The Writings of Maria Valtorta

539. La perfection expliquée à Jean,

539. Perfection explained to John of Zebedee,

539.1

C’est une sereine mais rigoureuse matinée d’hiver. Le givre a blanchi de ses cristaux le sol et les herbes, et il a transformé les brindilles sèches qui gisent sur le sol en précieux bijoux saupoudrés de perles.

Jean sort de sa caverne. Son vêtement brun foncé fait ressortir sa pâleur. Il doit avoir très froid ou être souffrant, je ne sais, mais il est presque livide et a la démarche mal assurée de quelqu’un qui ne va pas bien. Il se dirige vers le ruisseau, hésite à y plonger les mains, puis se décide et, après les avoir jointes, boit une gorgée de cette eau limpide, mais certainement glaciale. Après s’être secoué les mains et avoir fini de les sécher sur un pan de son vêtement, il reste indécis… Il regarde alternativement vers les ruines où se trouve Jésus et vers son propre abri. Finalement, il retourne vers son étable à pas lents mais, arrivé à l’ouverture qui sert d’entrée, il a une sorte d’étourdissement et chancelle. Il tomberait s’il ne s’appuyait au mur à moitié en ruines, et reste là, la tête contre son bras replié, en s’arc-boutant contre le mur pendant quelque temps, puis relève la tête et regarde autour de lui… Il renonce à pénétrer dans sa tanière. En rasant le mur, en s’accrochant aux pierres branlantes et sans crépi, il fait les quelques pas qui le séparent de l’étable où se trouve Jésus et, parvenu presque sur le seuil, il se jette à genoux et gémit :

« Jésus, mon Seigneur, aie pitié de moi ! »

539.2

Jésus apparaît bientôt :

« Jean ? Que fais-tu ? Qu’as-tu ?

– Oh ! mon Seigneur ! J’ai faim ! Il y a presque deux jours que je n’ai pris aucune nourriture. J’ai faim et froid… »

Il claque des dents.

« Viens ! Entre ! » dit Jésus en l’aidant à se relever.

L’apôtre, soutenu par le bras de Jésus, pleure, la tête penchée sur son épaule et soupire :

« Ne me punis pas, Seigneur, si je t’ai désobéi… »

Jésus lui répond en souriant :

« Tu es déjà assez puni. Tu ressembles à un mourant… Assieds-toi ici sur cette pierre. Je vais faire du feu et te donner à manger… »

Jésus allume des rameaux et fait une belle flambée dans le foyer rustique près de la porte. L’odeur des branches brûlées et la gaieté des flammes se répandent dans la misérable caverne. Jésus enfile sur une baguette deux morceaux de pain, les présente à la flamme et, quand il voit qu’ils sont chauds, il les couvre du cœur gras des fromages laissés par les bergers ; le fromage fond et coule sur le pain que Jésus tient au-dessus de la flamme comme si c’était un plat.

« Mange maintenant, et ne pleure plus » dit-il en souriant toujours et en passant le pain à Jean, qui sanglote sans bruit comme un enfant épuisé, même pendant qu’il mange avec avidité cette nourriture réconfortante.

Jésus se tourne vers la mangeoire et en rapporte des pommes qu’il pose dans la cendre, tiédie par la chaleur du bois qui brûle sur deux pierres servant de chenets.

« Cela va mieux maintenant ? » dit-il en s’asseyant auprès de son apôtre.

Celui-ci fait signe que oui de la tête, sans cesser de pleurer.

Jésus lui passe un bras autour du cou et l’attire à lui, ce qui augmente les larmes de Jean, encore trop épuisé et trop troublé peut-être par la peur d’un reproche ou par l’émotion de se voir ainsi accueilli, pour savoir faire autre chose que pleurer.

Jésus le tient étroitement serré contre lui sans parler tant que Jean mange, puis il lui dit :

« Cela suffit pour le moment. Tu prendras les pommes plus tard. J’aurais voulu te donner un peu de vin, mais je n’en ai pas. J’ai trouvé avant-hier, à l’aube, du bois et de la nourriture à l’entrée de l’étable, mais il n’y avait pas de vin. S’il était plus tard, je pourrais aller chercher du lait auprès des bergers que j’ai vus en train de faire paître leurs troupeaux de l’autre côté du ruisseau, mais les troupeaux ne sortent pas tant que le givre n’a pas fondu…

– Je vais mieux, Seigneur… Ne te fais pas de souci pour moi.

– Et toi alors, de quoi t’affliges-tu ? Tu ressembles justement à un arbre sur lequel le soleil fait fondre le givre ! dit Jésus en souriant encore plus vivement et en embrassant Jean sur le front.

– Parce que je suis rongé par les remords, Seigneur… et…

539.3

Oui ! Laisse-moi faire ! Je dois te parler à genoux, te demander pardon…

– Pauvre Jean ! Vraiment, un effort supérieur à ce que tu peux endurer t’a affaibli même l’intelligence. Crois-tu donc que j’aie besoin de tes paroles pour te juger et t’absoudre ?

– Oui, oui. Tu sais tout, je le sais. Mais je ne trouverai pas de paix tant que je ne t’aurai pas avoué mon péché, ou plutôt mes péchés. Laisse-moi faire, laisse-moi accuser mes fautes.

– Eh bien, parle, si cela doit te donner la paix. »

Jean glisse à genoux et, levant son visage en larmes, il dit :

« J’ai péché par désobéissance, par présomption et par… j’ignore si je m’exprime bien en précisant : par humanité. Mais c’est ma faute la plus récente, la plus grave, celle qui me peine le plus et qui me montre quel serviteur inutile, égoïste et même bas, je suis. »

Les larmes inondent vraiment son visage, tandis que le sourire de Jésus devient toujours plus lumineux. Il reste un peu penché sur son apôtre en pleurs et le divin sourire est toute une caresse sur la douleur de Jean. Mais celui-ci est si affligé qu’il n’en tire aucun réconfort, et il poursuit :

« Je t’ai désobéi. Tu nous avais demandé de ne pas nous séparer, or je me suis tout de suite séparé de mes compagnons et je les ai scandalisés. J’ai répondu de travers à Judas, qui me faisait remarquer que je péchais. Je lui ai dit : “ Tu l’as fait hier, et moi aujourd’hui. Tu l’as fait pour avoir des nouvelles de ta mère, moi pour être avec le Maître et veiller sur lui, pour le défendre ”… C’était bien mon intention, mais je présumais de mes forces… Moi, pauvre incapable, te défendre, toi ! Et puis, j’ai présumé parce que je voulais t’imiter. J’ai pensé : “ Certainement, il prie et jeûne. Je ferai comme lui et dans la même intention que lui. ” Et au contraire… »

Les pleurs font place aux sanglots tandis que l’aveu de la misère de l’homme, de la matière qui a triomphé de la volonté de l’esprit, sort de la bouche de Jean :

« Et au contraire… j’ai dormi. Je me suis endormi aussitôt ! Je ne me suis réveillé qu’en plein jour et je t’ai vu aller au ruisseau, te laver, revenir ici. J’ai alors compris qu’on aurait bien pu s’emparer de toi sans que je sois prêt à te secourir. Et puis je voulais faire pénitence et jeûner, mais je n’en ai pas été capable. Par petits morceaux, comme pour ne pas avaler, j’ai fini par manger le premier jour le peu de pain dont je disposais. Tu sais que je n’avais rien d’autre. Et je n’étais pas encore rassasié que j’avais déjà tout fini. Le lendemain, j’ai eu encore plus faim, et cette nuit… Ah ! la nuit dernière, j’ai peu dormi à cause de la faim et du froid, et cette nuit-ci je n’ai pas dormi du tout… et je n’ai pas su résister davantage ce matin… Je suis venu parce que j’ai eu peur de mourir d’épuisement… et c’est cela qui me peine le plus : n’avoir pas su veiller pour prier et te protéger, mais avoir su le faire sous les tiraillements de la faim… Je suis un serviteur imbécile et lâche. Punis-moi, Jésus !

539.4

– Pauvre enfant ! Je voudrais que tout le monde ait à déplorer des fautes comme les tiennes ! Mais lève-toi et écoute-moi, alors la paix reviendra dans ton cœur. As-tu aussi désobéi à Simon-Pierre ?

– Non, Maître. Je ne l’aurais jamais fait, puisque tu nous as demandé de lui rester soumis comme à un frère aîné. Mais quand je lui ai dit : “ Mon cœur n’est pas tranquille de le voir partir seul ”, il a répondu : “ Tu as raison. Mais moi, je ne peux partir puisque j’ai l’obligation de vous conduire. Toi, vas-y, et que Dieu soit avec toi. ” Les autres ont haussé la voix, et Judas plus que les autres. Ils ont rappelé l’obéissance et ont même fait des reproches à Simon-Pierre.

– Ils ? Sois sincère, Jean.

– C’est vrai, Maître. C’est Judas qui a fait des reproches à Simon et m’a assez maltraité. Les autres ont seulement dit : “ Le Maître nous a ordonné de rester ensemble. ” Et c’était à moi qu’ils le disaient, pas à notre chef. Mais Simon a répondu : “ Dieu voit l’intention de l’acte et il pardonnera. Le Maître pardonnera, car c’est de l’amour. ” Après m’avoir béni, il m’a embrassé et envoyé à ta suite, comme le jour[1] que tu es allé avec Kouza sur l’autre rive du lac.

– Eh bien, je n’ai pas à t’absoudre de cette faute…

– Parce qu’elle est trop grave ?

– Non : parce qu’elle n’existe pas. Reviens ici, Jean, à côté de ton Maître, et écoute sa leçon. Il faut savoir appliquer les ordres avec justice et discernement, en sachant comprendre l’esprit de l’ordre, et non seulement les mots qui le composent. J’ai demandé : “ Ne vous séparez pas. ” Tu t’es séparé de tes frères et par conséquent cela aurait pu être un péché. Mais auparavant je vous avais recommandé : “ Soyez unis de corps et d’esprit, et soumis à Pierre. ” Par ces paroles, je l’ai choisi comme mon légitime représentant parmi vous, avec pleine faculté de juger et de vous commander. Par conséquent, ce que Pierre a fait ou fera en mon absence sera bien. Puisque je l’ai investi du pouvoir de vous conduire, l’Esprit du Seigneur qui est en moi sera aussi avec lui, et il le guidera pour donner les ordres que les circonstances imposent et que la Sagesse suggérera à l’Apôtre chef, pour le bien de tous. Si Pierre t’avait dit : “ N’y va pas ” et si tu étais quand même venu, le bon mouvement de ton acte — vouloir me suivre par amour pour me défendre et être avec moi dans les dangers — n’aurait pas été suffisant pour annuler ta faute. Il aurait vraiment fallu mon pardon. Mais Pierre, ton Chef, t’a dit : “ Vas-y. ” L’obéissance envers lui te justifie complètement. Es-tu convaincu ?

– Oui, Maître.

539.5

– Dois-je t’absoudre de la faute de présomption ? Réponds-moi sans te demander si je vois ton cœur : as-tu présumé orgueilleusement de vouloir m’imiter pour pouvoir dire : “ Par ma volonté, j’ai aboli les nécessités de la chair, parce que je peux ce que je veux ” ? Réfléchis bien… »

Jean réfléchit, puis il dit :

« Non, Seigneur. En m’examinant bien, non, je n’ai pas agi pour cette raison. J’espérais pouvoir jeûner parce que j’ai compris que la pénitence est une souffrance pour la chair, mais une lumière pour l’esprit. J’ai compris que c’est un moyen de fortifier notre faiblesse et obtenir beaucoup de Dieu. Tu le fais pour cela, et c’est pour cela que je voulais le faire moi aussi. Et je crois ne pas me tromper en disant que si tu jeûnes, toi qui es fort, qui es puissant, saint, nous devrions toujours jeûner, si cela était possible, pour être moins faibles et moins matériels. Mais je n’ai pas réussi. J’ai toujours faim, moi, avec une grande envie de dormir… »

Ses larmes recommencent à couler lentement, humblement, véritable aveu des limites des capacités de l’homme.

« Eh bien, crois-tu que cette petite misère de la chair a été inutile ? Ah ! tu te la rappelleras à l’avenir, quand tu seras tenté d’être sévère, exigeant, envers tes disciples et tes fidèles ! Elle te reviendra à l’esprit pour te dire : “ Souviens-toi que, toi aussi, tu as cédé à la fatigue, à la faim. Ne demande pas aux autres d’être plus forts que toi. Sois un père pour tes fidèles comme ton Maître l’a été pour toi, ce matin-là. ” Tu aurais très bien pu veiller et ne pas sentir ensuite cette grande faim. Mais le Seigneur a permis que tu sois soumis à ces besoins de la chair pour te rendre humble, toujours

plus humble, et plein de compassion pour tes semblables.

539.6

Beaucoup ne savent pas distinguer entre tentation et faute accomplie. La première est une épreuve qui donne du mérite et n’enlève pas la grâce, la seconde est une chute qui enlève le mérite et la grâce. D’autres ne savent pas distinguer entre événements naturels et fautes, et s’imaginent avoir péché alors que — et c’est ton cas — ils ont seulement obéi à des lois naturelles bonnes. En disant “ bonnes ”, je distingue les lois naturelles des instincts effrénés. Car dans ce qu’on appelle aujourd’hui “ lois naturelles ”, tout ne l’est pas, et tout n’est pas bon. Etaient bonnes toutes les lois attachées à la nature humaine que Dieu avait données aux premiers parents : le besoin de nourriture, de repos, de boisson. Puis, avec le péché, les instincts animaux ont pénétré et se sont mêlés aux lois naturelles, de même que les dérèglements, les sensualités de toutes espèces, souillant ce qui était bon, par manque de modération. Et Satan a entretenu le feu, fomenté les vices par ses tentations. Tu comprends maintenant que, si ce n’est pas un péché de céder au besoin de repos et de nourriture, c’en est un, en revanche, de faire bombance, de s’enivrer, de rester longtemps oisif. Même le besoin de s’unir et de procréer n’est pas un péché, au contraire Dieu a donné l’ordre de le faire pour peupler d’hommes la terre ; mais l’acte d’union pour la seule satisfaction des sens n’est pas bon. Es-tu convaincu aussi de cela ?

– Oui, Maître. Mais donne-moi une précision : ceux qui ne veulent pas procréer pèchent-ils contre Dieu ? Tu disais un jour que l’état de virginité est bon.

– C’est le plus parfait ; en cela, il est comparable à l’état d’une personne qui, non contente de faire bon usage des richesses, s’en dépouille radicalement. Ce sont des perfections auxquelles peuvent parvenir les créatures, et elles en seront grandement récompensées. Il y a trois perfections : la pauvreté volontaire, la chasteté perpétuelle, l’obéissance absolue en tout ce qui n’est pas péché. Elles rendent l’homme semblable aux anges. Et il en est une vraiment parfaite : donner sa vie par amour pour Dieu et ses frères. Cela rend la créature semblable à moi, parce qu’elle la porte à l’amour absolu. Et celui qui aime parfaitement est semblable à

Dieu, il est absorbé en Dieu et ne fait qu’un avec lui.

539.7

Sois donc en paix, mon bien-aimé. Il n’y a aucune faute en toi, je te l’affirme. Pourquoi donc pleures-tu davantage ?

– C’est qu’il y a toujours une faute : celle d’avoir su venir vers toi par besoin et d’avoir su veiller à cause de la faim, mais pas par amour. Je ne me le pardonnerai jamais, cela ne m’arrivera plus. Je ne dormirai plus pendant que tu souffres. Je ne t’oublierai jamais en dormant pendant que tu pleures.

– N’engage pas l’avenir, Jean. Ta volonté est prête, mais elle pourrait encore être vaincue par la chair. Tu te sentirais alors profondément et inutilement humilié, si ensuite tu te souvenais de cette promesse que tu te serais faite à toi-même, sans avoir pu la tenir en raison de la fragilité de la chair. Ecoute : voici ce que tu dois dire pour être en paix, quoi qu’il t’arrive. Répète après moi : “ Avec l’aide de Dieu, je me propose, autant qu’il me sera possible, de ne plus céder aux pesanteurs de la chair. ” Et sois ferme. Si ensuite un jour, même sans le vouloir, la chair, épuisée et affligée, arrive à vaincre ta volonté, eh bien, tu diras comme maintenant : “ Je reconnais que je suis un pauvre homme comme tous mes frères, et que cela me serve pour rabaisser mon orgueil. ” Oh ! Jean ! Jean !

Ce n’est pas ton sommeil innocent qui pourrait me peiner !

539.8

Tiens, prends, cela va te réconforter tout à fait. Nous allons les partager en bénissant ceux qui me les ont offertes. »

Il saisit les pommes maintenant cuites et toutes chaudes, en donne trois à Jean et en garde trois pour lui.

« Qui te les a données, Seigneur ? Qui est venu te trouver ? Qui savait que tu étais ici ? Je n’ai entendu ni voix ni pas. Et pourtant, je n’ai pas cessé de veiller depuis la première nuit…

– Je suis sorti au point du jour. Il y avait du bois devant l’entrée et, posés par-dessus, du pain, du fromage et des pommes. Je n’ai vu personne. Mais seuls certains hommes ont pu avoir le désir de répéter un pèlerinage et un geste d’amour… dit lentement Jésus.

– C’est vrai ! Les bergers ! Ils l’avaient annoncé : “ Nous allons nous rendre dans la terre de David… Ce sont des jours de souvenir… ” Mais pourquoi ne se sont-ils pas arrêtés ?

– Pourquoi ? Ils ont adoré et…

– Et ils ont eu pitié. Ils t’ont adoré, toi, et ils ont eu pitié de moi… Ils sont meilleurs que nous.

– Oui. Ils ont su garder leur volonté de faire le bien, et l’accroître. Pour eux, le don que Dieu leur a fait a été sans dommage… »

Jésus ne sourit plus. Il réfléchit et devient triste. Puis il se secoue. Il regarde Jean qui l’examine, et reprend :

« Eh bien ! Es-tu prêt à partir ? Tu n’es plus épuisé ?

– Non, Maître. Je ne vais pas être très résistant, je crois, car j’ai les membres endoloris, mais je pense pouvoir marcher.

– Dans ce cas, partons. Va prendre ton sac, pendant que je rassemble les restes dans le mien, et prenons la route. Nous allons nous diriger vers le Jourdain pour éviter Jérusalem. »

Et au retour de Jean, ils s’éloignent sur le même chemin qu’à l’aller, à travers la campagne qui se réchauffe au doux soleil de décembre.

539.1

It is a clear but severe winter morning. Frost has covered with its white floury crystals the ground and grass and has turned some dry twigs lying on the ground into precious jewels sprinkled with little pearls.

John is coming out of his grotto. He looks very pale in his dark hazel-brown garment. He must be also very cold or he is not feeling well. I do not know. He is really terribly pale and he walks like one who is not well. He goes towards the stream and is undecided whether he should dip his hands into it or not. He then makes up his mind and cupping his hands he drinks a drop of the water, which is clear but certainly very cold. He shakes his hands and finishes drying them with the edge of his tunic. He then becomes uncertain… He looks towards the ruins where Jesus is and towards his own cave, and goes back to it slowly. But when he arrives at the opening through which one enters, he has a kind of fit of diz­ziness and he staggers. He would fall if he did not hold on to the semi-ruined wall. He rests his head on his folded arm, holding tight to the wall for a short while, then he raises his head and looks around… He does not go into his cave. Grazing the wall and sup­porting himself on the protruding rugged stones devoid of plaster, he walks the few steps separating him from Jesus’ stable, and when he is almost at its entrance, he throws himself on his knees and moans: «Jesus, my Lord, have mercy on me!»

539.2

Jesus appears at once: «John? What are you doing? What is the matter with you?»

«Oh! my Lord! I am hungry! I have not had any food for almost two days. I am hungry and cold…» he looks very wan and his teeth are chattering.

«Come! Come inside!» says Jesus helping him to stand up.

And John, supported by Jesus’ arm, begins to weep, with his head resting on Jesus’ shoulder, and he says with a sigh: «Do not punish me, Lord, if I disobeyed You…»

Jesus smiles replying: «You are already punished. You are like one who is breathing his last… Sit down here, on this stone. I will now light the fire and give you something to eat…» and with the tinder Jesus lights some dry branches and makes a good fire in the rustic fireplace near the door.

The smell of burning branches spreads in the poor cave with the cheerful bright flames, near which Jesus holds two slices of bread after forking them with a stick. When He feels that they are warm He spreads them with the cheese left by the shepherds and when the cheese softens and melts on the bread, Jesus holds the slices flat over the flame, just like a plate.

«Eat now and do not weep» He says smiling all the time and handing the bread to John, who is weeping silently like an ex­hausted boy, and he does not even stop weeping while eating the comforting food avidly.

Jesus goes to the manger and comes back with some apples, He places them among the ashes already warmed by the wood burn­ing between two stones used as andirons.

«Are you feeling better now?» He asks sitting near His apostle, who still weeping nods assent.

Jesus embraces his shoulders with one arm and draws him to Himself, which increases John’s tears, as he is too exhausted and too upset, probably, by the fear of being reproached and by the emotion of being treated thus, to be able to do anything but weep.

Jesus holds him close to Himself, without saying anything while he is eating. He then says: «That is enough now. You will have the apples later. I would like to give you some wine, but I have none. The morning of the day before yesterday I found the faggots and food outside the stable. But there was no wine. So I cannot give you any. If it were later I could try to get some milk from the shepherds, who I saw pasturing their flock beyond the stream. But they will not bring their flocks out until the frost melts…»

«I am already better, Lord… Do not worry about me.»

«And what are you worried about, as you look just like a tree whose frost is melting in the sun?» says Jesus smiling even more brightly and kissing John’s forehead.

«Because I am full of remorse, Lord… and…

539.3

Yes! Let me go! I must speak to You on my knees and ask You to forgive me…»

«Poor John! The effort, greater than your capability, has really weakened also your intellect. And do you think that I need your words to judge and absolve you?»

«Yes, You know everything, I know. But I shall have no peace until I confess my sin, nay, my sins to You. Let me go. Let me ac­cuse my sins.»

«All right, speak, if that will give you peace.»

John falls on his knees and raising his tearful face he says: «I have committed a sin of disobedience, of presumption, and of… I do not know whether I am right in saying it: humanity… But that is certainly my most recent and most serious sin, that grieves me most and makes me understand what a useless servant I am, and even more than that: how selfish and vile I am.»

Tears are really washing his face, while Jesus’ smile make His face brighter and brighter. Jesus bends a little over His weeping apostle and His divine smile is a caress for John’s sorrow. But John is so dejected that he is not consoled even by that smile and he continues: «I disobeyed You. You told us not to separate, whereas I parted at once from my companions and I scandalised them. I answered back to Judas of Kerioth, who pointed out to me that I was committing a sin. I said: “You did it yesterday, I am do­ing it today. You did it to get news of your mother, I am doing it to be with the Master and watch over Him and defend Him”… I relied too much on myself because I wanted to do that… I, a poor fool, wanted to defend You! I presumed also because I wanted to imitate You. I said: “He will certainly pray and fast. I will do what He does and for the same intention as His”. Instead…» His weep­ing changes into sobbing while the confession of the misery of man, of matter overwhelming the will of the spirit, is uttered by John’s lips: «Instead… I slept. I fell asleep at once! And I woke up in broad daylight and I saw You go to the stream, wash Yourself, and come back here, and I realised that they could have captured You without me being ready to defend You. And I wanted to do penance and fast, but I have not been able to do so. Little by little, for fear I should finish it, I ate the little bread I had on the first day. You know that I had nothing else. I was not yet full, and I had finished everything. And the following day I was even more hungry, and last night… Oh! the night before last I slept very little because I was hungry and cold, and last night I did not sleep at all… and this morning I could not resist any longer… and I came because I was afraid of dying of starvation… and that is what hurts me more: that I was not able to keep awake to pray and watch over You, whereas I kept awake because of the pangs of hunger… I am a vile foolish servant. Punish me, Jesus!»

539.4

«Poor boy! I wish all the world had to shout such sins! But listen, stand up and listen to Me and your heart will be at peace. Did you disobey also Simon of Jonas?»

«No, Master, I did not. I would never have done that because You said that we were to be subject to him as if he were our elder brother. But when I said to him: “My heart is not happy to see Him go away all alone”, he replied: “You are right. But I cannot go because I have been ordered to guide you all. You can go, and may God be with you”. The others raised their voices and Judas did so more than the rest. They mentioned obedience and they also reproached Simon Peter.»

«Did they? Be sincere, John.»

«It is true, Master. It was Judas who reproached Simon and maltreated me. The others only said: “The Master ordered us to stay together”. And they were saying that to me, not to our head. But Simon replied: “God is aware of the purpose of the action, and He will forgive. And the Master will also forgive it, because it is done out of love” and he blessed and kissed me and sent me after You, like that day[1] when You went beyond the lake with Chuza.»

«So I do not have to absolve you of that sin…»

«Because it is too serious?»

«No. Because it does not exist. Come back here, John, beside your Master and listen to the lesson. One must know how to carry out orders with justice and discernment, understanding the spirit of the order, not only the words expressing it. I said: “Do not separate”. You parted from them, so you would have sinned. But previously I had said: “Be united physically and spiritually, sub­ject to Peter”. With those words I elected My legitimate represen­tative among you, with full faculty to judge and command you. Therefore whatever Peter has done or will do during My absence, is well done. Because as I invested him with the power of guiding you, the Spirit of the Lord, that is in Me, will be also in him and will advise him in giving those orders required by circumstances and suggested by the Wisdom to the chief Apostle for the welfare of everybody. If Peter had said to you: “Do not go” and you had come just the same, not even the good reason for your action ­your wish to follow Me out of love to defend Me and be with Me at the moment of danger – would have been sufficient to cancel your sin. Then My forgiveness would have been really necessary. But Peter, your Head, said to you: “Go”. Your dutifulness to him justifies you completely. Are you convinced?»

«Yes, Master.»

539.5

«Have I to absolve you of the sin of presumption? Tell Me, without considering that I see your heart. Did you presume to imi­tate Me out of pride, to be able to say: “Through my own will I overcame the needs of my body because I can do what I want”? Think about it carefully…»

John ponders. He then says: «No, Lord. If I examine myself carefully, I did not do it for that. I was hoping to be able to do it, because I have understood that penance is painful for the body, but is light for the spirit. I have realised that it is a means of forti­fying our weakness and of obtaining so much from God. That is why You do it. That is why I wanted to do it. And I do not think that I am wrong in saying that if You, Who are so powerful and so holy, do so, I, we all, should always do so, if it were always pos­sible, to be less weak and less material. But I was not successful. I am always hungry and so sleepy…» and tears begin to stream down his face again, slowly, humbly, a true confession of the limitation of human capability.

«Well, do you think that also this little misery of the body has been useless? Oh! how you will remember it in future, when you are tempted to be severe and exacting with your disciples and believers! It will appear again in your mind saying to you: “Remember that you also yielded to fatigue and hunger. Do not expect the others to be stronger than you. Be a father to your believers as the Master that morning was a father to you”. You could have kept awake quite well and might not have felt hungry after all. But the Lord allowed you to be subject to such needs of the flesh, to make you humble, more and more humble and com­passionate towards your fellow-creatures.

539.6

Many cannot tell the difference between temptation and accomplished sin. The former is a trial that gives merit and does not deprive one of grace, the lat­ter is a fall that deprives one of merit and grace. Others cannot tell the difference between natural events.and sins, and they have scruples about having sinned, whereas, and it is your case, they have only obeyed good natural laws. By saying “good”, I distinguish natural laws from unrestrained instincts. So not everything that we now call “law of nature” is really such and good. All the laws connected with the human nature that God had given the first parents were good: the need for food, rest, for beverage. Then animal instincts, intemperance, all kinds of sen­suality replaced through sin the natural laws and mingled with them polluting with their immoderateness what was good. And Satan has kept the fire burning, fostering vices with his tempta­tions. You can now see that it is not a sin to yield to the need for rest and food, whereas debauch, drunkenness and prolonged idleness are sinful. Neither is the need to get married and pro­create sinful, on the contrary God gave orders to do so to populate the Earth with men. But the act of copulating only to satisfy one’s senses is no longer good. Are you convinced also of that?»

«Yes, Master. But tell me one thing. Those who do not want to procreate… do they sin against God’s order? You once said that the condition of virginity is good.»

«It is the most perfect one. As is most perfect the condition of those who, not satisfied with making good use of their wealth, divest themselves completely of it. They are the perfections at­tainable by a creature. And they will be highly rewarded. Three are the most perfect things: voluntary poverty, perpetual chastity, absolute obedience in what is not sinful. These three things make man like angels. And one is by far the most perfect of them all: to give one’s life out of love for God and for one’s brothers. That makes the creature like Me, because it raises him to absolute love. And he who loves perfectly is like God, is absorbed in and united with God.

539.7

So be at peace, My beloved John. There is no sin in you. I am telling you. So why are you weeping even more?»

«Because there is a fault: that I did not come to You when in need, and that I was able to keep awake out of hunger but not out of love. I will never forgive myself. It will never happen to me again. I will not sleep any more when You are suffering. I will not forget You by falling asleep when You are weeping.»

«Do not pledge the future, John. Your spirit is willing, but it could still be overwhelmed by the flesh. And you would be deeply and vainly disheartened if you remembered this promise you made, but you could not keep because of the weakness of the flesh. Look. I will now tell you what you ought to say to be at peace, whatever may happen to you. Say with Me: “I, with the help of God, propose, as far as it will be possible for me, not to yield any more to the heaviness of the flesh”. And remain firmly in that decision. And if one day, even against your will, the tired and de­jected flesh should defeat your will, then you will say as you say now: “I acknowledge that I am a poor man like all my brothers and may this help me to mortify my pride”. Oh! John! It is not your in­nocent sleep that can grieve Me!

539.8

Take these. They will help you to recover completely. We shall share them together, blessing him who offered them to Me» and He takes the apples that are now cooked and very hot, and He gives three to John keeping three for Himself.

«Who gave You them, Lord? Who came to You? Who knew that You were here? I did not hear voices or steps. And yet, after the first night, I was awake all the time…»

«I went out at daybreak. There were faggots of firewood near the entrance and some bread, cheese and apples on top of them. I did not see anybody. But only certain people could have wished to repeat a pilgrimage and a gesture of love…» says Jesus slowly.

«That’s true! The shepherds! They did say: “We shall be going to the land of David… These are days of remembrance…”. But why did they not stop?»

«Why! They worshipped and…»

«They pitied. They worshipped You and pitied me… They are better than we are.»

«Yes. They have kept their goodwill, and their will has become better and better. The gift that God gave them, did not become harmful to them…»

Jesus no longer smiles. He ponders and becomes sad. Then He rouses Himself. He looks at John who is looking at Him, and He says: «Well? Shall we go? Are you no longer exhausted?»

«No, Master. I may not be very strong, I think, because my limbs are benumbed. But I think I shall be able to walk.»

«Let us go, then. Go and get your sack, while I put what is left in­to Mine and let us go. We will take the road that leads us towards the Jordan in order to avoid Jerusalem.»

And when John comes back they set out, retracing the way by which they came and moving away through the country that the mild December sun is warming up.


Notes

  1. comme le jour, en 464.14/15.

Notes

  1. like that day, in 464.14/15.