Los Escritos de Maria Valtorta

76. A Yutta chez le berger Isaac. Sarah et ses enfants.

76. En Yuttá, en casa del pastor Isaac.

76.1

Je vois une fraîche vallée où grondent les eaux d’un petit torrent d’argent qui coule vers le sud en bondissant et en écumant ; il fait jaillir sa riante fraîcheur sur les petits pâturages de ses rives, mais on dirait que son humidité remonte aussi sur les pentes tant elles sont vertes : c’est de l’émeraude aux teintes variées qui se diffuse du sol à travers buissons et arbustes du sous-bois, jusqu’à la cime de grands arbres, parmi lesquels on voit de nombreux noyers. Cette forêt est entrecoupée de clairières qui sont de verts plateaux d’herbe grasse, des pâtu­rages sains où les troupeaux refont leurs forces.

Jésus descend avec ses disciples et les trois bergers vers le torrent. Patiemment, il s’arrête quand il faut attendre une brebis attardée ou l’un des bergers qui doit courir après un agneau qui a perdu son chemin. C’est tout à fait le Bon Berger, maintenant. Il s’est muni lui aussi d’une longue branche pour écarter les tiges des ronces, des aubépines et des clématites qui surgissent de tous côtés et cherchent à s’agriffer aux vêtements. Cela complète sa physionomie pastorale.

« Tu vois, Yutta est là-haut. Nous allons passer le torrent. Il y a un gué utilisable en été sans aller jusqu’au pont. Il aurait été plus court de venir par Hébron, mais tu ne l’as pas voulu.

– Non, nous irons à Hébron plus tard. La priorité va toujours à ceux qui souffrent.

76.2

Les morts ne souffrent plus, quand ce sont des justes. Or Samuel était un juste. Ensuite, pour les morts qui ont besoin de prières, il n’est pas nécessaire d’être auprès de leurs ossements pour les réciter.

Les ossements ? Qu’est-ce ? La preuve de la puissance de Dieu qui a tiré l’homme de la poussière. Pas autre chose. L’animal lui-même a des os. Un squelette moins parfait que celui de l’homme, pour tout animal. Seul l’homme, le roi de la création, a la position droite du roi qui domine ses sujets, avec un visage qui regarde en face et en haut, sans avoir besoin de se tordre le cou. En haut, là où se trouve la demeure du Père. Mais ce sont toujours des ossements, de la poussière qui retourne à la poussière. La Bonté éternelle a décidé de la reconstruire au Jour éternel pour donner aux bienheureux une joie encore plus vive. Pensez-y : non seulement les âmes seront réunies et s’aimeront comme sur la terre et beaucoup plus, mais ils seront heureux de se revoir sous l’aspect qu’ils eurent sur la terre : les chers bébés aux cheveux bouclés comme l’étaient ceux des tiens, Elie, les pères et les mères aux cœurs et aux visages resplendissants d’amour comme les vôtres, Lévi et Joseph. Et même toi, Joseph, tu pourras enfin con­naître ces vi­sages dont tu as la nostalgie. Plus d’orphelins, plus de veufs, parmi les justes, là haut…

Les suffrages pour les morts, on peut les offrir partout. C’est la prière d’une âme pour une âme qui nous était unie, à l’Esprit parfait qui est Dieu et qui est partout. O sainte liberté de tout ce qui est spirituel ! Pas de distances, pas d’exils, pas de prisons, pas de tombeaux… Rien qui divise et enchaîne à une impuissance pénible ce qui est en dehors et au-dessus des liens charnels. Vous allez, avec ce qu’il y a de meilleur en vous, vers vos bien-aimés. Eux vous rejoignent avec ce qu’ils ont de meilleur. Et tout, dans ces effusions d’esprits qui s’aiment, évolue autour du Feu éternel de Dieu, Esprit absolument parfait, Créateur de tout ce qui fut, est et sera, Amour qui vous aime et vous apprend à aimer…

76.3

Mais nous voici arrivés au gué, je crois. Je vois une rangée de pierres qui affleurent sur le peu d’eau qu’il y a au fond.

– Oui, c’est celui-là, Maître. En temps de crue, c’est une cascade grondante, mais à cette époque elle ne forme plus que sept ruisselets qui rient en passant dans les intervalles des six grosses pierres du gué. »

En fait, six grosses pierres à peu près carrées sont posées à une bonne main l’une de l’autre au fond du torrent et l’eau, qui formait d’abord un unique ruban brillant, se sépare en sept petits rubans puis, dans sa course riante, elle se hâte de se réunir au delà du gué en une fraîcheur unique qui s’éloigne au galop, tout en bavardant avec le gravier du fond.

Les bergers surveillent le passage des brebis qui, en partie, passent sur les pierres, et en partie préfèrent descendre dans l’eau, qui n’a pas plus d’une main de profondeur et boire cette onde de diamant qui écume et pétille.

Jésus passe sur les pierres, et derrière lui les disciples. Ils reprennent leur marche sur l’autre rive.

76.4

« Tu m’as dit que tu veux faire savoir à Isaac que tu es ici, mais sans entrer dans le village ?

– Oui, c’est ce que je veux.

– Alors, ce serait bien de se séparer. Moi, j’irai le trouver. Lévi et Joseph resteront avec le troupeau et avec vous. Je monte à partir d’ici, ce sera plus rapide. »

Et Elie se met à gravir la pente vers un groupe de maisons toutes blanches qui resplendissent au soleil, tout là-haut. J’ai l’impression de le suivre. Le voilà aux premières maisons. Il prend un sentier entre les maisons et les jardins. Il fait quelques dizaines de mètres, puis tourne sur un chemin plus large d’où il entre sur une place.

Je n’ai pas dit que tout cela se passait aux premières heures de la matinée. Je le précise maintenant pour expliquer que le marché se tient encore sur la place. Ménagères et vendeurs parlent à voix haute sous les arbres qui donnent de l’ombre à la place.

Elie va, sans hésiter, jusqu’au point où la place se continue par une route, une route assez belle. C’est peut-être la plus belle du village. Au coin, il y a une masure, ou mieux une pièce, dont la porte est ouverte. Presque sur le seuil se trouve un pauvre lit avec un infirme squelettique qui demande lamentablement une obole aux passants.

Elie entre en trombe.

« Isaac… c’est moi.

– Toi ? Je ne t’attendais pas. Tu es venu à la dernière lune.

– Isaac… Isaac… Sais-tu pourquoi je suis venu ?

– Je l’ignore… tu es ému… qu’est-ce qui arrive ?

– J’ai vu Jésus de Nazareth ! C’est un homme, maintenant, un rabbi. Il est venu me chercher… et il veut nous voir. Oh ! Isaac, tu te trouves mal ? »

En fait, Isaac s’est laissé aller comme s’il mourait. Mais il se ressaisit :

« Non. C’est la nouvelle… Où est-il ? Comment est-il ? Ah, si je pouvais le voir !

– Il est en bas, dans la vallée. Il m’envoie te dire ceci, exactement ceci : “ Viens, Isaac, car je veux te voir et te bénir. ” Je vais appeler quelqu’un qui m’aide à te descendre.

– C’est ce qu’il a dit ?

– Oui. Mais que fais-tu ?

– J’y vais. »

Isaac repousse ses couvertures, remue ses jambes inertes, les descend du grabat, les appuie au sol. Il se lève, encore un peu incertain et titubant. Tout cela en un clin d’œil, sous les yeux écarquillés d’Elie qui finit par comprendre et crie… Une bonne femme s’amène, curieuse. Elle voit l’infirme, debout, qui, n’ayant rien d’autre, se drape dans une des couvertures. Elle s’enfuit en criant comme une poule effrayée.

« Allons… partons d’ici pour faire plus vite et échapper à la foule… Vite, Elie. »

Ils sortent en courant par la porte du jardin de derrière et repoussent la fermeture de branches sèches. Une fois dehors, ils filent par un sentier misérable, puis descendent une ruelle au milieu des jardins et de là à travers les prés et les bosquets jusqu’au torrent.

76.5

« Voilà Jésus, dit Elie en le montrant du doigt. Ce grand et bel homme blond, vêtu de blanc avec un manteau rouge… »

Isaac court à travers le troupeau qui broute et avec un cri de triomphe, de joie, d’adoration, se jette aux pieds de Jésus.

« Relève-toi, Isaac. Je suis venu t’apporter paix et bénédiction. Lève-toi, que je voie ton visage. »

Mais Isaac ne peut se lever. C’est trop d’émotions à la fois et il reste sur le sol, des larmes de bonheur dans les yeux.

« Tu es venu tout de suite. Tu ne t’es pas demandé si tu le pouvais…

– Tu m’as demandé de venir… alors je suis venu.

– Il n’a même pas fermé sa porte ni ramassé ses oboles, Maître.

– Peu importe, les anges veilleront sur sa demeure. Es-tu content, Isaac ?

– Oh ! Seigneur !

– Appelle-moi : Maître.

– Oui, Seigneur, mon Maître. Même sans être guéri, j’aurais été bien heureux de te voir. Comment ai-je pu trouver tant de grâce près de toi ?

– En raison de ta foi et de ta patience, Isaac. Je sais combien tu as souffert !

– Ce n’est rien, rien, plus rien ! Je t’ai trouvé ! Tu es en vie ! Tu es ici ! Cela, c’est tout… Le reste, tout le reste appartient au passé. Mais, Seigneur et Maître, maintenant, tu ne t’en vas plus, n’est-ce pas ?

– Isaac, j’ai tout Israël à évangéliser. Je pars… Mais, si je ne puis rester, tu peux toujours me servir et me suivre.

76.6

Veux-tu être mon disciple, Isaac ?

– Oh ! Mais je ne serai pas bon !

– Tu sauras confesser que je suis ? Le confesser en dépit des mépris et des menaces ? Et dire que c’est moi qui t’ai appelé et que tu es venu ?

– Même si tu ne le voulais pas, j’annoncerais tout cela. En cela, je te désobéirais, Maître. Pardonne-moi si je le reconnais. »

Jésus sourit.

« Alors, tu vois que tu es bon pour être disciple ?

– Ah ! S’il ne s’agit que de faire cela ! Je croyais que ce serait plus difficile. Qu’il faudrait aller à l’école des rabbis pour te servir, toi, le Rabbi des rabbis… et aller à l’école si vieux !… »

En fait, l’homme a au moins cinquante ans.

« L’école, tu l’as déjà suivie, Isaac.

– Moi ? Non.

– Si, toi. N’as-tu pas continué à croire et à aimer, à respecter et bénir Dieu et ton prochain, à ne pas être envieux, à ne pas désirer ce qui appartient à autrui et même ce que tu avais possédé mais que tu n’avais plus, à ne dire que la vérité même si cela te portait tort, à ne pas commettre l’adultère avec Satan en faisant des péchés ? N’as-tu pas fait tout cela, au cours de ces trente années de malheurs ?

– Si, Maître.

– Tu vois, l’école, tu l’as déjà faite. Continue ainsi et ajoute la révélation de mon existence dans le monde. Il n’y a rien d’autre à faire.

– Je t’ai déjà prêché, Seigneur Jésus. Aux enfants qui venaient, quand je suis arrivé dans ce village, boiteux, mendiant mon pain et faisant encore quelques travaux de tonte ou de traite et puis, lorsque le mal s’est aggravé au-dessous de la taille, quand ils venaient autour de mon lit. Je parlais de toi aux enfants de ce temps-là, comme aussi aux enfants de maintenant, leurs fils… Les enfants sont bons et croient toujours. Je leur parlais du temps de ta naissance… des anges… de l’étoile et des mages… et de ta Mère… Ah ! Dis-moi, elle est vivante ?

– Elle est vivante et te salue. Elle parlait toujours de vous.

– Ah ! Si je pouvais la voir !

– Tu la verras. Tu viendras dans ma maison, un jour. Marie te saluera en t’appelant : mon ami.

– Marie… Oui. Son nom, dans ma bouche est doux comme le miel.

76.7

Il y a une femme à Yutta – oui, c’est maintenant une femme – qui vient d’avoir son quatrième enfant. C’était autrefois une fillette, une de mes petites amies. Elle a donné comme noms à ses enfants : Marie et Joseph aux deux premiers et, n’osant appeler le troisième Jésus, elle l’a nommé Emmanuel, nom de bénédiction pour elle-même, sa maison et Israël. Et elle cherche quel nom donner au quatrième, né depuis six jours. Ah, quand elle saura que je suis guéri ! Et que tu es ici ! Elle est bonne comme le pain, Sarah, et Joachim son époux l’est aussi. Et leurs parents ? C’est grâce à eux que je suis vivant. Ils m’ont toujours abrité et aidé.

– Allons chez eux leur demander abri pour les heures de soleil et leur apporter la bénédiction pour leur charité.

– Par là, Maître. Ce sera plus commode pour le troupeau et pour échapper aux gens, qui sont certainement excités. La vieille qui m’a vu me dresser debout a certainement parlé. »

76.8

Ils suivent le torrent, le quittent plus au sud pour prendre un sentier assez raide qui monte en suivant un éperon de la montagne fait comme la proue d’un navire. Le torrent se trouve maintenant dans la direction opposée à la montée et coule dans le fond entre deux rangées de montagnes qui se coupent en formant une belle vallée accidentée.

Je reconnais l’endroit… Il est impossible de confondre, c’est celui de la vision de Jésus et des enfants[1] que j’ai eue le printemps dernier. Le muret habituel en pierres sèches délimite la propriété qui coupe la vallée. Voici les prés, avec les pommiers, les figuiers, les noyers, voici la maison blanche sur un fond de verdure, avec son aile en saillie qui protège l’escalier, qui fait office de por­tique et d’abri, voici le petit dôme tout en haut, voici le potager avec le puits, la tonnelle et les parterres…

De grands bruits de voix s’élèvent de la maison. Isaac s’a­vance. Il entre et demande à grands cris :

« Marie, Joseph, Emmanuel, où êtes-vous ? Venez voir Jésus. »

Les trois petits accourent : une fillette de cinq ans environ et deux garçons de quatre et deux ans, le dernier au pas encore incertain. Ils restent bouche bée en présence du… ressuscité. Puis la fillette s’écrie :

« Isaac ! Maman ! Isaac est ici ! Judith a bien vu ! »

D’une pièce où l’on mène grand bruit sort une femme, la mère, robuste, brune, grande, celle de la vision lointaine, toute belle dans ses vêtements de fête : son habit de lin blanc ressemble à une riche chemise qui descend avec des plis jusqu’aux chevilles, serrée à ses flancs plutôt forts par un châle à rayures multicolores qui modèle des hanches puissantes, en retombant avec des franges à la hauteur des genoux par derrière, et qui reste ouvert par-devant après s’être croisé à la hauteur de la ceinture sous une boucle de filigrane. Un voile léger avec des branches de roses de couleur sur un fond ivoire est fixé sur ses tresses noires comme un petit turban et puis descend de la nuque, avec des ondulations et des plis sur les épaules et la poitrine. Une couronne de petites médailles reliées par une chaîne la fixe sur la tête. Elle porte des boucles d’oreilles aux lourds anneaux. Sa tunique est tenue serrée par un collier d’argent qui passe par les œillets du vêtement. Aux bras, des lourds bracelets d’argent.

« Isaac ! Mais comment ? Judith… je croyais que le soleil l’avait rendue folle… Tu marches ! Mais que s’est-il passé ?

– Le Sauveur, Sarah ! C’est lui ! Il est venu !

– Qui ? Jésus de Nazareth ? Où est-il ?

– Là, derrière le noyer ! Il demande si tu le reçois !

– Joachim ! Mère ! Venez tous ! C’est le Messie ! »

Femmes, hommes, garçons, bébés sortent en poussant des cris… mais quand ils voient Jésus, grand et majestueux, ils sont intimidés et restent comme pétrifiés.

« La paix à cette maison et à vous tous. La paix et la bénédiction de Dieu. »

Souriant, Jésus marche lentement vers le groupe.

« Mes amis, voulez-vous donner asile au voyageur ? » et il sourit plus encore.

Son sourire triomphe des craintes. L’époux a le courage de parler :

« Entre, Messie. Nous t’avons aimé sans te connaître. Nous t’aimerons d’autant plus après avoir fait ta connaissance. La maison est en fête pour trois choses aujourd’hui : pour toi, pour Isaac et pour la circoncision de mon troisième garçon. Bénis-le, Maître. Femme, apporte le bébé ! Entre, Seigneur. »

76.9

Ils entrent dans une pièce préparée pour la fête. Tables et mets, tapis et branchages partout.

Sarah revient avec un beau nouveau-né entre les bras. Elle le présente à Jésus.

« Dieu soit avec lui, toujours. Quel nom porte-t-il ?

– Aucun. Celle-ci, c’est Marie, celui-là Joseph, cet autre Emmanuel, pour le dernier, il… n’a pas encore de nom… »

Jésus fixe le couple et sourit :

« Cherchez un nom, s’il doit être circoncis aujourd’hui… »

Les époux se regardent, le regardent, ouvrent la bouche, la referment sans mot dire. Tous sont attentifs.

Jésus insiste :

« L’histoire d’Israël compte tant de grands noms, de doux noms, des noms bénits. Les plus doux, les plus bénits sont déjà donnés, mais peut-être y en a-t-il encore quelque autre. »

Les deux époux s’écrient ensemble :

« Le tien, Seigneur ! » mais l’épouse ajoute :

« Mais il est trop saint… »

Jésus sourit et demande :

« Quand aura lieu la circoncision ?

– Nous attendons l’opérateur.

– J’assisterai à la cérémonie. En attendant, je vous remercie pour mon Isaac. Désormais, il n’aura plus besoin des bons. Mais les bons ont encore besoin de Dieu. Vous avez appelé le troisième : “ Dieu avec nous ”. Mais vous avez Dieu depuis que vous avez fait preuve de charité à l’égard de mon serviteur. Soyez bénis. Sur terre et au Ciel on se souviendra de votre acte.

– Isaac s’en va, maintenant ? Il nous quitte ?

– Vous en souffrez ? Mais il lui faut servir son Maître. Il reviendra pourtant, tout comme moi. Vous, pendant ce temps, vous parlerez du Messie… Il y a tant à dire pour convaincre le monde !

76.10

Mais voici celui qu’on attend. »

Un personnage solennel entre, avec un serviteur. Saluts et inclinations.

« Où est le bébé ? demande-t-il avec hauteur.

– Il est ici. Mais salue le Messie. Il est chez nous.

– Le Messie ?… Celui qui a guéri Isaac ? Je sais, mais… nous en parlerons après. Je suis très pressé… Le bébé et son nom. »

Les personnes présentes sont mortifiées des façons de l’homme. Mais Jésus sourit comme si les impolitesses ne s’adressaient pas à lui. Il prend le petit, touche de ses beaux doigts le petit front, comme pour le consacrer et dit : « Son nom est Yésaï » puis il le rend à son père, qui passe dans une pièce voisine avec l’homme hautain et d’autres. Jésus reste là où il est jusqu’au retour de l’enfant qui pousse des cris désespérés.

« Donne-moi, le bébé, femme. Il ne pleurera plus » pro­pose-t-il pour réconforter la mère angoissée.

Le bébé, sur les genoux de Jésus, se tait effectivement.

Jésus forme un groupe autour de lui, avec tous les petits autour de lui, et aussi les bergers et les disciples. On entend au dehors les bêlements des brebis qu’Elie a enfermées dans un enclos, et, dans la maison, le bruit de la fête. On apporte à Jésus et aux siens des friandises et des boissons, mais Jésus les distribue aux petits.

« Tu ne bois pas, Maître ? Tu n’acceptes rien ? C’est de bon cœur.

– Je le sais, Joachim, et je les accepte de tout cœur. Mais laisse-moi faire plaisir aux petits. C’est ma joie…

– Ne t’occupe pas de cet homme, Maître.

– Non, Isaac. Je prie pour qu’il voie la lumière. Jean, emmène les deux petits voir les brebis.

76.11

Quant à toi, Marie, viens plus près et dis-moi : Qui suis-je ?

– Tu es Jésus, le fils de Marie de Nazareth, né à Bethléem. Isaac t’a vu et m’a donné le nom de ta Mère pour que je sois bonne.

– Pour l’imiter, tu dois être bonne comme l’ange de Dieu, plus pure qu’un lys éclos au sommet de la montagne, pieuse comme le lévite le plus saint doit l’être. Seras-tu cela ?

– Oui, Jésus.

– Dis : Maître ou Seigneur, mon enfant.

– Laisse-la m’appeler par mon nom, Judas. Ce n’est qu’en passant sur des lèvres innocentes qu’il ne perd pas le son qu’il a sur les lèvres de ma Mère. Tous, au cours des siècles, diront ce nom, les uns par intérêt, d’autres pour des raisons différentes et beaucoup pour blasphémer. Seuls les innocents, sans calcul et sans haine, le diront avec un amour égal à celui de cette petite et de ma Mère. Les pécheurs aussi m’appelleront comme cela, mais par besoin de pitié. Ma Mère et les enfants ! Pourquoi m’appelles-tu Jésus ? dit-il, en caressant la fillette.

– Parce que je t’aime bien… comme mon père, ma maman et mes petits frères » dit-elle en embrassant les genoux de Jésus, et elle rit en levant son visage.

Jésus se penche pour lui donner un baiser, et c’est ainsi que tout prend fin.

76.1

Un fresco valle, rumoroso, de aguas que van hacia el Sur entre saltos y espumas de un pequeño torrente argentino, que asperja su risueña frescura sobre los menudos herbazales de las orillas; parece como si su linfa subiera también por las pendientes, por el verdor de éstas. Son las laderas una esmeralda de verde veteado, que sube, desde el nivel del suelo, a través de las matas y de los arbustos del monte bajo, hasta las copas de los altos árboles — entre los que hay muchos nogales —, del bosque propiamente dicho, todo salpicado de zonas abiertas intercaladas, rellanos verdes de hierba exuberante, pasto sano y nutritivo para el ganado.

Jesús desciende, con los suyos y con los tres pastores, hacia el torrente. Pacientemente se detiene cuando hay que esperar a una oveja que se queda rezagada o a uno de los pastores que debe ir por una cordera que se desvía. Ahora es exactamente el Buen Pastor. También Él se ha procurado una larga rama para apartar los ramajes de las móreas y de los espinos y clemátides que salen al paso por todas partes tratando de atrapar los vestidos; ello completa su figura de pastor.

«¿Ves? Yuttá está allá arriba. Ahora cruzaremos el torrente; hay un vado por el que se puede pasar en verano, sin necesidad de recurrir al puente. Habría sido más breve venir por Hebrón, pero no has querido».

«No. A Hebrón después. Siempre antes donde los que sufren.

76.2

Los muertos ya no sufren, cuando son justos. Y Samuel era un justo. Además, para los muertos que necesitan oraciones, no es necesario estar junto a sus huesos para ofrecerlas. Los huesos, ¿qué son? Prueba del poder de Dios, que con la tierra creó al hombre. Nada más. También los animales tienen huesos, aunque su esqueleto es menos perfecto que el del hombre. Sólo el hombre, rey de la creación, tiene posición erecta, como rey que está por encima de sus súbditos, y su rostro mira recto y hacia arriba sin necesidad de torcer el cuello; hacia arriba, donde está la morada del Padre. Pero no son más que huesos, polvo que vuelve a ser polvo. La Bondad eterna ha decidido reconstruirlos en el Día eterno para proporcionarles a los bienaventurados un gozo aún más vivo. Pensad: no sólo los espíritus serán reunidos y se amarán como — y mucho más que — en la Tierra, sino que incluso gozarán de volverse a ver con el aspecto que tuvieron en la Tierra: los niños de pelo rizado y tiernos como los tuyos, Elías; los padres y las madres de un corazón y de un rostro todo amor como los vuestros, Leví y José. Es más, para ti, José, significará el conocer por fin esos rostros cuya nostalgia sientes. Ya no habrá huérfanos, ni viudos, entre los justos, allá arriba... En cualquier parte se puede ofrecer sufragio por los muertos. Es oración de un espíritu, por el espíritu de quien estaba con nosotros, al Espíritu perfecto, que es Dios y que está en todas partes. ¡Oh, santa libertad de todo lo que es espiritual! Ni distancias, ni destierros, ni prisiones, ni sepulcros... Nada que divida o encadene reduciendo a penosa impotencia lo que está fuera o por encima de las cadenas de la carne. Vosotros vais, con la parte mejor de vosotros, a vuestras personas queridas; ellos, con su parte mejor, vienen a vosotros. Y todo gira, con esta efusión de espíritus que se aman, en torno al Fulcro eterno, a Dios: Espíritu perfectísimo, Creador de todo cuanto fue, es y será, Amor que os ama y os enseña a amar...

76.3

Pero... hemos llegado al vado, creo. Veo una fila de piedras que sobresale de la poca agua del fondo».

«Sí, es aquél, Maestro. En tiempo de crecida es una cascada rumorosa, ahora no es más que siete hilos de agua que ríen entre las seis voluminosas piedras del vado».

En efecto, seis piedras de gran tamaño, bastante regulares, están depositadas, a un poco más de un palmo de distancia entre sí, sobre el fondo del torrente, y el agua, que hasta este punto formaba una única cinta brillante, se separa en siete cintas menores, dándose prisa, risueña, en reunirse, pasado el vado, en un único frescor que sigue su curso susurrando entre los cantos del fondo.

Los pastores vigilan el paso de las ovejas, de las cuales una parte pasa por encima de las piedras y otra parte prefiere meterse en el agua, de no más de un palmo de profundidad, y beber en esta diamantina ola que espuma y ríe.

Jesús pasa por las piedras y detrás de Él los discípulos. Conti­núan caminando por la otra margen del torrente.

76.4

«¿Me has dicho que quieres que Isaac sepa de tu presencia, pero sin entrar en el pueblo?».

«Sí, así lo deseo».

«Entonces conviene que nos separemos. Yo iré a verle, Leví y José se quedarán con el rebaño y con vosotros. Subo por aquí. Tardaré menos».

Elías afronta la subida de la abrupta pendiente, hacia unas casas que, arriba, muestran su blancura resplandeciendo al sol. Creo seguirle. Ahí está, ante las primeras casas. Entra por una pequeña bocacalle entre casas y huertos. Continúa caminando algunas decenas de metros. Tuerce y va a dar a una calle más ancha, que le lleva a una plaza.

No he dicho que todo esto sucede durante las primeras horas de la mañana. Lo digo ahora para explicar que en la plaza está todavía el mercado, y que amas de casa y vendedores se desgañitan en torno a los árboles que dan sombra a la plaza.

Elías camina con seguridad hasta el punto en que la plaza vuelve a ser calle; una calle bastante bonita, quizás la más bonita del pueblo. En la esquina hay una mísera casucha (mejor: una habitación con la puerta abierta). Casi en la puerta, una cama de pobre aspecto, y encima de ella un esquelético enfermo que, gimiendo, pide un óbolo a todos los que pasan.

Elías entra como un cohete. «Isaac... soy yo».

«¿Tú? No te esperaba. Has venido la pasada luna».

«Isaac... Isaac... ¿Sabes por qué he venido?».

«No lo sé... Estás emocionado... ¿Qué sucede?».

«He visto a Jesús de Nazaret, ya hombre, y rabí. Ha venido a buscarme... y quiere vernos. ¡Oh! ¡Isaac! ¿Te sientes mal?».

Isaac parece amortecerse, pero toma nuevas fuerzas. «No. La noticia...» dice, «¿Dónde está? ¿Cómo es? ¡Oh, si pudiera verle!».

«Está abajo, hacia el valle. Me manda a hablarte en estos términos, exactamente en éstos: “Ven, Isaac, que quiero verte y bendecirte”. Ahora voy a llamar a alguien que me ayude a llevarte abajo».

«¿Ha dicho eso?».

«Eso. Pero, ¿qué haces?».

«Me pongo en camino».

Isaac echa hacia arriba las cobijas, mueve las piernas inertes, las saca fuera del jergón, las apoya con fuerza en el suelo, se levanta, aún un poco inseguro y tambaleante. Todo en un instante, ante la mirada atónita de Elías... que acaba entendiendo y da un grito...

Se asoma una mujercita curiosa, ve al enfermo en pie, cubriéndose — no tiene otra cosa — con una de las cobijas, y se echa a correr gritando como una gallina.

«Vamos... vamos por aquí, para tardar menos y no toparnos con mucha gente... Rápido, Elías».

Y salen corriendo por la puertecita de un huertecillo posterior, empujan la puerta de ramas secas; están afuera; marchan rápidamente por una calleja miserable, luego abajo por un camino entre huertos, y continúan bajando, por los prados y arboledas, hasta el torrente.

76.5

«Allí está Jesús» dice Elías señalándole. «Aquél alto, hermoso, rubio, vestido de blanco, con el manto rojo...».

Isaac corre, abre el rebaño que pace, y con un grito de triunfo, de alegría, de adoración, se postra a los pies de Jesús.

«Levántate, Isaac. He venido a traerte paz y bendición. Levántate, que quiero saber cómo es tu rostro».

Pero Isaac no puede levantarse. Han sido demasiadas emociones juntas. Se queda, con su feliz llanto, contra el suelo.

«Has venido inmediatamente. No te has preguntado si podías...».

«Tú me has dicho que viniera... y he venido».

«Ni siquiera ha cerrado la puerta, ni ha recogido las limosnas, Maestro».

«No importa. Los ángeles estarán en su casa vigilando. ¿Estás contento, Isaac?».

«¡Oh, Señor!».

«Llámame Maestro».

«Sí, Señor, Maestro mío. Aunque no estuviera curado, me habría sentido dichoso de verte. ¿Cómo he podido obtener de ti tanta gracia?».

«Por tu fe y paciencia, Isaac. Sé lo que has sufrido...».

«¡Nada, nada! ¡Ya nada! ¡Te he encontrado a ti! ¡Vives! ¡Existes! Esto sí que es real... Lo demás, todo lo demás, pertenece al pasado. Pero, Señor y Maestro, ahora ya no te vas, ¿verdad?».

«Isaac, tengo todo Israel que evangelizar. Yo parto... Pero, si bien es cierto que no puedo quedarme, tú sí me puedes servir y seguir.

76.6

¿Quieres ser mi discípulo, Isaac?».

«¡No voy a servir!».

«¿Sabrás confesar mi presencia en el mundo?, ¿confesarlo contra las burlas y las amenazas?, ¿y decir que Yo te he llamado y has venido?».

«Aunque Tú no quisieras, diría todo eso. En esto te desobedecería, Maestro. Perdona que lo diga».

Jesús sonríe. «¿Ves como eres capaz de ser discípulo?».

«¡Oh, si sólo es para hacer esto!... Creía que era más difícil, que se necesitase ir a aprender con los rabíes para servirte a ti, Rabí de los rabíes... E ir a aprender cuando se es anciano...» — efectivamente, el hombre tiene al menos cincuenta años.

«Tú ya has aprendido todo lo que se enseña en una escuela, Isaac».

«¿Yo? No».

«Tú, sí. ¿No has seguido creyendo y amando, respetando y bendiciendo a Dios y al prójimo, evitando tener envidias, o desear lo ajeno, e incluso lo que era tuyo y ya no tenías? ¿No has seguido diciendo sólo la verdad, aunque ello te perjudicase? ¿No has evitado fornicar con Satanás cometiendo pecados? ¿No has hecho todo esto en estos treinta años de desventura?».

«Sí, Maestro».

«¿Ves? Ya has concluido los estudios. Sigue así y añade la manifestación de mi presencia en el mundo. No hay nada más que hacer».

«Ya te he predicado, Señor Jesús. A los niños que se acercaban cuando, sin apenas poder tenerme en pie, llegué a este pueblo pidiendo un pan y haciendo todavía algunos trabajos de esquilador o haciendo productos lácteos, y luego, cuando venían alrededor de mi cama, cuando ya la enfermedad se había hecho fuerte y me había aniquilado desde la cintura para abajo. Les hablaba de ti a los niños de entonces y a los niños de ahora, hijos de aquellos... Los niños son buenos y creen siempre... Hablaba de cuándo habías nacido... de los ángeles... de la Estrella y de los Magos... y de tu Madre... ¡Dime!: ¿vive?».

«Vive y te envía saludos. Siempre hablaba de vosotros».

«¡Quién pudiera verla!».

«La verás. Irás un día a mi casa. María te saludará con la palabra “amigo”».

«María... sí. Decir ese nombre es como tener miel en la boca...

76.7

Hay una mujer en Yuttá — ahora es ya mujer, madre, desde hace poco, de su cuarto hijo —, que entonces era una niña, una de mis pequeñas amigas... Bueno, pues a sus hijos les ha puesto por nombre: María y José a los dos primeros, y, no atreviéndose a llamar al tercero Jesús, le ha llamado Emmanuel, como signo de bendición para sí misma, para su casa y para Israel. Y está pensando en qué nombre ponerle al cuarto, que ha nacido hace seis días. ¡Ah, cuando sepa que estoy curado, y que Tú estás aquí!... Buena como el pan hecho por la propia madre es Sara, e igualmente Joaquín, su esposo. ¿Y sus familiares? Por ellos estoy vivo. Siempre me han dado posada y me han ayudado».

«Vamos adonde ellos a pedir alojamiento para las horas de sol y llevarles bendición por su caridad».

«Por aquí, Maestro. Más cómodo para el rebaño y más oportuno para pasar desapercibido a la gente, que ciertamente está agitada. La anciana que me ha visto ponerme en pie está claro que ha hablado».

76.8

Siguen el torrente; lo dejan más al Sur para tomar un sendero en subida más bien pronunciada a lo largo de un espolón del monte en forma de quilla de nave. Ahora el torrente va en dirección contraria a quien sube; discurre en el fondo, entre dos cadenas montañosas que se entrecruzan formando un valle accidentado y hermoso.

Reconozco el lugar[1]. Es inconfundible. Es el de la visión de Jesús y los niños que tuve la pasada primavera. La consabida tapia sin argamasa delimita la propiedad que desciende bruscamente hacia el valle. Ahí están los prados con los manzanos, las higueras y los nogales. Ahí está la casa, blanca sobre verde, con su ala saliente que protege la escalera formando un pórtico y mirador. Ahí está la pequeña cúpula en la parte más alta, y el huerto-jardín, con el pozo, la pérgola, los cuadros...

Un gran murmullo sale de la casa. Isaac se adelanta, entra, llama con fuerte voz: «¡María, José, Emmanuel! ¿dónde estáis? Venid aquí con Jesús».

Acuden tres críos: una niña de casi cinco años y dos niños de los cuatro a los dos, el último todavía con el paso un poco inseguro. Se quedan con la boca abierta ante el... resucitado. Luego la niña grita: «¡Isaac! ¡Mamá! ¡Isaac está aquí! ¡Es verdad lo que ha visto Judit!».

De una habitación donde hay gran murmullo de voces, sale una mujer. Es la madre de lozano aspecto, morena, alta, exuberante, de la ya lejana visión; hermosa toda con sus vestidos de fiesta: un vestido de cándido lino, como una rica túnica, que desciende hasta los tobillos formando pliegues, ceñida a las opulentas caderas por un chal de rayas multicolores que modela sus muslos estupendos, que pende con flecos hasta la rodilla, por detrás, y que queda entreabierto por delante después de cruzarse a la altura de la cintura bajo una fíbula de filigrana. Un velo ligero con ramas de rosas pintadas sobre un fondo marfileño está fijado a sus trenzas negras, como un pequeño turbante, y luego desciende desde la nuca, formando ondas y pliegues, por los hombros y sobre el pecho; está ceñido a la cabeza por una pequeña corona de medallitas unidas entre sí por una cadena. Pendientes de pesados anillos cuelgan de sus orejas. La túnica está abrochada al cuello por un collar de plata pasado entre unos ojales del vestido. En los brazos lleva también pesadas pulseras de plata.

«¡Isaac! ¿Pero cómo es posible? Judit... Creía que el sol le había hecho perder la cabeza... ¡Andas!... ¿Qué sucedió?».

«¡El Salvador! ¡Oh! ¡Sara! ¡Él es ya una realidad y ha venido!».

«¿Quién? ¿Jesús de Nazaret? ¿Dónde está?».

«¡Allí, detrás del nogal! ¡Y dice que si le puedes recibir!».

«¡Joaquín! ¡Madre! ¡Todos! ¡Venid! ¡Está aquí el Mesías!».

Salen todos corriendo: mujeres, hombres, muchachos, niños; salen dando gritos, chillando... Pero, al ver a Jesús, alto y majestuoso, pierden toda vehemencia y quedan como petrificados.

«Paz a esta casa y a todos vosotros. La paz y la bendición de Dios». Jesús se dirige, despacio, sonriente, hacia el grupo de personas. «Amigos, ¿queréis recibir en vuestra casa al Viandante?» y sonríe aún más.

Su sonrisa vence los temores. El esposo tiene el valor de hablar: «Entra, Mesías. Te hemos amado sin conocerte, más te amaremos conociéndote. La casa hoy está de fiesta por tres cosas: por ti, por Isaac, y por la circuncisión de mi tercer hijo varón. Bendícele, Maestro. ¡Mujer, trae al niño! Entra, Señor».

76.9

Entran en una estancia adornada para fiesta: mesas, viandas, alfombras y ramilletes por todas partes.

Vuelve Sara con un lindo recién nacido en los brazos, y se lo presenta a Jesús.

«Dios esté con él, siempre. ¿Qué nombre tiene?».

«Ninguno. Ésta es María, éste es José, éste es Emmanuel, éste... no tiene nombre todavía...».

Jesús mira fijamente a los dos esposos, uno al lado del otro. Sonríe diciendo: «Pensad un nombre, si hoy debe ser circuncidado...».

Los dos se miran, le miran, abren los labios, los cierran sin decir nada. Todos están atentos.

Jesús insiste: «Muchos nombres grandes, dulces, benditos, tiene la historia de Israel. Los más dulces y benditos ya han sido puestos, pero quizás quede todavía alguno».

A una voz los dos esposos exclaman: «¡El tuyo, Señor!», y la esposa añade: «Pero es demasiado santo...».

Jesús sonríe y pregunta: «¿Cuándo se le circuncida?».

«Estamos esperando al que lo hace».

«Estaré presente en la ceremonia. Bien, antes de nada os doy las gracias por mi Isaac. Ahora ya no tiene necesidad de los buenos, pero los buenos siguen teniendo necesidad de Dios. Llamasteis al tercero “Dios con nosotros”. A Dios le tuvisteis desde que tuvisteis caridad con mi siervo. Benditos seáis. En la Tierra y en el Cielo será recordada vuestra acción».

«¿Isaac se va ahora? ¿Nos deja?».

«¿Os duele? Él debe servir a su Maestro. No obstante, volverá, y Yo también vendré. Vosotros, entre tanto, hablaréis del Mesías...

¡Hay tanto que decir para convencer al mundo!...

76.10

Llega la persona que esperábamos».

Entra un personaje pomposo con un sirviente. Saludos y reverencias. «¿Dónde está el niño?» pregunta con altiva gravedad.

«Aquí está. Pero antes saluda al Mesías, está aquí».

«¿El Mesías?... ¿El que ha curado a Isaac? Ya, ya sé. Hablaremos de esto en otro momento. Tengo mucha prisa. El niño y su nombre».

Los presentes se sienten desazonados por los modales del hombre. Jesús, sin embargo, sonríe como si los desaires no tuvieran que ver con Él. Toma al pequeñuelo, le toca en la frentecita con sus hermosos dedos, como para consagrarle, y dice: «Su nombre es Iesaí» y se lo vuelve a dar al padre, el cual, con el hombre soberbio y con otros, va a una habitación cercana. Jesús se queda donde está hasta que vuelven con el infante, que viene chillando desesperadamente.

«Dame al pequeñuelo, mujer. Dejará de llorar» dice para consolar a la angustiada madre. El niño, depositado en las rodillas de Jesús, efectivamente se calla.

Jesús forma un grupo aparte, con todos los niños alrededor y lue­go los pastores y los discípulos. Afuera se oye balar a las ovejas (Elías las ha metido en el aprisco). En la casa hay rumor de fiesta. Traen dulces y bebidas a Jesús y a los suyos. Pero Jesús distribuye éstas entre los pequeños.

«¿No bebes, Maestro? ¿No lo aceptas? Te lo damos de corazón».

«Lo sé, Joaquín, y lo acepto de corazón. Pero déjame que primero dé gusto a los pequeñuelos; ellos constituyen mi alegría...».

«No hagas caso de ese hombre, Maestro».

«No, Isaac. Ruego porque vea la Luz. Juan, lleva a los dos niños a ver las ovejas.

76.11

Y tú, María, acércate más y dime: ¿Quién soy Yo?».

«Tú eres Jesús, Hijo de María de Nazaret, nacido en Belén. Isaac te vio y me puso el nombre de tu Mamá para que yo fuera buena».

«Tienes que ser buena como el ángel de Dios, más pura que una azucena florecida en las altas cumbres, pía como el levita más santo, para imitarla. ¿Lo serás?».

«Sí, Jesús».

«Di “Maestro” o “Señor”, niña».

«Deja que me llame con mi Nombre, Judas. Sólo pasando por labios inocentes no pierde el sonido que tiene en los labios de mi Madre. Todos, en los siglos futuros, pronunciarán ese Nombre, pero unos por un interés, otros por otro, y muchos para hacerle objeto de blasfemia. Sólo los inocentes, sin cálculo y sin odio, lo pronunciarán con amor semejante al de esta pequeña y al de mi Madre. Incluso los pecadores, sintiéndose necesitados de piedad, me invocarán. ¡Sin embargo, mi Madre y los niños...! ¿Por qué me llamas Jesús?» pregunta, acariciando a la pequeña.

«Porque te quiero... como a mi padre, a mamá y a mis hermanitos» dice abrazando las rodillas de Jesús y riendo con la carita levantada.

Y Jesús se inclina y la besa... y así todo termina.


Notes

  1. la vision de Jésus et des enfants : Ecrite le 7 février 1944, elle sera placée dans le chapitre 396. Elle était restée exclue des deux premières éditions de l’œuvre.

Notas

  1. Reconozco el lugar: véase el capítulo 396 y la nota de la pág. 91.­