C’est une sereine mais rigoureuse matinée d’hiver. Le givre a blanchi de ses cristaux le sol et les herbes, et il a transformé les brindilles sèches qui gisent sur le sol en précieux bijoux saupoudrés de perles.
Jean sort de sa caverne. Son vêtement brun foncé fait ressortir sa pâleur. Il doit avoir très froid ou être souffrant, je ne sais, mais il est presque livide et a la démarche mal assurée de quelqu’un qui ne va pas bien. Il se dirige vers le ruisseau, hésite à y plonger les mains, puis se décide et, après les avoir jointes, boit une gorgée de cette eau limpide, mais certainement glaciale. Après s’être secoué les mains et avoir fini de les sécher sur un pan de son vêtement, il reste indécis… Il regarde alternativement vers les ruines où se trouve Jésus et vers son propre abri. Finalement, il retourne vers son étable à pas lents mais, arrivé à l’ouverture qui sert d’entrée, il a une sorte d’étourdissement et chancelle. Il tomberait s’il ne s’appuyait au mur à moitié en ruines, et reste là, la tête contre son bras replié, en s’arc-boutant contre le mur pendant quelque temps, puis relève la tête et regarde autour de lui… Il renonce à pénétrer dans sa tanière. En rasant le mur, en s’accrochant aux pierres branlantes et sans crépi, il fait les quelques pas qui le séparent de l’étable où se trouve Jésus et, parvenu presque sur le seuil, il se jette à genoux et gémit :
« Jésus, mon Seigneur, aie pitié de moi ! »