C’est aux premières heures du matin que Jésus arrive devant une ville sur la mer. Quatre barques suivent la sienne.
La ville s’avance étrangement sur la mer, comme si elle était construite sur un isthme, ou plutôt comme si un isthme étroit unissait la partie qui s’avance sur la mer à celle qui s’étend sur la rive[1].
Vue de la mer, elle ressemble à un énorme champignon dont la tête s’étend sur les flots et dont le pied s’enfonce dans la côte. C’est l’isthme qui est son pied. Il y a un port de chaque côté de l’isthme. L’un, celui du nord, moins fermé, est couvert de petites embarcations ; l’autre, au sud, bien mieux protégé, abrite de gros vaisseaux qui arrivent ou sont en partance.
« Il faut aller là-bas » dit Isaac en montrant du doigt le port des petites barques. « C’est là que sont les pêcheurs. »
Ils contournent l’île, et je m’aperçois que l’isthme est artificiel, c’est une sorte de digue cyclopéenne qui unit l’île à la terre ferme. On construisait sans lésiner, autrefois ! Je déduis de cet ouvrage et du nombre de navires dans les ports combien la ville était riche et commerçante. Derrière la ville, après une zone plate, il y a de petites collines d’aspect agréable, et tout au loin on découvre le grand mont Hermon et la chaîne libanaise. J’en conclus aussi que c’est une des villes que je voyais du mont Liban.
Entre-temps, la barque de Jésus est en train d’arriver dans le port du nord, dans la rade du port. Il n’aborde pas, mais avance lentement, à force de rames en avant et en arrière jusqu’à ce qu’Isaac découvre ceux qu’il cherche et les appelle à haute voix.