Après cet incident, ils ont marché en silence quelque temps, mais quand ils sont arrivés à une bifurcation dans les champs, Jacques, fils de Zébédée, dit :
« Voilà ! Par ici la route mène chez Michée… Mais… est-ce que nous y allons toujours ? Cet homme nous attend sûrement dans son domaine pour nous maltraiter…
– Et pour t’empêcher de parler aux paysans. Jacques a raison. N’y va pas Maître, conseille Judas.
– Ils m’attendent. Je leur ai envoyé dire que je venais. Leur cœur est en fête. Je suis l’Ami qui vient les consoler…
– Tu t’y rendras une autre fois. Ils se résigneront, lance Judas en haussant les épaules.
– Toi, tu ne te résignes pas facilement quand on t’enlève une occasion que tu attendais.
– Il s’agit alors d’affaires sérieuses, mais dans leur cas…
– Et qu’y a-t-il de plus sérieux, de plus grand que la formation, le réconfort d’un cœur ? Tout conspire à éloigner leur cœur de la paix, de l’espérance… Or ils n’ont qu’une seule espérance : celle de la vie future. Et ils n’ont qu’un moyen pour y aller : mon aide. Oui, j’irai chez eux au risque d’être lapidé.
– Non, mon frère ! Non, Seigneur ! », se récrient ensemble Simon le Zélote et Jacques, fils d’Alphée. « Cela ne servirait qu’à faire punir ces pauvres serviteurs. Tu ne l’as pas entendu, mais Yokhanan a déclaré : “ Jusqu’à présent, j’ai supporté, mais maintenant c’est fini, et malheur au serviteur qui ira le trouver ou qui l’accueillera. C’est un réprouvé, c’est un démon. Je ne veux pas de corruption chez moi. ” Et il a dit à un compagnon : “ Même s’il faut les tuer, je les guérirai de leur attachement à ce maudit, ce n’est qu’une possession de Satan. ” »
Jésus baisse la tête, réfléchissant… et souffrant. Sa douleur est visible… Les autres s’en affligent, mais que faire ?