanto — que creo que si rezas mucho, mucho, mucho, se te mostrará propicio».

La sonrisa aparece de nuevo en esa carita ligeramente alzada hacia la madre, y un ojalito de sol que pasa entre dos pámpanas hace brillar las lágrimas del ya cesado llanto, cual gotitas de rocío colgando de los tallitos sutilísimos del musgo alpino.

7.4

­­«Entonces rezaré y me consagraré virgen para esto».

«Pero, ¿sabes lo que quiere decir eso?».

«Quiere decir no conocer amor de hombre, sino sólo de Dios. Quiere decir no tener ningún pensamiento que no sea para el Señor. Quiere decir ser siempre niña en la carne y ángel en el corazón. Quiere decir no tener ojos sino para mirar a Dios, oídos para oírle, boca para alabarle, manos para ofrecerse como hostias, pies para seguirle velozmente, corazón y vida para dárselos a Él».

«¡Bendita tú! Pero entonces no tendrás nunca niños, ¿sabes?; y a ti te gustan mucho los niños y los corderitos y las tortolitas. Un niño para una mujer es como un corderito blanco y crespo, como una palomita de plumas de seda y boca de coral: se le puede amar, besar; se puede oír que nos llama “mamá”».

«No importa. Seré de Dios. En el Templo rezaré. Y quizás un día vea al Emmanuel. La Virgen que debe ser Madre suya, como dice el gran Profeta, ya debe haber nacido y estar en el Templo... Yo seré compañera suya... y sierva suya. ¡Oh, sí! Si pudiera conocer, por luz de Dios, a esa mujer bienaventurada, querría servirla. Luego Ella me traería a su Hijo, me conduciría hacia su Hijo y así le serviría también a Él. ¡Fíjate, mamá!... ¡¡Servir al Mesías!!...». María se siente sobrepujada por este pensamiento que la sublima y la deja anonadada al mismo tiempo. Con las manitas cruzadas sobre su pecho y la cabecita un poco inclinada hacia adelante, y encendida de emoción, parece una infantil reproducción de la Virgen de la Anunciación que yo vi[1]. Y sigue diciendo: «¿Pero, el Rey de Israel, el Ungido de Dios, me permitirá servirle?».

«No lo dudes. ¿No dice el rey Salomón: “Sesenta son las reinas y ochenta las otras esposas y sin número las doncellas”? En ello puedes ver que en el palacio del Rey serán sin número las doncellas vírgenes que servirán a su Señor».

«¡Oh! ¿Lo ves como debo ser virgen? Debo serlo. Si Él por madre quiere una virgen, es señal de que estima la virginidad por encima de todas las cosas. Yo quiero que me ame a mí, su sierva, por esa virginidad que me hará un poco similar a su dilecta Madre... Esto es lo que quiero...

7.5

Querría también ser pecadora, muy pecadora, si no temiera ofender al Señor... Dime, mamá, ¿puede una ser pecadora por amor a Dios?».

«Pero, ¿qué dices, tesoro? No entiendo».

«Quiero decir: pecar para poder ser amada por Dios hecho Salvador. Se salva a quien está perdido, ¿no es verdad? Yo querría ser salvada por el Salvador para recibir su mirada de amor. Para esto querría pecar, pero no cometer un pecado que le disgustase. ¿Cómo puede salvarme si no me pierdo?».

Ana está atónita. No sabe ya qué decir.

Viene en su ayuda Joaquín, el cual, caminando sobre la hierba, se ha ido acercando, sin hacer ruido, por detrás del seto de sarmientos bajos. «Te ha salvado antes porque sabe que le amas y quieres amarle sólo a Él. Por ello tú ya estás redimida y puedes ser virgen como quieres» dice Joaquín.

«¿Sí, padre mío?». María se abraza a sus rodillas y le mira con las claras estrellas de sus ojos, muy semejantes a los paternos, y muy dichosos por esta esperanza que su padre le da.

«Verdaderamente, pequeño amor. Mira, yo te traía este pequeño gorrión que en su primer vuelo había ido a posarse junto a la fuente. Habría podido dejarlo, pero sus débiles alas no tenían fuerza para elevarlo en nuevo vuelo, ni sus patitas de seda para fijarlo a las musgosas piedras, que resbalaban. Se habría caído en la fuente. No he esperado a que esto sucediera. Lo he cogido y ahora te lo regalo. Haz lo que quieras con él. El hecho es que ha sido salvado antes de caer en el peligro. Lo mismo ha hecho Dios contigo. Ahora, dime, María: ¿he amado más al gorrión salvándolo antes, o lo habría amado más salvándolo después?».

«Ahora lo has amado, porque no has permitido que se hiciera daño con el agua helada».

«Y Dios te ha amado más, porque te ha salvado antes de que tú pecaras».

«Pues entonces yo le amaré completamente, completamente. Gorrioncito bonito, yo soy como tú. El Señor nos ha amado de la misma manera, salvándonos... Ahora voy a criarte y luego te dejaré suelto. Tú cantarás en el bosque y yo en el Templo las alabanzas del Señor, y diremos: “Envía a tu Prometido, envíaselo a quien espera”.

7.6

¡Oh, papá mío! ¿Cuándo me vas a llevar al Templo?».

«Pronto, perla mía. Pero, ¿no te duele dejar a tu padre?».

«¡Mucho! Pero tú vendrás... y, además, si no doliese, ¿qué sacrificio sería?».

«¿Y te vas a acordar de nosotros?».

«Siempre. Después de la oración por el Emmanuel rezaré por vosotros. Para que Dios os haga dichosos y os dé una larga vida... hasta el día en que Él sea Salvador. Luego diré que os tome para llevaros a la Jerusalén del Cielo».

La visión me cesa con María estrechada en el lazo de los brazos de su padre...

7.7

­Dice Jesús:

«Llegan ya a mis oídos los comentarios de los doctores de los tiquismiquis: “¿Cómo puede hablar así una niña que no ha cumplido aún tres años? Es una exageración”. Pero no piensan que ellos, alterando mi infancia con actos propios de adultos, dan de mí una imagen monstruosa.

La inteligencia no llega a todos de la misma manera y al mismo tiempo. La Iglesia ha establecido los seis años como la edad de responsabilidad de las acciones, porque esa es la edad en que incluso un niño retrasado puede distinguir, al menos rudimentariamente, el bien y el mal. Pero hay niños que mucho antes son capaces de discernir, entender y querer, con una razón ya suficientemente desarrollada. Que las pequeñas Imelde Lambertini, Rosa de Viterbo, Nellie Organ, Nennolina os proporcionen una base para creer — ¡oh, doctores difíciles! — que mi Madre podía pensar y hablar así. Sólo he considerado cuatro nombres al azar entre los millares de niños santos que, después de haber razonado como adultos en la tierra durante más o menos años, han venido a poblar mi Paraíso.

7.8

­¿Qué es la razón? Un don de Dios. Él, por tanto, puede darla con la medida que quiera, a quien quiera y cuando quiera. Es, además, una de las cosas que más os asemejan a Dios, Espíritu inteligente y que razona. La razón y la inteligencia fueron gracias otorgadas por Dios al Hombre en el Paraíso Terrenal. ¡Y qué vivas estaban cuando la Gracia moraba, aún intacta y operante, en el espíritu de los dos Primeros!

En el libro de Jesús Bar Sirac está escrito: “Toda sabiduría viene del Señor Dios y con Él ha estado siempre, incluso antes de los siglos”. ¿Qué sabiduría, pues, habrían tenido los hombres si hubieran conservado su filiación para con Dios?

Vuestras lagunas de inteligencia son el fruto natural de haber venido a menos en la Gracia y en la honestidad. Perdiendo la Gracia, habéis alejado de vosotros, durante siglos, la Sabiduría. Cual estrella fugaz que se oculta tras nebulosidades de kilómetros, la Sabiduría no ha seguido llegándoos con sus netos destellos, sino sólo a través de neblinas cada vez más oprimentes a causa de vuestras prevaricaciones.

Luego ha venido el Cristo y os ha vuelto a dar la Gracia, don supremo del amor de Dios. Pero ¿sabéis custodiar limpia y pura esta gema? No. Cuando no la rompéis con la voluntad individual de pecar, la ensuciáis con continuas culpas menores, con debilidades, o gravitando hacia el vicio (y ello, a pesar de no significar una verdadera unión con el septiforme vicio, debilita la luz de la Gracia y su actividad). Luego, además, siglos y siglos de corrupciones — que, deleté­reas, repercuten en lo físico y en la mente — han ido debilitando la magnífica luz de la inteligencia que Dios había dado a los Primeros.

7.9

­Pero María era no sólo la Pura, la nueva Eva recreada para alegría de Dios, era la super-Eva, era la Obra Maestra del Altísimo, era la Llena de Gracia, era la Madre del Verbo en la mente de Dios.

“Fuente de la Sabiduría” dice Jesús Bar Sirac “es el Verbo”. ¿Y el Hijo no va a haber puesto su sabiduría en los labios de su Madre?

Si a un Profeta que debía decir las palabras que el Verbo, la Sabiduría, le confiaba para transmitírselas a los hombres, le fue purificada la boca con carbones encendidos, ¿no va a haber depurado y elevado el Amor el habla de esa su Esposa niña que debía llevar en sí la Palabra, a fin de que no hablase primero como niña y luego como mujer, sino sólo y siempre como criatura celeste fundida con la gran luz y sabiduría de Dios?

El milagro no está en el hecho de que María — como luego Yo — mostrara en edad infantil una inteligencia superior. El milagro está en el hecho de contener a la Inteligencia infinita — que en Ella moraba — en los diques convenientes para no pasmar a las multitudes y para no despertar la atención satánica.

En otra ocasión seguiré hablando de esto, que está en relación con ese “recordarse” que los santos tienen de Dios».


Notes

  1. il marcha, comme il est écrit en 1 R 8, 1-5.
  2. la parole de la prophétie de Dn 9, 20-27, qui sera interprétée en 10.5 et en 41.3/4.
  3. la Vierge de l’Annonciation est la sainte image vénérée dans la basilique de la Ss. Annunciata à Florence, comme nous le verrons en 27.1.
  4. dit-il, en Ct 6, 8.
  5. Il est dit, en Si 1, 1-8.
  6. Un prophète, c’est-à-dire Isaïe, comme on le voit en Is 6, 6-7. Ce fait est cité à plusieurs reprises dans “ L’Evangile tel qu’il m’a été révélé ”, que ce soit sous forme directe (comme ici et, par exemple, en 166.8 et en 626.2) ou indirecte (comme en 364.8). Mais ce sont surtout les prophéties messianiques qui sont rappelées (voir les notes de 561.11 et de 577.4).

Notas

  1. parece una infantil reproducción de la Virgen de la Anunciación que yo vi. Podría tratarse no de la visión que la autora había tenido acerca de la Anunciación, sino del conocido fresco que está en la Basílica de la Santísima Virgen de la Anunciación en Florencia. Relacionarlo con 27.1