Qui es-tu ?
– Je suis un juste.
– Ecoute : je t’ai dit qu’il y en a deux en Israël : l’un, c’est Jean-Baptiste et l’autre, le Messie. Es-tu le Messie ?
– Je le suis.
– Oh ! éternelle miséricorde ! Mais… j’ai entendu un jour des pharisiens qui disaient… Laissons tomber… Je ne veux pas me souiller la bouche. Tu n’es pas ce qu’ils disaient. Quelles langues bifides, pires que celle des vipères !…
– C’est bien moi, et je te l’affirme : tu n’es pas très loin de la Lumière. Adieu, Salomon. Que la paix soit avec toi.
– Où vas-tu, Seigneur ? »
L’homme est abasourdi par la révélation. Il a pris un ton tout différent. C’était d’abord un brave homme qui parlait. Maintenant, c’est un disciple qui adore.
« Je vais à Jérusalem par Jéricho, à la fête des Tentes.
– A Jérusalem ? Mais… Toi aussi ?
– Je suis moi aussi un fils de la Loi. Je ne supprime pas la Loi. Je vous donne lumière et force pour la suivre parfaitement.
– Mais Jérusalem a déjà de la haine pour toi ! Je veux dire les grands, les pharisiens de Jérusalem. Je t’ai dit que j’ai entendu…
– Laisse-les faire. Eux font leur devoir, ce qu’il croient être leur devoir. Moi, je fais le mien. En vérité je te dis que tant que ce ne sera pas l’heure, ils ne pourront rien.
– Quelle heure, Seigneur ? demandent les disciples et le passeur.
– Celle du triomphe des Ténèbres.
– Tu vivras jusqu’à la fin du monde ?
– Non. Il y aura des ténèbres plus atroces que celles des astres éteints et de notre planète morte ainsi que tous les hommes. Ce sera quand les hommes étoufferont la Lumière que je suis. En beaucoup, ce crime est déjà arrivé. Adieu, Salomon.
– Je te suis, Maître.
– Non. Viens dans trois jours au Beth Midrash. Paix à toi. »