The Writings of Maria Valtorta

7. La petite Marie avec Anne et Joachim.

7. Little Mary with Anne and Joachim.

7.1

Je vois encore Anne. Depuis hier soir, je la vois ainsi : assise à l’entrée d’une tonnelle ombragée, occupée à un travail de couture. Elle est entièrement vêtue de gris sable. C’est un vêtement très simple et dénoué, peut-être parce qu’il fait très chaud.

Au bout de la tonnelle, on voit des faucheurs couper le foin. Il semble toutefois qu’il s’agit du regain car le raisin est déjà en train de prendre une couleur dorée, et un gros pommier laisse voir, à travers un feuillage sombre, ses fruits qui mûrissent en jaune et rouge clair ; d’ailleurs, le champ de blé n’est plus que du chaume où ondulent gracieusement les flammes des coquelicots et où se dressent des bleuets, droits et sereins, rayés comme une étoile et azurés comme un ciel d’orient.

Marie, toute petite mais déjà vive et indépendante, arrive de la tonnelle. Ses petits pas sont assurés et ses sandalettes blanches ne trébuchent pas dans les cailloux. Elle laisse déjà deviner sa douce démarche légèrement ondulante de colombe. Elle est toute blanche, comme une petite colombe, dans un vêtement de lin qui lui descend jusqu’aux chevilles, ample et froncé au cou par un cordonnet bleu clair ; des manches courtes laissent voir des avant-bras roses et potelés. Avec ses cheveux soyeux et blonds comme le miel, pas très frisés mais légèrement ondulants, qui se ter­minent en boucles, ses yeux couleur de ciel, son joli minois légèrement rosé et tout sourire, on dirait un petit ange. Même la brise qui entre dans ses manches amples et gonfle aux épaules sa petite robe de lin, contribue à la faire ressembler à un angelot aux ailes déjà à demi-ouvertes pour l’envol.

Elle tient des coquelicots, des bleuets et d’autres fleurs des champs qui poussent au milieu des blés, mais dont j’ignore le nom. Elle marche et, quand elle est tout près de sa mère, elle pique une brève course en poussant un cri joyeux ; comme une petite tourterelle, elle arrête son vol contre les genoux de sa mère, qui s’écartent un peu pour l’accueillir, pendant qu’Anne, mettant son travail de côté pour éviter qu’elle ne se pique, lui tend les bras pour l’embrasser.

La vision reprend ce matin à l’endroit où elle s’est arrêtée hier soir.

« Maman, Maman ! »

La tourterelle blanche est blottie dans le nid des genoux maternels, les pieds sur l’herbe rase et le visage sur le sein de sa mère, si bien qu’on ne voit plus que l’or pâle de ses cheveux sur la petite nuque ; Anne s’incline pour l’embrasser avec amour.

7.2

Puis la tourterelle relève la tête et offre toutes ses fleurs à sa mère, et pour chacune elle raconte une histoire qu’elle invente.

Celle-ci, si bleue et si grande, est une étoile tombée du ciel pour apporter un baiser du Seigneur à sa maman. Qu’elle l’embrasse là, cette petite fleur céleste, sur son cœur, bien sur son cœur, et elle lui trouvera le goût de Dieu.

Cette autre, en revanche, d’un bleu plus pâle, comme les yeux de son père, porte inscrit sur ses feuilles que le Seigneur aime beaucoup son papa parce qu’il est bon.

Et celle-ci, la toute petite, la seule qu’elle ait trouvée – c’est un myosotis –, est celle que le Seigneur a créée pour dire à Marie qu’il l’aime beaucoup.

Quant à ces rouges-ci, sa mère sait-elle ce qu’elles sont ? Ce sont des morceaux du vêtement du roi David, trempés dans le sang des ennemis d’Israël et semés sur les champs de bataille et de victoire. Elles sont nées de ces pans de vêtement royal déchirés dans le combat héroïque pour le Seigneur.

Mais cette blanche-là, si gracieuse, paraît composée de sept coupes soyeuses qui regardent vers le ciel et embaument ; elle est née là, à côté de la source, et c’est son père qui l’a cueillie pour elle au milieu des épines. On la croirait faite avec le vêtement que le roi Salomon portait lorsque, le mois même où sa petite-fille était née, bien des années auparavant – ah, combien d’années avant ! –, il marcha[1], revêtu de splendides atours blancs, au milieu de la foule d’Israël, devant l’Arche et la Tente ; jubilant à la vue de la nuée revenue entourer sa gloire, il chanta le cantique et la prière de sa joie.

« Je veux être toujours comme cette fleur et, comme ce roi sage, je veux chanter toute ma vie des cantiques et des prières devant la Tente, achève Marie de sa petite bouche.

– Ma joie ! Comment connais-tu ces choses saintes ? Qui te les a apprises ? Ton père ?

– Non. Je ne sais pas qui c’est. J’ai l’impression de les avoir toujours sues. Mais c’est peut-être quelqu’un qui me les dit mais que je ne vois pas. Peut-être l’un des anges que Dieu envoie parler aux hommes bons.

7.3

Maman, tu m’en racontes encore une ?…

– Oh, ma fille ! Quelle histoire veux-tu encore connaître ? »

Marie réfléchit, sérieuse et recueillie. Il faudrait la peindre pour immortaliser son expression. L’ombre de ses pensées se reflète sur son visage d’enfant. Comme elle pense à l’histoire d’Israël, ce sont autant de sourires et de soupirs, de rayons de soleil et d’ombres de nuages. Puis elle choisit :

« Encore la parole[2] de Gabriel à Daniel, celle où le Christ nous est promis. »

Elle écoute les yeux fermés et répète lentement les paroles de sa mère, comme pour mieux s’en souvenir. Quand Anne termine, elle demande :

« Combien de temps faut-il encore pour que l’Emmanuel vienne ?

– Environ trente ans, ma chérie.

– Encore tout ce temps ! Et moi, je serai au Temple… Dis-moi : si je priais beaucoup, beaucoup, beaucoup, jour et nuit, nuit et jour, et si dans ce but je voulais appartenir à Dieu seul pendant toute ma vie, l’Eternel me ferait-il la grâce de donner le Messie à son peuple plus tôt ?

– Je ne sais pas, ma chérie. Le prophète dit : “ Soixante-dix semaines. ” Je pense que la prophétie ne ment pas. Mais le Seigneur est si bon, se hâte d’ajouter Anne en voyant perler une larme sur le cil d’or de sa fille, que je crois que si tu pries beaucoup, beaucoup, beaucoup, il t’exaucera. »

Le sourire revient sur le petit visage légèrement levé vers sa mère, et un éclair de soleil qui passe entre deux pampres fait briller des larmes déjà arrêtées, comme s’il s’agissait de gouttelettes de rosée suspendues aux fines tiges de mousse alpine.

7.4

« Alors je vais prier et je resterai vierge pour cela.

– Sais-tu seulement ce que cela signifie ?

– ça veut dire ne pas connaître l’amour d’un homme, mais seulement celui de Dieu. Ça veut dire n’avoir de pensée pour personne d’autre que pour le Seigneur. Ça veut dire garder la chair d’un enfant et avoir le cœur d’un ange. Ça veut dire uti­liser ses yeux uniquement pour regarder Dieu, ses oreilles uniquement pour l’écouter, sa bouche uniquement pour le louer, ses mains uniquement pour s’offrir en hostie, ses pieds uniquement pour se dépêcher de le suivre, son cœur et sa vie pour les lui donner.

– Bénie es-tu ! Mais dans ce cas tu n’auras jamais d’enfant, toi qui aimes tant les enfants, les petits agneaux et les tourte­relles… Tu sais ? Pour une femme, un enfant est comme un agneau blanc et frisé, ou comme une petite colombe au plumage soyeux et au bec de corail qu’on peut aimer, embrasser et qu’on entend vous dire : “ Maman. ”

– Peu importe. J’appartiendrai à Dieu. Je prierai au Temple. Un jour, peut-être, je verrai l’Emmanuel. La vierge qui doit être sa mère, aux dires du grand prophète, doit être déjà née et elle est au Temple… Je lui servirai de compagne… de servante… Oh oui ! Si je pouvais la reconnaître, grâce à une lumière de Dieu, je voudrais la servir, cette mère bienheureuse ! Après, elle me porterait son fils, elle m’emmènerait vers son fils, et je le servirais lui aussi. Pense donc, maman ! Servir le Messie… »

Marie est tout excitée à cette idée, qui l’enthousiasme et l’anéantit à la fois. Les mains croisées sur la poitrine et la tête légèrement penchée en avant, emportée par l’émotion, on dirait une reproduction enfantine de la Vierge de l’Annonciation[3] que j’ai vue. Elle reprend :

« Mais est-ce que le Roi d’Israël, l’Oint de Dieu, me permettra de le servir ?

– N’en doute pas. Le roi Salomon ne dit-il[4] pas : “ Il y a soi­xante reines et quatre-vingts concubines ! Et des jeunes filles sans nombre ” ? Tu vois que les jeunes vierges qui serviront leur Seigneur au palais du Roi seront innombrables.

– Ah, tu vois donc bien que je dois être vierge ? Je le dois. S’il veut une vierge pour mère, c’est le signe qu’il aime la virginité plus que tout. Je veux qu’il m’aime, moi sa servante, pour la virginité qui me rendra un peu semblable à sa mère bien-aimée…

Oui, c’est ce que je veux…

7.5

Je voudrais même pécher, pécher beaucoup, si je n’avais pas peur d’offenser le Seigneur… Dis-moi, maman : peut-on être pécheur par amour pour Dieu ?

– Mais que dis-tu là, mon trésor ? Je ne te comprends pas.

– Voici ce que je pense : pécher pour pouvoir être aimée de Dieu qui devient Sauveur. On sauve ce qui est perdu, n’est-ce pas ? Je voudrais être sauvée par le Sauveur pour qu’il me regarde avec amour. C’est pour ça que je voudrais pécher, mais sans faire de péché qui le dégoûte. Comment peut-il me sauver si je ne me perds pas ? »

Anne est abasourdie. Elle ne sait plus quoi dire.

Mais Joachim vient à son secours. Comme il marchait sur l’herbe, il s’est approché sans faire de bruit derrière la haie de ceps bas.

« Il t’a sauvée d’avance, parce qu’il sait que tu l’aimes et que tu ne veux aimer que lui. C’est pourquoi tu es déjà rachetée, et tu peux rester vierge comme tu le désires, déclare-t-il.

– Vraiment, papa ? »

Marie se serre contre ses genoux et le regarde avec des yeux semblables à de claires étoiles qui ressemblent tellement à ceux de son père et expriment un tel bonheur devant l’espoir qu’il lui donne.

« C’est vrai, mon petit amour. Regarde : je t’apportais ce petit passereau qui a fait son premier vol près de la fontaine. J’aurais pu le laisser partir, mais ses faibles ailes et ses pattes trop grêles n’avaient pas assez de force pour le soulever à nouveau et le retenir sur les pierres glissantes et pleines de mousse. Il serait tombé dans l’eau. Je n’ai pas attendu que cela arrive. Je l’ai pris et je te le donne. Tu en feras ce que tu voudras. Le fait est qu’il a été sauvé avant d’encourir le danger. C’est aussi ce que Dieu a fait avec toi. Maintenant, dis-moi, Marie, ai-je aimé davantage le passereau en le sauvant d’avance, ou l’aurais-je plus aimé en le sauvant après la chute ?

– C’est maintenant que tu l’as le plus aimé, puisque tu n’as pas permis qu’il se fasse mal dans l’eau glacée.

– Eh bien ! Dieu t’a aimée davantage, puisqu’il t’a sauvée avant que tu ne pèches.

– Dans ce cas, je l’aimerai de toutes mes forces. De toutes mes forces. Joli petit oiseau, je suis comme toi. Le Seigneur nous a aimés pareillement, en nous accordant le salut… Je vais te soigner, puis je te laisserai partir. Tu chanteras les louanges de Dieu dans les bois et moi au Temple. Nous dirons : “ Envoie, envoie celui que tu as promis à ceux qui l’attendent. ”

7.6

Oh, papa ! Quand vas-tu donc me conduire au Temple ?

– Bientôt, ma perle. Mais cela ne te fait rien de quitter ton père ?

– Oh si, beaucoup ! Mais tu viendras… et puis, si ça ne faisait pas mal, où serait le sacrifice ?

– Tu te souviendras de nous ?

– Toujours. Après la prière pour l’Emmanuel, je prierai pour vous. Que Dieu vous donne joie et longue vie… jusqu’au jour où il sera le Sauveur. Ensuite, je lui dirai de vous prendre pour vous emmener à la Jérusalem des cieux. »

La vision s’arrête sur l’image de Marie blottie dans les bras de son père…

7.7

Jésus dit :

« J’entends déjà les commentaires des docteurs en ergoterie : “ Comment une enfant de moins de trois ans peut-elle parler ainsi ? C’est exagéré ! ” Ils ne réfléchissent qu’ils font de moi un phénomène en faisant passer mon enfance pour une conduite d’adulte.

L’intelligence ne vient pas à tous de la même façon et au même âge. L’Eglise a fixé à six ans l’âge auquel on est responsable de ses actes, parce que c’est l’âge auquel tout enfant, même retardé, peut distinguer le bien du mal, ne serait-ce que de façon rudimentaire. Mais il y a des enfants qui peuvent bien plus tôt discerner, comprendre et vouloir avec une raison déjà suffisamment développée. La petite Imelde Lambertini, Rose de Viterbe, Nellie Organ, Nennolina vous donnent un exemple probant qui vous permet de croire, ô docteurs exigeants, que ma Mère a pu penser et parler ainsi. Encore n’ai-je pris que quatre noms au hasard parmi les milliers d’enfants saints qui peuplent mon Paradis après avoir raisonné en adultes sur la terre pendant plus ou moins d’années.

7.8

Qu’est-ce que la raison ? Un don de Dieu. Dieu peut donc l’accorder dans la mesure qu’il veut, à qui il veut et au moment où il le veut. Mieux, la raison est l’un des éléments qui vous font ressembler à Dieu, qui est Esprit intelligent et doué de raison. La raison et l’intelligence furent des dons gratuits accordés par Dieu à l’homme au paradis terrestre. Et comme elles étaient vives quand la grâce était vive, encore intacte et à l’œuvre dans l’âme des deux premiers parents !

Il est dit[5], dans le livre de Jésus ben Sirach : “ Toute sagesse vient du Seigneur, elle est près de lui à jamais. ” Quelle sagesse les hommes auraient-ils donc possédée s’ils étaient restés enfants de Dieu !

Les lacunes de votre intelligence sont le résultat naturel de votre déchéance dans la grâce et l’honnêteté. Par la perte de la grâce, vous avez éloigné de vous la Sagesse, et cela pour des siècles. Comme un météore qui se dissimule derrière des kilomètres de nébuleuses, la Sagesse ne vous est plus parvenue avec netteté, mais au travers de brumes que votre corruption ne cesse d’épaissir.

Puis le Christ est venu, et il vous a rendu la grâce, ce don suprême de l’amour de Dieu. Mais savez-vous garder ce joyau net et pur ? Non. Quand vous ne la brisez pas par la volonté individuelle de pécher, vous la souillez par vos continuelles fautes de moindre importance, par vos faiblesses, votre sympathie pour le vice et même par les sympathies qui, sans être de véritables alliances avec le vice septiforme, n’en affaiblissent pas moins la lumière de la grâce et de son action. Vous avez ensuite, pour assombrir la magnifique lumière de l’intelligence que Dieu avait donnée à vos premiers parents, des siècles de corruption qui ont répercuté leur action néfaste sur vos forces physiques et vos facultés intellectuelles.

7.9

Or Marie n’était pas seulement la femme pure, la nouvelle Eve recréée pour faire la joie de Dieu : elle était plus qu’Eve, elle était le chef-d’œuvre du Très-Haut, elle était la Pleine de grâce, elle était la Mère du Verbe dans l’esprit de Dieu.

“ Le Verbe est la source de la Sagesse ”, dit Jésus ben Sirach. Le Fils n’aurait-il donc pas mis sa propre sagesse sur les lèvres de sa Mère ?

Un prophète[6] chargé de dire les paroles que le Verbe – la Sagesse – lui inspirait de transmettre aux hommes eut les lèvres purifiées par un chardon ardent : et l’Amour n’aurait pas donné netteté et élévation de langage à son Epouse encore enfant qui devait porter la Parole en son sein ? Elle ne devait plus parler d’abord en enfant puis en femme, mais uniquement et toujours en créature céleste en qui la grande lumière et la sagesse de Dieu étaient infuses.

Le miracle ne réside pas dans l’intelligence supérieure manifestée dès l’enfance par Marie, puis par moi. Le miracle, c’est de pouvoir contenir l’Intelligence infinie qui habitait en nous, dans des limites qui permettent de ne pas frapper d’émerveillement les foules et de ne pas éveiller l’attention de Satan.

Je reviendrai sur ce thème, qui entre dans la catégorie des “ souvenirs ” que les saints ont de Dieu. »

7.1

I see Anne once again: since yesterday evening I see her in this way: sitting at the entrance of the shady pergola, busy with her needlework. She is wearing a grey sand coloured dress, a very simple one and very wide, probably because of the great heat.

At the end of the pergola the mowers can be seen cutting the hay. But it cannot be first-crop hay because the grapes are almost golden coloured and the fruits of a large apple-tree are like shiny yellow and red wax. The cornfield is nothing but stubble with poppies waving like tiny flames and stiff and clear cornflowers shaped like stars and as blue as the eastern sky.

A little Mary comes out from the shady pergola: She is already quick and independent. Her short step is steady and Her white sandals do not stumble amongst the pebbles. Her graceful gait already resembles the slightly undulating step of a dove, and She is all white — like a little dove — in Her linen dress which reaches down to Her ankles. It is a wide dress curled at the neck by a blue ribbon and the short sleeves show rosy and plump forearms. She looks like a little angel: Her hair is silky and honey-blonde, not very curly but gracefully wavy ending in curls: Her eyes are sky blue, Her sweet little face is rosy and smiling. Also the breeze that puffs through the shoulders of Her linen dress through Her wide sleeves makes her look like a little angel with wings half-open, ready to fly.

In Her hands she has poppies, cornflowers and other flowers that grow in cornfields, but I do not know their names. She is walking and when She is near Her mother She starts running, shouting joyfully and, like a little dove, She ends Her flight against Her mother’s knees who has opened them to receive Her. Anne has put her needlework aside so that She does not get pricked and has opened her arms to embrace Her.

So far until yesterday evening, and this morning She reappears and continues as follows.

«Mummy, Mummy!» The little white dove is completely in the nest of Her mother’s knees, touching the short grass with Her little feet and hiding Her face in Her mother’s lap, so that only Her golden hair can be seen on the nape of Her neck over which Anne bends to kiss it fondly.

7.2

Then She lifts Her head and offers Her mother flowers. They are all for Her mummy and for each one She tells the story She has invented.

“This blue and big one, is a star which has come down from Heaven to bring the kiss of the Lord to My mummy. Here: kiss this little celestial flower there, on its heart, and you will see that it tastes of God.

This other one, instead, which is a paler blue, like daddy’s eyes, has written on its leaves that the Lord loves daddy very much because he is good.

And this tiny little one, the only one to be found, (it is a myosote), is the one that God made to tell Mary that He loves Her.

And these red ones, does mummy know what they are? They are pieces of king David’s dress, stained with the blood of the enemies of Israel and sown on the battlefields and the fields of victory. They originate from those strips of the heroic regal dress torn in the struggle for the Lord.

Instead this white and gentle one, that seems to be made with seven silk cups looking up to the sky, full of perfumes, and that was growing over there, near the spring — daddy picked it for Her amongst the thorns — is made with the dress of Solomon. He wore it, so many many years before, in the same month in which his little granddaughter was born, when he walked[1] in the midst of the multitudes of Israel before the Ark and the Tabernacle, in the splendid majesty of his robes. And he rejoiced because of the cloud which returned to encircle his glory, and he sang the canticle and the prayer of his joy.”

«I always want to be like this flower, and throughout My life, like the wise King, I want to sing canticles and prayers before the Tabernacle» end Mary.

«How do You know these holy things, my darling? Who told You? Your father?»

«No. I do not know who it is. I think I have always known them. Perhaps there is someone who tells Me and I do not see him. Perhaps one of the angels that God sends to speak to good people.

7.3

Mummy, will you tell Me another story?»

«Oh, my dear! Which story do You wish to know?»

Mary is thinking, deeply absorbed in Her thoughts. Her expression should be immortalized in a portrait. The shadows of Her thoughts are reflected on Her childish face. There are smiles and sighs, sunshine and clouds, thinking of the history of Israel. Then She makes up Her mind: «Once again the story of Gabriel and Daniel, where Christ is promised[2]

And She listens, with Her eyes closed, repeating in a low voice the words Her mother says, as if to remember them better. When Anne finishes She asks: «How long will it be before we have the Immanuel?»

«About thirty years, my darling.»

«Such a long time! And I shall be in the Temple… Tell Me, if I should pray very hard, so hard, day and night, night and day, and I wanted to belong only to God, for all My life, for this purpose, would the Eternal Father grant Me the grace of sending the Messiah to His people sooner?»

«I do not know, my dear. The Prophet states: “Seventy weeks”. I do not think a prophecy can be wrong. But the Lord is so good» she hastens to add, seeing tears appear on the fair eyelashes of her child, «the Lord is so good that I believe that if You do pray very hard, so hard, He will hear Your prayer.»

A smile appears once again on Her little face, which She has lifted up towards Her mother and the rays of the sun, filtering through the vine branches cause Her tears to shine like dew-drops on very thin stems of alpine moss.

7.4

«Then I will pray and I shall be a virgin for this.»

«But do you know what that means?»

«It means that one does not know human love, but only the love of God. It means that one has no other thought but for the Lord. It means to remain children in the flesh and angels in the heart. It means that one has no eyes but to look at God, and ears to listen to Him, and a mouth to praise Him, hands to offer oneself as a victim, feet to follow Him fast, and a heart and a life to be given to Him.»

«May God bless You! But then You will never have any children, and yet You love babies and little lambs and doves so much… Do You know that? A baby is for his mother like a little white and curly lamb, he is like a little dove with silk feathers and a coral mouth to be loved and kissed and hear the words: “Mummy!”»

«It does not matter. I shall belong to God. I shall pray in the Temple. And perhaps one day I will see the Immanuel. The Virgin who is to be His Mother must be already born, as the great Prophet says, and She is in the Temple… I will be Her companion… and maidservant. Oh! Yes. If I could only meet Her, by God’s light, I would like to serve Her, the Blessed One. And then, She would bring Me Her Son, She would take Me to Her Son, and I would serve Him too… Just think, mummy!… To serve the Messiah!!» Mary is overcome by this thought that exalts Her and makes Her totally humble at the same time. With Her hands crossed over Her breast and Her little head slightly bent forward and flushed with emotion, She is like an infantile reproduction of the Annunciation that I saw. She resumes: «But will the King of Israel, the Lord’s Anointed, allow Me to serve Him?»

«Have no doubts about that. Does King Solomon not say[3]: “There are sixty queens and eighty concubines and countless maidens?” You can see that in the King’s palace there will be countless maidens serving the Lord.»

«Oh! You can see then that I must be a virgin? I must. If He wants a virgin as His Mother, it means that He loves virginity above all things. I want Him to love Me, His maiden, because of the virginity which will make Me somewhat like His beloved Mother… This is what I want…

7.5

I would also like to be a sinner, a big sinner, if I were not afraid of offending the Lord… Tell Me, mummy, can one be a sinner out of love of God?»

«But what are You saying, my dear? I don’t understand You.»

«I mean: to commit a sin in order to be loved by God, Who becomes the Saviour. He who is lost, is saved. Isn’t that so? I would like to be saved by the Saviour to receive His loving look. That is why I would like to sin, but not to commit a sin that would disgust Him. How can He save Me if I do not get lost?»

Anne is dumbfounded. She does not know what to say.

Joachim helps her. He has approached them walking noiselessly on the grass, behind the low hedge of vine-shoots. «He has saved You beforehand, because He knows that You love Him and You want to love Him only. So You are already redeemed and You can be a virgin as You wish» says Joachim.

«Is that true, daddy?» Mary embraces his knees and looks at him with Her clear blue eyes, so like Her father’s and so happy because of this hope She gets from Her father.

«It is true, my little darling. Look! I was just bringing You this little sparrow, that at its first flight landed near the spring. I could have left it there but its weak wings did not have enough strength to fly off again, and its tiny legs could not hold onto the slippery moss stones. It would have fallen into the water. But I did not wait for that. I took it and now I am giving it to You. You will do what you like with it. The fact is that it was saved before it fell into danger. God has done the same with You. Now, tell me, Mary: have I loved the sparrow more by saving it beforehand, or would I have loved it more saving it afterwards?»

«You have loved it now, because you did not let it get hurt in the cold water.»

«And God has loved You more, because He has loved You before You sinned.»

«And I will love Him wholeheartedly. Wholeheartedly. My beautiful little sparrow, I am like you. The Lord has loved us both equally, by saving us… I will now rear you and then I will let you go. And you in the forest and I in the Temple will sing the praises of God, and we shall say: “Please send the One You promised to those who expect Him”.

7.6

Oh! Daddy, when will you take Me to the Temple?»

«Soon, my dear. But are You not sorry to leave Your father?»

«Yes, very much! But you will come… in any case, if it did not hurt, what sacrifice would it be?»

«And will You remember us?»

«I always will. After the prayer for the Immanuel I will pray for you. That God may give you joy and a long life… until the day He becomes the Saviour. Then I will ask Him to take you to the celestial Jerusalem.»

The vision ends with Mary tightly clasped in Her father’s arms.

7.7

Jesus says:

«I can already hear the comments of the “doctors” with captious objections: “How can a little girl not yet three years old speak in this way? It is an exaggeration”. And they do not consider that they make a monster of Me by ascribing adults’ actions to My own childhood.

Intelligence is not given to everybody in the same way and at the same time. The Church has fixed the age of reason at six years of age, because that is the age when even a backward child can tell good from evil, at least in basically important matters. But there are children who long before that age are capable of discerning and understanding and wanting with sufficiently developed discretion. Little Imelde Lambertini, Rosa da Viterbo, Nellie Organ, Nennolina may give you confirmation, o difficult doctors, to believe that My Mother was able to think and speak like that. I have quoted four names at random amongst the thousands of holy children who populate My Paradise, after reasoning on earth as adults for possibly more or less years.

7.8

What is reason? A gift of God. God can therefore give it as He wishes, to whom He wishes and when He wishes. Reason in fact is one of the things that makes you more like God, the Intelligent and Reasoning Spirit. Reason and intelligence were graces given by God to Man in the Earthly Paradise. How full of life they were, when Grace was alive, still intact and active in the spirit of the first two Parents!

The Book of Jesus Ben Sirach states[4]: “All wisdom is from the Lord, and it is His own forever”. What wisdom, therefore, would men have had, had they remained children of God?

The gaps in your intelligence are the natural fruits of your fall from Grace and honesty. By losing Grace you banished Wisdom for centuries. As a meteor, which is hidden behind masses of clouds, Wisdom no longer reached you with its bright flashes, but through mist which your prevarications have rendered thicker and thicker.

Then Christ came and He restored Grace, the supreme gift of the love of God. But do you know how to keep this gem clear and pure? No, you do not. When you do not crush it with your individual will in sinning, you soil it with your continuous minor faults, your weaknesses, your attachment to vice. Such attempts, even if they are not a proper marriage with the septiform vice, are a weakening of the light of Grace and of its activity. And then, to weaken the magnificent light of intelligence that God had given the First Parents, you have centuries and centuries of corruption, which exert a harmful influence on the body and on the mind.

7.9

But Mary was not only the Pure, the new Eve created for the joy of God: She was the super Eve, the Masterpiece of the Most High, She was Full of Grace, the Mother of the Word in the mind of God.

Jesus Ben Sirach says: “Source of Wisdom is the Word”. Will the Son therefore not have put His wisdom on His Mother’s lips?

If the mouth of a Prophet was purified with embers, because he had to repeat to men the words that the Word, the Wisdom, entrusted to Him, will Love not have cleansed and exalted the speech of his infant Spouse Who was to bear the Word, so that She should no longer speak as a little girl and then as a woman, but only and always as a celestial creature melted in the great light and wisdom of God?

The miracle is not in the superior intelligence shown by Mary in Her childhood, as afterwards it was by Me. The miracle is in containing the Infinite Intelligence, that dwelled there, within suitable bounds, so that crowds should not be startled and satanic attention should not be awakened.

I will talk again about this subject which is part of the “remembrance” which saints have of God.»


Notes

  1. il marcha, comme il est écrit en 1 R 8, 1-5.
  2. la parole de la prophétie de Dn 9, 20-27, qui sera interprétée en 10.5 et en 41.3/4.
  3. la Vierge de l’Annonciation est la sainte image vénérée dans la basilique de la Ss. Annunciata à Florence, comme nous le verrons en 27.1.
  4. dit-il, en Ct 6, 8.
  5. Il est dit, en Si 1, 1-8.
  6. Un prophète, c’est-à-dire Isaïe, comme on le voit en Is 6, 6-7. Ce fait est cité à plusieurs reprises dans “ L’Evangile tel qu’il m’a été révélé ”, que ce soit sous forme directe (comme ici et, par exemple, en 166.8 et en 626.2) ou indirecte (comme en 364.8). Mais ce sont surtout les prophéties messianiques qui sont rappelées (voir les notes de 561.11 et de 577.4).

Notes

  1. he walked, 1 Kings 8.
  2. is promised, Daniel 9:20-27.
  3. say, Song of Songs 6:8.
  4. states: the book of Sirach 1:1-8.